Des cris. Des sanglots. Des éclairs de lumière verte. La douleur, la souffrance, le brouhaha d'une foule en détresse. Puis le néant. Plus rien ne venait perturber Ophelia. Pourtant, son visage restait crispé, comme si la tempête n'était pas tout à fait terminée, comme si elle était coincée dans cet affreux cauchemar qui la perturbait. Elle aurait aimé se réveiller, là, maintenant. Se réveiller pour oublier. Depuis son arrivée à Pré-au-lard, elle avait fait d'énormes progrès. Elle avait retrouvé la parole, et s'alimentait suffisamment pour ne pas tomber d'épuisement. Elle avait eu de bon retour sur son poste de serveuse, même si elle était très maladroite et qu'elle prenait souvent des pauses pour aller prendre l'air afin de se soulager. Elle adorait se vider l'esprit à l'air libre, sentir le souffle du vent violent gifler ses joues. Cela la ramenait à la réalité. Mais, malheureusement, trop souvent encore, Ophelia vivait dans un autre monde. Un monde dans lequel il était difficile d'entrer. Appuyée contre la rambarde de sa fenêtre, elle regardait dans le vide, encore bloquée dans ce rêve éveillé qui la torturait. Alors qu'elle basculait en avant car elle perdait l'équilibre, elle sentit quelque chose, ou plutôt quelqu'un la rattraper. Elle se retourna pour remercier son sauveur, qui n'était autre que le médicomage qui était chargé de la surveiller jusqu'à ce qu'elle soit totalement guérie. Elle soupira en grimaçant et le remercia, avant de se dépêcher de descendre dans la taverne. Encore perturbée par ce qu'il venait de se passer, la rouquine cassa trois verres et renversa une tasse de thé sur un client. Elle venait de commencer son service et déjà, sa maladresse lui valait les remontrances et les grognements de tous. Épuisée, elle préféra se taire plutôt que de répliquer, et elle attendit avec impatience que la matinée se termine. Elle avait son après-midi de libre, et un ami lui avait donné rendez-vous dans l'après-midi.
À midi, elle fut plus qu'heureuse de déposer son tablier sur le comptoir du bar. La serveuse se délivra de ses fonctions et se précipita vers la porte en chêne pour respirer l'air frais de la liberté. La température ne lui imposait pas de se couvrir chaudement, c'est pourquoi elle était habillée d'une simple robe et d'un gilet fin. Néanmoins, la brise qu'apportait le printemps était forte, mais la rouquine l'aspirait avec ivresse, en tournoyant sur elle-même. Elle sautillait, elle riait aussi fort que possible, joyeuse de pouvoir sentir la nature sur son visage, joyeuse de pouvoir vivre encore, et d'être libre. Enfin, presque. Elle sentait que son médicomage attitré n'était pas loin, et elle soupirait, réfléchissant à la manière dont elle allait le semer. Elle était rapide, et très rusée. Comme un renard. Elle décida de passer dans la rue d'Honeydukes et Zonko, très touristique à cette période de l'année, les étudiants de Poudlard affluaient à Pré-au-lard. Il ne lui serait pas compliquer de se faufiler dans la foule, sans bousculer qui que ce soit. En revanche, le médicomage n'était pas aussi léger qu'elle, et il aurait donc plus de mal à égaler sa vitesse. Elle sortit donc victorieuse de cette course improvisée, lorsqu'elle remarqua qu'il avait disparut, noyé par la foule. Elle reprit son souffle, et se dirigea alors vers l'imposante colline qui se dessinait face à elle. À son sommet, une étrange maison était bâtie. La toiture en ruine, les murs abimés et les fenêtres délabrées donnaient la chair de poule. La cabane hurlante était la maison la plus hantée de Grande-Bretagne, mais Ophelia était certaine que ce n'était que des balivernes. Elle avait entendu dire que ce n'étaient que des histoires racontées aux enfants de Pré-au-lard pour leur faire peur. Si ils n'étaient pas sages, ils seraient envoyés et enfermés dans la cabane. Néanmoins, Ophelia avait la chair de poule alors qu'elle s'approchait de plus en plus de la maison. Les volets claquaient alors que le vent n'était pas si fort que cela, et les branches des arbres grinçaient. Elle décida de s'arrêter là, son ami n'était pas encore arrivé. Elle soupira en pensant à Sacha. Quelle idée avait-il encore eu en tête en lui donnant rendez-vous ici ? Sacha était un élève de Gryffondor à qui elle devait beaucoup. Par ses mots et ses gestes, il l'avait grandement aidé à progresser et se sentir mieux, en paix avec elle-même. Même si elle n'avait pas encore gagnée le combat, elle savait que la bataille n'était pas terminée, mais que le beau brun lui avait donné les armes pour réussir. Cela faisait longtemps qu'elle ne l'avait pas vu, mais lorsqu'elle avait reçu un hibou la veille, l'invitant à le rejoindre en ce lieu, elle avait accepté tout de suite. Chaque fois qu'elle le voyait, elle sentait son cœur comblé de joie. Légère comme une plume, elle se sentait même parfois pousser des ailes, lorsqu'il venait simplement boire une biéraubeurre aux Trois Balais, alors qu'elle savait pertinemment qu'il n'aimait pas trop sortir se promener.
Elle souriait en se remémorant leurs multiples rencontres, et décida de l'attendre en s'asseyant dans l'herbe encore fraîche de la rosée du matin. Elle sortit d'une de ses poches son Scrutoscope et le déposa à côté d'elle, tout en arrachant des brins d'herbe pour en faire des nœuds. Après plusieurs minutes, elle commençait à s'impatienter, et surtout à s'inquiéter. Elle n'aimait pas cet endroit, et elle avait de plus en plus envie de prendre ses jambes à son cou. Les volets des fenêtres claquaient de plus en plus fort, le vent sifflait comme le hurlement d'un loup, et la cabane hurlante paraissait de plus en plus intimidante. Soudain, son Scrutoscope se mit à clignoter et tourner de plus en plus vite. Ophelia poussa un petit cri de surprise et elle pensait déjà à rentrer à la taverne, lorsqu'elle sentit quelqu'un entourer de grands bras autour de ses épaules. Ophelia ferma les yeux, incapable de repousser son agresseur. Mais, lorsqu'elle reconnut l'odeur de l'homme qui la tenait prisonnière, elle fut tout de suite rassurée. Son ami était arrivé.
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Sujet: Re: We accept the love we think we deserve ♕ SAELIA Jeu 30 Jan - 21:31
« Monsieur Abhcan !! - ...Hum... ? - Pouvez-vous me dire comment obtenir un polynectar ? - Euh... Je... - A quoi sert-il ? - ... - Hm. Je vous prierais de faire comme vos petits camarades, Abhcan, et dormir lorsqu'il vous l'est permis. Compris ? … Bien, ouvrez vos livres à la page 46. »
Sacha se redressa sans réelle conviction, tout en baillant. Il regarda son ami et voisin de table qui riait de voir le jeune bouclé légèrement endormit et à la fois totalement blasé. Tout le monde était amusé de voir le garçon ridiculisé par le professeur. Mais c'était parce que Sacha détestait le cours de potion. Sauf lors de cas pratique, où il en profitait pour s'amuser en essayant de modifier la recette qui était demandé de faire. Il faisait régulièrement perdre des points à Gryffondor, mais on ne lui en voulait pas réellement, c'était devenue habituel. Il fut d'ailleurs surprit de voir que cette fois-ci, aucun point ne fut retiré. A la sortit du cours, une jeune fille vint l'aborder. Peut-être une des seules qu'il n'avait pas encore dragué.
« Tu devrais faire plus attention aux cours de potions Sacha. - Comme si ça avait une quelconque importance ! Dit-il en regardant son ami d'un air amusé. - Le Polynectar permet de changer notre apparence en celle de quelqu'un d'autre, qui cela n’intéresserait pas ? - Laisse moi réfléchir... moi ? »
Il continua a avancer en laissant derrière lui la jeune fille en riant de bon cœur avec son ami qui avait, comme d'habitude, faim. Après tout, il était l'heure de manger. Arrivés au réfectoire, alors que Sacha essayait désespérément de se réchauffer en grognant « Que je déteste les cours de potions. Il fait froid, ça pue, et c'est chiant », Thunder lui volait un partie de son repas. De toute façon, Sacha ne finissait jamais ce qu'il prenait, alors ça ne le dérangeait pas. Le blond mangeait beaucoup trop, et le bouclé, pas assez. C'était comme ça. Et comme toujours, Sacha était l'un des premiers à quitter la pièce. « Tu n'en as pas marre d'aller toujours à la bibliothèque ? » demanda son ami, la bouche pleine. Il se tourna, et répondit simplement « J'ai un rendez-vous à la cabane hurlante ». Thunder manqua de s'étouffer d'excitation, puisque Sacha lui décrivait tout ce qu'il faisait sans lui. Mais avant de partir, il alla se changer. Il mit un jean noir à moitié troué, un t-shirt blanc et un long trench en laine, noir. Ses chaussures étaient noir elles aussi. Seul son écharpe avait de la couleur, puisqu'elle représentait celle de sa maison.
Une fois sortit du château, il se dirigea vers le saule cogneur, puisque le passage secret – et rapide – pour la cabane hurlante se trouvait juste dessous. Il avançait machinalement, plongé dans ses pensés. Il était en train de se demander pourquoi il avait choisit ce lieu. Certes, il rêvait d'aller y faire un tour, voir si cette maison délabrée était si effrayante que cela. Il rêvait aussi de faire l'amour en ce lieu (bien qu'il savait que ce ne serait pas pour aujourd'hui). La véritable question était « pourquoi avec Ophélia ? ». Sacha avait l'habitude de faire des conneries, mais celle-ci était sûrement la pire d'entre elles. Il savait que son amie n'avait pas le mental, ni la force, d’affronter un lieu si... étrange. Une fois de plus, il avait agit sans réfléchir. Sur le coup, il avait envie simplement envie d'aller dans ce lieu-dit maudit, envie de voir Ophélia, alors il prit un morceau de papier, écrivit ses intentions et l'envoya. Mais en réfléchissant bien, c'était vraiment, vraiment, vraiment une mauvaise idée. Il aurait dû séparer ces deux envies. Et avant même de réfléchir à une possible alternative, il se fit projeter au sol comme un misérable. Il ne comprit pas tout de suite ce qu'il lui arrivait, mais en relevant la tête il aperçu le saule cogneur qui était prêt à l’anéantir. Il ouvrit grand les yeux, comme si il venait d'arrivé dans ce monde étrange et se releva précipitamment. Il eut tout juste le temps de faire deux pas avant de tomber une nouvelle fois sur le sol. Il souffla, secoua la tête et courut loin de cet arbre magique. Et une fois hors de porté, il regarda l'arbre qui redevint quasiment immobile et dit, essoufflé « Bon, je crois que je vais devoir faire le tour... Comment font les autres pour pouvoir passer ? ». C'est donc sans précipitation qu'il se rendit à la cabane hurlante par le chemin le plus simple. Il dû passé par pré-au-lard, où le passage fut difficile à cause des nombreux étudiants qui voulaient se balader en ville et qui finalement, bouchaient le passage. Et ce n'est qu'une heure plus tard que le jeune garçon arriva à destination. Il était en regard, il le savait. Mais ce n'était pas sensé se passer ainsi. Il pensait pouvoir passer par ce passage dont tout le monde parlait à l'école et que la plus part arrivait à emprunter. Seulement, Sacha n'était pas tout le monde et échouait souvent là où les autres réussissaient. La cabane n'est qu'un des nombreux points sur sa liste d'échec où les cours de potions figurent aussi. Il y avait certaines choses qu'il était sûr de réussir un jour. Et d'autres qu'il savait irréalisable, du moins, pour lui.
Il ne lui restait plus que quelques pas à faire. Ophélia était déjà là. Il la voyait au loin, assise dans l'herbe, face à la maison. Ça faisait déjà un petit moment qu'il ne l'avait pas vue et exprima sa joie par un simple sourire. Il s'arrêta derrière elle et dit simplement « Tu ne peux pas imaginer la galère pour venir ici ! » et il poursuivit : « D'ailleurs, je suis désolé pour mon retard ! ». Sacha avait encore des brindilles dans les cheveux et quelques feuilles – dans les cheveux, mais aussi sur les vêtements. Mais il ne se souciait gère de son apparence. Du moins, il était bien trop plongé dans ses pensés pour songer à son physique et de ce que vont dire les gens en le voyant.
Il attendait la réponse de la jeune fille, mais celle-ci ne semblait pas l'entendre. Il fit quelques pas sur sa droite pour se retrouver à côté d'elle, l'air inquiet. Elle ne semblait pas l'entendre, ni le voir. Elle tremblait et respirait assez fort pour que le garçon comprenne que son amie se trouvait dans une phase de frayeur inébranlable. Il se pencha et dit son nom avec douceur, comme pour la réveiller. Mais c'était inutile. Alors, il se mit à genou face à elle et la prit dans ses bras. Et au bout de quelques minutes, celle-ci semblait se calmer. Il recula lentement et resta à genou devant elle. « Bonjour Ophélia » Dit-il comme si rien ne s'était passé. Il n'avait pas envie d'appuyer sur les problèmes que son amie avait. Il préférait faire comme si tout était normal afin qu'elle oublie tout ça et qu'elle s'amuse. Sacha n'était bon qu'à ça : amuser les gens. Il regarda autour de lui et dit « il fait plutôt bon pour la saison, c'est agréable » avant de se relever et dire « Je suis content de te revoir enfin. J'avais peur que tu déclines mon invitation. Beaucoup de fille refuse d'aller là-bas ! ». Il se tourna vers la maison et l'observa un instant. « Tu sais, si tu ne veux pas y aller, on peut toujours aller boire un coup... Ou je ne sais quoi d'autre, il y a sûrement plein de truc à faire ! ». Sacha n'en savait rien, puisqu'il sortait jamais. Il resta fixé face à la maison en se répétant une fois de plus que tout ceci était une très mauvaise idée.
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