« L’enfance, seul âge
de la vie où le
bonheur puisse être
un état.»
«
Tu refais ça encore UNE fois, crois-moi bien que tu t’en souviendras encore dans des années ! Compris ?! »
La joue encore écarlate par la gifle donnée par les immenses mains de mon père, je fixais rigoureusement mes pieds sans rien dire. Remplis d’une rage silencieuse qui ne devrait pas tarder à éclater, j’acquiesçais à contre cœur à chacune de ses insultes. Préférant me rabaisser moralement, il ne s’énervait pas souvent, mais quand il le faisait, ce n’était pas beau à voir. Il n’a jamais su m’aimer de toute façon. Je suis le petit dernier d’une fratrie de cinq enfants. L’enfant de trop ? Peut-être. Je n’ai que huit ans, mais j’ai très bien compris qu’il ne m’aimait pas. Chaque fois qu’il se passe quelque chose de louche, c’est pour ma poire, allez comprendre pourquoi…
Continuant de beugler que j’étais le pire fils que la terre ait connu, il faisait de grands gestes, comme à chaque fois qu’il était fâché. Ma colère à moi, s’agrandissait petit à petit. Jusqu’à ce que je n’en puisse plus, mais là, c’était déjà trop tard.
«
Tu sais quoi ?! Tu es un mauvais père ! Je te hais, tu me hais, ok, mais alors viens pas me faire chier ! Si t’arrêtais de m’emmerder à longueur de journée, peut-être qu’on pourra s’entendre, mais ne viens surtout rejeter la faute sur moi ! »
J’avais crié, sans vraiment le vouloir. C’est peut-être un peu cru comme langage pour un enfant de huit ans, mais avec mon père, j’ai été à bonne école… Lorsque j’eu fini ma phrase, ce fut le calme avant la tempête. Mon père resté figé, telle une statue, me regardait de ses grands yeux bleus, rabaissant petit à petit ses mains. Ma mère et une de mes sœurs me regardaient depuis la cuisine. Sans rien comprendre, je me retrouvais sur le sol, ma joue bien plus enflammée qu’il y a cinq minutes.
«
Mais de quel droit tu me parle ainsi ! »
Mon père me surplombait de tout son mètre nonante, les yeux fous, la main levée. Et là… Je n’ai pas tout de suite compris ce qu’il s’était passé. J’avais peut-être simplement eu peur qu’il recommence, je ne sais pas. Mais le fait que, j’avais hurlé « non ! » et mon père a volé contre le mur dans un bruit sourd.
Je restais figé sur place. Ma mère et ma sœur me sœur me regardaient toujours, vite suivie de mes trois autres sœurs. Elanor bafouilla une phrase incompréhensible.
«
Chris… Tu… Enfin il… tu viens de… Oh ! »
Mon père s’avança moi, le sourire aux lèvres. Il allait me frapper, je le savais. Ce n’était même pas de ma faute… Je fermais les yeux, prêt à recevoir ma correction. Mais il n’en fit rien, à la place, il me prit dans ses bras.
«
Tu en es un ! Oh j’y crois pas ! Mon fils ! Tu es un sorcier ! Un sorcier ! Oh mon dieu, je commençais à perdre espoir ! Oh nom d’un chamois ! »
Décidemment, je ne comprendrais jamais cet homme. Il y a deux minutes, il m’aurait bien balancé par la fenêtre, et là il me prend dans ses bras en criant que j’étais magnifique.
Il me prit par la main, je m’assis dans le divan à côté de lui. Il passa plus d’une heure à m’expliquer les moindres détails de mes pouvoirs, de mon avenir, de mes ancêtres, des légendes. Il avait des étoiles dans les yeux, de la joie au cœur. Je ne l’avais jamais vu si heureux. J’aime bien le voir fier de moi. Ça n’arrive pas souvent, mais j’adore ça.
♪ I wanna be forever young ♫ Peter Pan! ♪ Ҩ Ҩ Ҩ Ҩ Ҩ Ҩ Ҩ Ҩ Ҩ Ҩ Ҩ Ҩ Ҩ Ҩ Ҩ Ҩ Ҩ Ҩ Ҩ Ҩ Ҩ Ҩ Ҩ Ҩ Ҩ Ҩ Ҩ Ҩ Ҩ Ҩ Ҩ Ҩ Ҩ Ҩ Ҩ Ҩ Ҩ
« Folie n'est pas
déraison, mais
foudroyante
lucidité.»
«
Aaaaaah ! »
Mon cri strident retentit dans toute la cage d’escalier. Je courus aussi vite que je pu dans la cuisine et sautais dans les bras de ma mère paniquée.
«
Mais que se passe-t-il mon chéri ? »
Elle regarda son petit garçon de dix ans de ses yeux affolés. Elle devrait pourtant être habituée, c’est la troisième fois cette semaine et au moins la centième ce mois-ci.
Je pleurais à chaudes larmes dans ses bras pendant qu’elle me tapotait le dos.
«
Il est revenu maman ! Encore une fois ! -
Mais qui donc mon amour ? »
Je lui pris la main et l’emmenai en bas des escaliers. Au dessus de la vingtaine de marches, se tenait un clown. Un horrible clown, le visage blanc, le nez rouge, les yeux fous et le sourire aux lèvres. Ses dents jaunes laissaient échapper un petit rire cruel, et ses cheveux bleus décoiffés n’étaient pas sans rappeler ceux d’un échappé d’asile. Autour de lui, volaient une dizaine d’oiseaux, envahissant tout le premier étage. Sur son bras était perché un faucon, un morceau de viande crue dans le bec, les ailes prêtent à être déployées.
Devant cette vision d’horreur, je m’accrochais encore un peu plus à ma mère. Cette dernière regardait, incrédule, cet homme et ces volatiles qui ne cessaient de me hanter.
«
Bon Christopher, ça suffit maintenant. Maman en a marre que tu la prennes pour une idiote. »
Elle retourna dans la cuisine, je la suivais avec joie. Personne ne me croit jamais. Pourtant je sais qu’il est là, mais dès que j’amène quelqu’un pour me défendre, soit il disparaît, soit il n’est visible qu’à mes yeux.
Mais je sais qu’il est là, je sais qu’il est vivant, je sais qu’il est présent… Tout le monde me prend pour un fou, je le vois dans leurs yeux. Mais je sais ce que je dis, ce que j’avance !
«
Mais maman… -
Non Christopher ! C’est fini j’ai dis ! -
Mais… -
Il n’y a pas de " mais " ! Vas dans ta chambre ! »
Les larmes aux yeux, j’obéis sans rechigner. Le clown n’était pas là. Les oiseaux non plus. Je m’assis sur mon lit défait, pris ma guitare et me mis à
chanter. J’aime chanter, ça me permet d’oublier que personne ne croit en moi.
~ ~ ~ ~ ~ ~ ~ ~ ~ ~ ~ ~
«
Il m’inquiète de plus en plus Mika… -
Je sais. Il est con, je l’ai toujours dis. -
Non, ne dis pas ça, tu sais très bien que c’est faux… -
Hé bien alors il est fou. -
Je ne pense pas… Je… -
Ecoute Audrey, il voit des piafs et des acrobates… -
Des clowns. -
Pareil. Il voit des choses là où il n’y en a pas, à l’école il a des excès de violence quand on lui en parle, et les séances chez la psy n’arrange rien. Il va falloir prendre des mesures plus sérieuse Audrey… -
Mon petit Chris… il était si doux avant… -
Avant Aude. Avant. »
Caché derrière la porte du salon, j’écoutais attentivement chacune des paroles prononcées par mes parents. Ça fait maintenant trois mois que je vois cet hommes et ces animaux qui, soi-disant, "n’existe pas". Dans quatre ans, je devrais rentrer à Poudlard, une école de magie. Cela fait un an que mon père ne cesse de m’en parler… Mais il veut que je "me calme" avant de pénétrer dans l’enceinte de cette prestigieuse école, et il pense que le seul moyen est de m’envoyer dans un centre spécialisé. J’veux pas y aller, je ne suis pas fou, je vois juste des choses que les autres personnes ne veulent pas voir.
Pendant que mon père continuait de convaincre ma mère que ce serait mieux pour moi, je montais dans ma chambre. J’en avais juste marre de l’entendre. Mais
il était là, avec ses oiseaux et son sourire. Prenant mon courage à deux mains, je fermais les yeux, les poings, et fonçais droit devant moi. J’atterris dans Charlotte, une de mes sœurs qui me regardait les yeux écarquillés.
Il était parti… ~ ~ ~ ~ ~ ~ ~ ~ ~ ~ ~ ~
«
Non ! Lâché moi ! J’veux pas y retourner ! Lâché moi tout de suite ! »
Deux hommes en blouses blanches me tiraient vers l’intérieur du centre. Aujourd’hui, ça faisait un an que j’étais ici. Une putain d’année sans aller à l’école, à se faire analyser par des psychiatres, décidant si oui ou non j’avais le droit de retourner chez moi. Ils arrivaient tous au même diagnostic : "trouble psychologique avancé. Attendre avant retour en société. ". N’importe quoi. Je vais très bien.
Ma mère vient souvent me voir. Mon père, juste aux fêtes et éventuellement à mon onzième anniversaire. On dirait qu’il a honte de moi. Je le comprend, avoir un fils à l’asile, ça ne doit pas être facile. Enfin soit.
Je lâchai prise, me laissant tirer, tel le boulet que je suis. J’avais qu’à pas essayer encore une fois de m’enfuir. Dans quel but je faisais ça ? En y réfléchissant, une fois sortit, je fais quoi ? Je rentre chez moi ? Avec mes parents ? Sûrement pas. Ils me jetèrent dans la grande salle, et je m’assis au milieu de tout les attardés mentaux, les fous et autres cas sociaux. Je repliais mes genoux contre ma poitrine et me balançais d’avant en arrière. Il n’y avait plus qu’à attendre qu’on daigne venir me rechercher. Je ne saurais rien faire tout seul de toute façon.
Mais j’ai peur. J’ai peur qu’on m’oublie. Qu’on me laisse vieillir ici.
J’ai peur de ne jamais pourvoir apprendre la magie…~ ~ ~ ~ ~ ~ ~ ~ ~ ~ ~ ~
«
Hé bien Madame et Monsieur Standford, c’est très bien, je ne sais pas quoi dire d’autre. Les résultats aux tests psychologiques son bons. Il se comporte comme un ange. Il a recommencé à manger normalement et il est en train de reprendre les dix kilos qu’il avait perdu ces derniers temps. Je ne vois pas de raisons de le garder plus longtemps. »
Le directeur de l’établissement me regarda avec sa tête de faux cul aux dents neuves. Cet homme m’insupporte… J’étais assis entre mon père et ma mère, en face d’un bureau parfaitement rangé et de Monsieur Savage. J’avoue que j’ai vraiment été infecte pendant les trois années que j’ai passées ici, mais c’est fini maintenant. Je n’ai pas réellement été différent. Juste plus gentil avec le personnel et les bénéficiaires. Visiblement, mes tests psychologiques ont suivi. Je ne vais sûrement pas m’en plaindre, je vais enfin sortir d’ici.
Après une longue discussion entre mes parents et cet homme aux dents blanchies, ma mère me prit par la main et m’emmena vers la voiture. Avant de rentrer, elle me prit dans ses bras et m’embrassa sur le front, me disant combien elle était fière de moi. Mon père me prit les épaules et me chuchota à l’oreille :
«
Tu sais ce qui se passe dans quatre mois ? »
Je n’en savais absolument rien. J’ai perdu la notion du temps, enfermé avec ces malades…
«
Ta rentrée dans le monde magique mon fils, ta rentrée dans ton monde… »
♫ Somebody make a move! ♪Ҩ Ҩ Ҩ Ҩ Ҩ Ҩ Ҩ Ҩ Ҩ Ҩ Ҩ Ҩ Ҩ Ҩ Ҩ Ҩ Ҩ Ҩ Ҩ Ҩ Ҩ Ҩ Ҩ Ҩ Ҩ Ҩ Ҩ Ҩ Ҩ Ҩ Ҩ Ҩ Ҩ Ҩ Ҩ Ҩ Ҩ
« L'avenir ne se
prévoit pas,
il se prépare.»
«
Hmm… Voilà un cas bien intéressant. Certes, tu es fort tourmenté, mais tu es généreux, fidèle, tu assumes parfaitement qui tu es et ne feras pas de concession là-dessus. De plus, je décèle un côté artistique qui s’épanouira pleinement à… »
Assis sur une chaise en d’une salle pleine de parfaits inconnus, on m’avait posé un chapeau tout pourri sur le haut du crâne. Il déciderait de ma maison apparemment. Comment un chapeau peut savoir ça, c’est une autre histoire.
C’est magique, faut pas chercher la logique.La seule chose que j’espérais, c’était de ne pas atterrir à Serpentard. Mon père, mon grand-père, voir mon arrière grand-père y sont allés. Ce sont tous des enfoirés de première. Je ne voulais pas être comme eux, je voulais être quelqu’un d’autre, changer la philosophie que les Standford abordaient depuis des générations. Mais si on m’envoyait chez les verts, ça n’allait sûrement pas arranger les choses…
Pas Serpentard, pas Serpentard, pas Serpentard, … «
Poufsouffle ! »
Gné ? Poufsouffle ? Comment ça ? J’espérais plutôt aller chez Gryffondor, l’ancienne maison du « Survivant ». Bon, je ne me faisais pas trop d’illusions, mais quand même. Chapeau-parlant en avait visiblement décidé autrement.
Je souris et descendis en direction de la table des jaunes, ces derniers m’accueillant à bras ouvert. Après tout, Pouf pouf c’était déjà mieux que Serpentard. Je m’assis à côté d’un jeune homme noir, répartit il y a à peine quelques minutes. Il me sourit de ses dents étonnamment blanches et me tendit la main.
«
Bonjour ! Je m’appelle Alan Was’mukulu. Et toi ? -
Christopher Standford. -
Cool ! J’espère qu’on sera dans la même classe ! »
Je lui pris la main et lui souris à mon tour. Déjà un nouvel ami ? Décidemment, ça a été rapide.
~ ~ ~ ~ ~ ~ ~ ~ ~ ~ ~ ~
«
Tu y crois toi ? »
Gné ? Moi ? Croire quoi ? Mais de quoi il veut me parler encore.. ? Alan était mon meilleur ami depuis maintenant sept ans, et je ne le comprenais toujours pas. Il m’avait soutenu quand j’avais décidé de ne plus revoir ma famille. Il a toujours été là. Mais faut dire ce qui est, il est un peu bizarre. Bien que je sois mal placé pour dire ça… Je le regardais avec de grands yeux interrogateurs.
«
Aux rumeurs ! Tu y crois ? Genre Gryffondror et Serpentard qui vont se manger le bec tout ça… Tu crois que c’est vrai ? »
Ah ! Ces rumeurs là ! Evidemment que j’y crois. C’est tout à fait plausible. C’est ce que je lui dis. Que si jamais la rébellion était vraie, je me joindrai au bien. Lui aussi, je l’espère. Il me rassura, nous combattrions du même côté. Bien qu’au fond de moi, j’espère qu’il ne se passera rien. Une guerre serait vraiment la mal venue…
♫ Je suis moi, quoi qu'on en dise, je suis moi... ♪