Une épaule déboîtée, une main dans un état catastrophique, des hurlements de douleur résonnant à travers la pièce, cette jeune femme ne s'était décidément pas ratée. Accident de Quidditch ? Tombée de son balai ? Tentative de sortilège ratée ? Non, elle avait simplement ratée une marche et en tentant de se rattraper sans succès son bras en avait fait les frais. Pas de chance pour la jeune demoiselle qui avait été aussitôt amenée à l'infirmerie, car pour son épaule la magie était inutile, il fallait aire ça à la main, c'était simple, efficace et rapide. Il lui demanda de serrer les dents, il compta jusqu'à trois et il la lui remit en place d'un geste. Elle poussa un cri mais sembla presque immédiatement soulagée. Au moins, ça, c'était fait ! Par contre sa main faisait de la peine, ses doigts n'étaient plus vraiment alignées. Là la magie serait bien utile, ce serait mieux que de lui enrouler sa main dans un énorme rouleau en attendant que son corps se soigne tout seul. Ethan s'éloigna quelques instant, chercha dans une armoire de quoi s'occuper d'un cas comme celui ci et revint finalement vers la jeune élève avec un flacon rempli d'un liquide violet dans ses mains.

-C'est franchement dégueulasse, mais au moins ça devrait soulager la douleur.

Il lui tendit le flacon et lui demanda de l'avaler en une fois, ce qu'elle fit avant de faire une grimace horrible en sentant le liquide couler dans sa gorge. Cependant il avait dit vrai, la douleur s'estompa assez rapidement, ses doigts se remettant en place lentement. Prométhée afficha un grand sourire en voyant l'étudiante enfin se détendre. Bon, ce n'était pas encore parfait, il faudrait qu'elle attende un peu avant que sa main ait complètement récupérée, mais c'était en bonne voie.

-Bien, tu n'es pas obliger de rester là si tu veux, là potion a commencée à agir et devrait avoir terminé son travail dans quelques heures. Juste évite de te servir de cette main en attendant, détend toi tranquillement devant quelque chose et ce sera fini sans même que tu t'en rendes compte.

La jeune fille et son amie le remercièrent avant de quitter l'infirmerie. Il se retrouva bientôt seul, toujours le sourire aux lèvres. Il observa les lits qui l'entourait, il y en avait beaucoup, peut être un peu trop pensait-il. Avec la magie c'était tellement rapide qu'il ne voyait pas pourquoi ils avaient vu aussi grand. Certes il y avait parfois quelques sorts ratés ou des blessures qui prenaient plus d'une journée pour être soignés, mais pas à ce point. Puis il repensa à cette histoire, ce qui était arrivé avant, quand le châteaux était en guerre contre les partisans du mage noir, il y avait eu tant de blessés, tant de morts ce jour là. Finalement ce n'était peut être pas si mal qu'il y ait autant de lit, avec la magie on ne pouvait jamais savoir à quoi s'attendre, bien qu'il préférait que pendant tout le temps où il serait ici jamais une chose pareille n'arrive.

Il rangea le flacon vide dans son armoire qu'il referma à clé puis se dirigea vers son bureau. Ouvrant un tiroir, il en sortit un papier et un stylo ; il s'agissait de son rapport d'inventaire. Il y nota l'utilisation de la fiole avant d'inspecter sur le papier ce qu'il lui restait. Tapant des doigts sur la surface en bois il se mit à réfléchir. Il attrapa un post-it et nota de passer une nouvelle commande d'ingrédient pour refaire son stock de cette potion. Certes il lui en restait mais il valait mieux en avoir trop que pas assez voir même pas du tout. Partant de là il se mit à inspecter tout ses autres élixirs, onguents et potions en tout genre. Il ne s'en était pas rendu compte mais depuis le début de l'année il en avait utilisé bien plus qu'il ne pensait, à croire que c'était un sport chez ces gamins que de se faire mal. Prenant un bon de commande il se mit à le remplir de tout ce dont il avait besoin, il était temps de se refaire un stock complet. Il ne manquerait plus qu'il se retrouve à court et que les élèves décident de se soigner tout seul pour éviter de se faire soigner à la mode moldu, rien de pire pour aggraver leur cas ! Il était donc préférable de faire ça maintenant tant qu'il était un peu libre, n'ayant personne à soigner pour l'instant, mais son instinct lui disait que ça n'allait sans doute pas durer bien longtemps malheureusement.

« SON OF A BITCH ! » Gabriel n'eut que le temps de tourner la tête et de voir arriver le poing avant d'entendre son nez craquer. Une douleur atroce fusa dans la partie atteinte et se propagea à toute vitesse dans son visage, jusqu'à lui vriller le crâne. Sonné, presque inconscient sous l'effet de la souffrance, il leva les mains pour tenir son organe nasal. Il pissait le sang, sa chemise en était maculée, jusqu'au sol dallé à ses pieds. Un hurlement féminin lui apprit qu'une fille avait assisté à l'altercation. Il entendit cette voix hystérique et furieuse s'énerver sur le type qui lui avait cogné dessus mais ça n'avait plus aucune importance, le mal était fait. Encore un petit ami furieux de se découvrir cocu. En temps normal, Gabriel arrivait à éviter les bagarres de ce genre. Il trouvait ça superflu et inutile, les poings et la violence n'avait jamais rien apporté. Mais il n'avait pas eu le temps de voir arriver le type cocufié, il sortait tout juste d'un cour plus assommant que la mort et mourrait littéralement de faim. « Eh merde ... » Il fut surprit par le ton de sa propre voix, qui paraissait beaucoup plus basse que celle qu'il avait d'habitude. Il avait le nez cassé, surement.

Son adversaire le regardait d'un air à la fois dégoûté, furieux et victorieux « Bien fait pour ta putain de gueule, sale petite pute. » Agacé, Gabriel répondit d'une voix presque douce, compte tenu de la situation « C'est pas de ma faute, si t'es si impuissant que ta copine va voir ailleurs ... » Il eut cette fois le bon sens de se baisser pour éviter le même poing qui cherchait à rencontrer son visage. Un craquement sourd suivit d'un cri atroce lui fit comprendre qu'à défaut, les doigts de son ennemi avaient trouvé le mur. Un sourire satisfait effleura ses lèvres. Machinalement, il se passa la langue sur les lèvres mais lorsque le goût du sang explosa dans sa bouche, il esquissa une grimace. Bon, il lui fallait aller à l'infirmerie. Au diable son estomac qui protestait contre l'absence de nourriture. « Au déplaisir, connard » lança-t-il à son adversaire qui, à genoux près du mur, se tenait la main en sanglotant presque de douleur. Il déchira un morceau de sa chemise, au niveau de sa manche gauche, et s'en servit pour maintenir un peu le flot de sang qui continuait à se déverser de son appendice nasale blessée.
Dans les escaliers qui le descendait du dernier étage jusqu'au troisième, il croisa un bon nombre de ses connaissances, toutes inquiètes et concernées par son sort. Quelques garçons ricanèrent et l'un d'eux lui lança « Faut que j'aille féliciter le responsable, depuis le temps que ça te pend ... au nez ! » Ce à quoi Gabriel répondit par un sourire et une pique acide « Ah c'est sur que pour ce qui est des trucs qui pendent, tu t'y connais ... » Le concerné s'empourpra et se prépara à venir lui cogner dessus mais un changement fortuit d'escaliers magiques sauva Gabriel d'une seconde bataille. Décidément, il lui faudrait se faire plus discret, par la suite.

Enfin arrivé au troisième étage, Gabriel prit le chemin de l'infirmerie en fouillant de son mieux dans son sac, d'une main, pour trouver un bonbon à se mettre sous la dent pour calmer sa sensation de faim lancinante. Par chance, il avait croisé Avaon plus tôt dans la journée et ce dernier lui avait refilé un paquet de dragées surprises. Machinalement, il piocha dedans, grimaçant devant les goûts salés mais n'ayant pas trop le choix, son estomac gargouillait méchamment. Ces bonbons n'avaient pas sa préférence, il aimait mieux les chocogrenouilles et les patacitrouilles, moins de mauvaises surprises. Mais il n'avait que ça pour faire taire son corps mourant de faim. Machinalement, il poussa la porte de l'infirmerie avec son épaule et acheva de mastiquer une dragée à la framboise avant de lancer un puissant « Eh oh ? Il y a quelqu'un ? » L'endroit était désert, il n'y avait pas âme qui vive. Par tous les dieux romains, ce qu'il pouvait haïr cette atmosphère médicale presque mortuaire ... Les lits blancs, l'odeur des baumes et des potions, le propre ... Il avait toujours détesté ça. Depuis tout petit.

À peine avait-il pris son bon de commande, s'apprêtant à écrire du bout de sa plume, qu'une voix se fit entendre dans la pièce. Décidément son intuition était bonne, il n'avait jamais personne quand il n'avait rien à faire mais dès qu'il devait s'occuper de quelque cose il ne pouvait pas avoir une minute de libre. Dépité il déposa sa plume et se leva de son bureau pour rejoindre le centre de la pièce.

-Oui, que puis-je faire pour …

Il n'eut pas le temps de terminer sa phrase que la réponse lui sauta immédiatement aux yeux. Un jeune homme blond et à la peau blanche avait le visage et le haut maculé de sang, semblait-il que son nez était cassé. Il avait envie de sourire face à une telle évidence, mais ça ne se ferait pas, il se retint donc. De même pour sa remarque concernant que le fait qu'un peu de rouge lui allait très bien, mais ce n'était pas vraiment de bon goût alors il se la garda pour lui.

-Je vois … asseyez vous, je vais chercher de quoi m'occuper de vous.

Pendant qu'il laissait le gardon s'installer il se dirigea vers son armoire à la recherche de quoi s'occuper de son nez c'est à dire coton et des sels magiques à respirer pour stopper le saignement et réparer son nez de l'intérieur. Pour l'extérieur un petit sort à la baguette serait amplement suffisant pour que son visage redevienne comme neuf, ce n'était pas bien nécessaire mais il trouvait ça dommage de laisser un aussi joli minois abîmé alors qu'il pouvait être si facilement réparé. Il retourna près du blondinet, attrapant un tabouret, avant de prendre un morceau de coton.

-Eh beh, celui qui vous a fait ça ne vous a décidément pas raté ! Mais bon, il n'en restera bientôt aucune trace, cela aurait été dommage autrement avec un visage comme le votre. Vous permettez ? Termina-t-il avant d'essuyer le visage du jeune homme.

Il y avait vraiment beaucoup de sang à épongé, il n'aurait pas pensé. Il se mit à froncer des sourcils, il n'aurait sans doute pas assez de cotons. Il retira d'abord le sang qui avait coulé sur son visage avant de se concentrer sur celui autours des narines. Le coton à présent rouge, il lui demanda de le tenir, la tête bien en arrière, avant de se dépêcher d'en chercher d'autre dans son armoire. De retour, il pris la petite fiole et en versa quelque goutte sur un des cotons qu'il avait ramené. L'odeur était vraiment forte, même d'aussi loin elle attaquait le nez, il s'empressa donc vite de la refermer.

-Bon, vous pouvez retirer celui que vous avez sur le nez. Maintenant, quand je vais poser celui là, vous prendrez une grande inspiration. Par contre je le préviens tout de suite, sur le coup ça va pas être agréable du tout.

Il lui déposa alors sur le nez en attendant qu'il s'exécute. Au moins comme ça il n'aurait plus à éponger infiniment le sang, mais dans le doute il lui demanda de garder la tête en arrière encore une minute avec un coton, juste le temps d'être sûr que les sels avaient bien eu l'effet escompté. Pour ce qui était de l'état de son nez il lui fit savoir qu'il s'en occuperait un peu après mais qu'il ne préférait pas aller trop vite. Il se demandait tout de même comment il avait pu finir dans un état pareil. Bon, il savait d'expérience qu'il ne fallait pas se fier aux apparence et donc se laisser attendrir par le visage d'ange du jeune homme, au contraire, c'était même souvent le pire. Mais pour lui, tant qu'il n'en savait pas plus, il était juste la victime et n'avait rien à se reprocher, sans compter que même si c'était une ordure il l'aurait soigné. Cependant même si ça lui brûlait les lèvres d'en savoir plus il ne le ferait pas, ce n'était pas dans son habitude de demander à ses patients comment ils avaient fini dans l'état dans lequel ils étaient en venant le voir, sauf si bien sûr c'était nécessaire pour les soigner. Mais généralement les élèves avait tendance à en parler d'eux même, essayant de justifier leur état, sans doute pour pas qu'on ne s'imagine des choses et qu'on les juge mal. Il préférait donc qu'il se décide à en parler de lui même … ou pas.
Il jeta alors un regard à la chemise de son patient, joliment tâchée par tout le sang que son nez avait laissé coulé. Que ce soit chez les moldu ou dans le monde magique, le sang n'était jamais simple à enlever.

-Tu as des vêtement de rechange dans ta chambre ou tu veux que je te passe quelque chose ? Je dois en avoir en réserve, vu tout les accidents qui finissent avec des brûlures ou des vêtements déchiquetés on m'a donné de quoi les changer pour ne pas qu'il rentre comme des souillons.

Il n'avais même pas fait attention qu'il ne le vouvoyait plus.

Oh my gosh. La pensée avait fusé si fort dans l'esprit de Gabriel qu'il crut, pendant quelques secondes, l'avoir dit à voix haute. L'infirmier qui se présenta à lui était un peu canon. Damn it. Comment avait-il réussi à passer à côté de ce type là ? songea-t-il en le regardant s'avancer, ayant complètement oublier son nez en sang. Plutôt grand, apparemment musclé sous ses vêtements classiques, les cheveux bruns et un peu longs, les yeux bleus, le visage carré ... Oh my gosh. Jamais encore Gabriel ne s'était approché de quelqu'un d'aussi parfait à ses yeux. Oh bien sur, il savait que le concept de la beauté était particulier, personnel, subjectif. Mais selon lui, son modèle masculin idéal venait de débarquer dans sa vie, en la personne de l'infirmier de l'école. S'il avait su, il se serait fait péter le nez beaucoup plus tôt. Subjugué, il se laissa faire sans opposer l'ombre d'une résistance, obéissant docilement aux directives de l'homme dont il ignorait le nom.

Quelques minutes plus tard, son nez avait cessé de saigner et l'infirmier semblait satisfait de son travail. Gabriel le fixait sans même remarquer qu'il pouvait sembler insistant. Dans ses souvenirs, la personne qui s'occupait des blessés était une petite femme replète et chaleureuse, adorable mais en aucun cas comparable à l'Apollon qui se tenait près de lui d'un air songeur. « Tu as des vêtement de rechange dans ta chambre ou tu veux que je te passe quelque chose ? Je dois en avoir en réserve, vu tout les accidents qui finissent avec des brûlures ou des vêtements déchiquetés on m'a donné de quoi les changer pour ne pas qu'ils rentrent comme des souillons. » Même dans ses rêves les plus érotiques, Gabriel ne s'imaginait pas aussi comblé. Son Apollon sans nom lui demandait implicitement de se déshabiller ... Pour un peu, il en aurait une érection. Mais il savait, par chance, contrôler son corps et ses ardeurs. Prudemment, il leva une main pour tâter son nez et s'assurer que les saignements étaient bel et bien terminés avant de se redresser et de descendre du lit sur lequel il était assis. D'un geste nonchalant, il entreprit de déboutonner sa chemise tâchée de sang, la sortant finalement de son pantalon avant de la retirer totalement et de la déposer sur le lit en souriant. « Je veux bien un t-shirt, le temps de remonter prendre une chemise dans mon dortoir. Je ne voudrais pas effrayer les pauvres âmes sensibles en me baladant dans les couloirs avec une chemise qui aurait pu appartenir au baron sanglant. »

Sans en avoir l'air, il s'était légèrement redressé et faisait apparaître ses abdominaux bien tracés, fins mais réels. Toujours avec désinvolture, il tendit une main et se présenta. « Je m'appelle Gabriel Vicentelli, élève de sixième année à Serdaigle. Je ne crois pas vous connaitre, cependant. J'avais le souvenir d'une petite femme un peu ronde et d'un certain âge déjà, mais ça remonte à deux ans je crois. » Il serra la main de l'infirmier en attendant une réponse, baissant les yeux l'espace d'une seconde. Il avait du sang sur le pantalon, ça faisait des tâches sombres et sales sur son uniforme. Poussant un soupir vaguement résigné, il lança « Je crois que je vais avoir besoin d'un jean ou d'un pantalon d'uniforme aussi, celui là est fichu. » Il n'attendit pas la permission de son interlocuteur toujours sans nom pour commencer à déboucler sa ceinture, dévoilant un boxer blanc immaculé, moulé sur ses parties génitales. Absolument sans gêne, il entreprit de retirer ses chaussures et se déshabilla ensuite totalement pour ne garder que son sous-vêtement blanc et ses chaussettes assorties. Un sourire aux lèvres, il fixa l'infirmier en lançant d'un ton faussement maladroit « Ah et euh ... Je ne connais toujours pas votre nom ... » Pratiquement nu dans l'infirmerie un rien trop fraîche pour lui, il tendait ses muscles pour lutter contre l'envie de trembler, assuré et tranquille, souriant. Il espérait que son charmant infirmier ne soit pas hétérosexuel et à vrai dire, même si c'était le cas, Gabriel se fit la promesse mentale de le faire changer d'orientation sexuelle.