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Je rêvais. Non, pas un rêve comme quand on s'endort et on fantasme que quelque chose qui n'arrivera probablement jamais. Je rêvais parce que j'étais complètement perdu dans les interlignes des répliques de Superman à son pire ennemi qui venait de le piéger avec un morceau de Kryptonite ; le saligaud, on lui fera la peau, mec. Sinon, c'était fini, un monde sans Superman, c'est comme un Armaggeddon sans Bruce Willis -notez la référence plutôt vieillote. En y repensant, cette partie de l'histoire était digne d'un cauchemar engloutissant chaque parcelle d'espoir qui se trouvait en moi, dans ma tête de né-moldu, il y avait de quoi vous horripiler au plus haut point. Et là, vous vous dites que je n'ai pas l'âme d'un garçon responsable de dix-huit ans. Je m'en fichais de toute façon, Superman retrouverait ses pouvoirs. Il les retrouvait toujours parce que les méchants, ils ne gagnaient jamais dans les bandes-dessinées. D'ailleurs j'étais moi-même un super-héros dans le monde moldu ... c'est juste que Poudlard, la magie c'est ça ma kryptonite à moi et à force d'être en contact avec le mal ... je deviens une grosse masse inutile. Croyez-le ou non, j'ai aidé ce stupide chaton à descendre de son arbre tout seul. Restait un problème que je n'avais pas encore abordé pour la journée ; les devoirs et ses méandres entraînants. Si je restais calfeutré dans les dortoirs pour lire, c'était parce que là, personne me jugeait. Je pouvais me la couler douce en pyjama, les cheveux en bataille, un paquet de bouffe à portée de main et surtout, une bande-dessinée entre les mains sans -vraiment- subir les représailles de camardes intolérants. La cruauté ; c'est moche. Et je m'y connais un peu en matière de belles choses, je ne suis pas un crapaud. Même si ma légèreté d'esprit frappe tout le monde, j'ai une cervelle, une turbine qui fonctionne plutôt pas mal et qui se trouve être légèrement rouillée dès qu'on aborde le thème de la magie. Déjà, si cette foutue aura sorcière n'était pas de la kryptonite anti-moi, j'aurai peut-être pu m'en accommoder. Parce que, j'avais -comme tous les élèves de l'école- la panoplie parfaite du petit sorcier ; baguette, robe qui gratte et qui se cale même dans des endroits où c'est super gênant, chaudron et yeux de crapauds … j'avais même le balai ; si c'était pas beau. Un jour, tous, ils se rendront compte à quel point ils ont eu tord de me sous-estimer. Je deviendrai leur roi. LEUR ROI, OUI.

Mais pas maintenant ... j'ai un devoir de potion à accomplir. Ouais. Tout seul, c'était juste impossible que j'y arrive. Mon cerveau ne bouillirait pas assez. Admirez le clin d'oeil : potion, cerveau bouillir, vous voyez ? Non ? Bon bah tant pis ... Tout près de moi, j'avais entreposé avec toute une tactique digne du plus grand paresseux des flans avachis sur un lit mon sublime thermos -assorti à mes légendaires bandes-dessinées OUI- mais comme j'avais trop honte d'être un mec admirant les tenues vinyles des super-héros super-bien foutus, j'avais mis ce thermos dans un porte-gourde. Admirez la molducité de l'invention, fermeture éclair qui se coince et bouchon qui se visse. Tout ça pour vous dire que j'avais bu une bonne gorgée de chocolat chaud. Parfois je me surprenais à rire tout seul. D'autres fois, je bavais. Mais après, je me sentais ridicule alors je me redressais. Vous croyiez que c'était fini les bandes-dessinées dans le monde moldu ? Que c'est devenu une chose carrément caduque ? Eh bah NON, on reçoit des collectors par la poste et on hérite de ceux des parents et dans ma rue moldue il y a même un kiosque à journaux qui vend certaines vieilleries de ce genre. Évidemment, comme j'étais naturellement doté d'une imagination fertile capable de mêler -malgré mes lacunes- les inventions moldues à celles magiques, j'avais déjà ma petite idée ; si je ne réussis pas le devoir de potion que je vais commencer dans ... bientôt. Bon j'avoue être un champion de la procrastination, mais je vais m'y mettre, c'est certain. Je disais donc que, si j'échouais à ce devoir de potion, je mettrais en oeuvre la création d'une bande-dessinée animées où je conterai les aventures d'un super-héros nyctalope sorti tout droit de mon imagination.

Je m'auto-validais en dodelinant la tête et en fermant d'un grand CLAC ma littérature illustrée -ma BD quoi. « Devoir de potion, à nous deux. » je crois que le professeur s'est fait un petit kiffe, en nous collant ce questionnaire. Des fois il nous demandait des listes de ceci, les caractéristiques de telle potion mais là, il s'était amusé à mélanger des questions pour son bonheur personnel. Il aimait peut-être bien lire mes réponses loufoques, je vais lui en mettre plein … quoique. De toute façon, je ne comprenais pas les questions parfois alors si je répondais à côté de la plaque c'était parce que … je croyais qu'on me demandait de citer un animal et d'expliquer pourquoi. Passons. Je plongeais mes mains dans mes cheveux -j'ai vu ça dans des films ça donne l'impression que tu réfléchis intensément- puis je faisais des bruits de con avec ma bouche. J'ai passé dix minutes comme ça à relire la première question dans ma tête. 'Hormis le fait qu'il soit le philtre d'Amour le plus puissant, qu'est-ce qui fait de l'Amortentia une potion particulière ?' je savais ça, mais je m'en rappelais plus. Je confondais les propriétés spéciales de la potion et de mon amie. En fait, j'aurai bien répondu 'Ses cheveux roses.' mais j'aurai probablement répondu à côté de la plaque. Question suivante. 'Quelles sont les propriétés du veritasérum ?' je me frottais le visage de désespoir … parce que, hormis faire dire la vérité, cette potion avait d'autres trucs ? Et dire que certaines personnes pondent un paragraphe par question ...

Oh et puis, c'est décidé, demain, je quitte Poudlard. Je fugue, je cours et ne me retourne plus ! Je vais écrire une lettre où je remercie mes amis de m'avoir accompagné ces cinq dernières années je fourre un max de choses dans mon sac et je fuis loin d'ici. « Je me casse de Poudlard ! » dis-je en barrant les conneries que j'avais gribouillées sur mon parchemin. J'étais tellement obnubilé par mon idée de fugue que je n'avais pas vu que quelqu'un entrait dans le dortoir. -Mais où avais-je mises les bombabouses que j'avais fraîchement achetées ? J'étais prisonnier dans un tourbillon infini -dans ma tête- où je repassais tous les détails du jour où il me les a donnés … à aujourd’hui.

- Je me casse de Poudlard !

- Ah oui ? Et où vas-tu comme ça, alors ?

- Tu veux un coup de main avec ça ? J'ai terminé le mien, je peux t'aider si tu veux ...

« Ah oui ? Et où vas-tu comme ça, alors ? » huum … je n'avais vraiment pas pensé à ça. Sincèrement, je pensais que quand on quittait un endroit sur un coup de tête -genre comme les cow-boys qui se tiraient dans le désert dans les films- et bah la destination viendrait toute seule ! Comme si c'était gravé dans ma destinée, comme si j'avais déjà toute une route tracée et que mes pieds la suivaient naturellement. Non mais déjà, j'étais en train de m'interroger sur une question dont je n'avais pas encore identifié l'auteur. De plus, c'était évident, claire comme une vitre bien nettoyée ; je pouvais pas et de tout façon n'avait pas l'audace de quitter Poudlard. Je crois même qu'il y un truc magique là dehors qui doit nous griller les poils si on fait un pas en dehors de la zone Poudlard. J'imagine déjà le tableau ; moi, la peau noircie par l'électrocution et une odeur de roussi qui se dégage de mes cheveux et comme si le fait d'avoir perdu des neurones ne suffisait pas, les forces de l'ordre Poudlardien me ferait probablement récurer des rangées de coupes, des toilettes, une salle de bain ou quelque chose de ce genre avec des brosses à dents. Parce que oui, pour embêter le petit peuple ils utilisent plus la magie. Je tournais quand même mon regard vers la voix -incapable de la reconnaître dans mon degrés de panique refoulée- et soupirait légèrement, comme soulagé de voir le sourire d'un Poufsouffle au visage plus que familier. Qui ça aurait pu être à part un Poufsouffle ? Parfois je me demandais si mon imagination ne me jouait pas de vicieux tours. Comme pour me faire des frayeurs ; quoique quelle frayeur ? Personne n'aurait pris ma déclaration pour un véritable ultimatum. J'enfonçais ma tête blonde dans mon oreiller, grognait un coup avant de relever la tête et de répondre d'un air carrément absent. « Je sais pas … » peut-être qu'avec une armada d'élèves aussi révoltés que moi je pourrai … pff, même un poussin boiteux était plus convaincant que moi. Nonobstant cette révélation, je ne perdais pas espoir. Je n'étais certes pas très convaincant mais pour mobiliser des foules … je me perds, loin, trop loin. Que le grand Huffleman vienne me délivrer de cet intarissable combat.

« Tu veux un coup de main avec ça ? J'ai terminé le mien, je peux t'aider si tu veux ... » et moi, je répondais à quoi à une demande aussi sincère ? Que non, je devais apprendre à me démerder en solo sans l'aide du gentil cerveau bien rempli de mon camarade à la main sur le cœur ? Le pire, c'est qu'il avait l'air hésitant. Je ne pensais pas que c'était parce qu'il ne voulait pas m'aider, je ne connaissais que trop bien Silver -enfin je le pensais sincèrement- et il me semblait que de toute façon ce petit air ne le quittait -presque- jamais. Comment l’interpréter après, c'était probablement dû au fait que j'aurai pu lui répondre que je n'étais pas débile et que je pouvais me débrouiller tout seul. Ce qui aurait sonné atrocement faux et n'aurait pas prouvé à quel point j'assumais pleinement mes lacunes en sorcellerie. Magie. Peu importe. Bien que l'analyse portée sur sa réplique ne s'arrêtait pour moi qu'à la première partie de sa phrase, je ne pouvais certainement pas négliger la deuxième partie. Oui je me contredis et suis un vrai paradoxe ambulant, il faut éviter de revenir sur ce que j'ai affirmé. Alors mes yeux se portèrent sur mes bandes-dessinées pathétiquement étalées à la vue de tous. Je les rangeaient rapidement, deux mouvements de poignet et hop plus rien. Il avait ainsi fini son devoir lui … mais comment il avait fait ? C'était quoi, son super-pouvoir qui lui donnait cette capacité intellectuelle impressionnante ? Je pouffais un rire lorsque j'entendis un bruit de gargouillis provenir du ventre -probablement au seuil critique du vide- du Poufsouffle. Je me tortillais pour attraper une boîte de fraises -j'ai toujours une boîte de fraises fraîches à portée de main. Et si je lui proposais, c'était parce qu'en général les sorciers préféraient les fruit que les bonbons et autres gâteaux moldus bourrés de colorants-. Et puis tant qu'à faire, autant prendre son aide lui n'avait pas grand chose d'autre à faire -il avait fini qu'il m'avait dit- et moi je battais légèrement de l'aile entre les sous-entendus que je trouvais dans toutes les questions et les questions dont je n'avais tout simplement PAS la réponse -je suis sûr que je me fais des films sur certaines questions. « Tu veux une fraise ? C'est super bon pour le teint ! T'as l'air d'avoir faim en plus. » j'attrapais un parchemin vierge et ma plume ridiculement simplette -je sais pas pourquoi tout le monde s’attachait à ce qu'elle soit une plume de tel ou tel oiseau migrateur. Sur un ton de confidence je glissais à mon camarade : « Je comptais pas quitter Poudlard hein. » je me raclais la gorge et pris un air, le plus sérieux possible. « Alors ça tombe très bien que tu me proposes ton aide, j'ai du mal -comme d'habitude avec les potions. J'arrive pas trop à lire entre les lignes … » je me grattais les cheveux avec le bout de ma plume « L'Amortentia, c'est quoi son truc ? Sa couleur ou son odeur ? » glissais-je ni vu ni vu pour ne pas qu'il se doute trop que j'ai hésité avec les propriétés des cheveux de la Poufsouffle. Je sais, je manque de jugeote. « Et le véritasérum, ça fait autre chose que t'obliger à dire la vérité ? » oh en potion, je savais quel ingrédient ajouter à chacune d'entre elles pour la faire exploser mais … quand il s'agissait de citer des propriétés ou les ingrédients communs … Joker. « Et après faut compléter TOUT un parchemin sur UNE potion ? C'est possible ça ? Je veux dire il faut parler de la potion genre énumérer les ingrédients et les commenter ? Non parce que tout le parchemin sur une potion … »