Les cachots. Cléo ne savait pas vraiment ce qu’il faisait ici. En fait si, il savait exactement. Il avait juste suivi une réaction physique primaire, un besoin viscéral… Il se maudissait. Il cherchait la merde, il savait que tout ça le mènerait à sa perte. Et pourtant, après sa dernière heure de cours, il avait déposé toutes ses affaires dans sa chambre pour revenir jusque là, et s’arrêter en plein milieu du couloir, luttant contre lui-même. Cela faisait des années qu’ils avaient rompu et pourtant ça ne s’arrêtait pas. Il revenait se blesser dans ses étreintes, se détruire le cœur contre sa peau. La destruction. Tomber toujours plus bas. Le malsain. Cléo avait un besoin de malsain. Un besoin de se sentir toucher le néant. Il se savait pitoyable et ça l’amusait. En cet instant, une seule personne dans cette école était capable de lui apporter ce que son corps réclamait. Son sang martelait ses tempes, son cœur battait trop vite. Le Serdaigle était là parce qu’il savait que l’Autre y serait aussi. Il savait que Skyler avait cours de potions et que d’ici quelques minutes, il sortirait de la salle. Il n’était donc pas encore trop tard pour faire demi-tour, pour reculer, se raisonner. Il avait été fou de ce type. Et quelque part, au fond de lui, il y était toujours un peu. On a beau dire qu’on tourne la page, c’est faux. Une personne qu’on a aimé reste à jamais en nous. Comme une marque, une cicatrice… Ce putain de clebs, ce loup consanguin et dégénéré mental… Il le haïssait presque autant que lui-même. Un tremblement parcourut Cléo alors que son souffle se bloquait dans sa gorge. Il fallait qu’il se calme, qu’il se contrôle…
Il entendit des bruits de chaises et s’écarta rapidement pour se placer sur le côté. Non, non non et non ! Il fallait qu’il s’en aille tout de suite. Qu’est ce qu’il foutait là bon sang ?!? Pourquoi était-il si faible ? Il serra les dents, ferma les yeux… La porte s’ouvrit, le faisant tressaillir alors qu’il se reculait encore davantage, les yeux rivés sur le flot d’élèves qui sortaient de la salle de cours. Skyler. Il l’aperçut presque aussitôt et sentit ses jambes flageoler. Je te hais Sky. T’en as pas marre de bousiller ma vie ? Sa respiration devint erratique. Il fixait le Serpentard comme si sa vie en dépendait… Et ce dernier dut le sentir, car il finit par se retourner, croisant le regard du Serdaigle. Aussitôt, Cléo se ressaisit. Il laissa glisser un sourire sur ses lèvres, un sourire qui en disait long, avant de reculer, encore et encore pour s’enfoncer dans le couloir sombre des cachots. Puis il tourna le dos au Serpentard et continua d’avancer jusqu’à la première salle vide qu’il trouva. La main sur la poignée froide le réveilla, mais pourtant il ne s’arrêta pas. Un dernier regard vers Skyler lui permit de se noyer à nouveau avant d’entrer dans la pièce déserte, enivré par sa propre déchéance. Une part de lui avait besoin qu’il vienne le rejoindre alors que l’autre hurlait de rage. S’il avait laissé libre cours à ses pensées, Cléo aurait frappé les murs jusqu’au sang. Il avait tellement envie que Skyler vienne… Juste une dernière fois. Une dernière fois avant de sombrer totalement. Une dernière perdition… Il entendit la porte s’ouvrir dans son dos. Il sut qu’il était fichu.

Les potions n’étaient pas seulement l’enseignement qui attisait le plus ma curiosité, mon envie de me surpasser, il s’agissait également de contenir le loup qui était en moi et de rester maître de mon corps. En effet, la potion tue-loup était la première chose que j’avais apprise en entrant à Poudlard. Depuis, je prenais un malin plaisir à perfectionner mon panel de flacons dangereux, insensés ou même curatifs. J’excellais dans l’art obscur de ces nectars vicieux et j’y prenais un certain plaisir. Pourtant, ce jour-là, j’avais hâte que ma journée se termine... De sombres nouvelles étaient venues contrarier mes projets et j’avais cruellement besoin de me défouler, d’évacuer toute cette tension accumulée. Heureusement, le cours semblait défiler sous mes yeux sans que je ne ressente le besoin d’y prendre part, dissimulant habilement mon inattention sous un air faussement concentré.
Alors, lorsque le professeur nous laissa quitter la salle de potions, je n’avais même pas commencé à ranger mes affaires, toujours perdu dans mes pensées. Soulagé à l’idée de partir, j’entassai tout dans mon sac avant de sortir de la classe, en me faufilant à travers la foule plus ou moins enthousiaste. Au prix d’un effort surhumain, je parvins à garder mon calme, malgré le babillage de certaines demoiselles qui ne pouvaient pas attendre de se retrouver dans un endroit plus approprier pour raconter leur vie si insignifiante. Histoire que nous n’ayons pas à supporter ça contre notre grès. Malgré moi, je sentis la pression monter d’un cran et j’étais sur le point de leur envoyer une réplique cinglante afin de libérer le passage à l’instant où mon regard croisa celui de Cléo... Qu’est-ce qu’il foutait là à cette heure-ci ? Son sourire en disait suffisamment pour que je puisse le deviner seul, tandis qu’il reculait lentement dans le couloir pour m’inviter à le suivre.

Intrigué, je braquai mon regard sur lui, sans me soucier d’être remarqué. Après tout, je pouvais très bien être en train de lui préparer un mauvais coup, puisque personne ne savait que nous étions sortis ensemble autrefois, ni même qu’aujourd’hui nous étions toujours amants... Tout bonnement parce que je ne dévoilais pas mon homosexualité pour des raisons évidentes, dues à ma famille et à mon rang qui ne me permettait pas de fréquenter un homme. Je devrais épouser une fille de bonne famille et lui faire des enfants ; mâles de préférence. Au fond, cela ne m’avait jamais dérangé puisque je ne comptais pas être fidèle à la dite épouse qui serait choisie et mes aventures masculines resteraient donc cachées. Et pour l’homme libre que j’étais, c’était le compromis idéal. A vrai dire, à part Cléo, je n’avais jamais vraiment tenté de me mettre en couple et le moins que l’on puisse dire c’est que l’expérience ne s’était pas avérée être très concluante puisque je ne semblais pas vraiment apte à être l’homme d’un seul homme... Pourtant, entre lui et moi, il restait toujours cette puissante alchimie qui me poussa à le suivre, sans même y réfléchir, tandis qu’il se tournait une dernière fois vers moi, avant d’entrer dans une salle vide. Sans le savoir, il m’offrait sur un plateau, le défouloir que j’avais tant désiré...

Après avoir vérifié que personne ne m’avait vu faire, j’ouvris la porte de la salle qu’il avait choisi, et sortant ma baguette, je lançai un sort pour la verrouiller le plus efficacement possible. Enfin tranquille, je reportai alors mon attention sur Cléo. Il me tournait le dos, mais sa silhouette se détachait suffisamment dans l’obscurité pour que je ressente une irrésistible envie de presser mon corps contre le sien. Pourtant, je pris mon temps, posant mon sac sur l’un des table, avant de me placer derrière lui, sans le toucher. « Tu voulais me voir, Cléo... ? » Ma voix sulfureuse était basse mais intense... pleine de sous-entendus. J’aimais lui faire de l’effet et savoir que malgré toute la haine qu’il voulait éprouver pour moi, il revenait toujours. Et de mon côté, je ne refusais jamais sa présence, comme si son corps pouvait me manquer... même si je ne voulais pas y croire. Lentement mes doigts effleurèrent sa nuque et je souris, conscient qu’il devait me haïr de jouer ainsi avec lui. Parce qu’il ne voulait pas que je tente d’avoir une influence sur lui. Il aurait aimé se détacher de moi, ne plus jamais frémir sous mon corps, mais le petit jeu malsain que nous avions instauré, nous piégeait dans une spirale sans fin. Et j’osais en redemander encore, pour l’entendre gémir une nouvelle fois, et ressentir le plaisir qu’il savait si bien me donner. « Je sais ce que tu veux... » Plus entreprenant, je mordillai le lobe de son oreille avant de planter mes dents au creux de son cou, n’y laissant qu’une marque superficielle qui ne resterait pas longtemps.
Soudain, suivant une impulsion, je m’emparai de ses hanches afin de plaquer brusquement son corps contre le mien, me cambrant pour qu’il puisse sentir mon érection à travers le tissu de mon pantalon. C’était si bon de le provoquer de la sorte... Comme si le temps ne s’était pas écoulé entre nous et qu’il était encore tout à moi. Si j’avais aimé une chose dans la notion de couple, c’était bien ce sentiment de possession. Et aujourd’hui encore, j’avais l’impression qu’il m'appartenait, d’une certaine façon. Temporairement, cependant. « J’en ai envie aussi... » Un sourire effleura mes lèvres alors que je glissai mes mains sous son haut, caressant sa peau avec désir. « …de te posséder férocement ici... » Et il savait pertinemment ce que je lui promettais en disant cela. Sans attendre sa réponse, je commençai à déboutonner sa chemise, me débarrassant des boutons un à un. Comme des obstacles qui disparaissaient peu à peu entre nous, toujours si facilement, avec un naturel qui nous dépassait depuis le premier instant où nos chemins s’étaient croisés.

A peine Skyler avait-il passé le pas de la porte que Cléo se sentait déjà fiévreux. Vous est-il déjà arrivé de vous sentir tellement mal au point que vous ayez des envies de destruction ? Vous pourriez tout faire, pourvu que ça vous fasse du mal. Vous frapper, vous cogner, hurler, vous couper les veines pour voir le sang couler, prendre de la drogue en espérant en crever... Se détruire soi même c'est parfois tellement libérateur... La drogue de Cléo, c'était le Serpentard qui s'approchait silencieusement, rôdant comme un prédateur, distillant du désir dans les veines du Serdaigle tel un poison brûlant. Cléo aurait voulu pouvoir contrôler ses pulsions. Ce qu'on dit rarement, c'est qu'après s'être fait du mal, on a envie de vomir tellement on se dégoûte, tellement on a honte d'avoir cédé à l'appel de la lame... alors on recommence encore pour oublier cette honte qu'on ne fait qu'amplifier encore et encore... Et puis aussi un peu parce que se faire du mal à soi même, c'est se prouver qu'on a encore une certaine forme de contrôle de la situation, non ? Chacun son point de vue, mais dans le cas de Cléo, c'était si complexe que lui même ne parvenait pas à saisir les envies qui jonchaient son cerveau de malade mental.
Sentir Skyler derrière lui, à quelques centimètres... Il prenait son temps, le fourbe. Il savourait ces rares moments où tous deux laissaient de côté la haine pour ne laisser que la violence de cette dernière se libérer dans des étreintes désespérées. « Tu voulais me voir, Cléo... ? » Le ton de sa voix offrit au bleu un fourmillement de délice. Son cœur battait si fort, il était au bord de la crise d'asthme. Il ne répondit pas à la question qui de toute manière n'attendait aucune réponse... Toute son attention était tournée vers la chaleur du corps qui se situait dans son dos, vers sa respiration qui trahissait son désir... Idiot, retourne toi, repousse le, frappe le. Ou bien laisse aller... Pour avoir envie de te gerber dessus demain tellement ton image dans le miroir te donnera la nausée.
Le même sourire qu'il avait adressé à Skyler quelques minutes plus tôt dans le couloir réapparut sur ses lèvres, lorsque les doigts du loup frôlèrent sa nuque. Skyler savait parfaitement l'effet qu'il faisait à son homologue masculin, et le Serdaigle savait que Skyler savait. Et ça le mettait en rage d'être si facilement contrôlable par un tel bâtard. « Je sais ce que tu veux... » Cléo entrouvrit les lèvres pour laisser échapper un soupir de désir en sentant les dents du vert et argent s'aventurer vers le lobe de son oreille, puis se planter dans la chair de son cou. Puis il sentit ses mains venir se poser sur ses hanches et leurs deux corps se rejoignirent, dans une provocation des sens pures et simples. Le cœur de Cléo explosa dans sa poitrine alors que son souffle devenait erratique et instable. Le temps se figeait, il retournait à l'époque où, un jour, il était tombé amoureux de ce pathétique serpent. Mais c'était passé maintenant, il osait espérer qu'il ne l'aimait plus.« J’en ai envie aussi... …de te posséder férocement ici... » Continua t'il de murmurer alors que ses mains se glissaient insidieusement sous son haut, pouvant ainsi aisément mesurer l'effet qu'il produisait sur le Serdaigle. Alors qu'il commençait à déboutonner sa chemise, Cléo le laissa faire. A quoi bon résister ? Il avait provoqué tout ça, il appréciait autant que Skyler ces moments de folies dévastatrices... Il attrapa les mains du Serpentard pour les écarter, laissant ensuite glisser sa chemise le long de ses bras pour qu'elle aille s'échouer au sol tandis qu'il se retournait pour écraser ses lèvres contre celles du vert et argent. Je te hais autant que je t'aime, connard. Il l'embrassa avec hargne, mordant la pulpe rouge de sa lèvre inférieure alors qu'il plantait ses doigts dans les poignets de son partenaire, désireux de faire mal autant que possible, avant d'offrir des caresses salvatrices... Contrairement à Skyler, Cléo prit son temps pour défaire la chemise de ce dernier, se penchant pour embrasser la peau qu'il découvrait peu à peu, mordillant parfois, avant de finir à ses pieds, s'appliquant à défaire le jeans. Il ne goûtait pourtant pas à cette saveur douce amère pour la première fois, mais chaque fois était une nouvelle dose de drogue dure, enivrante, déroutante... A genoux devant le Serpentard, Cléo ancra son regard bleu dans celui de son amant : "ça a toujours été la seule chose qu'on a en commun toi et moi... "