« TAISEZ VOUS ! » cria-t-elle avant de retourner vers son dortoir. Dans la salle commune, les jeunes filles et garçons de Gryffondor faisaient un boucan monstre, sûrement pour célébrer quelque chose. Freya avait choisi de ne pas se joindre à cette mêlée et de réviser dans son coin, surtout qu'elle avait un devoir d'histoire de la magie à écrire. Parfois, elle se disait qu'elle aurait été mieux à Serdaigle, avec des gens qui ne faisaient que travailler et ne faisaient pas de bruit. Ou Serpentard. A vrai dire, la réelle maison où elle n'aurait jamais pu s'intégrer était Poufsouffle, ou tout le monde était gentil et sociable. Tout le contraire d'elle. Freya était une revêche, une solitaire. Quelqu'un qui marchait sans personne à ses côtés. Mais avait-elle de vrais rêves ? Un réel but, de la détermination ? Personne ne le savait, même pas elle. Depuis la mort de Charlie, il lui semblait que tout était fade. Elle travaillait car cela lui faisait passer le temps, mais elle n'aimait pas réellement ça. Freya mettait juste toutes les chances de son côté pour l'avenir, et éviter de se retrouver avec des mauvais résultats aux ASPIC avec aucune chance de voyager et d'écrire comme elle le voulait. Elle avait déjà eu d'excellents résultats aux BUSE mais ce n'était pas assez. Ainsi, tous les soirs, elle s'enfermait dans le dortoir des filles pour travailler. A cette heure là, personne ne pensait à venir se reposer ou dormir, surtout pas à Gryffondor.

Un soupir passa par ses lèvres, et son souffle chaud caressa les pages de son livre. Elle avait envie de sortir. De prendre l'air, de se vider la tête, et surtout, de ne pas avoir le bruit des Gryffondor fêtards dans la tête. Ainsi, elle referma son ouvrage et le posa sur sa table de nuit. Freya avait troqué sa robe de sorcier contre une tenue moldue, ce qui la faisait se sentir comme à la maison. Oui. La maison lui manquait, mais même lorsqu'elle était dans la banlieue de Londres, avec ses parents, elle ne se sentait pas chez elle. A chaque fois qu'elle croisait leurs regards, elle voyait. La rancune. Ils lui en voulaient pour la mort de Charlie, et oh mon dieu, ils n'étaient pas les seuls. Freya s'en voulait déjà terriblement et s'en mordait l'intérieur des joues tous les soirs. Les cauchemars les plus horribles se succédaient dans son sommeil et il arrivait parfois qu'on la réveille, en ayant peur qu'elle se fasse mal même en étant endormie. Parfois, elle se disait que tout irait mieux si elle avait quelqu'un avec qui parler. Mais elle n'avait personne. C'était évident, il n'y avait pas une personne qui appréciait sa compagnie. Mais comment les blâmer ? Elle était insupportable. Pas méchante, non, mais trop .. sauvage. C'était le bon mot pour la décrire. Elle pouvait vous filer entre les doigts comme du sable, et alors, impossible de la rattraper.

Habillée d'un short court et d'un débardeur, elle sortit de sa maison pour prendre les escaliers. Elle n'avait pas peur d'avoir froid, cela lui dégourdissait l'esprit, cela lui permettait de réfléchir. De se réveiller un peu. Finalement, elle arriva au rez de chaussée et sortit du château. Il faisait nuit, mais le couvre feu n'était pas encore révolu. Après tout, Freya, se soucier du couvre feu ? C'était absurde. Elle avança dans l'herbe fraîche et avait envie d'enlever ses chaussures pour être pieds nus. Courir ici, grimper dans les arbres, se sentir bien. Mais non. Il y avait encore des gens dehors et elle ne voulait pas qu'on l'accuse d'être une sorte de monstre étrange. Au loin, elle aperçut deux élèves se disputer et sans réfléchir, elle couru vers eux. Au bout d'une minute, elle reconnut l'un des deux : Rohàn. Son cœur fit un raté mais elle n'y prêta pas attention, jugeant que ce n'était qu'à cause de la haine qu'elle ressentait à son égard. Il était encore en train d'embêter un élève plus jeune que lui. Arrivée près des deux garçons, elle se mit entre eux deux, faisant face au jeune homme qu'elle connaissait bien. « Tu ranges ta baguette s'il te plaît ? Je ne veux pas que ce gentil sorcier se retrouve à l'infirmerie à cause de tes bêtises. » Elle tata sa propre poche et sentit sa baguette, qu'elle n'hésiterait pas à sortir si le besoin s'en faisait. Faisant une grimace, elle s'adressa à l'élève qu'elle ne connaissait pas. « Il est idiot ce Rohàn, non ? Rien de mieux à faire que s'en prendre aux plus faibles que lui. »

Que faire quand on s’ennuie ? A Poudlard, ce n’étaient pas les activités qui manquaient. Il y avait e tout, pour tous les goûts. Lire, pour les Serdaigles et autres espèces du genre. Voler sur un balai, sans se faire attraper. Ou encore tester d’innombrables sortilèges sur des objets plus inutiles les uns que les autres, tout en passant par une partie d’échecs version sorcier. Mouais. Pour un sorcier normal, pourquoi pas. Cependant, Rohàn ne se considérait pas comme un sorcier normal. Non, il se considérait au-dessus. La race supérieure. Celle des nobles. Celle qui devait gouverner le monde. Son activité, son passe-temps, sa dague réparatrice pour tuer l’ennui … c’était de martyriser une victime. Le jeu du hasard sanglant. On se promenait dans les couloirs, on regardait les gens passer à vos côtés avec un regard médusé, celui d’un chien qui allait vous dévorer, et quand une tête ne vous plaisait pas, vous le chopez et vous l’encastrez dans un mur.

Les nuits se rafraichissaient en ce mois d’octobre, le soleil prenait de plus en plus l’habitude de se coucher tôt à l’aide de sa couverture étoilée afin de laisser place à son pair, la lune. En tran d’enfiler son pyjama orangée, le soleil offrait en même temps une splendide vue projetée sur Poudlard entier. Et dans les couloirs, se vidant de plus en plus, une robe se promenait, seule une broche verte argentée présumait que cette personne ne pouvait qu’être Rohàn, faisant sa ronde personnelle habituelle. Des bignoclards, des pouilleux, des aberrations de la nature comme de sangs-mêlés. Poudlard ne semblait pas aussi bien qu’on pouvait le prétendre. Il fallait immédiatement arrêter ces conneries de première base. Avec le vieux barbu de Dumbledore –et encore heureux qu’il ait été tué-, toujours dire « Poudlard est votre maison, venez, venez ! » avait eu pour conséquence de transformer Poudlard en véritable nids à pustules. Seuls quelques-uns comme Rohàn faisaient exception. Mais voir tous ces nés-Moldus voler de la magie à des personnes de sang-pur qui devenaient cracmols et devaient ensuite payer le prix. C’était dégueulasse. Complètement dégueulasse. Et il fallait rétablir une certaine justice dans le Château. Faire payer à ces connards. Et ce soir, il en choperait un. Il lui donnerait un à deux coups de baguette sur la tête. Des idées de sortilèges de tortures se promenaient dans sa tête. Il manquait plus qu’à trouver la parfaite petite victime. Cependant, les couloirs se vidaient, les gens rentraient dans leurs salles communes. Et Rohàn n’eut d’autre choix que de quitter l’étage dans lequel il inspectait pour descendre en bas et rejoindre l’extérieur. Dans les cours, il restait toujours quelques rats de bibliothèques pour lire leurs satanés bouquins. Et c’est en pénétrant dans la cour de récréation qu’un sourire néfaste se dessina sur le visage sombre de Rohàn. Sa victime, il venait de la trouver. Un second année. Un Gryffondor. Un Bouffondor plutôt. Sa tête de péteux semblait une des parfaites bouilles à abattre. Accomplissant des pas lents, il savourait les prochains instants. Et lorsqu’il fut à sa hauteur, un simple « Oui ? » traversa les lèvres emplies de stress du Bouffondor. Un coup de poing. A l’œil. Et d’un mouvement vif, le septième année s’empara de sa baguette, pointée sur le deuxième. « T’as le choix petit. Je suis dans un jour clément, je te laisse choisir ton type de torture ! »

Et puis, il y a l’autre. « Tu ranges ta baguette s'il te plaît ? Je ne veux pas que ce gentil sorcier se retrouve à l'infirmerie à cause de tes bêtises. » De quoi se mêlait-elle ? Elle avait le privilège de coucher avec Rohàn, alors voilà qu’elle se sentait puissante ? « Ecoute-moi, bouffondor number two, on t’a rien demandé, c’est clair ? » Il la regardait avec dégoût aider ce vaurien, sang-de-bourbe, pourri jusqu’à la moelle. *Elle est sérieuse ?* pensa-t-il. Le problème qu’il y avait entre ces deux-là, c’est qu’ils ne se comprenaient pas. Elle était pourtant sang-pure et elle avait cette maladie d’aider des gens méprisables. Un jour, Rohàn lui donnerait des leçons. En entendant la deuxième phrase prononcée par la fille, le Serpentard tiqua et arrêta la belle d’un mouvement : « T’as vraiment un problème à la cervelle Freya … Tu t’habilles comme quelqu’un de terriblement inférieur, tu aides des types aberrants. T’as pris un mur dans la gueule ou quoi ? T’as perdu des neurones ? Ce gosse, je vais me le faire. » D’un mouvement de baguette décisif, Rohàn utilisa un sortilège informulé : « Incendio » pointé sur la robe du petit.

Pourquoi s'intéresser à un énergumène du genre ? Il était tout ce qu'elle haïssait. Arrogant, égocentrique, égoïste .. Même si elle se reconnaissait dans ses défauts, elle ne voulait pourtant pas devenir comme le Serpentard. Freya avait des idéaux : être quelqu'un qui combattait l'injustice, qui rétablissait la vérité. Qui savait ce qui était bon, ce qui était mauvais. Pour elle, il y avait le blanc, et le noir. Le gris n'existait pas. Et pourtant, n'était-ce pas une nuance de gris, cette relation qu'ils entretenaient ? Ils n'étaient ni ennemis, ni amis. Ils étaient amants, de façon secrète. Bien entendu, c'était le mieux pour les deux jeunes. Rohàn ne s'afficherait sûrement jamais avec une Gryffondor, et Freya ne s'affichait jamais avec .. qui que ce soit. Surtout pas quelqu'un qui martyrisait tous ceux qui étaient plus faibles que lui. Et c'était ainsi qu'elle l'avait trouvé, en train de martyriser un pauvre de sa maison, qui semblait ne pas comprendre ce qui lui arrivait. Pourquoi lui ? Pourquoi pas un brin d'herbe, qui lui, ne pourrait pas se plaindre ? Freya ne comprenait pas Rohàn, mais c'était une des raisons qui la poussaient à le chercher et à en apprendre plus sur lui. Il était tellement imbu de lui même, et possédait un égo sur-dimensionné. Elle se demandait ce qu'il lui était arrivé pour qu'il devienne cette personne détestable, si ce n'était son nom. La jeune femme avait de la chance de ce côté là, elle n'était pas née sous un nom de héros ou d'antagoniste. Hawthorne n'était pas connu, et tant mieux pour elle. Mais à présent, elle voulait donner une petite renommée à ce nom. Peut-être qu'on se souviendrait de Hawthorne comme de la fille qui défendait les plus faibles.

« Ecoute-moi, bouffondor number two, on t’a rien demandé, c’est clair ? » Les sourcils de Freya se froncèrent. Elle savait que leur relation était secrète, mais elle ne comprenait pas comment il pouvait ouvertement l'insulter en public. Tout ce qu'elle pouvait lui dire .. Les grands discours sur le bien qu'elle pouvait lui donner lorsqu'ils étaient ensemble .. Tout cela, il ne l'écoutait pas. Sûrement qu'il pensait à sa superbe coupe de cheveux ou à sa magnificence tandis qu'elle soliloquait. Sa prise sur sa baguette se raffermit, alors qu'elle pensait au sortilège qu'elle allait bien lui lancer pour se venger. Théoriquement, ils n'étaient pas censés se battre avec leurs baguettes, mais Freya se fichait bien de tout ça. Elle voulait faire goûter un peu à Rohàn ce qu'il faisait subir aux autres. « T’as vraiment un problème à la cervelle Freya … Tu t’habilles comme quelqu’un de terriblement inférieur, tu aides des types aberrants. T’as pris un mur dans la gueule ou quoi ? T’as perdu des neurones ? Ce gosse, je vais me le faire. » Elle baissa la tête vers ses habits. Elle était habillée simplement, juste comme une .. moldue. Oui, pour lui, les moldus étaient inférieurs. La rage monta à l'intérieur d'elle, et elle sortit définitivement sa baguette pour regarder Rohàn lancer un sortilège au pauvre Gryffondor qui était à côté de lui. La jeune femme s'était légèrement poussé et elle observa rapidement la robe du petit commencer à prendre feu. Quel idiot ! Ne voyait-il pas que c'était dangereux ? Combattre le feu par le feu ne l'aiderait pas sur ce point là, il fallait qu'elle trouve un sortilège avec de l'eau. « Aguamenti ! » fit-elle en orientant la baguette vers le pan de la robe du jeune garçon. Un jet d'eau sorti de l’extrémité du bois et éteignit rapidement la flamme qui avait commencé à s'éteindre. Elle se retourna rapidement et gifla Rohàn avant que celui-ci puisse l'arrêter. Il ne devait pas imaginer qu'elle pouvait lui faire mal comme une moldue, mais ayant été éduquée comme telle, Freya avait des réflexes qui ne tenaient pas du sorcier. Elle aurait pu lui lancer un sort, mais la jeune femme ne souhaitait pas se mettre à un niveau aussi bas que lui.

« Pars. Pars, je te dis ! » cria-t-elle pratiquement au jeune Gryffondor qui prit la poudre d'escampette. Elle s'éloigna alors rapidement de Rohàn, et guettait sa main pour voir s'il allait lui jeter un sort, à elle. Voulait-il la faire brûler vive, elle aussi ? Un rictus de dégoût se peignit sur son visage. Il était pitoyable. « Ce garçon n'est pas ton inférieur. Je ne suis pas ton inférieure. Arrête de penser ainsi ! » Elle tenait toujours sa baguette en main, s'attendant à ce qu'un duel commence entre eux deux. «  Il n'y a que les faibles qui ont besoin de s'attaquer aux plus petits qu'eux. »