Arrogant, violent, jaloux, secret, solitaire, revanchard


Tu m’cherches… Tu m’trouves… Tu crois peut-être que parce que je suis étranger, tu peux me prendre de haut ? C’est mal me connaître. Tu crois quoi ? Que tous les asiatiques sont chinois ? Non moi je suis japonais et fier de l’être. Et si ma tronche te fait rire, tu ne riras plus longtemps… Pierrot jane yo !!! (Je ne suis pas un clown)
Pourtant enfant je n’étais pas comme ça, j’étais calme, doux, très câlin même… Mais ça, ça n’est plus d’actualité depuis longtemps. En grandissant j’ai fini par comprendre, comprendre pourquoi j’avais atterri dans ce pays bizarre, loin de l’amour des miens et de mes amis. Me retrouver exilé, gardé par une horde de domestiques, pour mon seul tort d’être le fils illégitime de mon père et de sa maîtresse… Ca forge le caractère. Finis les câlins, ma seule ambition à présent, devenir le meilleur afin de faire ramper mon père à mes pieds, et pour ça je suis prêt à tout, même écraser tous ceux qui oseront se dresser contre moi, intimidation, force, violence, tout est bon pour ça.

Mais cette solitude me ronge aussi, être privé de l’amour de mes parents a créé en moi un gouffre de noirceur qui grignote mon cœur et mon âme un peu plus chaque jour. Ca se traduit par une jalousie extrême envers ceux qui semblent si heureux de vivre dans une famille aimante, jalousie qui me bouffe, mais que jamais je ne laisserais voir à quiconque. Les autres ne voient que mon arrogance, ma fierté et ma suffisance. Pour eux, je suis le gosse de riche qui a tout ce qu’il veut, le fils important d’une famille puissante où l’argent coule à flots et où les domestiques exhaussent le moindre de nos désirs. Celui qui se prend pour un roi ou un prince et qu’il faut connaître pour en tirer avantage, quitte à me cirer les pompes ou à jouer les larbins, ça rapportera forcément dans l’avenir. Bande de crevards, accrochez vous, je vous écraserais tous…

Doke wo kore !! (Dégage de mon chemin)

Pourtant parfois, ça fait du bien de se retrouver loin de cette ambiance glauque, dans ces cas là, mon échappatoire est la musique. J’aime écrire des chansons, composer des mélodies, traduire sous ces formes la rancœur et tous ces sentiments néfastes qui m’enferment dans cette vie désolante. Se défouler dans des bœufs musicaux, chanter à s’en faire péter les cordes vocales, ou même se laisser emporter par des mélodies douces… Quoi de mieux ? Et cette envie de tendresse et d’amour qui m’envahit parfois, la musique me permet aussi de l’enfouir au loin sous cette carapace qui protège les derniers lambeaux fragiles de mon cœur, trop tendres pour laisser quiconque les apercevoir. Ah et le premier qui touche à ma guitare, j’le décalque…

Mais qu’est-ce que je fais ici ? Ce pays est nul. Il pleut tout le temps, la bouffe est bizarre, tout le monde parle anglais, et même les gens sont bizarre. Dire que ça fait pas mal d’années que je suis là, dans cet enfer moite et humide… Même si j’étais jeune quand on m’a envoyé ici, le Japon me manque, et les gens là-bas aussi. Alors pourquoi ai-je atterri ici ?

Ca a commencé comme ça…

Ah oui, pour ça il faut remonter un peu plus loin dans le temps encore, au moment où je suis né. Ca aurait dû être un magnifique jour non ? Même mon père était heureux il paraît, il avait enfin un fils. Mais le problème était que j’étais un fils illégitime, celui de sa maîtresse. Sa femme ne pouvait apparemment pas en avoir de gamin, donc c’était tout bénef’ pour lui… Mais pour lui qui prônait la famille comme argument de confiance et de vente dans son entreprise, ça l’aurait foutu mal que les médias apprenne qu’il avait eu un fils avec une maîtresse non ? Ah oui, je vous ai pas dit ? Mon paternel est le président de l’entreprise qui a un monopole sur la fabrication des balais volants et des chaudrons en Asie, autant dire qu’il représente un sacré pactole. Alors si un scandale arrivait, beaucoup de monde en pâtirait, lui en premier. Du coup il fallait absolument cacher que j’étais un fils illégitime… Pensez, un bâtard dans la très puissante famille de sang pur Hayashi, ça aurait fait mauvais genre.

Il a d’abord envoyé sa femme dans une propriété  à la campagne, alors qu’il cachait sa maîtresse ailleurs, histoire de pouvoir faire passer son fils pour le fils de sa femme si besoin. Mais sa femme est tombée enceinte peu de temps après, l’air de la campagne probablement, donc le fils illégitime n’avait plus vraiment d’utilité, sa succession serait tout de même assurée normalement, mais autant le garder sous le coude hein, on sait jamais. Du coup c’est moi qu’il a envoyé au secret, dans un coin paumé du japon avec ma mère le temps de m’élever pendant les premières années de ma vie. Pendant ce temps là, lui se pavanait aux événements sorciers au bras de sa femme au ventre bien arrondi, jouant le père et mari attentif.

Mais un jour, une petite dizaine d’années plus tard, les paparats ont découvert la maison où on habitait avec ma mère et ont presque réussi à faire le lien avec le grand patron, s’assurant ainsi un scandale qui aurait d’énorme retombées, surtout financières pour eux. Ca tombait en plus peu de temps avant que je doive intégrer une école de magie pour la première fois. Ah oui j’ai oublié de préciser, mon père est un grand sorcier, très influant et très puissant. Ma mère est une moldue, jeune secrétaire stagiaire dans la branche moldue de l’entreprise familiale. Mon père lui a fait miroiter un poste bien plus important grâce à la promotion canapé, mais le petit cadeau qu’elle lui a donné, moi, n’était pas de son goût. La femme de mon père est une sorcière. Du coup mon demi-frère, que je n’ai jamais rencontré en fait, est un sang pur et moi un sang mêlé. Mais qu’importe… Le problème était, comment justifier la présence de son fils qui n’était pas sensé exister dans une école où il était connu du tous ? L’envoyer ailleurs tout simplement…

Et voilà comment j’ai atterri dans cette grande villa dans un trou paumé d’Angleterre, entouré d’une horde de domestiques et précepteurs qui s’occupaient de moi. Officiellement, j’y ai été envoyé pour ouvrir mon esprit au monde occidental, voir autre chose que le Japon et la culture japonaise. Mais j’ai compris plus tard que c’était juste pour se débarrasser de moi, je les gênais dans leur petite vie familiale. Ma mère n’a pas pu m’accompagner, mon père voulait l’avoir sous la main pour quand il s’ennuyait avec sa femme. Elle est venue plusieurs fois me voir, mais ne restait que quelques jours à chaque fois. Sa présence me manquait, ses câlins aussi, je l’adorais ma mère. Je me suis donc retrouvé seul ici, entouré de domestiques, dans ce pays étrange, sans ami, sans amour familial. Mes repas, je les prenais toujours seul, avec des domestiques à côté de moi pour me servir les plats cuisinés par un grand chef. Les repas de famille ? Je ne sais pas ce que c’est. Avec les événements qui se sont passés en Angleterre, l’âge d’entrée à l’école de magie a été reculé, j’ai eu le temps d’apprendre la langue de ce pays et les façons de vivre ici, pendant les trois ans où j’ai été cloitré dans cette villa.

Dans cet Enfer…

Du haut de mes onze ans, quand je suis arrivé dans cet étrange pays, je pensais que c’était normal de vivre ainsi, avec des domestiques. Le secrétaire particulier de mon père me l’avait expliqué ainsi, et ma mère me l’avait confirmé, que c’était normal que ce soit ainsi etc… Et quand on est enfant, on croit aveuglément les dires de ses parents ou des adultes n’est-ce pas ? Mon père m’avait aussi expliqué les hautes ambitions qu’il avait pour moi un jour, faire de moi son possible héritier. Mais pour ça je devais être brillant et gagner ma place, être le meilleur. Ses mots étaient restés gravés en moi et j’avais décidé de tout faire pour le rendre fier de moi, de surpasser les autres. Mais une fois à l’école, les autres élèves parlaient souvent de leur famille, la chaleur, l’amour, la tendresse qui les liaient, et moi face à eux j’avais… Des domestiques… Une famille n’était donc pas comme la mienne normalement ? L’évidence me frappa alors assez vite ensuite, je n’étais qu’un poids dont ils avaient voulu se débarrasser.

La douleur de cette découverte fut incommensurable, je vous assure… Pourquoi donc essayer de rester ce petit garçon adorable qui veut faire plaisir à son père pour recevoir son amour ? La douleur, la tristesse, la haine, la colère, tout est fait pour oublier et dénier cette appartenance et endurcir son cœur. Ils se sont joués de moi, ils vont le regretter, tous autant qu’ils sont et surtout mon père. Mon but ultime à présent ? Le détruire, comme il m’a détruit. Et quoi de mieux pour atténuer cette douleur et cette colère que de la partager ? D’en faire profiter ceux qui ont une belle vie ? Ils sont devenus mes cibles favorites, ceux qui ont une vie bien trop douce, agréable, une famille trop aimante. Tout ce que je n’aurais jamais. Les voir si heureux me rend malade, fou de jalousie. Pourquoi auraient-ils droit à tout ça et pas moi ? Je ne peux pas avoir leur vie, alors je vais pourrir la leur, les faire venir dans mon enfer personnel…