« C'est pas vrai ? Il t'as vraiment répondu ça ? » « Sur la tête de Merlin je te jure que c'est vrai. Mais attends ça ne s'arrête pas là... » Un soupir menaça de franchir les lèvres du Serdaigle quand il se rendit compte que la conversation entre les deux sorcières -plutôt séniles d'après leurs voix étouffées et nasillardes- n'était pas prête de finir. Enfermé dans un placard à balais, le jeune homme avait paniqué quand, sur le chemin des cuisines, il avait entendu du bruit monter du couloir juste en face de lui et avait finit par se cacher dans la première pièce qu'il avait trouvé. Sauf que ce n'était pas une pièce mais un simple placard à balais dans lequel il avait eu un mal fou à rentrer. Cela faisait maintenant plus de vingt minutes que les deux enchanteresses discutaient de tout et de rien -surtout de rien selon Ezechiel- et le jeune homme, plutôt mal installé, commençait à avoir une crampe dans la jambe. Si elles ne s'en allaient pas bientôt, le descendant Nott ne jurait de rien et pourrait bien faire perdre un paquet de points à sa maison rien que pour une descente clandestine aux cuisines.

« Oh mais tu as vu l'heure ? Il est bien tard dis donc, je vais aller me coucher. Allez à demain ! » Des bruits d'embrassades lui parvinrent et il attendit encore quelques minutes histoire que les deux grand-mères aient le temps de parcourir le couloir chacune de leurs côtés. Enfin, dans un grincement de porte il sortit la tête de sa cachette et après avoir vérifié que le champ était libre, se glissa hors du placard et descendit dans les cuisines le plus vite possible. Arrivé devant le tableau, il exécuta le rituel et entra dans sa pièce préférée du château. Il y avait passé tellement de temps, presque autant qu'à la bibliothèque, qu'il connaissait les lieux et les habitants par cœur. Après avoir scruté les environs, une masse de cheveux brune retint son attention. Son rendez-vous était déjà arrivé apparemment. Normal, s'il n'avait pas été coincé dans le placard du premier étage, il aurait peut-être réussi à être à l'heure.

Tel un félin guettant sa proie, Ezechiel se cacha derrière les hauts fourneaux et se glissa discrètement, tête baissée jusqu'à son amie qui ne se doutait de rien. Arrivé à sa hauteur, il bondit hors de sa planque et lui sauta littéralement dessus, agrippant ses épaules de ses mains transformées en griffes et lui chuchota à l'oreille. « C'est moi qu'tu cherches ? » Puis il éclata tout simplement de rire, ravi d'avoir sûrement flanqué la frousse de sa vie à la Serpentarde. Sans transition aucune, il aperçu la table remplie de friandises et de sucreries juste à côté et en saliva d'avance. Il n'y avait que les elfes de Poudlard pour rendre attractif même le pire met au monde alors une table remplie uniquement de succulents desserts ? Personne ne pouvait y résister. D'ailleurs, le jeune homme ne se fit pas prier et commença à piocher dans à peu près tout les plats, grignotant une fraise en sucre sur un gâteau au chocolat, piquant un bonbon au miel, goûtant une meringue au passage et avala une gorgée de bièraubeurre pour descendre tout ça. « J'suis désolé d'être en retard mais j'ai dû me cacher dans un placard à cause des deux concierges qui font les rondes. Elles arrêtaient pas de parler, j'ai cru qu'elles y passer la soirée. » D'un geste presque habituel il coupa le gâteau au chocolat, déposa une part dans une assiette juste à côté et s'installa près de la jeune fille, l'assiette et un verre de bière à la main. « Goûte-moi ça. » ordonna-t-il à Eithlenn alors qu'il coupait un morceau du gâteau et la nourrissait comme une enfant en bas âge. « Le Paradis dans une assiette. » finit-il par conclure, fier de lui.

Après avoir donné une bouchée à la Serpentarde, le jeune homme engloutit en quelques secondes la moitié de la part qui restait dans son assiette, savourant chaque cuillerée qu'il mettait dans sa bouche. Il ne savait pas si c'était son côté veela qui voulait ça ou bien sa génétique incroyable et par extension sa chance énorme mais il pouvait se permettre de manger tout et n'importe quoi, à n'importe quelle heure, il n'arrivait pas à prendre un gramme. Svelte et élégant, il rendait jalouse toutes les filles qu'il croisait alors qu'il ne cessait de se gaver de sucreries. Peut-être était-ce à cause de cela aussi qu'il avait des problèmes pour dormir, mais là n'était pas la question, alors qu'un délicieux morceau de caramel se cassait sous sa dent, il entendit son amie lui répondre « Non, le Paradis c'pas dans une assiette ! » Un moment de flottement et le jeune homme posa un regard intrigué, interloqué et à la fois choqué sur son amie qui osait prétendre que cette part de gâteau au chocolat qui provenait tout droit des cieux n'était pas la preuve que le Paradis était entre ses mains. « Regarde, je vais te montrer où c'est. » L'espace d'une seconde, l'idée qu'Eithlenn se jette sur lui pour l'étrangler pour qu'il voit de lui-même le paradis lui effleura l'esprit. Il retint sa respiration, resta crispé sur sa fourchette mais finalement elle ne fit que l'embrasser sur la joue.

C'était innocent, adorable, appréciable même mais quelque peu dérangeant. Coureur de jupons invétéré, il n'avait pas touché ou même pensé à une autre femme qu'Alesya depuis qu'elle avait accepté de l'épouser. « C'est là, le Paradis. » La voix douce de la verte et argent le ramena sur terre et il lui sourit timidement. Il était ridicule, jamais Eithlenn n'avait pensé à lui d'une autre façon que comme son binôme de cours. Lui-même n'y avait jamais pensé. Elle s'était présenté comme une amie, une alliée, jamais comme une future conquête et cela ne l'avait jamais dérangé même s'il avait déjà remarqué qu'elle était tout à fait désirable. « Et ça c'est pour toi aussi, il paraît qu'Ezechiel Nott ne sait pas se nourrir seul... alors je te le donne. » finit-elle par dire en lui donnant un nougat ma foi fort appétissant. D'une seule traite il l'avala et bu une gorgée de bièraubeurre pour faire passer le tout. Le jeune homme sourit en coin avant de baisser les yeux sur son gâteau et de secouer la tête doucement.

« Comment peux-tu affirmer ce genre de choses alors que personne ne t'as encore touché ? » Son ton n'était ni agressif, ni cinglant et pourtant la phrase sonnait mal lorsqu'il l'eut dit. Il se mordit la langue un moment et plissa le nez comme s'il savait qu'il avait dit quelque chose qui fâchait. Il tourna la tête vers la jeune femme et, penchant la tête sur le côté lui balança un regard rempli d'excuses. « Je suis désolé, je ne voulais pas... enfin ça sonnait beaucoup moins cassant dans ma tête. » Il s'aperçut alors qu'un bout de chocolat avait finit sa trajectoire sur le menton de la belle et comme pour s'excuser, il lui essuya la tâche du bout du bout du pouce. Il resta un petit moment à lui caresser le menton d'un geste tendre, se noyant dans ses yeux émeraude puis finit par la lâcher comme soudainement gêné de ce contact. L'alcool commençait à lui monter à la tête et ses oreilles devenaient de plus en plus rouge et pourtant il ne détourna à aucun moment son regard. « Pourtant, une fille aussi jolie que toi ne devrait pas avoir de mal à trouver quelqu'un... » C'est vrai qu'il ne s'était jamais vraiment intéressé au passé de la Black, ne parlant avec elle que de livres et de cours, il ne connaissait sa vie que par les ragots qui circulaient dans Poudlard et se prétendait pourtant être son ami.

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La réaction de la brunette fut aussi soudaine qu'inattendue. Le jeune homme se stoppa dans son geste, la fourchette coincée en l'air entre son assiette et sa bouche, cette dernière légèrement ouverte sous le coup de l'émotion. Il ne s'attendait à tout sauf à cette animalité de la part de la belle. Il n'imaginait pas un seul instant qu'une jeune femme élégante et fière comme la Black pouvait avoir une si piètre opinion d'elle-même. « Arrête de raconter des conneries. » Le Serdaigle en reposa sa bouchée en fixant Eithlenn avec de gros yeux ronds. Il voulait tout simplement se penser pour être sûr de ne pas rêver. Ou alors il attendait à tout moment qu'elle éclate de rire pour lui montrer que ce n'était pas vrai, qu'en réalité elle arrivait en retard en cours tout les matins parce qu'elle ne pouvait détacher son regard de son image. Mais non, elle fronça les sourcils et lui lança un regard mauvais, par forcément contre lui plutôt pour appuyer ses dires comme si elle le défiait de lui affirmer le contraire. Sur le coup il était trop choqué pour lui répondre et elle enchaîna. « Si j'étais jolie, il y a deux ans, peut-être aurais-je eu mes chances avec toi. Si j'étais aussi belle que tes autres copines, oui, peut-être que quelqu'un m'aurait touché. »

Le jeune homme pencha la tête sur le côté en fronçant les sourcils complètement perdu. Il n'avait jamais remarqué que la Vert et Argent avait eu un faible pour lui et il se sentait soudainement mal à l'aise. Il ne voulait pas que son amitié avec elle soit gâchée par ce genre de sentiments, surtout pas quand il savait que pour lui, il ne lui était possible d'aimer qu'une seule fois dans sa vie. Si son cœur n'avait pas choisit Alesya depuis le début, il ne faisait aucun doute que le jeune homme aurait serait tombé sous le charme d'Eithlenn. Elle avait tout pour elle. Le prestige d'un nom, l'intelligence, la beauté, la pureté du sang (bien que ce dernier point ne soit pas des plus importants pour Nott). L'espace d'un instant son esprit divagua et il se rendit compte des détails qui, depuis des années, aurait dû lui mettre la puce à l'oreille. Les regards insistants, les sourires en coin, les rougissements qu'il n'avait jamais sut expliquer. Il aurait voulu se mettre des baffes pour avoir été aussi aveugle toutes ses années. Et lui qu'il l'avait appelé sa petite sœur de cœur, qu'il l'avait prit dans ses bras sans jamais se douter à quel point il pouvait la faire souffrir. Il était un ami pathétique et il s'en rendait compte que six ans plus tard.

Après un long moment de silence, le jeune homme glissa son regard sur le visage complètement fermé de son amie et se mordit l'intérieur de la joue. D'un geste tendre mais ferme, il lui saisit la main et la fit tourner sur son tabouret pour qu'elle se retrouve face à lui même si son regard était toujours aussi fuyant. Son autre main alla trouver sa joue et tout en la lui caressant du bout du pouce il força un regard. « Tu es jolie. » lui affirma-t-il d'un ton qui se voulait net et sans appel. Elle voulut ouvrir la bouche pour protester mais l'en empêcha en posant son index sur sa bouche comme on l'aurait fait pour un enfant qui allait encore protester à cause d'une punition injuste. « Tu es même très belle Eithlenn, mais tu es aussi mon amie et je n'ai jamais pensé à toi de cette manière. Mais si nous n'avions pas été aussi proche, tu aurais été l'une des premières filles que j'aurais essayé de draguer. » finit-il par lui glisser d'une voix calme et qui se voulait sincère. Après tout, ce n'était pas tout à fait faux, il fallait juste qu'elle le croit et pour cela il lui adressa un de ces regards dont il avait le secret, les sourcils légèrement froncés, un sourcil en coin et la tête penchée sur le côté. Finalement il se pencha vers elle et lui donna un très léger baiser sur les lèvres. Cela ne dura qu'une fraction de seconde puis il lui balança un sourire éblouissant. « N'en doute jamais plus. » lui ordonna-t-il gentiment tout en posant son front sur le sien, d'un geste qui se voulait plus amical qu'autre chose.

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Sur le coup, cela lui avait semblé être une bonne idée. Du moins, pas une très mauvaise et surtout pour lui, c'était assez innocent. Il voulait juste qu'elle se voit à travers ses yeux, qu'elle réalise à quel point elle pouvait être belle, surtout quand elle se mettait à sourire. Jamais il n'aurait pensé qu'elle paniquerait ainsi et qu'elle se mettrait à bégayer. « Tu... A... oui, voilà, je sais : arrête ! Me touche plus. » Il se sentit rejeté, une sensation qu'il ne connaissait pas vraiment à cause de son côté veela et cela n'était pas très agréable, mais surtout il se sentit bête. Il ne voulait pas passer pour un pervers profitant de la situation, il avait juste voulu la rassurer, lui prouver qu'elle n'était pas repoussante loin de là et que ces propos n'étaient pas que des paroles en l'air. Finalement il baissa la tête, un peu honteux de provoquer ce genre de réaction chez la jeune femme. Juste avant de poser son regard sur le bout de ses chaussures, il avait pût remarquer la couleur rosée que prenait les joues d'Eithlenn mais ne s'en préoccupa pas plus que cela, mettant plutôt cela sur le côté de l'énervement. Car c'était clair pour le jeune homme qu'elle lui en voulait de lui avoir volé son premier baiser. Même si on ne pouvait pas vraiment appeler ça un baiser vu la fraction de seconde qu'ils avaient passés collé l'un à l'autre.

« Je suis désolée, je n'aurais pas dû réagir de cette façon. » Il releva la tête intrigué, un sourcil légèrement haussé comme si de ce simple geste il l'invitait à continuer de parler librement. Elle posa une main sur son épaule et immédiatement, sans trop savoir pourquoi, ce geste le réconforta. Au final, elle n'était pas si fâchée contre lui. « On est amis non ? Si je ne me trompe pas, tu ferais un tas de choses, pour moi ? » Il ne prit même pas la peine de répondre à la question. Bien sûr qu'il était prêt à faire n'importe quoi pour lui faire plaisir. Comme il l'aurait fait pour n'importe lequel de ces amis. Ezechiel était ce genre de garçon qui était né dans l'opulence et tout lui avait été offert sur un plateau (bien que sa vie n'avait pas été toujours rose) mais il avait réussi à garder la tête froide et mettait toutes ses ressources (celles de son paternel en fait) en œuvre pour faire plaisir ceux à qui il tenait. Il hocha tout de même la tête pour faire comprendre à la Serpentarde qu'elle pouvait parler sans crainte et que s'il pouvait, il l'aiderait. Sans trop s'en apercevoir, la jeune femme s'était penchée vers lui et lui murmurait au creux de l'oreille : « Si tu le peux, recommence. Mieux que ça, même. »

Sur le coup, il cru qu'elle plaisantait et faillit lâcher un rire jaune. Mais elle était tout ce qu'il avait de plus sérieux et il se retint à temps pour ne pas la faire tomber dans l'embarras le plus total. Elle dû prendre sur elle pour oser formuler cette demande et il lui faudrait prendre ses pincettes les plus fines pour lui répondre sans la blesser. Lentement il tourna son visage vers celui, toujours penché près de son épaule, de la jeune femme et croisa ses yeux émeraudes. L'espace d'un instant il hésita alors à lui accorder son souhait. Après tout ce n'était qu'un baiser, et puis ils étaient seuls, personne n'en serait rien, et surtout pas Alesya. Et une partie du jeune homme avait terriblement envie d'être le premier à poser ses lèvres sur celles d'Eithlenn, une partie égoïste et quelque peu vantarde qui savait qu'il ne se passerait rien de plus mais qui avait terriblement envie de céder à la tentation. Il prit une longue inspiration et finalement craqua. Doucement il avança son visage et alors qu'il n'était plus qu'à quelques centimètres de la belle, il lui souffla. « Ferme les yeux. » Et sans lui laisser le temps de répondre quoi que ce soit, il déposa ses lèvres sur les siennes.

Gentiment au début, presque timidement, il prit rapidement de l'hardiesse et osa même glisser une main derrière la nuque de la belle pour l'attirer un peu plus contre lui. Ces lèvres étaient douces et fraîches à l'instar de ces joues qui semblaient être en feu. Il la sentit s'accrocher à lui et quelques secondes plus tard il dû briser l'étreinte, finissant par lui mordiller la lèvre inférieure. Il resta un instant sans bouger, laissant glisser son pouce le long de sa nuque, son front de nouveau appuyé sur celle de la jeune femme puis recula d'un pas sans oser croiser son regard. Il n'avait pas honte de ce qu'il avait fait, loin de là, ce n'était pas la première fois qu'il embrassait une fille sans avoir de sérieux sentiments pour elle mais c'était bien la première fois qu'il le faisait avec une amie. Une amie à qui il tenait de surcroît. Allait-elle le détester pour l'avoir fait sans rien ressentir ou ferait-elle comme si rien ne s'était passé ? Il osa un regard dans sa direction, anxieux de sa réaction.

L'embarras était de mise. Elle n'aurait pas dû formuler cet ordre si étrange à ses yeux. Devenait-elle stupide ? Il se pouvait bien qu'elle soit en train de compromettre leur amitié, qui lui était aussi précieuse que celle qu'elle entretenait avec Zane, même si ce n'était pas le même type de relation.
S'attendant à une réponse négative, ou voir même à un cracha bien placé de la part du Nott, Eithlenn fut consternée de le voir hésiter. Il semblait réfléchir, face à un léger dilemme qu'il partageait avec la jeune femme sans même le savoir : s'il le faisait, cela allait-il entacher leur amitié ? Ou continueraient-ils d'agir comme si de rien n'était, comme si ce n'était qu'un banal petit baiser ? Car, elle était certaine que personne n'allait être mis dans la confidence. Ezechiel n'était pas le genre de garçon à relater des histoires semblables à ses amis ou voir même, à des connaissances. Il lui faisait penser à Arsène, qui ressemblait à Ezechiel sur bien des points. D'ailleurs, ces deux-là étaient amis et elle espérait fortement que le Serdaigle n'allait pas en parler à son frère, au risque que ce dernier ne les poursuive et ne les frappe à coups de manche à balai.

Leurs regards se croisèrent, interrogateurs, terriblement hésitants et également craintifs. Ou en tout cas, elle, ressentait de la crainte. Peur de le perdre, ou encore qu'il la raille. Imbécile, ce ne serait pas ton ami depuis belles lurettes si il était là pour se moquer de toi. Oui, elle était idiote. C'était le premier garçon qu'elle avait aimé, il était évident qu'il avait parfaitement le droit de poser ses lèvres sur les siennes, de lui accorder ce service innocent, parce qu'ils n'ignoraient pas qu'il n'y aurait rien de plus entre eux.

A présent, le visage d'Ezechiel était près du sien. Devait-elle faire franchir ce pas elle-même, ou le laisser faire ? Ne fais rien si tu n'as pas d'expérience. La petit souffleur avait raison, pour ce soir. Elle devait suivre ce conseil et pas son instinct si imprévisible. Le délicieux ténor d'Ezechiel sonna. Elle adorait l'entendre parler, car en plus d'être beau, il avait une voix en or et surtout, réconfortante lorsqu'il le fallait. « Ferme les yeux. » Elle obéit sans même réfléchir.
Sans crier gare, les lèvres d'Ezechiel se posèrent sur celles d'Eithlenn, agréables et plus chaudes que les siennes. Puis, les choses s'accélérèrent lorsqu'elle osa répondre à ce baiser, délaissant la honte qu'elle pouvait ressentir et ne craignant même plus qu'il se fiche d'elle. Une des mains du veela se glissa derrière la nuque de la Black. En fait, c'était peut-être l'un des moments les plus agréables qu'elle aurait à passer à Poudlard cette année et ce fut sans même prévenir qu'elle l'enlaça, poursuivant sur sa lancée... avant qu'il ne brise l'étreinte, battant en retraite.

Elle resta un moment, là, à le contempler, sereine. Ses joues, un instant plutôt en feux, reprirent leur couleur habituelle et elle baissa les yeux vers le sol, ne sachant que dire, ni quoi faire. Ezechiel, quand à lui, fuyait son regard, à croire qu'il était voué à passer le reste de sa vie en Enfer pour ce qu'il venait de faire. Tenant à le réconforter - à sa manière - ses doigts fins se posèrent sur le menton du jeune homme et elle releva sa figure de sorte à ce qu'il la regarde sans ciller. « C'est rien, Ezy, pas la peine de fuir. Merci. Et c'est la dernière fois. » Lui pinçant le nez comme elle aimait tant le faire pour l'embêter, elle ajouta, douce et espiègle à la fois : « T'inquiètes, t'as la chance de pas avoir une petite-amie qui t'égorgerait si elle savait. »

Elle allait le tuer. Si elle l'apprenait, cela ne faisait aucun doute qu'elle voudrait le torturer, lentement, puis elle le tuerait d'un simple geste de sa baguette. Déglutissant difficilement, le jeune homme fixa un point invisible sur la tête et imagina toutes les tortures qu'Alesya pourrait lui faire subir si elle venait à apprendre ce qu'il venait de faire et dans chaque de ces scènes, il se voyait déposer de sa virilité avant de mourir dans d'atroces souffrances. Tout à ses pensées, il ne réalisa pas que la jeune femme qu'il venait d'embrasser essayait de reprendre contact avec lui. Il sentit ses doigts frais sur son menton et retourna immédiatement sur terre, ce qui était quand même plus agréable que d'imaginer comment il allait mourir. Elle planta ses yeux dans les siens, tentant de lui faire comprendre qu'il n'avait pas besoin de culpabiliser ou de paniquer, tout irait bien. « C'est rien, Ezy, pas la peine de fuir. Merci. Et c'est la dernière fois. » Il esquissa un sourire. En effet, ce serait sûrement la dernière fois qu'elle le verrait. Entier en tout cas. Lui pinçant gentiment le nez, elle ajouta pour plaisanter. « T'inquiètes, t'as la chance de pas avoir une petite-amie qui t'égorgerait si elle savait. » Sur ce coup là, il éclata franchement de rire avant de se reprendre et de toussoter faussement. Se servant un nouveau verre du whisky pur feu, il l'avala cul-sec avant de s'en servir un nouveau mais sans le boire celui-là. Il passa une main derrière sa nuque comme s'il était crispé puis se retourna de nouveau vers la Serpentarde qui semblait un peu effrayé par son petit manège.

L'alliance à son annulaire paraissait peser une tonne ce soir. Il essayait de se dire que ce n'était rien, que ce baiser ne signifiait absolument rien entre eux, que cela n'allait pas changer leur relation, qu'ils étaient avant tout un binôme d'enfer pour les cours. Mais il avait beau se répéter encore et encore ces excuses, elles sonnaient de plus en plus faux dans sa tête. « Ouais, pas de petite-amie, ça c'est sûr. » finit-il par laisser échapper en levant un peu son verre et de le boire. Pire que ça. Une femme. Il baissa les yeux vers sa main gauche et secoua la tête. Il faisait vraiment une affaire de ce baiser mais il n'arrivait pas à se convaincre que ce n'était rien. Et le pire dans tout ça, c'est qu'il était l'auteur de ce geste. C'était lui qui en premier avait posé ses lèvres sur celles d'Eithlenn, c'était lui qui avait voulu avoir cet honneur presque, d'être le premier à lui offrir son vrai baiser. Il avait été orgueilleux et maintenant il était assaillit de remords. Ridicule petit homme. Il fit tourner un moment le verre dans sa main puis finalement pris une décision. Il reposa le verre et se tourna encore une fois vers Eithlenn qui devait avoir le tournis à le voir tourner sur lui-même entre le comptoir et elle. Il prit une profonde inspiration et se ressaisit. Elle avait besoin de connaître la vérité. Enfin, ce n'était pas une nécessite de premier ordre mais au moins il ne se sentirait plus autant coupable s'il partageait son petit secret avec quelqu'un.

« Disons que c'est plus compliqué que ça. » Les explications partaient mal déjà. Il commençait à s'embrouiller alors qu'il n'avait même pas commencé. Prenant les mains de la belle dans les siennes, il les serra légèrement pour lui faire comprendre qu'il avait besoin de temps pour laisser sortir les mots et qu'il ne fallait surtout pas qu'elle le presse sinon il n'y arriverait jamais. « J'ai pas de petite-amie, disons que... c'est au-dessus de ça. » Il se mordilla la lèvre inférieure puis lâcha les mains de la Vert et Argent, trop confus et embarrassé pour en ajouter plus que ça. Il ne l'avait encore annoncé à personne et rêvait de le dire à tout le monde mais si cela venait à atterrir dans les mauvaises oreilles, ils auraient de sérieux ennuis. Il jeta un coup d'œil à Eithlenn et esquissa un sourire qui ne dura pas. Oui elle était digne de confiance mais les mots n'arrivaient tout simplement pas à trouver le chemin vers la sortie. Comment lui annoncer qu'elle venait d'embrasser un homme marié ? Ou plutôt le contraire, qu'un homme marié venait de lui offrir son premier baiser, la condamnant d'ores et déjà comme la maîtresse de ce dernier.

Tout de suite les grands mots.

Les choses étaient faites, la laissant dans un état de calme qu'elle n'avait pas précédemment. Eithlenn ne put s'empêcher de ressentir un grand soulagement à l'idée de ne pas être la petite Black qui n'avait jamais embrassé un garçon : au moins, on ne la condamnait pas à finir comme une nonne. Elle ne regrettait absolument pas ce qu'il venait de se passer entre eux et après tout, comme elle l'avait si bien dit, Ezechiel n'était pas en couple et n'avait pas trahi une quelconque fleur de l'école. L'espace d'un instant, elle se demanda pourquoi il n'en avait pas, lui qui était si beau. S'il n'aurait pas été semi-Veela, elle était certaine qu'il serait resté tout aussi séduisant. Secrètement, elle l'enviait, de posséder cet aura si attractive que peu pouvaient se targuer d'avoir. Piochant une friandise qu'elle fourra dans sa bouche avec décontractation, elle observa son ami qui venait de se servir un verre de whisky-pur-feu, l'avalant cul sec et s'en servant un autre sans cette fois, le faire finir le liquide dans son estomac. Il passa une main derrière sa nuque, geste qui confirma les soupçons d'Eithlenn : il y avait quelque chose qui le gênait, manifestement.

Eithlenn ignorait la nature de cette gêne apparente chez le Serdaigle et elle qui avait décidé de considérer ce baiser comme une futilité se voyait à présent avoir peur. De quoi ? Elle ne le savait pas mais elle allait sans doute bientôt le savoir. En tout cas, la situation ne lui plaisait guère, car soupçonner Ezechiel de lui cacher quelque chose n'était pas des plus agréables. « Ouais, pas de petite-amie, ça c'est sûr. » Les paroles de Nott la rassurèrent. Au moins, elle n'était pas la complice d'une petite tromperie, c'était déjà ça. Elle n'aurait pas aimé qu'on la pointe du doigt en l'injuriant, oh ça que non, parce qu'en vérité, l'auteur de ce baiser n'était autre qu'Ezechiel. Ce n'était pas elle qui avait fait le premier pas, elle en aurait été de toute évidence incapable. Eithlenn était bien trop pudique pour se permettre de commencer. « Ah bah ouais, ça fait moins de soucis, en plus. En plus, ça te donne le droit d'embrasser n'importe qui et plus, même, hein. » dit-elle en lui donnant un coup d'épaule amical en éclatant de rire. Le célibat offrait des libertés multiples et savoureuses, Eithlenn ne se plaignait pas de l'être. Avoir un petit-ami dans ses pattes, possessif et jaloux, c'était peu pour elle. C'était comme si on lui collait un second Arsène à ses trousses : tout juste horrible, à lui en donner des migraines toutes les heures.
Continuant de contempler Ezechiel, qui était à présent occuper à tourner son verre de whiskey entre ses doigts, le reposant ensuite sur la table. Son comportement était dès plus anormal, ou en tout cas, d'ordinaire, ce n'était pas l'attitude qu'il adoptait. S'il continuait ainsi, elle allait finir par le trouver étrange et lui offrirait sans doute un petit séjour à l'infirmerie, plus s'il était nécessaire.

« Disons que c'est plus compliqué que ça. » finit-il par dire en saisissant les mains de la Serpentard dans les siennes, les serrant légèrement. L'idée absolument ridicule de lui dire que rien n'était compliqué et que c'était ses actes qui compliquaient tout lui traversa l'esprit, mais elle se retint de le dire. Apparemment, ce n'était pas le moment de sortir une phrase d'imbécile sur le ton de la plaisanterie et à en voir l'expression mortifiée d'Ezechiel, ce qu'il s'apprêtait à lui annoncer n'était guère destiné à la faire mourir de rire. Eithlenn décida donc de se taire : c'était largement plus intelligent et approprié. Elle était là pour l'écouter et non pour l'interrompre et le rendre encore plus gêné qu'il semblait l'être. On avait l'impression qu'ils avaient échangé les rôles en l'espace de quelques minutes. « J'ai pas de petite-amie, disons que... c'est au-dessus de ça. » Eithlenn arqua un sourcil, tandis que l'autre se mordillait la lèvre inférieure, signe distinctif de remords. Lâchant ses mains, il eut néanmoins un sourire qui disparut presque aussitôt qu'il était apparu. Elle le lui rendit, mais ne le fit pas disparaître, contrairement à lui. La jeune femme désirait l'encourager à en dire plus sans pour autant le stresser. Mais constatant qu'il n'était pas prêt de continuer sur sa lancée, elle le fit à sa place. « Qu'est-ce que t'as, Ezechiel ? Ton père t'a trouvé une fiancée ? » C'était possible. Il appartenait à une famille de sang-pur qui se trouvait du côté obscur de la force, ainsi, Eithlenn avait toujours pensé envisageable le fait que le père d'Ezechiel le contraigne à épouser une fille du même rang. Rien que d'y penser lui faisait mal : ses parents à elle, ne l'y forcerait jamais. Son père était un grand pacifiste, tandis que sa mère, bien que virulente, était gentille et compréhensive, elle savait que les mariages de convenances échouaient bien souvent.

Il ne savait pas pourquoi il s'était mis à parler d'Alesya. Peut-être était-ce la culpabilité qu'il ne voulait pas garder pour lui, histoire de partager un peu avec Eithlenn, trop généreux pour garder ses problèmes pour lui. Alors que tout aurait été si simple s'il avait arrêté de parler ou bien qu'il avait simplement changé de sujet. Oui, ils en auraient rigolé dans quelques semaines et tout aurait été pour le mieux. Mais non, il avait fallait qu'il sorte cette phrase débile et maintenant il était coincé. Il se devait de lui dire mais il avait aussi promis à Alesya qu'il garderait le secret. Sauf bien sûr pour Saffra parce que c'était sa meilleure amie et qu'ils partageaient tout depuis le début alors qu'Eithlenn... c'était plus compliqué que ça. Il l'aimait bien, passait de bons moments avec elle mais il n'y avait pas la complicité qu'il partageait avec la Rouge et Or. Il avait envie de lui faire confiance mais elle était à Serpentard et même si son frère était son meilleur ami il ne la connaissait pas assez bien pour lui avouer ce genre de choses. Si elle se mettait à le dire partout, et bien premièrement le descendante Lestrange lui arracherait sûrement la tête et puis ils essayeraient de les séparer parce que dans un monde de revanche, deux gamins qui ne partagent pas les mêmes idéaux ne peuvent pas rester ensemble. Triste réalité. Et s'il y avait bien quelque chose que le jeune homme ne pouvait pas se permettre de perdre c'était Alesya.

Ezechiel se perdit encore un moment dans le fond de son verre avant de prendre les mains de la Vert et Argent mais les mots restèrent bloqués dans sa gorge tandis que toutes ces pensées tournaient en rond dans sa tête. Il était coincé, il était obligé de lui dire la vérité ou bien... « Qu'est-ce que t'as, Ezechiel ? Ton père t'a trouvé une fiancée ? » Instinctivement il secoua la tête de droite à gauche, lui signifiait que ce n'était pas ça. Débile. Il aurait pût tout simplement lui faire croire que c'était ça. Que son père lui avait trouvé une promise, qu'elle ne fréquentait pas Poudlard mais une autre institution magique et qu'il ne l'avait encore jamais vu. Mais non, il lui avait fait comprendre que ce n'était pas le cas et maintenant il ne lui restait plus qu'une chose à faire. Il se racla la gorge et affronta le regard de la jeune femme qui se faisait tellement compréhensif. Il aurait voulu lui dire mais il ne pouvait pas, pas encore du moins. Il lâcha alors ces mains, passa ses doigts dans ses cheveux -ce qu'il faisait toujours pour éviter une conversation- et finalement attrapa son verre et le finit d'un trait. « Non, c'est plus compliqué que ça. » Il se mordit l'intérieur de la joue. Il en disait trop, comme toujours. Finalement il se leva, tourna le dos à la jeune femme et dans un soupir fit le tour de la table et se dirigea vers la porte qui menait au couloir. « Le truc c'est que... je ne peux pas t'en parler. C'est vraiment... » Compliqué oui, il l'avait déjà dit mais il ne trouvait pas un autre mot pour qualifier le genre de relation qu'il entretenait avec la Vert et Argent.

Finalement, comme un voleur, il se dirigea vers la porte et sans même adresser un dernier regard à la Black s'enfuit tout simplement de la cuisine. C'était une solution comme une autre après tout, la fuite. Il y avait bien une raison pour laquelle il n'était pas chez les Gryffondor et ce soir il le prouvait bien. Il savait aussi que la jeune femme n'allait pas lâcher aussi facilement l'affaire mais il pouvait toujours essayé, s'il arrivait à atteindre les marches du grand hall avant qu'elle ne le rattrape alors il lui suffirait de prier assez fort pour les escaliers lui bloquent le passage et lui laisse quelques minutes d'avance. Enfin, c'était sans compter sur leur prochaine rencontre qui allait être amusante si elle arrivait à le coincer dans un couloir pour lui soutirer des aveux. Mais pas maintenant, pas ce soir. Il trouverait sûrement une excuse pour la prochaine fois.