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 Une ténébreuse affaire (Alexander P.)

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MessageSujet: Une ténébreuse affaire (Alexander P.)   Une ténébreuse affaire (Alexander P.) EmptyLun 14 Jan - 19:01

À pas silencieux et circonspects, Avaon se faufilait dans la nuit. Le silence et la circonspection comptaient parmi ses maîtresses qualités. Cela ne faisait-il pas sept ans qu’il traversait nuitamment les couloirs et le domaine de Poudlard, pour aller puiser dans les réserves de potions, lire en cachette dans une salle abandonnée, fricoter avec de jeunes et jolis éphèbes dans les salles de bain des préfets ? Il avait de la pratique, notre courageux et nocturne héros. Dans le silence vespéral du château, sa présence ne se devinait guère.

Cette nuit-là, Avaon était guidé par une lumière toute intérieure. Quelque part quelqu’un proposait une aventure. Le mystère et la promesse d’une nuit (chastement) agitée avaient fait frémir le petit cœur sensible du Gryffondor, dont l’influence sur ses jeunes camarades avait toujours été, de l’avis de ses professeurs, assez catastrophique. Avaon semblait s’attacher à transmettre beaucoup plus ses qualités de fauteur de troubles que d’érudit méticuleux.

Cette fois-ci, cependant, ce n’était pas de sa faute. Il n’était que l’objet presque innocent d’un destin malicieux — auquel il se prêtait peut-être (peut-être !) avec une facilité un peu coupable. Mais enfin, il n’avait décidé de rien, il n’avait rien fomenté, il ne faisait que répondre avec altruisme et héroïsme, esprit chevaleresque, même, disons-le franchement, il ne faisait que répondre, donc, à un appel à l’aide dont le beau et sobre désespoir l’avait touché, comme une plainte sensible adressée à un cœur compatissant. En d’autres termes, il avait d’excellentes excuses. Qu’on se le dise.

Tout avait commencé, compréhensif lecteur, quelques heures plus tôt, quand il avait remarqué, sur le tableau d’affichage de la salle commune, dans la tour des Gryffondors, alors qu’il perfectionnait sa toupie pour plafond (au plus grand désespoir de quelques premiers années venus réviser leur devoir de potions), une feuille punaisée, qui avait ceci de mystérieux et prometteur, donc, qu’elle était entièrement blanche. Avaon s’était naturellement empressé de dépunaiser la dite feuille et, abandonnant la toupie qui tournoyait au-dessus de la tête de ses studieux cadets, il alla s’allonger à plat ventre sur son lit, en tout bien tout honneur, ce qui certes n’était pas fréquent, pour l’examiner.

Après l’avoir tournée et retournée dans tous les sens, il murmura : « Aparecium. » Et l’encre apparut. Bon, du coup, c’était un peu décevant, tout cela manquait de défi, mais enfin, il décrypta le message qui disait ceci :

Aux âmes aventurières, ce soir à minuit rendez vous dans les vestiaires du Terrain de Quidditch.

C’était sobre et efficace. Avaon se mit à rêver à la dernière fois où il avait visité les vestiaires du terrain de Quiditch, un peu après un match, pour féliciter généreusement et avec de grandes démonstrations d’affection l’un de ses joueurs favoris, et cet agréable souvenir l’occupa quelque temps, avant qu’il ne se résolût de se rendre au rendez-vous, parce que ce soir-là, il n’avait justement rien de mieux à faire — l’heureuse coïncidence.

Un quart d’heure avant onze heures, il s’était donc tout de noir vêtu, avait salué ses camarades de dortoir qui finissaient par avoir l’habitude de le voir partir au milieu de la nuit et se lever malgré tout aux premières lueurs du jour, quand il n’entendait pas quelqu’un se glisser plus ou moins discrètement dans le lit dont les rideaux étaient, fort heureusement pour leur sommeil, parfaitement insonorisés par l’enchantement approprié. Ni une, ni deux, le voilà hors de la salle commune — dans les couloirs — dans le grand hall — dans le parc de Poudlard, qui s’enveloppait de froidure.

Avaon resserra autour de lui l’épaisse cape sombre qu’il avait eu le soin de prendre avec lui. Un vent glacial agitait sa chevelure brune et, malgré ses gants, il sentait le froid lui mordre la peau. Pas découragé pour un sou par ces conditions hélas bien courantes en Écosse où le château était sis, le jeune homme prit soin de progresser en grand silence, quoique les rondes dans le parc fussent bien moins nombreuses que celles qui arpentaient régulièrement le château.

Il ne tarda pas à arriver au terrain de Quidditch et à se rendre d’une légère difficulté. Quels vestiaires ? Il y en avait deux groupes, pour chaque équipe qui s’affrontait, et l’invitation ne précisait rien. Parce qu’Avaon avait l’impression que ses doigts de pied allaient finir congeler s’il restait trop longtemps indécis, il opta pour le vestiaire le plus proche, ouvrit la porte d’un sort bien placé — l’un des trois, avec Expelliarmus et Expecto Patronus, qu’Harry Potter fût apparemment parvenu à maîtriser — et se glissa à l’intérieur.

Il ne faisait pas beaucoup plus chaud dans les vestiaires que dans le parc, mais au moins était-il sauvé du vent. Un Informulé fit sortir de sa baguette un discret rayon de lumière et le jeune homme se mit à longer d’un pas lent les petits bancs de bois qui faisaient face des deux côtés aux rangées de casier, tandis que dans le fond, de vieux balais attendaient les prochaines sélections et des Cognards fatigués s’agitaient faiblement, pour la forme, sanglés dans leur boîte.
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MessageSujet: Re: Une ténébreuse affaire (Alexander P.)   Une ténébreuse affaire (Alexander P.) EmptyLun 14 Jan - 22:40

Une mutinerie, voilà ce que c'était, et qui en était la victime ! Le pauvre, l'innocent Alexander Pettigrew, oui il était bien a plaindre. Tout avait commencé quelques jours plus tôt, quand la professeur de botanique constata la disparition d'une quantité conséquente de racines de bengamores (cherchez pas, je viens de l'inventer) dans sa réserve, et qu'un rapide tour dans les classes en compagnie des professeurs principaux lui permettent découvrir une quantité non moins considérable de Gryffondor de cinquième année à la langue bleue, ce qui était l'un des effets constatés en cas d'ingurgitation de cette plante.

Alors oui, bien sûr, c'était Alex qui avait découvert les propriétés de cette racine dans un des livres de la bibliothèque, et c'est aussi lui qui les avait ramené à ses amis en disant que c'était un truc super drôle. Et puis s'il avait su qu'à forte dose, cette plante donnait des maux de ventre et des nausées insoutenables, il aurait prévenu tout le monde. Cependant, même s'ils se tordaient tous de douleur en poussant de long râles d'agonie, leurs professeurs furent sans pitié. Après avoir dû avaler une potion infâme à l'infirmerie, ils firent perdre un nombre conséquent de points à leur maison et furent tous collés trois jours d'affilés, contraint d'aller s'occuper des mandragores et d'un certain nombres de plantes dont il n'avait pas retenu tous les noms, mais qui étaient toutes plus ou moins désagréables quand elles n'étaient pas simplement agressives. Ce qui expliquait bien sûr que quand la veille, il avait rejoint ses camarades avec une nouvelle et brillante idée, l’accueil fut plutôt glacial.

Personne ne voulut rien savoir, il y en a même qui préférèrent se retirer pour aller faire leurs devoirs plutôt que de l'écouter. C'était terriblement décevant, tellement qu'Alex passa la nuit entière dans son lit, sous les couvertures, ce qui arrangea tout le monde, il faut bien avouer. Au matin, il faisait encore la moue, et continua l'après-midi, jusqu'à seize heures vingt-sept ou d'un coup, son visage s'illumina. Lily Benneth leva son nez de la tasse de son cours de potion qu'elle regardait sans grande conviction depuis plusieurs minutes, elle n'avait pas besoin de boule de cristal pour savoir que son ami allait encore les mettre dans l'embarra.

Malgré les sages conseils de sa camarade, ainsi que ses réprimandes et un certain nombre de remarques sur le fait qu'il avait vraiment une attitude puérile et que personne, absolument personne n'allait répondre à une annonce pareille, parce qu'elle était stupide et montrait juste qu'il avait passé trop de temps devant la télé… Dix minutes plus tard, après que Lily ai laborieusement tenté de lui expliquer ce qu'était une télé, Alex passa à l'action. Il fit disparaître sa petite phrase grâce à un sort dont il était très fier, et accrocha son parchemin bien en vu sur le mur. Voilà, parfait.



Il était dix minutes du matin quand Alex traversa en trombe les couloirs de l'école, tenant ses bottines à la main pour faire le moins de bruit possible, tout en allant vite. Quel idiot, vraiment, en retard à son propre rendez-vous secret. C'est qu'il était tellement impatient qu'il avait attendu l'heure assis sur son lit, sans rien trouver de mieux à faire que de penser à ce qui pouvait se passer si la personne venait. Parce que quelqu'un avait prit sa feuille – pour la jeter, avait maugréée Lily – mais Alex n'écoutait pas les mauvaises langues, et il gardait l'espoir que cette personne aurait assez de curiosité pour venir. Parce que c'était le but, trouver quelqu'un de moins ennuyeux et pantouflards que ses camarades, que la simple menace d'une punition clouait au lit. Mais le fait est qu'il s'était endormi, lui aussi.

Il n'était peut-être pas trop tard, c'est pourquoi Alex se dépêchait tant, le froid lui mit une claque à la sortie, il n'avait pas vraiment prit le temps de s'habiller chaudement, chaque minute lui faisait perdre la chance de rencontrer le Gryffondor qui avait entendu son appel. Il bondit dans ses chaussures avant de descendre les escaliers et fila à toute vitesse au terrain de Quidditch, encore essoufflé, il arriva devant les vestiaires.

Ah, c'est vrai qu'il y en a plusieurs.

Il tenta de sa la jouer fine et poussa la première porte, qui était ouverte, avant de pousser la seconde, qui était fermée. Donc, quelqu'un avait peut-être déverrouillé la première porte, ah ! Frétillant d'impatience, il se décida à entrer, et fixa la pièce en resserrant la pauvre veste aux couleurs de sa maison contre lui, il tremblait un peu de froid.

Un mouvement sur sa gauche lui fit tourner la tête.

« Oh, tu es Dilnym, Dwylin, Dniv… Bonsoir. »

Oui, Alex avait entendu parler de Dym… de ce garçon, il l'avait déjà vu, et il avait même fais quelques punitions avec lui – c'est la crise après tout, ils réduisent le personnel. Il ne savait pas grand-chose de lui cependant, à part qu'il n'était pas désagréable à regarder, surtout de dos, sous la ceinture. Il cessa de serrer sa veste contre lui pour lui tendre sa main.

« Désolé pour le retard, moi c'est Alexander Pettigrew. »
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MessageSujet: Re: Une ténébreuse affaire (Alexander P.)   Une ténébreuse affaire (Alexander P.) EmptyLun 14 Jan - 23:13

Pour le lieu mystérieux d’un rendez-vous secret, ces vestiaires étaient tout de même très déserts. Avaon avait beau essayer de se convaincre lui-même que l’atmosphère était pleine de promesses informulées, il était forcé de reconnaître que les vestiaires la nuit ressemblaient aux vestiaires le jour, la lumière et les occupants en moins. Tout cela était un peu décevant. Sous le faisceau de sa baguette, il n’y avait que les bancs, les casiers, une vieille chaussette qui trainait à l’abandon et, sur un tableau noir, les restes à demi-effacés d’un schéma stratégique.

Avaon se mit à observer le schéma. Puisqu’il était là, il pouvait bien essayer de voler les secrets d’une équipe adversaire. Bon, naturellement, personne n’avait eu la bonne idée d’inscrire le nom de l’équipe sur le tableau en question et puis, pour être tout à fait honnête, Avaon et le Quidditch, ça faisait deux. Il supposait que les ronds représentaient les joueurs, les flèches les mouvements et les chiffres, euh… Soit. Il ne comprenait rien. Le jeune homme poussa un soupir et se détourna.

Bien, bien, bien. Sérieusement, le Gryffondor commençait à envisager qu’on lui eût fait une blague. Sans doute quelqu’un l’avait-il observé, au chaud derrière une fenêtre des dortoirs et de la salle commune, en train de traverser le parc avec une aisance subreptice, dans le froid et le vent, dans l’adversité et la nuit, et s’était-il moqué de sa crédulité. Sans doute, là, se félicitait-on d’avoir réussi à berner Avaon, ce qui certes n’était pas très difficile, dans la mesure où, tout brillant qu’il était, le sens des réalités lui faisait parfois un peu défaut.

Donc, vengeance. Avaon allait retrouver l’auteur de ce petit mot — ce sera facile, il avait déjà les enchantements en tête — il allait le ou la coincer dans une salle obscure et puis… Et puis lui faire quelque chose. Il ne savait pas encore trop quoi. La violence n’était pas exactement sa spécialité, alors il faudrait une vengeance plutôt pacifique. C’est-à-dire pas tout à fait une vengeance. Hmoui — tout cela, décidément, n’était pas une excellente idée.

Avaon s’assit sur un bout et poussa un soupir. Une soirée de fichue. La pensée qu’il allait devoir traverser le parc en sens inverse, passer dans les couloirs avec une discrétion renouvelée et regagner son grand lit froid et vide, le déprimait à l’avance. Alors qu’il eût pu prévoir autre chose pour sa soirée : lire le Manifeste pour une interprétation marxiste des révoltes gobelines ou retrouver Gabriel pour faire des galipettes — deux activités à peu près aussi attirantes l’une que l’autre, dans le petit esprit légèrement dérangé d’Avaon Dilwyn.

Le sorcier s’apprêtait à partir quand son mystérieux employeur (en gros) se décida enfin à se montrer. Avaon, dans son imaginaire un peu romanesque, s’était attendu à une dame tout de noir vêtu qui eût dissimulé ses sombres pensées derrière la dentelle de son voile, que son souffle eût soulevé légèrement. Elle lui aurait demandé de retrouver une gemme précieuse, ayant appartenue à son défunt mari, disparu dans des circonstances mystérieuses, et… Le plancher avait craqué et un adolescent légèrement vêtu (pour la saison) fit son apparition.

Bon, ça ferait aussi l’affaire. Avaon se redressa et serra énergiquement la main du nouveau venu avant de répondre avec un sens de la politesse tout personnel : « Je sais. Je connais un peu ton frère. Il est… » Mais même Avaon se rendait compte qu’insulter le frère d’une personne avec laquelle on avait un rendez-vous secret n’était nécessairement une stratégie très productive et, quelque antipathie que lui inspirât Pettigrew aîné avec son caractère pour le moins trouble, l’aîné des Gryffondors s’abstint finalement de tout commentaire.

Il remarqua plus sobrement : « C’est toi qui as empoisonné les cinquièmes années avec les bengamores. » Ce qui, probablement, n’était pas fait exprès, même si avec les Pettigrew, rien n’était jamais si sûr. Cela dit, en fils de psychopathes qui avait échappé, et de loin, à l’atavisme familial, Avaon était tout à fait près à accorder le bénéfice du doute à son camarade. Il releva sa baguette pour éclairer Alexander et l’observer quelques instants, avant de sembler brusquement se rappeler qu’à un moment ou un autre, il était plus ou moins censé se présenter. « Ah. Et c’est Avaon, mon prénom. » Le nom de famille, il préférait l’oublier.

Le jeune homme murmura un mot inaudible et la lumière de sa baguette s’étendit autour d’eux, sans atteindre toutefois les murs : il s’agissait de rester discret. Il la rangea, enfonça les mains dans les poches et se mit à détailler à nouveau Alexander du regard, avec une sensible impatience. « Bon, euh… Tu veux attendre combien de temps, toi ? Parce que ça fait un moment que je suis là, et l’auteur de l’annonce n’est toujours pas venu. » Parce que, de toute évidence, Alexander n’était qu’un quidam qui, comme lui, répondait à l’appel. Pour être le meneur de la troupe, il n’était pas assez… trop…
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MessageSujet: Re: Une ténébreuse affaire (Alexander P.)   Une ténébreuse affaire (Alexander P.) EmptyMar 15 Jan - 10:58

Bon, Alex avait imaginé que sa superbe annonce intéresserait plus de monde que ça, les Gryffondor n’était-ils pas réputés pour leur courage, leur témérité et un mépris certain pour les règlements ? Il fallait croire que cette glorieuse époque était révolue. Une seule recrue, donc, c’était toujours mieux que rien, Alex lui serra la main et écouta son entrée en matière. Il avait l’habitude, quand il se présentait, qu’on lui dise toujours plus ou moins la même chose, soit on lui parlait de sa famille en général, soit de son frère. Cette fois-ci ce fut donc le frère et sa réputation qui hantait encore les couloirs après qu’il les ait quittés, qui fut choisit. A la phrase qu’Avaon laissa en suspend, il compléta.

« Con comme une planche, oui, je sais. »

Alex ne le pensait pas tout à fait, du moins, il savait que son frère était loin d’être stupide et ne manquait pas de talent, en la matière, il le surpassait largement, le problème était ce qu’il faisait de cette intelligence. Il avait été une véritable nuisance pendant toute la période qu’ils passèrent ensemble à Poudlard, et il ne doutait pas que pour ceux qui n’étaient pas de sa famille, c’était encore pire. Il hocha la tête à la question sur les bengamores, oui, c’était exactement ce qui s’était passé, même si dit comme ça, il avait vraiment l’impression d’avoir fait quelque chose de totalement stupide – alors qu’au départ, c’était une excellente idée, bien sûr.

Alex détailla un peu plus son camarade une fois que la lumière fut plus forte, lui avait pensé à prendre un manteau, et une écharpe, et des gants, le veinard. Lui tenta de se mettre les mains dans les poches pour se les réchauffer, ce qui ne changea pas grand-chose. Il dressa l’oreille en entendant sa question, et regarda Avaon comme s’il venait de dire une énormité.

« L’auteur ? Mais c’est moi. »

L’incrédulité de son camarade était presque vexante, quoi ? Il n’était pas assez… ou trop, c’est ça ? N’importe quoi. Alex était un meneur, oui, c’était toujours lui qui avait les meilleures idées pour les soirées, qui organisait les escapades nocturnes des cinquièmes années et leur faisait avaler des trucs louches. Bien sûr, le fait que les dits cinquièmes années n’étaient pas particulièrement intéressés par ce genre de choses, en tout cas dans le cercle de ses amis proches, jouait sans doute beaucoup là-dedans. Mais tout de même, il était le chef de la bande, plus ou moins.

Voyant qu’Avaon n’avait pas l’air très inspiré par tout ça, pour ne pas dire carrément déçu, Alex entreprit de faire avancer les choses, il allait voir ce que ça faisait de sous-estimer un Pettigrew celui-là.

« Bon, on y va ? »

En plus, rester là à discuter en crevant de froid ne les mènerait à rien. Il ne sortit pas tout de suite, commençant par aller au fond des vestiaires pour en tirer deux vieux balais rangés là et en donner un à Avaon avant de sortir – parce que l’auteur n’a toujours pas une idée très nette de ce qu’Alex avait en tête et voulait gagner du temps, voire laisser Avaon se casser le bras pour régler la question, et puis, après tout, il n’avait pas choisit les vestiaires du terrain de Quidditch pour rien. Une fois dehors, il grimpa sur le balais qui s’éleva sans faire d’histoires, et fit un petit tour rapide pour être sûr que personne ne traînait dans les parages. Pour qu’Avaon ne soit pas totalement perdu, il entreprit d’expliquer un peu le pourquoi du comment de la chose.

« C’est que c’est un peu loin, et puis se balader à pied dans la forêt interdite, c’est pas très recommandé. Enfin, on ne va pas vraiment entrer dans la forêt interdite, plutôt longer le lac, c’est pas trop, trop interdit, du coup. »

Ça promet, sans en dire plus, Alex, attendit sagement que son camarade le rejoigne dans les airs (Hahahaha, je me gausse.)
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MessageSujet: Re: Une ténébreuse affaire (Alexander P.)   Une ténébreuse affaire (Alexander P.) EmptyMar 15 Jan - 18:01

L’auteur ? Mais c’était lui. « Ah. » La circonspection d’Avaon était un peu désobligeante. Le jeune homme examina à nouveau son interlocuteur. Certes, pour Avaon, les aventures, cela signifiait combattre les géants des montagnes ou survivre pendant dix jours dans une forêt hostile et Alexander n’avait pas exactement une tête à construire un igloo sur la banquise pour s’abriter après avoir combattu à mains nues un ours polaire, pour lui arracher un morceau de phoque sanglant.

Ce n’était pas que le Gallois fût élitiste, voyons — simplement, il aimait l’excellence. Cependant, il n’était pas rare qu’il entrainât à sa suite, dans l’une de ses aventures douteuses, un camarade plus jeune et il pouvait concevoir, à la rigueur, que ce sympathique jeune homme, à l’air un peu innocent (selon lui), voulût explorer quelque peu le parc du château, la nuit. C’était plutôt de l’imaginer à l’origine de semblables projets qui le laissait un peu songeur.

Décidant de laisser à son recruteur inattendu une chance de le convaincre, Avaon hocha la tête et se releva, rajustant sa cape tandis qu’Alexander se munissait de deux balais. Soudain, l’Enchanteur eut l’air nettement moins motivé. « Euh… » Avaon savait voler sur un balai, oui. Dans les grandes lignes. Il pouvait effectuer les voyages habituels, il n’allait pas s’écraser contre un arbre, bref, il maitrisait les fondamentaux. Mais il n’était pas un virtuose du Quidditch et, surtout, il détestait cela. Transplaner était toujours beaucoup plus pratique.

Parce que, comme bien des Gryffondors mâles, le Gallois était doué d’une fierté virile aisément froissée, il s’empressa de ravaler toute trace d’inquiétude (avec plus ou moins de succès), emboita le pas à Alexander et sortit avec son balai antique à la main (qui sans doute n’était pas correctement enchanté et qui, très probablement, finirait par le tuer), dans la froideur hivernale du parc. Il regarda son acolyte s’envoler, poussa un soupir, maugréa, enfourcha à son tour le balai et tapa du pied au sol pour s’élever.

Au moins était-il stable : un petit exploit personnel. Il rejoignit dans les airs Alexander, avec une trajectoire pour le moins rigide et s’arrêta à ses côtés, un peu brusquement. D’un air plus ou moins réticent, il promena le regard autour d’eux, observant le parc qui s’étendait en contrebas, beaucoup trop en contrebas, d’ailleurs, à son goût. Il tint naturellement à souligner un point à ses yeux importants : « Moi, j’aime bien me promener dans la Forêt Interdite. »

A tout hasard, il rajouta : « D’ailleurs, ce n’est pas si dangereux que ça. » Cette mauvaise foi parfaite ne parut pas beaucoup convaincre son cadet et, bon an mal an, Avaon fut contraint de suivre le mouvement, de plonger vers le lac (hélas) pour en suivre la rive beaucoup plus paisiblement (tant mieux). L’eau noire défilait en dessous d’eux, contre l’herbe sombre du parc et, de temps à autre, dans les profondeurs du lac, un éclat de lumière en trahissait la secrète activité.

Avaon avait l’habitude de venir y nager, régulièrement, au petit matin, lors de son entraînement quotidien, mais même entouré par la brume écossaise, le lac paraissait plus sympathique que dans la nuit, sous la clarté des étoiles. Ce soir-là, il avait quelque chose d’intimidant et de menaçant. En suivant la berge, les deux sorciers laissaient la Forêt Interdite à leur gauche et le parc derrière eux ; les bords du lac se faisaient désormais plus sauvages.

Après cinq minutes d’un vol somme toute fort tranquille, Alexander entama sa descente et se réceptionna au sol avec beaucoup plus de grâce d’Avaon qui, s’il évitât de rouler dans la boue, atterrit avec une certaine lourdeur. Trop content d’abandonner l’instrument du démon, le jeune homme descendit de son balai et le laisser tomber au sol, pour regarder autour de lui et, accessoirement, éviter de croiser le regard peut-être moqueur de son compagnon d’aventures.

Ils étaient arrivés dans une sorte de crique qui s’ouvrait sur le lac. La Forêt Interdite faisait derrière eux un coude qui rejoignait l’eau et les coupait du reste du parc, mais devant eux, une vaste étendue herbeuse et vallonnée s’étendait dans l’obscurité. La terre s’y faisait plus pierreuse et, comme dans la lande, des rochers s’élevaient de proche en proche, entourés par des fleurs sauvages et de la bruyère.
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MessageSujet: Re: Une ténébreuse affaire (Alexander P.)   Une ténébreuse affaire (Alexander P.) EmptyMer 16 Jan - 20:16

Ce ne fut pas sans un sourire qu'Alex écouta les remarques mal à l'Aise d'Avaon, mais bien sûr, la forêt interdite était l'endroit idéal pour faire une promenade de santé, c'était évident. Il eut un petit rire.

« On ira une autre fois, si tu veux, sans balais. »

Alexander, au contraire, aimait bien voler. Voler, courir dans la campagne, se perdre dans les forêts, se baigner dans les lacs, et toutes sortes de choses de ce genre-là. Plus que la nature, c'était l'impression de liberté que lui donnait ce genre d'activités qui lui plaisait. Se balader dans les couloirs, par exemple, c'était très sympa aussi, mais il fallait toujours faire plus ou moins attention, parce que les murs ont des oreilles – ou sont ornés de tableaux, qui ont des yeux, Alex n'aimait pas beaucoup les tableaux, traumatisme d'enfance, probablement. Là, dès que lui et son camarade raide comme un balai s'éloignèrent un peu du château, il était sûr qu'il pouvait faire ce qu'il voulait sans que personne ne l'embête.

Il venait d'ailleurs souvent par ici parce que c'était tout de même nettement moins dangereux que la forêt interdite, qu'il y avait une jolie vue sur le lac, et que c'était le terrain de jeu parfait pour tester de nouveaux sorts et faire pleins de grandes découvertes, comme il en avait fait une la veille, justement. Arrivé à la crique il fila vers le sol et descendit souplement de son balai, une aisance qui manquait visiblement à son homme de main de la soirée – parce que c'était lui le chef, nan mais. Alex tenta de ne pas avoir l'air trop moqueur en regardant Avaon atterrir avec une grâce très relative.

« Viens ! »

Sans faire de commentaires sur les aptitudes en vol de son camarade et sa trouille manifeste – tout le monde ne peut pas être aussi talentueux que lui en la matière, évidemment – Alex dévala la pente, dans les hautes herbes, façon petite maison dans la prairie, la grosse gamelle en moins, quoiqu'avec les cailloux c'était pas loin. Il s'arrêta prêt d'un rocher, jeta un coup d'œil, et ce ne devait pas être le bon puisqu'il partit immédiatement en regarder un autre à quelques mètres de là, et s'arrêta près de celui-ci.

« Là ! Y'a un passage ! Mais je sais pas où il mène… peut-être juste au château… Ça pourrait être pratique pour sortir. On va voir ? »

La vérité, c'est que si ça n'avait été qu'une affaire de tunnel à visiter, il y serait allé tout seul, mais là le rocher avait glissé et bloquait le passage, et il avait eu bon essayer de dégager la voie, rien à faire. Lily aurait su, elle, elle était plutôt douée pour faire léviter les choses, lui les faisait tomber à la moindre seconde de déconcentration, quand il arrivait déjà à les faire voler. Il réessaya quand même, pour la forme, mais rien à faire, c'était à se demander comment il pouvait savoir que la mince fente visible derrière la pierre donnait sur un tunnel et pas un simple trou.

Après un énième essaie, il soupira d'un air déçu, et frissonna un bon coup, il allait chopper une pneumonie avec ce froid.

« Hum… Tu es doué en sorts ? Plus qu'en vol, au moins. »

Arf, il avait pourtant tenté de se retenir, dommage pour la fierté de son compagnon de route.
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MessageSujet: Re: Une ténébreuse affaire (Alexander P.)   Une ténébreuse affaire (Alexander P.) EmptyMer 16 Jan - 21:12

Avaon jeta un regard suspicieux à son acolyte qui, à son goût, avait l’œil trop rieur devant son atterrissage, disons, sobre et basique. Comme en plus Alexander en profitait pour lui donner des ordres, le jeune homme ne put tout à fait s’empêcher d’arborer une moue boudeuse que la clarté de la nuit ne dissimulait pas entièrement. Ce qui ne l’empêcha certes pas d’obtempérer, parce qu’il n’avait tout de même pas affronté les dangers des cieux sur un improbable véhicule pour rester assis sur les galets de la crique et regarder le lac. On lui avait promis une aventure, il voulait son aventure.

Le Gryffondor dévala à son tour la pente avec un sens de l’équilibre bien plus solide que sur le balai et, arrivé au pied, il se mit à déambuler derrière Alexander, qui se prenait d’une passion soudaine pour les rochers. Un peu inquiet, le Gallois se demandait si par « aventure », il fallait comprendre « expédition géologique ». Il n’était pas contre un peu de géographie des roches de temps à autre, mais ce soir-là, dans le froid, au milieu de la nuit, il voulait bien passer son tour.

Fort heureusement, Alexander avait des projets — enfin, des projets, c’est beaucoup dire : de vagues et lointaines idées — un peu plus exaltants et Avaon le rejoignit près du rocher de son choix. Passage ? Destination inconnue ? L’aîné avait déjà des hypothèses. « C’est peut-être une cache aux trésors. Ou alors le repaire d’une créature maléfique et sanguinaire. » La dernière hypothèse surtout avait l’air de l’enchanter et, plus boudeur pour un sou désormais, il arborait un sourire enthousiaste.

Qui disparut bien vite quand le chef d’expédition osa insinuer que : un, il était un piètre aérobalayeur et deux, il n’avait qu’un talent médiocre en sorts. Sans s’en rendre compte, Avaon se redressa pour bomber le torse et déclara d’un air fier : « Je me débrouille. » C’était une affirmation paradoxalement fort modeste, parce qu’Avaon paraissait souvent avoir avalé une encyclopédie universelle des sorts quand il était petit, puis l’avoir augmentée de ses propres inventions au cours de sa jeunesse.

Tout de même, il se demandait si Alexander méritait bien de l’accompagner. Après tout, lui, au moins, il ne s’était pas manqué du jeunot quand il avait échoué à soulever la pierre. Décidément, la politesse était une vertu qui ne devenait que trop rare. Avaon sortit sa baguette et, histoire de bien faire comprendre à Alexander qu’il n’était pas n’importe qui, il esquissa un infime geste de poignet, tout à fait désinvolte, et sans rien dire. Parce que lui, il n’avait pas besoin de faire d’efforts. Non mais.

La pierre frémit un peu, frémit encore et, soudain huit pattes sortirent du sol, quatre de chaque côté, huit pattes rocheuses que la mousse rendait velue, huit pattes bien articulées comme les pattes d’une tarentule, et en effet la pierre se soulevait, pour courir aussi vite que sa masse le permettait quelques mètres plus loin, comme un gros animal effrayé — arrivé à destination, le rocher ploya sur ses pattes avant de s’effondrer pour de bon, probablement parce qu’il était très fatigué.

Bien sûr, Avaon eût pu se contenter de déplacer la pierre avec un sort simple, mais d’abord c’était beaucoup moins impressionnant et ensuite, c’était beaucoup moins drôle. Le Gallois tenta néanmoins de ne pas avoir l’air trop satisfait de sa propre prouesse, soit qu’il sût que la modestie lui donnerait l’air plus génial encore, soit qu’il essayât sincèrement de combattre son propre orgueil. Lui-même ne savait pas trop. Comme s’il était tout à fait courant d’hybrider les rochers avec des araignées, il jeta négligemment : « Bon, tu viens ? »

Et il s’engouffra le premier dans le tunnel, parce que tout de même, c’était lui qui avait déplacé la pierre et que donc, très logiquement, cet honneur lui revenait. Cette fois-ci, la lune ni les étoiles ne pouvaient les éclairer et, peu désireux de passer son temps à agiter sa baguette dans tous les sens, Avaon retira ses gants et fouilla dans sa poche pour en extraire une bille. Il y avait du progrès. Mais il roula la bille entre le pouce et l’index, la bille grossit, il la roula entre les paumes de ses mains, la boule grossit encore et, finalement, Avaon jeta dans le vide un globe de la taille d’un ballon de foot.

Au lieu de retomber, le globe resta immobile dans les airs. Avaon pointa la baguette dans sa direction et murmura : « Lumos Proxima ». Un éclair de lumière jaillit de la baguette vers le globe mais, au lieu de le percuter, il fut absorbé et, bientôt, la boule répandait tout autour d’eux une douce lumière. Avaon se mit à observer les parois fort régulières du tunnel. Une évidence s’imposait à eux : « C’est un peu un tunnel naturel. Et puis… »

Le jeune homme fronça les sourcils et se mit à humer l’air. « Il fait beaucoup plus chaud, quand même, ici. C’est bizarre. » Il dégrafa sa cape, enchantée comme l’immense majorité de ses vêtements. A mesure qu’il la repliait, la cape paraissait diminuer de volume et, bientôt, ce fut une sorte de mouchoir que le jeune homme fourra dans sa poche — laquelle poche pouvait contenir une bibliothèque, d’ailleurs. Le Gryffondor gratta un morceau du mur de terre et l’effrita entre ses doigts.

« Ça pourrait être une tape géante. J’en ai jamais vus, mais je suis sûr que ça existe. Ou un élève aura construit si, pour venir faire je sais pas trop quoi. Ou bien ce sont des gnomes. » Il baissa les yeux vers le sol, mais la terre sèche n’y avait retenu aucune trace et ne leur livrait pas la moindre information. Il ne restait donc qu’une seule solution : avancer et découvrir la suite.

Avaon se mit donc en marche, d’un pas tranquille, tandis que le globe flottait docilement devant eux, révélant peu à peu le reste du tunnel, qui ressemblait à n’importe quel tunnel. A mesure qu’il avançait cependant, la température augmentait lentement et l’hiver doux du souterrain commençait à se muer en frais printemps. « Bon, et sinon, à part être désobligeant avec ceux qui répondent à tes petites annonces, qu’est-ce que tu fais de ta vie ? »

Le Gryffondor jeta un regard toujours un peu vexer sur son acolyte, mais il n’allait tout de même bouder pendant toute la soirée, essentiellement parce qu’il ne savait pas faire, aussi parce qu’il préférait de très loin discuter. Il lui manquait certes le talent des conversations mondaines et sa question n’avait été ni très diplomatique, ni très précise.
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MessageSujet: Re: Une ténébreuse affaire (Alexander P.)   Une ténébreuse affaire (Alexander P.) EmptySam 19 Jan - 14:30

Alex n'avait pas eu l'impression de s'être montré particulièrement vexant, peut-être parce qu'il n'était lui-même pas du genre à se vexer facilement, et qu'il était de toute façon certain que si Avaon n'avait pas sa grâce pour ce qui est de se balader dans les cieux, il était sûrement meilleur que lui en sorts. Sans être médiocre, Alex avait toujours eu un peu de mal avec les sortilèges. Il faut dire qu'il s'était persuadé qu'il ne battrait jamais son frère en la matière avant même d'entrer au collège, Andrew avait toujours était tellement impressionnant.

Et sans surprise, Avaon était bien meilleur que lui aussi, meilleur et… très imaginatif, Alex eut un sursaut et un léger recul alors que les pattes du rocher sortait de terre dans un bruit de pierre et il suivit la courte et maladroite course de la chose avec de grands yeux hallucinés. Il n'avait jamais vu u truc pareille de sa vie, et même s'il ne put ne put s'empêcher de se dire qu'il y avait au moins cinq bonnes dizaines de sorts dans les livres qui auraient pu leur permettre de sortir ce caillou de là d'une façon beaucoup plus simple et efficace – une petite pulvérisation aurait suffit. Il admirait Avaon pour avoir un style aussi peu conventionnel.

Il était encore en train d'observer le rocher pour voir si celui-ci comptait explorer un peu le vaste monde, après avoir passé des millénaires à s'ennuyer au même endroit, quand son collaborateur lui rappela qu'ils avaient un trou à visiter.

« Ah heu… oui, j'arrive. »

Alex le suivit dans le trou et en arriva à la même conclusion que lui, ça avait l'air plus naturel qu'autre chose, ce qui ne voulait pas dire que quelqu'un n'était pas passé par là pour cacher un trésor et boucher le tout avec un gros rocher, l'espoir était encore permis. Un espoir que, visiblement, il ne partageait pas avec son camarade, celui-ci avait déjà eu l'air enchanté à l'idée de tomber sur une créature dangereuse, et il cherchait maintenant quel genre de bête velue et sanguinaire allait venir les dévorés.

« Ce n'est pas moi qui vais me plaindre de la chaleur, même si c'est vrai que je ne pensais qu'il faisait si bon sous terre. »

Alex songeait sérieusement à passer toute la nuit là pour ne pas avoir à affronter à nouveau la brise glacée de l'extérieur. Le tunnel, juste assez large pour qu'ils puissent passer tous les deux, descendait en pente douce dans la terre, sans qu'aucune trace ne puisse donner d'indice sur l'être qui avait pu creuser ça, à part le fait que s'il n'y pas d'autre issue que l'entrée qu'ils venaient de déboucher, il ne devait plus y avoir grand-chose de vivant par ici.

« Les gnomes, c'est trop petits pour faire des trous pareils, et… une taupe géante ? Jamais entendu parler, ça ne doit pas exister. »

Avaon faisait encore preuve de beaucoup d'imagination, une taupe géante ? Quelle drôle d'idée, en plus il lui faudrait des vers de terre géants pour se nourrir, ce serait un sacré fouillis. Alors qu'Alex en était à imaginer qu'il faudrait aussi des aigles géants pour leur servir de prédateur, Avaon tenta de faire la conversation. Alex fut un peu surprit, lui ? Désobligeant ? Bon, c'est vrai qu'il aurait pu attendre de le connaître un peu avant de se mettre à le taquiner, visiblement, il était un peu susceptible.

« Désolé, je ne voulais pas te vexer, mais tu ne devrais pas être complexé d'avoir peur d'un balai, ton sort était super, lui. »

Voilà qui devrait lui remonter le moral, ahah. Il répondit ensuite à sa question, tout à fait naturellement.

« Je suis journaliste pour Le Gouailleur. »

Il y eut un silence pendant lequel Alex tenta d'évaluer dans sa réaction si Avaon connaissait ou pas, apparemment non, une explication s'imposait.

« C'est presque un journal, sauf qu'il ne fait que trente-deux centimètres de parchemin de long, mais il est recto-verso ! Moi je suis le journaliste, Lily, c'est la rédactrice, et il y a Rodolphe qui s'occupe de l'imprimerie. C'est des amis à moi, ils aimaient bien l'idée. Pour l'instant, on parle surtout des différents événements – surtout du Quidditch – et des rumeurs. Ça n'attire pas beaucoup de monde, on a que onze abonnés, dont moi, Lily, Rodolphe, et les gens de nos dortoirs, pourtant, deux noises la feuille, c'est donné… »

Il observa les parois du tunnel.

« Mais si je trouve un super scoop, ça fera décoller notre affaire à coup sûr. D'ailleurs, tu m'autorises à te mettre en première page, si tu te fais dévorer ? Je devrais te prendre en photo avant, peut-être. »

Il eut un petit sourire, avant de se rappeler que son camarade était susceptible et d'essayer de se rattraper.

« 'Fin, je plaisante, hein, et toi, tu as des hobbies ? »
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MessageSujet: Re: Une ténébreuse affaire (Alexander P.)   Une ténébreuse affaire (Alexander P.) EmptySam 19 Jan - 15:06

« Je n’ai pas peur des balais. » Avaon avait tenté d’apporter cette précieuse précision d’un air aussi indifférent que possible, histoire de ne pas avoir l’air vexé comme un pou, mais la secrète vérité, c’était qu’il ne tenait pas à ce que son ami pût le croire peureux. A vrai dire, il ne mentait pas exactement. Il n’avait pas peur de voler : il n’aimait pas cela. C’était inutilement dangereux, à son humble avis. Dans les airs, on pouvait toujours perdre le contrôle de la situation.

Mais peur, ça, non. D’ailleurs, Avaon n’avait peur de rien. Il n’avait pas peur de l’avenir, pas peur des loups-garous, pas peur des taupes géantes, pas peur de se faire dévorer et de mourir dans d’atroces souffrances. De temps en temps, ses amis tentaient, aussi diplomatiquement que possible, ce qui certes n’était pas toujours facile avec lui, tentaient, donc, de lui suggérer que, peut-être, il serait bon qu’il réfléchît quelque peu à ce qui chez lui ne relevait pas du courage, ni même de la témérité mais, selon eux, d’une pathologie psychologique caractérisée.

Même pathologie qui l’avait poussé à afficher une moue un peu déçue quand Alexander avait écarté l’hypothèse de la taupe géante. D’autant plus déçue que sa taupe géante, il l’imaginait avec de gigantesques griffes en acier et un air mauvais — quelques détails qu’il avait gardés pour lui, pour ne pas entamer la bonne humeur de son compagnon d’aventures. Bref, plus Avaon y réfléchissait, plus il se formait dans son esprit le portrait de la taupe idéale :

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Hélas, hélas, trois fois hélas, il vivait en Écosse et non à Unys. Toujours un peu vexé, très déçu, le Gryffondor continuait à descendre la petite pente qui s’enfonçait de plus en plus sous terre — évidemment, comme il ne restait jamais contrarié très longtemps, il songeait surtout à son sort super, dixit Alexander, et peu à peu, un sourire enthousiaste et comblé revenait prendre sa place sur ses lèvres. Qui s’affirma un peu plus en entendant la vocation de son cadet.

Parce qu’après avoir jeté un regard un peu interrogateur au nom du journal qu’il ne connaissait pas, Avaon eut l’air enchanté par la description de son équipe éditoriale et le sérieux qu’Alexander y mettait. Sans songer à se vexer (parce que toute façon, sa taupe géante, il la dominait comme il voulait, les mains dans les dos et les yeux bandés, bien sûr) ni à répondre à la question de son nouvel ami, Avaon s’enthousiasma : « C’est trop bien, un journal. Les gens passent leur temps ici à rêver de devenir Auror. Mais journaliste, ça doit être super. Tu parcours le monde, tu écris, tu fais découvrir des choses aux gens, tu prends parti. Puis j’aime bien votre titre. J’vais m’abonner. »

Après tout, il y avait déjà une dizaine d’abonnements de presse, un de plus, cela ne fera pas une grande différence à son budget. Quand il décida d’évoquer ses propres passions, il devint de toute façon tout de suite beaucoup plus clair que ses centres d’intérêt étaient, comment dire ? Variés. « Et moi, euh… J’aime bien la cuisine, et la couture, la ferronnerie, l’architecture, la peinture et la menuiserie, les enchantements, et l’histoire, la géographie, les voyages, la zoologie, et puis le jardinage, les antiquités et la brocante, hm… le cinéma (c’est un truc de Moldus), la musique aussi, la littérature, les langues vivantes et… les arts plastiques, et puis la sculpture. La poterie et le sport. Inventer des trucs. Hm… Ce genre de choses. » Car, évidemment, la couture, la zoologie et l’architecture appartenaient au même genre de choses.

Manifestement pas le moins du monde conscient du caractère hétéroclite et interminable de la liste qu’il venait de donner comme si elle allait de soi, Avaon continuait sa marche imperturbable, jusqu’à accélérer le pas parce que son ballon lumineux venait de s’élever soudainement et, en effet, quelques secondes plus tard, les deux jeunes gens débouchèrent dans une petite cavité creusée dans le sol, de deux ou trois mètres de haut, de même rayon. Avaon leva le nez et lança : « Augmenta. » La lumière de la boule s’intensifia pour éclairer l’ensemble de la pièce.

Le jeune homme retroussa ses manches, parce que décidément il faisait chaud, et entreprit d’examiner les parois. La terre, de toute évidence, avait été soigneusement égalisée, les bouts de racine coupés, bref, quelqu’un avait pris soin de construire cette pièce. Mais pour quel usage ? Elle était entièrement vide et n’avait rien de très remarquable, à première vue, si ce n’était les autres tunnels, multiples désormais, que de l’autre côté continuaient à plonger dans les profondeurs de la terre.

Avaon était un peu décontenancé. Il ne s’était certes pas attendu à tomber aussitôt sur un coffre magique, mais enfin, pourquoi creuser une salle si c’était pour n’y rien entreposer ? Perplexe, il se retourna vers son camarade et l’interrogea du regard. « Tu trouves quelque chose, toi ? J’comprends pas… C’est juste… Une caverne. » Avaon était manifestement un peu déçu de ne pas être instantanément attaqué par une taupe éviscérante. Pas de taupe à l’horizon, d’ailleurs. Pas d’insectes ni de vers de terre non plus, d’ailleurs — mais cela, Avaon ne l’avait pas remarqué.

Il baissa les yeux pour tenter de trouver au sol quelque chose de plus intéressant qu’aux murs. Il marchait à petit pas et se baissait de temps en temps pour observer de plus près un caillou qui finalement n’avait rien de remarquable que d’être un peu chaud. En continuant son investigation géologique, il demanda : « T’as une théorie ? » Après tout, s’il ne voulait pas de sa taupe, c’était à lui de présenter une explication plus convaincante.
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MessageSujet: Re: Une ténébreuse affaire (Alexander P.)   Une ténébreuse affaire (Alexander P.) EmptyDim 20 Jan - 18:51

Alex ne put que se sentir heureux et fier en voyant Avaon s'enthousiasmer pour son travail il n'avait pas l'habitude de recevoir ce genre de commentaires. La plupart des gens qu'il connaissait ne le trouvait pas très… ou alors trop… et comme il lui arrivait, c'est vrai, parfois, de faire fausse route et d'entraîner quelques camarades dans sa chute, tout ce qu'il faisait recevait un accueil mitigé, voir hostile. Et dans sa famille ce n'était pas mieux, vouloir devenir journaliste quand son frère se voit comme le futur maître du monde, ça donne tout de suite un côté peu ambitieux. L'intérêt de son camarade était donc bienvenue, et Alex ne put s'empêcher de tenter de se grandir un peu – ce qui était certes difficile dans son cas – en l'écoutant décrire les reporters comme des aventuriers intrépides.

« Oui, j'adore vivre des aventures, et les raconter. Le titre, c'est moi qui l'ai trouvé, c'est pour montrer qu'on ne veut pas faire quelque chose de trop convenu, tu vois. Moi, je veux pouvoir faire passer mes idées, donner à réfléchir aussi. Sans que ce soit trop prise de tête, avec un peu d'humour et de dérision, ce genre de choses. »

Il aurait pu parler longtemps de son journal et de toutes les idées d'article absolument géniales qu'il avait en la matière, mais la liste interminable de passions d'Avaon le stoppa dans son élan, après l'avoir regardé une seconde d'un air abasourdi, il interrogea.

« Et tu as un retourneur de temps pour pouvoir te consacrer à tout ça ? »

Parce que, quand même, vingt-quatre heures par jours, dont une bonne partie monopolisée par le sommeil, les cours, les devoirs et bien d'autres choses, ça ne laissait pas beaucoup de temps pour faire autant d'activités. Ou alors il fallait qu'Avaon lui donne la technique parce que lui, avec son journal et ses quelques lectures, essentiellement en botanique, zoologie et en géostratégie des gobelins de l'ère Edo, ça ne lui laissait pas beaucoup de temps pour se consacrer à autre chose.

Le duo arrivait maintenant à un carrefour creusé par la supposée taupe géante à griffes d'acier, auquel les habitants d'Unys avait sans doute donné un nom très bizarre. Sauf que pour un trou de taupe, tout ça était tout de même très propret, tout ce qu'il manquait, c'était quelques plantes en pot et des meubles vintage. Alexander passa sa main sur la paroi lisse et friable d'un air songeur.

« C'est beaucoup trop chaud, et sec, la terre ne devrait pas être aussi sèche à une profondeur pareille, on est en écosse, quand même… Ça n'est peut-être pas si naturel que ça.»

Tout ça était pour le moins étrange, apparemment, cette pièce servait juste de carrefour, puisqu'elle donnait sur trois autre tunnels, un pour chaque mur. Alex les regarda tous les trois mais ils paraissaient rigoureusement identiques, arrivé à celui de gauche, il haussa les épaules, aucune théorie ne lui venait, mais maintenant qu'ils étaient là, autant continuer. Il fit donc quelques pas dans…

*BAM*
« Aoutch… »

Il venait de faire une chute d'environ deux mètres, ce n'était certes pas énorme, mais ça avait de quoi surprendre. L'ouverture qu'il venait de passer ne donnait pas sur un tunnel, mais sur une autre pièce, si on veut. La lumière de l'autre côté lui parvenait, mais pas assez pour qu'il arrive à voir dans quoi il était tombé, ce qui est sûr, c'est que c'était dégoûtant et que ça craquait sous ses pieds quand il se fut finalement relevé.

« Lumos. »

La pièce avait les mêmes dimensions que l'autre, à ceci près que le plafond était deux fois plus haut puisque le sol était plus bas, il venait de tomber dans un banal piège, mais ce n'était pas le premier à s'être fait avoir, Alexander marchait sur un amoncellement de squelettes de rats. Il blêmit.

« Ah non, pas un truc qui bouffe les rats ! »

Courageusement, il prit la fuite en grimpant le monticule de rongeurs crevés et se hissa laborieusement dans l'autre pièce qui, décidément, paraissait très confortable. Après s'être traîné loin du trou d'un air affolé, il se retourna pour constater que l'ouverture semblait toujours donner sur un tunnel qui descendait en pente douce. Il se releva, et avoir réajusté ses vêtements, tenta de prendre un air un peu plus calme, histoire de faire comme s'il n'avait presque pas eu peur.

« C'est… heu… c'est pas… trop, un tunnel, en fait, c'plutôt un trou, là derrière. »

Alex se gratta la tête en tentant de reprendre où ils en étaient avant qu'il ne tombe dans un piège à con. Il regarda les deux autres ouvertures.

« Alors, ma théorie… L'une de ces entrées doit donner sur un trésor qui a déjà dû être trouvé par d'autres élèves il y a deux siècles, et l'autre sur une taupe à deux têtes…[/color] »

Parce que sa taupe à lui n'avait pas de griffes d'aciers, mais elle avait deux têtes :

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Oui, on dirait plutôt une tortue albinos bleue croisée avec un écureuil, mais ce n'est pas grave, il ne fait qu'imaginer. Puis, tout ça ressemble plus à Minecraft qu'autre chose, à tous les coups ils vont juste tomber sur un squelette carré gardant un coffre remplit de graines de cacao.
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MessageSujet: Re: Une ténébreuse affaire (Alexander P.)   Une ténébreuse affaire (Alexander P.) EmptyDim 20 Jan - 19:22

Avaon avait adressé un sourire énigmatique à son interlocuteur, lorsque celui-ci l’avait interrogé sur son hypothétique retourneur de temps. Bon, en fait, la solution n’était pas si mystérieuse que cela — il suffisait de dormir très peu, de faire toujours quelque chose en mangeant, de ne jamais se reposer et de travailler sept jours sur sept, mais un tel emploi du temps était beaucoup moins glamour que la perspective de posséder un sablier magique, dont les exemplaires étaient, hélas, la propriété exclusive du Ministère.

Ce n’était pas qu’Avaon tînt absolument à impressionner Alexander — juste un peu. Après tout, un journaliste brillant, engagé, amusant, qui certes n’était lu que par une dizaine de personnes, mais qui sans doute avait une grande carrière devant lui, ce n’était pas tous les jours que l’on en croisait et puis Avaon, lui, il se voyait bien sur la première des (deux) pages du Gouailleur. Pour une fois, on parlerait de lui en termes élogieux, comme d’un grand aventurier, au lieu de le traiter de pervers débauché, de dangereux psychopathe, de désobligeant personnage ou de cinglé fini.

Le problème, c’était que, pour l’heure, à part une grande pièce vide, il n’avait pas beaucoup d’occasion d’exercer ses talents. Sa taupe meurtrière ne se décidait pas à apparaître et Avaon ne voyait pas comment être héroïque et mystérieux avec de la terre et de la poussière. De plus en plus déçu par cette aventure — dire qu’il était monté sur un balai pour cela — le jeune homme entreprit de refaire le tour de la salle, en scrutant les murs. Peut-être qu’il y avait, euh… Un mécanisme secret ?

De la terre, de la terre, et encore de la terre. Aucun chandelier à baisser pour faire tourner le mur et révéler la bibliothèque souterraine où le Docteur Frankenstein, assisté de son fidèle majordome Igor, menait une terrible expérience. Avaon était en train de tapoter sans conviction sur un bout de mur quand il entendit un bruit sourd derrière lui. Il se retourna brusquement. « Alex ? » Décidément : non seulement il n’y avait pas d’aventures, mais en plus, il avait perdu son journaliste.

Le jeune homme se précipita vers les couloirs : rien dans le premier, rien dans le deuxième et, le temps qu’il arrivât au troisième, son camarade se tirait péniblement du trou où il était tombé. Avaon lui tendit la main pour l’aider dans son entreprise et, pendant que son cadet s’époussetait, il dirigea une baguette illuminée vers la fosse commune. « Ça fait beaucoup de rats, quand même… » Il avait un peu de mal à comprendre : des tunnels consciencieusement creusés, une chaleur sans cesse plus sensible, des trous, des cadavres de rats. A quoi tout cela pouvait-il bien rimer ?

Le Gryffondor se retourna vers son acolyte que le spectacle du charnier de rongeurs semblait avoir étrangement bouleversé. Soit. Il était peut-être un peu sensible. Ou il avait une passion pour les animaux. A son tour, Avaon considéra alternativement les deux tunnels restants qui s’offraient à eux. « Hmm… » Ils avaient l’air parfaitement identiques. « Une taupe à deux têtes ? Mais c’est petit, une taupe, quand même… » Machinalement, il redirigea sa baguette en direction du charnier. C’était un sacré repas. « Il faudrait que ce soit une taupe géante, un peu. » Il avait dit cela avec une voix pleine d’espoir.

Seulement, aucun des deux tunnels ne semblaient particulièrement se prêter à une taupe géante à deux têtes avec des griffes en acier. Avaon haussa les épaules et, puisqu’il fallait bien se décider, avança d’un pas résolu dans le couloir de droite. « Ça descend un p..eeeeeuuuaaaaAAAaaah… » Deux mètres à peine après l’entrée, le tunnel se transformait en une sorte de toboggan singulièrement glissant — quelque chose comme de la bave de troll — et, après avoir dévalé sur les fesses une bonne dizaine de mètres, Avaon atterrit dans un bassin naturel, né probablement d’une source chaude, dont la chaleur devait se diffuser dans le réseau des galeries.

Seulement, le bassin n’avait pas le charme des thermes et, après avoir bataillé pour retrouver la surface de l’eau, ce fut trempé et boueux que le jeune homme s’extirpa pour retrouver, dans la pénombre, la rive. Pendant ce temps, la boule lumineuse suivait tranquillement la descente et apparaissait à l’embouchure du toboggan aquatique pour éclairer une petite pièce, assez semblable à la précédente, et où s’ouvraient, à nouveau, trois tunnels.

Tout cela sentait fort le traquenard. Avaon eût sans doute admiré l’esprit inventif et facétieux du constructeur de cet étrange labyrinthe s’il n’en avait été la victime du soir. Quoi qu’il en fût, pour l’heure, sa principale préoccupation était de s’assurer qu’il ne serait pas séparé d’Alexander — Dieu seul savait le nombre de tunnels et de grottes qui s’étendaient sous le parc. Ce n’était probablement pas très considérable, il avait fallu bâtir cela en toute discrétion, mais Avaon ne tenait pas à s’égarer ni à égarer son nouvel ami.

Il dirigea le faisceau de sa baguette vers la sortie du toboggan, après s’être essuyé le visage. « Alex ? Tu m’entends ? ALEX ? » Pendant ce temps, de sa main libre, il fouillait le bric-à-brac qui emplissait ses poches gargantuesques, à la recherche d’un objet enchanté qui pût l’aider à regagner la salle principale. Mais en sortant ce soir-là, il n’avait pas pensé à prendre sa corde extensible et, à vrai dire, il voyageait léger.

Avaon fit quelques pas en faisant schplok schplok et abandonna dans la salle où l’eau faisait résonner ses inexplicables clapotis contre les parois une série de jurons gallois très inspirés. Question héroïsme et élégance énigmatique, on pouvait repasser.
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MessageSujet: Re: Une ténébreuse affaire (Alexander P.)   Une ténébreuse affaire (Alexander P.) EmptyLun 21 Jan - 18:33

Alex regardait maintenant les deux autres tunnels avec une méfiance manifeste, et seule la perspective de trouver quelque chose dans ses galeries d’assez croustillants pour en faire un article le retenait de rebrousser chemin immédiatement, avant de tomber sur la taupe mangeuse de rats – on ne sait jamais, c’est aveugle, une taupe, peut-être qu’elle le confondrait avec un de ses presque-congénères. Il laissa donc le soin à son camarade de passer devant pour la suite, marchant pour sa part loin derrière. Ainsi, il s’était à peine aventuré dans le tunnel quandAvaon glissa et disparut dans l’obscurité, suivit de sa boule magique.

Alexander resta figé, ça y est, un mort, il savait bien qu’il aurait dû le photographier avant, pour sa rubrique nécrologique. Il écoutait les bruits d’eau déformées qui résonnaient jusqu’à lui en imaginant son camarade se faisant dévoré par des sangsues des profondeurs. Jusqu’à ce que finalement son camarade l’appelle, sans doute parce que se séparer n’était pas une bonne idée. Rester groupé, la première règle de la survie – la preuve, dans les films d’horreur ils se séparent toujours, et à la fin, il n’en reste qu’un, et encore – cependant, cette fois-ci, il n’était pas tout à fait sûr que ce soit une bonne idée, d’une voie incertaine, il demanda.

« Heu… faut vraiment que je descende ? »

Mais Alex prit le flot d’insultes – enfin, ça ressemblait à des insultes – pour lui et eut soudain l’impression qu’aucune créatures de ce monde ne devait être pires qu’un Avaon en colère, il s’avança donc précautionneusement dans la galerie, s’assit doucement là où commençait la pente couverte de substance visqueuse, et tenta de maîtriser sa vitesse de descente au maximum. En fait, il arriva même à freiner des quatre fers en voyant dans quoi il arrivait – c'est la force de la volonté.

« Mais c’est ré-pu-gnant ! »

Ni une, ni deux, il fit volte-face et tenta de remonter le conduit en agitant frénétiquement les jambes et les bras, et ça eut l’air de marcher, sur une quarantaine de centimètres. Après quoi la fatigue lui fit perdre le rythme, il tomba aussitôt dans l’eau boueuse d’un air dégoûté, et s’agita à nouveau frénétiquement, cette fois pour rejoindre le bord. Une fois assis à côté de son camarade aventurier, qui avait perdu une bonne part de son élégance, il fallait bien le reconnaître. Alex soupira.

« Si c’est une farce, elle est vraiment de mauvais goût. »

Et comme si cela ne suffisait pas, il y avait encore trois autres portes, non seulement la farce était d’un goût douteux, mais en plus elle n’en finissait pas. Alex fouilla dans ses poches qui, sans être aussi pleines que celle de son camarade, contenaient quelques trouvailles, il en sortit ce qui ressemblait à de vieille feuilles de choux séchées et frotta ses vêtements boueux avec, l'air de mener une grande expérimentation.

« C'est une algue, paraît que ça peut adsorber cent cinquante fois son poids en eau. »

Expérience réussie, il suffisait de passer les feuilles ses habits pour que la boue se transforme en terre qu'il n'avait plus qu'à épousseter. Après s'en être bien servit et en avoir glissé deux dans ses chaussures, il regarda Avaon, tout piteux et tout boueux, et lui sauta dessus avec ses feuilles de choux. Bien sûr, il existait sans doute des moyens plus magique et plus efficaces de se sécher, mais en sortant du contexte, deux jeunes hommes se frottant dans des thermes, c'est quand même séduisant. Après s'être bien occupé d'Avaon et avoir jeté ses algues plus très sèches désormais dans la boue – qui devint sensiblement plus compact – Alex regarda les trois ouvertures, en réfléchissant ferme.

« Je ne pense pas qu'on puisse remonter facilement, et pour tous ces passages, il faudrait pouvoir faire des tests avant d'y aller… »

Il fouilla à nouveau dans ses poches et en sortit une pomme, qu'il jeta dans l'un des tunnels et regarda disparaître dans l'obscurité. Silence. C'est là qu'il se dit qu'il était inutile d'envoyer des choses dans les trous s'il ne pouvait pas savoir ce qu'il leur arrivait. Peut-être que s'il avait eu les moyens de la faire remonter, ça aurait été plus utile. Tout en réfléchissant, il sortit de sa poche ce qui ressemblait à un très long fil argenté, le genre de fil très fin et très solide comme de la toile d'araignées. Lequel était emmêlé avec un ciseau à bonsaï, des trombones, une balle rebondissant, une bonne quantité de papiers de bonbons et toutes sortes de choses encore, tout ce qui lui manquait, c'était des idées.

« Hey, si j'attache mon fil d'Ariane à ta boule volant, elle pourra nous faire remonter quand on en aura marre ? »

Parce qu'il n'en avait pas encore marre, non, il voulait photographier la taupe moyennement géante avant de partir, pour faire un super article.
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MessageSujet: Re: Une ténébreuse affaire (Alexander P.)   Une ténébreuse affaire (Alexander P.) EmptyLun 21 Jan - 21:13

A vrai dire, Avaon avait plutôt eu l’espoir que, du haut de la salle principale, Alexander trouvât une solution quelconque pour le tirer de ce mauvais pétrin. Il ne s’attendait pas exactement à voir son camarade débouler par le même chemin qu’il avait emprunté et, les yeux écarquillés, il l’observa batailler pendant quelques secondes à l’embouchure du toboggan, avant de s’écraser à son tour dans l’eau boueuse. C’était au moins une médiocre consolation : il n’était pas le seul à avoir l’air stupide, désormais.

Pendant que son cadet sortait de l’eau, Avaon pointa du doigt la pente qui venait de les vomir tous deux, successivement. « Je crois que c’est de la bave de troll. Mais je suis pas sûr. » Ce qui n’avait pas l’air de l’enthousiasmer autant que les combats titaniques contre les taupes mutants types sol-acier. D’ailleurs, après la poussière, la bave et la boue, le Gryffondor regardait d’un air fort circonspect les feuilles de choux de son ami. « Hm… Sinon, on peut attendre que ça sèche, hein… »

La confiance régnait. Il fallait bien reconnaître cependant que la méthode Pettigrew était à la fois plus efficace et plus rapide, et Avaon ne pût s’empêcher d’observer avec une sincère curiosité l’effet des algues. Ni la botanique ni les potions n’avaient jamais été son fort et, en vérité, il le regrettait un peu ; il était loin d’avoir pour ces deux disciplines le mépris de certains de ses camarades — on aura du reste remarqué qu’Avaon s’intéressait à peu près tout.

Il ne se défendit donc pas beaucoup quand Alexander bondit (ou presque) sur lui. D’ailleurs, Avaon ne se défendait jamais beaucoup quand un garçon bondissait sur lui, si ce n’était pas pour le frapper. Cela dit, comme l’atmosphère galeries souterraines et bave de troll ne constituait pas son ambiance de prédilection, le volage jeune homme resta pour une fois extrêmement sage alors qu’on le frictionnait — on ne dirait pas après cela qu’il ne sait pas se tenir.

Sec désormais à défaut d’être propre, il se mit à considérer à son tour les entrées. Il suivit du regard la pomme qui allât s’abîmer dans l’obscurité et, d’un ton taquin (mais point méchant, allons donc), commenta : « Très instructif. » Il s’abstint cependant d’enfoncer le clou, parce que pour être honnête, il n’avait pas de meilleure idée. Ce fut alors qu’Alexander commença à vider ses poches sous les yeux ébahis et ravis de son acolyte — parce qu’Avaon avait beau avoir un bric-à-brac improbable dans les siennes, cela ne l’empêchait jamais de s’émerveiller pour celui des autres (ceci dans sans sous-entendu aucun).

Le Gallois observait désormais son compagnon d’aventures d’un air admiratif. « C’est génial ! » Ce qui ne répondait certes pas à la question et, du reste, comme Avaon considérait que la perspective de rencontrer une taupe géante et tueuse était géniale aussi, il était difficile de savoir si, objectivement, le commentaire était très rassurant. Il attrapa un bout de fil et le tira entre ses deux mains. « Hmm… Non. Pas du tout. Mais ça peut s’arranger. »

Il sifflota quelques notes qui ressemblaient étrangement à un air de La Traviata et leur lampadaire de compagnie descendit vers lui. Avaon sortit sa baguette et commença à le poser à divers endroits de l’objet en murmurant des formules abracadabrantesques à rallonge. De temps à autre, la boule frémissait, parfois elle changeait de couloir et, souvent, l’Enchanteur avait l’air un peu contrarié. Dans son flot de paroles, des considérations incompréhensibles se mêlaient à des formules totalement inédites : « Si j’inverse les phases de Zodibaldi… en croisant avec les flux sub-enchanteurs… attends, que je me souvienne du tableau 31… Bullabullo… hmm… non… peut-être qu’en… AH AH. » Et dans un français victorieux il annonça : « Et voilà ! »

La boule avait presque le même aspect qu’au début de ces opérations tout à fait hermétiques, si ce n’était une petite protubérance percée à laquelle Avaon s’empressa de nouer le fameux fil. Le Gryffondor avait cependant l’air parfaitement sûr de lui. « On ferait mieux de la laisser ici, pour qu’elle ne se casse pas. Et on garde l’autre bout du fil avec nous, bien sûr. Lumos. » Sa baguette s’était éclairée et il la dirigea vers l’entrée de l’un des tunnels. Puis, par mesure de précaution, vers le sol.

« Ici, on dirait que c’est normal. On va avancer très lentement, hein. » Aussitôt dit, aussitôt fait. Avaon se mit à progresser prudemment dans le tunnel qui, pour une fois, était tout à fait tunnel. Il commençait simplement à faire horriblement chaud. Avaon retira son pull pour le fourrer dans sa poche et continua à marcher en tee-shirt, jusqu’à pénétrer enfin dans une nouvelle salle, qui cette fois-ci n’avait plus d’autres sorties (ou entrées, tout dépendait du point de vue).

« Voilà qui était inattendu. » Avait-il flegmatiquement constaté. C’était un bel euphémisme. Car cette pièce, voyez vous, n’était pas vide. Elle n’avait ni bassin de source chaude ni amoncellement de squelettes de rats (dont un examen attentif eût montré qu’ils étaient plutôt une convaincante imitation que d’authentiques ossements). Non, ce qui trônait au centre de cette pièce, c’était… « Un radiateur ? »

D’un ton incrédule, Avaon incrédule avait fait partager son incrédulité. Le faisceau de sa lampe, bientôt rejoint par celui d’Alexander, descendait sur le fer ouvragé d’un radiateur des années cinquante, fabrication moldue en apparence, qui était là, tout seul, au milieu de la caverne. Il n’était pas spécialement gros, ni spécialement beau, ni spécialement inquiétant. C’était simplement un radiateur. Enfin, simplement — de toute évidence, il chauffait l’ensemble du réseau de galerie et la grotte qui lui servait de refuge faisait un peu l’effet d’une serre à cactus.

« Mais euh… » Avaon tourna un regard interrogateur vers Alexander. « La bave de troll, à la rigueur, j’peux comprendre. Mais pourquoi un radiateur ? » Ce fut alors qu’il remarqua au pied de l’objet un morceau de papier. Prudemment, Avaon s’approcha, avec l’impression de rentrer dans le soleil, attrapa le morceau de papier et le parcourut du regard. Il tourna la lumière de sa baguette vers Alexander et déclara : « C’est une facture de gaz. » Il jeta un coup d’œil en bas des calculs. « Il y en a pour cher, d’ailleurs. »

Comme il songea que peut-être les Pettigrew n’étaient pas gens à fréquenter des Moldus, il supposa qu’une explication s’imposait. « Tu vois, chez les Moldus, les radiateurs peuvent fonctionner au gaz, enfin les chaudières, peu importe, et le gaz est acheminé par des entreprises qui… » Il s’interrompit. En parlant, il s’était raproché d’Alexander, la facture dans la main. Mais derrière lui, le papier continuait. La facture s’étendait. Encore. Et encore. Et encore. De plus en plus vite. Jusqu’à prendre bientôt des proportions inquiétantes. « Euh… »

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MessageSujet: Re: Une ténébreuse affaire (Alexander P.)   Une ténébreuse affaire (Alexander P.) EmptyLun 28 Jan - 20:59

Alexander regarda son camarade faire son drôle de tour de magie avec des yeux ronds, décidément, Avaon était un expert en sortilèges exotiques. Il dut cependant réprimer un air un peu déçu en voyant le résultat final de toute cette opération. Tout ça n’avait finalement servis qu’à faire sortir une petite poignée de la boule lumineuse, encore une fois, le sixième année en avait fait beaucoup pour pas grand-chose, Alex aurait sortit son rouleau de ruban adhésive ultra-résistant, le résultat aurait été plus ou moins le même – en moins propre, certes.

Cramponné à sa ficelle, il suivit ensuite Avaon dans le tunnel, l’air méfiant, mais maintenant qu’il était tout à fait attentif, aucun piège ne vint perturber leur exploration, la seule chose inquiétante était une chaleur de plus en plus affolante. Alex en arriva à penser qu’il était peut-être dans un endroit où chaque pas leur faisait en réalité parcourir des kilomètres, et qu’ils se rapprochaient sans s’en apercevoir du centre de la Terre. Heureusement, ce ne fut pas le cas, de sa baguette, il éclaira la drôle de chose métallique qui irradiait de sa chaleur toutes les galeries. Il regarda Avaon d’un air hébété tandis qu'il parlait, puis haussa les épaules.

« Peut-être que quelqu’un s’en est débarrassé. Un bout de métal qui chauffe, c’est pas très utile, ça ne remplacera jamais une cheminée. »

De toute évidence, le concept du radiateur lui échappait un peu, alors autant dire que les explications suivantes le plongèrent dans une profonde perplexité. Les chaudières et le gaz, c’était un peu éloigné du petit village de sorciers dans lequel il avait grandis. Par contre, quand le drôle de parchemin commença à prendre des proportions inquiétantes, il comprit tout de suite qu’il valait mieux y aller.

« Lâche-ça, on s’en va ! »

Il prit Avaon par le poignet alors que la pièce se faisait peu à peu envahir de papier, et partit en courant dans le tunnel, avant de s’aider de la ficelle pour s’agripper à la boule – et éviter d’aller tremper dans la gadoue une fois de plus. Une technique qui ne marchait globalement pas trop mal, même s’il devait bien remonter les jambes pour être sûr de rester entièrement sec. Un petit sort adéquat suffit à faire laborieusement avancer la boule dans le tunnel recouvert de bave de troll, et Avaon, il le tenait toujours fermement. Par contre il ne pouvait rien garantir sur l’état dans lequel il allait sortir de là. De toute façon, la feuille de papier folle furieuse arrivait déjà dans la salle, il y avait plus important que la propreté pour le moment.

Ils remontèrent le tunnel lentement, très lentement, trop lentement, puisque la lumière de la boule commençait à éclairer les factures qui montaient aussi.

«  Rah, c’est pas vrai… »

Il reposa les pieds par terre pour tenter de faire accélérer les choses, et c’est en pataugeant dans la bave de troll qu’il arriva finalement dans la première salle, Alex ne ralentit pas pour autant et lâcha la boule ainsi que son camarade pour filer le plus vite possible à l’extérieur. Il se fichait maintenant complètement des scoops, tout ce qu’il souhaitait était de mettre le plus de distance possible entre lui et cette vaste blague. Une fois sortit, il attendit qu’Avaon émerge à son tour et fit un violent geste de baguette, la terre vola et plusieurs rochers s’effondrèrent sur l’ouverture, on entendit un moment le bruit du papier heurtant les pierres, puis ce fut le silence. Le trou avait reprit plus ou moins le même aspect qu’avant qu’il ne dégage le passage, il était prêt à piéger de nouveaux élèves trop curieux. Alex reprit laborieusement son souffle.

« J’ferais pas d’article là-dessus… »

Non décidément, même si le radiateur était un détail inédit, tout ça n’était pas assez vendeur, ça ne faisait pas rêver. Il frissonna violemment alors que le froid revenait le prendre d’assaut, et regarda un moment la crique.

« Hum… si on rentrait ? »

Les aventures, il en avait assez pour aujourd’hui, tout ce dont il rêvait maintenant était de prendre un bon bain et de se blottir dans les bras d’un beau garçon – oui, c’est ce dont il rêvait, après tout.
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MessageSujet: Re: Une ténébreuse affaire (Alexander P.)   Une ténébreuse affaire (Alexander P.) EmptyLun 28 Jan - 22:02

S’en aller ? Cette décision était, pour Avaon, extrêmement atypique. La fuite ne faisait pas vraiment partie de la panoplie du Gryffondor, au grand désespoir, du reste, de ceux qu’il entrainait souvent dans ses aventures. Ce n’était pas qu’il n’eût pas conscience du danger — quoique sa conscience en fût souvent très, très approximative — simplement, il n’avait jamais, jamais, jamais peur et ce qui passait souvent comme du courage se muait parfois en un défaut quasi suicidaire et meurtrier.

Fort heureusement, Alexander eut le précieux bon sens de ne pas laisser à Avaon le temps de réagir et, tandis que l’aîné envisageait déjà de noyer la salle sous un torrent de feu, qui aurait eu raison des factures sans doute, mais peut-être aussi des sorciers, le cadet l’empoignait et le guidait dans le tunnel, sans prêter attention aux protestations de son camarade, noyées sous les froissements de papier, qui tentait de le convaincre que cette expérience était incroyablement intéressante et qu’ils devaient rester pour étudier un peu ce bel enchantement.

Mais c’était trop tard : Alexander jouait déjà à Mary Poppins, la bave de troll en plus, et les deux jeunes hommes s’élevaient lentement dans le conduit. Avaon regardait les factures progresser sous lui. Certes, il n’y avait là, finalement, qu’un sortilège de réplication élémentaire, assez semblable à celui dont il avait fait usage, avec sa souris mécanique, contre Cléo lors des duels, mais c’était l’ensemble de la construction qu’il admirait, comme une œuvre d’art en quelque sorte.

Une fois dehors et l’entrée scellée irrémédiablement derrière eux, Avaon se sentit à la fois ravi et un peu déçu. Ravi de son aventure, même s’il était poussiéreux, boueux, baveux et qu’il avait (encore !) failli mourir rôti par un radiateur et étouffé par les factures, et déçu parce qu’il n’avait pas eu le loisir de découvrir d’autres salles qui, peut-être, cachaient d’autres mystères. Mais il lui restait un reste émietté de bon sens qui le forçait à reconnaître qu’Alexander avait agi au mieux.

Les yeux du Galois se posèrent sur son grelottant compagnon d’aventures. Avaon tira de sa poche le mouchoir auquel s’était réduit sa cape, l’agita dans le vent pour qu’elle reprit ses proportions habituelles et la déposa sur les épaules de son ami. D’une voix prévenante il glissa : « Bien sûr, on rentre. J’voudrais pas que tu attrapes froid. » Parfaitement insensible au paradoxe par lequel il avait voulu exposer son ami aux fureurs des factures et craignait désormais qu’il attrapât un petit rhume, Avaon se mit en marche vers l’endroit où les attendaient leurs balais.

Arrivé à l’endroit en question, Avaon s’arrêta net et commença à balayer le sol du faisceau de sa baguette. Avant de délivrer sa conclusion : « Les balais ne sont plus là. » Il réfléchit quelques secondes avant d’expliquer : « Ce sont des balais d’entraînement. Ils ne sont pas faits pour être utilisés hors du stade. Ils doivent avoir un sortilège de retour et ils sont partis se ranger. J’aurais dû y penser avant. »

Le jeune homme jeta un regard un peu inquiet sur son acolyte. Alexander n’avait pas eu l’air d’être aussi enchanté que lui par sa visite du labyrinthe et, maintenant, Avaon craignait un peu que la disparition des balais fût la goutte d’eau qui fît déborder le vase. « Comme ils ne sont pas personnalisés, ça ne sert à rien d’essayer un sortilège d’attraction. » Oui, bon, la remarque n’était pas propice à calmer les nerfs mis à rude épreuve de son ami.

Avaon s’empressa d’envisager des éventualités plus riantes : « Mais euh… Si tu as un balai à toi, tu peux le faire venir jusqu’ici. Et sinon… » Il regarda aux alentours avant d’exposer leurs autres possibilités. « On peut passer par le lac en longeant la rive. Soit à la nage, soit en construisant un bateau, c’est pas forcément très long. Ou bien on peut passer par la Forêt, en restant à la lisière, sur la berge. »

Aucune des deux solutions n’étaient tout à fait propres à rassurer un élève qui avait passé quelques années à entendre les légendes sinistres qui couraient sur le lac et la forêt. Etrangement, Avaon abordait les choses avec une tranquillité souveraine, comme si tout cela n’était finalement pas plus grave que de devoir demander son chemin à une vieille dame dans une ville qu’on ne connaitrait pas. A bien y regarder, être perdu au milieu de la nuit dans une nature hostile avait plutôt l’air de le mettre de bonne humeur.

Comme s’il donnait à Alexander le choix entre plusieurs viennoiseries pour son petit-déjeuner, il interrogea d’une voix presque légère : « Alors, qu’est-ce que tu préfères ? » Le Gryffondor avait voulu des aventures et des aventuriers en passant son annonce : il était amplement servi.
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MessageSujet: Re: Une ténébreuse affaire (Alexander P.)   Une ténébreuse affaire (Alexander P.) EmptyLun 4 Fév - 18:24

Alex n'était pas un aventurier kamikaze de la même trempe que son camarade – encore heureux. Certes, ce n'était pas une facture qui allait le traumatiser, quand bien même son montant serait faramineux. Mais enfin, s'il allait volontiers se jeter au-devant du danger, c'était pour la science, la liberté de la presse ou la curiosité. Et non l'aventure pour l'aventure, il avait donc eu largement son quota pour la soirée, et ne songeait pas à retourner tout de suite dans des tunnels douteux pour affronter des choses étranges.

Cependant, le Hasard voulu qu'il ait omis quelques petits détails techniques au sujet des balais d’entraînement de Poudlard, il faut dire qu'il ne les avait jamais utilisés avant, puisqu'il avait son propre balai. Un petit "accio" les auraient donc sûrement sortis de cette situation délicate, si et seulement si son balai n'avait pas été confisqué par Rusard une semaine plus tôt, alors qu'il l'avait surprit, en pleine nuit, en train de tenter de percer les mystères du plafond magique de la Grande Salle, pour un documentaire. Le destin était contre lui.

Après avoir remercié son ami et s’être enveloppé de sa cape, il ne put s’empêcher de noter que cette situation ne faisait ni chaud ni froid à son camarade, pour ne pas dire qu’elle l’enchantait tout à fait. C’était tout de même assez troublant de voir avec quel naturel le jeune homme proposait de se jeter dans les eaux glacées et peuplées de créatures du lac, au beau milieu de la nuit. Peut-être qu’Avaon avait un sens de l’humour qu’il ne comprenait pas, ou alors il ignorait tout des dangers cachés dans la nature sauvage. Il n’aurait su dire.

Toujours est-il qu’il fallait rentrer d’une façon ou d’une autre, et puisque, décidément, une baignade dans le lac ne l’inspirait guère, il opta pour la deuxième solution, en espérant qu’elle serait un peu moins mortelle.

« Mon balais est confisqué pour le moment, on va passer par la forêt, sans trop rentrer dedans, hein. »

Contrairement à ce que pensait Avaon, si la Forêt interdite inquiétait tant Alexander, ce n’était pas pour des légendes qu’il avait entendu. Parce qu’Alexander ne pouvait pas se contenter d’entendre des légendes ou des rumeurs, il lui fallait voir par lui-même. Et il avait vu, justement, au cours de ses petites expéditions, bon d’accord, la plupart du temps, il avait surtout aperçu des silhouettes inquiétantes se découper dans la nuit, et entendu des bruits bizarres, et son imagination avait suffit à lui faire prendre ses jambes à son cou. Mais une fois, il avait croisé une araignée géante, il en était certain, c’était peut-être de ça que se nourrissait la taupe géante, en fait, même si l’hypothèse qu’elle existe bel et bien était largement entamée maintenant qu’ils avaient croisés le radiateur et la facture folle.

Ils quittèrent donc la crique et marchèrent en bordure de la forêt autant que du lac, Alex n’avait pas lâché la boule lumineuse – décidément bien pratique – qui flottait au-dessus de sa tête, retenue par le fil qu’il tenait dans sa main comme s’il ne s’agissait que d’un simple ballon à l’hélium. Il observait les alentours avec un mélange de curiosité et de crainte, il y en avait, des mystères, à Poudlard, mais ceux de la Forêt Interdite l’intéressaient tout particulièrement. Il était persuadé qu’à causes des dangers – autant réels qu’imaginés – de cette forêt, un certain nombre de plantes et d’animaux magiques non encore découverts devaient prospérer joyeusement à l’abri des regards, n’attendant que lui pour être découverts, et il avait du mal à résister à l'appel.

Son camarade aussi semblait intéressé par les profondeurs sombre et hostiles des bois, d'après ce qu'il voyait, et vu comme il était hardi, Alex ne doutait pas qu'il ait dû aller y faire un tour ou deux.

« Tu y es déjà aller, dans la forêt interdite, non ? T'as vu des choses intéressantes ? T'étais tout seul ? »

On ne sait jamais, il y avait peut-être quelques autres candidats possibles pour ses expéditions.
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MessageSujet: Re: Une ténébreuse affaire (Alexander P.)   Une ténébreuse affaire (Alexander P.) EmptyLun 4 Fév - 21:04

Alexander, donc, n’avait pas son balai à portée de main. Avaon tenta de prendre un air aussi contrit que possible et lâcha un « Ah… » très inspiré qu’accompagnèrent bientôt quelques mots qui achevèrent de démontrer que la carrière de comédien ne faisait certes pas partie des opportunités de son proche futur : « C’est dommage… » Comme, ainsi qu’on l’eût deviné, il n’avait pas lui-même de balai à proposer, ce fut d’un pas (presque ?) guilleret, l’étrange Gryffondor se dirigea vers la lisière de la Forêt Interdite, se maîtrisant pour tenir sa promesse de longer la rive plutôt que de pénétrer dans la profondeur des bois où vivaient les créatures les plus intéressantes (accessoirement, les plus meurtrières aussi).

Mais Avaon, contrairement aux apparences, n’était ni complètement inconscient, ni suicidaire et une partie de l’assurance inébranlable dont il faisait preuve en parcourant les berges dangereuses où le lac noir rejoignait la Forêt non moins sombre naissait d’une solide expérience des milieux hostiles en général, de la Forêt Interdite en particulier et, tout guilleret qu’il fût, son pas n’en était pas moins prudent et habile — jamais une branche ne craquait sous son pied et, pour une raison ou pour une autre, il n’était pas rare qu’il fît un long détour au lieu de s’engager dans un sentier qui, de prime abord, avait l’air entièrement inoffensif.

Surtout, il ne cessait de jeter des regards à Alexander, comme pour s’assurer que tout se déroulât à peu près bien pour son camarade. Ce n’était pas la première fois qu’Avaon entraînait l’un de ses cadets dans la Forêt et il arrivait même souvent que l’exploration forestière fût l’objet principal de l’excursion. Avaon n’était certes pas un très bon pédagogue lorsqu’il s’agissait d’expliquer les principes théoriques qui sous-tendaient ses inventions, ses enchantements ou ses conceptions philosophiques, mais, sans en avoir tout à fait conscience, sur le terrain, il était un guide prévenant et porté aux explications, qui éprouvait un plaisir certain à transmettre son savoir pratique.

Malgré l’atmosphère de plus en plus oppressante des bois qui, quoiqu’ils prissent soin de demeurer le plus près possible des rives, se faisaient toujours un peu plus épais, les questions de son compagnon d’aventures ne tardèrent pas à émerger et Avaon, qui depuis qu’ils étaient entrés dans la Forêt, ouvrait le chemin, ralentit un peu pour laisser Alexander le rattraper et, une fois tout près de lui, entreprit de lui répondre à voix basse. « Je viens souvent, en fait… Quand j’ai besoin de bois particuliers, pour fabriquer des choses. Et pour me promener, quand je veux me changer un peu les idées. »

On pouvait s’interroger sur l’état d’une personne qui choisissait la Forêt Interdite pour ses rêveries ambulatoires, mais Avaon poursuivit imperturbable : « Il y a plein de choses intéressantes, ici. Par exemple, il y a des araignées géantes… C’est très beau. Très… Je ne sais pas. Ça a quelque chose d’émouvant. Par contre, elles sont un peu caractérielles. Les centaures aussi, d’ailleurs, ils sont caractériels. En fait, tout le monde, dans cette forêt. Ce sont les arbres qui font ça. Trop méchants. »

Un grognement retentit dans la nuit non loin d’eux — aussitôt, la baguette d’Avaon s’éteignit et le jeune homme couvrit d’une main le faisceau qui s’échappait de celle d’Alexander, arrêtant de l’autre son camarade. Il porta un doigt à ses lèvres, puis un doigt à son oreille, pour lui faire comprendre qu’il fallait écouter. Parfaitement immobile, il restait là, aux aguets, tandis qu’à une dizaine de mètres peut-être, quelque chose fourrageait dans les racines. Et s’approchait.

Lentement, Avaon leva sa baguette pour la diriger derrière eux, rassembla un souvenir dans son esprit et, à voix très basse, à peine audible même pour Alexander, il souffla : « Spero Patronum ». Aussitôt, une profonde sensation de bien-être s’empara des deux jeunes gens tandis que quelques mètres plus loin se formait un être argenté et opalescent. Bientôt, elle étendit des ailes et ce fut enfin une oie sauvage, calme et gracieuse, qui prit son envol, traversant les arbres comme s’ils n’avaient pas existé et s’éloignant d’eux.

Un nouveau grognement retentit et la bête s’élança à la poursuite de l’oiseau magique, avec l’espoir illusoire d’un riche dîner. Les deux Gryffondors purent à peine distinguer une forme massive qui s’élançait à travers les arbres, écrasant sur son passage les fourrés et les jeunes pousses, piétinant les champignons vénéneux et les racines strangulatoires. Bientôt, la créature disparut à la suite de l’oiseau et, après avoir attendu quelques secondes encore, Avaon retira sa main du torse d’Alexander et ralluma sa baguette.

« Probablement une sorte de sanglier. En plus gros. » Une sorte, ce n’était pas très rassurant, mais Avaon n’avait toujours pas l’air très affecté, en reprenant sa marche. Mais désormais, il restait tout près d’Alexander — il n’avait pas trop envie que son cadet se fît réduire en charpies par il ne savait trop quelle créature. « Et toi ? Ça te prend souvent de recruter des gens pour partir la nuit dans le parc de Poudlard ? »
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MessageSujet: Re: Une ténébreuse affaire (Alexander P.)   Une ténébreuse affaire (Alexander P.) EmptyLun 18 Fév - 20:45

Avaon était d'une discrétion remarquable et, tandis qu'il le suivait, Alexander tentait de l'imiter, son camarade avait l'air d'avoir une bonne connaissance du chemin qu'ils empruntaient, et il ne voulait pas ruiner ses efforts et passer pour un idiot en faisant un boucan pas possible dans son dos. Mais il était très loin d'avoir sa maîtrise, les branches que son ami évitait craquaient sous ses bottines, et il faillit trébucher plusieurs fois sur un caillou glissant ou dans un trou qu'il n'avait pas vu et peinait un peu à garder le rythme, mais la forêt obscure et de plus en plus dense qu'ils longeaient l'incitait à ne pas ralentir la cadence. C'est tout de même avec une pointe de reconnaissance qu'il se rapprocha de celui-ci quand il eut ralentit pour pouvoir lui parler.

Les très succinctes informations que son aîné lui livrait le plongèrent dans une admiration rêveuse.

« Tu as vu des centaures ? C'est incroyable ! Tu as beaucoup de chance. J'ai croisé une araignée, une fois, et j'ai même pas eu peur, mais par contre… »

Alors qu'il allait tenter d'en savoir plus sur le rôle des arbres dans les humeurs des habitants de la forêt, le bruit d'un bête qui approchait le fit se figer. Même sans être un trappeur aguerri, il n'eut pas vraiment besoin des signes d'Avaon pour se taire et tendre l'oreille, cependant il ne pensa à éteindre qu'un moment après lui. Immobile, il guettait la bête, prêt à prendre ses jambes à son cou si les choses ce compliquait, ce qui pourrait être un comportement tout à fait suicidaire s'il n'était pas capable de disparaître dans le premier terrier qui traînait, ou de se cacher entre les racines d'un arbre.

Heureusement, Alex n'allait pas devoir laisser son camarade en pâture à un gibier géant non-identifié ce soir. Sans qu'il le remarque, Avaon avait préparé son sort, et il fut surpris lorsqu'une agréable sensation le traversa. Il tourna la tête vers lui, puis vers l'oiseau qui s'éloignait, l'air encore plus enchanté qu'en entendant parler des centaures. Il suivit son camarade qui repartait, plus excité qu'effrayé par cette rencontre.

« C'est fabuleux ! Dommage qu'on ait pas pu le voir un peu mieux, enfin, heureusement, parce qu'il ne nous a pas vu non plus, mais quand même, il avait l'air intéressant. »

Une fois tout danger écarté, Alexander n'avait aucun mal à se prendre d'admiration pour tout, quand même il venait peut-être de croiser la créature la plus dangereuse de tous les bois, elle restait pour lui un objet de fascination. Tellement qu'il se retrouva à la traîne à force d'essayer de voir s'il n'y avait pas d'autres créatures par-ci par-là, il accéléra finalement le pas pour rester près de son ami, faisant encore plus de bruit.

« Pas vraiment, d'habitude mes amis me suivent. Mais ils n'aiment pas beaucoup traîner avec moi en ce moment. »

L'affaire des racines étaient loin d'être digérées – c'est le cas de le dire – et à part Lily, la plupart de ses camarades ne lui adressaient plus du tout la parole. C'est bien ce qui l'avait poussé à passer son annonce.

« Mais j'ai bien fais, tu es fort, on peut faire de gardes choses, tous les deux, j'en suis sûr. »

Il eut un temps de réflexion.

« Bon, je n'ai pas encore trouvé quoi, mais ça va venir. »

En attendant, la forêt devint progressivement plus clairsemée et enfin, le château fut en vue. Une nouvelle étape s'annonçait, rejoindre les dortoirs sans se faire attraper, une tâche qui ne semblait pas inquiéter Alexander. Le Pettigrew gravit les escaliers et traversa le hall avec autant de discrétion qu'il en avait eu au bord de la forêt. En plus, n'ayant pas suivi le même chemin qu'Avaon, il laissait des traces de boue grisâtre derrière lui. Par chance, leur retour se fit sans encombres, ils ne croisèrent personne. Une fois dans la salle commune, il se laissa tomber sur son deuxième fauteuil préféré – pour ne pas salir son premier fauteuil préféré – en soupirant, l'agitation de la soirée lui donnait l'impression d'être parfaitement réveillé, d'un geste de baguette, il raviva les flammes dans la cheminée.

« Ah… ça fait du bien de s'asseoir. Je t'aurais bien proposé du thé, pour fêter ça, mais tu as encore plus besoin d'une douche que moi. »

Être un aventurier avait des côtés glamours, mais il y avait surtout la boue, la bave de troll, la vase des bords du lac, la transpiration et le reste.
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MessageSujet: Re: Une ténébreuse affaire (Alexander P.)   Une ténébreuse affaire (Alexander P.) EmptyLun 18 Fév - 21:18

Avaon ne paraissait pas vraiment décider à prendre beaucoup plus de précautions qu’une progression silencieuse, plus ou moins silencieuse, même, parce qu’il ne songeait pas non plus à empêcher son camarade de parler ; de toute évidence, l’irruption de la bête n’avait pas éveillé chez lui d’inquiétude très sensible et, sans sa démarche prudente qui lui faisait éviter la moindre brindille un peu trop sèche, on eût dit que cette expédition nocturne était pour lui une promenade au clair de lune en compagnie d’un camarade, après un bon repas, une excursion digestive, en somme.

Fort heureusement pour le tumultueux Gryffondor, la santé mentale de son acolyte du soir n’était pas assez solide pour qu’il se rendît compte que le guide forestier avait quelques cases en moins et c’était en toute insouciance que les deux jeunes gens progressaient encore dans la forêt, tous les deux enchantés par leur quasi-rencontre avec une mort sans doute certaine, pour la cinq ou sixième fois de la soirée. Avaon, de toute évidence, était ravi qu’Alexander fût ravi et constater que les premières réticences de son cadet à pénétrer dans les bois oppressants qui longeaient le parc étaient désormais révolues constituait pour lui une sorte de récompense.

Finalement, il était content de l’avoir rencontré ; bien sûr, au début, il avait eu ses doutes : trop jeune, trop Quidditch, trop désobligeant. Mais la froideur méfiante des premières minutes de leur rencontre lui semblait désormais rejetée loin dans le passé et Avaon était séduit par l’enthousiasme presque inaltérable dont Alexander avait fait preuve tout au long de leur aventure — certes, la propension d’Avaon à être séduit par n’importe quel homme de quinze à quarante-cinq ans qui ne fût pas trop bossu ni n’eût le regard trop torve était notoire, mais il y avait un réel rapport, cette fois-là, entre son caractère et celui d’Alexander.

Du reste, pour l’instant, le Gallois n’avait pas d’arrière-pensée. Bien sûr, pour un jeune homme qui ne voyait pas une très, très grande différence entre une étreinte brûlante et une poignée de main tant que tout le monde était consentant, la notion même d’arrière-pensée avait quelque chose d’un peu obsolète, mais enfin, pour l’heure, il se contentait de cheminer bercé par sa relative insouciance, en écoutant la voix pétulante d’Alexander troubler le silence sépulcral de la Forêt interdite.

Un sourire s’installa sur les lèvres de l’aîné quand son recruteur se mit à rêver à de grands projets. « C’est sûr. Ton journal mérite mieux qu’un radiateur géant pour sa une. On essayera de trouver des choses plus intéressantes à raconter. » Vu comme cela, la profession de journaliste ne manquait pas de charme et Avaon l’ajouta quelque part sur sa liste des métiers possibles, qui comportait déjà (entre autres et dans le désordre) : circassien, vendeur de jouets, réparateur itinérant, idéologue, professeur de philosophie et acteur pornographique.

Ils avaient quitté le couvert de la forêt et remontaient désormais vers le château. Avaon réfléchissait à voix haute (enfin, à voix basse, mais tout de même) : « Par exemple, dans les sous-sols de Poudlard, je suis certain qu’il y a des choses. Les gens ne vont dans les cachots que pour se tripoter ou s’échanger des champignons, mais si on poussait un peu l’exploration, on devrait trouver des salles secrètes. » Ce n’était pas une supposition trop hasardeuse, du reste : les salles secrètes, il y en avait à peu près partout dans Poudlard. Les trouver puis les ouvrir, en revanche, n’était jamais une partie de plaisir.

Une fois arrivés au château, les deux jeunes gens recouvrèrent un prudent silence en se faufilant dans les couloirs. Avaon n’en était pas à son coup d’essai et, à en juger par l’aisance plus sensible de son camarade depuis qu’ils avaient retrouvé la pierre taillée, Alexander non plus. Ce fut ainsi que les deux Gryffondors parvinrent à regagner leur salle commune qui, à cette heure de la nuit, en pleine semaine, était parfaitement déserte. Le visage du Gallois s’épanouit en retrouvant l’atmosphère chaleureuse des lieux, qui tranchait agréablement avec la brise mordante de l’extérieur.

À la remarque de son acolyte, Avaon considéra son reflet dans l’une des vitres. « C’est rien d’le dire. De la bave de troll, quand même. C’est vraiment… » Il haussa les épaules. « J’sais pas, y a vraiment des gens qui ont des idées tordues. » Lui, par exemple. C’était exactement le genre de piège qu’il était capable de concevoir pour se venger de quelqu’un. Mais tout de même, c’était dégoûtant et il était pressé de s’en défaire.

Il se retourna vers Alexander et proposa tout naturellement : « Bref, direction les douches. Tu m’accompagnes ? » Sur ce, ami lecteur, je devine que déjà cette innocence proposition chatouille ton imagination fertile. Je te rappellerai cependant qu’à Poudlard les salles de bain ne sont pas privatives, que les douches sont communes et qu’il est donc tout naturel, même pour un jeune homme de la réputation d’Avaon, d’en inviter un autre à l’y accompagner, en tout bien tout honneur.

« J’te laisse réfléchir, j’vais chercher mes affaires. » Avaon gravit l’étage qui le séparait encore du dortoir des septièmes années, tout en haut de la tour des Gryffondors et se glissa dans sa chambre, à pas de loups d’abord, puis sans plus de précaution quand il se rendit compte qu’aucun de ses camarades ne dormaient encore. L’un d’entre eux leva les yeux de son livre et interrogea avec un sourire plein de sous-entendus : « Alors, il s’appelle comment ? »

Le Gallois prit un air un peu offusqué. « Sache que j’étais en excursion. Tout ce qu’il y a de plus… Scientifique. » Un sourire amusé passa sur les visages, avant que quelqu’un ne fronçât les narines. « C’est… Il y a… Une drôle d’odeur. » Avaon soupira, avança à grands pas vers son lit, tira la malle aux armes des Serpentards qui dormait dessous et rassembla ses affaires de toilettes. « Je sais, je sais. C’est de la bave de troll. » L’assistance était déjà captivée. « Tu as combattu un troll ? » Avaon se redressa, sa trousse de toilette dans une main, des vêtements dans l’autre. « Hélas non, mais j’ai vu un très beau spécimen de radiateur. »

Laissant ses amis un peu perplexes devant cette révélation, le Gryffondor sortit de son dortoir et redescendit dans la salle commune. Alexander avait disparu. Il était peut-être allé chercher ses affaires, ou bien il avait décidé d’attendre que les salles de bain fussent désertes, comme le faisaient certains camarades un peu pudiques, pour prendre une douche. Dans le doute, Avaon décida d’attendre quelques minutes. Il déposa ses affaires sur l’une des tables de la pièce et se rapprocha du feu, pour tendre les mains devant lui.

Son esprit se mit à vagabonder. La soirée n’avait pas été entièrement déplaisante — très loin de là. D’abord, ce mystérieux labyrinthe avait éveillé sa curiosité et il se demandait à présent quel esprit tordu l’avait bâti et pour quelle raison. Après tout, il n’était pas facile à débusquer et il était difficile de supposer qu’il fût placé là dans l’espoir que quelqu’un tombât dessus par hasard. Ensuite, il y avait Alexander, et ses rêves de journaliste, et son inattaquable curiosité, et ses cuisses bien dessinées.

Avaon poussa un soupir. Décidément, la soirée n’avait pas été entièrement déplaisante.

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