« Non mais faut pas croire, je ne suis pas peureux, puis je sais me défendre ! J'ai appris des techniques mortelles venues d'Asie orientale, vous pourriez être surpris. 'Fin, j'ai vu des films de kung fu quoi. Bon, ok, un seul, mais y avait Bruce Lee quand même ! »

Seth McLean n'a pas le droit de manger la tarte aux pommes. Elle sera servie au dîner de ce soir et Seth McLean le sait.
Allez, chaussette ! Juste une petite part, personne ne le saura !
Seth McLean sait que mon nom est Chowsy, pas chaussette, et Seth McLean aura de la tarte ce soir, comme tout le monde. Miss McLean m'a demandé de surveiller Seth McLean.
Miss McLean ma mère ou miss McLean ma sœur ?
Seth McLean n'a pas à le savoir.

Hey, McLean ! Je traînais dans la volière et j'ai trouvé un vieux hibou perché dans un coin qui avait une lettre accrochée à sa patte avec ton nom de famille inscrit dessus.
Ah, cool, merci. Enfin un hibou qui a plus peur de moi que moi de lui.
Je n'en suis pas sûr, il avait l'air assez âgé, je ne sais pas depuis combien de temps il avait cette lettre. Et puis je ne comprends pas ton truc avec les hiboux.
Ils sont vils et fourbes, t'as jamais vu de Hitchcock toi !

Loki, Loki, Loki ! J'ai besoin de ton aide, quelqu'un veut me tuer ! Je ne sais pas qui ni quand ni comment mais je suis foutuuuuuuu, et je ne sais même pas pourquoi ! Pourtant, j'essaye d'être toujours sympa avec les autres, de garder l'esprit ouvert, d'être présent quand on a besoin de moi, puis c'est pas comme si j'avais fait du mal à quelqu'un, hein ? J'sais pas moi, j'en fais peut-être trop, mais de là à vouloir me faire la peau, c'est pas un peu exagéré comme réaction ?!

Le Serpentard face à moi semblait comme hypnotisé ; son regard naïf posé sur mon assiette pleine de viande rouge, il peinait à refermer sa bouche qui lui donnait l'aspect d'une truite hors de l'eau. Jeune première année qui malgré toutes les mises en garde chaleureuses qu'on lui avait faites à mon encontre, peinait à croire que ces rumeurs étaient bien réelles : j'avais l'appétit d'un ogre, et jamais aucun légume ne venait narguer mon palais. Seulement de la barbaque que je me plaisais à avaler avec toujours ce même appétit vorace qui avait fini par ne plus surprendre personne. Car mes camarades autour de moi, ceux qui me connaissaient d'avantage, eurent tôt fait de se moquer du gringalet au souffle coupé plutôt que de mon estomac qui n'était jamais rassasié. « Tu vas... manger tout ça ? » Un regard seulement pour toute réponse, assez éloquent pour lui faire part de la stupidité de sa question, assez bref aussi pour lui faire comprendre qu'il me dérangeait. Mais le blondinet continuait de m'observer, ses yeux outrés se teintant peu à peu d'une lueur admirative tandis qu'il toisait ma silhouette plutôt imposante. Épaules carrées qui mimaient les pourtours puissants de ma mâchoire, corps musclé mais encore svelte dans sa jeunesse tatillonne, cou massive qui dessinait la souveraineté sauvage de mon maintien. Le Serpentard sursauta lorsqu'il me vit me lever, s'arrachant à ses pensées avec moins de stupeur que lorsqu'il avisa mon assiette déjà vidée. Néanmoins il n'eut guère le temps de tenter une nouvelle approche que déjà je m'éloignai de la table des verts et argents, m'en allant à la rencontre de nos antagonistes les plus radicaux : les Gryffons. Repérant bien vite ma Luna par son parfum de poudre terreuse et de pin, je me dirigeai vers cette dernière, posai une main énergique sur son épaule, et laissai échapper un râle semblable à un jappement à la fois ferme et excité. « On y va maintenant. » intimais-je à ma tendre amie lorsque soudain mes prunelles charbonneuses accrochèrent le visage d'un jeune homme assis face à elle. Probablement un prétendant au vu de ses traits dépités et de sa moue agacée. Moue qui eut tôt fait d'irriter mon égo de mâle, car ma voix sèche trancha alors les airs : « T'es qui toi ? » Agressif, pugnace, sinistre. Le roméo détourna rapidement le regard et accepta sans mot dire que la belle courtisée ne s'évade avec moi.

La pleine lune était pour cette nuit, aussi Luna et moi-même avions convenu d'une course sauvage dans les bois afin de renouer avec nos origines et d'éloigner la louve des élèves. Un seul manquement à la règle, un seul de ces idiots blessé, et nous étions certains de provoquer un tôlée autant que de voir notre réputation affaiblie. Cette dernière n'étant déjà pas au beau fixe, nous ne pouvions nous le permettre. Ainsi donc nous marchions à travers le parc, échangeant parfois quelques mots, nous complaisant par moment dans des silences complices, impatients dans tous les cas de retrouver notre sauvagerie l'espace d'une nuit. Mais là-bas au loin, une silhouette furtive courant à toute vitesse à notre encontre allait visiblement chambouler nos plans. D'abord sceptique, je m'arrêtais alors non sans visser mes yeux fauves sur ce qui semblait être un gibier de frêle composition... Quelle ne fut pas ma non surprise de voir qu'il s'agissait de Seth courant vers nous à s'en défaire les poumons. Sa course était si vivace que je me surpris à jeter un regard au loin afin de déceler le potentiel danger – un feu naissant, un centaure, une fille aux abois lui courant après peut-être. Sans succès, je me retournais donc afin d'aviser derrière moi dans l'espoir de trouver ce qui provoquait chez lui ce galop fougueux avant de finalement reprendre ma position initiale.

Sursaut. Le Poufsouffle se trouvait déjà devant moi, essoufflé, les joues légèrement rougies par l'effort, le buste suffoquant. « Comment tu... » « Loki, Loki, Loki ! J'ai besoin de ton aide, quelqu'un veut me tuer ! » J'arquais un sourcil de surprise, ne prenant pas même la peine de dissimuler mon étonnement. Mais comment diable Seth dont la frêle constitution ressemblait à un cure dent pouvait-il courir aussi vite ? Et plus encore, comment faisait-il pour déverser un tel flot de paroles sans s'arrêter... Est-ce qu'il respirait de temps à autres ? Obnubilé par son débit impressionnant, j'en avais même oublié de l'écouter, voire même de faire semblant. « Mais de là à vouloir me faire la peau, c'est pas un peu exagéré comme réaction ?! » Silence. Le moment était intense pour le jeune homme, et pourtant la seule chose qui s'échappa de mes lèvres furent : « ...Tu respires vraiment quand tu parles ? »

J'eus à peine baissé le regard sur son geste rapide que déjà je me retrouvais avec une missive dans les mains, laquelle était déjà déchirée par endroits et tachetée d'encre humidifiée par la bruine. Je pus néanmoins en discerner quelques phrases, relevées par de délicieuses insultes qui à elles seules replaçaient la lettre dans son contexte. Un sourire amusé vint poindre à mes lèvres pour me moquer de l'auteur analphabète, et adressant alors un bref regard à Luna, je lui tendis également la missive. « Justicier ? T'as fait quoi ce dernier mois, t'as défendu la veuve et l'orphelin ? » Un bref rire secouant mon buste tandis que d'une main mollement convaincue, je dénouai quelque peu ma cravate déjà bien défaite.

Le repas, le repas du soir avait toujours été une sorte de supplice pour moi. Vous allez très certainement penser qu’il s’agit d’un clicher mais selon moi la viande cru et cuite n’ont pas le même gout, ça c’est un fait, mais pire encore, je ne prenais pas le même plaisir à manger une viande morte qu’une viande que j’avais moi-même traquer, chasser, et enfin…Tuer.
Et pourtant, mon assiette était bien remplit, de steak bleu, moins c’était cuit, mieux c’était. J’avais même prit la fâcheuse tendance à parfois boire le sang qui pouvait dégoulinant de viande à peine cuite. C’était plus fort que moi quelque part. Pas féminin, dégoutant ? Ecœurant même ? Le simple fait qu’on me regarde de travers parce que j’agissais ainsi suffisait à me pousser à le faire à chaque fois que j’en avais l’envie et l’occasion. J’aimais voir le beau visage parfait de ces pimbêches blêmir à vue d’œil en me regardant. Mais pour ce soir, ce n’était pas les petites princesses qui m’emmerdait mais les Roméo. J’aimais me faire courtiser, comme n’importe qui d’ailleurs, mais je ne supportais qu’on le fasse durant mon repas, ça m’insupportait. J’avalais morceau de viande sur morceau de viande, prétextant ainsi de ne pas devoir répondre à ses stupides question sur ce qui me passionnait, je n’avais pas l’humeur pour entendre « oh moi aussi j’adore ça ! » dans une hypocrisie courtoise. Plonger devant mon assiette, j’avais laissé échapper un grognement d’agacement après une énième question qui ne m’intéressait pas. La pleine lune était pour ce soir, et la dame d’argent devait très certainement avoir un effet sur mon joli caractère…Tout comme ce parfum…Cette odeur métallique subtilement mélanger à celle du musc, j’esquissais un sourire sans véritablement m’en rendre compte, si bien que mon "prétendant" du moment avait dû croire qu’il lui était destiné. Il avait un sourire béat sur son visage, qui s’effaça aussitôt lorsqu’une main virile se posa sur mon épaule. On y va maintenant…Ces mots, il n’était même pas obliger de les prononcer pour que je comprenne la raison de sa présence. Mon assiette n’était pas terminée et de toute façon celle-ci me faisait moins envie que la perspective d’une promenade nocturne où je pourrai, avec plaisir, planter mes crocs sur un animal de la forêt interdite. A condition d’en trouvez un qui m’était autoriser de chasser.

Ne prenant pas le temps de saluer mon camarade de maison, je suivais le serpentard sous les regards courroucé des autres élèves rouge et or. C’était bien une chose à laquelle je ne pouvais pas adhérer, le fait d’être ainsi séparer des miens par une simple histoire de couleur, d’uniforme et "de nom". Quelle mascarade ! Prôner l’union mais diviser ainsi ses élèves dans une "saine compétition". Retrouvant l’air frais de l’extérieur, j’inspirais profondément. J’aimais l’odeur de l’herbe mouillé, celle de la terre aussi, j’adorais sentir la bruine rafraichir mon visage. Posant mes yeux par réflexe vers le ciel, je cherchais déjà le rond parfait que formerait notre dame ce soir.

« La météo est parfaite »

Murmurais-je, j’aimais me salir il est vrai, j’aimais les endroits humide, je détestais les régions trop sèches, je n’y prenais pas le même plaisir et avoir chaud m’insupportait. Nous marchions, discutions de tout et de rien, profitant parfois du silence du parc. Il m’arrivait bien souvent de me demander comme je pourrai supporter une année ici sans sa présence. Et pourtant, je devais me résoudre à cette idée, Maytook était plus âgé que moi, d’une année, mais cela m’obligerait à passer cette différence d’un an sans sa personne. Nous étions un peu le yin et le yang parfois, il calmait mes ardeurs, c’était lui qui avait fini par calmer la rage qui m’animait face à cette sensation d’être tenue en cage lors de mes premiers mois dans ce château.
Une année, c’était long, et je ne voyais pas l’intérêt d’être coincé ici. Je ne l’avais pas vu lors de ma première année, et je ne le voyais toujours pas. Je ne me destinais pas à devenir auror ou quoi qu’est-ce, je n’étais pas faite pour laisser mes fesses posés sur une chaise, derrière un bureau, à écouter un professeur me vomir toute ces connaissances acquise. A quoi tout cela me servirait ? Je n’étais pas une sorcière, je ne m’étais jamais considéré ainsi, je n’appartenais tout simplement pas à ce monde.
Je m’apprêtais à lui en faire part quand mes poils se redressèrent en sentant ce parfum si familier. Sucré, il y avait une odeur de croissant, mêlé à l’odeur subtile d’un hibou. Mais cette odeur sucrée, je savais à qui elle appartenait ! Mes yeux se posèrent sur la silhouette qui courrait vers nous, où devrais-je dire vers Loki.

Et si mon ainé semblait être hypnotisé, moi, j’étais complètement crispée. J’avais horreur de me retrouver face à Seth, pourquoi ? Parce que je ne pouvais m’empêcher de rire lorsqu’il essayait de m’amuser, je ne pouvais pas m’empêcher de lui sourire simplement pour pouvoir le rassurer quand il en avait besoin et surtout…J’appréciais en réalité sa présence plus que je ne le devais. Seth représentait tout l’opposé des gens que je fréquente habituellement mais ce Poufsouffle avait quelque chose que tous les autres n’avaient pas : Il était lui-même, Seth McLean.
Une lettre fut passé d’une main à une autre, finissant sa route dans les miennes, je lisais avec difficulté les quelques traces des mots rester imprimer sur le papier alors que Loki s’amusait presque de la situation, moi, à l’inverse, je ne pouvais m’empêcher de froncer les sourcils et de réprimer un grognement de plus. Posant mes yeux sur le jaune et noir qui semblait remarquer ma présence seulement maintenant, je lui retendais la lettre.

« Ça n’a même pas le courage de signer ses menaces, t’es sur que c’est un mec ? »

Je me rendais compte que mes paroles auraient pu être très mal prit, esquissant alors un sourire amusé et désolé à Seth, je regardais un instant Loki pour reposer mes iris sur le jeune homme apeuré.

« Elle date de quand cette lettre ? »

L’odeur du papier était imprégné par le répugnant parfum des fientes d’être à plume qu’était ces satanés hiboux. L’odeur de l’écrivain ne s’y trouvait plus, ou n’était pas assez forte pour que mon odorat puisse en décelé sa subtilité. Je n’aimais pas l’idée de pas pouvoir aider Seth.

« Y a un gars du château qui a été renvoyé dernièrement ? »

Après tout, la lettre précisais « je serai de retour le mois prochain », ça supposait un éventuellement renvois. Ou alors une hospitalisation…Mais vu le contenu de la lettre, je penchais plutôt pour la première option.

... Tu respires vraiment quand tu parles ?
Euh... Je n'y ai jamais vraiment réfléchi.

Justicier ? T'as fait quoi ce dernier mois, t'as défendu la veuve et l'orphelin ?
C'est pas forcément l'envie qui manque, mais tu me connais, dès qu'il y a un geste héroïque qui se passe à Poudlard, je suis généralement loin de l'action, et planqué si possible !

Hey ! Salut Selena ! Désolé, je ne t'avais pas vue. Il fait super sombre, puis avec le sprint, l'adrénaline, mon début d'hypoglycémie, tout ça, tout ça...

Ça n’a même pas le courage de signer ses menaces, t’es sûr que c’est un mec ?

Elle date de quand cette lettre ?
Aucune idée... C'est un Gryffondor qui me l'a passée il y a quelques minutes. Ou peut-être il y a quelques heures, avec la brèche dans l'espace-temps qui s'est produite, je suis paumé moi ! On est toujours en octobre hein ? C'était Henri, enfin je crois, il m'a dit qu'un vieux hibou avait cette lettre accrochée à sa patte, mais vu l'état dans lequel elle est, elle ne doit pas dater d'hier.

Y a un gars du château qui a été renvoyé dernièrement ?
Pas à ma connaissance. Puis je ne vois pas pourquoi il m'enverrait cette lettre, je ne me souviens pas avoir fait renvoyer quelqu'un ! Enfin, je ne suis pas sûr, mais quand même, je pense que je m'en souviendrais ! Euh... C'est moi ou malgré tous mes efforts et tout ce temps passé à réfléchir aux possibilités qui s'offrent à moi, cette affaire n'avance pas ? Faut dire que la faim ne m'aide pas des masses. Je ne pense pas que ce soit moi qui sois visé, la lettre est trop vieille, puis qui voudrait ma mort, hein ? Bref, sinon, ça va vous ? Qu'est-ce que vous faites dehors à cette heure-ci ? Vous pensez que la grande salle est toujours ouverte pour le dîner ?