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 somehow you just don't belong and no one understands you. (dénérys)

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MessageSujet: somehow you just don't belong and no one understands you. (dénérys)   somehow you just don't belong and no one understands you. (dénérys) EmptyDim 8 Avr - 14:49

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Le château était amorphe, quelques étudiants grognant dans leurs barbes en regardant la pluie dehors. Si, le jour précédent, tout le monde aurait juré que ce mois de Septembre était agréable, désormais, le pari serait difficile à tenir. La pluie, diluvienne, ne semblait pas prête à s’arrêter, s’abattant dans des rythmes réguliers et assourdissant sur les vitres de l’antique château. Ceux qui avaient prévu de profiter du soleil d’août en retard, dans le parc, n’avait que d’autres choix que de jouer aux échecs dans les salles communes, ou encore de réviser leurs cours à la bibliothèque. Heloym était de ceux-là. Cela ne l’atteignait pas. Le beau temps comme la pluie, la neige comme le soleil, tout ça, ce n’était pas bien important. Tout ce qui comptait, c’était qu’il s’ennuyait ferme. Assis à une table d’un majestueux bois, il ne faisait que regarder par la fenêtre, détaillant les gouttes d’eau qui faisaient la course sur les vitres. Sa bouche était résolument close, son regard lointain et son entière personne concentrée par l’au-dehors. Un pli soucieux barrait son front, un pli soucieux qui semblait presque avoir fusionné avec son visage. S’étalaient devant lui un parchemin vierge, un livre de Métamorphose de sixième année et son carnet noir, scellé à double-tour et précieusement conservé. Sa plume d’oie reposait tranquillement à côté de l’encre et il ne faisait qu’attendre, mû d’une immobilité inhumaine et d’une impatience silencieuse. Certaines personnes détestaient cela, voir la vie défiler entre leurs doigts comme autant de secondes de moins vous séparant de la mort. Heloym ne se souciait pas vraiment de la mort, ne se souciait pas trop de ces secondes à attendre. C’était autant de moments où on le laissait seul et ça, il le chérissait. La porte de la bibliothèque s’ouvrit et il se pencha sur le côté, pour distinguer le nouvel arrivant d’un œil curieux – avec un peu de chance, ça allait être son professeur de Métamorphose. Non. Juste une Serdaigle. Il soupira lourdement en ouvrant le livre de cours, lisant le Préface avec un air sincèrement ennuyé. Le problème, quand on attend, c’est qu’il n’y a pas grand-chose à faire. Cette fois, c’était lui qui était venu vers elle. Il lui avait demandé – sans vraiment se rendre compte d’une confusion que cela aurait pu apporter – si elle était disponible ce soir de vendredi pluvieux. Ils avaient eu comme cours Métamorphoses le matin même et, pour être honnête, le jeune Gryffondor n’avait rien compris. Et avait commencé à paniquer quand elle leur avait demandé un devoir sur le sujet du cours. Du coup, tout balbutiant et rougissant par intermittence, il s’était approché à la fin du cours et lui avait quémandé une énième leçon particulière. Heloym était vraiment nul en Métamorphoses et, en général, en Magie. Comme si ce monde ne voulait pas de lui.

Profondément plongé dans sa lecture du début du livre, il n’entendit pas sa très chère professeure arriver derrière lui. Ce n’est que quand la vision de sa mort, infime et persistante, s’invita dans le creux de son esprit qu’il leva une paire d’yeux éberlués vers la femme. Il essaya de ne pas perdre le contrôle, de ne pas se mettre à convulser en boule parterre en pleurant toutes les larmes de son corps et il se leva. A dire vrai, il bondit sur ses pieds, comme précipité dans cet élan de politesse. Anxieusement, il resserra sa cravate réglementaire et inclina respectueusement la tête devant le regard bleu de la jeune femme. Elle avait des yeux revolvers, pensa Heloym. De beaux yeux bleus qui avaient dû faire tourner bien des têtes. Le Gryffondor ne la voyait comme sa professeur, une énième figure supérieurement hiérarchique à respecter et à être poli avec. Et une sorte de complice, à défaut d’être une amie - pouvaient un élève et son professeur être amis ? « Miss Grenderwolf. Je ne vous avais pas entendue. » fit-il, de sa voix calme et hésitante, comme si il n’avait qu’un temps de parole limité par jour. Il lui tira une chaise pour qu’elle s’asseye, en parfait britannique gentleman, et prit place à côté, toujours anxieux. Son cœur battait la chamade – se faire surprendre ainsi ne lui ressemblait pas. Et puis, il se sentait sincèrement idiot : il lui semblait que, pour tous et pour tout, la Métamorphose était quelque chose d’enfantin. Lui qui avait du mal à transformer une aiguille en allumette se savait parfaitement en dessous des compétences de ses camarades. De plus, il aimait beaucoup miss Grenderwolf. Elle était d’une sympathie rare avec lui – et il avait l’impression qu’elle lui avait ouvert son cœur, avant qu’il ne fasse quasiment la même chose. Cela lui faisait tout bizarre mais, au fond, ce n’était pas désagréable. Se confier à quelqu’un lui avait toujours paru idiot, inutile même. Mais ça le libérait d’un petit poids, d’un grand poids même – et il appréciait énormément l’enseignante pour cela. « Je suis désolé de vous déranger pendant une heure de creux mais… mais… » Comme il paniquait, comme souvent lorsqu’il parlait sérieusement avec quelqu’un, il ne savait plus quoi dire. Les mains moites, il tourna quelques pages du livre de Métamorphose avant de lâcher, après une minute de coaching intensif et mental : « …je n’ai pas compris le cours de ce matin. » Le ton était désolé, anxieux et un peu contrit. Il jeta un coup d’œil plein d’inquiétude vers son prof.
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MessageSujet: Re: somehow you just don't belong and no one understands you. (dénérys)   somehow you just don't belong and no one understands you. (dénérys) EmptyDim 8 Avr - 16:38

    Des gouttes de pluies s'écoulaient contre les vitraux du château, brisant la quiétude des après-midis normalement ensoleillées à cette époque de l'année. En une seule journée, le temps s'était assombri et les élèves de l'école avaient vu leurs plans tomber à l'eau en apercevant les nuages noirs approcher de plus en plus en direction de Poudlard. En ce temps pluvieux et Ô combien cafardant, le professeur de métamorphose, Dénérys Grenderwolf avait profité de ce moment capricieux de Mère Nature pour corriger quelques copies des deuxièmes années. Éclairée par la lumière des faibles bougies, son visage était crispé, concentré et à son air mécontent, on pouvait aisément deviner que les devoirs n'étaient pas réussis. La jeune femme s'accorda une pause, sentant ses yeux lui piquer plus que d'habitude. Elle n'avait pas bien dormi la veille et ses iris, d'un naturel bleu azur étaient encadrés par des traits, assez fin, d'hémoglobine. Elle se frotta doucement les yeux et porta son attention sur la salle des professeurs. Seuls quelques enseignants étaient présents dans la pièce, imitant ce qu'elle faisait jusqu'à présent et corrigeant des copies dans un silence de plomb, si bien qu'on pouvait sans difficulté entendre la pluie cogner contre les verrières de l'étage. Devant ce blanc déstabilisa, elle se leva et fit grincer sa chaise par pure maladresse. Elle eu droit à plusieurs regards assassins de la part de ses collègues et s'excusa en grimaçant gauchement.
    La sorcière avait envie de se dégourdir les jambes avant son prochain cours. Elle regarda sa montre et faillit hoqueter de stupeur en voyant qu'elle était déjà en retard. Le temps s'était effilé si rapidement qu'elle ne l'avait pas senti passer, comme si elle n'était restée que dans la salle pour quelques minutes. Ces moments-là l'effrayait et ne cessait de lui démontrer que quoi qu'il advienne, quoi qu'on fasse, c'était le temps qui avait, au final, le fin mot de l'histoire. Il régnait sur les hommes depuis des siècles et des siècles, feignant l'importance d'une vie devant cette infinité de possibilités.

    Rapidement, elle déposa ses copies dans son casier et attrapa son manuel de sixième année. Normalement, elle ne travaillait jamais le vendredi après-midi mais, depuis quelques temps, elle avait accepté de donner des cours particuliers à des élèves en difficulté dans sa matière. Heloym Cartwright-Swan en faisait parti et était le prochain sur sa liste, aujourd'hui. Elle appréciait cet étudiant de sixième année pour sa gentillesse et ses bonnes intentions. A ses côtés, les heures passaient beaucoup plus rapidement et c'était toujours fascinant de pouvoir débattre de divers sujets en sa compagnie. Il l'ignorait complètement - à cause de ce manque de confiance qu'il avait - mais pour Dénérys, c'était un élève brillant qui, même avec des lacunes arrivaient à comprendre les principales notions de métamorphose. En soit, il avait juste besoin du professeur pour qu'elle l'aide à voler de ses propres ailes tout en le questionnant sur les chapitres qu'ils étudiaient.
    En arrivant devant la bibliothèque, elle était essoufflée. Quatre étages à grimper avec des talons aiguilles et une jupe serrée arrivant aux genoux, un vrai chalenge ! Avec soin, elle reprit une certaine convenance, plaça quelques mèches rebelles derrière ses oreilles, remettant correctement son chemisier dans sa jupe, le tout en respirant le plus calmement possible pour reprendre un rythme cardiaque à peu près normal. Chose faite, elle ouvrit les battants en bois de la bibliothèque et salua d'un signe de tête la bibliothécaire. Par sa grâce naturelle et sa démarche féline, elle avança à travers les rayons de la pièce tout en cherchant du regard son disciple. En quelques secondes, elle le retrouva caché derrière les rayonnages sur la métamorphose, prenant la table la plus éloignée de toutes. Elle aurait dû s'en douter. Doucement, elle s'avança vers le jeune garçon qui semblait fort intéressé par son livre de métamorphose. A la bonheur ! Le cour n'en serait que plus intéressant.

    Alors qu'elle allait le saluer poliment, il redressa la tête au même moment et bondit de sa chaise pour la saluer. Amusée, elle esquissa un léger sourire et le regarda resserrer sa cravate et la saluer avec courtoisie. Bien que souvent anxieux et Ô combien maladroit, ce garçon n'avait rien à envier aux autres de sa promo, il était sûrement le plus poli de tous. « Miss Grenderwolf. Je ne vous avais pas entendue. » Elle fit un mouvement avec sa main complétée par une moue déridée, pour lui faire comprendre qu'il n'y avait aucun soucis. Gentiment, il lui tira une chaise et elle prit place à ses côtés tandis qu'il la rejoignit sur la chaise d'à côté. Tout en posant son livre sur la table, elle joignit ses mains et lui lança un regard en coin. Il n'avait que dix-neuf ans, et pourtant, c'était un joli garçon. Ça non plus, il ne devait pas s'en rendre compte. Ce manque de confiance qui suintait en lui comme un aura d'innocence, brillant de tout son comble et attirant les préjugés d'autrui sur sa personne. Une bouffée de protectionnisme monta en elle et l'envie irrépressible de veiller sur lui réapparut pour une énième fois en sa compagnie. Ça devenait presque troublant.
    Alors qu'elle allait s'excuser pour son retard et l'interroger sur les sujets qu'il n'aurait pas encore bien réussi à traiter, le jeune garçon lui coupa l'herbe sous le pied et lança : « Je suis désolé de vous déranger pendant une heure de creux mais… mais… » Il était anxieux, comme si la présence de la brunette lui posait brutalement un soucis et qu'il n'arrivait plus à mettre de l'ordre dans ses pensées. Courtoisement, elle attendit qu'il finisse sa phrase pour aborder les divers points qu'elle voulait étudier aujourd'hui et pour commencer la séance. La sorcière fronça des sourcils en le voyant tourner les pages du livre pour trouver ce dont il voulait parler. Attentive à ses gestes, elle scruta ses iris à la recherche de réponses qu'il n'arrivait pas à formuler correctement. En vain. Enfin, il finit par retrouver ses esprits et acheva ce qu'il avait commencé : « …je n’ai pas compris le cours de ce matin. »

    Son élève lui lança un regard plein de sous-entendus et elle y répondit par un léger sourire en coin. Le pauvre bonhomme avait l'air stressé et elle se demanda un instant ce qu'elle avait fait pour le mettre dans un état pareil. Peut-être le fait qu'elle arrive en retard l'avait inquiété et il avait cru un instant qu'elle l'abandonnerait à son triste sort ? D'un geste qui se voulait rassurant, elle posa une de ses fines mains sur l'avant bras d'Heloym et tenta de prendre un air rassurant. Elle intensifia son sourire et hocha doucement la tête. « Il n'y a aucun soucis, Heloym. Combien de fois dois-je te le répéter ? C'est mon travail de t'aider à progresser et à te faire comprendre les cours, d'accord ? ». Elle avait dit ça d'une voix douce et calme, essayant de le rassurer le plus possible. Il n'y avait pas de quoi être anxieux ou désolée, pas avec elle, tout du moins. Délicatement, elle retira sa main et attrapa son livre pour l'ouvrir au chapitre qu'ils avaient étudiés ce matin. « Et puis d'ailleurs, rajouta-t-elle en lui lançant un coup d’œil égayé, c'est à moi de m'excuser. C'est moi qui suis arrivée en retard et non l'inverse. » Elle pouffa légèrement de rire et tenta pas ce fait de détendre l'atmosphère. Elle retrouva enfin le chapitre en question qui était les sortilèges d'apparitions et de disparitions. Dans les normes, c'est un cours de cinquième année et qu'en sixième année, Dénérys est censée survoler pour s'attaquer à des chapitres plus conséquents. Le professeur soupira, le cours n'était pas très compliqué, c'était la pratique qui l'était davantage. « J'espère que tu es prêt à travailler sur le sort de disparition. C'est un classique qu'il te faut vraiment apprendre. Mais je suis sûre que tu y arriveras rapidement, tu es brillant, Heloym. » Elle lui adressa un clin d’œil et sans qu'elle ne fasse attention son regard se posa sur sa cravate. Il l'avait beaucoup trop serré et finirait par s’étouffer tout seul avec ses bêtises. D'un geste prompt, elle sortit sa baguette magique et lui retira le bout de tissu sans même prononcer un mot. Puis, elle l'a plaça juste devant eux, dans les airs et lança dans un murmure : « Regarde bien et n'en perds pas une miette. » Elle se concentra une petite seconde sur le vêtement, sentant ses yeux la brûler plus que d'habitude. Pratiquer de la magie en étant fatiguée n'a jamais été un bon mélange, elle le savait bien mais continua malgré tout, voulant montrer au Gryffondor le sort qu'il arriverait à faire en sortant de ce cours.

    La seconde d'après, la cravate avait disparut dans un petit plop sonore. Elle abaissa sa baguette et l'observa un instant, il semblait être convaincu. « Le but du sort est d'envoyer un objet dans le non-être, c'est à dire dans le tout. Tu vas d'abord t'exercer avec la formule qu'il faut dire et ensuite, tu le feras comme je l'ai fais avec un sortilège informulé. Tu as compris ? ».
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MessageSujet: Re: somehow you just don't belong and no one understands you. (dénérys)   somehow you just don't belong and no one understands you. (dénérys) EmptyLun 9 Avr - 9:20

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Il se sentait sincèrement pitoyable. Lui qui se targuait d’être différent, différent mais intelligent se trouvait démuni devant un stupide cours. Il brillait bien, à l’école primaire moldue : sa volonté avait toujours remplacé son talent. Mais ça ne suffisait plus, pas à Poudlard. Il fallait se reposer sur des acquis, des choses ancestrales enseignées durant des années et des années de pureté. Heloym, lui, n’avait que sa baguette et son air de grand calme indécis. Il aurait sûrement tenu sa propre baguette à l’envers, s’il n’avait pas peur à ce point du ridicule. Il se souvenait très bien de sa première journée à Poudlard ou, plus précisément, dans le train. L’engouement de sa promotion, leurs rires, heureux de se retrouvés alors qu’ils se précipitaient vers une toute nouvelle aventure. Et lui qui guettait, tendait de comprendre des us et coutumes qui lui étaient étrangers. Il n’aimait pas ce souvenir. En fait, il n’aimait aucun souvenir qu’il avait de la société sorcière – à part peut-être cette allée, le Chemin de Traverse, dont l’évocation lui arrachait toujours un sourire heureux. Il sentait son cœur battre à la chamade, anxieux, plein d’attentes quant à la réaction de la professeure. Il se demandait si une lueur de pitié – comme il avait pu en voir parfois – allait s’allumer dans son regard ou si elle allait simplement se moquer gentiment de lui, comme le font parfois les grandes personnes devant le désarroi des plus jeunes. Mais non, rien de tout cela : elle posa juste sa main sur l’avant-bras d’Heloym. Celui-ci avait en horreur les contacts physiques – ils avaient l’indécence d’être de mauvais augure et de lui montrer toujours des morts plus intenses que les visions « normales » -- mais cette fois-ci, il se détendit légèrement. Ce n’était pas de la pitié dans son regard ou même une fausse compréhension. Juste une gentillesse sans bornes, qui laissa un peu Heloym pantois. Il ne connaissait pas une si grande concentration de bons sentiments à son égard – en fait, cela lui était totalement étranger. Alors quand elle le toucha, même à travers le tissu fin de sa chemise, s’il tressaillit, ses muscles se détendirent aussitôt. Sans insistance, son regard sombre regarda cette main intruse, cette main perdue, et se planta finalement dans les orbes bleutés de la jeune femme. Un éclat indéfinissable animait le Gryffondor – indéfinissable, certes, mais positif. « Il n'y a aucun soucis, Heloym. Combien de fois dois-je te le répéter ? C'est mon travail de t'aider à progresser et à te faire comprendre les cours, d'accord ? » Il hocha doucement la tête, toujours hébété, toujours pantois. Pensivement, il se passa une langue sur les lèvres alors qu’elle enlevait sa main, alors qu’il détournait le regard pour faire mine de s’intéresser au livre qu’elle venait d’ouvrir. Il n’y a aucun souci. Ah, si seulement on le lui avait répété plus souvent ! Mais non. La seule chose qu’il entendait le plus de fois par jour était son surnom, « débile », idiotie maligne et fourbe des Serpentards qui gâchaient sa scolarité depuis sa première année.

« Et puis d'ailleurs, c'est à moi de m'excuser. C'est moi qui suis arrivée en retard et non l'inverse. » Elle rigola légèrement et Heloym ne sut pas vraiment comment réagir, aborder cette remarque. Un pli soucieux, éternel, fronça ses sourcils et il s’empressa de bredouiller, en bon gentleman : « Vous n’étiez pas en retard, mademoiselle ! J’ai la fâcheuse habitude d’arriver en avance. Vous n’avez rien à vous reprocher. » Peut-être que ce n’était pas l’entière vérité mais Heloym le pensait : c’était son caractère, que de ramener toutes les fautes à lui et non aux autres. Il pensait sûrement qu’il pouvait supporter tous les maux du monde sur ses frêles épaules – et il aurait été sûrement du genre à le faire et à l’accepter. En tant que porte-malheur (l’impression d’apporter la mort autour de lui ne l’avait jamais quitté), il espérait comme racheter son âme en répandant un peu de bonheur, un peu d’insouciance. Même si cela mettait la sienne en péril, son bonheur en péril. Il pardonnait tout le temps, parfois difficilement. Il se reprochait tout. Il était d’une gentillesse rare mais d’un lunatisme certain. Enfin, Heloym ne comprenait rien à la Métamorphose. « J'espère que tu es prêt à travailler sur le sort de disparition. C'est un classique qu'il te faut vraiment apprendre. Mais je suis sûre que tu y arriveras rapidement, tu es brillant, Heloym. » On lui avait rarement fait tel compliment. Il se sentit rosir légèrement, les yeux résolument fixés sur le chapitre qu’elle venait d’ouvrir. Elle lui fit un petit clin d’œil auquel il répondit par un sourire légèrement contrit, un peu timide aussi. Il n’avait pas envie de la décevoir, pas maintenant qu’elle avait dit qu’il était brillant et qu’il y arriverait rapidement. Cela boosta sa volonté, déjà exacerbée par l’envie de réussir. L’envie d’être meilleur qu’un pauvre oiseau de mauvais augure, incapable de surcroît. Il était penché sur le livre, avalant chaque mot comme un met délicieux, quand sa cravate commença doucement à se détacher. Surpris, il porta la main à son cou mais c’était trop tard : le vêtement rouge et or s’était déjà envolé dans les airs. Le brun pensa tout de suite à un mauvais tour de McBride, son bourreau, quand il aperçut le bout de la baguette de son professeur. « Regarde bien et n'en perds pas une miette. » Heloym, même si miss Grenderwolf ne le regardait plus, hocha la tête avec plein d’ardeur, les yeux fixés sur sa cravate qui se la jouait télékinésiste. Puis, sans prévenir, le vêtement disparut dans un petit plop ! qui arracha un petit sursaut surpris au Gryffondor. Il sourit doucement, se demandant s’il allait y arriver avec les cours particuliers de la professeure. Je peux le faire, se dit-il, je suis brillant.

« Le but du sort est d'envoyer un objet dans le non-être, c'est à dire dans le tout. Tu vas d'abord t'exercer avec la formule qu'il faut dire et ensuite, tu le feras comme je l'ai fais avec un sortilège informulé. Tu as compris ? » « Je crois que oui. » approuva à mi-voix Heloym, avec un hochement de tête convaincu. Il attira le livre vers lui et, dans le silence le plus complet, se remit à lire la première page du chapitre. Très vite, la formule s’imposa à son esprit, là, elle était écrite juste là. Il la connaissait. Evanesco. Il se maudit de ne pas avoir eu la bonne pensée de relire ses livres pendant les grandes vacances. Il se mordilla légèrement la lèvre, photographiant mentalement le mot avec de fermer les yeux, ses lèvres répétant silencieusement et d’une manière continue la formule. Il ne pouvait pas se permettre de l’oublier. Pas cette fois, pas encore. Finalement, il rouvrit les yeux et sortit sa propre baguette, avec conscience et soin, comme si il tenait une véritable relique ancienne et en or. A ses yeux, cette arme n’en était pas loin. Il sourit doucement, sa paume retrouvant confortablement la petite cale appropriée que les années avaient creusé dans le bois d’orme. Il regarda avec une moue concentrée son encrier, pointant le bout de sa baguette dans sa direction. Le non-être, c’est à dire le tout. Tel que le disait le manuel, Heloym murmura avec une indicible confiance : « Evanesco » et, pendant un instant silencieux et perdu dans le temps, rien ne se passa. L’encrier disparut finalement, dans un plop ! bien moins sonore que la cravate du jeune homme. Ne restait que le bouchon argenté et un prisme de verre teinté d’encre. Comme si les ondes étaient mal passées, comme si une interférence avait agi et avait brouillé le signal. L’objet s’était évanoui, non, effacé comme si l’on avait passé une gomme pressante dessus, à grands coups larges et experts. Pourtant, la plus grande partie de l’encrier était passée dans le non-être, c'est-à-dire dans le tout. Impossible de décrire les yeux brillants qu’Heloym porta sur son professeur, à la fois étonnés de sa réussite et à la fois fier comme un paon. « Je… j’ai réussi. » fit-il, comme si la disparition de l’objet ne le disait pas déjà. Un grand sourire étira ses lèvres. Un très grand sourire, très content de lui. « Vous avez vu ? J'ai réussi ! Je n’avais jamais réussi avant. » expliqua-t-il, comme si mine réjoui ne l’expliquait pas pour lui. Toujours hébété, il contempla sa baguette avec émerveillement, trouvant enfin une lueur de bonté dans ce terrain étrange qu’était la magie. Celle-ci ne lui avait apporté que des problèmes et, si un « Lumos » pouvait parfois s’avérer utile, des complications. « En revanche… je crois que je vais avoir besoin de mon encrier si je dois faire votre devoir, mademoiselle. Si j’envoie un objet dans le tout, c’est-à-dire le non-être, comment puis-je le récupérer ? S’il est dans le non-être, il n’existe pas. Et s’il n’existe pas… je ne peux pas le récupérer. » Il fronça les sourcils. Il ne comprenait pas tout. C’était même carrément flou pour lui. Etait-ce un concept ou une explication précise ? Une métaphore ou tout simplement une définition ? Puis, avec un petit sourire en coin, il s’excusa du regard en disant : « Et je n’ai qu’une seule cravate… »
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MessageSujet: Re: somehow you just don't belong and no one understands you. (dénérys)   somehow you just don't belong and no one understands you. (dénérys) EmptySam 14 Avr - 23:26

    L'élève ne mit pas longtemps avant d'acquiescer tout en lui répondant : « Je crois que oui. » Ravie, Dénérys le laissa donc faire, consciente que la meilleure façon pour lui d'apprendre était par ses propres moyens. Elle, elle n'était là que pour le guider ou lui expliquer les bases, rien de plus. De façon général, le professeur était persuadée que le jeune Heloym n'avait pas besoin d'elle, c'était un étudiant vraiment brillant. Simplement, il ne s'en rendait pas compte et manquait de confiance en lui. La jeune femme soupçonnait ses camarades de le malmener et cette idée lui serra le cœur. Ce qu'elle pouvait comprendre à la perfection, c'était bien les actes de méchanceté gratuite que pouvaient faire preuve les élèves entre eux. Sa seule consolation était que le petit Gryffondor savait qu'il avait une personne sur qui compter et cela, malgré le fait qu'elle ne correspondait pas tellement au type répondant aux critères des élèves en ce qui concernait l'amitié. Elle reprit son attention sur lui, consciente qu'il avait besoin d'elle. Il attrapa le livre des deux mains et relit en silence les premières lignes du chapitre. Silencieuse, elle posa son menton dans la paume d'une de ses mains et attendit patiemment. C'était la clé dans ce genre de situation; la patience. Être pédagogue en demandait constamment, il fallait sans cesse répéter, expliquer encore et encore, répondre aux mêmes questions, reprendre plusieurs fois les élèves sur leurs comportements. Mais ça faisait parti du métier et malgré tout, elle adorait ça.
    Pendant un instant, elle fut surprise de constater le comportement du brun. Fermant les yeux fortement, ses sourcils étaient froncés et ses lèvres remuaient une formule silencieuse. Du coin de l’œil, elle s'assura qu'il était bien à la bonne page. C'était pourtant bien celle-ci. Un instant, elle s'interrogea même jusqu'à les consignes qu'elle lui avait donné. Peut-être avait-il mal comprit et comptait-il tenter l'expérience avec un sort informulé. Fébrilement, elle se mordit la lèvre inférieure. Si elle prenait le risque de l'interrompre, il en ressortirait encore plus gêné et moins ouvert à elle. La jeune femme préféra donc opter pour la patience. Ça avait toujours été sa meilleure arme pour l'instant, autant continuer.

    Puis, au bout d'un long moment - qui lui sembla durer une éternité -, il rouvrit les yeux, sortit sa baguette de sa cape de sorcier et la pointa avec assurance sur son encrier. Son attention fut plus intense et, légèrement elle se redressa dans sa position initiale, aussi droite qu'une statue, portant avec élégance la prestance des demoiselles distinguées. Avec une certaine considération, elle étudia le moindre de ses gestes en notant les points positifs comme ceux négatifs dans un coin de sa tête. « Evanesco » murmura-t-il, une once de détermination traversant ses iris à vif allure. Avec une moue septique, elle regarda l'encrier, celui-ci ne considérait visiblement pas son ordre magique et elle fronça les sourcils. Étrange. La formule avait pourtant été bien prononcé, peut-être avait-il manqué de conviction. Puis, la magie sembla enfin opérer et l'objet disparut juste devant eux. Dénérys n'en revenait pas, jamais elle n'avait vu la magie mettre autant de temps à s'opérer. Cependant, le principal y était. Il avait réussi. Comme elle était persuadée qu'il le ferait. Brillant, ne put-elle s'empêcher de penser encore une fois, en voyant son visage surprit. Ceci dit, il y avait encore du boulot, bien que l'encrier ait disparut, il restait néanmoins quelques morceaux qui complétaient en temps normal le petit récipient remplit d'encre. Elle sourit et se retourna entièrement vers Heloym. Il semblait si fier et si heureux d'être parvenu à faire marcher le sort, dès la première fois. Elle, elle n'en avait jamais douté. Et elle savait, au fond d'elle même, que plus le jeune homme aurait confiance en lui, plus il pourrait perfectionner sa magie et parvenir à faire des exploits digne des grands sorciers. Elle croyait autant en lui que lui ne se dénigrait. Mais ça finirait par changer, elle en était persuadée. « Je… j’ai réussi. »
    Bien que contente pour lui, ça lui faisait mal au cœur de voir le peu de confiance qu'il s'accordait, comme si le fait que les autres le rabaisse avait effacé toute part de dignité en lui. Son sourire était aussi éclatant et grand qu'un enfant le jour de Noël. « Je n'en ai jamais douté », murmura-t-elle à demi-mots, un léger sourire effleurant ses lèvres pulpeuses. Il ne semblait pas l'avoir entendu et ne s'en vexa guère, le laissant à son moment de joie. Il sembla alors se souvenir de sa présence et se retourna vers elle, une mine enjouée. Il était à deux doigts de sauter partout, sous l'effet de l'excitation. « Vous avez vu ? J'ai réussi ! Je n’avais jamais réussi avant. » Elle acquiesça silencieusement, passant une main dans ses longs cheveux couleur jais. Heloym semblait pour la première fois heureux de faire de la magie, regardant sa baguette, comme si c"était la première fois qu'il l'avait dans les mains.

    Elle sourit et se demanda ce qu'il serait devenu si elle n'avait pas tenté de l'aider. Serait-il devenu comme tous ces sorciers qui renonçaient à la magie ? Trop dégouté par ce qu'il était et ne comprenant rien à cette pratique ? Ou se serait-il tourné vers plus sombre que lui, recherchant de l'aide là où il peut ? C'était malheureux de constater que peu de professeurs à Poudlard étaient à l'écoute des élèves et prenaient soin de les guider. Comme si, brusquement, vu que la génération était celle des enfants indésirées - ou non - il fallait se la jouer sourde oreille. Elle repensa vaguement à une vieille mégère qui enseignait ici depuis des années la divination et qui, fort heureusement, partait à la retraite. Plusieurs fois elle avait crié haut et fort dans la salle des professeurs qu'il ne fallait jamais porter une quelconque attention sur les enfants des mangemorts. Les pauvres gosses n'avaient rien faits pour autant de haine envers eux, ils n'avaient jamais demandés à naître. Cependant, dans toute l'histoire, Heloym n'avait pourtant pas ce soucis, il était né moldu et avait eut donc la chance de grandir dans la normalité la plus abstraite. La voix du Gryffondor la sortit, d'ailleurs, de sa torpeur : « En revanche… je crois que je vais avoir besoin de mon encrier si je dois faire votre devoir, mademoiselle. Si j’envoie un objet dans le tout, c’est-à-dire le non-être, comment puis-je le récupérer ? S’il est dans le non-être, il n’existe pas. Et s’il n’existe pas… je ne peux pas le récupérer. » Bien qu'il ait comprit le fonctionnement de la formule, il semblerait que le jeune garçon ait plus de mal à la compréhension. Tandis qu'elle cherchait les mots pour lui réexpliquer de façon plus clair l'endroit où disparaissait les objets en question, il lui accorda un regard navré avant de poursuivre : « Et je n’ai qu’une seule cravate… » Elle ne sait ce qui lui prit d'un seul coup, si c'était à cause du temps, de la fatigue ou tout simplement d'Heloym mais la jeune femme se mit à rire jusqu'à n'en plus pouvoir, lui valant quelques regards pleins de reproches de la part de la bibliothécaire - ce qui ne fit qu'accroitre son fou rire, il faut l'avouer. Heloym semblait ne pas comprendre, la regardant d'un air gêné et, prise d'une soudaine pensée, elle se calma bien vite. Dénérys ne se moquait pas de lui, bien au contraire, mais vu son état d'esprit, elle ne voulait pas prendre le risque de le blesser. Elle tenta donc vite de se reprendre et souffla doucement pour calmer ses soubresauts. D'un geste délicat, le professeur s'essuya ses larmes de joies et toussota légèrement en gigotant sur sa chaise, gênée. Puis, elle regarda son élève droit dans les yeux et posa sa main sur son avant-bras, geste qui se voulait rassurant et chaleureux. « Je ne comprend vraiment pas pourquoi tu n'as pas toutes les filles qui te courent après, tu es vraiment drôle » lui assura-t-elle avec vigueur. Il lui sembla qu'il se mit à rougir et à cette simple réaction, elle comprit que quelqu'un habitait ses pensées. La jeune femme n'en dit pas plus, chacun avait le droit d'avoir son jardin secret, après tout. Enfin, elle reprit sa baguette en main et replaça une de ses mèches derrière son oreille, lâchant l'étreinte qu'elle lui avait offert, précédemment. « Pour t'expliquer plus simplement l'histoire du non-être, j'aimerais que tu fermes les yeux un instant. » Elle avait tenté de tourner ça dans son esprit quand il bouillonnait d'une joie qui n'était que sienne et à présent, la brunette trouvait difficile d'effectuer le schéma plutôt étrange qu'elle avait élaboré. Tentant néanmoins le tout pour le tout, elle attendit qu'il ferme ses paupières - chose qui lui était visiblement difficile puisqu'il hésitait à le faire. « Tu ne risques rien, Heloym. Je ne vais pas te manger ! » lui certifia-t-elle en lui faisant large sourire. Il finit par s'exécuter et elle se leva de sa chaise, poussant l'objet contre le parquet de la pièce, qui grogna instantanément, comme sujet à la douleur. Heloym sursauta et elle ignora son geste pour se placer derrière lui, à quelques mètres de son dos.

    « Très bien. Maintenant, imagine toi seul dans cette bibliothèque, assit précisément sur cette chaise mais dans une décoration à l'opposé de la bibliothèque habituelle. Tu n'as qu'à imaginer quelque chose de chaleureux de plein d'entrain, du coup, s'amusa-t-elle à dire. Elle fit une pause et reprit. Puis, imagine un tas d'objet à tes côtés, comme ta cravate ou ton encrier. Est-ce que tu les vois ? » Elle le vit faire un petit mouvement de la tête et continua, donc. « Et bien, c'est ça le non-être. C'est une dimension parallèle qui est invisible à nos yeux mais qui pourtant est juste là. Ta cravate, par exemple, se trouve sur cette table, juste à côté de tes livres. Cependant, elle est invisible à tes yeux, rangée dans un endroit qui se nomme le non-être. Tu peux faire apparaitre et disparaitre des objets de cette parallèle, mais tu ne peux les inventer. Est-ce que tu as compris, maintenant ? » En effet, il semblait avoir comprit, puisqu'il se retourna vers elle, une mine plus confiante qu'avant. Elle soupira et décida de s'assoir sur le petit rebord de la fenêtre, situé juste derrière elle. Dénérys ferma les yeux, à son tour, et se concentra sur ses propres mots. Ça ne dura qu'un instant, peut-être même qu'une fraction de secondes, mais quand elle les rouvrit, l'encrier et la cravate étaient posés sur la table, comme s'ils n'avaient jamais quittés ce lieu. Il lui fallait faire une pause, à force de pratiquer la magie à longueur de temps, celle-ci prenait un malin plaisir à la torturer physiquement en retour. Déjà qu'elle n'avait ni beaucoup dormi, ni mangé depuis le matin, la journée lui semblait être un peu rude. Elle passa une main sur son front, en sentant un mal de tête venir et fronça les sourcils. « Si ça ne t'embêtes pas, Heloym, je vais te demander une petite pause, je suis éreintée. » C'était le mot. Éreintée. Il fallait vraiment qu'elle se méninge si elle voulait continuer à assurer son poste avec autant de sérieux qu'avant.


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MessageSujet: Re: somehow you just don't belong and no one understands you. (dénérys)   somehow you just don't belong and no one understands you. (dénérys) EmptyLun 16 Avr - 8:40

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Il l’avait fait. L’encrier avait disparu, son contenu aussi. Evidemment – comme pour obscurcir l’humeur soudainement lumineuse du brun – il en restait quelques embruns, ultimes détails qu’il n’avait su effacer de leur réalité. Comme pour lui prouver que, quoi qu’il fasse, il continuerait de souffrir d’une certaine médiocrité, d’une inutilité intense qui pouvait le laisser silencieux quelques instants. Mais pas maintenant. Maintenant, c’était un éclat de joie qui l’animait, une fierté nocive que l’on pouvait reprocher à plein de gens – mais pas à lui. Il en faisait si rarement preuve qu’un Gryffondor de son année, de son propre dortoir, aurait pu ne pas le reconnaître. Un véritable sourire égayait ses lèvres et de ses yeux jaillissaient un million de petites étoiles pétillantes. Des étoiles pétillantes qui embellissaient tout ce qui se posait sous son regard, sa baguette en premier. Ah, comme elle l’avait embêté celle-là ! Il se souvenait avec une précision consternante le jour où il était revenu chez ses oncle et tante, au terme de sa première année de cours. Il se souvenait avec une satisfaction manifeste la crainte au fond des yeux de sa famille et l’appréhension dans les prunelles de sa nouvelle fratrie. Mais il se souvenait aussi de ces longs moments de doute passé à regarder la tige en bois avec une véritable peur. Et ne parlons pas des baguettes des autres ! Des machines à tuer. A son sens, les baguettes magiques étaient mille fois plus dangereuses que les armes à feu voire même les armes nucléaires. Avec celles-ci, les gens malintentionnés pouvaient sceller mille destins, fabriquer mille potions, réduire à néant mille personnes aussi médiocres qu’Heloym. Il se demandait bien ce que devenait les gens comme lui au sortir de Poudlard. Des rejetés de la société, des fans des moldus en puissance qui se sentaient infiniment puissants en n’enchantant qu’un frauduleux Evanesco. Mais le fait été là : dans l’instant présent, il était fier de lui. Et il n’y avait que cela qui comptait. Il tourna vers son professeur un air ravi, extasié. On n’aurait pas pu lui faire plus merveilleux cadeau qu’un sortilège réussi et qu’un peu d’attention individuelle. « Et je n’ai qu’une seule cravate… » avait-il dit, comme envenimé par ce regain d’énergie et de joie. Une petite remarque lancée avec un sourire en coin, un peu contrit. Un regard soucieux, des sourcils qui reflétaient parfaitement sa situation : sur la sellette, à mi-chemin entre l’apitoiement et la fierté la plus totale. Rien n’aurait pu assombrir sa fierté. Rien, sauf peut-être le fait de ne pas retrouver sa seule cravate. Il avait une petite moue éternellement désabusée quand son professeur éclata de rire, achevant de le plonger dans l’incompréhension et l’apitoiement les plus profonds. Il était donc si risible ?

Elle riait à n’en plus finir, comme s’il avait énoncé une véritable boutade hilarante. Personne n’avait jamais dit qu’Heloym était drôle, impayable ou, plus simplement, amusant. Il l’était un peu. Mais d’une manière cocasse, ridicule même. Une caricature parfois forte – rien d’autre. Son manque de confiance en lui l’empêchait d’avoir de l’humour. La seule chose risible, à ses yeux, c’était lui. Et c’était de manière triste. Il attendait avec un sourire gêné collé au visage, regardant à droite et à gauche un soutien quelconque. Inutile de préciser que ce soutien ne vint pas. Finalement, Miss Grenderwolf contint son fou rire et posa à nouveau son bras sur l’avant-bras du brun. Il se figea, se détendit. Pas d’attaque. « Je ne comprends vraiment pas pourquoi tu n'as pas toutes les filles qui te courent après, tu es vraiment drôle » A sa remarque, Heloym rougit furieusement et détourna le regard. Les filles. Qui lui courent après. La professeure aussi avait un goût de l’humour bien prononcé, apparemment. « Pour t'expliquer plus simplement l'histoire du non-être, j'aimerais que tu fermes les yeux un instant. » fit-elle en enlevant sa main. De la douloureuse couleur rouge qu’il avait adopté, Heloym n’avait plus que du rose qui égayait ses joues, mettant en valeur le blason pourpre et or qui ornait sa veste. Le brun adressa un regard étonné à la jeune femme, hésitant manifestement à fermer les yeux. Le noir avait pour lui un aspect définitif. La mort. Le noir. Deux choses l’une. Fermer les yeux à jamais, c’était ne plus voir de couleur, n’apercevoir qu’une seule valeur. Le garçon se le refusait. « Tu ne risques rien, Heloym. Je ne vais pas te manger ! » C’est idiot d’avoir peur du noir, grogna-t-il pour lui-même, tu es grand. Il n’y a pas de monstre sous le lit. Et c’est ainsi que ses paupières se sont rejointes doucement, avec mille précautions et qu’il s’est raidi, attendant certainement une surprise ou une mauvaise blague. Un effroyable son se fit entendre et il sursauta, frissonnant de tout son corps sans oser ouvrir les yeux. Il n’était plus un morveux qui se tassait sous la couette. Il avait presque vingt ans ! Il serra les dents et ses yeux se fermèrent hermétiquement, lui qui aimait tant faire passer un liseré de lumière. Plus rien ne semblait pouvoir l’atteindre. La professeure bougeait, comme gravitait autour de lui. Il ignorait où elle était – derrière lui, évalua-t-il, en l’entendant parler : « Très bien. Maintenant, imagine toi seul dans cette bibliothèque, assis précisément sur cette chaise mais dans une décoration à l'opposé de la bibliothèque habituelle. Tu n'as qu'à imaginer quelque chose de chaleureux de plein d'entrain, du coup. Puis, imagine un tas d'objet à tes côtés, comme ta cravate ou ton encrier. Est-ce que tu les vois ? » Heloym s’efforça autant qu’il put, ses sourcils se fronçant comme toujours quand il était assujetti à la concentration. Son imagination guère foisonnante lui fit voir la bibliothèque de l’université Cambridge où il était allé avec ses parents, la seule fois où ils avaient rallié ensemble la capitale anglaise et ses environs. Son père y menait une conférence et on avait laissé Heloym aux bons soins de la bibliothécaire. Il se souvenait parfaitement des alcôves accueillantes, de l’endroit drôlement plus accueillant que la piètre bibliothèque de Poudlard, les tables en cercle au milieu des rangées et des énormes étagères. Il se souvenait aussi des échelles, sur lesquelles il s’amusait à monter en s’imaginant pirate ou explorateur. Sa mémoire d’enfant embellissait tout et, très vite, une cheminée (ô combien dangereuse dans une bibliothèque – mais le temps n’était pas à la logique) finit par rejoindre une alcôve et la bibliothécaire prit une face chaleureuse face un gamin hyperactif et trépignant qui ne pensait qu’à faire le pirate avec son perroquet. Un sourire se dessina sur ses lèvres, bien vite effacé par une moue sérieuse tandis qu’il hochait la tête.

« Et bien, c'est ça le non-être. C'est une dimension parallèle qui est invisible à nos yeux mais qui pourtant est juste là. Ta cravate, par exemple, se trouve sur cette table, juste à côté de tes livres. Cependant, elle est invisible à tes yeux, rangée dans un endroit qui se nomme le non-être. Tu peux faire apparaitre et disparaitre des objets de cette parallèle, mais tu ne peux les inventer. Est-ce que tu as compris, maintenant ? » L’exercice plut à Heloym qui se fit un petit plaisir en imaginant effectivement l’encrier et la cravate. Les deux items s’épanchaient sur la table à son côté, aussi distinctement que s’ils avaient été là. Un petit sourire sur le bord des lèvres, après avoir mille fois exploré mentalement sa mémoire, il se tourna vers son professeur en ouvrant les yeux. Elle avait l’air las, peut-être fatiguée ou affligée d’avoir un tel boulet comme élève. Air soucieux mais confiant. Elle ferma les yeux et, un plop ! plus tard, les deux objets apparurent sur la table. Les yeux du brun s’agrandirent et, d’une certaine manière, il oublia la présence son professeur de Métamorphose et il prit avec une méfiance manifeste sa cravate. Elle était là. Et l’encrier commençait à couler, un prisme qui retenait le liquide lui manquait et l’encre semblant se faire un malin plaisir à s’approcher des livres et des parchemins vierges. « Si ça ne t'embêtes pas, Heloym, je vais te demander une petite pause, je suis éreintée. » Heloym ferma les livres, rangea les parchemins avant que l’encre ne les atteigne, tout concentré à sa tâche. « Bien sûr, mademoiselle, prenez votre temps. » la rassura-t-il, sans lui accorder un regard et cherchant sa baguette avec angoisse. Finalement, sa main se referma dessus et il finit par marmonner un petit Reparo suivi d’un Recurvite informulé, presque naturel. Il ne restait que la moitié de l’encre et il soupira légèrement, vérifiant qu’il ne restait aucune trace sur la table. Il se tourna vers la jeune femme. « Donc, théoriquement, je peux faire apparaître un objet que je n’ai pas fait disparaître ? » La question était rhétorique et Heloym, soucieux. « Et c’est du vol, non ? » Puis, voyant qu’elle était vraiment fatiguée : « Je… désolé. Reposez-vous. Vous voulez que j’aille vous chercher un verre d’eau ? Ou que j’aille vous chercher un petit quelque chose en cuisine ? » Une réelle inquiétude l’avait submergé et un sourire sympathique s’invita sur ses lèvres. Serviable et intensément reconnaissant, une légère lueur amicale s’alluma dans son regard. Il avait réussi à incanter un Evanesco grâce à elle ! Il pouvait bien aller lui chercher des petits fours, ce n’était pas vraiment la mort. Comme si elle avait déjà répondu – ce qui n’était pas le cas – il bondit sur ses pieds et noua sa cravate autour de son cou avec empressement. Il se dépêcherait, lui rapportait un encas et ils pourraient reprendre la leçon. Une simplicité limpide. Il en fallait vraiment peu à Heloym pour être heureux.
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MessageSujet: Re: somehow you just don't belong and no one understands you. (dénérys)   somehow you just don't belong and no one understands you. (dénérys) EmptyMar 24 Avr - 13:32

    Il était étrange de voir que depuis qu'elle pratiquait la magie, l'excellence était le seul mot qui avait qualifié ses études et son engouement pour le travail. Consciencieuse, curieuse, vive et maline, elle n'avait jamais failli à un devoir et avait toujours obtenu les meilleures notes de sa promo - attirant les regards jaloux de ses autres camarades. Pour elle, la magie l'avait sauvé d'un père extrémiste et fasciste envers les sorciers et autres races ainsi que d'une vie sûrement mortelle - c'était le cas de le dire. C'était donc naturellement qu'elle s'était vouée à ses études en n'oubliant jamais la reconnaissance éternelle qu'elle avait pour Poudlard et ses professeurs. Ceci dit, à présent, elle avait l'impression que tout cela s'inversait et que la magie lui faisait plus de mal qu'autre chose. Dénérys ne se l'expliquait pas, c'était comme si tout d'un coup, la moindre magie sortant de ses lèvres pouvait la blesser intérieurement. Une fois, en cours avec les premières années, elle s'était même mise à saigner du nez après s'être transformée en lynx, afin de leur montrer le maître mot de la métamorphose. Pendant un instant, elle ferma les yeux et souffla, respirant doucement et tentant de calmer sa panique grandissante. La jeune femme se faisait forcément des films, comme toujours quand ça n'allait pas. Elle avait le don de paniquer pour rien quand ça concernait de près ou de loin la magie et ses attributs. Elle passa une main sur son visage et rouvrit les yeux. Heloym. Avec ce brusque mal de tête, elle avait presque oublié la présence de son élève particulier et se gifla intérieurement. Quel genre d'enseignante était-elle pour omettre la compagnie d'un étudiant aussi brillant qu'Heloym ? Idiote. Tout en inspirant le plus possible afin de donner le plus d'air possible à son cerveau, elle reporta son attention sur le Gryffondor. Il venait de dire quelque chose mais elle n'avait absolument pas entendu un mot de sa phrase. Elle se mordit la lèvre, espérant qu'il ne le remarque pas. Puis, elle observa ce qu'il était en train de fabriquer, elle remarqua qu'il arborait toujours cet air réfléchit et si sérieux quand il avait une idée en tête, c'est donc sans surprise qu'elle l'observa articuler un sort pour rattraper les dégâts qu'elle avait causé.
    En voulant jouer à la plus maline, Dénérys avait fait réapparaitre l'encrier mais n'avait pas fait attention à la façon dont il reviendrait. Si son élève n'avait pas été là, toute la table aurait été engloutit par une mer d'encre - façon de parler. Elle soupira, encore, lasse. Était-elle une si mauvaise pédagogue pour inverser les rôles et laisser le brun rattraper les bourdes qu'elle avait fait ? C'était pitoyable. Réellement.

    « Donc, théoriquement, je peux faire apparaître un objet que je n’ai pas fait disparaître ? ». Sous le coup de l'étonnement, elle dû se concentrer pour répéter sa question dans sa tête. Parlait-il encore du sort ? Question idiote. Bien sûr que oui. Alors qu'elle planait déjà à des milliers de kilomètres de leur cours particulier, lui était encore concentré sur la leçon de la journée. Il avait fière allure dans sa robe de sorcier qui lui allait bien mieux depuis qu'une once de confiance avait brillé dans ses iris sombres. « Et c’est du vol, non ? ». Et bien sûr, elle ne comprenait toujours pas de quoi il parlait, cherchant à se raccrocher à une phrase sur le vol qu'elle aurait pu dire, au bout d'un moment et qui aurait éveillé sa curiosité. En vain. Elle se contenta donc d'esquisser un faible sourire. Sa fatigue n'avait plus de limite et, encore une fois, elle passa une main sur son visage. Par Merlin, c'était encore pire que quand elle avait murmuré un petit 'lumos' en début d'année lors de sa ronde et qu'elle avait dû faire une bonne pause de cinq minutes dans un couloir pour reprendre ses esprits. Soit elle était stressée par rapport à son nouveau poste de professeur dans l'enceinte de l'établissement et n'osait donc plus faire appel à la magie, soit elle avait un problème. On aurait presque pu faire la comparaison avec une vieille dame sénior, qui avait passé l'âge de faire la magie - quoi qu'il n'y ait pas tellement d'âge pour pratiquer la magie. Elle reporta son attention sur Heloym et pu voir son inquiétude trahir ses traits. Visiblement, il avait comprit que ça n'allait pas du tout de son côté. Il faut dire, elle était aussi pâle qu'un détraqueur était sombre et pouvait être facilement confondue avec une malade enfuit de Sainte-Mangouste. « Je… désolé. Reposez-vous. Vous voulez que j’aille vous chercher un verre d’eau ? Ou que j’aille vous chercher un petit quelque chose en cuisine ? » Elle ne lui avait pas répondu qu'il était déjà sur le point de partir, comme montant sur son cheval blanc pour la secourir d'un énorme fardeau. L'image la fit vaguement sourire et en voyant le jeune homme remettre correctement sa cravate autour de son cou, Dénérys grimaça. Il était hors de question qu'Heloym parte jouer les vagabonds dans le château pour tenter de l'aider à reprendre ses esprits. Ça finirait par revenir et ce petit moment d'humiliation serait un lointain souvenir. Au moment même où il fit un demi-tour, elle ne put se retenir plus longtemps et lâcha un petit et faible : « Attends. » En règle général, elle s'interdisait de donner des ordres à autrui mais là, c'était insensé qu'il s'en aille crier 'Au loup' alors qu'elle allait parfaitement bien. Il fallait vraiment qu'elle se méninge ; qu'elle reprenne une vie saine, dans le sens de dormir et manger à des heures normales. En voyant l'air surpris de son élève, elle rajouta dans la précipitation : « Je t'assures, Heloym, je vais bien. Je suis juste un peu fatiguée. » Elle lui accorda un fin sourire, plus amicale qu'autre chose, tentant de le rassurer. La panique n'était jamais la meilleure solution dans ce genre de situation.

    Afin de lui changer les idées - et aussi les siennes, par la même occasion - la sorcière effectua un geste en tapotant de la main la place qui était juste à côté de la sienne, l'invitant donc à s'assoir près d'elle. Hésitant, elle le vit légèrement mal-à-l'aise et se remémora sa légendaire timidité. Avec une certaine nostalgie, touchante, elle se rappela de la première fois qu'elle lui proposa l'idée de prendre des cours en sa compagnie pour améliorer son niveau en métamorphose mais aussi pour le faire aimer cette matière, le pauvre s'était mit dans tous ses états et Dénérys comprit donc qu'elle avait à faire avec un garçon reclus et replié sur soi-même, manquant cruellement d'une confiance qui pourrait l'aider à devenir plus brillant qu'il ne l'est déjà. Au bout d'un moment, il finit sûrement par se sentir obligé - ou il eut tout simplement pitié de son professeur - et il s'assit sur le même petit banc en bois qu'elle, à quelques mètres d'elle, cependant. La jeune femme se retourna vers lui et lâcha un soupir. Elle avait beau l'avoir en cours depuis quelques semaines, elle ne connaissait absolument rien de lui. Elle ignorait jusqu'à savoir s'il avait des petits copains dans l'école. Curieuse mais avisée, elle se lança, poussée par le besoin d'en savoir un peu plus à son sujet : « Alors, Heloym, si on en profitait pour se connaître un peu plus, toi et moi ? » En le voyant rougir et en s’apercevant des sous-entendus qu'il aurait pu penser à l'écoute de cette phrase, elle se reprit directement après. « Enfin... Tu es mon élève et je suis curieuse d'en savoir un peu plus sur toi. ». Elle lui offrit un sourire éclatant, dévoilant ses dents blanches et alignées. Doucement, elle se colla contre le petit accoudoir qu'il y avait derrière elle et se tourna, donc, légèrement vers lui, se mettant face à son interlocuteur. Beaucoup plus pratique pour converser. Visiblement, de son côté, il ne semblait pas désireux de commencer à se dévoiler. Elle tenta donc de le mettre en confiance en commençant à parler ; « Tu sais, quand j'étais à Poudlard, je n'avais pas beaucoup d'amis, dit-elle alors que son regard se perdait vers le lac qu'on voyait à travers la fenêtre. J'étais ignorée parce que j'étais en surpoids donc j'ai souvent été seule, à rester dans mon coin, à étudier pour obtenir les meilleures notes. Et puis... Quand la solitude m'oppressait, j'allais nager dans le lac. Je savais que c'était proscrit et c'est ce que j'aimais. En nageant, je me retrouvais, j'arrivais à... Faire le vide et à rester positive. Le lac peut être d'un grand conseil si tu as besoin de réfléchir ou.. D'un ami. » Vu comme elle l'avait dit, ça pouvait paraitre totalement stupide. Mais pourtant, c'était ce qu'elle ressentait, c'était son passé et ses anciennes blessures qui remontaient, certes, à loin mais qui pouvaient se montrer cinglantes parfois. Elle n'était pas sûre que le jeune homme ait réellement comprit le sens de ses paroles, à savoir qu'elle n'était pas si différente de lui à son âge, qu'elle le comprenait donc d'une certaine manière et qu'il ne devait pas avoir honte de qui il était, ni de l'endroit où il venait. C'était son passé, son histoire qui avait fait de lui ce qu'il était. La brunette lui jeta un vif coup d’œil et lui aussi, regardait le lac, pensif.


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MessageSujet: Re: somehow you just don't belong and no one understands you. (dénérys)   somehow you just don't belong and no one understands you. (dénérys) EmptyJeu 26 Avr - 16:30

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Heloym, lancé dans sa quête de courage, se faisait un sang d'encre. Au lieu d'avoir une ribambelle de couleur sur les joues, sa professeur revêtait un teint de craie, pâle et aussi rassurante qu'un linge. Heloym était déjà en train de, mentalement, préparer le chemin le plus rapide pour trouver les cuisines. Comme la plupart des élèves, il n'y était jamais allé mais, d'après ce qu'il en avait entendu, c'était un endroit sympathique bondé d'elfes. Rien que pour cela, le blason rouge était moyennement chaud pour y aller. En plus de le gêner atrocement, ces elfes dont il avait appris l'existence que très tard lui semblaient sortis d'une autre ère. Un peu comme celle qui avait sévi chez les moldus, les siens : cette histoire d'esclavage à laquelle, en toute honnêteté, le brun n'avait jamais rien compris. Le fait même d'être sous le joug d'un responsable et maître lui semblait juste terrible et impensable, pour ce garçon pétri de bonnes attentions et de, il fallait bien l'avouer, d'une bienveillance légèrement morbide. Après tout, sauver quelconque d'une mauvaise chute dans un escalier était trop subtil pour le reste du monde : ainsi l'image de freaket de dérangé lui collait à la peau. Au fond, cela ne le dérangeait pas. Dans ses rêves les plus fous, il reprenait le masque d'un héros torturé, incompris et rejeté par ses pairs. Ce masque lui allait comme un gant. Heloym se doutait bien que la brunette n'allait pas mourir dans deux minutes d'anémie mais mieux valait prévenir que guérir ; sauf que la jeune femme en question ne semblait pas l'entendre de cette manière. Il avait à peine fait un pas en direction de la sortie de la bibliothèque que, déjà, elle l'interpellait : « Attends. » L'ordre, dont le jeune homme ne songea même pas à se formaliser, fut murmuré et très vite respecté : il se figea, tournant une moue soucieuse vers l'ancienne Serdaigle. Elle semblait vouloir le rassurer mais lui ne voulait que remarquer son teint d'opale, si pâle qu'il commençait sérieusement à se demander si il allait avoir l'extrême honneur de voir ses os en transparence. Il se mordit la lèvre inférieure avec douceur, songeant à ne pas l'écouter et partir lui chercher un peu de sucre de force et songeant à l'écouter et se plier obligeamment à son ordre. Elle le rassura à moitié en essayant maladroitement de le rassurer : « Je t'assure, Heloym, je vais bien. Je suis juste un peu fatiguée. » Il ne semblait toujours pas convaincu. Encore déchiré, il se tourna vers l'allée principale de la bibliothèque, étant sur le point de s'y engager quand elle tapota une place à côté d'elle, sympathique et amicale. Il hésita un peu – timide comme pas deux – mais se laissa tenter en conservant une moue peu rassurée, s'asseyant avec mille précautions sur le rebord de la fenêtre et en faisant face à leur table. Il n'osait pas croiser son regard, un peu apeuré de cette proximité et aussi du fait de « l'abandonner » à sa fatigue. Il arriva même à se persuader qu'il aurait dû insister et partir sans l'écouter lui chercher à manger. Mordillement de lèvre nerveux.

« Alors, Heloym, si on en profitait pour se connaître un peu plus, toi et moi ? » Sur les joues du jeune garçon naquirent des nuages magenta, signe de sa gêne à se dévoiler et sa honte à n'avoir rien de spécial à dire. Il aimait beaucoup cette professeur et il fallait dire que, en cet instant précis, on pouvait considérer leur relation comme atypique. Sympathiser avec son élève, sympathiser avec son professeur... D'autant plus que le certain appétit que la jeune femme avait pour les hommes (les vagues avaient été faites par des psychologues de boulevards, jeunes étudiants bourrés d'hormones persuadés de tout connaître à la vie et qui prenaient des chandelles pour des étoiles, des regards pour des pulsions) pouvait porter à confusion. Il se tourna vers elle, mal à l'aise comme pas deux, gigotant un peu avant de retourner à sa contemplation du carrelage froid de l'antre du silence. Ses mains s'étaient accrochées au rebord sur lequel il était assis, ses jambes battaient une mesure nerveuse et mécanique et il finit par s'asseoir en tailleur, incapable de rester immobile. Toujours gêné, encore plus même avec le petit silence désormais installé. « Enfin... Tu es mon élève et je suis curieuse d'en savoir un peu plus sur toi. » Il soupira imperceptiblement, un peu rassuré de la teneur de sa précédente phrase. Toujours peu à l'aise, il croisa les bras et colla son front contre la vitre, distinguant le lac au loin dont les remous indiquaient la présence du calmar tant redouté. Il ne savait pas par où commencer, ce qu'elle voulait savoir en particulier. Il tourna le regard vers elle, sans changer de position, et leurs regards s'accrochèrent. Elle sourit largement mais il se sentait de marbre, triste comme une tombe, aussi loquace qu'une chaussette devant ce sourire. Devant cette femme. Devant quiconque. « Tu sais, quand j'étais à Poudlard, je n'avais pas beaucoup d'amis. J'étais ignorée parce que j'étais en surpoids donc j'ai souvent été seule, à rester dans mon coin, à étudier pour obtenir les meilleures notes. Et puis... Quand la solitude m'oppressait, j'allais nager dans le lac. Je savais que c'était proscrit et c'est ce que j'aimais. En nageant, je me retrouvais, j'arrivais à... Faire le vide et à rester positive. Le lac peut être d'un grand conseil si tu as besoin de réfléchir ou.. D'un ami. » Il ne savait pas trop quoi répondre. En plus d'être un bien piètre nageur – en réalité, il ne se rappelait pas déjà avoir côtoyé une profondeur plus intense que celle de sa salle de bains de Manchester –, Heloym était aussi un grand négatif-positif d'habitude. Si un jour il pouvait se montrer aussi mélancolique que possible, le lendemain il pouvait chanter les louanges de la vie et de sa fragilité nécessaire pour lui donner goût. Il se savait plutôt lunatique mais, somme tout, n'avait aucune idée d'à quel point il était paradoxal.

Il regarda le lac un instant, toujours plongé dans une réflexion profonde sur le sens des paroles de son professeur. Finalement, il osa un regard vers elle, un petit œil timide rempli d'appréhension et d'une surprise sans fonds ni combles. Il détailla longuement son professeur, s'attardant sans même en prendre conscience sur le ventre parfaitement plat de la jeune femme. Il ignorait si ce qu'elle venait de dire était vrai et, honnêtement, il en doutait un peu. Et puis, si ça se trouvait, elle ne souhaitait que le rassurer... Plus fort que les fois précédentes, il se mordit la lèvre et planta ses yeux sombres dans ceux, nuancés, de miss Grenderwolf. « C'est... gentil de dire ça. » Non, ça ne l'était pas. « Enfin, je veux dire, c'est rassurant ! » s'empressa-t-il de se corriger, espérant ne pas la vexer ou quoi que ce soit. Heloym obéissait, en fait, à une seule règle : la psychologie des autres est compliquée. Les autres sont susceptibles, égoïstes, fiers, rancuniers, bref, autant de qualités et de défauts que chaque personne normalement constituée. Sauf que le brun extrapolait un peu cette seule règle et, parfois, il prenait des mesures démesurées pour parler à quelqu'un. Il était persuadé que, en un mot de travers, ce semblant de complicité qui naissait entre lui et la jeune femme pourrait être réduit à néant et ce, éternellement. Un peu paranoïaque sur les bords ? A qui le dites-vous. « Sauf que, vous voyez, moi, je n'ai pas beaucoup d'amis. Je crois même que, tous comptes faits, je n'en ai pas. » Il haussa les épaules, comme s'il n'en avait rien à faire. A vrai dire, la chose commençait à devenir un peu embêtant. Il s'ennuyait. Et puis des gens chaleureux – les lions d'or – l'entouraient, prêts à faire des sorties à Pré-au-Lard, des piques-niques improbables, des idioties adolescentes et j'en passe. Lui n'avait que ses bouquins. Ses bouquins, et son carnet. « Sauf que vous étiez une bonne élève, mademoiselle. Je.. je crains ne pas être si brillant. Moi, je suis juste un terrible sorcier, un terrible homme et, enfin, un bien terrible fils. » L'étau de la culpabilité lui enserra la gorge mais, comme à son habitude, il le repoussa. « Et ne vous inquiétez pas, je vous en prie. J'ai tout le loisir de réfléchir, seul. » Il se força à sourire doucement, rassurant, en oubliant la note d'amertume qui avait agrémenté sa phrase. Il serra un peu ses bras croisés contre son torse, frissonnant de froid avec légèreté avant de reposer son front contre la vitre fraîche. « Je ne suis pas très bon pour parler de moi. Je suis absolument désolé. » avoua-t-il, un sourire contrit étirant son visage tourné vers le couchant, les yeux profondément ancrés sur le lac et sa surface lisse et calme.

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