Mancherster, un certain 11 février.
« Poussez madame, poussez ! » Si elle ne souffrait pas tant, si elle avait assez de force, Emily aurait rit ou bien répondu de façon sarcastique que c’est bien ce qu’elle est en train de faire en ce moment. La douleur est terrible mais la seule pensée qu’un petit être sera bientôt là en vaut la peine. Elle serre la main de son mari comme s’il pouvait lui donner la patience et apaiser la douleur mais malheureusement même un sorcier ne peut rien contre la nature. Il aura fallu presque deux heures de travail avant qu’Ethan ne pointe finalement le bout de son nez, criant de toutes ses forces comme la plupart des nouveaux nés. Le front couvert de sueur de sa femme n’empêche pas Samuel de l’embrasser, un sourire béat étirant les lèvres des désormais deux jeunes parents.
Dès ses premiers mois le caractère d’Ethan s’est affirmé.
« Ce sera un enfant calme et observateur, ce qui est une preuve d’intelligence. » C’est ce que disait le pédiatre qui suivait le garçon, le sourire aux lèvres. Et effectivement les faits se sont avérés vrais. Alors que la plupart des bébés gigotent et découvrent leur corps Ethan lui passait son temps à relever la tête, son regard posé sur tout ce qui pouvait l’entourer. Les lumières l’attiraient plus particulièrement. Ce que le pédiatre n’avait pas prédit en revanche c’est que le garçon en grandissant, semblait vivre dans son propre monde.
Certes il était sage et faisait peu de bêtises, mais c’est ce qui inquiétait ses parents justement. Ethan était trop sage à leurs yeux. Même lorsqu’il entra à l’école, bien qu’il s’amuse avec les autres enfants, le garçon restait silencieux et parfois riait sans raison, ou bien boudait. Comme si quelque chose se produisait et que lui seul était au courant. Lorsqu’il atteint l’âge de sept ans, son institutrice décida même d’en parler à Emily et Samuel, leur proposant de faire passer un test à leur fils par mesure de sécurité.
« On n’est jamais trop prudents avec ce genre de choses vous savez. » Alors ils l’ont écoutée, ont fait passer quelques tests psychologique à Ethan par différents médecins qui en sont tous venus à la même conclusion :
« Votre fils va parfaitement bien. Il a juste une imagination très développée. Ce sera sans doute ce que les gens appellent un ‘original’. Inutile de vous inquiéter. »On aurait pu croire qu’avec une telle personnalité Ethan aurait eu du mal à se faire des amis. Certes, il n’était pas le garçon le plus populaire à l’école _ et cela lui convenait parfaitement _ mais en grandissant il a apprit à différencier la bulle dans laquelle il semble se plonger régulièrement et le monde réel. Il n’a jamais eu énormément d’amis, mais les 2 qu’il s’était fait étaient loyaux et adoraient écouter toutes les histoires qu’Ethan leur racontait. A eux trois ils arrivaient à être des princes, des guerriers ou des policiers en une simple journée tandis que les autres garçons se contentaient de jouer au foot.
Bien qu’il soit allé dans une école primaire moldue, Ethan connaissait bien sûr l’existence de la sorcellerie. Son père utilisait souvent la magie à la maison, devant les yeux émerveillés de sa mère moldue. D’ailleurs le garçon a toujours pensé que son attirance pour les choses féériques et imaginaires lui venait de sa mère, qui chaque fois qu’elle apercevait ou découvrait de nouvelles choses concernant la magie, ressemblait à une enfant émerveillée.
Ethan adorait sa mère. Ils étaient très proches. Mais à cause de son travail de journaliste il lui arrivait parfois de s’absenter pour de longues durées. Elle n’aimait pas ça, avait peur de manquer de grandes choses concernant la vie de son fils. Comme le jour où il reçu cette fameuse lettre. Celle qui le conviait à venir étudier à Poudlard.
Ethan était tranquillement installé devant la télé, son père lisant une quelconque revue magique lorsqu’un son particulier se fit entendre. Un oiseau d’un noir presque brillant tournait autour de la maison des Millers, manquant presque d’ameuter tout le quartier. Au bout de quelques minutes Ethan et son père finirent par sortir sur le pas de la porte et l’oiseau qui ressemblait fortement à un hibou en profita pour foncer droit vers eux, laissant tomber une lettre avant de repartir aussitôt au loin. Sur le coup le garçon ne réalisa pas vraiment ce qui était en train de se passer. Ce n’est que lorsque son père attrapa la lettre et présenta le cachet de l’école devant ses yeux que le pré adolescent écarquilla les yeux ; un sourire s’affichant sur son visage puis il sauta au coup de son père.
« Mais je n’ai jamais provoqué de magie.. Je ne pensais pas être un sorcier comme toi papa. » Les mots étaient sortis naturellement de sa bouche, ce qui fit rire son père.
« Tu n’as jamais remarqué ? » demanda ce dernier ; lui rappelant toutes ces fois où, lorsqu’Ethan était terrifié, ses cheveux semblaient pousser de quelques centimètres à chaque fois.
« C’était de la magie ça ? Mais j’ai toujours cru que c’était mon imagination moi ! »Pendant toute une semaine Ethan semblait surexcité, plus vif qu’il ne l’avait jamais été. Il avait bien sûr immédiatement appelé sa mère qui se trouvait à Londres, la faisant pleurer de joie. Le lendemain, Samuel et lui étaient en route pour la capitale Londonienne et surtout le chemin de traverse afin d’acheter toutes les fournitures nécessaires pour la rentrée scolaire. Le plus amusant dans tout cela c’est que même avant d’avoir mit un seul pied dans l’enceinte de l’école Ethan savait déjà vers quelle voie se tourner.
« Je prendrai soin aux créatures magiques. J’adore les animaux, alors des créatures magiques tu penses bien, c’est génial ! Je pourrais peut être travailler au ministère plus tard, comme toi papa. Juste… pas dans le même secteur. » S’il y a bien une chose que Samuel aimait chez son fils, c’était la facilité avec laquelle il pouvait s’extasier d’un rien.
Emily s’en était toujours voulue d’avoir raté le jour où son fils a reçu la lettre. C’est d’ailleurs depuis cette époque qu’elle passait plus de temps chez elle, mais malheureusement les choses ne se passent pas toujours comme prévu. Pour ses 14 ans, Ethan n’allait encore une fois pas avoir la chance de voir sa mère à ses côtés pour ce jour qui ne devait être que joyeux. Emily devait partir pour le nord de l’Angletterre pour une durée d’une semaine ; un reportage très important avait dit son supérieur… et bien évidemment cela attrista son fils. Ethan n’avait pas sourit une seule fois ce matin là, ni même au repas de midi où étaient conviés quelques membres de sa famille ainsi que ses deux amis moldus les plus proches qu’il voyait toujours durant les vacances.
Puis vint le moment de déballer les cadeaux. Il eu droit à quelques livres, à des jeux vidéos également et de l’argent de la part de ses grands parents maternels. Mais c’est sans aucun doute le dernier cadeau qui lui fit le plus plaisir. Surpris de voir une si grande boîte, l’adolescent s’avança curieusement vers celle-ci lorsque soudain le couvercle tomba de lui-même, révélant sa mère avec un large sourire, les bras grands ouverts. Ethan le répéta plusieurs fois cet après midi là, mais c’était sans aucun doute le meilleur anniversaire de sa vie.
L’été de ses 16 ans fut pour Ethan plus que mouvementé. En l’espace de deux mois il fit deux découvertes qui allaient sans aucun doute bouleverser sa vie. Toujours en contact avec ses deux meilleurs amis qu’il voyait durant les vacances, tous trois décidèrent d’aller à une soirée où l’un d’entre eux était invité. Ils avaient bien sûr tenté plus ou moins adroitement de danser, mais surtout fait pas mal de jeux divers. Très peu de jeux d’alcool, juste assez pour faire disparaître leur timidité, mais surtout des jeux afin de mieux se connaitre les uns et les autres ; dont le fameux action ou vérité.
« Une action pour David… Ah je sais ! Tu dois embrasser Ethan. Je suis sûre que ne t’en es même pas capable. » Ethan cligna des yeux plusieurs fois, trop choqué pour dire ou faire quoi que ce soit tandis que l’autre adolescent qu’il connaissait à peine et qui de toute évidence aimait relever des défis, s’approchait de lui. Ce n’était pas son premier baiser ; même sans avoir jamais eu de réelle petite amie, il était arrivé à Ethan d’avoir eu quelques flirts. Mais un garçon.. ça c’était bien la première fois. Il devait bien l’avouer, ce David était beau. Oui même en étant un homme Ethan ne pouvait pas le nier ; en revanche ce qui arriva ensuite fut une réelle surprise pour l’adolescent. Il pensait que cela ne serait qu’un simple smack. Lèvres contre lèvres, juste une fraction de seconde et tout le monde oublierai ce qui venait de se produire. Et pourtant ce fut un vrai baiser qu’il échangea avec ce garçon, bien plus sensuel qu’il ne l’aurait imaginé, perdant tout contrôle sur son propre corps. Oui, c’est ce soir là qu’Ethan réalisa qu’il était aussi bien attiré par les filles que par les garçons.
Quelques jours plus tard c’est une nouvelle bien plus triste qui fit éruption dans sa vie. Sa mère semblait fatiguée récemment, faisant même quelques malaises. Elle avait aussi perdu pas mal de poids par manque d’appétit alors Samuel l’avait forcée à aller chez le médecin qui lui fit une prise de sang. Une semaine plus tard les résultats étaient tombés : leucémie aigue. Le monde des Millers s’écroula un 22 juillet.
Emily succomba trois ans plus tard alors qu’Ethan avait 19 ans. Alors étudiant en 5e année, il rentrait à chaque vacances scolaires pour rester près de sa mère et avait peu de temps pour étudier. Ses notes le prouvaient d’ailleurs clairement. Mais le jeune homme s’en préoccupait peu ; qui aurait pu le lui reprocher ? Son père était à son travail quand sa mère ferma les yeux pour la dernière fois. Ils avaient prévu de passer la soirée ensemble à l’hôpital, à manger une pizza tout en regardant la télé mais malheureusement ils n’en eurent pas l’occasion.
Ce fut terrible pour Ethan évidemment, lui qui aimait sa mère plus que tout passa la nuit à pleurer, incapable de s’arrêter tandis que son père se précipita à l’hôpital aussi vite qu’il le pouvait. Depuis ce jour, le jeune homme passe encore plus de temps plongé dans ce monde qu’il s’est créé dès son enfance. Après avoir redoublé il décida cependant de remonter la pente ; tout du moins en ce qui concerne ses études. Il veut rendre son père fier, et sa mère qui le regarde où qu’elle soit en ce moment même. Il étudie sérieusement et passe le plus clair de son temps seul, la bulle qu’il s’est créé devenant une sorte de bouclier invisible pour lui.