[Vous devez être inscrit et connecté pour voir cette image]Un travail de groupe.

Quand le professeur de potions avait dit ça avec un sourire en coin, la jeune femme avait de suite pensé à une mauvaise blague. Bien sûr, il ne pouvait pas être sérieux en proposant d'allier deux élèves de maisons différentes pour créer une potion commune alors qu'ils avaient tous plus de vingt ans dont sept de manipulation de chaudrons. Et puis, il avait commencé à faire voler des parchemins à chaque élève avec, écrit dessus, le nom et la maison de l'autre élève ainsi que la date et l'heure de l'évaluation. Un premier soupir avait franchi les lèvres de la belle à ce moment là mais la surprise était loin d'être terminée. Attrapant son bout de papier avec tous les renseignements alors qu'il était encore en l'air, la brunette resta un moment sous le choc alors que le nom qui s'affichait sous ses yeux semblait tout simplement le narguer. Levant la main comme pour faire objection à cette boutade qui allait trop loin à son goût, le professeur ajouta avant même de lui donner la parole « Bien évidemment, les groupes ne sont pas changeables, aucune réclamation ne sera acceptées. Vous pouvez utilisez la salle pour vous entraîner pendant la semaine. Le cours est terminé. » Alors que le vacarme des chaises qui grincent et des élèves qui ramassent leurs affaires résonnait, la jeune femme resta un moment la main en l'air mais plus personne ne faisait attention à elle. Il ne restait plus qu'une poignée d'étudiants quand elle tourna enfin la tête vers celui qui allait devenir son pire boulet : Merlin.

You've got to be kidding me.

L'idée de faire le projet seule lui effleura l'esprit un instant avant de se rendre compte qu'en plus des renseignements, le professeur avait prit la liberté de séparer la recette en deux, histoire que les partenaires de laboratoire soit au minimum obligé de se parler pour obtenir l'autre partie du procédé. Elle soupira une nouvelle fois. Par les grands sorciers, pourquoi elle ? Pourquoi lui ? Elle en aurait presque pleuré de désespoir quand elle s'imagina enfermée dans la même salle que le descendant Fudge pendant plusieurs heures, à devoir lui parler et sans pouvoir l'étrangler. Leurs regards se croisèrent un moment et de nouveau, il lui balança un sourire dont elle avait horreur et ses mains se crispèrent sur le papier qu'elle tenait encore. Bon sang que ça allait être dur.

Quelques jours plus tard, elle avait réussi à faire le premier pas, à lui déposer un mot par hibou pour lui donner rendez-vous en salle de potions, pour s'entraîner tout les deux. Ou du moins pour qu'elle arrive à lui prendre l'autre moitié de la recette et faire le tout de son côté. Peu lui importait qu'il reçoive une bonne note grâce à elle, tout ce qu'elle désirait c'était ne pas s'en ramasser une mauvaise à cause de lui. Elle lui avait donc dit de la rejoindre dans le cachot à quatorze heure pétante s'il voulait un minimum comprendre ce qu'ils allaient faire. Elle, bien sûr, était arrivée en avance histoire de préparer les affaires, mais surtout de se préparer mentalement. Elle posa son chaudron sur la table, quelques pots de racines et autres ingrédients presque indispensable pour les potions et elle commença à étudier la partie de sa recette. Parmi toutes les potions qu'elle avait testé, celle-ci, elle ne la connaissait pas. Elle avait eu envie de crier tant le sort s'acharnait contre elle.

Les minutes défilèrent et comme elle s'en doutait, le Gryffondor était en retard. Elle ne savait pas pourquoi mais elle s'y était attendue à celle-là. Tapotant un rythme avec ses doigts sur le rebord du plan de travail, elle tenta de penser à autre chose pour se calmer mais cela ne marcha pas vraiment. Au bout d'un moment, la porte s'ouvrit tout de même sur un Pride toujours aussi souriant qui rencontra dès le début un regard glacial et assassin. Non seulement il était en retard, mais en plus il était content de lui. Une profonde respiration, ne pas le tuez maintenant, attendre d'avoir récupéré l'autre partie du parchemin avant, pensez à la note catastrophique qu'elle avait devoir afficher sur son carnet si elle l'étripait avant même de le laisser rentrer dans la salle. « Tu es en retard. » lui balança-t-elle tout de même. C'était tout ce qu'elle s'autorisait.

Pour l'instant.

Il aurait pu être bon en potions.

Ouais, si ce n’avait pas été un travail de précision, de concentration et de patience, si cela ne demandait ni rigueur et discipline, s’il n’avait pas fallu rester devant un chaudron pendant des heures et des heures, à calculer des proportions au gramme près, à suivre les instructions obscures d’un vieux livre poussiéreux… En fait, si faire des potions avait été aussi simple que dans les livres pour enfant qu’on lui avait lu avant qu’il soit sensé savoir le faire, il aurait pu être bon. Ce n’était malheureusement pas le cas et Pride était habitué à échoué dans cette matière. Comme, à vrai dire, dans la plupart des matières où la pratique dépendait directement de la théorie. Sortilèges, Défense contre les Forces du Mal, tout ça il savait faire. L’art subtil des potions l’était cependant trop pour lui, subtil.

C’était toujours un peu la même histoire. Il rentrait dans les cachots où se déroulait le cours, commençait à paniquer mais ne le montrait pas trop, gesticulait un peu et les choses s’enchainaient de deux façons possible. Premièrement, on lui filait un ou plusieurs partenaires de travail plutôt cool, s’en fichant qu’il ne foute rien, du moment qu’il faisait un peu le pitre, faisait rire et rendait la session un peu moins morne. C’était surement pour ça qu’il avait une moyenne décente dans la matière, à vrai dire, parce qu’il était à Gryffondor, parce qu’il était sociable et vaguement populaire, qu’il faisait rire avec ses conneries. La deuxième solution était quelque peu plus radicale puisqu’elle consistait à faire volontairement une connerie suffisante pour le faire expulser de la classe. Clairement, il préférait être collé et devoir nettoyer des chaudrons brulés par les premières années maladroits que de devoir se faire humilier publiquement pendant un cours. C’était sa faiblesse, il ne supportait pas qu’on le regarde de travers en rapport à ça, mais en étant forcé à suivre le cursus de potions des septièmes années, merci autorité parentale, il n’avait pas vraiment le choix, il devait se débrouiller.

Assit à sa table, encore calme –du moins pour lui, pour ce qu’il pouvait produire comme énergie en temps normal – il avait soupiré de soulagement lorsque le professeur avait annoncé un travail en groupe, espérant tomber sur un camarade quelconque, un ami ou une fille facile à impressionner, à manipuler en deux trois sourires… oh qu’il avait vite déchanté en réalisant que dresser un dragon aurait été plus simple que d’amadouer cette nouvelle binôme. Il avait juré, assez fort pour qu’elle l’entende, surement. Absynthe Rogue, espèce de Serpentard glaciale qui avait surement juré de le tuer dans une vie antérieure et que, comme un abruti, il avait annoncé pouvoir séduire pour un pari. Il avait cru que ça ira vite, qu’il pourrait rapidement la coller dans son lit et que le carnage serait rapidement terminé mais clairement, il s’était fourré le doigt dans l’œil et ce jusqu’au coude. Toutes les tentatives d’approches s’étaient soldées par des échecs et il remettait presque son assurance en question alors qu’il se surprenait à réaliser que c’était une chance qu’elle n’ait pas déjà arraché sa langue. Charmante enfant, vraiment, la Rogue s’avérait aussi très douée en potions, aussi étonnant que cela puisse sembler. Ou pas. Il avait beau être nul en Histoire de la Magie, il n’était quand même pas stupide, il avait fait un semblant de rapprochement.

Forçant un sourire, il poussa la porte le séparant de la jeune femme. Il était en retard, il le savait, surement parce qu’il avait contemplé ses options avant de venir, se demandant à quel point il risquait de se faire écarteler s’il ne venait pas. Outre les gallions qu’il devait à Quigg s’il échouait son pari, il tenait un peu à sa vie, quand bien même ce n’était pas évident pour tout le monde. Il essayait de relativiser, à présent. Peut-être arriverait-il à ses fins, ou du moins à lui survivre une fois de plus… il avait, après tout, la moitié de la recette dont elle avait besoin pour réaliser la potion et obtenir une note parfaite, nécessaire à sa moyenne impeccable dans la matière. Avec un peu de chance, elle tenait plus à son bulletin qu’à l’idée de pouvoir lui arracher les yeux avec une cuillère en bois. Mais ce n’était pas sûr. « Tu es en retard » lança-t-elle. Il se retint de répondre un ‘bonjour à toi aussi’ refermant simplement la porte derrière lui et s’avançant vers la table pour y poser son sac.

Pas sûr du tout, du tout du tout, vu son regard.

Se faisant violence et accrochant un nouveau sourire à ses lèvres, il lança simplement « Oui, pardon, ça ne se fait pas d’être en retard alors que tu te décides enfin à m’inviter en me laissant des petits mots… c’est mignon, d’ailleurs, très indépendant, très moderne, j’aime bien ». Il était sans doute insupportable, sale petit charmeur trop sûr de lui mais il commençait à manquer de temps face à cette fille qui le détestait sans qu’il ne sache pourquoi, réellement. Après tout, il ne lui avait jamais rien fait, sauf peut-être appartenir à la maison Gryffondor et avoir une attitude qui ne lui plaisait pas spécialement… rien de suffisant pour planifier un meurtre, cependant.

[Vous devez être inscrit et connecté pour voir cette image] Elle le regarda s'installer, lent, charmeur, souriant. Elle lui donnait presque envie de vomir. Retenant à grande peine un soupir, elle détourna son attention du jeune homme pour se concentrer sur le calme qu'elle devait afficher pour les prochaines heures, au minimum. Elle faillit s'étrangler. Des heures. Elle le lâcha, finalement, son soupir, juste avant qu'il ne réplique. « Oui, pardon, ça ne se fait pas d’être en retard alors que tu te décides enfin à m’inviter en me laissant des petits mots… c’est mignon, d’ailleurs, très indépendant, très moderne, j’aime bien » Et elle ne pu s'empêcher de lever les yeux au ciel. Peut-être que cela suffisait à charmer les filles de bas étage dont il se contentait d'habitude mais s'il avait envie de l'amadouer, il s'y prenait assez mal. Absynthe pouvait être une véritable tigresse quand elle s'y mettait et ce n'était pas en soufflant dans le nez d'un chat que l'on s'en fait un ami. De toute manière, elle n'avait aucune envie de devenir ami avec lui. Il était suffisant, arrogant, téméraire. Tout ce qu'elle détestait depuis que Naos avait écrasé son cœur avec son attitude identique et qu'il avait tenté de la tuer par la suite. Avant ça, elle aurait pu l'apprécier, devenir son ami malgré les couleurs différentes des maisons, les préjugés et les différences de point de vue mais il avait le malheur de lui rappeler son ex et pour Absynthe c'était trop dur d'être à ses côtés sans avoir mal en repensant à tout ça. « C'est sûr que si j'avais attendu après toi pour planifier des révisions, je pouvais encore attendre. » marmonna-t-elle entre ses dents.

Avant même de savoir s'il avait entendu ou pas grogner dans sa barbe, elle pivota sur son tabouret pour se tourner vers lui et posant les mains sur ses genoux, défia le Gryffondor du regard. De son air toujours impénétrable et non-avenant, elle dévisagea un instant le rouge et or avant d'annoncer clairement. « Écoute, je sais que tu es habitué à la médiocrité mais certains élèves ici, comme moi par exemple, aime garder un bon niveau, histoire de s'assurer une place importante pour le futur alors je ne vais le dire qu'une seule et unique fois. Je suis prête à n'importe quoi pour avoir une bonne note. Tu m'entends bien ? N'importe quoi. Alors j'espère que tu n'avais pas prévu de tout foutre en l'air en étant... toi. » Sa petite tirade lui tira une petite inspiration puis elle pivota de nouveau sur son tabouret pour se mettre en face de la paillasse et commença à sortir ses affaires. Sans même lui offrir un autre regard, elle tendit la main ouverte vers lui, comme pour réclamer quelque chose. « La deuxième partie de la formule, tu y as pensé au moins ? » tandis que son autre main se saisissait de sa baguette pour remplir le chaudron d'eau et de faire apparaître une flamme sous le dit chaudron, prête tout de même à se pointer sur le jeune homme au moindre faux pas et au moindre geste déplacé. Certes, elle était prête à tout pour obtenir une bonne note mais plus elle évitait les contacts physiques avec Pride, mieux elle se porterait à la fin de cette journée de révisions.

Il la fixait. Il attendait une réaction, prêt à éviter le premier objet qu’elle comptait lui lancer, espérant juste qu’elle opte pour quelque chose de solide plutôt que pour un sort… Il l’observait, cherchant aussi, au passage, un bon surnom pour elle et péchant à trouver quelque chose de pertinent, quelque chose qui l’agacerait vraiment. Il était bon, d’ordinaire, pour ça, mais avec elle, il séchait et ça le forçait à réfléchir, chose qu’en soit, Pride n’aimait pas spécialement. Quoi que, la partie réflexion ne le gênait pas tant que ça, c’était surtout le côté ‘obligation’ qui l’avait toujours bloqué… Toujours était-il que, face à lui, mains sur les genoux, sur son tabouret quand lui était encore debout, son sac à peine posé, elle se montra toujours aussi aimable que d’habitude : « Écoute, je sais que tu es habitué à la médiocrité mais certains élèves ici, comme moi par exemple, aime garder un bon niveau, histoire de s'assurer une place importante pour le futur alors je ne vais le dire qu'une seule et unique fois. Je suis prête à n'importe quoi pour avoir une bonne note. Tu m'entends bien ? N'importe quoi. Alors j'espère que tu n'avais pas prévu de tout foutre en l'air en étant... toi. » Sale teigne. Cette nana était vraiment une sale teigne. Pendant un instant, il pensa à ce que Charles avait pu lui dire lorsqu’il avait compris le pari. Il y laisserai un membre, ou sa vie. Et plus il y pensait, plus Pride réalisa que c’était surement vrai, en y regardant bien. Il soupira, alors qu’elle s’activait déjà à moitié, petite abeille dans sa ruche. Mortelle. Si seulement il avait pu être certain du fait que la ressemblance irait jusqu’au bout et qu’elle laisserait sa vie si elle l’attaquait, y réfléchissant donc à deux fois. Elle avait une main tendue vers lui mais il choisit délibérément de ne pas réagir tout de suite, la regardant bouger, remplir le chaudron, être efficace… l’air de rien, il avala sa salive avec difficulté alors qu’elle regardait ailleurs. Chercher à impressionner une fille le détestant dans un environnement pareil n’était peut-être pas l’idée du siècle. Comment pourrait-il être assuré s’il ne pouvait pas s’empêcher d’être nerveux, anxieux à cause de ses lacunes. Bien vite, elle l’empêcha de réfléchir d’avantage, demandant d’une voix mauvaise : « La deuxième partie de la formule, tu y as pensé au moins ? » et sans pouvoir se retenir il répondit du tac au tac : « Non, mon hibou l’a mangé, ou bien je l’ai oublié parce que mon grand rêve est d’échouer cette matière et de rester à Poudlard toute ma vie afin que ma gloire d’étudiant ne se termine jamais » et il agrémenta d’un sourire narquois, roulant les yeux. Clairement, la journée allait être longue et… il se souvint de ce qu’elle avait dit quelques instants plus tôt. N’importe quoi, hein ? Tant qu’à faire, autant essayer. De narquois, son sourire se fit moqueur et il se pencha en avant, posant ses coudes sur la table. La formule était en sécurité dans son sac, il ne craignait rien. Mordant sa lèvre inférieure, il l’observa, sentant un semblant de chance dans la manœuvre. Quigg n’avait pas précisé la méthode de séduction, après tout. « Prête à tout, c’est vrai ce mensonge ? » demanda-t-il, son sourire revenant alors, sans qu’il ne puisse vraiment s’en empêcher. C’était une expression qu’il ne contrôlait pas vraiment, loin des nuances fausses et charmeuses qu’il pouvait servir, un sourire réellement amusé et enthousiaste. « Genre, accepter un rencart avec moi, à Pré-au-Lard ? Ce genre de n’importe quoi ? » ajouta-t-il, jouant avec le feu métaphoriquement quand elle le faisait vraiment, sous son chaudron. Il tenta de ne pas penser à ça, se concentrant sur son visage, guettant un changement d’expression alors qu’il jouait avec la chevalière en argent terni qu’il portait toujours à son pouce droit car trop grande pour ses autres doigts

[Vous devez être inscrit et connecté pour voir cette image] Elle ne savait pas ce qui l'énervait le plus. Son manque de réaction ou simplement le fait qu'il soit là. « Non, mon hibou l’a mangé, ou bien je l’ai oublié parce que mon grand rêve est d’échouer cette matière et de rester à Poudlard toute ma vie afin que ma gloire d’étudiant ne se termine jamais » lui lança-t-il en réponse à sa question, certes un peu débile sur le coup. Elle tourna vers lui un regard de nouveau blasé, à peine amusé par tant d'esprit dans une réplique digne d'un gamin de cinq ans. Elle voulu lui faire remarquer mais bien vite il fut accoudé à la table, près, trop près d'elle. Instinctivement, elle recula, comme s'il avait la peste et observa son sourire moqueur. Elle se jura intérieurement que la prochaine qu'il affichait une telle suffisance, elle lui ferait ravaler ses dents, une par une. Lentement. Et pas forcément par la bouche. « Prête à tout, c’est vrai ce mensonge ? » Un sourcil haussé en guise de réponse, signe qu'elle ne comprenait où il voulait en arriver. Bien sûr qu'elle était prête à toute pour ne pas salir sa réputation en potions, c'était bien la seule matière dans laquelle elle était naturellement douée donc elle ne pouvait pas se permettre de faillir, surtout à cause de lui. Elle voulu lui demander où il voulait en venir mais il lui coupa l'herbe sous le pieds en ajoutant, mine de rien. « Genre, accepter un rencart avec moi, à Pré-au-Lard ? Ce genre de n’importe quoi ? » Et pour une fois resta sans voix.

Elle ouvrit même la bouche plusieurs fois sans que rien n'en sorte, complètement sous le choc de la proposition. Pourquoi, par Merlin lui-même, lui demandait-il ça ? Après les répliques cinglantes échangées dans les couloirs, après les mauvais coups et les regards assassins qu'elle lui avaient balancés, pourquoi voulait-il lui donner rendez-vous quelque part ? De plus, un endroit fréquenté, là où des élèves pourraient les surprendre en train de se parler et non de se sauter à la gorge. Elle secoua doucement la tête pour se remettre les idées en place. Il ne faisait ça que pour se moquer d'elle, bien évidemment. Il ne pouvait pas y avoir d'autre solutions mais sur ce coup là, s'il avait envie de jouer avec le feu, elle n'allait sûrement pas le laisser se débiner. « Bien sûr, je pourrais accepter ce genre de n'importe quoi, du moment que tu me laisse diriger le TP. Toute seule. Je mettrais nos noms sur la feuille et... » Elle prit une grande inspiration, comme si ce qu'elle allait dire allait lui brûler la langue. « … j'accepterais un rendez-vous avec toi, à Pré-au-Lard. » Un soupir, de nouveau puis elle pointa un doigt accusateur dans sa direction. Autant mettre les choses à plat avant même qu'il ne s'imagine des choses qui n'arriveraient jamais. « Mais je te préviens, les contacts physiques seront réduits au minimum, les blagues de mauvais goût sont à bannir et tout vêtement rouges est à proscrire si tu veux qu'on apparaisse dans un endroit public, tout les deux. » Parfois, elle sonnait vraiment comme un robot quand elle se mettait à énumérer ce genre de choses.

Il avait soufflé Absynthe Rogue et pendant un instant, une bulle de fierté l’entoura. Il en fallait beaucoup pour secouer mademoiselle sarcasme et pourtant… pourtant à présent elle fait la carpe, muette mais cherchant à parler, ouvrant et fermant sa bouche comme si chaque idée de répartie lui semblait trop mauvaise pour être balancée. Au moins, elle découvrait un peu son monde à lui. Il avait fallu plusieurs mois pour qu’il sache lui répondre du tac au tac et pendant longtemps, il s’était retrouvé, comme elle, à ouvrir et fermer la bouche sans savoir quoi dire. Là, pour une fois, il avait le sourire et elle non et il en profitait, se doutant que le retour de flamme serait mauvais. Comment, par Merlin, avait-il pu penser que cela passerait. Sans se laisser démonter, il resta face à elle pourtant, ne cherchant pas à enchaîner. Si elle était mal à l’aise, autant le faire durer, cela descendrait un peu les murs de glace qu’elle montait autours de sa personne et contre lesquels il se heurtait depuis le début de l’année. Finalement, elle se décida à répondre, le prenant de cours. Il s’était attendu à une tornade, il tomba un peu des nus. « Bien sûr, je pourrais accepter ce genre de n'importe quoi, du moment que tu me laisse diriger le TP. Toute seule. Je mettrais nos noms sur la feuille et... » Elle inspira et lui écarquilla un peu les yeux. « … j'accepterais un rendez-vous avec toi, à Pré-au-Lard. » Il la fixa, fronçant très légèrement les sourcils. Un rencart, une bonne note et il était encore envie ? Clairement, ça ne pouvait pas être si facile… et si ça l’était, pourquoi n’y avait-il pas pensé plus tôt ? Il se retrouva bien vite à loucher et il remarqua alors qu’elle avait pointé un doigt vers lui. Menaçante, elle lança alors « Mais je te préviens, les contacts physiques seront réduits au minimum, les blagues de mauvais goût sont à bannir et tout vêtement rouges est à proscrire si tu veux qu'on apparaisse dans un endroit public, tout les deux. » et s’il avait cru pendant un instant qu’elle allait lui rire au nez ou quelque chose du genre, il s’enfonça encore d’avantage dans sa surprise.

Inspirant à son tour, scrutant son visage, cette mine sévère, cherchant une arnaque, il resta immobile quelques secondes. Elle était loin d’être laide, bien au contraire, en dépit de son air supérieur et hautain, de l’agressivité qu’elle lui servait toujours. Elle était loin d’être laide et être vu en public avec ne l’aurait pas dérangé s’il ne s’en méfiait pas comme la peste. Il avait proposé pourtant et à présent qu’elle avait mordu à l’hameçon, il ne pouvait pas reculer. « Deal » répondit-il, alors, retrouvant son sourire « Tu vas regretter la clause quant aux contacts, j’te préviens » ajouta-t-il en souriant, avant de prendre un air sérieux, semblant réfléchir « et euuuh, pas de rouge, je vais surement devoir y aller torse-nu, donc… personne ne s’en plaindra cependant »

Sans réellement se redresser, il tira sur sa cravate, défaisant le nœud, voulant retrouver ce léger rapport de force, cet équilibre étrange qu’il trouvait lorsqu’elle était un peu prise de court. Posant le tissu entre eux, il tendit ensuite un bras vers son sac, l’ouvrant et commençant à fouiller pour trouver le papier qui intéressait Absynthe. Il l’avait déchiffré, il ne le dirait et ne le montrerait pas mais il avait préparé son coup, sachant très bien que l’autre moitié du boulot serait inconnu. Elle voulait le faire seule mais il resterait quand même, des fois que le prof débarque. Tenant encore la feuille finalement trouvée et la présentant à la jeune femme, il la retira à la dernière seconde, se penchant un peu plus en avant et soufflant « Et mes blagues sont toujours de bons gouts. Et efficaces » avant d’afficher à nouveau ce sourire un peu moins contrôlé. Il y aurait retour de manivelle mais pour l’instant, tout ne semblait pas perdu.

Il fallait l'avouer, l'heure de torture qu'elle avait prévu de passer avec lui ne se passait pas vraiment comme elle l'avait pensé. Dans sa tête, des scènes plus loufoques les unes que les autres s'étaient succédées, allant du meurtre à l'anéantissement total de la classe de potions. Mais jamais, ô grand jamais, elle n'aurait pensé que tout se passerait ainsi. À bien y réfléchir, elle y gagnait au change. Pride lui laissait la deuxième partie de la recette, partirait sûrement après quelques minutes, histoire de faire croire qu'il s'intéressait à ce qu'elle faisait puis ils passeraient un après-midi ensemble dans les rues du Pré-au-Lard. Là-bas, si l'atmosphère devait trop ingérable, elle pourrait toujours courir se réfugier dans les toilettes des filles jusqu'à ce qu'il se lasse de l'attendre, ou elle pourrait tout simplement le planté dans un magasin avec la cohue qu'il y avait toujours lors d'une sortie des élèves au village. À son tour, le jeune homme sembla déboussolé mais il réagit un peu plus rapidement que la brunette et annonça un simple « Deal » qui sonna comme le glas de la dernière chance. « Tu vas regretter la clause quant aux contacts, j’te préviens » enchaîna-t-il, retrouvant son sourire amusé et agaçant. Elle avait beau être de nouveau tournée face à la paillasse, il lui était difficile de ne pas le regarder du coin de l'œil, d'observer ces gestes un peu maladroits et digne d'un véritable gamin coincé dans le corps d'un adulte. « et euuuh, pas de rouge, je vais surement devoir y aller torse-nu, donc… personne ne s’en plaindra cependant » Elle ne put retenir un roulement d'œil à cette dernière réflexion remplie de tant de suffisance.

Elle était partagée. Partagée entre le fait qu'elle était censée le détester pour tout ce qu'il représentait, son air charmeur, son manque total de jugeote, ses blagues de mauvais goût et pourtant, dès qu'il la prenait de court comme l'instant d'avant, elle replongeait des années en arrière quand Naos lui coupait le souffle à de nombreuses reprises. Elle ne pouvait pas s'en empêcher, malgré sa haine pour lui, elle se souvenait des bons moments passés avec lui et n'avait pas envie de se faire dicter sa vie par un fantôme du passé. Son regard fut attiré alors par la cravate du jeune homme qu'il venait de poser entre eux deux. Elle jeta un coup d'œil à la sienne, bien serrée autour de son cou et une idée lui vint à l'esprit. Elle fut interrompue un instant par le parchemin qu'il agitait doucement sous son nez et alors qu'elle allait s'en emparer, le retira, hors de sa portée. S'approchant de nouveau, la faisant reculer. « Et mes blagues sont toujours de bons goûts. Et efficaces » Elle esquissa une grimace bien remplaçait toute les répliques cinglantes qu'elle avait en tête et, posant la baguette qu'elle tenait toujours dans la main, commença à défaire sa cravate. « Pour ce qui est des contacts, je n'ai pas spécialement envie d'être touchée par toi, ne sachant pas où tes mains auront traîné avant d'être sur moi et pour ce qui est des habits rouges... » D'un geste assez vif, elle retira sa cravate et la passa autour de la tête du Gryffondor qui arborait désormais les couleurs vert et argent de sa maison ennemie et se recula légèrement pour observer le résultat « … Je t'autorise à porter du vert plutôt que de risquer d'effrayer un enfant en te montrant à moitié nu. » Puis sans lui demander son avis, elle lui piqua, enfin, la deuxième partie de la recette. N'était-ce pas pour cela qu'ils étaient réunis dans ce cachot à la base ? Cette discussion finirait par mal tourner s'il ne se concentrait pas plus que cela.

Il arqua un sourcil lorsqu’elle commença à retirer sa cravate. Vraiment ? vraiment… il avait du mal à y croire tant ça ne lui ressemblait pas, se demandant si elle comptait lui faire bouffer le vêtement, ne prenant pas la rouge et or par pur dégout pour cette maison, ne voulant vraiment pas y toucher. Il avait du mal à l’imaginer comme quelqu’un de spontané et définitivement, la voir se ‘déshabiller’, même si c’était en réponse à ce qu’il venait de faire, était étrange. Sans bouger trop vivement, il fit un effort pour ne pas baisser les yeux vers son cou, se disant que la détailler n’était peut-être pas la chose à faire, clairement… « Pour ce qui est des contacts, je n'ai pas spécialement envie d'être touchée par toi, ne sachant pas où tes mains auront traîné avant d'être sur moi et pour ce qui est des habits rouges... » Il avait à peine levé les yeux au ciel et joué avec sa chevalière, entre son pouce et son index, blasé d’être prit pour un coureur, d’être jugé si rapidement, qu’elle eut bougé encore plus vite, passant sa cravate fraichement retirée autour de son cou. L’espace d’un instant, il crut qu’elle allait, au choix, l’étrangler avec ou l’attirer pour qu’il se rapproche, histoire de mieux pouvoir le jeter ensuite. Elle n’en fit rien cependant, déclarant simplement « … Je t'autorise à porter du vert plutôt que de risquer d'effrayer un enfant en te montrant à moitié nu. » avant de lui arracher des mains le reste des consignes. Il ne tira même pas sur la feuille pour chercher à la retenir, un peu surprit. Bien vite cependant, il se retrouva à bouger, faisant mine de tirer sur le tissu qui effleurait sa peau par endroit « Ah ! » cria-t-il, « ça brule, le poison de Salazaaar, je suis touché, je vais devoir sacrifier des bébés né-moldus maintenant ! » en riant ensuite, se mordant à nouveau la lèvre inférieure pour tenter de retrouver un semblant de sérieux, conscient qu’il n’était pas devant son public habituel.

Faire le pitre était dans sa nature. C’était facile, ça faisait rire les gens, la plupart du temps en tout cas. Il se doutait bien qu’il n’allait pas l’impressionner comme ça mais il venait de découvrir qu’elle était capable de s’amuser, un peu, autrement qu’en cherchant à ruiner la vie des autres, en particulier celle de Pride. Cette réalisation le faisait sourire de plus belle. Sans plus faire mine de retirer le morceau de tissu vert et argent, le laissant reposer sur le blanc immaculé de sa chemise d’uniforme, il se redressa pleinement, débraillé comme à son habitude et avança jusqu’à derrière la paillasse où elle se trouvait. Il retroussa ses manches, inspirant profondément et d’une voix pressante, il lança « T’inquiète, j’vais pas m’amuser à mélanger quoi que ce soit, mais je peux découper si ça te fait gagner du temps. Racine d’Asphodèle, c’est ça ? Il en faut combien déjà ? » il se pencha vers l’étagère la plus proche, cherchant à reconnaître le produit désiré sans lire l’étiquette et ne réalisant pas qu’il se plantait, de peu, en dépit de sa bonne volonté. Prenant place sur un tabouret, attrapant un couteau à lame ronde, il attendait un semblant de mesure, ne voulant pas lutter pour relire les directives et ce en dépit de sa préparation effectuée avant d’arriver. Il était dans ses bonnes grâces et essayaient d’y rester, se disant que l’après-midi serait surement moins douloureuse que prévue... Tant qu’il n’avait pas à lire et tant qu’il gérait, à peu près, son hyperactivité, il pourrait tenir le coup, surement et éviter de l’agacer alors qu’elle semblait passer un bon moment, meilleur que prévu en tout cas.

Un cri. Certes un cri simulé mais qui réussi simplement à la faire sursauter. Elle se tourna à moitié vers le Gryffondor qui faisait semblant de se débattre et arqua un sourcil avant qu'il ne déclare, presque trop fièrement : « ça brule, le poison de Salazaaar, je suis touché, je vais devoir sacrifier des bébés né-moldus maintenant ! » et pour toute réponse, elle lui balança un regard lui signifiant que soit il arrêtait tout de suite le cinéma qu'il était en train de lui présenter ou elle allait réellement l'asperger de poison pour voir la différence qu'il existait entre les deux. Cela ne l'empêcha pas de rigoler à sa propre blague et elle leva simplement les yeux au ciel pour conclure cet épisode peu ragoûtant de « Pride tente d'être drôle ». Elle se détourna bien vite du spectacle qu'il lui offrait pour se concentrer sur la recette, enfin entière, qu'elle tenait dans ses mains. Elle n'avait plus besoin d'être moins piquante que d'habitude maintenant qu'elle avait ce qu'elle voulait. Un étrange sourire se dessina sur son visage tandis qu'elle se plongeait dans la découverte de cette nouvelle création. Elle ne faisait même plus attention au jeune homme qui gesticulait à côté d'elle, tentant peut-être d'attirer son attention, mais plus rien ne semblait exister autour de la Rogue, simplement elle, sa recette et l'eau du chaudron qui commençait doucement à bouillir. Une main entra alors dans son champ de vision et pendant un instant elle la fixa comme si elle n'était pas rattaché à un corps. « T’inquiète, j’vais pas m’amuser à mélanger quoi que ce soit, mais je peux découper si ça te fait gagner du temps. Racine d’Asphodèle, c’est ça ? Il en faut combien déjà ? » et, les sourcils froncés, elle pencha la tête vers lui un air de se dire « qu'est-ce que tu fais encore là ? » peint sur le visage.

Mais plus important encore, pourquoi prenait-il de l'Aconit alors qu'il parlait d'Asphodèle ? Elle secoua légèrement la tête avant de lui retirer, un peu trop vivement, le bocal des mains. Elle le fixa un instant avant de tout simplement lui dire « Pourquoi es-tu encore là ? » Elle ne voulait pas paraître blessante, ni cassante mais dans sa voix résonnait une pointe de mépris qu'elle ne pouvait pas contrôler. Elle rangea le bocal à sa place puis pencha de nouveau la tête vers lui avant d'ajouter. « Écoute j'ai consenti un rendez-vous avec toi seulement si tu me laissais faire. Seule de préférence. Je ne pense pas que je pourrais survivre à deux après-midi entières avec toi. » Elle supportait déjà assez mal le fait d'avoir accepté ce deal mais si c'était tout ce qu'il lui fallait pour lui laisser faire, elle était prête à faire ce sacrifice. Mais son cœur ne supporterait pas de revoir Naos dans tous les gestes du jeune homme deux après-midi entières. « Et puis franchement, confondre l'Aconit et l'Asphodèle, faut le vouloir. Tu sais pas lire les étiquettes ou tu le fais exprès ? » ajouta-t-elle dans un rire mauvais. Et déjà on retrouvait la garce Serpentarde qu'elle était depuis toujours avec lui. Maintenant qu'elle avait la deuxième partie de la recette, plus rien ne comptait. Elle avait su le manipuler sans rien laisser transparaître et maintenant qu'elle avait obtenu ce qu'elle désirait, il pouvait tout aussi bien disparaître de sa vue que cela ne changerait rien à sa vie.

Peut-être avait-il baissé sa garde. Peut-être avait-il oublié à qui il parlait. Peut-être avait-il jugé que l’opportunité de balancer un retour de manivelle était à présent trop loin pour qu’il soit en danger. Dans tous les cas, lorsqu’elle se tourna vers lui pour le regarder d’un air mauvais et lui arracher la fiole qu’il tenait des mains, il resta bête jusqu’à ce qu’elle parle « Pourquoi es-tu encore là ? » et resta, à vrai dire, bête après aussi. Pendant une minute, il avait cru que les choses pourraient bien se passer mais la voix trop sèche, la question trop directe, traduisait l’agacement qui revenait. Sans qu’il ne sache ce qu’il lui avait fait pour s’attirer pareilles foudres, il prenait régulièrement et l’orage était de retour. Un peu plus méfiant, il la regarda ranger ce qu’il avait attrapé sur l’étagère et bien vite, elle s’empressa de clarifier les choses : « Écoute j'ai consenti un rendez-vous avec toi seulement si tu me laissais faire. Seule de préférence. Je ne pense pas que je pourrais survivre à deux après-midi entières avec toi. » Merlin qu’elle était agréable. Pfou, c’était à se demander comment personne n’avait pété les plombs pour la remettre à sa place décemment, jusqu’à présent. L’espace d’un instant, il se demanda si ce traitement lui était en fait réservé. C’était fort probable, en y regardant bien, mais il n’avait réellement pas la moindre idée de l’affront qu’il avait pu commettre pour tomber si bas dans son estime, pour n’être rien d’autre qu’un cafard qu’elle cherchait constamment à écraser. S’il n’avait pas été plus lucide, il aurait pu penser qu’elle en pinçait pour lui et le montrait très mal… sauf que cette idée était à supprimer puisqu’elle s’acharnait à montrer qu’elle n’avait pas de cœur, qu’elle était morte à l’intérieure. Elle donna d’ailleurs le coup de grâce… ou de garce, très vite. « Et puis franchement, confondre l'Aconit et l'Asphodèle, faut le vouloir. Tu sais pas lire les étiquettes ou tu le fais exprès ? »

Au sourire qu’elle abordait, lui comprit qu’en l’occurrence, elle le faisait exprès. Assurément, elle devait être au courant de ses troubles, beaucoup de gens le savaient, depuis le temps et… Non. Beaucoup de gens savaient qu’il était hyperactif et qu’il souffrait de troubles de l’attention mais pour la dyslexie, peu étaient au courant, surement parce qu’il avait honte, parce que ça lui donnait l’impression de ne pas savoir lire, d’être minable en comparaison à tout ce qui parvenaient à accomplir cette tâche si basique. Il revoyait la hargne qui l’avait submergé pendant des années à cause de ça, les gifles et les hurlements de son père, ses larmes qu’il retenait tant bien que mal et l’espace d’un instant, il jeta sur Absynthe un regard aussi sombre que les cachots dans lesquels ils se trouvaient. Elle n’avait surement jamais vu ce genre d’attitude sur lui, froid polaire et méthodique, colère sourde et maîtrisée qui ne se faisait trahir que par la façon dont il serrait les mâchoires. Se redressant, assez pour la regarder de haut, littéralement, il articula entre ses dents « Seule, ouais, t’as raison de t’habituer, c’est comme ça que tu risques de finir, Rogue » Il était vexé, profondément, blessé même. Il avait envie de la secouer, de la faire chier, de la provoquer pour avoir une excuse de péter les plombs. Il resta immobile un instant avant de tendre le bras, suffisamment pour pousser un bécher plein d’une substance gluante et violette qui se trouvait là. Hop, directement sur les précieuses formules qu’elle avait bataillé pour avoir. Avec un calme olympien, se fendant d’un sourire mauvais, il murmura « Oups. Désolé, j’ai pas fait exprès, faut pourtant vraiment le vouloir… » Elle avait appuyé sur le seul point qui pouvait le faire passer de supportable à vicieux et insolent. Tant pis pour elle.

Elle ne voulait pas le vexer ou peut-être que si. En fait, elle ne savait plus comment réagir face à lui. Il n'était pas méchant avec elle tant qu'elle ne sortait pas ses griffes mais elle ne pouvait supporter son sourire et ses blagues plus de quelques secondes d'affilées. Et puis, elle n'avait pas besoin de lui, elle n'avait besoin de personne de toute manière. Elle avait su, dès son plus jeune âge prendre soin d'elle-même et de son petit frère alors que leurs parents étaient partis vadrouillé à droite et à gauche alors ce n'était pas maintenant qu'elle aurait besoin d'un pantin pour lui faire passer le temps et la déconcentrer par dessus le marché. Sûr de son effet, elle reprit sa lecture où elle l'avait laissé, essayant de déchiffrer les dosages exacts et les directives à suivre. Mais c'était sans compter sur l'entêtement du Gryffondor et son ego qu'elle venait de froissé sans qu'elle s'en aperçoive. « Seule, ouais, t’as raison de t’habituer, c’est comme ça que tu risques de finir, Rogue » Et pour une fois, sa tirade lui tira un sourire moqueur. Il était tombé bien bas pour l'attaquer sur cet aspect là de sa vie. S'il savait à quel point elle se moquait de trouver l'amour désormais. Elle avait encore le cœur en miettes après l'épisode de Naos alors ce n'était pas maintenant qu'elle allait commencer à chercher le prince charmant, chose qui n'existait même plus pour elle. C'était aussi pour cette raison qu'elle s'était plongée dans les études, pour prouver qu'une femme pouvait être bien meilleure qu'un homme si elle possédait assez de volonté. Un peu plus et on aurait pu se croire directement sortit d'un film de l'époque victorienne.

Mais encore une fois, son supplice n'allait pas se terminer de si tôt. De nouveau, une main dans son champ de vision et avant même qu'elle ne puisse esquisser le moindre mouvement de recul, un liquide visqueux et violet s'étala sur ses précieuses notes qu'elle était déjà en train de prendre. Autant s'attaquer à la vie personnelle ne la dérangeait pas plus que ça, autant, s'en prendre à son travail c'était risquer de perdre une partie de son anatomie. Et pas toujours la moins sensible. « Oups. Désolé, j’ai pas fait exprès, faut pourtant vraiment le vouloir… » Et enfin elle se tourna vers lui pour croiser son regard noir et son sourire mauvais. C'était bien la première qu'elle le voyait dans cet état et même si elle ne le laissa pas paraître, un frisson venu de nul part lui traversa l'échine. « Bravo Merlin, très mature comme réaction. » Elle avait craché son nom comme on aurait craché une insulte. Sans même s'en apercevoir, elle s'était levée et même s'il la dépassait d'au moins une bonne tête, elle ne se laissa pas impressionner et lui renvoya son regard noir puisqu'elle était en passe de devenir maître dans cette discipline. « Si tu supportes pas les critiques, t'avais qu'à partir. Je vais pas être gentille tout ça parce que tu me balances un sourire enjôleur et une blague pas drôle de temps à autre. » Et sans prévenir, elle attrapa son parchemin désormais violacé et le plaqua sur la tête du Gryffondor pour l'essuyer, descendant jusqu'à sa chemise blanche et la cravate Serpentard qu'il portait encore. « Grandis un peu. » asséna-t-elle comme dernière pique alors que, des deux pour l'instant, c'était bien elle la plus enfantine sur le moment.

Il allait le regretter mais il s’en foutait, profondément. C’était une peste, une merdeuse vicieuse et même s’il voulait gagner son pari, il était hors de question qu’il se laisse humilier par elle… un sursaut la parcourut cependant et il put le sentir tant c’était fort, puissant. Oh, elle était folle de rage… tant mieux, ainsi ils étaient deux. « Bravo Merlin, très mature comme réaction. » Elle le fixait, elle utilisait son véritable prénom, elle cherchait les ennuis en somme, comme si elle ne le pensait pas capable de faire du dégât. « Si tu supportes pas les critiques, t'avais qu'à partir. Je vais pas être gentille tout ça parce que tu me balances un sourire enjôleur et une blague pas drôle de temps à autre. » Il s’apprêtait à répondre quelque chose de cinglant mais elle le coupa net, saisissant la feuille souillée par l’espèce de gelée violette. Il eut à peine le temps de souffler un « Non ! » menaçant qu’elle n’entendit surement pas qu’il se retrouva avec le produit sur le visage. Non contente d’essuyer le papier sur sa peau, elle enchaîna, d’ailleurs, glissant sur sa chemise. Idiote, idiote, idiote, il avait envie de hurler et il l’aurait fait s’il n’avait pas craint d’avoir du produit dans la bouche, peu certain de ce dont il s’agissait.

« Grandis un peu. » finit-elle par lâcher alors qu’il ouvrait à nouveau les yeux, les ayant fermé pendant l’attaque. Il avait l’impression de coller, d’avoir été plongé dans une piscine de bonbon magique et d’en sortir à l’instant. Couvert d’une substance violette qui semblait un peu douteuse, il avait envie de la tuer, envie de lui faire bouffer ce dernier commentaire qu’elle venait de lancer, particulièrement hypocrite. Dans l’instant, il la poussa d’ailleurs, la plaquant contre la paillasse derrière elle et arrachant de ses mains la précieuse liste des ingrédients, l’envoyant balader plus loin et puis merde si ça tombait dans l’eau du chaudron, elle l’aurait cherché. Il passa ensuite ses mains sur ses joues et ramassa le plus possible de cette pâte étrange, s’arrangeant pour en coller autant que puisse se faire sur Absynthe, histoire de la faire déchanter un peu. Non content de ça, il se plaqua à vrai dire contre elle, histoire d’essuyer sa chemise au passage, puisque cette teigne s’en était aussi pris à quelque chose de plus difficile à nettoyer. « Peut-être que si t’étais pas une telle mégère, on te foutrait la paix, t’y penses jamais à cette option-là ? » il passa ses mains sur le tissu plus si blanc, plantant ensuite ses mains dans les cheveux et sur les joues de la jeune femme. « Mais non, ça te brulerait les lèvres que d’être supportable avec quelqu’un qui veut s’approcher, hein ? » Il secoua la tête, sa colère ne passant pas mais son esprit semblant s’embuer. Il avait l’impression de raconter n’importe quoi, d’un coup, comme s’il ne contrôlait plus. « C’est quoi, en plus, cette daube, là ? » demanda-t-il alors, sans s’écarter d’elle, au contraire. Il se pencha, passant tout près de la Serpentard, assez pour sentir ses respirations colériques, assez pour qu’il sente les siennes et il attrapa le bécher qu’il avait renversé plus tôt. « Am… Amo… merde… » commença-t-il à déchiffrer sur l’étiquette temporaire, n’arrivant pas à lire du premier coup l’indication laissée par l’élève ayant fabriqué ça et l’ayant laissé trainer avant qu’ils n’arrivent.

Attraction Jelly
Concentré d’Amortentia, à diluer.
Utilisation cutanée uniquement.

Pendant quelques secondes, Absynthe entra dans une telle colère qu'elle ne contrôla plus vraiment son corps. La décision d'écraser le parchemin recouvert de gelée sur le visage et la chemise du jeune homme ne venait pas directement de son cerveau mais elle ne regrettait en aucun cas cet acte irréfléchi. Elle qui avait toujours été du type calme et posé, se retrouvait à faire des choses insensées sans même y penser. Bien sûr, à la seconde même où elle aperçu le visage recouvert de la mixture violette sur la tête du jeune homme, elle savait qu'elle allait vite regretter son geste, mais tant pis, ce qui était fait ne pouvait plus être défait. Il fut d'ailleurs plutôt rapide pour se venger car sans même savoir comment, ni pourquoi, elle se retrouva collée contre la paillasse voisine tandis qu'il la coinçait de sa masse, étalant par la même occasion la mixture encore inconnue sur elle. « Peut-être que si t’étais pas une telle mégère, on te foutrait la paix, t’y penses jamais à cette option-là ? » A cette réflexion, elle faillit répondre qu'elle n'était qu'une mégère seulement quand il était dans les parages. Elle pouvait être cruelle oui, manipulatrice même et extrêmement blessante dans ses propos mais tous les mauvais côtés de sa personnalité ressortaient uniquement quand il était près d'elle. Et généralement, tous en même temps. Mais sans lui laisser le temps de répondre, il ébouriffait ses cheveux, d'une manière toute sauf délicate, afin d'étaler encore plus de liquide violet sur elle, comme si c'était devenu un concours de celui qui en aurait le plus sur tout le corps. « Mais non, ça te brulerait les lèvres que d’être supportable avec quelqu’un qui veut s’approcher, hein ? »

Le problème était bien là. Elle ne lui avait pas demandé de s'approcher, elle se contentait très bien de le fusiller du regard de loin et de lui lancer des injures de temps à autre. Elle laissait sa frustration se libérer ainsi et tout allait bien dans le meilleur des mondes. Avant qu'il ne décide de lui tourner autour sans aucunes raisons valables. Elle le détestait et surtout à ce moment là quand elle le sentait si proche d'elle. « C’est quoi, en plus, cette daube, là ? » C'était bien le moment de penser à ça, tiens. D'un geste rageur, elle passa une main sur son visage pour enlever le surplus de violet qu'elle avait puis secoua sa main pour que tout tombe par terre. Ils avaient l'air fin à présent, teint de la tête aux pieds ou presque, de cette couleur tout sauf naturelle. « Am… Amo… merde… » Sans un mot de plus, elle lui retira de nouveau le bocal des mains comme elle avait fait un peu plus tôt et lu à sa place, après s'être enlevé de la gelée de l'œil. « Attraction Jelly. Concentré d’Amortentia, à diluer. Utilisation cutanée uniquement. » Et à peine les mots avaient-ils franchis ses lèvres qu'un juron suivit le tout. De l'amortentia, rien de plus, rien de moins. Le plus puissant filtre d'amour dans une application douteuse et concentrée en plus de cela. « Mais... qui a eu bien pu avoir envie de créer une chose pareille ? C'est tellement stupide ! » Elle balança le pot à travers la pièce et il partit s'écraser contre un mur plus loin. Elle devait agir. Et vite. Elle ne savait pas combien de temps il fallait pour que la potion agisse mais elle se doutait que les effets seraient rapides et certainement violents. Il fallait qu'elle réussisse à s'enfuir mais ses jambes refusaient tout simplement de bouger et un frisson sortit de nulle part lui traversa la colonne vertébrale quand elle se rendit compte qu'elle était proche, très proche de Pride qui n'arrivait pas à se décaler non plus. « Je... je crois qu'on devrait peut-être installer une distance de sécurité, histoire d'éviter... les... enfin... je... » Et voilà qu'elle se mettait à bégayer alors que son regard s'aventurait sur son cou puis lentement vers son visage, croisant ses yeux et elle resta simplement sans voix après ce contact.

Oh crap.

Elle lui prit le flacon des mains alors qu’il n’arrivait pas à lire, à moitié concentré sur elle, sur sa présence, soudain beaucoup trop conscient de tout ça. Il fallut bien moins de temps à Absynthe pour arriver à lire et encore moins de temps à vrai dire pour jurer alors qu’elle venait de prononcer : « Attraction Jelly. Concentré d’Amortentia, à diluer. Utilisation cutanée uniquement. » Il n’était pas le premier de la classe en potions mais à défaut de savoir lire sans difficulté, il écoutait, souvent, sans en avoir l’air mais quand même, assez pour savoir ce qu’était l’Amortentia, assez pour en connaître les effets et pour se douter qu’Absynthe avait fait une énorme erreur en lui couvrant le visage de pareille substance. Déjà, elle s’énervait contre ce camarade inconscient qui avait créé ça mais Pride ne jugea pas nécessaire de réagir. « Mais... qui a eu bien pu avoir envie de créer une chose pareille ? C'est tellement stupide ! » Il l’observait alors qu’elle s’agaçait, jetant le bécher à l’autre bout de la pièce. Il l’observait sans être foutu de cligner des yeux, s’abreuvant à cette colère qu’elle montrait soudain. Celui qui avait fabriqué pareil potion voulait de l’attention, clairement, parce qu’à présent, c’était tout ce qu’il était fichu de faire. L’observer, la fixer, s’approcher encore et encore sans même le réaliser. Il était encore lucide pourtant. Il était encore énervé contre elle, contre cette manie qu’elle avait de toujours vouloir le rabaisser et l’humilier quand il n’avait rien fait pour le mériter, mais c’était comme si son cerveau ne répondait plus exactement. Comme si les inhibitions qu’il pouvait avoir, encore, à l’égard de la jeune femme s’envolait doucement. En somme, ça ressemblait à ce moment étrange entre la sobriété et l’ivresse, lorsqu’on sentait venir la mauvaise idée mais que l’on fonçait quand même. Se débattant contre l’idée, elle finit par balbutier : « Je... je crois qu'on devrait peut-être installer une distance de sécurité, histoire d'éviter... les... enfin... je... » et il comprit, alors qu’elle croisait son regard, que la potion avait un effet diablement rapide.

Le souffle un peu trop court, il réalisa qu’il était penché sur elle, bien plus grand mais trop proche pour que ça instaure une certaine distance. Il avait un peu baissé la tête, assez pour l’observer correctement, assez pour s’approcher d’elle, de cette peau diaphane couverte de pâte violette et visqueuse. Un sourire retroussa brièvement ses lèvres et bientôt, il se retrouva avec le front appuyé contre celui de la Serpentard. En d’autres circonstances, elle l’aurait surement déjà émasculé, à vrai dire… il inspira pourtant, tranquille, vivant de ses souffles à elle pendant quelques instants avant qu’une main ne vole doucement pour aller se poser sur la hanche de la demoiselle. Il n'avait pas envie de cette distance de sécurité et à vrai dire, il l'attira un peu mieux contre lui. Il ne luttait pas contre les effets, parce que celui qui avait fabriqué ce truc avait rendu le résultat profondément réaliste… à moins qu’il ne s’agisse que d’une dose d’inconscience, au fond. Une dose d'audace pure. Il avait l’impression d’être paumé dans un monde entièrement fait de coton, comme une mauvaise défonce, comme un réveil difficile ou un rêve étrange… assez pour qu’il souffle, tout contre son visage, ignorant à présent totalement la potion colorée « Pourquoi tu m’détestes ? » . Sa voix était un peu trop basse, un peu trop rauque, la question un peu trop sincère et dénuée d’agressivité. Plus d’inhibition, plus de honte, plus de retenue… ça allait mal se finir. « J’t’ai rien fait, si ? Mais c’est pas si grave au fond, parce que t’es belle quand tu t’agaces. Quand tu te concentres aussi… » murmura-t-il. Pride, s’il était suffisamment charmeur pour que ça fasse partie de sa réputation n’était pourtant pas un flatteur, plus du genre à faire l’imbécile, un sourire suffisant souvent à lui obtenir ce qu’il voulait… Mais pas avec elle, avec elle c’était différent. S’approchant encore un peu, il fit en sorte que leurs nez se touchent, rapprochant donc ses lèvres des siennes et luttant un peu pour ne pas clore la distance.

Potion de merde, qui lui faisait perdre le contrôle...

L'effet avait été bien plus rapide que prévu. Elle pouvait sentir la gelée s'infiltrer par le moindre pores de sa peau, traverser ses veines, son système nerveux pour foutre le bordel dans ses récepteurs chimiques et créer ainsi, une attirance physique, voire un attachement émotionnel envers le jeune homme. Elle savait que la pagaille faisait rage dans sa tête à lui aussi mais il était trop tard pour qu'ils puissent y faire quelque chose. C'était une sensation tout à fait nouvelle et tout à fait désagréable à la fois que de sentir sa propre volonté foutre le camp et laisser son envie prendre le dessus. Elle n'était pas comme ça habituellement. Calculatrice, froide, maître de ses émotions et non pas cette pâle copie qui fixait bêtement la tête du Gryffondor s'approcher inexorablement d'elle. Pas cette poupée sans cervelle qui frissonnait au contact de leurs fronts et encore moins cette gamine qui souriait bêtement quand il prononça de sa voix rauque, un peu trop traînante. « Pourquoi tu m’détestes ? » Elle déglutit doucement, douloureusement presque, à croire que le fait qu'il pense ça d'elle lui faisait mal. Elle avait le drôle de sentiment de vouloir lui faire plaisir, de le rendre heureux, de faire de son mieux pour qu'il l'apprécie à sa juste valeur, qu'il l'aime presque. « J’t’ai rien fait, si ? Mais c’est pas si grave au fond, parce que t’es belle quand tu t’agaces. Quand tu te concentres aussi… » Et elle gloussa comme une collégienne qui flirtait pour la première fois de sa vie. Elle hurla intérieurement devant tant de honte qu'elle s'imposait toute seule mais n'était pas capable de faire quoi que ce soit pour reprendre les chaînes de son corps. Elle commençait même à sentir sa raison et son sens de la réalité la quitter, écraser par les composés chimiques et non réels qui forçaient le barrage de son système immunitaire.

Après un court instant de réflexion, elle fit un geste vers lui. Il avait tendu ses lèvres pour qu'elle puisse les embrasser mais même sous l'effet de l'amortentia, elle était encore capable de le torturer un peu. Elle détourna la tête, glissant ses lèvres le long de sa joue pour arriver à son oreille et lui chuchota cette simple phrase. « Je ne te déteste pas, ce n'est pas toi. C'est compliqué mais... je ne te déteste pas. » Tirade qu'elle regretterait sans aucun doutes quand elle aura retrouvé ses esprits. Mais pour l'instant plus rien ne comptait, simplement l'odeur qu'il dégageait, la chaleur de son corps contre le sien, son cœur qui se mettait à palpiter, ses souffles qui devenaient lourds et plus rapides. Elle enfoui son nez dans son cou, inspira tout contre lui et commença à mordiller sa peau, déposant par la même occasion un suçon alors que son corps se collait complètement contre celui du rouge et or. Elle était désormais sur la pointe des pieds, littéralement pendu à son cou, reculant légèrement la tête pour que leurs visages soient de nouveau l'un en face de l'autre et avant d'y réfléchir, plaqua ses lèvres contre celle de Pride. C'était, comme si son corps avait réclamé ce contact, cette proximité avec le jeune homme depuis toujours alors qu'il y a quelques minutes à peine, elle était prête à lui couper un doigt s'il s'approchait trop près d'elle. Elle n'était même plus consciente de la gelée qui les couvraient désormais, se fichait que quelqu'un puisse les surprendre, tout ce qu'elle désirait c'était lui. Son corps, ses mots, son souffle, comme si elle le découvrait pour la première fois de sa vie. Comme si, enfin, son cœur avait trouvé sa seconde moitié.

Il avait réussi à la faire rire et dans cette inconscience qu’apportait la potion, il était assez idiot pour croire que c’était sincère. Quoi qu’il ne savait plus. Peut-être qu’à force d’essayer de s’en approcher, peut-être qu’à force d’être torturé par elle, il avait développé une forme d’attachement tordu. Peut-être que c’était même plus sincère que ça, à vrai dire. Ou peut-être que ça ne l’était pas du tout et qu’il n’y avait là que la gelée violette à blâmer. Il se fit violence pour ne pas trop penser, sentant la bêtise dans cette décision mais ayant étrangement envie de faire en sorte que l’instant ne soit pas ruiné. Inspirant profondément, il crut cependant qu’elle allait se dérober, qu’elle avait réussi à retrouver ses esprits quand lui peinait à ne pas bouger trop vite. Elle avait tourné la tête, fuyant un contact imminent et il serra les dents pour anticiper une chute brutale… qui ne vint pas. « Je ne te déteste pas, ce n'est pas toi. C'est compliqué mais... je ne te déteste pas. » vint-elle murmurer à son oreille avant qu’il ne sente un baiser contre son cou, puis plusieurs, puis les dents de la Serpentard courant sur sa peau, morsure semblant presque trop avides pour être sincères… et qui se retrouvèrent complètement fades lorsqu’elle cessa pour venir l’embrasser.

Il y avait quelque chose à propos de cette fille qui l’empêchait de retrouver un semblant de raison, qui l’empêchait de se dégager. L’Amortentia était une potion puissante et dangereuse mais c’était là la fabrication expérimentale d’un adolescent désœuvré, ne pouvait-il pas se secouer un peu et reculer ? Non, parce qu’il n’en avait pas envie, parce qu’il ne voulait pas que ça s’arrête, pas comme ça. Le pari était loin, à des milles pour le moment, il voulait juste sentir Absynthe contre lui, profiter de ses baisers, comme celui qu’il rendait à l’instant, la poussant un peu pour à nouveau la plaquer contre la paillasse. Dans la foulée, sans rompre le contact, il se baissa un peu, assez pour pouvoir poser ses mains sur elle et la soulever, venant l’assoir sur la table derrière elle. Le chaudron s’y trouvait toujours, un peu plus loin, accroché au-dessus des flammes qui brulaient joyeusement, totalement ignorées par les deux jeunes gens. A nouveau, il bougea, faisant un pas en avant pour venir entre les jambes de la jeune femme.

Une petite voix hurlait dans son crâne hurlait pourtant que c’était mal. Elle n’était pas en pleine possession de ses moyens et même si elle venait d’avouer qu’elle ne le détestait pas, elle n’était pas elle-même, pas capable de se contrôler. L’idée que la potion soit la seule responsable de cette situation le fit tellement chier, subitement, sans qu’il puisse comprendre, qu’il refusa d’écouter la petite voix. Non, ça ne pouvait pas être juste une erreur, commise comme d’autre en font à cause de l’alcool. Il posa ses mains autours du visage de la brune, l’attirant plus fort, approfondissant le baiser, s’y impliquant beaucoup trop alors que les effets se diffusaient toujours dans ses veines. Ce n’était pas qu’un artifice, il en était convaincu, assez pour continuer en dépit des regrets à venir…

Etait-ce vraiment un abus, une erreur, lorsque les deux partis se retrouvaient sous l’influence d’un GHB sorcier de fortune ? Lui pouvait discerner sa volonté et le reste, assurément elle en était capable aussi, right ?

Elle était submergée par des sensations et des émotions qu'elle n'arrivait pas à distinguer. Était-ce la potion ? Était-ce qu'elle ressentait réellement pour le jeune homme ? La potion avait-elle simplement amplifiée les sentiments qu'elle avait pour lui ou avait-elle tout créer ? Des sentiments de synthèse. Elle aimait cette idée, plus que celle de devoir faire face à ses vrais ressentis. De toute manière, quoi qu'il puisse se passer entre eux dans ce cachot sombre et désert, tout serait à mettre sur le dos de cette potion incongrue. Et les choses semblaient s'enchaîner de façon plutôt rapide à vrai dire. À peine avait-elle posé ses lèvres sur les siennes qu'il lui rendait son baiser, comme s'il avait attendu ce moment toute sa vie, avec passion et fièvre, tout comme elle et sans la prévenir, il se baissa pour poser ses mains sur ses hanches et d'une simple poussée, l'installa sur la paillasse contre laquelle il l'avait plaquée. Elle, pendant ce temps, fourrageait dans sa chevelure, laissant le bout de ses doigts caresser le bas de sa nuque tandis qu'il se plaçait entre ses jambes. Elle sourit, bêtement et tout contre ses lèvres. Elle n'arrivait pas à s'en empêcher tandis que le bonheur semblait pulser dans son sang. Cela faisait bien longtemps qu'elle n'avait pas ressenti une telle euphorie en elle et malgré la voix de la raison qui essayait de retrouver son chemin dans sa tête, elle voulait en profiter. Un instant, une seconde, un soupir. Même si c'était avec Pride, elle voulait se sentir désirer et profiter d'un moment de complète folie. Mais la réalité est cruelle et revient toujours au mauvais moment. Pour Absynthe, ce fut quand elle décida de prendre comme appui une de ces mains et qu'elle la posa sur la paillasse, près, très près du feu qui faisait toujours son œuvre sous le chaudron.

La douleur fut comme une décharge électrique en elle. Elle remonta le long de son bras et vint résonner dans sa tête comme un signal d'alarme, lui remettant violemment les idées en place. Elle sentait toujours le jeune homme contre elle, sa chaleur et sa main était toujours perdu dans ses cheveux mais bien vite, elle se rendit compte que la situation n'était plus aussi magique et ne ressentait plus ce sentiment bizarre qui lui disait que tout était à la bonne place. Rapidement et peut-être un peu violemment, elle posa ses deux mains sur le torse du jeune homme et le repoussa sans plus de cérémonie. Elle ne croisa son regard à aucun moment, ne voulant pas que le manège recommence et resta un moment pantoise, toujours assisse sur la paillasse. Ses doigts la faisait souffrir, son égo venait de se prendre une baffe monumentale mais pire que tout, elle sentait cette chaleur désagréable dans son bas-ventre qui signifiait que son corps avait apprécié ce contact rapproché avec Pride. Elle couvrit son visage de ses mains, de honte, de colère contre elle-même et pour réussir à mettre de l'ordre dans sa tête. D'un bond, elle releva la tête, évitant au maximum un contact visuel avec le Gryffondor, attrapa son sac qu'elle avait laissé sur la table juste à côté et plus rapide que l'éclair avait déjà atteint la porte de sortie. Son visage était rouge, son cœur battait encore trop fort dans sa poitrine et elle ne savait pas si c'était la honte qui la dévorait ou l'émotion qu'elle avait ressenti qui lui faisait cet effet. Elle n'avait prononcé aucune paroles d'excuses, d'au revoir ou même la moindre réflexion sarcastique au sujet du jeune homme et tenterait sûrement de l'éviter au maximum si elle en était capable.

Il la sentit sursauter et, aussi vite qu’ils s’étaient trouvés après que la potion ai fait son effet, elle s’éloigna, le repoussa vivement. Contraint de faire quelques pas en arrière, il l’observa alors qu’elle sautait de la paillasse, l’air hagarde et bien vite, elle attrapa ses affaires pour se sauver. Sans un mot, pas même une insulte, sans un regard, pas même haineux. Comme une tornade, elle quitta la pièce, le plantant là, emportant l’instant avec elle et le laissant dans un silence presque insupportable, d’un coup. Il pouvait entendre son cœur battre dans ses oreilles, fort, diablement fort et il réalisa rapidement qu’il n’arriverait pas à se calmer. Pourquoi avait-elle fuit comme ça ? Parce qu’elle s’était brulé ? Il avait cru voir les doigts de la jeune femme voler vers le feu, peut-être était-ce la réponse, peut-être était-ce une douleur suffisante pour la faire réagir. Briser le charme. Ce n’était que ça, un charme. Il aurait dû s’en foutre, hausser les épaules, passer à autre chose, se dire que son pari attendrait encore un peu… Il aurait dû se dire qu’à présent, il avait de quoi lui casser les pieds en retour, parce qu’il savait qu’en lui balançant cet incident sous le nez, il arriverait sans doute à la faire réagir, à rendre certains des coups qu’elle avait pu lui lancer.

Il n’y arrivait pas, pourtant.

Une vague de colère et d’agacement le submergea. Ce n’était plus à cause des remarques qu’elle avait pu faire, non, c’était différent… mais il n’arrivait pas à admettre pourquoi il avait soudain envie de tout exploser. Bougeant vivement, il planta un coup dans le chaudron, qui se renversa sur le sol des cachots. Il y avait à présent de l’eau partout mais il s’en moquait bien. Le souffle court, le dos tendu, il avait l’impression que son hyperactivité prenait soudain le dessus, qu’Absynthe avait gagné une bataille qu’il n’était pas prêt à livrer. Assurément, il ne pouvait pas être réellement attiré par elle, si ? Il repensa à ce qu’il avait pu dire, à la façon dont il avait voulu l’embrasser, s’approcher d’elle, effacer la haine entre eux… Non, il ne pouvait pas être attiré, ni même intrigué par elle. Cette fille était un poison, une insupportable je-sais-tout agressive et hargneuse, une teigne dérangée et solitaire. Il devait coucher avec, empocher 500 gallions de la part de Verpey et enchaîner avec sa vie et ses affaires, point. Rien de plus. Jamais…

Tournant la tête, il remarqua pourtant sa cravate, posée près de son sac. Il portait encore celle de la jeune femme et non loin du tas d’affaire se trouvait la formule qu’elle lui avait réclamé. Pestant, il tira sa baguette pour nettoyer un minimum les lieux et attrapant le tout, il s’échappa à son tour, s’enfonçant dans les escaliers pour filer sous la douche. Avec un peu de chance, le bordel qui retentissait dans son crane disparaîtrait avec les restes de pâte gluante et violette qu’il avait partout sur lui.

Sujet Terminé