Potty, Potty, petit Potty. Alesya avait souri, soudain sadique, en voyant son nom sur la liste, collé juste à côté du sien. Potter-Lestrange, comme un combat attendu de longue date, quelque chose tiré d’un bouquin d’Histoire de la Magie. Baguette à la main, comme d’autre tienne une épée, elle s’était éloignée du panneau d’affichage de la salle commune des verts, bousculant tous ceux qui pensaient encore qu’ils pourraient s’en tirer à rester sur son passage. Elle n’aimait pas qu’on la gêne, qu’on l’emmerde et dans cette optique, le fils de l’Elu allait souffrir car son existence même agaçait la brune, question de principe. Elle savait très bien que ce n’était qu’un entrainement, qu’un jeu, mais à la coller dans les cachots, son terrain de prédilection, en face d’un pareil imbécile, ils prenaient des risques, tous. Son sourire s’élargit et elle s’engouffra dans le couloir, à la recherche du jeune homme malléable qu’elle avait bon nombre de fois manipulé, assez pour prouver que son patronyme n’était qu’une blague et qu’il n’avait pas plus de capacités qu’un boursoufflet. Mignon, mais… voilà, juste mignon, rien de plus. Un boursoufflet entre les griffes d’une harpie. Une chance pour lui, surement, le maître des potions veillait, quelque part dans les sous-sols… Une nounou et une nurse pour Potter. L’idée la fit sourire de plus belle.

Dans ce conflit autorisé, ce combat organisé, la brune voyait une occasion en or de le foutre à genoux une bonne fois pour toute. Lui et son ambition décalée, son envie de noirceur, de grandeur, son envie d’importance… elle allait écraser tout ça, le tout en chantonnant et en se faisant les ongles à côté. Ô joie. D’un pas décidé, elle arriva finalement face à lui. Sur la défensive, toujours, elle l’observa un instant. Debout derrière lui, ayant fait du bruit en se déplaçant, elle attendait une réaction... Il était hagard, prêt à attaquer, baguette à la main. Tant mieux, elle aussi. Une occasion parfaite pour assoir sa supériorité, enfin. Attendre qu’il bouge, cependant, c’était visiblement comme attendre la pluie au milieu du désert, aussi souffla-t-elle, un peu trop assurée peut être : « J’espère que tu es meilleur duelliste qu’amant, Potty, sinon ça va être vite réglé, toute cette histoire… » Alesya Lestrange, prix d’humilité et de sympathie, grand cru 2021.

Il lança une vanne.

Soit, c’était de bonne guerre. Elle afficha un sourire narquois, l’espace d’une seconde, signifiant au jeune homme qu’il s’aventurait sur une route dangereuse, à ainsi la provoquer. Il le savait d’autant plus que leurs petits jeux stupides duraient depuis des années. Elle l’emmerdait, il se rebiffait, elle l’écrasait. L’ordre des choses étaient ainsi respectés. Sans réellement suivre le protocole des duels, non pas qu’elle s’en soucie réellement à vrai dire, il lança un sortilège mais se rate. Ruse. Parce que Potter, comme son père avant lui, était un lâche. Le courage du survivant, elle n’y croyait pas, elle savait très bien que Potter-père, sans sa petite armée de suivants là pour servir de bouclier humain, ne faisaient pas le poids. Il suffisait de voir ce qui était arrivé à Potter-grand-père pour le comprendre. Elle sentit une brulure sur son visage et grimaça alors qu’il lançait, fier de lui surement : « Quelle jolie peau, ma chère. » Saloperie, sortilège de furoncle. Elle aurait sa tête sur une pique, il pouvait en être sûr. Elle allait pester, hurler, lui sauter à la gorge et lui planter ses ongles dans le cou lorsqu’une voix plus grave, adulte, résonna dans le couloir. Elroy Flint, qui supervisait l’exercice, venait de s’interposer et il arrivait à présent, se plaignant de la forme du duel. Elle n’aimait pas qu’on la défende de la sorte mais au moins, elle avait une excuse pour attaquer correctement, puisqu’il lui donnait la main, l’avantage, puisque clairement, il aimait autant Potter que elle pouvait apprécier ce garçon, à savoir pas du tout.

L’enseignant eu à peine le temps de s’écarter qu’Alesya esquissa une vague révérence, baguette armée devant le visage, comme une lame. En plus dangereux. L’instant d’après, elle s’était redressée, virevoltant pour se battre comme on lui avait appris à le faire, non pas en cours mais dans le manoir où elle avait grandi. Elle ne s’embarrassa pas de sortilèges informulés, préférant que Potter sache ce qui allait lui tomber dessus. « Expulso » la voix était forte, le geste habitué, précis. Un peu trop assurée peut-être, elle adressa un sourire en coin à l’enseignant et se redressa correctement en ramenant sa baguette en position de défense. Comme une gamine qui attendait l’approbation de son père, un père qui l’avait rompu au combat depuis des années.