Les souvenirs se bousculaient dans sa tête, tel un raz-de-marée qu’elle ne parvenait pas à contenir. Un an de relation, la seule qui ait réellement comptée parmi celles que la Serdaigle avait pu vivre. Un an de passion fiévreuse qui avait fini bien trop tôt à son goût. Elle avait eu du mal à s’en remettre, même si elle n’en avait rien dit, mais si elle ne l’avait pas montré. Elle l’avait laissé partir, elle l’avait vu lui tourner le dos et n’avait rien fait pour le retenir, elle n’aurait pas pu, cela avait été trop dur. Trop fière, son égo avait été blessé, son amour propre aussi. Elle aurait dû lui demander des explications, lui demander pourquoi il l’avait quittée, ravageant son cœur, son unique espoir d’un jour connaître l’amour, le vrai. Car jusqu’ici, Ange n’avait jamais été vraiment amoureuse, elle avait eu des sentiments fugaces pour tel ou tel garçon, mais jamais elle ne s’était attachée suffisamment pour se proclamer amoureuse, les sentiments n’avaient jamais été assez forts pour qu’elle puisse ne serait-ce que murmurer un « je t’aime », ces trois mots interdits qu’elle n’avait jamais su prononcés. La peur l’avait toujours clouée sur place, littéralement paralysée. Elle n’avait jamais su se résoudre à les dire, surtout qu’elle ne les avait jamais pensé. Jusqu’à Zane. Avait-elle été amoureuse de lui ? Non, pas à ce point là, mais presque, elle était au bord du gouffre, prête à se jeter dans le vide et à vivre cette grande aventure, la peur l’avait quittée, elle n’avait plus craint pour son cœur. Jusqu’à ce qu’il la poignarde dans le dos et la pousse pour qu’elle fasse le grand plongeon. Elle s’était réveillée un matin dans un lit vide et jamais plus il ne l’avait regardée. Pas de grands discours, pas d’explications, juste un creux dans le ventre qu’il avait laissé derrière lui, un trou béant dans la poitrine de la bleu et argent. Elle avait eu du mal à se relever, comprendre ce qu’il venait de se passer. Il n’y avait eu aucuns signes annonciateurs, rien qui laissait à penser que cela allait arriver, qu’il allait tout simplement la laisser tomber. Et pourtant elle n’avait pas eu d’autre choix que d’affronter la vérité : il l’avait plaquée. Elle s’était relevée. Ce qui ne vous tue pas vous rend plus fort. Elle avait appliqué ce dicton à la lettre, ignorant les remarques compatissantes de ses « amies », ces filles qui pensaient la connaître qui croyaient qu’elle allait se morfondre des jours durant, elle avait relevé la tête et avait décidé de faire comme si le jeune homme n’existait pas. Des mois durant elle avait ignoré son existence, passant à côté de lui comme si elle ne le connaissait pas, comme si rien ne les avait jamais liés l’un à l’autre. Jusqu’à ce soir.

« C'est pas de chance, hein ?... » Elle haussa un sourcil, plus froide que la reine des glaces, détournant le regard pour fixer la porte. Elle n’aurait pu l’admettre, mais alors qu’elle le touchait presque, elle pouvait encore sentir cette tension au creux de son estomac, ce sentiment qu’elle sentait à chaque fois qu’elle se trouvait en sa présence. Elle lui fut par contre reconnaissante qu’il éclaire un peu les lieux. Elle ne voulait pas tomber dans ses bras ou simplement l’effleurer par inadvertance, le moins de contact ils auraient, le mieux elle se porterait. Ange s’autorisa un coup d’œil vers le vert et argent, le détaillant de la tête au pied alors qu’elle le connaissait si bien. Il avait changé, depuis le temps. Quelque chose dans son regard, son corps aussi s’était un peu étoffé, un peu musclé. Il devenait un homme plus qu’un garçon. Très vite la Serdaigle détourna le regard, gênée. Elle n’était pas sûre que sa copine apprécie qu’elle l’observe ainsi. Avait-il une copine ? Elle n’en savait rien. Elle avait arrêté de s’intéresser à sa vie deux jours après qu’il l’aie quittée. Quand elle avait réalisé que jamais elle n’aurait la vérité car jamais elle ne lui reparlerait. Du moins, c’était ce qu’elle avait espéré. Elle soupira, le sort était contre elle, question de Karma elle s’en doutait. Elle n’engagea pourtant pas la conversation. Elle n’avait aucune envie de prolonger ce moment en tête à tête plus que nécessaire. Pourtant lui semblait d’humeur bavarde, comme si il cherchait à combler les blancs dans la conversation. Il fallait avouer que la situation n’était pas des plus chaleureuses. Ange faisait tout pour mettre une distance entre eux, elle ne voulait pas avoir l’impression de retomber dans le gouffre, de replonger. Elle n’était sûre de rien quant à Zane car elle avait tout enfoui en elle et n’y avait plus repensé jusqu’ici. Elle avait éradiqué de son cœur tout sentiment, toute pensée le concernant. Ce soir pourtant elle n’arrivait pas à contrôler le flux constant d’impression et de sensation quant à leur rencontre inopinée.

« Vous vous êtes bien battu contre Poufsouffle la semaine dernière. Dommage que ma petite sœur n’ait pas attrapé le vif d'Or. Tu peux rien faire contre un Krum ! C'est le digne fils de son père. Mais vos batteurs sont meilleurs que ceux des Jaunes, c'est un avantage pour sonner les poursuiveurs adverses. Surtout Arsène, il cogne fort. » Elle le regarda d’un air ahuri. Il lui parlait réellement de Quidditch ? Il savait qu’elle aimait le Quidditch, il savait à quel point elle jouait bien. Après tout, elle jouait souvent en leçon privée avec son frère et elle avait déjà jouée à ses côtés pour rencontres amicales. Elle se souvenait de leurs nombreuses conversations sur les différents match qui avaient eu lieu du temps qu’ils étaient ensemble, de leur discussion sur les différentes tactiques et stratégies. Tous ces souvenirs se mélangeaient dans son esprit tant et si bien qu’elle ne put réprimée un sourire, qu’elle s’empressa d’effacer aussitôt. « Tu veux vraiment parler de Quiddtich avec moi ? » Son ton fut plus cassant qu’elle ne l’avait d’abord voulu, mais elle n’avait pu s’empêcher. Il embraya cependant sur le sujet. « T'as jamais voulu faire partie de l'équipe de ta maison ? » Il connaissait la réponse à la question, elle en était sûre. Elle n’avait jamais passé les essais car elle n’était pas fan de jeux d’équipe, elle aimait le sport, les tactiques, mais se lier aux autres, elle l’oiseau solitaire, elle aurait eu du mal. Elle aimait voler, jouer, mais les matchs, les cris, les supporters, c’était très peu pour elle. « Moi et les jeux d'équipe, ça n'a jamais vraiment fait bon ménage ... » Ton neutre, haussement d'épaule, elle ne tenait pas particulièrement à continuer sur ce sujet et cela se voyait.

« Tiens, prends en si tu veux, je suis d'humeur généreuse ce soir. » Elle lui adressa un faible sourire en acceptant la sucrerie. Ses préférés et elle espérait dans le fond qu’il ne l’avait pas oublié. Elle soupira et glissa la patacitrouille sous sa langue, pour qu’elle ait bien le temps de fondre. Il y avait tant de choses qu’elle aurait voulu dire, tant de questions qu’elle aurait voulu poser, mais elle avait peur à nouveau, peur de la vérité, peur que cela ne serve à rien de demander. Ce qui est fait, est fait, pas moyen de revenir en arrière. Il n’existait nulle part une commande magique qui lui permettrait de retourner si loin en arrière pour qu’elle puisse poser toutes ces questions qui revenaient en cette douce soirée dans sa mémoire. « Tu sais, si j’avais su qu’on se serait retrouvé à deux ici ce soir, je suis pas sûre que je serais sortie. » La franchise, toujours. Elle avait dit cela sur un ton doux, sans froideur, sans intention de blesser. Elle ne faisait qu’énoncer un fait et attendait d’observer la réaction du jeune homme.

La jeune femme n’arrivait pas à comprendre comment elle pouvait sourire si aisément, être aussi … Gentille avec lui. Cela ne ressemblait pas à ce qu’elle était normalement, elle la fille si froide et si distante, celle qui, par fierté, n’avait jamais réclamé aucune explication quant à leur rupture si soudaine. Elle ne se reconnaissait plus, ne comprenait pas qu’elle puise si facilement passer l’éponge sur des semaines de douleur et d’incompréhension. C’était tellement facile en sa compagnie de retomber dans ses travers, de s’ouvrir à nouveau à ce qu’ils avaient été. Une question effleura son esprit, si rapidement qu’elle peina à la comprendre réellement : lui plaisait-elle toujours ? Sentait-il toujours au creux de son estomac ces papillons, cette attirance qu’il y avait toujours eu entre eux ? Mais très vite elle chassa ces questions de son esprit, elle ne pouvait pas y penser, elle ne pouvait pas replonger dans la nostalgie de leur histoire, oublier son cœur meurtri, ce cœur qui avait saigné quand il l’avait quittée, la délaissant comme une vieille chaussette. Elle avait agi comme si elle se moquait bien de tout cela, comme si il n’avait été qu’un gars parmi tant d’autre, ignorant royalement sa présence quand ils tombaient l’un sur l’autre, feignant de ne pas le voir quand ils se croisaient dans les couloirs de l’école. Elle avait une fois essayé de capturer son regard, mais très vite elle avait détourné les yeux et feint l’innocence. Souvent elle s’était demandée si il pensait à elle, si il regrettait, si il se souvenait de quelque chose la concernant. Car elle, des souvenirs, elle en avait tellement. Elle se souvenait de tout, pas parce que cela le concernait lui, seulement car elle avait une mémoire exceptionnelle, elle arrivait à se souvenir de tous les détails d’un rendez-vous, d’une conversation, d’une rencontre. Elle n’arrivait pas à oublier et peut-être était-ce en fait la pire des malédictions. Ne pas parvenir à faire le deuil d’une relation, d’une personne, de quoique ce soit, car constamment les souvenirs l’assaillaient, la prenaient au cœur, au ventre, ne desserrant leur étaux qu’une fois que la jeune femme n’en pouvait plus. Elle ne pleurait pas, jamais, elle n’avait plus pleuré depuis … Eh bien depuis sa dernière conversation avec son père. Elle s’était promise de ne plus jamais laisser son visage exprimer de la tristesse, de ne plus jamais laisser des larmes rouler librement sur ses joues et elle n’allait pas briser cette promesse pour un garçon, encore moins pour un garçon qui l’avait laissée tomber comme la pire des moins que rien.

« Gardienne, ça te correspondrai bien je pense. Faut être vif, observateur, anticiper les tirs des poursuiveurs adverses... Et tu joues en solo plus ou moins. J'suis certain que tu serais bonne à ce poste. » Elle lui adressa un faible sourire. Oui, peut-être serait-elle bonne à ce poste. Mais elle n’était pas sûre de le vouloir assez. Elle avait encore deux ans à faire à Poudlard, elle avait encore le temps de changer d’avis sur la question, mais cette année elle n’aurait pas pu se pencher sur un sport, y accorder du temps. Elle se préoccupait de trop de cette histoire de mariage, de sa belle-mère et de ses idées et plans qui n’arrêtaient pas de lui pourrir la vie. Toute cette histoire l’avait amenée à penser à sa mère, sa vraie mère, celle qu’elle n’avait jamais connue, celle qui n’aurait jamais autorisé une telle histoire. Elle imaginait souvent ce que cette dernière dirait si elle voyait son père disparaître ainsi de la vie de sa fille, ce qu’elle dirait si elle le voyait laisser une autre contrôler la vie de son enfant sans laisser à la dite fille son mot à dire. Car il s’agissait de SA vie, de SON destin. Était-elle réellement destinée à devenir une Lestrange ? à se marier à un homme qu’elle n’aimait pas et le faire sans s’y opposer ? Ce n’était pas dans son caractère de se laisser ainsi contrôler, de laisser ainsi les choses se faire sans agir. Elle était le maître de son destin et elle le leur prouverait, dusse-t-elle se faire renier.

La jeune femme se mordit la joue alors que les paroles sortaient de sa bouche, disant cela telle une évidence. Elle n’aurait peut-être pas du, il n’avait pas été méchant avec elle, jamais. Il avait été un salaud au moment de leur rupture, mais il aurait pu être pire, tout aurait pu si mal se passer, ils auraient pu se déchirer, se détester, mais ce n’était pas le cas. Ange ne détestait pas Zane, elle n’avait jamais su laisser ses blessures prendre le pas sur tous les bons moments qu’ils avaient passé ensemble. Ces heures passées allongés dans le parc à observer les nuages, les étoiles, la vie. Ces journées passées à parler de tout et de rien sans se préoccuper du reste du monde. Avec lui, elle avait développé un autre aspect de sa personnalité, un côté plus positif, plus joyeux, une personne qui s’imaginait avec un destin, un avenir, chose qu’elle n’avait jamais faite par le passé. Mais quand il était parti, elle avait fermé la porte à cet aspect d’elle, l’enfouissant au plus profond d’elle même, persuadée qu’au final elle n’était pas faite pour cette vie, pas faite pour être heureuse. « Te plains pas, ça pourrait être pire. Qu'est-ce que tu foutais dehors? » Que faisait-elle dehors ? Elle réfléchit quelques instants, sans même avoir le temps de répondre, il changea d’avis, prenant un air froid et supérieur qui lui donna envie de sourire. Elle le connaissait bien, trop bien pour qu’il puisse l’avoir. « Quoi que tu sais quoi? J'en ai rien à foutre. » Elle leva un sourcil, laissa échapper un rire amusé. Il n’avait jamais été ainsi avec elle, il gardait cet air supérieur et hautain pour ceux et celles qu’il cherchait à impressionner, les personnes qui devaient croire en son rôle de fils de sang pur bien comme il faut. Cela ne prenait pas avec elle. « Pas besoin de monter sur tes grands chevaux, Goyle, cela ne te regarde pas de toute façon. » Elle avait une intonation particulière dans sa voix quand elle avait prononcé son nom, se moquant de lui quelques peux au passage car jamais elle ne l’avait appelé par son patronyme, n’utilisant le nom de famille de quelqu’un que quand elle ne s’entendait pas avec cette personne. « On est enfermés... Mais on va pas faire comme si on en avait quelque chose à foutre de l'autre. Tu me détestes, j'te comprend j'ai été un vrai connard quand je t'aie plaquée. Mais j'avais mes raisons. » Cette fois, elle ne put s’empêcher de partir dans une colère noire, une de ces colères qu’il ne lui connaissait pas, mais qui faisaient bel et bien partie de sa personnalité. « Mais c’est parfait Zane, faisons comme si l’autre n’était pas là, faisons comme si nous étions des inconnus ! Tu fais ça très bien depuis que TU m’as quittée ! » Elle plongea son regard dans celui du jeune homme. Tout ce qu’elle n’avait jamais dit, tous ces sentiments qu’elle avait enfouis au plus profond d’elle-même faisait à présent surface. « Je me doute que tu avais tes raisons, le problème c’est que t’as jamais pris le temps de me les expliquer ! T’es parti comme un lâche, un jour t’étais là, le lendemain tu l’étais plus, t’as fait comme si j’avais rien été pour toi. Mais peut-être que c’est ça le soucis ! Que j’étais rien pour toi, que j’étais qu’une fille parmi d’autre, mais alors dis le tout de suite qu’on arrête les frais. » Sa voix se brisa, elle baissa les yeux. « Tu comprends rien, tu sais. Je te déteste pas, j’ai jamais su te détester. Tu m’as pas donné de raison pour te haïr et dans le fond je pense que j’aurais préféré que tu me trompes, que tu me quittes en me disant que t’en aimais une autre, ça aurait été plus facile … » Sa tirade se finit dans un murmure alors qu’elle contemplait le sol, sentant son cœur faire le grand huit dans sa poitrine alors qu’elle mettait ses émotions à nue, chose qu’elle n’avait jamais faite avec personne avant lui. Comprendre, c’était tout ce qu’elle voulait, le reste n’avait plus d’importance.

Elle n’avait jamais aimé les drames, les histoires de cœur, elle n’était pas de ces filles qui seraient venues le voir et pleurer face à lui pour avoir la vérité, toute la vérité. Il ne lui devait rien après tout, ils n’étaient pas mariés, elle ne devait surement pas représenter tellement à ses yeux, c’était du moins ce dont elle s’était convaincue au fil des jours, des semaines, des mois, la seule explication valable à tout cela, la seule histoire plausible, cela avait été pour elle la seule explication qui lui permettait de garder la tête haute, de pouvoir passer à côté de lui et de prétendre qu’il n’existait pas, qu’il n’avait jamais existé. Pourtant, même si elle avait prétendu l’avoir oublié, elle n’était jamais parvenue à jeter les quelques cadeaux qu’il lui avait faits, elle n’avait jamais réussi à se débarrasser du bracelet ou du livre de partitions. Elle n’avait fait que les enfermer à double tour dans une boite où elle avait enfermée son cœur au passage, afin de s’assurer que plus jamais elle ne serait la dinde de la farce, se promettant de ne plus s’attacher, car elle n’avait réussi qu’à se faire briser les ailes en laissant quelqu’un pénétrer dans son univers.

Sa voix finit par se briser alors que sa tirade se terminait et le jeune homme jamais ne l’avait interrompue, ce dont elle lui fut reconnaissante. Elle avait besoin que les paroles sortent, que les mots soient prononcés, que ce qu’elle avait sur le cœur soit révélé et qu’il sache enfin ce qu’elle pensait, ce qu’elle avait ressenti. Car dans le fond, elle n’en avait jamais parlé à personne, de ces sentiments enfouis dans le fin fond de son cœur, de cette rancœur qui s’était développée à l’égard du jeune homme. Elle avait toujours clamé qu’elle se moquait bien de Zane et de ce qu’il s’était passé, déclaré à qui voulait l’entendre qu’il n’était qu’un garçon parmi tant d’autres, qu’ils s’étaient quittés d’un commun accord même. Tant et si bien qu’elle avait fini par croire à ses mensonges, elle s’était leurrée elle-même et était tombée dans son propre piège. Au fond, il était le seul vrai copain qu’elle ait jamais eu, celui à qui elle avait donné tant de choses sans même s’en rendre compte sur le coup. Elle avait commencé à sortir avec lui quand elle s’était rendue compte que sa relation avec Lucian était définitivement perdue, elle avait perdu un ami, son meilleur ami, et avait cherché à compenser en se jetant à corps perdu dans cette idylle.

Ange sursauta quand il s’approcha d’elle et qu’il reglissa une mèche de cheveux derrière son oreille. Elle plongea son regard dans celui du jeune homme, cherchant à comprendre comment ils en étaient arrivés là. « C'est en rien ta faut si on a rompu. Enfin, si je t'ai quittée plutôt qu'on a rompu serait plus approprié. Y'a pas quelque chose que tu ai fait, ou n'ai pas fait. Tout ça c'est entièrement ma faute à moi. » Elle le regarda, cherchant à savoir si enfin elle aurait la vérité, ce qu’il s’était réellement passé dans sa tête cette nuit-là pour qu’il disparaisse au petit matin sans plus lui donner signe de vie. « Tu sais, avant toi... Je suis sorti avec la sœur Lestrange pendant deux ans. Elle a été mon premier amour, je l'ai aimée comme un dingue. Tout allait bien, du moins c'est ce pensait, puis elle est partie sans s'expliquer, comme je l'ai fait avec toi. Je sais pas pourquoi elle a fait ça. J'ai beaucoup souffert, j'en ai même pleuré... Et j'ai agi comme un égoïste quand je t'aie plaquée comme ça. J'ai eu peur que... Que tu m'aimes pas autant que moi je t'aimais. Alors j'ai pas voulu souffrir encore une fois, donc je suis parti. Je m'étais dit que si je partais comme ça, tu me détesterais trop pour être triste. Avec le recul, je me rends compte que j'ai agi comme un pauvre con, et qu'en discuter avec toi, ça aurait pu... Changer pas mal de chose. Donc... J'ai eu peur d'aimer. Alesya, j'ai beau lui dire que je la hais, avoir envie de lui cogner dessus je l'aie dans la peau. Je l'aurais toujours dans la peau et je crois bien que tant qu'elle et moi on s'est pas expliqués j'arriverai pas à me focaliser sur mon couple. Ni le couple qu'on a formé, ni celui que je forme copine actuelle. » Le cœur de la jeune femme s’était arrêté de battre. Elle en aurait presque ri tellement la situation était ironique. Alesya qui pensait toujours qu’Ange faisait tout pour lui pourrir la vie, voilà que les rôles étaient inversés et que la vipère, rivale de toujours de la Serdaigle, était accusée d’être la véritable raison du fiasco du couple de la bleue. « J'suis con. Mais c'est comme ça, et même si j'étais bien avec toi, que je t'aimais pour ton côté doux et tendre que j'ai retrouvé chez aucune autre, j'ai pas pu me consacrer entièrement a notre couple à cause de la Lestrange. D'ailleurs ça commence à être un peu la merde avec mon actuelle. Mais c'est compliqué ma situation sentimentale du moment. » Elle tiqua. Donc il avait bel et bien une copine, elle n’avait pas mal compris la première fois. Étrangement, elle eut un pincement au cœur. Peut-être un peu de jalousie ? Elle n’en savait rien, tout ce qu’elle savait c’était que cette révélation ne la faisait pas se sentir mieux. La vérité n’était ni salvatrice ni curative. Ange sentait en son fort intérieur que cela ne l’aiderait pas, pas tout de suite du moins, mais peut-être un jour finirait-elle par tourner la page complètement. « En tout cas, même si j'avais des raisons de merde, je regrette de t'avoir plaquée comme ça, et j'espère que tu acceptera mes excuses... » Ange acquiesça. Elle resta silencieuse quelques secondes encore, digérant les différentes informations qu’il venait de lui livrer. [color:b7f3=#046380 ]« Ce n’était pas une question de t’excuser ou qu’on se réconcilie et qu’on devienne ami. » Elle se rendait bien compte que ses paroles pouvaient être mal interprétées, elle réalisait que ce qu’elle disait semblait être un refus à la main qu’il lui tendait, mais ce n’était pas là ce qu’elle voulait dire. « Je veux dire … Je cherchais à comprendre, à savoir. Je ne comprenais pas pourquoi tu étais parti du jour au lendemain alors que tout semblait si bien se passer. Alors que je commençais à t’aimer, alors que je ne m’étais pour ainsi dire jamais ouverte ainsi à personne. » La seule personne qui en savait autant sur elle que Zane était Lucian, l’ami d’enfance qu’elle avait perdu et qui l’avait poussée à s’ouvrir au jeune Goyle. Elle brûlait de lui demander plus d’informations sur sa petite amie, mais là n’était pas sa place, ou du moins elle ne le pensait pas. « J’espère vraiment qu’on pourra être amis et mettre tout ça derrière nous … » Les mots étaient sortis tous seuls, criant de vérité. « Si tu es d’accord, bien entendu. »