River deep, mountain high...

D'aussi loin que je me souvienne, j'ai toujours été fascinée davantage par les choses moldues que par notre héritage sorcier. Peut-être justement parce que mes parents ne juraient que par la sorcellerie et que c'était devenu banal pour moi. Peut-être justement parce qu'ils rejetaient en bloc tout ce qui venait des moldus et que je ne comprenais pas cette injustice. C'était bien évidemment à leur grand dam, et ils faisaient tout pour me faire changer d'idée, eux qui prônaient la suprématie du sang et méprisaient ouvertement ceux chez qui la magie n'apparaissait pas. Et avec qui il ne fallait bien évidemment pas que je me mêle, ça va de soi. On ne sait jamais, des fois que leur absence de magie soit contagieuse. Je n'ai jamais bien compris cette façon de penser, même toute petite. J'avais beau regarder les enfants du quartier voisin jouer à la balle ou à la poupée, je ne voyais pas en quoi ils pouvaient être si différents de nous. Bien au contraire, j'étais fascinée par ces jeux, je voulais comprendre... Tout ce que mes parents voulaient me prouver, pourtant, quand ils me laissaient l'occasion de les observer, c'était bien ça : qu'ils nous étaient inférieurs. Et le reste du temps, je n'avait le droit de parler qu'aux enfants de leurs amis, fils et filles de sorciers bien-nés, qui avaient tendance à me regarder bizarrement quand je voulais tester des jeux moldus comme j'avais pu voir les autres enfants faire.

Parce que dès que j'ai trouvé un moyen de me sauver de la maison en douce, je l'ai utilisé, et je suis sortie jouer avec les enfants moldus du quartier voisin, tout étonnés de mon ignorance concernant les comptines ou les jeux des cours d'école. Plusieurs fois, mon père a découvert mes passages secrets et s'est débrouillé pour les bloquer. A chaque fois, j'en ai trouvé un autre. Jusqu'au jour où ils ont décidé de déménager, histoire de s'éloigner du quartier moldu avoisinant et de m'empêcher de continuer à voir des enfants au sang impur. Papa travaillait au Ministère américain, et Maman s'occupait de la maison, trouver une nouvelle demeure plus près de Tallulah Falls et du Ministère avait donc été plus qu'indiqué, pour eux qui cherchaient à mettre le plus de distance possible entre les habitations moldues et nous. Du coup je suis sortie une dernière fois de la maison et j'ai retrouvé mes copains de jeux, comme je l'avais si souvent fait. Quand je leur avais dit que j'allais déménager pour le travail de Papa, ils avaient tous eu l'air triste, et à vrai dire, moi aussi je l'étais, même si j'avais décidé de garder le sourire et leur avais affirmé que je voulais profiter d'être là jusqu'au dernier moment. J'ai toujours été comme ça, à vouloir garder le sourire malgré tout, en toute circonstance. Ou presque. Il y a évidemment des exceptions, des moments où je craque, comme tout le monde, mais j'y arrive globalement plutôt bien et les enfants avec lesquels je jouais à l'époque avaient commencé à m'appeler Sunshine à force de me voir toujours de bonne humeur et le sourire aux lèvres. Et Lilo, la petite fille hawaïenne avec laquelle je m'entendais le mieux, a profité de ce dernier jour pour me donner sa poupée de chiffon - qui avait sans doute un certain nombre d'années à vrai dire - pour que je continue de penser à elle, là où je serai plus tard. Et c'est sans doute le présent que je chéris le plus au monde, aujourd'hui encore.

Pendant des années, j'ai réussi à la cacher à mes parents, qui n'apprécieraient sans doute pas le moins du monde que je possède un objet moldu, je le savais pertinemment. Pourtant, ils ont fini par tomber dessus, par hasard. J'avais à peine dix ans, j'étais alitée, malade, et elle est tombée de sous mes couvertures devant mon père, horrifié. Et comme il fallait s'y attendre, il est rentré dans une colère noire quand il a compris d'où venait l'objet. J'ai rarement eu droit à un savon aussi violent - verbalement s'entend, il n'avait alors jamais levé la main sur moi -, mais là...

« Tu me fais honte, Tallulah ! Mais qu'est-ce que je vais faire de toi ? Tu es l'héritière de la famille, tu ne dois pas te comporter comme... comme... »

Les mots lui manquaient, mais moi, je pouvais continuer à sa place sans trop de mal. J'étais sa plus grande déception, sans doute parce qu'il espérait que je sois comme lui, une sorcière imbue de sa personne, alors que jusque-là, ma magie ne s'était pas manifestée une seule fois, et qu'il pensait même légèrement à me renier s'il s'avérait que j'étais une de ces abominations de cracmols... Sauf qu'au moment où il s'est emparé de ma poupée et a voulu la détruire, j'ai hurlé à la mort, et il l'a relâchée brusquement, comme si elle lui brûlait les mains. Pour la première fois, il y a eu comme une once de fierté dans son regard, et comme j'avais rattrapé mon bien dès qu'il l'avait laissé échapper et refusais catégoriquement de le lâcher, il a fini par me le laisser, en m'interdisant cependant de jamais fricoter à nouveau avec des non-sorciers ou de ramener d'objet moldu à la maison. Autant dire que si j'ai fait "oui" de la tête, je savais déjà que je ne lui ferai jamais ce plaisir. Hors de question de renier ma propre façon de penser, je trouvais ça tellement injuste que je n'avais aucune intention de me plier à ses désidératas... même si je me devais d'être plus discrète à l'avenir. Et d'ailleurs, à partir de là, je ne me suis plus jamais séparée de Lilo - oui je n'avais pas été chercher très loin le nom que j'avais donné à cette poupée, en effet - persuadée qu'à la moindre occasion, au moindre moment où je baisserai ma garde, Maman ou lui se débarrasserait d'elle sans hésiter.

You can't stop the beat...

Quand, le jour de mes onze ans, j'ai reçu la lettre - une tradition de toutes les écoles de magie du monde, il faut croire - pour l'école de sorcellerie Wildcat & Wildflower située sur la Billy Goat Island du Lake Burton, ça a été la joie de mon père... jusqu'à ce qu'il réalise que l'école en question ne prônait pas la pureté du sang qu'il espérait. Bien au contraire, même ! L'emplacement de l'école, pourtant bien évidemment cachée aux yeux des non-sorciers, n'était en rien distante des communautés non-sorcières. Pire encore, le feu d'artifice du 4 juillet était tiré de l'île même, et c'était un événement que les sorciers fêtaient autant que les moldus. Ca n'empêchait que c'était l'école de sorcellerie de notre zone géographique, si bien que j'y ai fait ma rentrée, comme il se doit. Et qu'ils ont quand même nourri de grands espoirs dans mes résultats... Ils auraient dû se douter, pourtant, que ça ne se passerait pas exactement comme ils le souhaitaient.

Ne serait-ce que parce que notre passage chez le baguettier avait été une catastrophe, déjà. Et je vous assure, je pèse mes mots. Je sais bien que pas mal de gens ont du mal à trouver la baguette qui leur correspond, qu'il faut souvent pas mal d'essais avant que l'accord se fasse... Mais de là à tester presque tout le magasin ? De là à ce que même le baguettier regarde mes parents avec un air assez circonspect quand il a déterminé que cette baguette-là était celle qui me convenait le mieux, parce que même comme ça, il n'était pas complètement convaincu ? Quand on est sortis de sa boutique, c'était presque un champ de mines tant j'avais ruiné nombre d'étagères avec des baguettes qui me rejetaient complètement. Mes parents ont fermé les yeux, obtus comme ils pouvaient l'être sur ce qui ne les arrangeait pas, et on a continué mes achats comme si de rien n'était. Ils m'ont accompagnée au point de rendez-vous prévu, m'ont fait leurs recommandations d'usage, du genre que je devais me rapprocher des vrais sorciers et ne pas trop me mêler aux nés-moldus, qu'ils plaçaient tous leurs espoirs en moi et que je devais travailler dur pour être une bonne sorcière... tout un tas de choses que j'écoutais d'une oreille distraite, pressée de les quitter et de gagner l'école.

Et évidemment, pour cause de politique dégradante, mes parents n'ont eu de cesse que de chercher à me faire transférer ailleurs. Imaginez s'ils avaient vu en détail ce que je pouvais faire là-bas dès le départ ! Je crois qu'ils auraient encore plus fait des pieds et des mains pour me trouver un institut plus digne de ce nom... Parce que certes, on nous y enseignait les matières sorcières les plus typiques, mais l'école proposait aussi diverses activités sportives et artistiques, pas forcément sorcières pour le coup. Le jour où je suis passée devant la salle de musique, ça a été comme une révélation, clairement. Il y avait cette fille, au piano, qui jouait, et fredonnait sur sa mélodie. Je suis entrée, et je l'ai regardée un moment, dans son dos si bien qu'elle ne voyait pas qu'elle avait de la compagnie. Et puis elle s'est arrêtée de chanter, et a continué à jouer seulement. Et je me suis approchée, reproduisant ce qu'elle venait de fredonner, si bien qu'elle s'est arrêtée pour me regarder, avec des yeux ronds comme des balles de ping-pong.

« Oh pardon... Je voulais pas te déranger, ni te faire peur ! »

Je lui ai offert mon plus beau sourire, et elle a fini par se détendre un peu.

« Je suis Tallulah, je viens d'arriver en fait... Je savais pas qu'il y avait aussi ce genre de choses dans l'école... A vrai dire, ma famille a plutôt tendance à penser que la musique est une perte de temps, même la musique sorcière alors... J'ai pas trop eu l'occasion d'en entendre beaucoup... C'était de qui ?
- De moi... Et tu le chantes mieux que moi d'ailleurs. Je m'appelle Chelsea, et je suis en troisième année, alors si tu as besoin d'aide pour... je sais pas, n'importe, hésite pas ! Enchantée de faire ta connaissance Tallulah. »

Ca a été à son tour de sourire, et on a discuté pendant un moment, jusqu'à ce que d'autres personnes se joignent à nous dans la salle... et qu'elle m'entraîne loin d'eux, manifestement pas très à l'aise en public. Elle m'a expliqué le fonctionnement des activités extra-scolaires, sportives ou culturelles, et je me suis inscrite dans à peu près toutes celles que mes parents auraient détestées : musique et chant, danse, théâtre - qui incluait aussi tous les préparatifs qui vont avec d'ailleurs... Papa aurait voulu que je m'intéresse au Quidditch, comme toute bonne sorcière qui se respecte, mais ça ne m'intéressait définitivement pas. Et le pire, c'était qu'il ne pouvait rien dire, parce que pour la direction de l'école, je ne faisais rien de mal, même si c'était un sacrilège à ses yeux. A la maison, évidemment, j'étais interdite de musique, les livres que je lisais étaient vérifiés, histoire que je ne m'abrutisse pas avec ces tragédies moldues ridicules, et si jamais j'étais surprise à fredonner, c'était la fin du monde. Pourtant, c'était bien ce que je faisais dès qu'ils avaient le dos tourné.

Ce que mes parents pouvaient faire, en revanche, à défaut de m'empêcher de continuer les activités externes de l'école, c'était vérifier mes résultats scolaires, et autant dire que les vacances et l'inspection de mes notes était un véritable calvaire. Quoi ? Leur si précieuse héritière n'était pas capable de réaliser un sortilège correct du premier coup ? Elle ne connaissait pas déjà tous les dragons communs ? Elle n'arrivait à rien face à un épouvantard ? Et comment ça, la fille d'Analyn n'arrivait absolument pas à distinguer un Voltiflor d'un Filet du Diable ? Maman en a fait une jaunisse quand je lui ai avoué que dès que je devais m'occuper d'une plante, elle avait tendance à mourir... Et pire encore quand j'ai choisi mes options : Comment ça, ma matière de prédilection, c'était l'étude des moldus ? L'étude des moldus ? J'avais osé prendre cette matière inutile ? C'est la première fois que je me suis pris une gifle, et une belle... J'en ai porté la marque quelques jours d'ailleurs. Sauf qu'ils ne pouvaient pas m'imposer d'en changer, et encore moins s'en plaindre à la direction, donc j'ai continué, contre leur gré. Le seul point qui faisait leur fierté, c'était ma réussite en métamorphose, une des rares matières "nobles" à leurs yeux pour laquelle j'arrivais à tirer mon épingle du jeu, et avec brio, même, étonnamment. J'en étais d'ailleurs la première étonnée, je dois bien l'avouer, parce qu'après notre départ difficile, ma baguette et moi, on n'a jamais vraiment été en phase... A vrai dire, dès qu'il s'agit de faire des choses qui ne m'intéressent pas plus que ça, elle ne répond pas, et je me suis demandé plusieurs fois si ce n'était pas simplement qu'elle réagissait avec moi et non pas contre moi. Parce que sincèrement, apprendre à blesser quelqu'un, ça ne m'amuse pas. Apprendre à envoyer quelqu'un de l'autre côté de la pièce pour me libérer le passage, non plus. Par contre transformer un crapaud en jolie fleur, ou créer de jolies lettres lumineuses flottant dans les airs...

Mais comme il fallait s'y attendre, mes parents ont fini par obtenir gain de cause, évidemment... C'était les vacances de Noël de ma troisième année à la W&W, quand ils m'ont annoncé leur décision et l'acceptation de mon transfert pour l'année prochaine.

« Ta mère et moi aurions préféré que tu intègres l'institut russe, mais manifestement, ils n'acceptent pas ce genre de transfert. Nous avons reçu l'accord de Poudlard, cependant. Tu y entreras l'an prochain, sachant qu'eux, ils commencent les cours de première année à quatorze ans, tu auras même peut-être l'occasion de rattraper ton retard...
- Mais j'ai pas envie de partir. Je veux continuer à voir Chelsea et... »

Je me suis tue aussitôt, d'autant que j'ai vu la gifle arriver sans peine. Chelsea n'était qu'une insignifiante née-moldue avec laquelle je perdais mon temps. Et la suite de ma phrase aurait été pire encore, vu que j'allais ajouter qu'il n'y aurait peut-être pas les mêmes activités là-bas et que je ne voulais pas arrêter la danse ni la comédie ni le chant. Et comme j'avais osé élever le ton, je me suis effectivement pris une gifle retentissante. Un classique de mes vacances de Noël, il faut croire.

« Je serai muté au Ministère à Londres à la rentrée, et ta mère a déjà repéré quelques appartements acceptables. Nous déménageons en Angleterre cet été. Un point c'est tout. Et je ne veux entendre aucune objection, est-ce bien clair ?
- Très clair. »

J'ai passé le reste de l'année à négliger complètement les cours à part la métamorphose et l'étude des moldus, et à jouer avec Chelsea et les autres musiciens et danseurs. De toute façon, je savais que j'allais tout reprendre à zéro à la rentrée, aucune raison d'en faire davantage, et je voulais profiter au maximum du temps qu'il me restait en compagnie de ceux avec lesquels je me sentais le mieux. Et je refusais catégoriquement de les laisser me voler mon sourire, si bien que mes amis n'ont jamais vraiment eu idée du mal que ça me faisait de les quitter, jusqu'au dernier moment. Parce que quand Chelsea m'a prise dans ses bras en me disant que j'allais terriblement lui manquer, je n'ai pas pu m'empêcher de pleurer, cette fois.

« On s'écrira, Tal', souvent. Il y a bien des hiboux, là-bas, non ? Je t'enverrai mes partitions, comme ça tu pourras travailler les morceaux quand même. Et quand on se reverra, on rejouera ensemble.
- D'accord. »

Je n'ai pas pu m'empêcher de penser "si on se revoit", mais c'était une réflexion défaitiste qui ne me plaisait pas et que j'ai aussitôt rejetée. On se reverrait, parce qu'on le voulait toutes les deux. Tôt ou tard, on y arriverait. En attendant, on communiquerait par lettres, à défaut de mieux. Et depuis, il n'y a pas un mois sans qu'on s'écrive des romans relatant tout ce qu'on a pu faire depuis le dernier courrier...

Breaking free...

M'intégrer à Poudlard a été très différent de ma rentrée à la Wildcat & Wildflower. Tout était différent, le pays et l'accent, l'uniforme - qui n'existait pas à la W&W - la façon d'y accéder aussi. Pour être tout à fait franche, j'étais même particulièrement émerveillée par la technique de la voie cachée dans la gare moldue - ce qui a fait hurler mon père au passage... - et par l'usage d'un train que je n'avais pour le coup jamais pris. A vrai dire, les barques non plus, je ne connaissais pas réellement, je n'étais jamais montée dans ce genre d'embarcation. Résultat, j'avais un sourire émerveillé tout du long, jusqu'à ce qu'on nous parque dans le vestibule en attendant la répartition. Et là, je crois que ça a été les minutes les plus longues de toute ma vie. Déjà parce que j'ai pas trop aimé de pas pouvoir sortir de moi-même de la pièce, forcément, et puis parce que je pouvais pas m'empêcher d'être nerveuse et pour cause : Papa voulait absolument que j'aille à Serpentard, sans grande surprise, et redoutait par-dessus tout que je finisse chez les Poufsouffle, "la pire maison" d'après lui. Une chose était certaine, je n'avais à peu près aucune chance d'aller chez les Serdaigle. Résultat... j'ai fini chez Gryffondor. Je sais plus trop bien ce qu'a dit le Choixpeau, mais je crois que ça avait quelque chose avec ma curiosité et le courage que j'avais d'aller à l'encontre des choses qui ne me convenaient pas. Pourtant je crois pas être la fille la mieux placée pour protéger les autres, vu mes piètres capacités de sorcière, mais passons...

J'ai rejoint ma table, rencontré les autres élèves, du même âge que moi ou plus vieux. J'ai repris les cours là où je les avais laissés - pour la plupart à un niveau proche du zéro absolu d'ailleurs, sauf en métamorphose... - et j'ai été très déçue de la seule activité extra-scolaire présente dans l'école, puisqu'elle ne m'intéressait pas le moins du monde... Pourtant je sais voler, c'est pas le souci. C'est juste que ça m'amuse de temps en temps, mais de là à bouffer plein de temps en entraînements et tout... sans façon. Même si ça ne m'empêche pas de soutenir mon équipe, qui se taille la part du lion, d'ailleurs. De mon côté, je préfère arpenter le parc ou traîner dans des salles vides en chantant ou en dansant, si vous voyez ce que je veux dire... Même si ça m'a valu pas mal de moqueries de certains élèves... des Serpentards pour la plupart d'ailleurs. Moi je continuais à sourire, en leur disant que s'ils ne savaient pas ce que c'était, c'était triste, ils ne devaient pas avoir tellement de jolies choses dans leur vie, s'ils ne comprenaient pas ce qu'était ce genre de petits plaisirs.

Quand il a fallu choisir les options, je me suis encore pris une soufflante par mon père, pour avoir continué sur ma lancée et repris l'étude des moldus. C'est une des rares fois où j'ai haussé le ton, une nouvelle fois. Je crois que même avec les tordus de l'école, j'arrivais à garder le sourire, mais avec mon père, ça avait tendance à partir en live tellement vite... Résultat, je me suis emportée, comme souvent. Et je me suis pris une autre gifle comme... à chaque fois, en fait. Et soyons honnêtes, je crois que je comprends pas mal le fait qu'il montre à sa fille ado qui est le chef, même par le biais d'une gifle. C'est pas comme s'il m'avait battue ou torturée ou je sais pas quoi, c'était juste une gifle. Même si ça n'avait rien d'agréable et que je lui en voulais beaucoup sur le coup. Et même encore maintenant, en fait, mais c'est surtout parce que nous ne sommes tellement pas d'accord sur plein de choses que ce sont là juste les stigmates de nos différends en fait. Il n'empêche que mes parents restaient loin, que je n'avais pas l'intention de rentrer à la maison pour les vacances, pas avant l'été, et que pour le coup, j'étais partie dans l'optique qu'ici, je ferai ce que je voulais. Au final, j'avais une certaine liberté, même si tout le monde ne me comprenait pas. Et même si on me prenait parfois pour une débile vu que je n'arrivais pas à grand chose avec ma baguette, ce que je ne suis pas, je vous assure... L'insulte à laquelle j'ai le plus eu le droit ?

« Putain mais regarde ce que tu fais avec ta baguette quoi ! Pauvre cracmolle, va...
- Et si je te change en raton-laveur, je suis toujours une cracmolle ? »

J'en suis pas une, y a des choses que j'arrive à faire. Même si c'est pas beaucoup... A part la métamorphose, donc. C'est la seule matière où j'arrive toujours très bien à m'en sortir, et je crois que c'est le seul truc avec lequel je peux me défendre. D'ailleurs, la verte a fermé sa grande bouche après ça, même si au fond, je crois bien que je ne l'aurais pas fait, d'une parce que j'aurais eu des ennuis, je pense pas que les profs auraient trop apprécié la blague, et puis parce que c'est vraiment pas mon genre de m'en prendre aux autres, mais bon, il était pas censé le savoir non plus. Mais il y a pas mal de choses que les gens savent pas trop... Comme le fait que mes parents soient assez fan de magie noire et ancestrale, pour ne pas dénoter avec leur sacro-saint sang-pur, ce à quoi moi je me refuse, malgré leurs efforts. Comme le fait que je regarde certains garçons, aussi, parce qu'évidemment, je n'en parle qu'à Chelsea dans mes lettres-romans, vu que j'aurais vraiment l'air encore plus ridicule si je me prenais un énorme râteau devant tout le monde.

Cette année, par contre, beaucoup de choses ont changé. Trop à mon goût. Il y a eu le fait que Klay soit pas tout seul sur le quai à la rentrée, mais ça c'est plutôt positif. Même si on n'est pas vraiment proches ou quoi, on s'est juste parlé une fois ou deux comme ça, je vais être franche, le voir tous les ans tout seul à la rentrée, ça m'a toujours fait bizarre. Parce que même si j'aime pas spécialement l'attitude de mes parents, ça reste mes parents... Qu'il soit tout seul, ça m'a toujours fait de la peine, je me suis toujours dit que c'était pas normal quoi... Et pour le coup, il avait l'air plus serein que d'habitude. Enfin je sais pas si serein c'est le mot, mais il y avait quelque chose de changé, et plutôt en bien. Bref, ça, c'était plutôt cool. Pour le reste, c'est tout le contraire. Ca a tendance à être un peu le chaos et il y a vraiment plein de nouveautés et d'événements qui ne me plaisent pas. Ca a commencé à l'ouverture de la saison de Quidditch, et je dois bien avouer que ces lettres enflammées m'ont clairement révulsée. Mais les allégations sur les auteurs de ce méfait aussi. Comment pouvait-on accuser comme ça tous ces gens sans preuve ? Tout ça parce que leur nom renvoyait à des mages noirs de l'époque ? On n'est pourtant pas réduit à son sang, on a chacun notre personnalité propre. Je suis bien placée pour penser ça évidemment, mais bref... Du coup j'ai eu un peu tendance à prendre la défense de tous ceux qui étaient accusés sans preuve, quelle que soit leur maison. C'était peut-être pas l'idéal de me faire remarquer pour ça, surtout que c'est pas un secret que je suis pas très douée avec ma baguette, mais bon, je pouvais pas vraiment m'en empêcher non plus. Ca ne s'est pas arrangé avec Halloween - j'adore cette fête soit dit en passant, rien que parce que je m'éclate à faire mes propres costumes - qui a "légèrement" été gâché par l'Ombre... J'étais plutôt tranquille, vu mon statut de sang-pur, mais puisque je défendais aussi les nés-moldus, à vrai dire, je n'étais pas très sereine non plus. Autant dire que le lever du jour a été le bienvenu...

Les nouvelles règles de sécurité, beaucoup moins. Nécessaires, certes, mais tellement contraignantes... et puis soyons honnêtes : vu mes dispositions magiques, j'étais clairement cantonnée à Poudlard à présent. Résultat, exit les sorties à Pré-au-Lard pour moi, mais genre complètement hors de portée. Le Programme Intensif de Protection, j'y ai participé comme tout le monde, et je me suis plantée, sans grande surprise. Du coup, je me suis concentrée sur le bal de noël, et à vrai dire, ça me convenait quand même beaucoup mieux. M'occuper de ma tenue, déjà, parce qu'il était hors de question que je laisse qui que ce soit la faire pour moi - si mes parents m'avaient vue coudre, ils m'auraient tuée, tiens, d'ailleurs -, et des quelques décors pour lesquels on me laissait quelques petites tâches à faire... Je suis pas quelqu'un de très difficile, je passe facilement une bonne soirée, avec de la musique en prime, c'est en général un succès assuré pour moi. Je sais pas ce qu'en ont pensé les autres, ni ce que tout le monde a fait ce soir-là, moi j'ai dansé. Et puis j'ai reçu la lettre de Chelsea, avec ses derniers morceaux, le bracelet Wildcat&Wildflower forever que je ne quitte plus, et ses super conseils sentimentaux... Et sincèrement, j'ai beau me dire qu'avec la nouvelle année, ça peut être des bonnes résolutions à prendre, je ne suis vraiment pas sûre d'y arriver parce que... parce que non, je peux pas faire ça quoi...