(hp6) ▽ Siffle, siffle, petit serpent, "Glisse, glisse silencieus'ment et avec Morfin soit très doux Sinon, à la porte il te cloue."
La Terre ne tournait plus vraiment rond pour Mihrimah. Les septièmes années étaient à un mois des ASPIC et la jeune femme ne semblait pas s'en inquiéter pour le moins du monde. Pourtant, elle était parmi ceux qui étaient en droit de frémir selon les enseignants. Non pas qu'elle était une piètre sorcière, bien au contraire. Ils savaient qu'elle excellait en pratique parce que la sultane daignait s'y intéresser. Mais ils n'ignoraient pas que ses abominables fautes d'orthographes pouvaient la pénaliser durant les examens théoriques et que sa façon d'expliquer les choses était tout aussi pénalisante. Mihrimah était mondialement connue pour être une élève incompréhensible une fois à l'écrit. « Comme vous en voulez rien entendre à ce sujet, je vous laisse patauger dans votre bêtise très chère. » Un dernier sourire hypocritement sympathique de la professeur d'histoire de la magie, qui tenait la porte de sortie de son air aimable en attendant que son impétueuse élève quitte la salle. Une fois la chose faite, Mihrimah soupira. Oui, elle avait terriblement peur de ne pas avoir les résultats requis à ses examens. Pour éviter d'avoir l'air craintive, elle préférait faire comme si de rien n'était. A l'instar de la mort d'Ashara... elle voulait oublier, paraître forte. Au lieu de ça, certains la trouvaient égocentrique et sans coeur. Mais c'était mieux ainsi, plutôt qu'être vue telle une froussarde ou une sentimentale. Mihrimah devait être ferme, sans pitié et insouciante.
« Bon, allons réviser. » Şehzade se tenait à ses côtés, tenant la bandoulière de son sac d'étudiant avec décontractation. Depuis la disparition d'Ashara, il s'efforçait d'être plus présent pour sa soeur jumelle au niveau scolaire. Son frère avait toujours été un excellent élève, autant dans son attitude que dans ses notes. Le contraire de Mihrimah, qui adoptait un comportement exécrable et insoumis. C'était une invaincue, personne ne devait avoir le dessus sur elle et surtout pas ses professeurs. Ils se dirigeaient vers la bibliothèque, Mihrimah traînant des pieds et Şehzade plus déterminé que jamais. Lui, tenait à être le meilleur une fois les résultats des ASPIC révélés au monde entier. Şehzade avait un certain chic pour s'accaparer l'attention d'autrui sans même le faire exprès et c'était pour cela que Mihrimah s'attendait parfaitement à voir leurs parents s'émerveiller autour des notes de leur fils aîné une fois au 12, square Grimmaurd. « Tu sais, tu devrais faire un effort pour ces révisions. Les profs ont raison, ils disent ça dans ton intérêt même si c'est chiant à entendre. » Son frère jeta un coup d'oeil oblique vers la triste face de Mihrimah. C'était ainsi qu'elle était à chaque fois qu'on la trainait vers la bibliothèque. Parce qu'elle s'y rendait rarement de son plein gré. Avant, Ashara tenait la corde. A présent, Sez reprenait le flambeau. « Je sais très bien que j'aurais mes ASPIC, inutile de gaspiller de la salive pour ma personne. » Radicale et acerbe, refusant de l'aide comme à son habitude. Un Sez mécontent, qui fronça les sourcils avant de se reprendre. Mihrimah était définitivement irrécupérable. Elle l'était trop auparavant et depuis la perte d'Ashara, semblait plus tarée avec les mois.
Ils entrèrent dans la bibliothèque en silence, sous le regard soupçonneux de la bibliothécaire. C'était ainsi qu'elle dévisageait Mihrimah à chaque fois que celle-ci osait faire son come-back dans les lieux. Elle risquait forcément de faire glisser un livre, de faire tomber une étagère ou de rire trop fort. Telle était la philosophie de la vieille femme à propos de la belle Serpentard. Si Sez se dirigeait vers une table parfaitement ordinaire, ce fut un autre détail qui attira l'attention de Mihrimah. Une adolescente aux cheveux bruns et ondulés, lisant un bouquin dans le plus grand des calmes. Une Serdaigle si familière, qui se prénommait Wilhemina Goyle et qui semblait la fuir comme la peste alors qu'elles s'appréciaient. Wilhemina était la soeur cadette d'Amadeus et Zane. Elles avaient sympathisé avec le temps et étaient éloignées de la relation conflictuelle que Mihrimah menait avec Amadeus. Wilhemina s'était montrée gentille et réceptive avec elle, tellement que Mihrimah était persuadée qu'Amadeus avait raconté de sales anecdotes sur son compte à la douce Mina. « Qu'est-ce que tu regardes comme ça ? » La curiosité de Sez devait être enterrée, même si elle était souvent utile. Mais dans ce cas, se taire aurait été la meilleure option pour lui. « Va t'asseoir, j'arrive tout de suite. » Mensonge, car elle n'avait pas l'impression que la discussion entre elle et Mina allait être rapide. Elle était déterminée à savoir les raisons de cet éloignement, du pourquoi du comment. Instinctive, ses sens ne la trompaient pas : Mina fuyait. Mihrimah devait s'arranger pour trouver un prétexte et l'approcher. Et de toute manière, Mina ne pouvait aller bien loin dans la bibliothèque. C'était au final, l'endroit idéal. Le lieu du jour, le jackpot et la cerise sur le gâteau. Sourire aux lèvres, elle se dirigea doucement vers Mina et posa une main sur son épaule. Celle-ci leva les yeux de son manuel. « Tu vas bien Mina ? Tu sais, ça fait longtemps que je voulais te voir sans en avoir eu l'occasion. J'ai eu l'impression qu'à chaque fois que je te croisais, tu me filais entre les doigts... volontairement. » Mihrimah eut un rire léger, histoire de détendre l'atmosphère. En fait, la dernière fois qu'elles s'étaient adressées la parole remontait à l'époque lointaine où Ashara était encore vivante. Elles s'étaient vues à l'enterrement en France, sans se parler car Mihrimah avait été trop dévastée pour sortir ne serait-ce qu'un mot de sa bouche. Depuis, le néant. Il fallait que ça cesse. Ou au moins, que Wilhemina se justifie. Mihrimah s'installa sur la chaise, face à la Goyle. « Ce n'est pas rose entre Amadeus et moi. C'est à cause de ça ? » Mihrimah y allait directement, c'était tout elle. Amadeus était suffisamment effrayant pour influencer Mina. Et après tout, elle était sa petite-soeur et devait être de son côté de son frère. C'était naturel, à l'instar de Mihrimah qui ne pouvait accepter qu'on s'en prenne à Judicaël même s'ils n'étaient pas forcément très proches.
(c) AMIANTE
MINA ҩ règle n°6 : ne jamais laisser les bonnes choses nous filer entre les doigts.