"Assez !!!!"

On était dimanche, l'après midi touchait à sa fin et la pluie n'avait pas daigné quitter le ciel de Poudlard. Il fallait bien avouer que le tout formait un ensemble peu joyeux et déprimant à souhait. Cassandre, elle, avait cédé à son amour pour la lecture et s'était installée au coin du feu qui crépitait agréablement. En ces jours pluvieux, Poudlard reprenait peu à peu ses habitudes hivernales : les jours raccourcissaient, le froid s'installait et les élèves se préparaient pour les fêtes d'Halloween puis de Noël. D'ailleurs, autour de Cassandre, les conversations qui ne tournaient pas autour des études avaient toutes pour sujet la fête. A croire que certains Serdaigles n'aimaient ques les livres d'image. Ce n'était pas le cas de notre Withemore, qui elle lisait un livre de Médicomagie, ayant déjà fini son travail purement scolaire. Bien entendu, il est des lectures bien plus réjouissantes pour les jeunes filles, mais la Bleue et Bronze se plongeait toujours avec délectation dans ce que les autres nommaient fréquemment boucherie. Pour Cassandre, c'était véritablement fascinant ! Le fonctionnement du coeur, des viscères, du cerveau même ! Comprendre comment le ballet fantastique des valves cardiaques nous maintenaient tous en vie, voilà la véritable magie ! Mais comme toute bonne chose, il ne fallait pas en abuser. Or, les mécanismes de systole auriculaire et de diastole ventriculaire avaient eu raison de la soif de connaissance de Cassie, qui végétait maintenant sur son fauteuil, laissant ses pensées s'envoler à leur guise.

Ce n'était pas salutaire pour la jeune femme, de penser, elle le savait mais ne pouvait s'empêcher de le faire de temps à autre, quand le temps était aussi maussade que ses divagations.


Gourmandise sans sucre ou bien poison lent et efficace selon les points de vue, c'était là la faiblesse de la jeune femme. Mais bien sûr, en jeune fille de bonne famille, il était inconcevable qu'elle se détruise au poison moldu ! Si l'affaire s'était connue, Cassandre n'aurait pas manqué de passer un sale quart d'heure, sans parler de la lettre outrée de sa mère sur sa mauvaise hygiène de vie. Mais était-ce important au final ? On doit bien tous mourir de quelquechose, non ?

La salle commune était calme maintenant, tout le beau monde avait pris la direction de la grande salle pour le dîner. Cassandre ne voyant pas l'utilité de se jeter dans la foule et dans le piaillement habituel des élèves affamés, préféra attendre une bonne demie heure avant de descendre se restaurer. D'habitude, elle descendait avec Artémis, mais en ce beau dimanche, celle-ci devait diner avec quelqu'un d'autre, aussi Cassandre pouvait se permettre de faire sa misanthrope de base sans ennuyer son amie. Le feu brûlait toujours dans la cheminée, envoyant des lueurs rougeoyantes partout dans la pièce. L'atmosphère en devenait feutrée, presqu'intime, et Cassandre ne put s'empêcher de remarquer que tout ici était propice aux confidences. Alors qu'elle se pensait seule, que la solitude lui allait si bien au teint, la jeune femme sentit une présence venir s'installer à ses côtés. Pourtant, elle ne fit pas un geste pour identifier ladite personne, hypnotisée par les flammes qui dansaient face à elle. Elle se contenta de quelques mots, à la limite de la politesse et de la courtoisie, mais là présentement, elle s'en balançait, de l'étiquette !

"Salut... Tu n'es pas parti manger, comme les autres ?"

Une gentille façon de s'enquérir de la santé de son vis-à-vis ou une agréable manière tout juste déguisée de demander ce qu'il faisait là ?

Gabriel revenait de la bibliothèque avec dans ses mains un livre d'histoire de la magie. Il détestait profondément cette matière mais il avait un devoir à rendre sur les guerres magiques pour dans deux semaines et il savait pertinemment que s'il ne commençait pas maintenant, il ne le ferait jamais. Et l'ennuyeux professeur ne manquerait pas de lui faire remarquer qu'il manquait de rigueur. Qu'il aille au diable, il ne manquait pas de sérieux, c'est juste qu'une matière aussi emmerdante l'énervait trop pour qu'il fasse des efforts.

Distraitement, il donna le mot de passe au tableau qui masquait l'entrée de sa salle commune. Qui lui retourna poliment que ce code était celui de la semaine dernière. Interloqué, Gabriel resta trente secondes immobiles devant l'immense peinture avant de sourire et de présenter le nouveau mot de passe. Le chevalier sur la toile lui adressa un clin d'oeil et le laissa passer. Confusion due à une légère fatigue provoquée par de trop longues nuits d'insomnie. Parfois, il dormait. Plus particulièrement après une étreinte, il plongeait dans un sommeil agréable. Pas vraiment profond mais assez réparateur pour lui permettre de tenir la journée.

Plongé dans ses pensées, le bouquin ouvert dans les mains, il ne remarqua pas que la salle commune des bleus et argents était pratiquement désert. Bien sur, il nota, mentalement, l'absence du brouhaha habituel mais son cerveau ne traita pas l'information, trop occupé à divaguer sur sa dernière étreinte. Un jeune et fougueux Gryffondor, de quatrième année. Il avait apprécié que son partenaire soit expérimenté, qu'il sache procurer du plaisir, par des caresses et des contacts appuyés, osés. Il avait moins aimé la lueur un peu ambiguë dans ses yeux, à la fin. Pas de sentiment. C'était la devise de Gabriel. Pas de sentiment, juste du sexe.

« Salut... Tu n'es pas parti manger, comme les autres ? » De surprise, Gabriel manqua de lâcher son bouquin. Il s'était machinalement installé dans un des divans, non loin du feu qui crépitait dans la cheminée pour tenter de faire oublier la grisaille pluvieuse qui composait la météo extérieure. Mais il n'avait pas pensé à regarder si l'emplacement était disponible. Affichant une mine clairement étonné, il tourna la tête vers son interlocutrice.

Oh. Cassandre. Il la connaissait, elle était dans sa promotion. Sixième année, comme lui. Il l'avait remarqué, elle était jolie. Blonde avec de beaux yeux brillants. Elle semblait venir d'une famille aisée. Mais il n'en savait guère plus. Affichant un sourire tranquille et amical, il répondit d'une voix grave « Non, je n'avais pas envie de me mêler à la foule. J'ai mangé avant. Excuse moi, je ne t'avais pas vu ... Je dérange ? Tu veux que je m'installe ailleurs ? » Il était très bien placé pour savoir qu'une proximité non désirée pouvait porter sur le système. Il n'aimait pas qu'on empiète sur son espace vital sans sa permission.

« Nous somme dans la même promotion mais je ne sais pas si tu connais mon prénom ... Gabriel. Enchanté. » Il ne pouvait pas s'empêcher de faire un peu de charme. Rien de trop gros, rien de lourd mais un joli sourire et une voix tranquille, qui poussaient généralement les gens à l'approcher, lui parler. Ce n'est qu'à ce moment là qu'il remarqua qu'ils étaient seuls dans la pièce. Parfaitement seuls. Ah, il aurait probablement du y faire plus attention en arrivant.

« Non, je n'avais pas envie de me mêler à la foule. J'ai mangé avant. Excuse moi, je ne t'avais pas vu ... Je dérange ? Tu veux que je m'installe ailleurs ? »

Là où tout autre garçon, puisque le timbre grave de la voix trahissait les chromosomes XY de l'individu, aurait répondu de manière lourde voire salace, le jeune homme avait eu l'intelligence de se demander s'il ne gênait pas. Bien entendu, il ne gênait pas Cassandre, la salle commune étant par définition commune, mais le seul fait de se poser la question retint l'attentionde la jeune fille qui tourna la tête.

Non, c'était vrai, même si la solitude était précieuse à Cassandre, elle ne pouvait se permettre de faire sans vie sans personne dedans. Ce serait d'un ennui mortel, ne serait-ce qu'au niveau des rivalités, car il fallait bien avouer que ça donnait du piment aux journées !

« Nous somme dans la même promotion mais je ne sais pas si tu connais mon prénom ... Gabriel. Enchanté. »

Il était vrai que non elle ne connaissait pas son nom, honte à elle vu qu'ils étaient tous deux dans la même promotion, pourtant, Cassandre n'avait pu ne pas remarquer son collègue bleu et bronze. En effet, comment passer à côté d'un tel jeune homme sans remarquer d'emblée les cheveux couleur de blés, les yeux brillants d'intelligence ou même cette haute stature qui vous rassure et vous fait vous sentir en sécurité en moins de temps qu'il n'en faut pour le dire ? Et avec ceci une voix grave, profonde, pleine d'un charme irrésistible, qui vous fait frissonner.... Tout en ce jeune homme n'était que charme, délicatesse, volupté .... La séduction faite homme. Se tournant pour de bon, au moins pour admirer la copie quasi parfait d'un ange qui se tenait devant elle, Cassandre enchaîna, un vague sourire aux lèvres. En effet, il était impossible de ne pas sourire devant Gabriel, qui même jusqu'à son nom présentait des caractéristiques angéliques.


"Je suis impardonnable, je ne me suis pas présentée. Je m'appelle Cassandre. Je suis désolée, bien que l'on soit dans la même promotion, je ne suis pas d'un sociabilité extraordianire, aussi je ne te connais pas. Cependant, j'espère que tu me laisseras réparer cette erreur."

Avait-elle conscience du double sens de ses paroles ? Non, la prude Cassie, l'Amazone réincarnée, était charmée par la divine apparition. Elle ne songeait plus beaucoup, occupée à regarder devant elle et à sourire. C'était la première fois, pour elle, qu'un sujet autre que ses études ou ses soucis, venait occuper ses pensées. C'était troublant, mais pas désagréable, elle devait bien l'admettre. Envolées, les idées noires, les problèmes de diastoles et d'extrasystoles atriales ! Disparue, même, cette envie terrassante de nicotine, de sentir la frêle cigarette rouler entre ses doigts fins ! L'envie était toute autre, bien plus puissante, dévastatrice, comme un feu de brousse qui n'épargne rien sur son passage et court, dévore, chaque centimètre carré de terre. L'envie était pourtant aussi simple qu'elle était aisée à satisfaire : Cassandre, Mlle-je-n'-aime-pas-les-garçons-tous-des-idiots, avait envie de se noyer dans les yeux de Gabriel pour encore quelques heures. Envie bien innocente. Innocente ?

Elle était jolie. Vraiment jolie. Blonde, gracieuse, quelques formes très visibles dans la positon assise qu'elle avait adopté ... Une très jolie demoiselle. Gabriel l'observait d'un air en apparence amical mais dessous, il appréciait tout ce qu'il voyait. Habitué à regarder les gens pour savoir si oui ou non, il pourrait coucher avec, il se trouvait que la jeune femme près de lui rentrait dans la première catégorie. Enfin, leurs regards s'accrochèrent et Gabriel remarqua que son charme faisait effet. Il ne l'avait pas foncièrement voulu, c'était aussi naturel que de respirer, chez lui. Mais la jolie blonde lui souriait, comme intimidée. Enfin, elle se présenta.

« Je suis impardonnable, je ne me suis pas présentée. Je m'appelle Cassandre. Je suis désolée, bien que l'on soit dans la même promotion, je ne suis pas d'un sociabilité extraordianire, aussi je ne te connais pas. Cependant, j'espère que tu me laisseras réparer cette erreur. » Le sourire de Gabriel s'élargit un peu mais il veilla à rester amical et charmeur. Avait-elle seulement conscience de l'invitation que cette dernière phrase représentait ? Probablement pas. Une innocente. Probablement peu au courant des usages de la drague et du charme, parfaitement ignorante des doux plaisirs de la chair. Naïve enfant.

« Ce sera avec plaisir, Cassandre. Je me répète mais je suis véritablement enchanté de faire ta connaissance. » Il aurait pu l'aborder plus tôt, si l'occasion s'était présentée, s'il en avait eu réellement envie. Ce soir, c'était parce qu'il ne l'avait pas vu. Gabriel ne croyait pas au destin, ni en quoi que ce soit qui fut supérieur à l'homme. Il partait du principe que si effectivement, un dieu existait, ce dernier n'était qu'un pervers machiste et sadique qui jouait avec le monde comme un informaticien sur un ordinateur. Comme un sorcier avec un jeu d'échec particulièrement violent.

Il se redressa un peu, fermant son livre d'un geste rapide mais sans faire claquer les pages. D'un geste adroit, il le lança doucement sur la table basse posée sur le tapis devant eux avant de fouiller dans ses poches. Du regard, il balaya la pièce. Personne en dehors de la belle blonde avec qui il discutait. Parfait. C'était l'heure de dîner et les élèves ne reviendraient pas avant une a deux bonnes heures. Il avait tout son temps. Des profondeurs de son sweat-shirt noir au blason de Serdaigle brodé sur le pectoral droit, il fit émerger un paquet de cigarette. Presque vide, il ne restait que six clopes. Vestiges d'une nuit avec Absolem, il avait récupéré le paquet presque vide après en avoir offert un neuf à son amant tatoué.

« J'ai envie de fumer. J'espère que ça ne te dérange pas ... Tu en veux une, peut-être ? » Il sortit une cigarette de son paquet et la glissa d'un geste élégant à la commissure de ses lèvres. C'était gracieux et félin, comme mouvement, comme attitude. Un peu rebelle, un peu révolutionnaire, interdit qu'il était si grisant de transgresser ... Gabriel fouilla dans la poche de son jean pour en sortir un très beau briquet de luxe. Un superbe Dupont en argent, lisse et brillant, avec quelques éraflures signifiant qu'il avait vécu. Cadeau de Darius. Son premier amant masculin. En bas à droite, sur une des faces du briquet, les initiales G.C.V étaient gravées, fines et très délicates, discrètes cependant. D'un geste habitué, il ouvrit la source de feu et alluma sa clope avant d'en tendre une à Cassandre.

Il lui adressa un sourire renversant tout en tirant sur sa cigarette, attendant patiemment qu'elle réagisse.

Cette phrase, ridicule par sa profondeur risible, tournait pourtant dans la tête de celle qui se prétendait intelligente. A croire qu'il ne fallait qu'un garçon, très beau au demeurant, montre le bout de son nez, pour que la jeune femme perde la raison. Mais, au nom de Morgane, avouez donc que si cette voix ne vous fait pas frissonner, c'est qu'il vous manque quelques neurones ! Ou pire, que vous êtes totalement asexué. Gabriel était-il conscient de ce qu'il provoquait chez les autres ? Et chez Cassandre ? S'il était au courant, il devait être bien cruel, car il mettait à mal presque vingt ans de célibat convaincu avec une facilité déconcertante, presque criminelle ! A cette pensée, la jeune femme se fit la réflexion que s'il avait la grâce des anges, Gabriel avait aussi le charme des plus terribles démons que le monde magique avait jamais connu !

Alors que Cassandre se posait milles et une questions existentielles, cet être mi-ange mi-démon posa avec adresse le livre qu'il tenait à la main sur la table basse. Si la situation n'avait pas embrumée l'esprit cartésien de Cassie, elle se serait penchée pour regarder le livre, et en apprendre plus sur lui. Mais le geste que son vis-à-vis effectua à la suite retint son attention, toute son attention. D'une main, il fit sortir ... ce qu'y s'apparentait à une merveille pour Cassie de sa poche ! Un paquet de cigarettes. Irrémédiablement charmée, la jeune femme ne put empêcher un très léger soupir, presque inaudible, de sortir de sa bouche.


Ses gestes étaient d'une sensualité extrême alors qu'il faisait glisser une cigarette, puis une deuxième hors du paquet légèrement froissé et qu'il allumait le fin bâtonnet "à la moldue". Cassandre fut surprise de voir qu'il n'employait pas un simple Incendio, mais préférait l'emploi d'un briquet, de belle qualité en plus, de fabrication française de surcroît ! Pour autant, l'utilisation d'un sortilège eut gâté l'effet final, d'une incroyable langueur.

Alors que Gabriel, dans un sourire à tomber, tirait doucement sur sa cigarette, la jeune Serdaigle vit les premières volutes de fumée s'envoler en formant des arabesques folles et uniques en leur genre. Puis vint l'odeur, le parfum âcre, qui chatouilla les narines de la jeune femme. Et cette lueur rougeoyante. C'était manifeste, elle avait envie de fumer et il ne fallait pas soumettre la Serdaigle à la tentation, c'était criminel. Mais l'ange devait être moins démon qu'il n'y paraissait, puisqu'il proposa, à la jeune femme une cigarette. Pour un peu, elle en aurait poussé un cri de joie, mais il y avait le risque, l'éventualité qu'ils soient découverts en train de violer les règles les plus élémentaires de Poudlard ! Et si un de leurs camarades rentrait à ce moment là ? Et si un professeur passait pour poser une note sur le panneau d'affichage de la maison ? Et si ... Autant d'alternatives qui n'étaient rien comparées à l'envie qui taraudait Cassie alors que celle-ci se saisissait de la cigarette avec gratitude.

"Merci beaucoup. Me permettras-tu de t'emprunter ton briquet ?"

Les phrases étaient réduites à leur plus simple expression, mais l'essentiel du langage n'était pas là. Tout se déroulait dans les regards et les attitudes alors que Cassandre allumait sa cigarette avec une joie non dissimulée. A la première bouffée de fumée, elle rejetta la tête en arrière, ferma les yeux, et ne put s'empêcher de mordiller sa lèvre inférieure comme si elle voulait se retenir de parler. L'image était claire, elle était accro. Mais à quoi ? A la cigarette ? Ou bien au danger d'être surprise ? Car il était dangereux d'être surpris fumant sa clope au coin du feu alors que l'existence même de ce genre de substance était prohibé à Poudlard. Mais en cet instant, il était permis de douter qu'il s'agisse du seul danger qui guettait l'innocente Cassandre, à condition qu'il s'agisse d'un danger et non du début d'une rébellion.

Les yeux toujours clos, la tête reposant sur le fauteuil matelassé, Cassandre ne put s'empêcher de livrer le fond de sa pensée.

"Je te prenais pour quelqu'un de raisonnable. Mais il s'avère que tu ne l'es pas tant que ça, et j'avoue que j'adore cet état de fait."

La jolie blonde prit doucement la cigarette, visiblement ravie « Merci beaucoup. Me permettras-tu de t'emprunter ton briquet ? » Il avait vu juste, elle fumait aussi. Pire que ça, elle semblait accro à la nicotine. Une invétérée, surement. Comme Absolem. Le tatoué avait toujours trois à quatre paquets de clope de secours, alors qu'il en recevait une cartouche pleine toute les semaines, à peu près. Gros fumeur.

Gabriel tendit son beau briquet à la jeune femme et la laissa allumer l'objet de son désir. Les gens étaient fascinants. Tous. Même ceux qui ne présentaient à priori aucune aspérités dans leur personnalité se révélaient intrigants. Il y avait toujours quelque chose à regarder, un petit détail, une manie, un tic traître. La manière dont Cassandre alluma gracieusement la cigarette éveilla chez Gabriel un soupçon de désir. Rien d'incontrôlable mais tout de même, l'effet de ce simple geste révélait une attirance physique puissante. Elle tira quelques bouffées sur la clope avant de rejeter la fumée en fermant les yeux, renversant la tête en arrière. Il l'observa se mordiller la lèvre en sentant de nouveau un élancement de désir au creux de ses reins. Elle était très belle et avec cette clope au bec, elle était rebelle. Sa beauté, conjuguée à l'ambiance feutrée et intime de la pièce, alliée en plus à l'interdit représenté par le tabac, provoquait un effet certain et le beau blond n'y était pas insensible.

« Je te prenais pour quelqu'un de raisonnable. Mais il s'avère que tu ne l'es pas tant que ça, et j'avoue que j'adore cet état de fait. » Le beau blond éclata d'un rire grave et chaud. Un rire attirant par son irrésistible virilité. S'il y avait bien un mot qui ne qualifiait pas Gabriel, c'était celui là. Raisonnable. Il y avait le mot raison, dans raisonnable. Il n'écoutait jamais sa raison, uniquement ses envies, son instinct. Quand, par hasard il lui arrivait d'écouter sa tête, c'était toujours pour parvenir à obtenir ce qu'il voulait. Assez brillant pour obtenir d'excellentes notes, il avait ainsi toute la paix voulue pour, dans les alcôves du château, dans les coins sombres et généralement déserts, laisser libre court à ses envies. Qui tenaient essentiellement au sexe, il fallait l'avouer. Mais pas toujours. Il savait se contenter de peu, malgré les rumeurs. Un bon bouquin et une clope, dans son lit ou bien sur l'herbe tendre et fraîche du parc. Une partie d'échec avec un adversaire à sa taille. Un déjeuner entre amis. La sensation puissante que procurait le vol sur balais. Un match de Quidditch bien joué, en tant qu'acteur ou spectateur.

« Je suis tout, sauf ça. La raison n'est pas mon alliée. » Charmeur, il tira sur sa cigarette avant d'envoyer en l'air de parfaits cercles de fumée. Plus ou moins gros, plus ou moins étendus ... Il jouait à ça depuis l'âge de ses treize ans, quand il avait touché à sa première clope. Au début, il avait détesté la sensation de brûlure, ça l'avait fait tousser. Puis, il avait persévéré. Mais jamais, jamais il n'était tombé dans le piège. Il ne dépendait pas de ce plaisir qu'était le tabac. Loin de là. Il fumait quand il en avait envie. Rarement plus de trois fois par semaine. Parfois plus, parfois moins. Il pouvait ne pas fumer pendant des mois et avoir envie, un matin après l'amour, d'une clope. Tout comme il pouvait achever un paquet en 24h. Mais c'était très rare, ces folies là. Il était trop sportif pour réellement dépendre de la cigarette. Trop indépendant, trop volontaire aussi.

Il jaugea rapidement sa camarade avant d'estimer pouvoir livrer cette vérité très vaste qui déchainait l'imagination « En réalité, je suis ce que l'on appelle un mauvais garçon. C'est un peu moins prononcé que chez certains de nos camarades mais ... » Il laissa sa phrase en suspens, adressant à la belle Cassandre un clin d'oeil à la fois mystérieux et malicieux. A elle d'imaginer tout ce que cachait son silence.

Un rire grave échappa au jeune homme. A l'évidence, il trouvait risible que Cassandre ait pu le qualifier de "raisonnable", et à la lumière des dernières minutes passées en sa compagnie, c'était indéniable. Quelqu'un de raisonnable n'aurait pas allumer une cigarette dans la salle commune à l'heure du repas ! Bien des qualificatifs pourtant s'imposaient à quiconque portait son regard sur le jeune homme ; le premier était bien évidemment "beau". Les traits fins et régulier de l'homme inspirait cépendant bien d'autres qualificatifs : attirant, "sexy", énigmatique, dangereux.... Parce que malgré la cigarette qui se consumait maintenant seule entre les doigts de la jeune femme, Cassandre avait toujours besoin de ce goût d'interdit que la nicotine n'avait pas sû apaiser.

Observant Gabriel tout à son aise sans pour autant s'en cacher le moins du monde, Cassie souriait doucement. Ses yeux brillaient d'une flamme inédite alors qu'elle observait les délicats cercles de fumée. L'espace d'un instant, la jeune femme fut tentée de demander comment il parvenait à domestiquer la cigarette, mais elle se ravisa. La question lui semblait soudainement dérisoire et puis s'il ne demeurait pas un peu de mystère ...

« En réalité, je suis ce que l'on appelle un mauvais garçon. C'est un peu moins prononcé que chez certains de nos camarades mais ... »

" Un mauvais garçon ? Si le fait de fumer dans la salle commune te donne ce qualificatif, alors moi je suis grâce à toi devenue une mauvaise fille ... N'importe qui me connaissant serait outré de voir cela. Et je ne te parle même pas de Mère ! "

S'autorisant un léger rire, toujours assise dans le grand fauteuil à bras, Cassandre se pencha vers l'avant, observant avec encore plus d'attention Gabriel. Il était vraiment beau, comme une ange, mais Cassandre ne s'y fia pas. Le blond de ses cheveux, à la lumière de la cheminée, prenait des allures rougeoyantes. C'était comme l'enfer qui dansait dans ses cheveux, promesse de damnation. Et la lueur dans ses yeux n'avait plus la couleur du ciel mais semblait animée de toute autre intention. Etait-ce son imagination ? Ou bien le simple reflet d'une réalité qu'elle avait trop longtemps ignorer ?

L'attitude de la jeune femme, cependant, avait pris un tournant radical. Elle ne ressemblait plus à la jeune femme réservée et glaciale, elle avait maintenant des dehors bien moins lisses et réguliers, comme si l'attitude sans réserve de Gabriel était contagieuse. Comme si le brasier ne brûlait plus seulement dans la cheminée. Le parfum d'interdit avait quelquechose d'excitant qu'une seule cigarette n'avait pu éteindre.

Il n'avait pu échapper à Gabriel qu'il suscitait un intérêt grandissant chez la jeune femme, elle ne faisait rien pour cacher cet intérêt d'ailleurs. Mais elle n'était pas encore prêt ceci dit à prendre les devants, pour la bonne et simple raison qu'elle ne l'avait jamais fait. Bien sûr, elle avait eu, comme nombre de filles à son âge, de petites relations innocentes dont le point culminant était le baiser plus ou moins enflammé qui en découlait. Mais jamais guère plus que des mains qui s'égarent à la surface des vêtements. Jusqu'à présent, Cassandre n'avait vu aucun intérêt à dépasser ce stade. Mais aujourd'hui , il ne s'agissait plus d'intérêt mais de désir, d'envie. Et le carcan rigide de son éucation lui pesant plus que jamais, la jeune femme avait envie de le faire sauter, comme on fait sauter le verrou d'une prison certes de bon goût, mais une geôle tout de même.

"Je serai curieuse de savoir ce qui te fait dire que tu es un mauvais garçon et également de savoir jusqu'à quel point la comparaison peut s'établir entre nous sur ce point. Parce que si tu as cru que j'étais une pauvre petite oie blanche, je suis au regret de te dire que le blanc n'est plus à la mode cette saison, et que j'ai bien l'intention de changer. "

« Un mauvais garçon ? Si le fait de fumer dans la salle commune te donne ce qualificatif, alors moi je suis grâce à toi devenue une mauvaise fille ... N'importe qui me connaissant serait outré de voir cela. Et je ne te parle même pas de Mère ! » Gabriel esquissa un sourire. Ainsi, elle était donc de celles qui cherchent à s'affirmer un peu, à sortir des sentiers battus que la famille avait tracé. Il se demanda de nouveau quel âge elle pouvait bien avoir. Elle semblait mature, derrière ses dehors un peu enfantins, petite fille bien élevée. Elle était dans sa promotion donc elle devait avoir entre 18 et 20 ans.

Machinalement, il regarda le feu en songeant que les jolies filles à Maman étaient toujours les plus intéressantes, au lit, une fois décoincées. Il coula un regard rapide vers la jolie Cassandre, songeur. Peut-être qu'elle n'était pas vierge, après tout. A presque 20 ans, c'était peut-être déjà bouclé. Il aurait bien voulu vérifier, la séduire et l’entraîner dans un lit pour lui faire l'amour, voir si elle était aussi innocente qu'elle semblait l'être. Peut-être en aurait-il l'occasion, s'il se débrouillait pour la faire tomber. Un sourire amusé et songeur naquit sur ses lèvres à cette idée. Il osa un nouveau regard vers sa camarade et son sourire s'affirma. L'attitude de la jolie blonde venait de changer. De petite fille innocente et posée, respectueuse, elle venait de passer au comportement d'une adolescente rebelle qui ne demandait qu'à briser le carcan de son éducation, du savoir-vivre que l'on avait trop longtemps tenté de lui inculquer. Une adolescente voulant qu'on la fasse femme.

« Je serai curieuse de savoir ce qui te fait dire que tu es un mauvais garçon et également de savoir jusqu'à quel point la comparaison peut s'établir entre nous sur ce point. Parce que si tu as cru que j'étais une pauvre petite oie blanche, je suis au regret de te dire que le blanc n'est plus à la mode cette saison, et que j'ai bien l'intention de changer. » Gabriel se redressa en souriant, s'étirant gracieusement pour dénouer ses membres un peu engourdis par la tranquillité de l'endroit, la chaleur du feu, le confort du canapé avant de se tourner vers sa collègue blonde. Avait-elle seulement une idée du genre d'invitation qu'elle venait de lancer ? Invitation qui n'était pas tombée dans les oreilles d'un sourd. Au contraire, Gabriel était l'homme rêvé pour ce genre de situation et il se félicitait de s'être ainsi retrouvé au bon endroit au bon moment.

S'enfonçant dans le canapé tout en restant tourné vers elle, Gabriel observa Cassandre d'un air amusé. Puis il s'approcha, lentement, de ses lèvres. Très lentement. Une fois à quelques millimètres de ces dernières, il murmura « Jusqu'où es-tu prête à aller pour abandonner le blanc qui fait ton habit de petite fille ? » Sans lui laisser le temps de répondre, il l'embrassa. Fougueusement. Sans se faire brusque ni violent, il introduisit sa langue dans la bouche de la jeune femme et commença à en explorer les moindres recoins, avide et curieux. Elle connaissait, il pouvait le sentir à la manière dont elle réagissait. Elle n'était donc pas totalement inexpérimentée dans les préliminaires, si elle savait embrasser correctement. Il recula un instant pour lui sourire, amusé de la surprise un peu choquée qu'il pouvait lire dans son regard, avant de l'embrasser plus fort.

Soudain, il insinua ses doigts de la main gauche sous les vêtements qu'elle portait, caressant sa peau douce et tiède sans aucune gêne. Chaudes et douces, ses phalanges exploraient le ventre de Cassandre pendant qu'il terminait sa cigarette. D'un geste sec, il envoya son mégot se consumer dans le brasier qui rugissait dans la cheminée avant de se tourner vers sa camarade et de lui prendre la cigarette des mains. Il l'envoya rejoindre le mégot dans l'âtre, sans autre forme de procès. Puis il embrassa de nouveau la jolie blonde, profitant de l'instant pour joindre son autre main aux caresses qu'il appliquait sur la peau Cassandre. Audacieuses, puissantes, délicates mais viriles, les mains de Gabriel se mirent à caresser les hanches de la jeune femme, dérivant vers ses reins, revenant sur son ventre, remontant vers les côtes et finissant sur le soutien-gorge qu'elle portait. Pas de dentelle, pas de relief sous ses paumes brûlantes. Que d'innocence, songea le Serdaigle. Même sa lingerie était blanche et simple.

Pour en attester, il déboutonna le bouton du jean que portait Cassandre et écarta doucement les pans du pantalon, observant le tissu tout simple et d'une blancheur virginale qu'il venait de dévoiler. Amusé et narquois, il releva la tête pour la regarder dans les yeux. «Veux-tu me rejoindre dans cette voie ? » Il était clair. Voulait-elle lui abandonner son innocence et sa candeur de petite fille ou bien était-elle de celles qui croyaient au bon, aux sentiments ? Osé, il glissa ses doigts dans le pantalon de Cassandre, caressant le tissu innocent qui recouvrait son intimité, cet espace encore vierge et pur. Sans cesser de la regarder droit dans les yeux, il reprit « Et ça, c'est ce qui fait de moi un mauvais garçon ... » Il reprit ses caresses, audacieux et scandaleux, ne la quittant pas des yeux. Il attendait une réponse. Allait-elle lui céder ou bien prendrait-elle peur comme une enfant ?