Il fixe le plafond dans sa chambre, rien n’est comme avant. Il regarde les dessins qui s’estompent avec le temps, se souvenant du moment où lui et Nina les avaient peints, faisant alors enrager leur mère. Il sourit avant de sécher ses yeux pleins de larmes. Une porte s’ouvre, il se tourne sur le côté, essayant ainsi de cacher sa peine sans succès. Elle s’approche à pas de loup, pensant au début qu’il dort, et puis lentement, elle s’installe sur le bord du lit ; ses longs cheveux noirs sont remontés en un chignon élégant, elle porte une robe foncée, classique mais jolie, légèrement satinée. Elle soupire en voyant les épaules de son fils se soulever à cause des sanglots. Il tremble doucement, elle retient ses larmes.
« Nikki… » « Kwentchana… » « Non chaton, je sais que ça ne va pas… » Il se tourne vers elle doucement et la regarde.
« Elle me manque, on va à peine de l’enterrer et elle me manque. » « Je sais, elle me manque aussi… » Il soupire et se redresse pour s’asseoir en lotus.
« Pourquoi ? » Elle redresse sa tête, ses amis lui disent souvent qu’elle n’a pas changé pourtant, elle se voit pleins de rides et de défauts que le temps a inséré sur sa peau.
« Parce que c’est comme ça… » Elle n’a pas d’autre réponse, elle repense à Cédric. Elle se dit que c’est la même chose. Que la mort a frappé trop tôt, qu’ils n’y peuvent absolument rien, mais elle comprend la colère de son fils, elle avait la même.
« Mais tu sais Nikki, on dit que ceux qui nous ont quitté ne meurent jamais vraiment tant qu’on ne les a pas oublié. » « Mais elle avait seulement 15 ans…. » Il voit alors la détresse dans les yeux de sa mère et s’en veut, il approche pour l’enlacer.
« Pardon M’man… » Elle enlace son grand garçon et lui frotte le dos, laissant quelques larmes s’échapper de ses yeux marrons.
« Ils nous attendent Nikki. » Il avait redouté qu’elle lui dise ça. Vraiment. Il ne veut pas y aller. Il hoche sa tête faiblement et se mord la lèvre.
« Elle avait raison… le blond te va bien. » Elle lui ébouriffe les cheveux avant de se lever faiblement. Elle a l’impression de ne plus avoir assez de force. Il la laisse partir avant de se redresser, regardant son allure dans le miroir. Il n’aime pas se voir en costume sombre, ça ne représente rien de beau à ses yeux et sa sœur lui aurait sûrement fait la remarque. Elle était si pleine de vie. Il descend enfin et les rejoint dans la voiture. Il déteste vivre comme les moldus parfois, il aurait préféré grimper sur un balai afin d’être un peu seul et de pouvoir se lâcher un peu avant de devoir affronter tout ça. Mais ils doivent se plier à la famille de son père pour ne pas les effrayer. Ils arrivent au cimetière rapidement. L’endroit le fait frissonner, il grimace, il préfèrerait rire avec elle devant un dessin animé ou alors en se fichant d’un de leurs professeurs. Mais il ne peut plus.
La cérémonie lui semble absolument sinistre. Il écoute le discours du prêtre, il se demande encore souvent pourquoi son père est chrétien… Il préfère être bouddhiste, il a toujours été ainsi même si souvent, il se dit que ses convictions envers l’ombre vont à l’encontre de cette religion, mais en même temps, il ne veut pas les exterminer, juste les remettre dans le droit chemin. Il se prend un coup de coude et sursaute, il regarde son père avec de gros yeux avant de se rendre compte que tout le monde le regarde. Il ne comprend pas jusqu’à ce que sa mère lui fasse alors signe de se bouger.
« Ah oui… le speech. » Ses grands-parents sont choqués devant ses paroles, même dans un moment dramatique, il sait être un boulet infini… Il s’avance alors et regarde le cercueil douloureusement.
« J’m’en veux tu sais Nina ? » Il déglutit lentement avant de soupirer.
« J’devais te surveiller, je l’ai pas fait… » Il avait préféré partir dans le jardin pour s’entraîner à la fabrication d’un sortilège pendant que sa sœur s’amusait avec les potions présentes dans la maison, mélangeant les mauvaises ce qui créa une explosion. Il entend encore le bruit résonner dans ses tympans. Il se demande aussi pourquoi personne ne lui en veut alors que c’est si logique pourtant.
« J’devais te protéger, j’ai merdé… Mais je te promets Nina, ça n’arrivera plus, je ferais ce qu’il faut pour aider les gens qui comptent sur moi et les protéger… Comme j’aurais dû faire avec toi petite sœur… » Il baisse sa tête par culpabilité avant de se reculer pour retourner avec ses parents. Il ne devait pas dire ça, il avait préparé un beau speech, mais il avait besoin de dire les mots-là. Sa mère lui attrape la main dans un petit sourire, fière malgré tout de son aîné. Elle sait qu’il se sent coupable, elle sait ce qui pèse sur lui mais elle sait aussi qu’il a les épaules assez solides pour réussir à surmonter ça. La cérémonie est belle, triste, vraiment triste, mais belle malgré tout.
La nuit, il est incapable de s’endormir. Assis sur son lit, il revoit la scène, l’explosion, le cri de sa sœur, les flemmes qui dévorent l’arrière de la maison, les sortilèges d’eau qu’il lança à n’en plus finir pour arriver à maîtriser le feu. Il a sa baguette en main et sursaute d’un coup lorsque son patronus apparait, prenant alors la forme d’un magnifique Lama alors que jusqu’à présent, il n’a jamais réussi à le former entièrement. Il ne comprend pas. Il le suit et se retrouve dans la chambre de sa sœur, retrouvant alors sa mère qui lui sourit tendrement alors que la boule lumineuse disparaît dans la nuit. Il se rend compte alors de ce qu’on a voulu lui dire et un sourire étire ses lèvres fatiguées malgré les larmes à ses yeux.
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Il s’écroule sur le sol, complètement en sueur malgré son sourire de bien heureux sur le visage. Il regarde les deux mains se tendre au-dessus de lui et les attrape dans un petit rire alors que son torse se soulève encore avec rapidité et force. Une fois sur ses deux jambes, il range sa précieuse dans la poche interne de son gilet avant de regarder les autres.
« C’est fini pour aujourd’hui ! A demain ! » Il va se mettre contre un mur froid afin d’en ressentir toute la fraîcheur, essuyant d’un revers de manche les gouttes qui tombent de son front.
« Tu es fou tu sais ? » Il se masse le poignet en souriant.
« L’entrainement sur du long terme c’est ce qui fait notre force non ? »
« Oui mais quand même ! » Maggie le fixe avec son regard de Killeuse tandis que Pixie lui tape dans la main, fière de son nabot.
« T’as TROP assuré ! Mais la prochaine fois, j’te jure que je te bats ! » Il sourit en la regardant.
« J’en doute pas. » Nik’ est loin d’être le genre de sorcier se pensant forcément supérieur à cause d’un titre, d’une descendance, ou d’une excellente maîtrise dans un domaine. Il est excellent en sortilèges, certes mais il ne s’en servait intensément que durant les entraînements afin de préparer les autres à ce qui les attendrait tôt ou tard.
« Tu viens manger avec nous ? »
« Non, j’vais aller m’étaler dans mon lit surtout. » Il les bisoute chacune sur une joue avant de les laisser partir. Il est toujours le dernier à quitter le QG, le scellant en même temps. Il n’est pas paranoïaque mais il refuse de prendre le moindre risque. Ses muscles lui font un mal de chien, il avance avec lenteur, s’agrippant aux rampes des escaliers lorsqu’ils se décident à bouger, faisant une moue incroyablement boudeuse lorsqu’ils vont dans le mauvais sens (et par Merlin, que ça arrive souvent…) On lui ébouriffe les cheveux au détour d’un couloir, il ne dit rien. Il ne râle pas, ce n’est pas son genre. On le voit surtout avec un sourire accroché sur son visage même s’il a le même petit air triste que sa mère. A ce qu’il paraît, c’est de famille. Si, si, vraiment. Arrivé dans les entrailles du château, il se dirige vers la salle commune, sifflotant le mot de passe à voix basse pour être sûr qu’un serpy n’entende pas. Aish, quelle plaie de devoir se partager les soubassements avec eux. Il entre dans leur repère et file vers les chambres des garçons, une fois dans la sienne, il s’effondre sur son lit et laisse sa grenouille venir se mettre sur son torse. Il lui caresse la tête doucement.
« Que tu es gluante mon amie ! » C’est un fait indéniable. Morphée passe alors le voir, ses paupières s’alourdissent et rapidement, il s’endort. Les rêves peuvent être doux comme du coton quand tout va bien, mais quand ils sont agités, ils sont presque dangereux. Nikki s’en rend compte lorsqu’il heurte le sol un peu violemment au bout d’une heure, se massant le nez alors que se lunettes sont à moitié en l’air. Il les remet en place en soupirant. Il regarde Rain posée sur la table de nuit et grogne faussement en se mettant assis.
« Pourquoi une fois sur trois j’me retrouve par terre…. Tu peux me le dire hein ? » Elle croasse nonchalamment avant de venir se poser sur sa tignasse blonde. Il la laisse faire avant d’attraper une planche sous son lit, contenant des feuilles de dessins et des fusains. Il dessine alors une vue de Poudlard depuis la tour d’Astronomie, laissant son imagination s’exprimer par les dessins. Il passe presque deux heures de temps dessus avant de se redresser pour se mettre à son bureau, prenant un parchemin neuf et une plume.
« Omma, désolé de ne pas t’avoir écrit dernièrement, je n’ai pas vraiment d’excuse même si je n’ai pas trop de temps entre les cours et tu sais quoi… Mais j’me dis que ce sont de mauvais arguments pour justifier ma non-présence. Après tout, rien ne m’empêchait de me poser cinq minutes et de t’écrire. Tu me manques, c’est le premier noël sans revenir à la maison, ça fait bébé à dire, mais bon, c’est vrai mine de rien. Ne pas te voir depuis cinq mois déjà, c’est presque une torture. Et Appa ? Il va bien ? En tout cas ici, on fait tous notre bonhomme de chemin. Je sais que tu t’inquiètes beaucoup de ce qui se passe ici parce que tu as pu voir le pire de ce qui pouvait arriver dans cette école, mais on est coriace et je sais que je ne suis pas le seul à vouloir que ça aille bien. On marche dans vos pas et ça nous donne de la force je crois. D’me dire qu’en faisait, je te rendrais fière… Ouais, ça me donne de la force. En cherchant un livre, je suis tombé sur un almanach avec des photos de vous à nos âges, il y en avait certaines qui dataient de ce fameux bal de noël dont tu me parlais. C’est vrai que tu étais belle ! Par contre, je continue à me dire que tu es folle de me comparer à Cédric, je suis vraiment plus beau que lui ! Ah ah…. Trêve de plaisanterie, ça va bien au journal ? Appa continue de confondre toutes les équipes de quidditch ou il a eu le temps de s’améliorer un peu ? Non pas que je ne crois pas en ses capacités, mais j’me dis que ça doit plus être très possible à force… Ah au fait, tu te souviens de Piper ? La belle serdaigle blonde avec de grands yeux bleus ? Bah je lui ai enfin dit qu’elle me plaisait…. Et comme d’habitude j’ai eu le droit à : tu es super Nik’, mais on est mieux comme amis, tu trouves pas ? Aish… J’vais finir seul à vie, tu verras. Enfin voilà, je t’envoie aussi un dessin, celui que tu m’avais demandé. J’espère qu’il sera comme dans tes souvenirs. Prends soin de toi et Appa. Wo ai ni Omma ! » Il attend que l’encre ne sèche avant de rouler le parchemin et le dessin. Il est 21h, il sort alors de la chambre pour trouver un hibou, par miracle, il y en trouve un rapidement et lui confie les parchemins roulés, espérant que tout arrivera à bon port. Tranquillement, il se place à une fenêtre, admirant l’oiseau en plein vol alors que Rain est toujours sur sa tête. [color=#cc9933]« Demain est un autre jour ma Rain… »|/color] Admirant le spectacle, il ne peut s’empêcher de penser à Nina, souriant au souvenir de sa sœur malgré la douleur encore présente.