L'océan. Le bruit des vagues, le chant des mouettes, la douceur du sable. Tout cela a marqué ton enfance et a rythmé tes nuits. Tu es né à Glasgow, plus grande ville d'Ecosse, et pourtant, ton cœur a toujours appartenu à l'océan. Tu l'as découvert à quatre ans, lorsque tes parents ont fait l'acquisition de cette grande villa isolée au bord de mer, et tu en es immédiatement tombé amoureux. Depuis, lorsque tu vas mal, tu t'imagines au milieu des vagues, te laissant submerger. Tu t'imagines, seul sur la plage, perché sur une dune de sable, à regarder la mer, une mouette volant au dessus de toi. Tu t'imagines, bercé par le bruit de l'eau le soir dans ton lit, et immédiatement tu te sens mieux. Et tu te souviens de toutes ces soirées passées seul sur la plage. De cette soirée en particulier, où tu as rencontré Opale.

« Salut ! » Atlance bondit sur ses pieds. Il n'avait pas le droit d'être là. Il n'avait que six ans. Six ans, et pourtant, après avoir compris qu'il ne trouverait pas le sommeil, il n'avait pas hésité un instant à sauter par la fenêtre de sa chambre pour rejoindre la plage. Toutefois, si ses parents le découvraient là, il ne doutait pas de recevoir la raclée de sa vie, et il sursautait donc au moindre bruit. Quelle ne fut sa frayeur à l'entente de cette voix dans son dos. Pourtant, quand il se retourna, il ne découvrit qu'une petite fille blonde qui semblait avoir son âge. « Je t'ai fait peur ? Je suis désolée, je voulais pas ! C'est drôle que tu sois sur la plage à cette heure-là ! » Atlance ne répondit rien, et se rassit dans le sable. La fillette prit aussitôt place à ses côtés. « Ben alors, t'as perdu ta langue ? » Le garçon, désireux de retrouver sa solitude, hésita un instant, avant de juger que ne pas répondre serait considéré comme de l'impolitesse. « Non. » Oui, bon, il y avait plus développé comme réponse. « J'ai pas le droit d'être là. J'ai sauté de la fenêtre de ma chambre parce que j'arrivais pas à dormir. » Il ne savait absolument pas pourquoi, mais c'était la première chose qui était sorti. Sans doute pour l'informer de l'illégalité de sa situation. Quoiqu'il en soit, à ces mots, la petite fille éclata de rire. « C'est vrai ? Moi aussi ! » Atlance se tourna vers elle, étonné, avant de rire lui aussi, tout de suite plus enclin à engager la discussion. Une fois leurs rires calmés, les deux enfants commencèrent à parler. Atlance apprit ainsi que la fillette s'appelait Opale et qu'elle avait effectivement son âge. Contrairement à lui cependant, elle vivait à l'année non loin de cette plage, dans une petite maison de pêcheurs avec pour seule compagnie son père, et un chat. Avec cette innocence qu'ont les enfants, elle lui parla sans gêne de sa mère, morte quelques mois après sa naissance, et puis de sa vie ici. Du petit bateau de pêche de son père grâce auquel il gagnait sa vie, de son école, où elle allait depuis le début de l'année, à plusieurs kilomètres de là. Elle le fit rêver avec le récit de ses aventures au bord de l'eau, et elle raconta tout cela si bien qu'il eut envie à son tour de vivre là, dans une petite maison de pêcheur avec pour seule compagnie son père et un chat. Puis ce fut à lui de lui faire découvrir la vie de citadin, les grandes boulevards et le bitume brûlant sous le soleil d'été. Il lui parla de sa maison à Glasgow, de la naissance de sa petite sœur, deux ans plus tôt, et du travail d'avocat de son père, qui leur avait permis d'acheter cette villa de vacances. Puis, il lui parla de sa première rencontre avec l'océan. De cette sensation vertigineuse qu'il avait ressenti, de cet amour profond qui s'était créé entre lui et le grand bleu. Et pour la première fois, il sentit qu'on le comprenait, vraiment.

A quatre heures du matin, Atlance se réveilla. Il était toujours sur la plage, allongé dans le sable, et la première chose qu'il remarqua, c'est qu'il était seul. Son cœur s'emballa. Elle était partie ? Pourtant, il n'eut pas le temps de se sentir triste qu'il remarqua, à l'endroit même où elle s'était allongée quelques heures plus tôt, deux mots tracés dans le sable, comme une promesse, encore intacts. "A bientôt." Un large sourire fleurit alors sur ses lèvres, et le cœur léger, il se leva et courut vers la villa. Là, il se glisserait sans bruit dans sa chambre pour reprendre sa place sous ses couvertures, tandis que sur la plage, la promesse d'Opale serait finalement effacée par la brise qui disperserait les grains de sable ...

▽▽▽▽▽▽

« C'est du délire ! » Richard Blackwood faisait les cent pas dans son salon. Sa femme, Miranda, un demi-sourire aux lèvres, était assise sur le canapé, la jeune Zoey assise sur ses genoux. Quand à Atlance, il observait cette scène de famille d'un air exaspéré. « Mais tu l'as entendu comme moi, Papa ! Tu as bien vu ce qu'il a fait avec sa ... baguette ! Et puis, toi qui t'est toujours inquiété pour moi à cause de toutes ces choses étranges que je provoquais ! Tu devrais être rassuré, non ? » Richard s'arrêta un instant devant son fils, comme pour dire quelque chose, avant de reprendre sa marche à travers le salon d'un air furieux. « Non, non, et non ! Ce ne sont que des sottises ! Des... Des balivernes ! C'est ridicule, voyons, Atlance, tu as onze ans ! Tu ne peux pas croire à ces bêtises ! Miranda, aide-moi ! » Atlance lança un regard suppliant à sa mère. C'était fou comme son père pouvait se montrer borné ! A cet instant, il le détestait. « Richard, voyons ... » « Ah, toi aussi tu y crois ! Toi aussi tu as sombré dans cette folie ! Mais il vous a tous envouté, ou quoi ? » s'exclame le patriarche de la famille en faisant de grands gestes des bras, signe de sa colère. A cet instant, Atlance s'avance vers lui, et sans qu'il s'en doute un instant, les deux hommes de la famille Blackwood se ressemblent étrangement dans leur fureur. « Papa ! Arrête ! Pourquoi tu ne veux pas admettre la vérité ? C'est incroyable, mais tu ne peux plus douter maintenant, pas après tout ce que cet homme nous a montré ! Qu'est-ce que tu veux ? Me priver de ce que je suis ? Tu n'en as pas le droit ! De toute façon, à chaque fois qu'il m'arrive quelque chose de bien, tu t'y opposes ! J'en ai marre ! Mais c'est ma vie, et cette fois-ci, c'est à moi de décider ! Je veux y aller, dans cette école ! Que tu sois d'accord ou pas ! » Et sur ces mots, Atlance tourna les talons pour aller se réfugier dans sa chambre.

Il n'en sortit pas de la journée. A midi, en ne le voyant pas descendre, sa mère lui apporta une assiette où s'empilait plusieurs sandwichs qu'il dévora en un instant. Puis il s'enferma de nouveau, seul. Allongé sur son lit, il réfléchissait à tout ce qu'il avait appris depuis hier. Tout ce qui avait changé dans sa vie. Il rêvait déjà de Poudlard, cette école magique, au dessus de toutes ses espérances. Lui qui avait toujours aimé lire, voilà qu'il se retrouvait lui-même propulsé, en une petite journée, dans l'un de ces mondes qu'il aimait tant découvrir dans ses lectures. Il n'avait qu'une hâte, aller à Poudlard, et l'idée qu'il lui fallut attendre encore un mois lui semblait insupportable. Il rêvait donc de ce monde dont, hier encore, il ignorait l'existence, quand trois petits coups se firent entendre, ainsi qu'une voix. « C'est moi, Zo'. J'ai de quoi manger. » Atlance hésita un instant, mais il mourrait de fin. Et puis, c'était sa sœur. Il sauta alors de son lit pour aller ouvrir la porte, et la petite fille entra dans sa chambre, une assiette de nourriture à la main. Lance s'en empara aussitôt, et se laissa tomber sur son lit pour commencer à manger. Finalement, au bout de quelques minutes, Zoey l'interrompit, et déclara, d'un air de conspiratrice. « J'ai des informations. » Atlance s'arrêta de manger, à la fois intrigué et amusé. Se prenait-elle pour une espionne ? « Ben vas-y. Raconte. » La fillette fit mine d'hésiter un instant. « Seulement si tu me passes l'une de tes fraises ! » Atlance contempla avec dépit les trois petits fruits rouges posés sur le bord de son assiette, avant de soupirer. « Espèce de peste ! Pfff... Sers-toi. » Sa sœur ne se fit pas prier, et goba la fraise, avant de se mettre à parler. « Papa et Maman ont discuté toute la journée. Au début, Papa criait, et puis, après le repas, il s'est calmé. J'ai bien vu qu'ils ne voulaient pas que j'entende mais ... J'ai écouté quand même ! » déclara-t-elle toute fière. Atlance l'incita à continuer d'un signe de tête. « J'ai pas tout compris. Mais je crois que Maman a convaincu Papa. A la fin, Papa lui a avoué quelque chose ... Je crois qu'il disait que s'il s'était énervé ce matin, c'était parce qu'il avait peur de te voir partir loin d'eux. Quelque chose comme ça. » A ces mots, le cœur de Lance se serra, et il regretta de s'être énervé ainsi contre son père. Bien sûr que ça ne devait pas être facile pour Richard Blackwood de voir partir son fils aîné. Ce n'était pas facile pour lui non plus, de quitter ainsi sa famille. Mais ce n'était rien, en comparaison de ce que promettait d'être Poudlard. « Maman lui a conseillé de venir te voir seulement demain matin. Pour pas que vous recommenciez à vous disputer. Mais voilà, tu vas y aller dans ton école. » Le jeune garçon hocha vaguement la tête, perdu dans ses pensées, et après quelques minutes de silence, Zoey marmonna : « Bon, ben je vais y aller alors. » « Hum... » La petite fille se leva alors, fixa un instant son frère avec tristesse, puis quitta la pièce. Mais juste avant de refermer la porte, elle ne put s'empêcher de glisser à Atlance : « Tu sais, moi non plus je n'ai pas envie que tu partes. Ça va être nul, sans toi. » Puis elle disparut, avant que son grand frère n'ait le temps d'ajouter quoique ce soit. Il resta là, longtemps, à fixer sa porte fermée, le cœur serré. « Oh, Zoey... »

Chère Opale,
Encore un été passé à tes côtés, un été fabuleux. Cela fait huit ans que l'on se connaît, huit ans que l'on passe deux mois de l'année ensembles, et huit ans que, début septembre, je ne peux m'empêcher d'être triste à l'idée de ne plus te revoir jusqu'à l'année d'après. Tu es l'une de mes meilleures amies, et bien que nos vies sont à l'opposé l'une de l'autre, je ne peux pas me passer de toi. Ces lettres que nous échangeons en attendant l'été sont une véritable bouffée d'oxygène, et me confier à toi me fait un bien fou, tu ne peux même pas imaginer.
Comme je te l'ai déjà dit, cette année, ma vie va changer du tout au tout. Je pars en pensionnat, dans une école prestigieuse, et un peu particulière. Je ne peux pas vraiment t'en révéler plus, sache juste que notre correspondance risque de se compliquer un peu. Je n'ai pas vraiment d'adresse fixe, et je te conseille d'envoyer tes lettres chez mes parents. Ils feront suivre. Je ferais de même de mon côté.
Tu ne peux même pas imaginer l'état dans lequel je me trouve actuellement. Je suis à la fois si excité, et si triste de laisser derrière moi ma famille, et puis, mes amis aussi. Je ne verrais sans doute plus beaucoup Sydney et Priam, et ça me désole. Et Zoey ... Ma sœur fait mine que tout va pour le mieux mais je vois bien que mon départ la rend malheureuse. Pourtant, j'ai tellement hâte de me retrouver là-bas ! La description que l'on m'en a fait, Opale ... Ça fait rêver ! Cette école, je l'imagine comme la concrétisation de tous mes rêves, et même si ma mère me dit souvent de ne pas trop m'emballer, pour ne pas que je sois déçu, je ne peux m'en empêcher. J'attends la rentrée avec tellement d'impatience que je ne tiens plus en place ! Tu me verrais, tu rirais sans doute de moi...
Et toi, Opale, tout va bien depuis mon départ ? Salue ton père de ma part, ainsi que Snoopy Cat. Cette vieille boule de poils va me manquer jusqu'à l'année prochaine ! Et toi aussi ... Comme d'habitude, je veux connaître tous les détails de ta vie ! Des plus ennuyeux aux plus palpitants, ne me cache rien, comme cela j'aurais l'impression d'être encore un peu là-bas, avec toi, sur la plage.
A bientôt, mon amie.
Je t'embrasse,
Atlance.

Assis, seul dans son wagon, le front posé contre la vitre, Atlance observe les familles qui s'embrassent sur le quai de la gare. Ses parents et sa sœur, moldus, n'ont pu pénétrer sur la voie 9 3/4, et il leur a fait ses adieux quelques minutes plus tôt, s'empêchant de pleurer face aux larmes de sa mère et de Zoey. Pour la première fois depuis longtemps, l'excitation que le jeune garçon ressentait à l'idée d'intégrer l'école de sorcellerie s'est envolée, pour laisser place à un dur sentiment de solitude. Il ne connaissait personne, et s'il n'avait d'habitude aucun problème pour se faire des amis, la tâche lui paraissait aujourd'hui plus qu'ardue, dans ce monde qu'il ne connaissait pas. Pourtant, son admiration et son envie d'intégrer le monde magique n'avait pas disparu, et malgré tout son mal-être, Atlance ne pouvait s'empêcher de sourire en songeant que dans quelques heures, il serait à Poudlard ... Toutefois, le fil de ses pensées fut interrompu par l'ouverture de la porte du compartiment. Le jeune garçon tourna aussitôt la tête, pour tomber sur deux élèves bien plus âgés que lui. « Tiens, regarde moi ça Zane ! Un petit minus de première année ! » s'exclama le plus âgé des deux, un sourire cynique au visage. L'autre ne répondit rien, se contenant de le dévisager d'un air narquois. « Et ben alors, qu'est-ce que tu fous là, tout seul ? Et c'est quoi ton nom, d'abord ? » Atlance ne bougea pas, trop terrorisé pour faire quoique ce soit. Ils lui voulaient quoi ces deux-là ? Mais devant le regard furieux de l'aîné, il se décida finalement à répondre. « Atlance... Atlance Blackwood. » Et sans qu'il ne comprenne vraiment pourquoi, la réponse ne parut pas plaire au garçon. « Blackwood ? Connaît pas. Dis-moi, tu ne serais pas un sale petit sang-de-bourbe par hasard ? » Et devant l'incompréhension d'Atlance face à cette insulte, l'expression du garçon se teinta de dégoût. « Si, c'est bien ce que je pensais ! Allez dégage de là, morveux, avant que je te fasse la peau ! » Et sur ce, le garçon poussa Atlance de toute ses forces, si bien que celui-ci se retrouva à terre. Il se releva en vitesse et traînant sa lourde malle derrière lui, il quitta le compartiment. Alors qu'il passait la porte, il croisa le regard d'une fille qui semblait avoir son âge, et qui le contempla un instant d'un air désolé, avant de rejoindre les deux autres garçons dans le compartiment.

Atlance erra un moment dans les couloirs, sans réussir à dénicher un compartiment de libre. Il était dégouté et abattu, son excitation disparue pour de bon suite à la confrontation avec les deux babouins qui lui avaient volé son compartiment. Et une question lui trottait en tête. Sang-de-bourbe ? Qu'est-ce que cela signifiait ? Il avait bien sûr compris que c'était une insulte, et sans doute une insulte grave, mais il ne voyait pas pourquoi il en était l'objet. Il faudrait qu'il se renseigne, une fois à Poudlard. Ils devaient bien avoir une bibliothèque dans ce château, non ? Il trouverait sûrement la réponse dans un livre ... Finalement, à bout de force, le jeune garçon se laissa tomber sur sa valise, et enfouit sa tête dans ses genoux. L'année commençait bien ... Il resta là un moment, jusqu'à ce que des voix se fassent entendre, dans un compartiment tout proche. Deux voix, pour être exact, qu'il reconnut aussitôt. « Il doit bien être quelque part ! » « Oh allez, t'inquiètes pas ! A quoi ça servirai de fouiller tout le train, de toute façon ? Ça va prendre des heures. On le retrouvera à la sortie ! » Il y eut un silence. « Et si... Si on s'était trompé ? » Puis un soupir. « Arrête de t'inquiéter ! Ton père a été formel. La dernière fois qu'Atlance est venu chez vous, il a fait de la magie involontaire. Donc, on va le retrouver cette année à Poudlard. Allez, tu vas le voir ton pote ! » N'en croyant pas ses oreilles Lance se releva, et en titubant, il se rendit jusqu'au compartiment d'où les voix s'échappaient. Là, il entrevit à travers la vitre un tableau qu'il n'aurait jamais cru voir dans ce train. Priam et Sydney, ses deux meilleurs amis d'enfance, assis l'un en face de l'autre. Dans le Poudlard Express. Il ouvrit la porte à la volée. « Priam ? Syd ? Mais qu'est-ce que vous foutez-là ? » Et c'est à partir de cet instant que commença véritablement la scolarité d'Atlance dans l'école de sorcellerie Poudlard.

▽▽▽▽▽▽

Atlance est à terre. Et il souffre. Il sent le sang couler le long de son visage, sa tête lui tourne, il a mal, partout. Et sa fierté est en miette, tandis qu'il se fait tabasser comme un moins que rien, tandis que son bourreau lui assène un coup de pied dans le ventre, un autre dans le nez. Tandis qu'Amadeus Goyle lui écrase sans ménagement la cheville, qui émet alors un craquement sinistre et de mauvaise augure. « Espèce de... connard... » arrive-t-il à articuler, tandis qu'il sent la haine envahir son corps. Son aîné stoppe alors ses coups, pour le dévisager avec mépris. « Qu'est-ce que t'as dit ? Répète un peu, pour voir ! Tu es à ma merci, Blackwood, alors si j'étais toi, je ne ferais pas trop le malin ! » Atlance ne dit rien. Il se contente de serrer les dents, et de maudire ce type qui le torture sans aucune pitié. Atlance ferme un instant les yeux. Il a envie de pleurer, mais il ne le fera pas. Cela donnerait bien trop de satisfaction à cet abruti de Goyle. Pourtant, voilà, l'envie est là. Pourquoi doit-il subir tout cela ? Pourquoi ? Le visage de Mina s'impose alors à lui. Pour elle, bien évidemment. Il subirait tout pour elle, et pourtant à cet instant, il se demande s'il n'est pas un peu masochiste sur les bords. Pourquoi a-t-il fallu qu'il s'attache à une fille du nom de Goyle ? Pourquoi pas une Weasley, ou une Londubat, hein ? Un nouveau coup dans le bas ventre lui coupe le souffle, et lui fait perdre le fil de ses pensées. « Tu vas bien m'écouter, maintenant, sale sang-de-bourbe. Tu ne t'approches plus de ma sœur. PLUS JAMAIS. Tu ne la mérites pas, tu ne la mériteras jamais ! Tu n'es qu'un moins que rien, tu n'es que de la vermine, de la MERDE ! Alors ne l'approche plus ou tu sais ce qui t'arriveras. » Cela faisait trois ans qu'Atlance entendait les mêmes propos de la bouche d'Amadeus Goyle, pourtant le Serpentard n'avait jamais été aussi virulent dans sa demande. Le jeune Blackwood, en sang, meurtri, aurait bien abandonné la partie, pourtant le visage de Mina, imprimé profondément dans son esprit, l'empêchait de se laisser abattre. « Et tu crois vraiment qu'elle va être d'accord avec ça ? » Il vit le Serpentard frémir de colère, et Lance se reçut un nouveau coup dans le ventre. Sous le choc, une violente toux le prit et il se mit à cracher un peu de sang. Amadeus ne s'en préoccupa pas. « Wilhemina est jeune, et elle fait des erreurs. Mais elle finira bien par comprendre où est son intérêt, et celui des Goyle. Ce n'est pas un petit sang-de-bourbe dans ton genre qui va bouleverser ses convictions. » Atlance savait qu'il devait se la fermer. Lui qui n'avait jamais été téméraire, pourquoi, dans cette situation critique, se sentait-il obliger de rétorquer, de provoquer son bourreau ? Pour elle, bien entendu. « C'est drôle... Si je suis si insignifiant, pourquoi prends-tu la peine de me tabasser pour me faire comprendre que je ne dois plus approcher ta sœur ? Si je t'écoute, tu n'as aucune raison d'avoir peur de moi... » A ces mots, Amadeus l'empoigna par le col et le redressa avant de lui foutre un coup de poing en pleine face, puis un autre, et encore un. « Maintenant tu te la fermes ! C'est moi qui parle ! Tu n'approches plus Mina, tu ne lui parles plus, tu ne la touches plus, ou je te refais le portrait ? Compris ? » Puis après un dernier coup, le Serpentard laissa tomber sa victime au sol comme une vulgaire poupée de chiffon et s'en alla comme il était venu, tandis qu'Atlance, en sang, ne put que pousser un gémissement de douleur et de protestation...

Chère Opale,
Ne t'inquiètes donc pas pour moi. Mes parents n'auraient jamais dû te dire que je m'étais fait frapper. Ce n'est pas si grave, c'est ... Bon, d'accord ça l'est. Je m'en suis sorti avec quelques côtes cassées, une cheville brisée, et pas mal d'hématomes, et tout ça pour ... Ah, c'est compliqué ! Tu sais, Wilhemina, cette fille dont je te parle souvent ? C'est son frère qui m'a frappé. Dans cette école, où je suis, il y a des règles assez strictes... Certaines personnes font partie d'une sorte d'élite, une espèce d'aristocratie, et ils supportent souvent mal de se lier avec des gens comme toi et moi. La famille de Mina en fait partie, et si elle se contrefiche de toutes ces choses là, ce n'est pas le cas de ses frères, en particulier l'aîné, Amadeus. Ce type n'accepte pas que je m'approche de sa sœur, et en trois ans, il me l'a souvent répété, et m'a souvent menacé. Il a simplement choisi de passer à l'acte, cette fois-ci. J'aurais dû me méfier, je savais que ce n'était pas un enfant de cœur et ... Bref. Le problème, Opale, c'est que même avec toute la meilleure volonté du monde, je ne peux pas couper les liens avec Mina. Elle est ... Comme un rayon de soleil, une bouffée d'oxygène dans ma vie. Je suis tellement heureux quand je suis avec elle, je me sens tellement bien ! Quand je la vois, je me dis que, qu'importe les risques, je ferais tout pour la garder prêt de moi. Je ne sais pas quoi faire ... Aide-moi. C'est tellement plus facile de t'en parler à toi, qui est si loin, qu'aux autres qui sont avec moi. Et puis, je te fais confiance, tu as toujours été de bon conseil. Qu'est-ce que je devrais faire d'après toi ? Et ne me dis pas de laisser tomber, de ne plus lui parler, je ne peux pas faire ça. C'est impossible, même si pour cela je dois me faire réduire en miette par son abruti de frère.
J'ai besoin de tes conseils,
Je t'embrasse,
Atlance.

« Je vais le tuer, je vais le tuer ! » Atlance soupira, une fois de plus, tandis que Priam faisait les cent pas devant son lit d'infirmerie. « Non, tu ne vas rien faire du tout. » Son meilleur ami était tellement prévisible ... En se réveillant ce matin-là, après deux jours de repos bien mérité, il aurait pu mettre sa baguette au feu que Priam n'avait qu'une envie : allait refaire le portrait de Goyle senior pour le venger. « Mais ce type t'a... Tu as vu dans quel état tu es ! Et puis, tu m'expliques pourquoi tu as refusé de révéler aux professeurs qui t'as tabassé ? » A ces mots, Atlance baisse la tête. L'idée que son bourreau s'en sorte sans aucune sanction le rend presque nauséeux, pourtant, il sait que c'est la meilleure chose à faire. Pour elle. Pour eux. « Je ne veux pas faire de peine à Mina. » Alors oui, il a laissé Amadeus s'en tirer sans aucune sanction. Mais s'il l'avait balancé, que se serait-il passé ? Au mieux, un renvoi temporaire ? Avec l'influence et le pouvoir de la famille Goyle, c'était certain. Et au retour d'Amadeus à Poudlard, Atlance ne pouvait qu'imaginer sa fureur à son égard. Et puis... Il ne pouvait pas faire cela à Mina. Il n'avait pas le droit de lui demander de choisir, en quelque sorte, entre ses frères et lui. « Ce mec a failli te tuer, bordel ! » « C'est bon, Priam, je vais bien. » « Maintenant oui ! Mais tu te serais vu, il y a deux jours, tu ... » Le Gryffondor ne put terminer sa phrase. La porte de l'infirmerie s'ouvrit, et le cœur d'Atlance bondit dans sa poitrine lorsqu'il aperçut Wilhemina, s'approchant de lui. Pourtant, il n'eut pas le temps de parler que Priam s'approchait de la jeune fille. « Qu'est-ce que tu f... » « Priam, c'est bon. Tu peux nous laisser ? S'il-te-plaît. » Le serdaigle vit son meilleur ami hésiter, avant de s'en aller en protestant. « Ah, c'est bon je pars ! » s'écria-t-il, vaincu. Les deux adolescents se retrouvèrent alors seuls, et Mina s'avança vers le lit du jeune homme, avant de s'asseoir à ses côtés, pour lui prendre la main. Atlance se sentit frémir. « Tu ne devrais pas être là ... » Il disait cela autant pour lui que pour elle. Il ne voulait pas qu'elle se dispute avec ses frères. Pas par sa faute. « On s'en fiche, mes frères sont des crétins. » Lance eut un rictus ironique. Pour lui, c'était un euphémisme. « Mina ... » Ce qu'il s'apprêtait à dire ne lui plaisait pas. Il se détestait, même, à cet instant, mais il ne voyait pas d'autres solutions. « Peut-être qu'il faudrait qu'on recommence à se voir en cachette, non ? Ça rajoutait un peu de piquant. » tenta-t-il d'expliquer dans un sourire qui ressemblait plus à une grimace qu'autre chose. Raison débile. « Je sais que je t'ai toujours dit que j'en avais marre que l'on se cache ... Mais s'il faut que je termine dans cet état à chaque fois que je t'adresse la parole en public, je pense que les profs vont sérieusement commencer à se poser des questions. » Il essayait de faire de l'humour, en vain. Il la vit fermer les yeux, et il la sentit à deux doigts de craquer. Son cœur se serra, et il l'attira contre elle, retenant une grimace de douleur alors qu'elle posait sa tête contre sa poitrine. Il aurait supporté toutes les douleurs du monde juste pour pouvoir la serrer dans ses bras. « Mina ... » murmura-t-il au creux de son oreille, comme un mot de réconfort, une promesse. Elle se redressa légèrement, le regarda dans les yeux, et souffla à son tour. « Je supporte pas qu'ils te fassent du mal. » A ces mots, premier pas vers la déclaration des sentiments de la demoiselle, ces sentiments si forts qui résidaient entre eux, et qu'ils n'arrivaient ni l'un ni l'autre à dévoiler, Atlance se sentit fondre. Il serra encore plus fort la Serdaigle contre son torse, et enfouit sa tête dans ses longs cheveux bruns. « Je sais. On va trouver une solution, je te promets. »

▽▽▽▽▽▽

« Bon alors, t'es d'accord ? » Atlance dévisageait son amie avec insistance, conscient que la faveur qu'il lui demandait était plus qu'originale. « Rien que d'imaginer la tête de Goyle quand elle verra ça ! J'en ris déjà. » Lance soupira. « Syd... » « Oh oui, pardon, c'est vrai que tu supportes pas qu'on touche à ta petite chérie. Bon, allez, viens ! On va s'amuser un peu ! » Et sur ce, la Gryffondor attrapa son ami par la main, et l'entraîna vers la Grande Salle. Là, elle se dirigea sans hésiter vers la table des Serdaigles, où Wilhemina prenait son déjeuner en compagnie de Breanne, et de Priam qui s'étaient joint à elles, comme souvent. En les voyant, Atlance se stoppa net. « Quoi, maintenant ?! » demanda-t-il à Sydney qui le dévisagea, exaspérée. « Tu veux attende qu'il pleuve des hippogriffes ? » Atlance secoua la tête négativement, avant de déglutir et de suivre Sydney. « Laisse-moi faire. » Et sur ce, elle l'entraîna vers les trois amis sans qu'Atlance n'ait vraiment le temps de réagir. « Salut la compagnie ! » Lance savait très bien que s'il n'avait pas été avec la Gryffondor, les deux filles de la bande ne se seraient pas gênées pour l'envoyer balader, toutefois, là, elles ne dirent rien. Ainsi, Sydney put prendre place à la table en compagnie de son nouveau "petit-ami". Tandis que la jeune blonde mangeait avec appétit, Atlance, lui, l'estomac noué, attendait le moment où elle allait lâcher la bombe. Il ne fut pas déçu. Alors qu'une discussion sur les résultats de la saison de Quidditch s'engageait entre les trois autres, Sydney se tourna soudain vers lui, lui saisit le menton, et l'embrassa à pleine bouche. D'abord stupéfait, le jeune Serdaigle finit par répondre au baiser, non sans gêne. Syd était son amie, tout de même, c'était un geste assez ... bizarre. Mais pas désagréable. Quand ils se séparèrent enfin, Lance ne put que constater le silence qui s'était installé dans le groupe, et c'est non sans gêne qu'il tourna le regard vers ses amis. La première chose qu'il vit, ce fut le regard désapprobateur de Priam. Son meilleur ami était bien sûr au courant de son plan, et donc peu surpris, mais Atlance supposait qu'il avait espéré jusqu'au bout que le Serdaigle renoncerait ... Puis, il croisa les prunelles de Breanne, et ce qu'il y vit le fit déglutir. La rouquine le fusillait tout bonnement du regard, et Atlance était certain que s'il elle avait eu sa baguette en main, il serait déjà mort sur place. « Vous ... Vous sortez ensembles ? » Mais au final, ce fut surtout la question de Wilhemina qui retint son attention. « Pourquoi, ça te pose un problème, Goyle ? » lança Sydney, acerbe. Atlance sentait qu'au fond, elle jubilait de la stupéfaction et de la colère de ses deux ennemies de toujours. « Moi, ce qui me pose un problème, c'est toi ! J'ai un peu de mal à supporter ta présence plus de dix minutes, alors si tu pouvais dégager, ça nous arrangerait tous ! » intervint alors Breanne, et Lance la reconnut bien là, à toujours défendre sa meilleure amie. « Oh, la lionne s'énerve ! C'est bon, je m'en vais... Tu viens, Lance chéri ? » demanda alors la Gryffondor, en se levant. Atlance hésita un instant, puis sans adresser un regard à ses amis, suivit sa nouvelle copine. Et alors qu'il lui tournait le dos, il ne remarqua pas le regard envieux et triste que lui lança à cet instant Mina... Mina, à qui il n'avait pas adressé un mot de tout le repas.