Keira dévalait un à un les trop nombreux escaliers de Poudlard. Elle avait bien perdu cinq minutes quand au dernier moment l'un d'eux avait changé de direction alors qu'elle était dessus. La gryffondor ,qui était déjà en retard, avait longuement pesté contre la magie qui habitait Poudlard même si au fond elle l'adorait.

Une centaine de marches plus tard, elle parvint aux grandes portes de l'école qui jouxtaient la cour de récréation où elle devait retrouver Arya. Elles s'étaient séparées toute la matinée pour diverses raisons mais s'étaient promis de se retrouver un peu avant midi dans la cour de récréation. Keira avait bientôt dix minutes de retard ce qui la contrariait. Elle aimait être ponctuelle.

Une fois dehors, elle fut rassurée de voir qu'il ne faisait pas trop froid malgré le vent frais qui soufflait. Elle chercha sa meilleure amie des yeux mais seuls un petit groupe de Poufsouffle et deux Serdaigles étaient présents. Keira fut soulagée de voir qu'elle était la première arrivée et alla s'installer sur leur banc préféré.

Une personne arriva alors dans la cour de récréation. Pendant une seconde, la brune pensa qu'il s'agissait d'Arya mais remarqua bien vite que la silhouette était masculine. Déçue, Keira continua tout de même à observer le nouvel arrivant, curieuse de savoir de qui il s'agissait. Elle reconnut rapidement Arsène Black. Sa respiration s'accéléra légèrement. Depuis quelques temps elle appréciait, un peu trop à son goût, la présence du blond. C'était Arya qui lui en avait parlé la première fois et cette dernière ne lui en avait pas dressé un portrait flatteur. Confiante en l'avis de sa meilleure amie, Keira ne s'était jamais donné vraiment la peine d'aller vérifier si les dires d'Arya étaient fondés. Jusqu'au jour où Arsène l'avait abordé et qu'elle l'avait trouvé plus que charmant. Au fil de leurs rencontres, elle avait tenter de trouver des choses à reprocher à Black. En vain. Non seulement elle le trouvait beau (ce qu'Arya n'aurait pu nier) mais en plus elle le trouvait drôle, agréable et intelligent. Il s'en fichait bien du sang des sorciers, ce qui était pour Keira une preuve qu'il était quelque de bien malgré ce que pouvait en dire sa meilleure amie. La brune avait tenté à plusieurs reprises de remonter l'estime qu'Arya avait pour Arsène mais son amie ne voulait rien entendre. Keira avait fini par abandonner, ne mentionnant même plus quand elle passait du temps avec le Serdaigle et lui cachant son attirance pour le beau blond.

Keira ne put retenir son sourire quand elle vit Arsène s'approcher d'elle. Il la salua, le sourire également aux lèvres.

« Me ferais-tu l'honneur de t'asseoir à côté de moi ? » demanda Keira d'une voix qu'elle tenta de rendre amusée

Arya allait arriver d'un instant à l'autre et la brune ne savait pas si sa proposition était une bonne idée. Peut-être serait-ce l'occasion pour son amie de voir qu'Arsène n'était pas qu'un idiot ? De toute façon, Keira s'ennuyait trop à attendre toute seule pour faire partir le garçon de ses rêves ! La gryffondor espérait sur son amie ne lui fasse pas trop de reproches, elle ne comprenait pas la haine d'Arya et cela la gênait que sa meilleure amie déteste le garçon qu'elle appréciait fortement. Mais que pouvait-elle y faire ? Elle ne pouvait pas plus changer les sentiments de son amie que les siens.
Keira se retint de soupirer et reporta au plus vite son attention sur Arsène.

Toujours à la bibliothèque, Arya restait le nez collé dans un livre de l’Histoire de la Magie. Elle devait réviser avec acharnement, puisque lundi elle avait un devoir qui l’attendait, et comme toujours elle voulait atteindre une note parfaite. Brusquement, elle releva la tête, se souvenant qu’elle avait rendez-vous avec Keira à 11h30. Portant son regard vers l’horloge qui se trouvait dans la bibliothèque, elle grogna intérieurement en voyant qu’elle avait un quart d’heure de retard. Sa meilleure amie allait encore devoir l’attendre, et la jeune femme n’aimait pas ne pas être à l’heure lorsqu’elle avait rendez-vous. Mais elle avait mis un temps fou à se concentrer, et avait bien perdu une bonne heure pour se sortir Arsène Black de l’esprit, afin de réviser avec toute sa tête. Rangeant les livres qu’elle avait emprunté pour réviser, elle rangea le reste de ses affaires dans son sac de cours, et sortit de la bibliothèque, non sans lancer un regard noirâtre à la bibliothécaire. Toutes deux ne s’étaient jamais vraiment entendues, elle reprenait sans cesse Arya dès qu’elle se trouvait ici, et trouvait toujours quelque chose à lui reprocher. Mais c’était sans compter le répondant de la brunette qui ne plaisait pas vraiment au corps enseignant. Il fallait avouer que la Gryffondor prenait souvent un malin plaisir à pousser la bibliothécaire à bout, surtout lorsqu’elle faisait les quatre cents coups avec Quigg il y a quelques années de cela.

Elle devait retrouver Keira dans la cours de récréation avant d’aller manger toutes les deux. Elles avaient préféré se séparer dans la matinée, chose peu ordinaire puisqu’elle passait tout leur temps libre ensemble. Mais à vrai dire, Arya évitait les conversations un peu trop sérieuses, ou qui penchaient trop sur un certain Serdaigle avec sa meilleure amie. Elle s’était rendu compte depuis quelques temps que Keira appréciait un peu trop Arsène à son gout. Non pas qu’elle était jalouse, du moins, c’était ce dont elle essayait de se convaincre. Mais dès sa première rencontre avec le beau blond, elle n’avait pas cessé d’en dire du mal à sa meilleure amie, si bien que toutes deux n’avaient pas le même point du vue vis-à-vis du jeune homme. Ce qui agaçait légèrement Arya, surtout depuis qu’Arsène tournait un peu trop autour de sa meilleure amie.
Soupirant d’agacement, elle préféra ne plus y penser. Elle n’avait pas croisé Arsène depuis leur rencontre dans la tour d’astronomie, à vrai dire, elle avait tout fait pour l’éviter, mais cela lui convenait parfaitement. Sans vraiment comprendre pourquoi, la jeune femme craignait chaque rencontre avec le Serdaigle, elle ne savait jamais vraiment à quoi s‘attendre avec lui, et détestait ne pas avoir le contrôle de la situation. Dévalant les escaliers aussi vite qu’elle le pouvait, elle se retrouva bien vite dans la cour. Avançant rapidement, elle chercha des yeux une chevelure brune qu’elle connaissait bien. Elle était certaine qu’elle allait recevoir des représailles de la part de sa meilleure amie par rapport à son gros retard. Visionnant les élèves qui se trouvaient assis sur les quelques bancs, elle ne tarda pas à voir Keira, en compagnie d’un jeune homme.

La Gryffondor n’eut pas besoin de s’approcher plus qu’elle reconnut de suite Arsène. Sa chevelure blonde était caractéristique, si bien qu’il était impossible de le louper. En le voyant rire en compagnie de sa meilleure amie, son estomac se crispa. Tout un tas de questions engloutirent le cerveau de la jeune femme, ne comprenant pas ce qu’ils faisaient ensemble. Keira avait rendez-vous avec elle, pas avec Arsène aux dernières nouvelles. Arya ne comprenait pas ce qu’elle lui trouvait. Bien sûre, il était terriblement beau, c’était un fait, mais il avait les manières d’un goujat, surtout avec elle. Tandis qu’elle en faisait un portrait négatif, Keira ne cessait de s’extasier devant le blondinet. Serrant les dents, elle s’avança vers les deux jeunes gens tout en ignorant le Serdaigle. Sans accordant un seul regard au jeune homme, elle s’adressa à Keira ;

« Désolée Kei, j’ai pas vu l’heure passer. »

Son amie lui accorda un petit sourire en coin. Bon visiblement elle ne lui en voulait pas, certainement parce qu’elle avait pu passer du temps avec Arsène, seul à seul. A cette pensée la brunette sentit une pointe d’agacement, mêlée à de la jalousie pointer le bout de son nez. Comment pouvait-elle être jalouse ? Elle n’aimait pas Arsène Black, elle ne l’appréciait même pas. Non, ce qui l’agaçait, c’était qu’il puisse se servir de Keira, qu’il puisse la faire souffrir. Arya craignait plus que tout que les intentions du Serdaigle ne soient pas aussi innocentes qu’il puisse bien vouloir le faire croire avec Keira. Il avait quelque chose derrière la tête, c’était certain. Soupirant, elle tourna la tête vers le blondinet qui n’était toujours pas parti. Il devait se douter qu’il était de trop en cet instant, il n’était pas stupide à ce point-là, si ? Haussant ses sourcils bruns, elle fixa Arsène, et lâcha ;

« Dis-moi Arsène, t’as pas une de tes pimbêches à aller voir … ailleurs par exemple ? »

Arsène ne refusa pas l'invitation et s'installa à côté de Keira, ce qui la ravit.

« Que fais-tu donc ici, à l'heure du déjeuner, Keiriette ? » l'interrogea-t-il tout en rigolant

Keira lui donna un coup de coude, tentant vainement de lui faire comprendre à quel point ce surnom était ridicule. Elle détestait qu'il l'appelle ainsi car, il fallait le dire, c'était vraiment moche. Mais au fond d'elle, elle était ravie qu'il la taquine. La brune lui lança un regard outré. Elle prit une grande inspiration et s'apprêta à lui reprocher pour la énième fois le sobriquet qu'il osait employer quand une personne arriva à leur hauteur, masquant le soleil. Keira reconnut immédiatement sa meilleure amie Arya. Heureusement qu'Arsène était passé par là, pensa la brune, parce qu'elle était plus qu'en retard.

« Désolée Kei, j’ai pas vu l’heure passer. »

N'étant pas rancunière, en tout cas pas auprès d'Arya, Keira lui sourit pour lui montrer que ce n'était rien. Peut-être aurait-elle été plus agacée si Arsène n'était pas passé par là ? Il faut dire que la gryffondor avait la manie de rechercher sa compagnie en ce moment et cette rencontre inopinée ne l'avait pas dérangée. Avec un peu de chance, Arya se comporterait poliment avec Arsène, celui-ci agirait de même et ils commenceraient enfin à s'apprécier. Mais Keira ne se faisait pas d'illusion. Malgré qu'elle ne comprenne pas la provenance d'une haine pareille chez son amie, celle-ci n'en démordait pas : Arsène était un goujat manipulateur. Peu importe ce que ferait Arsène, ce que dirait Keira, elle le considérerait toujours comme imbuvable. C'était d'ailleurs la seule chose qui avait retenue Keira de séduire le Serdaigle. Bien que son intérêt soit sans doute clair, elle se contentait de gestes amicaux, tentant d'apercevoir ce qu'Arya voyait avant de se lancer. Pour l'instant, elle n'avait retrouvé aucun des traits mentionnés par son amie. Keira était certaine qu'elle aurait le droit à un discours agacée de sa meilleure amie dès qu'Arsène aurait quitté les lieux. Ce qu'Arya était bien décidé à voir arriver au plus vite.

« Dis-moi Arsène, t’as pas une de tes pimbêches à aller voir … ailleurs par exemple ? »

Cette attaque d'Arya était plutôt juste. Arsène ne cachait pas ses conquêtes et Keira les savait nombreuses. D'ailleurs elle ne comptait pas être une de ces simples filles qui passent dans son lit. Pour que le blond se comporte ainsi, il devait y avoir une raison. C'était un des mystères du Serdaigle que la brune comptait bien découvrir. Avant de passer dans son lit, bien entendu. C'est pour cela qu'être simplement amis lui convenait tout à fait pour le moment. Si elle réussissait à faire naître un sentiment amical chez Arsène, soit il repousserait ses avances par respect pour elle ou bien, si jamais ses sentiments étaient réciproques, leur histoire ne durerait pas qu'une nuit. Sortant de ses pensées, Keira se décida à répondre avant que la situation ne s'envenime un peu plus. Malgré la vérité des propos de son amie, la façon dont elle l'avait dit était un peu abrupt. Pourquoi Arya jugeait sur l'apparence ? Keira était d'avis qu'il fallait creuser avant de décider si oui ou non quelqu'un valait son intérêt.

« Arya, comme je suis contente de te voir ! Arsène me tenait gentiment compagnie. »

Elle sourit en regardant tour à tour ses deux amis. Elle pria pour qu'ils ne se sautent pas à la figure. Ils valaient mieux que ça tout de même.

Ça faisait un petit moment, déjà, qu'Arsène avait remarqué le changement de comportement qu'avait Arya à son égard quand il était avec Keira. Elle se voulait protectrice et agacée mais entre les lignes de cette attitude, le blondinet voyait clair dans son jeu ; sa lionne était jalouse. Et pas qu'un peu. Ainsi, au fond, ça l'encourageait à continuer de la séduire puisqu'au final, elle n'était pas si désintéressée qu'elle le voulait. Elle cachait juste très bien ses émotions et avait trop de fierté pour revenir sur le portrait peu flatteur qu'elle avait dessiné sur lui, au fil des années. Mais cela finirait bien par cesser. D'autant que maintenant, avec Keira entre ses griffes de séducteur, il pouvait aisément la faire réagir ou se venger de sa méchanceté gratuite et de ses moqueries dont elle avait preuve envers lui durant leur rencontre. Malgré tout, il aimait beaucoup Keira et la trouvait vraiment charmante, elle avait le cœur sur la main et était débordante d'une bonne humeur souvent contagieuse. Ainsi, maintenant qu'il la connaissait un peu plus, il ne pouvait s'empêcher de culpabiliser légèrement. Il utilisait contre son gré comme un instrument pour faire tomber Arya dans ses bras alors qu'il connaissait très bien les sentiments de sa meilleure amie pour lui ; elle l'appréciait, et pas qu'un peu. Il lâcha un soupir tout en regardant Arya qui avait détourné son attention de lui pour regarder pleinement son amie ; « Désolée Kei, j’ai pas vu l’heure passer. » Ainsi donc, elles s'étaient données rendez-vous ici pour passer du temps ensemble ? Quelle chance, pensa Arsène avec un léger sourire en coin. S'il avait été de mauvaise humeur quelques instants auparavant, à présent, ça ne se voyait plus. Ses iris bleutés étaient plus que claires et son visage était beaucoup moins livide que tout à l'heure. Visiblement, cette petite rencontre lui faisait du bien.
Arya se retourna vers lui, la mine renfrognée, les sourcils froncés. Elle avait beau être contrariée, le ventre du Serdaigle se crispa il sentit son cœur rater un battement. Merlin qu'il détestait cette sensation, il se sentait si vulnérable, si... humain. La regardant dans les yeux à son tour, il ne fut pas surprit de l'entendre lui demander ; « Dis-moi Arsène, t’as pas une de tes pimbêches à aller voir … ailleurs par exemple ? » Le jeune homme s’esclaffa brièvement. Vraiment ? C'était tout ce qu'elle avait trouvé à lui dire aujourd'hui ?

D'habitude, la petite Arya se montrait plus brutale et plus acide à son égard. Leur dernière conversation remontait à quelques jours mais il s'en souvenait avec toujours autant de précision. Et, d'ailleurs, il était toujours persuadé qu'elle était tombée dans le vide pour faire sa maline. Quel genre de personnes était assez maladroit pour tomber d'une fenêtre de la tour d'astronomie ? Vraiment... De plus, ce n'était pas comme si Arya ne savait pas qu'il n'y avait pas cette fenêtre, elle s'y était assise exprès. Quelle comédienne, vraiment. Toujours à vouloir attirer l'attention sur elle alors qu'il ne voit qu'elle constamment. Dans son esprit, dans ses rêves et même parfois il croit l'apercevoir dans les couloirs du château pour se rendre compte qu'au final, ce n'est pas elle. Il la voit partout. Et, il ne comprend réellement pas pourquoi. Certes, elle est jolie. Certes, elle a un caractère comme il l'aime. Certes, elle est intelligente. Mais pourquoi, il y en a des tonnes des filles dans cette école comme ça. Même beaucoup plus belle qu'elle, beaucoup plus caractérielle et chieuse et même, beaucoup plus intelligente. La seule différence, avec Arya, c'est qu'aucune de ces filles ne refusent ses avances. Arya est la seule à sembler insensible à son charme. Ou pas, d'ailleurs. « Arya, comme je suis contente de te voir ! Arsène me tenait gentiment compagnie. » lança la petite Keira, le faisant alors sortir de ses pensées. Il tourna la tête vers la demoiselle et lui offrit un sourire en coin. Charmeur, comme toujours. On voyait bien que la petite Gryffondor tentait de détendre l'atmosphère et d'une façon ou d'une autre, de prier Arya de bien se tenir. Puisque Arsène n'avait aucun problème de comportement, lui. Il était toujours poli, et toujours souriant. Il avait reçu une éducation qui ne lui permettait pas de donner une mauvaise image à sa famille et d'ombrager leurs valeurs.
Décidant d'agir, il prit alors la main de Keira dans la sienne et lui offrit un sourire malicieux quand il l'aperçut rougir. Reconnaissant d'être aussi gentille avec lui, il fit une légère pression sur celle-ci et Arsène comprit immédiatement qu'elle avait reçu le message. Elle esquissa un petit sourire maladroit mais ne retira pas sa main. Ce qui était bon signe. « Il me semble que tu allais me parler de ta matinée, ma Keiriette, non ? » Il ignora complètement Arya, de façon à ce que ce soit elle qui se sente de trop et non lui. Et puis, c'était d'une façon ou d'une autre sa petite vengeance personnelle. Elle l'avait bien cherché après tout.

Se concentrant uniquement sur la petite Keira, il remarqua qu'il lui était difficile malgré tout, de ne pas regarder Arya. Elle était comme le soleil ; elle attirait tous les regards malgré le danger que ça représentait. Arsène ne faisait pas exception à la règle. Il se sentait plus qu'attiré par la demoiselle et regrettait de devoir jouer à ce jeu pour pouvoir la faire tomber dans ses bras. Mais, il était prêt à tout. A tout pour qu'elle cesse de le hanter de le suivre partout dans le château. A tout pour qu'elle lui cède. A tout pour l'avoir juste à lui. Même à faire souffrir la petite Keira qu'il avait devant ses iris océanes et qui semblait rayonner d'être le centre de son attention. Il finira en Enfer pour autant de cruauté, pour autant de cœurs brisés. C'était certain. Tout en remettant une mèche de cheveux derrière l'oreille de sa nouvelle conquête, il se rendit compte qu'ils étaient toujours à l'ombre à cause d'Arya qui leur retirait le soleil. Il inclina légèrement sa tête vers elle et lui dit, cassant ; « Tu peux te pousser, s'il-te-plait ? Tu nous fais de l'ombre, là. » Voyant qu'elle ne réagissait pas, il la poussa à l'aide d'une de ses mains et la mit sur le côté. Chose faite, il murmura un piètre et mauvais « Merci, c'est beaucoup mieux comme ça. » Maintenant que tu es sortie du paysage, semblait dire sa phrase.

Certes, c’était plus froid. Mais ça méritait d’être clair. Arya n’avait jamais pesé ses mots avec Arsène, à vrai dire elle avait un mal fou à ne pas l’agresser dès qu’elle le voyait. Elle ne connaissait pas la raison qui la poussait à agir ainsi, mais elle ne pouvait s’en empêcher, c’était plus fort qu’elle. Elle ne voulait pas baisser les armes, de quelques manières que ce soit, elle craignait qu’il en profite. Après tout, il n’avait cessé de lui faire des avances, lui avouant clairement dès leur première rencontre qu’il ne voulait qu’une chose ; elle, ou tout du moins son corps, selon l’interprétation de la Gryffondor. Alors, il est tout bonnement hors de question qu’elle lui laisse penser qu’il avait la moindre chance de l’avoir dans son lit. C’était loin d’être le cas, et elle n’était pas une jeune dévergondée qui disait oui au premier venu.
Reportant son attention sur sa meilleure amie qui se trouvait toujours assise à côté d’Arsène, Keira finit par lâcher ;

« Arya, comme je suis contente de te voir ! Arsène me tenait gentiment compagnie. »

« Gentiment compagnie. » C’est sûr, il n’allait pas se montrer grossier, ce ne serait pas digne d’un Black. Surtout s’il voulait amadouer Keira afin d’arriver à ses fins. Ce qui était plutôt certain vu l’énergumène que se trouvait être Arsène. Arya était certaine qu’il n’était pas là par hasard, avec sa meilleure amie. Il se tramait quelque chose entre ses deux-là, elle en mettrait sa main au feu. De plus, Keira avait toujours fait des éloges du Serdaigle, même si Arya s’évertuait à lui prouver le contraire, et à lui faire ouvrir les yeux sur le jeune homme perfide qu’il était. Mais sa meilleure amie ne semblait pas prendre ses avertissements à leur juste valeur, elle semblait plutôt s’en ficher complètement, préférant roucouler avec le blondinet. Cette situation dérangeait énormément la jeune femme, elle avait un poids dans l’estomac en pensant que peut-être Arsène et Keira finiraient par être ensemble. Non, elle ne laisserait pas Keira tomber aussi bas. Elle ne pouvait pas la laisser croire aux belles paroles du tombeur qui se trouvait juste en face d’elle.
Mais lorsqu’elle vit Arsène attraper la main de sa meilleure amie, son cœur loupa un battement, et la jalousie se répandit en elle avec une rapidité étonnante. A quoi jouait-il au juste ? Qu’espèrait-il attendre de la part de Keira ? Ou même d’elle. Arya se demandait s’il ne mettait pas toute cette mise en scène juste pour réussir à la blesser, à l’atteindre d’une quelconque façon. Elle ne savait pas vraiment quel était le but du jeune homme, mais la lionne était bien décidée à le détacher de Keira.

« Il me semble que tu allais me parler de ta matinée, ma Keiriette, non ? »

Ahurie, Arya fixa sa meilleure amie qui restait silencieuse, visiblement totalement sous le charme du Serdaigle. Elle ne put s’empêcher de lever les yeux au ciel. Il était tellement pathétique à jouer les séducteurs, surtout avec Keira qui était déjà séduite par le blondinet. Soudainement, il replaça une mèche de cheveux de Kei, lui accordant un sourire dont lui seul avait le secret. La Gryffondor hésitait entre se jeter férocement sur lui et le frapper, ou simplement l’insulter de débile profond. Elle ne supportait plus son petit jeu, surtout s’il le testait sur sa meilleure amie. Avec les autres pimbêches du château il pouvait faire comme bon lui semblait, mais pas avec son amie la plus proche. Arsène finit par tourner la tête vers elle, légèrement, et d’un ton froid, il lâcha à son égard ;

« Tu peux te pousser, s'il-te-plait ? Tu nous fais de l'ombre, là. »

Interdite, Arya tentait encore d’assimiler les mots du Serdaigle. C’était à rien n’y comprendre. Il mettait tout en œuvre pour réussir à l’avoir, et il finissait par lui demander de se décaler, comme si elle était un vulgaire meuble qui prenait trop de place. C’est lui qui finit par la pousser à l’aide de l’une de ses mains, avant de rajouter ;

« Merci, c'est beaucoup mieux comme ça. »

Non mais pour qui se prenait-il ? Ce n’est pas parce que monsieur portait le nom de Black, qu’il devait se penser tout permis. Furieuse, Arya se remit exactement là où elle était il y a quelques secondes de cela, les bras toujours fermement croisés sur sa poitrine. En cet instant même elle n’éprouvait que de la haine pour Arsène Black. Il avait le don incroyable de l’agacer, c’était pire qu’avec Dylan. Visiblement, tous les Serdaigles n’étaient que des êtres insupportables. Lâchant un soupir agacée, elle finit par lancer froidement ;

« Je ne suis pas la personne en trop ici Black. Alors je serai toi, je me casserai vite fait avant que la situation ne s’envenime. »

Haussant les sourcils, histoire de bien se faire comprendre, Arya se doutait pertinemment que le Serdaigle ne prendrait pas ses menaces au sérieux. Mais il était tout bonnement hors de question qu’il la fasse passer pour l’intrus, le rajout du duo qu’il formait l’instant d’avant avec Keira. Portant son attention vers sa meilleure amie, la brunette rajouta à son encontre ;

« Kei, fais attention à tes fréquentations, tu es en train de te faire embobiner par un gros lourdaud prétentieux, qui ne pense qu’avec ce qu’il se trouve dans son caleçon. »

Keira espérait qu'ils pourraient peut-être tous les trois converser cordialement mais c'était semble t-il trop demander à ses deux amis. Arya avait l'air profondément agacée et quant à Arsène, il s'était tournée vers Keira de manière à évincer l'autre brune. Le serdaigle prit alors la main de la gryffondor qui ne put s'empêcher de rougir. Non seulement le contact avec le garçon la gênait un petit peu mais le fait qu'Arya assiste à la scène la rendait encore plus rougissante. Arsène pressa sa main comme pour la remercier et Keira comprit qu'il lui témoignait sa gratitude pour ne pas s'arrêter au jugement d'Arya. Elle lui adressa un léger sourire puis préféra retirer sa main.

« Il me semble que tu allais me parler de ta matinée, ma Keiriette, non ? »

Keira faillit taper amicalement le garçon devant l'affront qu'il lui faisait de réemployer ce surnom mais elle se retint en imaginant la tête que ferait Arya. Elle se sentait touchée par l'intérêt d'Arsène mais était aussi un peu dubitative qu'il ne fasse pas plus d'efforts pour intégrer son amie à la conversation. Elle se sentait prise entre les deux. Ils se battaient pour avoir son attention mais au fond elle avait l'impression de n'être qu'un des objets de leur énième bagarre. Elle manqua d'oublier cette impression qui la laissait quelque peu amère quand Arsène lui lança le sourire dont lui seul avait le secret. Cela avait le don de faire battre plus rapidement le cœur de la gryffondor. Mais il gâcha très vite cet instant lorsqu'il demanda froidement à sa meilleure amie de se pousser. Elle aurait voulu qu'il se comporte plus intelligemment qu'Arya et qu'il tente d'apaiser les tensions au lieu de les renforcer ainsi. On aurait dit deux gamins qui ne pouvaient s'empêcher de se chercher des poux. Mais pourquoi se comportaient-ils ainsi ?

« Je ne suis pas la personne en trop ici Black. Alors je serai toi, je me casserai vite fait avant que la situation ne s’envenime. »

La réplique froide d'Arya sortit violemment Keira de ses pensées. Elle réalisa qu'Arsène avait poussé Arya sur le côté ce qui forcément n'avait pas grandement plu à cette dernière. Sa meilleure amie s'adressa d'ailleurs à elle :

« Kei, fais attention à tes fréquentations, tu es en train de te faire embobiner par un gros lourdaud prétentieux, qui ne pense qu’avec ce qu’il se trouve dans son caleçon. »

Ce fut la goutte d'eau qui fit déborder le vase. La jeune fille en avait assez d'être au milieu des deux. Elle avait tout fait pour qu'ils s'entendent correctement mais pas un n'était prêt à faire cet effort, même pour elle. Elle ne leur avait pas demandé de devenir de grands amis, juste de se parler correctement mais ils en étaient incapables. Ils étaient aveuglés par une espèce de haine que Keira ressentait de plus en plus comme une certaine attirance qu'ils ne pouvaient supporter. Au final, ils voulaient juste s'embrouiller entre eux et s'en fichaient bien de ce que Keira pouvait penser. Vexée et se sentant soudain très seule et de trop, Keira lança d'un ton sec :

« Puisque vous êtes incapables de faire un effort et que vous avez visiblement plus envie de continuer à vous chamailler comme de gros gamins que de passer du temps en ma compagnie, je vais vous laisser. »

Et sur ce, elle se leva du banc d'un bond, ne laissant pas le temps aux deux autres de réagir. Elle traversa rapidement la cour d'un pas énervé. Elle ne savait pas ce qui l’agaçait le plus : de voir qu'Arya et Arsène se fichaient visiblement d'elle, de sentir qu'au fond ils cachaient peut-être autre chose dans leurs piques ou bien d'avoir l'impression qu'elle était passée pour une folle furieuse égocentrique. En tout cas, elle ne voulait plus voir ni l'un ni l'autre avant un petit bout de temps.