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Les yeux dans les yeux avec le ciel encore empli d’étoiles je laissai divaguer mon esprit au travers des couloirs du château. Assise sur les marches qui faisaient la liaison entre le hall d’entrée et le parc de l’école je profitais du calme ambiant pour griller une petite cigarette, bien sûr c’était interdit dans l’enceinte de l’école mais je ne pouvais pas m’en passer et puis il était clair que personne ne viendrait faire un tour dans cet endroit du château à cette heure-ci, en effet il était à peine quatre heures du matin et même le concierge dormait à point fermé en ce moment. Toutes les filles de mon dortoir hallucineraient si elles savaient à quelle heure il m’arrivait de me lever… Mais c’était comme ça, lorsque les cauchemars ne me laissaient pas tranquille je n’avais plus d’autre choix que celui de quitter ma chambrée. Je ne voulais pas déranger les filles et puis en général l’air frais suffisait à faire disparaitre ces horribles scènes de mon esprit. Heureusement c’était bien plus évident à faire que de me calmer quand le son prenait la place de l’image. Les souvenirs de l’opération, ou devrais-je dire, ce que j’avais imaginé en me souvenant de tous les visages des chirurgiens faisaient beaucoup moins réels que leurs voix dans ma tête… Peut-être parce qu’à l’origine ce n’était pas mon imagination qui avait créé ces voix, c’était le vrai ton du chirurgien, de l’infirmière, de cette saleté d’anesthésiste qui ne savait pas faire son travail correctement, tout cela était bien réel, à la base. Mais un cerveau d’enfant traumatisé faisait parfois d’étranges choses et, à vingt ans j’en faisais encore les frais à mon grand désespoir.

Le calme me faisait du bien, tirant une taffe je laissai doucement s’échapper la fumer qui sortait de ma bouche, s’élevant vers le ciel avec une lenteur déconcertante elle finit par disparaitre dans le reflet de la lune. Je soupirai doucement nostalgique, à une époque je pensais que tous les problèmes que je pourrais avoir pouvaient disparaitre ainsi. J’avais appris à mes dépends que c’était bien plus compliqué. Ecrasant mon mégot sur le recoin d’une marche je m’appuyai contre celle du dessus et fermai les yeux. Le froid qui me mordait le visage me tenait éveiller et me permettait de garder ma lucidité, c’était pour cela que j’aimais l’hiver, mes crises étaient beaucoup moins importantes en général en cette saison. Peut être parce que le froid me faisait redescendre sur terre plus vite, calmait les tensions, penser à autre chose aux froid glacial qui brulait la peau, c’était la solution que m’avait proposé ma psychologue, malheureusement c’était bien plus facile à dire qu’à faire mais c’était déjà un début et je remarquais qu’elle avait raison. Ma sœur restait malgré tout le meilleur remède, j’en étais désolée, terriblement désolée pour elle. Parce que, s’occuper de sa sœur à moitié cinglée ça ne devait pas être facile tous les jours… Je ne voulais pas qu’elle s’empêche de faire des choses pour veiller sur moi. Même si j’étais pareille de mon côté, cela devait être comme ça quand on aimait quelqu’un aussi fort que j’aimais Ewi. Le bonheur de l’autre passait avant tout… Parfois je me disais que ce discours ressemblait à celui de partenaires, d’amants je voulais dire… Mais la relation que j’avais avec ma jumelle était encore plus forte que tout ça…

Rouvrant les yeux, je commençais à frissonner. J’avais décidemment eus tort de ne pas prendre de veste en sortant… Mais, têtue et surtout énervée j’avais trop chaud pour y penser… J’étais sortie seulement vêtue d’un short en jean déchiré et d’un sweat aux couleurs de l’équipe de Quidditch de mon père, je devais avouer que c’était totalement idiot, surtout pour le short à vrai dire car ce sweat était bien confortable en fait. Une fois le calme revenu dans mon esprit je remarquai que je m’ennuyais beaucoup en réalité… J’avais bien fais de prendre un livre pour m’occuper. Le sortant j’allumai une nouvelle cigarette et me plongeai dans cet ouvrage d’étude des moldus qui me faisait perdre la tête depuis que je l’avais découvert dans la bibliothèque. C’était une véritable mine d’information j’avais l’impression que je n’arriverai jamais à apprendre tout ce qu’il avait à m’offrir. En fait je pense que de loin l’étude des moldus était la matière qui m’intriguait, m’intéressait le plus, et de loin… Pourtant la plus part des élèves trouvaient ça idiot, je comprenais leur point de vue mais ne leur demandais pas leur avis. C’était comme pour tout, s’ils étaient d’accord c’était bien, sinon, tant pis je n’allais pas me faire un sang d’encre juste parce que je ne jouais pas le mouton. La vie n’était pas un long fleuve tranquille mais parfois des petits moments comme ceux-ci faisaient beaucoup de bien… Je les partageai habituellement avec ma sœur mais j’avais décidé de la laisser tranquille, pour une fois… Il fallait bien qu’elle prenne soin d’elle.

Calliope avait toujours été là pour moi, toujours en train de se priver, tantôt de sommeil, tantôt d’histoire d’amour ou je ne sais quoi d’autre, pour me protéger ou pour subir mes insomnies, pour une fois je la laisserai dormir, je devais juste tenter d’être rentrée avant qu’elle ne se réveille pour qu’elle ne s’inquiète pas… J’avais l’impression d’être un poids mort pour elle parfois mais je ne pouvais pas me passer d’elle, voilà tout… Je me souvenais encore de la première fois où nous nous étions réveillées l’une séparée de l’autre, cela avait été un grand choc, je crois que nous avions pleuré, puisque c’était comme une nouvelle vie qui commençait… Au début nous avions l’impression que jamais nous serions aussi proches qu’avant mais la vérité était toute autre… Nous nous étions encore plus rapprochées et, comme pour passer autant de temps l’une avec l’autre qu’à l’habituelle nous nous écartions encore plus des autres, pour garder cette complicité qui nous liait depuis le début… C’était ainsi. Le fait était que personne ne comprenait cette relation qui nous liait, mais ce n’était pas étonnant, je doutais qu’un seul des élève du château n’ai vécu la même aventure, si l’on pouvait dire ainsi, que nous. C’était ce qui faisait notre force, mais grandir sans être comprise des autres, sans être liées aux autres cela avait été difficile, même nos professeurs, avant notre entrée à Poudlard ne trouvaient pas ça normal, pensaient que cela mettait un frein à nos capacités, comme si nous n’étions pas plus fortes ensemble…

Je finis par refermer mon livre et le poser près de moi, je venais d’entendre un bruit. Je faillis jeter ma cigarette au loin mais je remarquai que ce n’était qu’un oiseau qui s’envolait. Je savais bien qu’il n’y avait que très peu de chance pour qu’un membre du corps enseignant n’arrive mais c’était dans mon caractère, j’étais inquiète de nature surtout lorsque Ewi n’était pas là, et oui encore elle… Tirant une nouvelle bouffée de nicotine je détendis mes jambes pour faire disparaitre les fourmillements qui les traversaient de part en part. J’avais l’impression d’être assise depuis des heures et pourtant je l’aurais remarqué, le soleil ne se levait pas, toujours pas. J’avais comme l’impression que le temps n’avançait pas. Soudain j’entendis une voix grave m’interpeler, sursautant brutalement je me tournai vers cet homme que je prenais pour un professeur. Remarquant que c’était tout sauf un prof je laissai échapper un léger rire nerveux… « Aymeric ! Tu m’as fait peur ! J’ai cru que j’allais faire une crise cardiaque ! » Lâchai je avec un grand sourire. J’étais contente de le voir ici, peut être que le temps passerait un petit peu plus vite en sa compagnie. Car cette dernière était bien agréable pour tout avouer. Avec Aymeric cela pouvait paraitre étrange parfois. Nous n’étions qu’amis mais nos paroles laissaient penser qu’il se passait autre chose, je ne le pensais pas vraiment mais tout le monde avait son mot à dire dans ce château. L’invitant à s’asseoir près de moi je tirai une dernière bouffée sur ma cigarette avant de l’écraser non loin de l’autre. Il faudrait que je pense à faire bruler mes mégots avant de partir, sinon je ne donnais pas cher de ma peau. « Oui c’est mal de fumer j’avoue ! » Dis-je doucement en haussant les épaules. Je savais bien qu’il n’aimait pas me voir addictive à la nicotine, il me l’avait souvent dit, cela ne me faisait pas changer sur le fait que je ne pouvais pas m’en passer.

Malgré tout, le fait qu’il soit là m’inquiétait un peu, je me doutais qu’il n’arrivait pas à dormir et sa mine fatiguée me laissait deviner que ce n’était pas vraiment de son plein grès… Je me tournai vers lui et lui demandai doucement en détaillant son visage du regard « Des mauvais rêves ? » S’il ne voulait pas en parler j’accepterai sans ronchonner mais j’étais bien placée pour savoir que parfois cela pouvait faire du bien, mais aussi pour avouer que l’on avait raison de préférer ne rien dire concernant les rêves que je faisais parfois… Cela aurait été hypocrite de lui en tenir rigueur dans ce cas.

En effet il n’avait pas l’air d’avoir envie de s’ouvrir, il acquiesça doucement avant de décider de changer de sujet reportant son attention sur moi. Je fis un léger sourire, c’était tout à fait le genre de conversations que je pouvais avoir avec Aymeric, toujours en train de nous concentrer l’un sur l’autre, à la fin plus personne ne parlait même si je me confiais plus facilement à lui qu’à quiconque d’autre qui ne partageait pas mon sang, par là je parlais bien sûr de ma sœur et de mes parents. Puisque après tout nous avions aussi une relation privilégiée aussi… Ils nous avaient toujours surprotégées, nous avaient laissé passer tous nos caprices mais ils étaient très ouverts aussi, s’ils n’étaient pas du genre à ne jamais nous punir ils faisaient en sorte que nous puissions tout leur dire, enfin surtout maman. Elle était beaucoup moins sérieuse que papa parfois, et nous couvrait souvent quand nous avions fait une bêtise. Elle avait toujours été comme ça maman… Enfin, du coup, j’avais du mal à me confier à d’autres personnes. Pourtant avec Aymeric cela me réussissait plutôt bien. Il y avait quand même des sujets que l’on n’abordait pas, ou bien que très peu, et c’était toujours en rapport à ce qu’il se passait la nuit pour chacun de nous. Non, le sujet de nos conquêtes n’était pas tabou mais plutôt le sujet de nos cauchemars… Il n’en parlait pas beaucoup, j’estimais que c’était son droit, quant à moi je ne lui avais jamais parlé des miens, surtout ceux qui concernaient l’opération. Je ne lui parlais jamais de mes problèmes psychologiques non plus, il était au courant bien sûr comme tout le monde dans ce château mais je n’en rajoutais pas, il n’était pas au courant de mes crises fréquentes, il n’était pas au courant non plus de ces cauchemars et c’était mieux pour tout le monde… Je n’aimais pas intégrer les gens à mes problèmes, et surtout pas lui qui en avait déjà assez à mon avis…

Sortant de mes pensées je me tournai vers lui : « Des mauvais rêves, comme d’habitude et comme toi ! » Lâchai-je doucement avec un sourire. Je ne voulais pas non plus m’attarder sur le sujet, je pense qu’il comprenait aussi que je n’avais pas trop envie de m’attarder sur le sujet, mais bon je savais aussi qu’il n’aimait pas me voir embêtée, ou triste, comme je n’aimais pas le voir ainsi non plus… Pourtant je ne dis rien d’autre et me contentai de jeter mon regard dans la forêt interdite qui s’étendait à perte de vue autours du château. Je commençai à frissonner doucement et repliai les jambes contre moi pour faire passer mon sweat au dessus comme je faisais quand j’étais enfant et que la présence de ma sœur me manquait. Me tournant vers le jeune Poufsouffle je lui fis un sourire et demandai doucement : « Tu n’as pas froid ? Je pense que l’hiver ne va pas être très chaud cette année… » C’était légèrement bateau comme remarque mais en même temps il n’y avait pas grands choses à dire sur cette nuit et surtout, je ne savais pas trop quoi dire, chacun de nous ne voulait pas que la conversation porte sur sa personne alors cela réduisait sensiblement le champ des possibilités. « Tu comptais déjà faire un tour sur les marches ou tu allais faire autre chose quand tu m’as aperçue ? » Demandai-je à nouveau en glissant mes doigts le bras d’Aymeric. Tournant le visage vers lui je demandai doucement : « Tu as l’air perdu dans tes pensées, tu es sur que tu vas bien ? » Si j’étais inquiète pour lui ? Bien sûr que je l’étais ce n’était pas comme si j’étais inquiète pour toute personne que je croisais… Mais là, son visage m’inquiétait vraiment, il n’avait jamais été particulièrement souriant en temps normal mais je ne sais pas si c’était la fatigue ou autre chose mais cela m’inquiétait tout de même.

Lorsqu’il acquiesça à mes paroles je remarquai qu’il n’était pas non plus particulièrement vêtu, enfin, s’il n’avait pas eus l’intention de sortir du château cette tenue n’était pas trop folle, mais le fait était qu’l était là et qu’il ne devait pas avoir beaucoup plus chaud que moi. Personnellement, je ne savais pas ce qu’il m’avait pris de ne pas plus m’habiller, le short c’était vraiment une mauvaise idée. Mais le froid ne me faisait pas tant souffrir que ça en général, mais ce n’était pas comme si j’avais été plus habituée que d’autre au froid, j’étais née à Londres, pas de gelées la moitié de l’année, encore moins de températures aussi basses que prêt du pole arctique mais j’aimais beaucoup le soleil, hors de question d’échanger mon petit confort anglais contre un climat glacial. Pour moi le froid signifiait aussi les fêtes de fin d’année et surtout la nouvelle année, un moyen de tout recommencer à zéro, enfin la nouvelle année c’était toujours et surtout la super fête du réveillon. Et ce même si Calliope était bien plus encline à faire la fête que moi je ne refusais jamais d’en faire une. Et puis après tout, faire la fête cela pouvait réchauffer l’atmosphère. Mon Dieu, qu’est-ce que je pouvais aller loin en pensant ainsi quand j’étais fatiguée. Il fallait dire que le sommeil ne laissait un peu tomber en ce moment, et quand je le trouvais cela ressemblait plus à une tempête qu’à autre chose.

Mais Aymeric n’avait pas l’air d’avoir des pensées aussi inutiles que les miennes, je ne pus m’empêcher de me trouver idiote de me plaindre de mes petits tracas liés au froid et au manque de sommeil alors que lui allait mal derrière son regard impassible. Pas plus que d’habitude… Ce n’était pas vraiment rassurant même si son sourire pouvait le laisser penser. Faisant la moue quelques secondes après ses dernière paroles je finis par entourer ses épaules de mes bras comme si cela pouvait faire disparaitre tous ses tracas.« Tu n’as pas à te sentir coupable Aymeric… » Je ne savais pas vraiment comment lui faire comprendre que premièrement il n’aurait rien pu y faire et que secondement il ne fallait pas qu’il se réfugie dans le passé… Cela ne pouvait que lui faire du mal et surtout je ne voulais pas qu’il ait mal, je détestais ça. L’embrassant sur la joue je finis par me lever et m’accroupir devant lui. Prenant son visage entre mes mains je le regardais dans les yeux et repris doucement : « Bien sûr que tu voudrais changer les choses, qui le ne voudrais pas ? Mais je t’en prie Aymeric, ne te fais pas de mal comme ça… » Je me sentais tellement hypocrite de lui dire ça, je n’étais pas mieux mais je voulais faire en sorte qu’il aille mieux… Non je n’avais pas le droit de dire ça en vérité mais je n’étais pas la meilleure pour tout ça. Je n’arrivai pas à transformer les pensées dans ma tête en mots, je ne supportais pas être impuissante comme cela.

En plus, il ne parlait pas souvent de cela, et je me maudissais de ne savoir quoi faire pour le soulager un peu. Je me doutais bien que ce n’était pas quelques paroles venant de ma personne qui allaient faire disparaitre toutes ses blessures mais j’aurais tellement voulu l’aider ne serait ce qu’un peu. Mais ce n’était pas si facile que ça. « Je ne sais pas ce que je pourrais te dire Aymeric mais je n’aime vraiment pas te voir comme ça… Même si tu dis que ça va… J’suis peut être paranoïaque mais j’ai vraiment l’impression que tu ne vas pas bien… »

Moi qui ne voulais pas être trop envahissante en étant trop protectrice envers lui j’avais décidemment beaucoup de mal à m’en tenir à ce que j’avais prévu. En plus, je le connaissais assez pour savoir qu’il n’aimait pas être considéré comme fragile, parce qu’il ne l’était vraiment pas mais c’était plus fort que moi… C’était peut être pour cacher mon trouble que je m’occupais plus des autres, je n’en avais aucune idée ou alors ma psychologue déteignais plus que je croyais sur ma personnalité. Mais, pour ne pas l’embêter plus que je ne le faisais déjà je me rassis à ma place et me contentais de le regarder une étincelle d’inquiétude cachée sous un masque de tendresse. Je ne voulais plus y penser parce que sinon cela ne finirait surement pas par des éclats de joie. Et ce même si jamais le ton n’était monté entre nous. Nous nous ressemblions un peu dans le fait que nous étions assez secrets par rapport à certaines choses… Mais les raisons de ce mutisme étaient bien différentes. C’était surement pour cela que je n’arrivais pas à l’aider. Il fallait de toute façon que je me fasse une raison, tant pis. Enfouissant mes mains dans mes poches après avoir secoué doucement la tête je laissai mes cheveux réchauffer même un tout petit peu ma nuque. La nuit était vraiment fraiche c’était a pleurer. Après avoir écouté à nouveau ses paroles je haussai doucement les épaules et repris doucement : « Et bien je ne sais pas, normalement Calliope est avec moi mais là j’ai préféré la laisser dormir. »

Laissant sortir la buée liée au froid de ma bouche comme je cracherai la fumée de ma cigarette avant de reprendre en montrant le livre que j’avais déposé sur les marches : « Sinon j’aurais continué à bosser… Avec les ASPICs à la fin de l’année faut bien que je me bouge un peu ! » Bien que je n’ai pas vraiment besoin de faire des tonnes d’efforts pour avoir de bonnes notes j’avais bien l’intention d’avoir des notes exceptionnelles à mes derniers examens à Poudlard et ce même si je devais travailler jour et nuit pour ça. C’était mon avenir qui se jouait, le fait était quand même que je me disais ça depuis mon plus jeune âge. Ce n’était pas pour rien que j’avais été répartie dans la maison des bronze et bleu. Soufflant à nouveau de la buée je me tournai vers Aymeric en soufflant sur ses cheveux : « On dirait le vent de la mer du nord qui fait se soulever tes cheveux ! » Je ris doucement, je n’étais pas particulièrement censée à cette heure-ci et cela me rappelait aussi de beaux souvenirs de vacances en famille… Parfois pendant l’été nous prenions une semaine juste nous quatre pour se ressourcer, cela faisait beaucoup de bien même si c’était bien rare puisque papa n’avait pas vraiment de vacances…

La vie de famille n’avait jamais été très développée, nous nous adorions mais, depuis que nous étions à Poudlard c’était différent. Mon père avait les championnats de Quidditch, nous les cours, parfois, nous ne rentrions même pas pendant les vacances même si nous le faisions la plus part du temps… Nous tentions de suivre le plus souvent possible notre père dans ses voyages, notre amour du Quidditch nous y aidait beaucoup aussi. C’était toujours plus qu’impressionnant de le voir évoluer dans les airs, il avait toujours été très fort, et il avait donné le gène de la gagne à ses deux filles, cela réussissait à nous rapprocher malgré tout. Et puis, il fallait aussi avouer qu’il y avait largement pire chez d’autres, nous avions la chance d’être toujours tous là, d’être, à peu près du moins, en bonne santé, de ne pas nous entretuer à chaque repas de noël ou d’anniversaire… Oui, nous avions de la chance, beaucoup de chance. Parfois du coup je me disais que tout pouvait s’écrouler j’aurais quand même ma famille pour m’aider, pour me permettre de me relever et d’avancer encore et encore. Chose qu’ils avaient fait depuis ma plus tendre enfance, je ne pourrai jamais les remercier assez.

Ils l’avaient fait aussi pour ce qui concernait mes études, c’était surement cela qui faisait que je faisais autant d’efforts pour être la meilleure, et enfin, j’arrivais à la fin de tout ça. Bien sûr je doutais arriver à entrer dans la vie active, à peine sortie de l’école mais cela serait déjà ça de fait. Je visais l’excellence pour mes ASPICs, j’aurais ainsi le choix de mon avenir, et j’aimais avoir le choix. Comme ça je pourrais faire ce que je voudrais, et je ne supporterai pas de ne pas avoir ce que je voulais alors il fallait bien que je me donne les moyens d’y arriver. J’avais toujours été comme ça, motivée par mes désirs, je ne supportais pas de ne pas arriver à mes fins. Je fis un léger sourire lorsqu’il fit remarquer que je n’aurais surement pas de problème avec mes examens. Haussant les épaules je répondis : « Je devrais y arriver mais j’ai peur de perdre tous mes moyens le jour J… Ca serait bien mon genre tiens !» Par cela je pensais bien sûr à ces voix qui pouvaient apparaitre à tout moment à partir de la seconde où je me stressais un petit peu trop… C’était une véritable plaie. Je le vis frissonner, lui aussi n’avait pas très chaud apparemment et avant que je ne puisse lui proposer de rentrer il prit la parole, les grands esprits se rencontrent. Je le vis sourire, je ne pus m’empêcher de faire de même. J’aimais le voir sourire, c’était un peu le soleil de ma journée même si l’astre solaire n’était pas encore vraiment levé… « Oui tu as raison, on gèle ici ! Rentrons… » Repris je en le précédent dans le hall. Nous marchâmes quelques secondes en silence, pour ne pas attirer l’attention sur nous et finalement je trouvai une salle vide, surement désaffectée qui était assez chaude. L’invitant à entrer je fermai la porte derrière nous et lançai un lumos rapide pour nous éclairer un petit peu. « On devrait être tranquille là, je n’ai pas vraiment envie de me faire griller par le concierge ! » Dis je avec un léger rire. Je n’avais rien contre ce dernier mais je ne voulais pas non plus me faire réprimander…

M’asseyant sur le bureau qu’avait dû occuper un professeur de métamorphoses ou d’histoire de la magie quelques années auparavant je laissai pendre mes jambes et les fis se balancer un peu comme poussée par un courant d’air imaginaire. La salle était assez chaude et je commençais vite à ne plus frissonner. C’était tout de même plus agréable pour discuter que d’être dehors dans le froid de l’hiver anglais, et ce même si j’avais toujours apprécié me trouver à l’extérieur, je devais avoir quelques tendances claustrophobes parfois… Mes yeux brillèrent dans l’obscurité ambiante alors que je déposai ma baguette sur la table près de moi, aveuglée quelques secondes par la lumière magique je clignai des yeux deux trois fois pour faire disparaitre les étoiles qui parcouraient mon champs de vision avant de regarder à nouveau le jeune poufsouffle qui s’était appuyé contre un mur non loin de moi. J’avais toujours aimé parler avec lui, parce que c’était plus facile mais aussi parce que j’oubliais toute ma timidité, ou la plus part, j’avais la bonne impression qu’il ne me jugerait jamais et que je n’aurais pas à subir des remarques cruelles de méchanceté gratuite… Puisque c’était ce que je redoutais à chaque fois que j’approchais quelqu’un. Le jugement des autres prenait bien trop d’importance à mes yeux… Ce n’était pas nouveau mais j’aurais préféré l’éviter… J’enviais Ewi de ce côté-là, j’avais l’impression que tout le monde l’appréciait, elle se faisait des amis si facilement… J’étais souvent dans son ombre de ce côté-là… Cela aurait pu entrainer de la jalousie mais il n’y avait pas de ça entre nous… J’étais juste agacée de ne pas être pareille mais nous étions deux personnes à la psychologie bien différente alors c’était plutôt normal après tout. En attendant, parler avec Aymeric m’avait toujours aidé à m’ouvrir un peu aux autres sans choisir sans cesse mes mots pour être celles que les autres attendent. Etre moi et puis c’est tout. C’était beaucoup mieux de ne pas avoir sans cesse peur, c’était plus que fatiguant à force en plus…

Lorsque Aymeric reprit la parole je ne pus m’empêcher de laisser échapper un léger rire amusée, il était vrai que dans cette école chaque geste pouvait être mal interprété… J’en avais déjà fait les frais et je pensais bien que lui aussi. Mais après tout, nous étions tous des ados et c’était plutôt normal de voir des amourettes partout… « Oui je suis sure que nous aurions étés de toutes les conversations à peine le petit déjeuner arrivé ! » Dis-je doucement avec un sourire. Chose que je n’aurais personnellement pas supporté, sentir tous les regards sur moi c’était impossible à imaginer… J’aurais de suite perdu mes moyens, aurais trébuché ou aurais commencé à entendre à nouveau toutes les voix qui semaient la zizanie dans mon esprit. Rien qu’en y pensant j’entendais déjà leurs murmures dans ma tête. Secouant la tête les maudissant et les menaçant silencieusement je me déconcentrai d’elles espérant qu’Aymeric n’aurait pas remarqué ce trouble qui avait pris le contrôle de ma personne. Refaisant un sourire pour dissiper ses doutes si jamais il en avait je haussai les épaules après ces nouvelles paroles. Ni l’un ni l’autre n’avions beaucoup de chance en amour, j’aurais pourtant adoré vivre une histoire d’amour comme dans les contes de fées qui se finissaient par « et ils vécurent heureux et eurent beaucoup d’enfants » mais ce n’était pas vraiment fait pour moi apparemment. Après tout ce n’était pas si grave, je vivrai mon heure de gloire malgré tout et ce n’était pas quelques déconvenues qui allaient me faire changer d’avis sur le fait que quelqu’un pour moi se trouvait sur cette terre. « Oh bah écoute, tu me connais ce n’est jamais très intéressant de mon côté… Je dois être trop timide pour ça ! » Lâchai je en souriant pour dédramatiser mes paroles. Après tout ce n’était pas bien grave mais j’avais besoin de quelqu’un qui prenne soin de moi et Ewi n’était pas toujours là et puis ce n’était pas son rôle de supporter les crises de nerfs de sa sœur à chaque instant. J’avais besoin de m’appuyer sur quelqu’un mais je savais que ça arriverait un jour ou l’autre. Il fallait juste prendre sur soi en attendant. « Et toi ? Combien de minettes te courent après en ce moment ? » Repris je en souriant.

Il y avait longtemps que le jaune ne s'était pas posé et n'avait pas discuter ainsi simplement depuis des semaines. Il évitait souvent la discussion et préférait s'enfuir plutôt que de parler de tout et de rien. Il n'aimait pas parler de lui alors forcément il tentait toujours de trouver d'autres sujets de conversation mais ce n'était pas toujours évident parce qu'il n'aimait pas non plus écouter les autres se plaindre. Il était au final assez compliqué comme garçon. C'était sans doute pour ça qu'il avait toujours du mal à parler aux gens. Il était trop peu bavard et se reprochait trop de chose pour se sentir à l'aise avec tout le monde. Thalie était l'une des rares personnes avec qui il avait des affinités avec qui il se sentait capable de vider un peu son sac. Il la considérait comme une sœur. Il avait déjà des sœurs bien sûr mais c'était encore différent de sa vraie famille. Thalie c'était un peu la petite sœur qu'il n'avait pas. Il avait toujours envie de la protéger et de faire en sorte qu'elle aille bien.

Il songea à ce qu'il venait de dire, ça aurait pu être suspect de les voire tous les deux à l'infirmerie. Ça en aurait fait jaser plus d'un. Il aimait beaucoup la bleue mais n'aurait pas pu sortir avec elle c'était trop étrange pour lui de s'imaginer au bras de la jeune femme même si elle était tout à fait son genre. Il n'était pas du genre à changer de partenaire toute les cinq minutes bien au contraire. Il évitait les femmes et les histoires d'amour. Ce n'était pas son truc et de tout façon il faisait toujours en sorte de tout gâcher donc ces histoires ne duraient jamais bien longtemps. Thalie était assise sur un vieux bureau et il s'était poser contre un mur et avait croiser les bras. Il sourit lorsqu'elle lui dit qu'ils auraient été sujet de toutes les conversations s'ils avaient fini tous les deux à l'infirmerie.
« Oui ils sont tellement obnubilé par les potins que ça en devient pathétique.»
Le sujet fâcheux, Aymeric se demandait bien pourquoi il avait aborder le sujet. Il n'en parlait pas beaucoup et c'était tellement compliqué dans sa vie en ce moment qu'il avait peut-être espérer que pour Thalie tout roulait mais visiblement elle semblait un peu seule. C'était dommage. Thalie est une chouette personne et il aurait voulu qu'elle soit heureuse et que quelqu'un s'occupe d'elle et lui procure autant d'amour que possible.

« Tu as pourtant des charmes incontesté crois-moi si on était pas ami depuis longtemps j'aurais sûrement été un de tes prétendants.»

Il lui sourit encore une fois c'était facile de sourire avec elle. Il se sentait tellement bien en sa présence c'était assez étrange quand même. Il rit lorsqu'elle lui demanda combien de fille lui tournait autour. A sa connaissance il n'y en avait aucune. C'était plutôt bon signe pour lui. Il ne faisait pas tellement attention à ce genre de choses non plus donc il ne savait pas vraiment mais il sûr que ça ne devait pas être différent d'elle.
« Le calme plat et ce n'est pas plus mal. Je suis incapable de garder quelqu'un de toute manière. Tu le sais bien. »