Cette histoire aurait pu commencer dans une petite chaumière, au coin du feu par un hiver glacial et pourtant il n’en fut rien. Dix-neuf ans plus tôt, le fils d’Augustus Rookwood lui-même, eut la joie d’apprendre qu’il n’aurait pas un mais deux descendants, des jumeaux. Que demander de mieux lorsque l’on avait déjà tout ce que l’on désirait et que l’argent coulait à flot comme une rivière intarissable ? Pourtant, comme dans de nombreuses histoires, un évènement inattendu arrive toujours au mauvais moment pour mettre fin à ces petits rêves ridicules de famille parfaite. Alors que la grossesse se déroulait pour le mieux, le couple Rookwood apprit que l’un des deux jumeaux se développait plus rapidement que l’autre, drainant les forces de sa jumelle qui elle se contentait de survivre, victime du cannibalisme inconscient de son frère qui semblait déjà bien décidé à vivre. Malgré ce détail très étrange mais assez courant dans ce genre de grossesse, surtout du côté des Rookwood, les jumeaux naquirent sans problème et en bonne santé. Isaac arriva le premier, bien plus grand et énergique que sa soeur, poussant ses premiers cris dans cette grande et belle maison de White Chapel. Le fils prodige était né. Cependant, malgré la bonne santé des deux bébés, un détail important fut porté à la connaissance des parents au sang pur : leur fille ne semblait pas réceptive à la magie, contrairement à son jumeau. Une Cracmol chez les Rookwood ? Impossible ! Leur lignée était une des plus pures et en aucun cas une telle ‘abomination’ n’aurait pu être tolérée, surtout par le père qui portait en son cœur les valeurs qu’Augustus et de ses pairs. Bien trop jeune  lorsque tout se déroula, Isaac perdit alors sa sœur jumelle, abandonnée et oubliée comme un simple mauvais rêve. Il fut ainsi élevé en étant certain qu'il était fils unique, la petite merveille de ses parents.




Déjà tout jeune, Isaac comprit qu'il pouvait absolument tout avoir. Riche, charismatique et manipulateur comme son père et son grand-père, il n'était pas bien compliqué d'obtenir ce qu'il désirait et cela, quelque en fut la demande et sa complexité. Capricieux, il n'était pas rare de le voir s'isoler dans sa chambre, remplie de multiples objets aussi inutiles les uns que les autres, mais aussi de livres en tout genre. Bien qu'il fut un enfant choyé et mis en avant par ses parents et le reste de sa famille, le jeune homme ne pouvait exprimer le vide qu'il ressentait, comme si une partie de son être manquait au puzzle qu'était sa vie. Pas question de montrer cette 'faiblesse' pour autant. Isaac avait été élevé selon les anciennes règles, suivant le code des sorciers de son rang et n'avait en aucune façon le droit de se montrer faible ou préoccupé par quelques pensées inutiles, dignes des Moldus. Il finit par s'endurcir, devenant aussi froid et pervers que son ancêtre qu'il admirait depuis toujours. La jolie tête blonde abritait désormais un esprit torturé, prêt à tout pour avoir sa place sur la plus haute marche du podium. Une partie de lui se concentrait sur l'apprentissage de la magie et du contrôle de son esprit, alors que l'autre mettait en place un charisme lui permettant d'attirer les faveurs d'un maximum de personnes... car oui, pour arriver en haut, encore faut-il avoir une base solide.




Ainsi préparé dès son plus jeune âge à rejoindre l'école des sorciers, Isaac ne fut pas vraiment surpris par tout le déroulement de sa première année. Les achats de fournitures scolaires se passèrent le plus simplement du monde - à part peut-être lorsqu'il dut user de son tempérament capricieux pour obtenir son animal de compagnie, à savoir un chat fier et gracieux qu'un autre jeune sorcier désirait acquérir. Personne ne dit non à un Rookwood, surtout pas un simple commerçant. Le trajet jusqu'à l'école fut également assez tranquille et Isaac y rencontra la plupart de ses futurs amis de chambrée, mais aucun accident notable ne fut à déplorer. Impatient, le jumeau solitaire songeait déjà au moment où le choixpeau énoncerait ce mot qu'il attendait tant, ce terme qui berçait ses oreilles depuis sa naissance : Serpentard. Là encore, aucune surprise, le choixpeau fit son choix dans la demi-seconde où il fut poser sur sa chevelure bouclée, déclenchant un sourire sadique sur le visage du concerné. Enfin, il était l'un des leurs. Apprenant  auprès de ses aînés, Isaac se fit une place dans cette maison connue pour l'agressivité de certains de ses membres. Élève doué et sérieux, il demeura cependant secret sur tout ce qu'il pouvait se tramer dans son esprit comme il avait l'habitude de le faire depuis toujours auprès de ses parents. Compensant avec de la nourriture lorsque tout le monde était endormi, il n'était pas rare de trouver Isaac en pleine crise de boulimie, la tête remplie d'images sombres et insensées. Afin de mettre de l'ordre dans sa tête, le Serpentard décida de faire souffrir les autres élèves - choisissant les esprits les plus faibles - en les menaçant et en les humiliant ouvertement parfois au côté de ses camarades, mais aussi et surtout lorsqu'il était seul face à sa victime. Trop terrifiées par les menaces du beau sadique, ses victimes n'osaient pas aller se plaindre auprès de leurs professeurs... mais personne n'était dupe et le corps enseignant se doutait bien qu'une fois encore les Serpentards menaçaient la tranquillité des autres résidents. Pas de preuve, pas de faute. Pas de faute, pas de sanction. De plus, pourquoi les professeurs iraient-ils chercher des poux à un élève aussi studieux? Les élèves devaient apprendre à s'endurcir afin de pouvoir, plus tard, se faire une place dans le monde de la magie. Un peu de bizutage ne pouvait pas leur faire de mal, n'est-il pas?




Les années ont passé et désormais Isaac fait partie des habitués. Toujours travailleur, les études ne semblent pas lui poser de souci. Il n'est d'ailleurs pas rare de le croiser dans les allées de la bibliothèque tel un de ces égoïstes de Serdaigles que l'on croirait confinés dans cette pièce pleine d'ouvrages anciens. Les petits nouveaux pourraient le considérer comme quelqu'un de calme et sérieux, mais tout le monde sait que le petit ange porte deux belles cornes sur sa tête. En effet, bien qu'il soit un élève studieux, Isaac prend toujours autant de plaisir à martyriser les autres, s'entraînant par la même occasion à utiliser de nouveaux sorts. Depuis quelques temps, il semble également se rapprocher du statut d'Occlumens et parvient de mieux en mieux à cacher ses pensées, les enfermant dans une boîte mentale bien gardée.

Et pourtant, oui pourtant, cette année semble différente des précédentes. Le jeune homme violent et manipulateur, que Poudlard connait si bien, semble soudain doué de sentiments envers quelqu'un d'autre que sa petite personne. Elle, si belle, si indépendante et à la peau si douce. On la croirait tout droit sortie d'un rêve avec ses longs cheveux châtains et ses lèvres qu'il aimerait embrasser de jour comme de nuit. Elle, c'est une jeune Serdaigle de son âge : Lisbeth Snow. Leur première réelle discussion fut plutôt électrique, il faut bien l'avouer, car les deux adolescents semblent tous deux dotés d'un caractère aussi puissant que désagréable. Qu'il a pu la haïr! Oh oui il aurait voulu lui faire du mal pour qu'elle cesse de jouer les petites princesses intouchables et qu'elle cesse ses remarques acides. Et pourtant, sans vraiment savoir pourquoi, sa présence semble lui apporter du réconfort. Une main caressant sa joue froide et rosée alors qu'elle le menace de le frapper, un baiser sur son front alors qu'elle pleure après avoir fait une crise dans la cuisine comme Isaac le faisait également si souvent, le contact de sa bouche brûlante contre la sienne alors qu'il la plaque contre le mur et ballade ses mains sur ses hanches et ses cuisses avec une passion dévorante... comment pourrait-il résister à tout ceci?

Il ne peut se contenter de la séduire, il faut qu'il la possède. Jaloux et agressif, il n'est pas rare qu'Isaac se montre violent pour affirmer son 'territoire' mais aussi pour faire plier Lisbeth à sa volonté. L'un comme l'autre sont attirés tels des aimants sans savoir pourquoi mais peu importe. Le cœur a ses raisons que la raison ignore. Elle est la pièce manquante, celle qui comble le vide dans sa tête et son corps tout entier, l'âme recherchée depuis si longtemps, comme ayant répondu à sa complainte, à son esprit ampli de solitude. Rien ne pourrait stopper Isaac dans son désir de posséder la belle Serdaigle.

A part peut-être le fait d'apprendre qu'elle soit sa sœur jumelle...?