Il se déguisa d'un masque. Guy Fawkes. C'est censé représenter la révolte ? On s'en fout. Là n'est pas la question. Ce qui se passerait ce soir serait complètement magique. Et complètement excitant pour Rohàn. Oh, qu'il avait hâte. Oh, qu'il adorait Halloween. Une robe de sorcier noir, complètement noir, comparable à ses yeux ténébreux. Ce soir, ce serait le début de la revanche. Potter, Weasley, tous ces connards. Ils avaient cru que les temps noirs seraient définitivement terminés ? Voldemort avait été imprudent, complètement assouvi par le pouvoir en lui-même, et sang-mêlé par la même occasion. Voilà pourquoi ils avaient tous échoués. Parce qu'ils n'avaient été menés que par un vulgaire sang-mêlé. Les Sangs-Purs, ils devaient être menés par eux. Serrant sa baguette fermement de sa main, il avança dans la ruelle. De son oeil farouche, il observait ses tendres victimes. Et malheureusement pour lui, Ange en faisait parti. Si sous Rohàn, il n'avait pas pu agir en public, en la giflant de toutes ses forces pour non-respect de sa personne, il se vengerait sous ce masque, ce statut de Membre de l'Ombre. Il avait pris soin d'éplucher chaque détail ; voix modifiée, apparence totalement masquée. Un sourire triomphant apparut sous le masque. « Potter ... Et Weaslaid ... avec la jolie blondasse nymphomane. » Il se tenait dans l'ombre, essayant de se contrôler. Il avait tendance à foncer dans le tas mais savourer ses proies devenait un délice jouissif. « Et si vous souffriez ? ... Des cicatrices sur vos beaux visages ... ça ne vous fera pas de mal. » Remettre les pendules à l'heure. Ils avaient été la cause de leur perte, de leur blason impunément sali. Et ils avaient tué sa tante.

Ils devaient souffrir.

Spoiler:

Soirée pourrie, fichue, elle détestait Halloween. Elle n’avait jamais aimé cette fête, cette tradition stupide qui, au fond, lui avait toujours été refusée. Jamais elle n’avait pu parcourir avec les autres enfants les rues et quartiers de Londres en quémandant les douceurs tant désirées, ces sucreries qui devaient lui donner des indigestions pendant plusieurs jours au moins. Jamais elle n’avait pu se déguiser le jour de la fête des morts, elle n’avait jamais rien eu à raconter sur ce jour qui au final n’était plus qu’un jour comme les autres pour elle. Pas de rires, pas de menaces de sorts, pas d’œufs jetés sur les maison des personnes qui lui auraient refusé une quelconque poignée de bonbons. Pourtant, derrière ce masque d’indifférence qu’elle s’était construit de toutes pièces se cachaient un autre sentiment vis-à-vis de cette fête et des autres fêtes traditionnelles : l’envie. L’envie d’être comme les autres, de connaître un véritable halloween, un véritable noël et non pas une soirée en compagnie de sorciers de la haute société, des sorciers qu’on obligeait la jeune fille à côtoyer alors que la plus part de ces derniers l’insupportaient au plus haut point. Ce soir-là, Ange décida qu’elle ne se laisserait pas aller aux bons sentiments, à la nostalgie de ses ressentiments d’enfant qui remontaient bien trop souvent à son goût ces derniers temps. La jeune femme ressortit d’Honedukes avec un vague sourire sur les lèvres, un petit paquet composé de jolies couleur au creux de sa main. Elle savait dores et déjà qu’elle ne se montrerait pas au banquet, profitant de ce moment où elle ne croiserait personne pour s’enfermer dans la salle sur demande avec un piano et son sac de sucreries. Pourtant, elle aurait dû se douter que les choses n’allaient pas se passer comme elle l’avait espéré. Jamais rien ne se passait comme elle le voulait et au fil des années elle avait développé un flaire pour deviner quand le cours des choses serait bouleversé. Cependant cette fois elle ne vit rien venir, trop absorber dans ses pensées, trop perdue dans ses idées, dans ses plans pour la soirée à venir.

Le monde aurait tremblé que l’effet de stupeur aurait été le même. Elle perçut la lumière verte en même temps que les autres, levant la tête vers le dessin qu’elle venait de faire dans le ciel. Elle grimaça en voyant cette image, son sang se glaça dans ses veines. Des années que la marque de Voldemort n’était pas apparue dans le ciel, la blague était de mauvais goût car elle ouvrait des blessures que tous pensaient à jamais fermer. N’étant pas fille d’une famille au grand nom, elle n’avait pas vécu l’Histoire comme un Potter ou un Weasley, mais elle avait des valeurs bien ancrées, des valeurs de respect pour cette Histoire et pour ceux qui étaient tombés. Elle n’aurait pas cru qu’un élève puisse faire une plaisanterie de ce genre et elle en fut même choquée. Cependant, les évènements ne s’arrêtèrent pas là et alors qu’elle reprit sa marche vers la grille, une voix s’éleva dans le ciel. « Ce soir, il n’y aura pas de fête pour ceux qui ne le méritent pas, ce soir, seuls les miens seront en liesse ! Tremblez, tremblez si votre sang n’est pas pur, car ce soir, la chasse est ouverte, ce soir, c’est vous contre l’Ombre, ce soir, c'est vous contre le vrai pouvoir, les héritiers véritables… ». À nouveau, son sang se glaça. Elle était une sang pure, une vraie, mais elle ne s’était jamais comparée aux sangs purs attachés à ce genre de valeur, ceux qui peuplaient pour la plus part les rangs de Serpentard. La cohue qui s’en suivit la propulsa vers une ruelle des plus inquiétantes, mais la Serdaigle n’était pas du genre à pleurer comme une petite fille parce que l’endroit faisait battre son cœur à tout rompre. Elle n’était pas une peureuse et elle pensait toujours à une mauvaise blague. Elle repéra du coin de l’œil un des Potter et une Weasley de la même année qu’elle. Elle n’était pas du genre à aller parler avec des inconnus, aussi resta-t-elle dans son coin, cependant le sort en décida autrement. Un quatrième individu se montrant. Son identité lui était inconnu, il se cachait sous un masque le lâche et cela la fit rager, plus encore quand il ouvrit la bouche pour proférer des paroles sans queues ni têtes. « Potter ... Et Weaslaid ... avec la jolie blondasse nymphomane. » Voilà qu’on les mettait tous les trois dans le même sac. Nymphomane ? Sûrement un garçon qu’elle avait éconduit, un élève frustré qui n’avait pas mérité son attention, car elle n’était pas de ces filles qui aimaient coucher à gauche à droite. « Et si vous souffriez ? ... Des cicatrices sur vos beaux visages ... ça ne vous fera pas de mal. » Elle eut envie de rire. Mais pour qui se prenait-il ? Sérieusement, elle se demandait même pourquoi il restait dans l’ombre. « C’est tellement courageux de proférer des paroles aussi bêtes qu’inutiles sous un masque. Nous sommes 3, tu es seul. Si tu pouvais aller jouer ailleurs, ça m’arrangerait ! » Le ton employé était acide, elle avait craché ses paroles plus qu’elle ne les avait dites. Si il voulait la bagarre, il l’aurait, elle n’allait pas fuir en pleurant devant un idiot masqué.