Can you hear my SoS ?

Le terrible écho de ton cœur qui s’épanche. Un mot, un nom sur la langue. Si de Blake tu ne pouvais plus te défaire, il te fallait les conseils d’un vert de confiance. Zabini. C’est d’un pas empli de langueur que tu te diriges vers la salle commune, consciente qu’un samedi, à cette heure de l’après-midi, il n’y aurait peut-être tout simplement personne là-bas… mais si Higgs n’était pas avec Lucian, ta première piste se glissait tout simplement dans les sombres cachots. Sur le chemin d’une potentielle délivrance, tu t’interroges sur la bêtise de tes ressentis, sur cette tendresse qui t’étouffe, toi, la princesse glacée des serpents. La passage s’ouvre ainsi sur la pièce familière, et tu le trouves là, le nez sur sa gazette, dans le calme absolu.

« Lucian. » Ta voix de miel se glisse hors de tes lèvres avec une douceur inhabituelle. L’élève froide et un peu trop fière qu’il a consenti à aider semble s’être noyée dans un pot de sucre glace. Dans ton regard bicolore il y avait une bouteille à la mer, un appel, un SOS, un cri de détresse. Tu ne sais pas plus ressentir que comprendre la profondeur des autres. Tu ignores ce que le jeune homme pense à ton sujet, ce que Blake a bien pu souffler sur toi à l’oreille attentive de son meilleur ami… tu sais juste qu’il vous a toujours vu ensemble, à Poudlard. Tu ne doutes pas que les rumeurs te supposent la maîtresse du Higgs, comme tu devines déjà que ce dernier a sûrement démenti, tout en restant un brin possessif. « Lucian.. j’ai besoin de ton aide… j’me sens paumée.. » Tu te poses sur le canapé, délicate, gracile, un poids plume de fragilité. T’étais pas réputée autrement que comme une fille volage, avec ses critères pourtant. Pas la catin de bas étage, non, la profiteuse. Sorcière moderne, talentueuse, mais terriblement handicapée au niveau émotionnel. Farouche duelliste qui ne demandait qu’à faire ses preuves, mais calculatrice froide qui dépassait souvent les limites d’autrui quant à l’indifférence supportable. Toi, tu n’aimes pas. Cette notion même t’échappe et chaque sourire ne semble que le jeu très convainquant d’une actrice. Sauf avec Blake. Un soupçon pour Zabini.

Ca se bouscule au bord de ta bouche. Tu voudrais dire que t’as fait une connerie, que t’as craqué, que t’as eu l’envie irrésistible de croquer le fruit défendu, tu sais même plus si t’as mordu, si t’es pas mordue. Tu te perds dans le tourbillon d’une culpabilité étouffante. T’as envie de dire que tu manipules son pote par la torture de ton âme… mais tu peux pas. Tu peux pas parce que Higgs a ce secret qui se place au dessus de tout, au dessus de toi, de lui, de vous. « J’me sens seule. » Seule contre toi-même. C’est tout ce que tu peux sortir, expliquer. Comment faire autrement ? Tu peux pas lui faire un rébus, et les sentiments sont comme une partie d’échecs version sorcier à ton regard largué : d’une infinie violence. « J’me sens seule, moche, inutile et stupide, Zabini. »

Coup de pied aux habitudes. Toi qui ne te rabaissait jamais devant personne, toi la fière serpentard au silence observateur, la petite fourbe qui traîne toujours derrière les autres, telle une ombre sifflante, tu t’effondrais par les mots. A aucun autre tu ne te serais livrée ainsi en pâture, mais tu avais besoin de la clarté d’un œil extérieur, d’un œil expérimenté. Lucian ne jetait pas les femmes plus vite que ses chemises. « T’es le seul assez franc… » Pour te faire entendre la vérité toute nue.