Elizabeth Grenderwolf et Costas Manolis n'étaient pas encore mariés que déjà, ils attendaient leur premier enfant. Ils ne se connaissaient que depuis deux petites années mais étaient fous amoureux l'un de l'autre. Ainsi, cette naissance fut synonyme de joie et c'est avec une excitation sans précédent qu'ils firent de leur mieux pour accueillir ce nouveau membre de leur petite famille. Elizabeth, cependant, avait bien des choses à cacher à son amant mortel. En effet, ils s'étaient rencontrés un été alors qu'elle était partie en Grèce pour une mission que le Ministère de la Magie lui avait confié. C'est là-bas qu'elle rencontra ce bel homme, cet inconnu qui en pinça pour elle au moment même où ses yeux croisèrent les siens sur les falaises de Khalkis. Leur idylle commença le plus simplement du monde et, attachée à cette normalité qu'elle avait acquise en restant auprès de Costas, Elizabeth ne lui révéla jamais sa réelle nature : une sorcière. Même lorsqu'il prit la décision de s'installer à Londres avec elle et qu'il la voyait partir au travail tous les jours, la pensant être une grande avocate. Elle garda le silence ces deux années. Ce n'est que le 18 juillet 1996 qu'il comprit qu'elle était différente. Le jour où la petite Alice ouvrit les yeux. A peine l'avait-il prit dans ses bras qu'il sentit qu'elle était à part, qu'elle dégageait le même aura fascinant que sa mère. C'est alors qu'il s'interrogea. Des semaines après la naissance de la petite, il ne cessa de se poser des questions jusqu'à un jour où il décida d'en parler avec Elizabeth. Il lui fit part de ses soupçons, du fait qu'il s'était renseigné et qu'il savait qu'elle n'était pas avocate, qu'il trouvait étrange qu'elle ne lui ait jamais présenté sa famille ou encore que parfois, il avait l'impression qu'elle lui cachait des choses.
C'est alors qu'Elizabeth décida de tout lui avouer. La pire erreur de sa vie, semblerait-il. Son amant prit conscience avec difficulté qu'un autre monde que le sien l'habitait. Il prit peur. Si bien qu'il menaça l'amour de sa vie d'un simple couteau. Si bien que lorsqu'elle se rapprocha pour lui faire entendre raison, la lame pénétra sa chair sans qu'il puisse y faire quelque chose. Le coup était parti. Du sang sur les mains, il ouvrit petit à petit les yeux sur son acte et décida de retourner en Grèce, de tout oublier et de faire mine de ne jamais avoir connu Elizabeth Grenderwolf. Il prit, bien sûr, avec lui son enfant chéri, qu'il aimait malgré la peur qu'elle lui inspirait. Sa mère était peut-être une sorcière mais avec un peu de chance, Alice serait comme lui. Une humaine.

CHAPITRE II

C'est avec cette idée en tête que Costas éleva son enfant en Grèce. La petite Alice était intelligente et bien que chaque jours elle ressemblait de plus en plus à sa mère, son paternel ne s'en inquiéta guère, se rassurant en se disant que les gênes physiques étaient un héritage que chaque humain portait comme une marque. Cela ne voulait pourtant pas dire qu'elle était une sorcière. Du moins, c'est ce qu'il pensait. A six ans, Alice commençait déjà à voir les choses d'un diffèrent angle, quand elle était en colère ou encore submergée par diverses émotions, il lui arrivait de faire des choses étranges. Briser un vase ou bouger les meubles sans qu'elle ne les touche, faire disparaitre des objets puis les faire réapparaitre quelques secondes plus tard. Elle se savait spéciale mais n'en parlait jamais à son père, de peur de l'effrayer. Depuis sa tendre enfance, Costas était sa seule famille, elle lui vouait une admiration sans limite et détestait sa mère qui l'avait abandonné, n'ayant aucune fibre maternelle en elle. Depuis des années, son père travaillait en relation étroite avec des chasseurs de sorciers, Alice était bien sûr au courant mais n'avait jamais pensé que ce genre de personnes pouvaient exister. Même dans son esprit d'enfant, elle avait conscience que la réalité était unique et que les créatures telles que les fées, les lutins, les sorciers ou même les sirènes n'existaient pas et que son père utilisait le terme "sorcier" pour parler de gens assez fous qui essayaient de tuer des gens pour des incantations soit disant magiques. Pas une seule fois sa différence ne lui vint à l'esprit comme étant un cadeau magique. Elle préférait d'ailleurs l'éviter et faire comme si rien ne se passait plutôt que de voir la réalité en face.
Ce n'est qu'à l'âge de ses onze ans qu'elle se fit prendre la main dans le sac par son père. Après une féroce dispute avec lui, son côté capricieux prit le dessus et au moment même où elle tapa du pied, toutes les fenêtres du rez-de-chaussée de leur maison explosa. Costas comprit à ce moment là que ce qu'il avait espéré depuis des années pour sa fille n'était qu'illusion et qu'elle était bien une sorcière, tout comme sa mère.

A partir de ce jour, il ne la considéra plus jamais comme sa fille et Alice vit sa vie changer du tout au tout. D'habitude gâtée d'innombrables cadeaux par son père et ne manquant jamais de rien, elle se fit enfermée dans la cave de sa maison par son propre père. Du jour au lendemain, il la renia et ne cessa de la traiter de monstre. Elle n'avait plus le droit de sortir, plus le droit de parler ou même de regarder son père. Elle pouvait manger à sa guise, c'est tout ce qu'il lui accordait. C'est d'ailleurs de cette façon qu'elle prit du poids de façon très très exagérée. De temps en temps, son père descendait la voir dans la cave pour la torturer un peu afin de lui extirper des informations qu'elle n'avait pas. Ce n'était qu'une enfant, elle ne savait rien du monde magique et ne comprenait même pas ce qu'il lui arrivait.

La veille de ses 14 ans, son père vint la rejoindre dans la cave, complètement saoule, trébuchant dans les marches et rampant presque pour l'atteindre. C'est cette nuit-là qu'il lui fit part de ses plus sombres secrets. A commencer par le meurtre de sa mère, en Angleterre à cause de ce qu'elle était réellement, puis s'en suivit une liste de personnes qu'il avait assassiné, lui disant combien il avait aimé et combien il était prêt à recommencer. Alice comprit qu'elle n'allait pas tarder à y passer, à son tour, que c'était peut-être même ce soir qu'il allait mettre fin à son cauchemar, fin à cette vie bien trop lourde pour une gamine de quatorze ans. Et enfin, quand elle osa le lui demander, il la regarda dans les yeux et lui lança d'un ton sombre et pleins de sous-entendus « Quel père ferais-je si je tuais mon propre enfant ? De plus, j'ai d'autres projets pour toi, Alice. ». Si tôt dit, il descendit la braguette de son pantalon et se pencha sur elle pour embrasser ses lèvres. Elle résista, ne voulant pas que son premier baiser lui soit privé de la sorte. Il la frappa et lui arracha ses vêtements. Cette nuit-là, alors qu'elle s'apprêtait à fêter ses quatorze ans, Alice fut violée, blessée, anéantie, salit. Et alors qu'elle pleurait, criant à quel point elle souffrait, il lâcha un râle de plaisir où seul son prénom résonna en écho dans la pièce froide et sinistre qu'était la cave. A partir de ce moment-là, elle décida de ne plus jamais répondre au prénom d'Alice.

Le lendemain, alors qu'elle plongeait dans une défaillance sans issue, elle reçut une lettre. Une lettre en anglais, une lettre venant de l'école de magie Poudlard. En lisant les lignes du directeur, elle prit petit à petit conscience qu'elle n'était pas la seule sorcière, qu'ils étaient sûrement des centaines de milliers et qu'elle avait la possibilité de vivre aussi loin de son géniteur que possible. A l'intérieur, se trouvait aussi l'adresse du Ministère de la magie Grecque, lui indiquant comment s'y rendre. Visiblement, c'était sa mère qui l'avait inscrite à cette école, avant de mourir. C'était sa mère qui le jour de ses quatorze ans lui donna l'envie de continuer à se battre et à vivre. Alors que son père était absent, elle saisit l'occasion et fit ses valises. N'ayant pas d'argent mais sachant très bien où se trouvait le coffre de son père, elle l'explosa en repensant à la veille et lui prit une grosse liasse de billets. Puis, sans même un regard vers son ancienne demeure, elle s'en alla. A présent, elle était Dénérys Grenderwolf.

Le jour où elle arriva sur le quai du Poudlard Express fut le excitant de toute sa vie. Elle s'en souvient comme si c'était hier. Elle avait eu bien du mal à arriver à Londres intact, son père avait visiblement éclaté de rage quand il avait vu sa disparition deux mois plus tôt. C'était un mal pour un bien, la prochaine fois qu'elle le reverrait ne serait que l'été prochain. D'ici là, elle espérait qu'elle aurait apprit à se défendre. Bien ronde à cette époque, elle attira quelques regards méprisants voire moqueurs mais ne s'en préoccupa davantage. Elle venait de sortir d'un cauchemar et quelques élèves blessants ne la terrifiait véritablement pas. C'est ce jour-là qu'elle rencontra son seul ami durant toute sa scolarité. Alors qu'elle s'installait dans la première cabine vide qu'elle avait croisé, son chat confortablement installé sur la banquette d'en face, un petit garçon brun aux yeux bleus la rejoignit et lui demanda s'il pouvait s'installer à ses côtés. Elle accepta, bien trop heureuse de se faire un ami dès le premier jour. Il s'appelait Hunter Priceton et il devint son seul ami à Poudlard. Alors qu'elle fut envoyée à Serdaigle, Hunter, lui, fut envoyé à Gryffondor. Néanmoins, ça ne leur empêchait pas d'être amis et de se voir le plus souvent possible. Alors que Hunter avait d'autres amis, Dénérys n'avait personne d'autres. Les camarades de sa maison étaient gentils et ne se moquaient jamais d'elle ou de son physique peu avantageux à cette époque. C'était davantage les Serpentard qui aimaient la martyriser. Il l'appelait Alice car ils savaient tous que c'était son premier prénom et qu'elle le détestait. Parfois, ils lui donnaient des surnoms tels que "Alice la grosse mandragore" ou "Alice qui sent la pisse". Peu avantageux.

Les années passèrent et bien qu'elle devait se rendre chez son Costas pendant les grandes vacances, elle arrivait toujours à l'éloigner en lui faisant peur, le menaçant à l'aide de sa baguette. Dénérys était intelligente, vraiment très intelligente et adorait les matières qu'on lui enseignait à Poudlard, elle excellait dans presque toutes les matières mais brillait littéralement en métamorphose. Si bien que quand elle apprit le sens des Animagus, elle décida d'en devenir un. Elle mit des mois avant de réussir à se transformer, Hunter restait souvent avec elle lorsqu'elle essayait, trop inquiet pour laisser son ami faire des expériences dangereuses sans lui. Le jour où elle réussit fut une énorme victoire pour elle, devenir un lynx lui paraissait à la fois incroyable et fascinant. Sa vue était meilleure, elle entendait à des kilomètres et son instinct était plus affuté.
En cinquième année, alors qu'elle arrivait à ses 19 ans, le changement se fit tout seul. Alors qu'elle avait pas mal de kilos en trop ainsi qu'un look franchement ringard, Dénérys décida de changer. Elle dit plus de sport, elle mangea sainement et décida de porter des vêtements qui la mettait en valeurs. En quelques mois, elle devint une bien jolie femme et attirait les regards des autres pour la première fois de sa vie. Elle n'avait jamais connu l'amour et ignorait à quoi il ressemblait jusqu'au jour... Jusqu'au jour où elle aperçut Hunter avec une Gryffondor un peu plus jeune qu'eux. La jalousie la dévora de plus en plus, à chaque gestes qu'il faisait vers elle, le Serdaigle voulait hurler, à chaque fois qu'elle se permettait de l'embrasser, la rage prenait le dessus et elle était obligée de serrer les poings jusqu'à sang pour ne pas craquer. Elle n'avait jamais prit conscience que durant toute ses années, elle était amoureuse de son meilleur ami. Il avait fallu qu'elle le voit avec une autre pour le comprendre. Elle préféra donc s'éloigner et le laisser nager dans son bonheur. Et, alors qu'il faisait tout pour revenir vers sa meilleure amie, pour comprendre ce qui n'allait pas, Dénérys s'éloigna encore plus de lui jusqu'à ne plus le regarder quand elle le croisait dans les couloirs. Ça lui demandait beaucoup mais elle n'arrivait plus à le regarder dans les yeux sans avoir l'envie de lui dire ce qu'elle ressentait.

En dernière année, pourtant, il continuait encore à lui écrire des lettres pour comprendre ce qui se passait. Elle ne lui répondait jamais, préférant l'éviter, encore et encore. Jusqu'à ce fameux jour de Noël où il lui offrit un bracelet qu'elle reçut par un hibou. Elle craqua et lui répondit en écrivant tout ce qu'elle ressentait pour lui, tous les sentiments qu'elle ressentait en le voyant avec une autre fille, combien ça lui faisait mal de ne pas pouvoir le toucher, lui parler ou même l'ignorer. Sa lettre fut bien reçue mais plus jamais Hunter ne lui répondit ou ne lui donna de nouvelles. Anéantie, elle finit sa dernière année avec peine et obtint ses ASPICS avec aisance.

Il est plutôt ardu d'expliquer ce qu'à fait Dénérys après avoir eu ses ASPICS. La première des choses fut qu'elle retourna en Grèce et que, haineuse et pleine de vengeance, elle blessa grièvement son père et lui retira tous ses souvenirs. Il ne souvenait même pas de son patronyme. La seconde chose fut que Dénérys décida ensuite de devenir enseignante, elle se savait douée en métamorphose donc choisit cette matière comme option. Elle suivit des cours avec sérieux et c'est à cet instant qu'elle prit conscience de son sex-appeal. Mademoiselle n'était pas si moche que ça, finalement. Les gens qui avaient connus sa mère et qu'elle avait rencontré au Ministère de la Magie lui avait assuré qu'elle était son portrait craché. Consciente que sa première - et unique - fois avait été un viol et que ça la marquera sûrement toute sa vie, elle se rendit malgré compte que ça pouvait lui servir d'armes contre les hommes. La dernière des choses fut donc sa transformation en croqueuse d'hommes, devenant même excellente en matière de séduction, elle n'a jamais aucun mal à obtenir à ses fins. Sa seule règle est de ne jamais tomber amoureuse, trop peu désireuse d'avoir à nouveau le cœur brisé par un autre Hunter.
Depuis Septembre 2021, Dénérys a accepté le poste de professeur de métamorphose à l'école Poudlard. C'est avec une joie sans nom qu'elle revient donc dans l'enceinte de l'école de magie.