Même les pires trouvent chaussure à leur pied, telle était la phrase qui pouvait caractériser l’union entre Lucius Carrow et Alecto Carrow. Leur mariage n’était évidemment pas un mariage d’amour, c’était un mariage arrangé dans le but de préserver la pureté du sang des Carrow et de faire en sorte que la lignée continue d’exister. Mais, trouver un parti quand on s’appelait Alecto Carrow et qu’on était connue comme une mangemort réputée pour sa cruauté sans égale était déjà un exploit. La jeune femme pouvait d’ailleurs s’estimer heureuse d’avoir pu rester libre en s’exilant aux États-Unis et grâce à l’aide sa famille.
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C’était lors d’un froid jour d’Hiver qu’Artémis, la dernière des Carrow était née, impatient de rencontrer sa progéniture, Lucius Carrow pénétra dans la chambre ou se trouvaient la mère et l’enfant. Les garçons eux rencontreraient leur sœur le lendemain, sa femme qui avait les traits tirés était profondément endormie, jugeant préférable de ne pas la réveiller, l’homme se reporta vers l’enfant qu’il prit dans ses bras, avec ses cheveux bruns elle lui faisait penser à sa mère. Alors, dès que le bébé fut dans les bras de son père, ses yeux s’ouvrirent, puis elle commença à hurler à plein poumon. Aussitôt la mère ouvrit les yeux
-Lucius ! Elle dorm…Soudain Alecto se figea, les cheveux du bambin venaient de devenir roses, le visage de son père s’éclaira d’un large sourire pendant que sa chevelure devenait rouge vif, symbole de sa bonne humeur.
-Elle est magnifique et mon père m’avait dit que mes cheveux avaient commencé à changer de couleur peu après ma naissance !
-Je savais bien que l’un d’entre eux hériterait du don ! ***
La vie d’Artémis Carrow n’était pas de tout repos, tout d’abord il y avait la petite enfance avec une mère froide et indifférente, celle ne semblait pas s’en occuper par amour mais seulement effectuer un ennuyeux devoir. Dès qu’elle pouvait, sa progéniture allait dans les bras d’une nourrice, ce qui au fond valait mieux pour le bébé, Alecto Carrow se plaisait à lui raconter des histoires atroces, à lui expliquer que seuls les sangs purs valaient quelques choses. Tout cela le bébé n’était pas en mesure de le comprendre, mais comment savoir quelles serait les influences futures ?
Le père de l’enfant lui, brillant avocat se tuait à la tâche pour ramener de l’argent, trouver des clients à défendre lorsque l’on portait le nom de Carrow n’était pas facile. Puis, quelque temps plus tard la petite avait grandi, ses cheveux et ses yeux continuaient de changer de couleur à la moindre émotion forte mais, vers l’âge de quatre ans, d’autres pouvoirs s’étaient manifestés, quand l’enfant était terrifié il arrivait que les objets se brisent ou s’enflamment ou, dans des cas extrêmes qu’elle en fasse voler certains.
Son enfance fut marquée par plusieurs choses, la famille rentra en Angleterre puis elle commença à apprendre à maitriser ses pouvoirs de Métamorphomage en compagnie de son père, celui-ci commença par lui apprendre à lire et à écrire, puis ensemble ils passèrent beaucoup de temps à étudier le corps humain, mais aussi à discuter de la métamorphomagie. Avant de commencer à maitriser parfaitement son don, il fallait que la gamine connaisse les limites du corps, le fonctionnement théorique de la métamorphomagie mais aussi qu’elle soit capable de rester calme et concentrée assez longtemps pour pouvoir changer de forme à sa guise. Son apprentissage avec son père la rendit proche de celui-ci durant cette partie de sa vie, ils avaient un point commun très fort ce qui les rendaient très complices en dépit de la relative froideur de celui-ci.
Avec sa mère, Alecto ce ne fut pas pareil, la jeune femme était froide et hautaine, pour une enfant sensible qui avait besoin d’affection ce n’était pas une bonne chose. De plus, sa mère commença très vite à lui parler de la valeur du sang, des théories du seigneur des Ténèbres et à la pousser vers la magie noire. Ses récits qui fascinaient Augustus et Artus, la gamine l’ignorait mais ils avaient été eux aussi réticent au début, or ils montrèrent vite les mêmes signes de troubles mentaux que leur mère. Ses frères, la terrorisaient, elle écoutait en essayant de penser à autre chose, malgré la couleur noire et acre que prenaient ses cheveux, signalant son malaise profond.
Ce ne fut toutefois pas la pire chose que la Carrow fit, elle se plaisait à torturer des animaux devant ses enfants. Les garçons regardèrent très vite avec fascination, ils devenaient comme leur mère, dénués d’émotions et sadiques, des psychopathes. Ce trouble mental était fréquent chez les Carrow, et l’éducation qu’Alecto donnaient aux enfants n’arrangeaient pas les choses. Leur père tentait de rester de marbre mais c’était en voyant le dégout dans ses yeux qu’Artémis savait, il n’était pas comme eux, malgré ce qu’il pouvait dire, il ne leur ressemblait pas tant que ça. Ce fut ce qui sauva la petite dans la mesure ou elle évita le basculement dans la maladie mais causa sa perte en en même temps. Son père lui pouvait s’esquiver, elle ne pouvait pas, étant soumise à l’autorité de sa mère elle était donc absolument terrifié, à chaque fois la nausée lui prenait, elle culpabilisait, elle avait peur, elle suppliait même sa mère d’arrêter. Laquelle la disputait vertement, sous les moqueries de ses frères.
En dépit de son acharnement à lui montrer ce genre de choses, la Carrow ne réussit qu’à rendre la gamine encore plus sensible qu’elle ne l’était déjà, mais aussi à lui faire développer une phobie du sang. Elle prit l’habitude de quitter brutalement la pièce dès qu’un animal se trouvait dans le champ de vision de sa mère et avant que celle-ci ne la retienne. Alecto Carrow souffrait de psychopathie mais malgré son jeune âge, la petite évita d’y sombrer. Etait ce car son père était différent ? Etait ce car elle était différente, la question était difficile. Durant son enfance, ce fut donc un sentiment de haine envers sa famille qui prit place en elle, elle haïssait sa mère de se comporter de la sorte et ressentait de la haine envers ses frères qui eux aussi étaient absolument fascinés, le trouble dont ils souffraient n’excusaient rien. Son père seul trouvait pour l’instant grâce à ses yeux.
Mais, une autre chose changea aussi la donne, le comportement d’Augustus, qui avait trois ans et demi de plus qu’elle, et d’Artus, né prématuré et qui avait lui trois ans de plus que sa sœur. Ils la haïssaient, sans doute à cause de sa proximité avec son père, un être qui leur paraissait inaccessible à cause de ses différences, car leur sœur ne supportait pas la torture mais aussi car en eux la psychopathie grandissait de jour en jour, peu à peu ils perdaient tout sentiments humains, toutes les formes de remords disparaissaient en eux. Ils voulurent donc entrainer leur sœur dans une descente aux enfers, puis qu’ils devaient en subir une aussi. Alors,les ainés semblaient passer leur temps à chercher des moyens de faire du mal à leur sœur, ils lui faisaient des coups bas, des mauvaises blagues et il leur arrivaient même de la passer à tabac sans raison, parfois ils s’introduisaient dans sa chambre, la frappaient, la blessait ou l’humiliaient. Créant ainsi une haine viscérale entre la métamorphomage et toute sa famille.
-Papa lâcha Artémis, alors tout juste âgée d’une dizaine d’années et en pleures ,
c’est les garçons ils… Ils m’ont Pen…pendus par les p…pieds pour me frapper ! Pour la première fois, Lucius Carrow déçut réellement sa fille en répondant d’un ton froid.
-Jeune fille, on ne dénonce pas ses frères, s'ils se sont comportés de la sorte il y avait sans doute une raison, tu dois trouver un moyen de te défendre seule !
Alors, pour la première fois la gamine fut réellement capable de maitriser son don, poussée par la colère et la tristesse, ses cheveux et ses yeux prirent une couleur étrange, mélange de noir et de rouge, symbolisant sa colère.
-Mais… Mais… Ils sont plus grands !
-Sors d’ici !
-Je te hais, tu… Tu… Tu ne vaux pas mieux qu’eux, ou que Mère ! Ce sont des MONSTRES ! Je sais que tu les as vus les jours où ils tortureraient le chat du voisin, et que tu savais ce que maman avait fait avant que tu l’épouses
Alors, pour la première fois son père la gifla, le genre de gifle dont un enfant se souvient toute une vie.
-La famille c’est sacrée ! peu importe c’est que les membres de cette famille font, nous devons nous soutenir car c’est dans l’union que nos valeurs perdurons dans ce monde en décadence !
Ce fut alors avec une ultime arrogance que la métamorphomage déclara
-Jamais une famille comme la nôtre ne sera sacrée !
Aussitôt elle tourna les talons pour partir en courant et s’enfermer dans sa chambre, Lucius faisait allusion aux trouble mental dont souffraient les autres membres de la famille, il aurait voulu qu’elle comprenne et essaie de vivre avec, mais Artémis refusait de vivre comme cela. Alors, elle allait sans doute se prendre une raclée mémorable, mais sans le savoir son père venait d’aider sa fille. Il avait, en quelques minutes réussi à provoquer la concrétisation de la haine en elle, mais il avait aussi provoqué autre chose, la rage de vaincre, de s’affirmer en dépit de cette famille et de ce nom maudit. Jusque-là elle s’était laissée faire, terrorisée par ses frères et par ses parents, ce qu’elle avait vécu l’avait rendu sécrète, renfermée sur elle-même, soumise et craintive. Désormais, elle avait compris, survivre n’était qu’une question de combativité, elle ne vaincrait qu’en se montrant aussi terribles que ses frères, avec leur colère et leurs instincts sadiques. Ce que l’on pouvait appeler une période de terreur commença, bien moins forte physiquement que ses frères, elle avait souvent du mal à leur échapper et en elle subsistait une peur terrible de ces deux bourreaux. Mais, elle avait appris la valeur du courage, elle tenait tête à tout le monde, condamnant de plus en plus aux files des années les pratiques de sa mère, faisant régulièrement des coups en traitre à ses frères. La gamine n’en devint pas psychopathe, mais ce coté sombre avait tout même prit place en elle…
Une nouvelle chose la fit changer, l’attrait du savoir, désireuse de comprendre le fonctionnement réel des choses, pas celui que ses parents voulaient lui faire intégrer. Sa curiosité se fit encore plus tenace, son besoin de savoir grandissait de jour, tout comme sa maitrise de son don. Elle l’avait compris, celui qui survivrait était le plus terrible, mais celui qui gagnait était le plus riche d’esprit. Ce fut comme ça que se déroulèrent les années qui suivirent, rythmées par les tentatives de rébellions de la gamine.
Augustus et Artus partirent tous deux étudier aux États-Unis dans l’école où leur père avait fait ses études. Ce fut une première libération mais la gamine resta l’enfant terrible, celle qui voulait s’affirmer envers et contre tout, celle qui haïssait le fardeau qu’elle portait. Car il était bien lourd, dans la rue le regard des gens se faisait accusateur, souvent les insultes fusaient ce qui ne faisait que faire grandir sa haine.
Puis, enfin vint l’année de ses quatorze ans, celle où elle devait aller faire ses études, ses parents décidèrent de l’envoyer à Poudlard. Alors, ce fut toute excitée qu’elle se rendit au chemin de traverse pour acheter ces fournitures et surtout, sa baguette magique, dans le regard d’Olivander, elle vit d’abord l’habituelle stupéfaction face à une métamphomage, puis cet éclair de ressentiment quand elle se présenta sous le nom d’Artémis Carrow.
-Je crois que cette baguette vous conviendra, de grande taille, en ébène contenant des poils de Loups garous, Mlle Carrow, sans doute la meilleure combinaison pour la métamorphose.
C’était en effet la bonne, quelques jours plus tard ce fut la répartition, en entendant le patronyme maudit, les élèves tendirent le cou, l’adolescente ne baissa pas les yeux.
-Une Carrow… Je vois que Poufsouffle serait un très mauvais choix, tu ne te sentirais pas vraiment à ta place chez les Lions, malgré un certain courage, quant à la maison Salazar, en dépit d’une relative détermination, je pense que tu n’as pas le caractère pour cette maison. Alors ce sera SERDAIGLE !
Toute sa famille avait été à Serpentard, mais elle s’en fichait, ravie de rejoindre une maison ou le savoir avait le plus d’importance. Au contact des autres, la métamorphomage développa son excentricité, mais aussi une certaine gentillesse envers ceux qui ne lui voulaient pas de mal, elle avait besoin de retrouver l’affection qui lui avait manqué et de pouvoir enfin s’exprimer comme elle le voulait, sans se comporter d’une manière colérique. Elle garda la tête haute face aux insultes et aux événements qui se produisaient à Poudlard.