« Maman ? Tu es là ? »Ben ouvrit un peu plus la porte d'entrée en bois pour laisser Grace - sa fiancée- entrer dans la maison. Il tendait l'oreille, à la recherche d'une réponse, d'un bruit, qui montrerait que sa mère était dans une des pièces à côté du hall. Rien. Après avoir regardé brièvement Grace en haussant les sourcils, il déposa les deux valises qu'il portait dans un coin et fit signe à la jeune fille de le suivre. Instinctivement, il se dirigea vers le salon. En effet, Mary-Anne était là, endormie sur le canapé bleu. A en juger par la bouteille d'alcool vidée aux trois quarts sur la table basse, elle était ivre. Une fois de plus. Devant la situation, Ben en oublia Grace qui était restée en arrière, et remarqua une lettre visiblement tombée de la table. Il l'ouvrit et la survola. D'un ton agacé, il ajouta :
« Maman putain, t'as vu qu'il y a une lettre d'Audric ? Il te l'a envoyée il y a deux semaines. Deux semaines ! Ca fait combien de temps que t'es allongée là ? » Il s'adressa à sa fiancée
« Désolé, je m'attendais pas à ça. Je pensais que la situation s'était arrangée ici, il faut croire que non. Bon, allez viens, je te montre la chambre. Tu pourras installer nos affaires ? Il faut que je réponde au parchemin. Mon frère a dû s'inquiéter. »[/b]
Après avoir monté les valises, il redescendit, pris un papier et de quoi écrire, et commença.
« Salut Audric, c'est Ben. Grace et moi venons d'arriver à la maison, on a trouvé Maman étalée sur le canapé, avec plusieurs grammes d'alcool dans le sang. Je comprends vraiment pas, on a pourtant parlé de notre venue en janvier et vous m'aviez dit que Maman allait mieux, qu'elle avait arrêté. Ca fait un bout de temps mais quand même ! Enfin bon, je te réponds pour pas trop que tu t'inquiètes. J'espère que tu arrives quand même à t'amuser à Poudlard. On pense à toi. Du moins JE pense à toi. J'ai hâte de te revoir, tes vacances sont bientôt non ? Tu peux me répondre ici, Grace et moi restons trois semaines normalement. A bientôt, Ben. »____________
C'est au petit-déjeuner qu'un hibou laissa tomber sur Audric la lettre que lui avait envoyé sont frère. Il préférait ne pas l'ouvrir ici, comme la plupart des élèves le faisaient. Si elle venait de chez lui, la lettre ne devait pas être très joyeuse. Il fallait mieux qu'il la lise tranquillement, quand il aurait du temps libre.
Il déplia le parchemin dix-sept heures. Les cours étaient terminés et les autres profitaient du soleil dans le Parc. Audric se faufila dans son dortoir, se jeta sur son lit et commença à lire. Ces mots le firent sourirent. L'innocence de son frère l'épatait. Ce dernier semblait surpris de voir que leur mère n'allait pas mieux. Forcément, lui avait choisi de partir de la maison familiale un an et demi auparavant. Il était loin de tous les problèmes et se la coulait douce avec Grace, à une cinquantaine de kilomètres de la maison familiale. Audric soupira, froissa le papier avec haine et le jeta contre le mur d'en face. Et puis il repense à sa vie ses dernières année. Son enfance avait été parfaite. Son frère et lui étaient plus complices que quiconque et l'absence d'un père ne leur faisait pas défaut. Leur mère se saignait aux quatre veines pour eux et travaillait toute la journée pour avoir de quoi leur offrir une belle vie. Audric entrait à Poudlard quand Ben en sortait, il fut admis chez les Poufsouffle, se fit rapidement des amis avec lesquels il parlait de leurs vies respectives. Il était un élève intéressé et apprenait vite. Ce qu'il préférait, c'était le cours de Potions. Il se rendait tous les jours un peu plus compte qu'il était heureux d'être un sorcier. Il remerciait le Ciel de lui avoir donné une mère sorcière et ne regrettait pas de ne jamais avoir connu son père, un moldu sans grand intérêt. Ses premières histoires d'amour eurent lieu entre les murs en pierre de l'Ecole de Magie. Il adorait sortir à Pré-Au-Lard, boire une Bièraubeurre, manger les friandises d'Honey Dukes, courir dans les escaliers qui « n'en font qu'à leur tête ». Mais ce qu'il aimait par dessus tout, c'était envoyer des lettres à sa mère pour lui raconter tout ce qu'il faisait. Il l'imaginait sourire en lisant ses mots, assise dans le canapé bleu, juste en arrivant du travail. Pendant les vacances entre sa deuxième et sa troisième année, Ben leur annonça qu'il comptait aller vivre avec sa copine, une fille qu'il avait renconrée à Poudlard. Mary-Anne l'avait déjà croisée à la Gare de Londres et elle avait totalement confiance en son fils aîné. Elle le laissa partir dans râler, disant simplement qu'il allait lui manquer. Audric ressentit un pincement au coeur en voyant celui avec qui il avait grandit changer de logement, mais il était avant tout heureux pour lui. Il méritait le meilleur.
En septembre, le cadet retourna à Poudlard. Il écrivait à sa mère régulièrement, mais celle-ci répondait par des lettres de plus en plus courtes. Bientôt, elle lui dit qu'elle arrêtait son travail à Sainte Mangouste, qu'elle était trop fatiguée, trop seule. Elle se mit à boire. D'après Ben, elle buvait aussi avant, mais au moins il était là pour la calmer. Ils n'en avaient jamais parlé à Audric parce que selon eux, cela ne servirait à rien sachant qu'il vivait la majeure partie de l'année à l'Ecole et qu'il ne pourrait donc rien faire. Audric tomba des nues. Lui qui pensait que sa vie de famille était parfaite venait d'apprendre que sa mère, femme qu'il admirait tant, avait des problèmes d'alcool. Il resta donc très énervé contre Ben, bien qu'il ne puisse s'empêcher d'être cordial avec lui. Il savait bien que s'il se mettait son frère à dos, il n'aurait plus personne. La situation de leur mère s'aggravait peu à peu chaque semaine. Des fois, elle ne répondait pas aux parchemins d'Audric pendant des jours puis envoyait de courtes excuses disant la même chose, qu'elle était épuisée, qu'elle ne trouvait pas le temps de lui écrire.
La famille était la base d'une situation psychologique stable, Audric commença à dérailler. Il travaillait toujours, certes, mais ses amis et leurs vies trop jolies le répugnaient. Il les laissa de côté et fréquentait les bad boys de Poudlard. Ceux qui boivent (pas trop quand même), ceux qui fument (beaucoup) voire même ceux qui se droguent. Sur ce dernier point, Audric savait qu'il ne fallait pas trop tomber dedans. Il ne voulait pas perdre ses facultés cérébrales et encore moins finir comme sa mère, soit être un déchet incapable de sortir ou de faire autre chose que de se rendre plus accro. Cependant, il n'allait pas de main morte sur les cigarettes. Avant d'avoir essayé, il ne croyait pas ceux qui disaient que les clopes étaient "leur béquille". C'était les sous-estimer. Son regard avant si insouscient était maintenant souillé par les nuits blanches. Audric n'était plus le Poufsouffle souriant et détendu qu'il était autrefois.
Il est aujourd'hui à la veille de sa quatrième année, fume, n'attire pas les bons élèves et a besoin d'une chose : de nouvelles têtes. De nouveaux amis. Des gens qui le feraient sortir de ses réflexions sans fin qui le plongent dans le désespoir. Il a besoin de personnes à qui il pourrait s'accrocher. Une deuxième famille.