Les pas du jeune Gryffondor résonnaient dans le couloir que le soleil couchant peinait à éclairer. Il était tard. Il aurait déjà du être dans sa tour, confortablement installé sur les canapés autour du feu de cheminée, à s'amuser avec Pride et Quigg. Mais il n'avait plus le coeur à s'amuser, pas avec tout ce qui s'était passé. La disparition de Lune l'avait marqué au fer rouge, chamboulant la paix intérieure qu'il avait si ardemment recherché après le départ de son grand-frère, et les cris et les rires de la Salle Commune lui rappelait un peu trop encore l'absence de son meilleur ami. D'un pas légèrement hésitant, Charles avançait lentement. Il était tard, et s'il se faisait prendre, il se ferait réprimander. Non pas qu'il s'en souciait : en fier Gryffondor qu'il était, il ne comptait plus les retenues qu'il avait eu en six années d'études à Poudlard, mais l'idée de devoir s'expliquer en face d'un professeur sur la raison de sa petite expédition ne l'enchantait guère. Quoique, pour une fois qu'il avait une bonne excuse pour sortir le soir, il allait l'arborer fièrement, même si tout ce qu'elle lui autorisait n'était qu'un simple aller-retour jusqu'aux appartements du Professeur Carrow pour y déposer son devoir et repartir en vitesse dans la tour des Rouge et Ors.
Le parchemin, qu'il tenait distraitement, lui échappa des doigts et tomba sur le sol, dévoilant légèrement le titre du devoir : « Comment se défendre face à un Sortilège Impardonnable ? » La gorge de Charles se noua un peu plus et il se pencha pour le ramasser, avant de reprendre sa route. Le sujet avait retourné son estomac la première fois qu'on lui avait donné, trois semaines plus tôt. Il avait aussitôt pensé à Lune et la tuerie de Pré-au-Lard. Le Gryffondor (seul Sang-Pur des six victimes de cette nuit-là) était le seul dont on avait pas retrouvé le corps, d'où son statut de 'disparu', mais il pouvait tout autant avoir été tué et emmené ailleurs... Depuis, Charles n'arrivait pas à se concentrer sur le devoir qui était à rendre la semaine suivante. Heureusement pour lui, le Professeur Carrow avait été clément et lui avait donné du temps supplémentaire.
A vrai dire, tous les professeurs lui avaient donné du temps, car Charles avait complètement perdu pied dans ses études et bien qu'il fût bon élève, ses capacités ne lui permettaient plus de suivre correctement tant il avait pris du retard. Et ce soir, il comptait se débarrasser de ce devoir. Il allait directement le remettre en main propre à son professeur, s'excuser de son retard, et promettre de se reprendre en main, même s'il savait qu'il lui faudrait du temps. Et s'excuser surtout pour le torchon qu'il allait lui rendre. Par Merlin, il n'avait probablement jamais pondu un devoir aussi médiocre, sauf en Divination peut-être, mais pas dans l'une de ses matières préférées. Il allait vraiment devoir se rattraper sur le prochain...

Soudainement, il se retrouva devant la porte des appartements du Professeur. Il avait tellement était pris dans ses pensées que ses pas l'avaient conduits automatiquement jusqu'à la porte de Mr Carrow. Le stress noua un peu plus sa gorge, et il préféra dénouer un peu la cravate qui enserrait trop son cou. Faiblement, il frappa trois fois sur la porte et attendit qu'on lui ouvrît. Quelque part, il espérait que la porte resterait fermée et qu'il pourrait retourner sagement dans son dortoir pour améliorer ce devoir, même s'il savait pertinemment qu'il en était incapable ; mais il mourrait aussi d'envie de voir cette porte s'ouvrir pour satisfaire sa curiosité malsaine. A quoi pouvait ressembler les appartements d'un professeur de Défense Contre les Forces du Mal ? A quoi pouvait ressembler les appartements du Professeur Carrow ? Ce professeur qui avait toujours été un des préférés de Charles, malgré la barrière du patronyme ; ce professeur qui, Charles ne pouvait le nier, était terriblement sexy. A cette pensée vint s'ajouter celle de Rohàn, image culpabilisante qui avait pour but de recentrer le Gryffondor sur ce qui était réel, palpable, comme le corps du Serpentard, et non ce fantasme, vieux comme le monde, d'une relation étudiant-professeur. Surtout que le professeur en question était marié et hétérosexuel. Respirant profondément, il serra un peu plus le devoir entre ses doigts alors qu'il entendait la porte s'ouvrir et que Carrow apparaissait dans l'embrasure.
Par Merlin, il ne s'était pas attendu à ça. Le professeur se tenait devant lui, torse nu, les cheveux encore mouillé par la douche qu'il venait de prendre, le t-shirt encore à la main. Les yeux de Charles descendirent, observant le corps musculeux qui s'offrait à ses yeux avant de remonter, honteux, jusqu'à son visage, sur lequel s'étirait un sourire amusé. « Bonsoir … Professeur. Excusez-moi de vous déranger à cette heure tardive, je venais juste vous rendre mon devoir en retard... » dit le Gryffondor, la voix légèrement tremblante, en tendant le morceau de parchemin, le regard fuyant l'homme qui se tenait en face de lui. Il fallait qu'il sorte de là, c'était une torture que de s'exhiber ainsi. « Excusez-moi aussi pour la qualité, je vous promets de me rattraper... » Mal-à-l'aise, il attendit une réponse de sa part au lieu de prendre ses jambes à cou comme il aurait du le faire, avant de partir. « Charles ! Quel plaisir de te voir, entre donc ! J'aimerais parer de ce devoir avec toi cinq minutes ! » Derrière le sourire, Charles sentait l'ordre sous-jacent. Il n'avait pas le choix, aussi entra-t-il, toujours aussi mal-à-l'aise mais satisfaisant sa curiosité naturelle, posant les yeux sur tout les environs sauf sur son professeur, qu'il mourrait d'envie de déshabiller du regard. Derrière lui, il entendit la porte se fermer à clé. Coupé du monde extérieur, il était désormais à la merci de son professeur.

 



L'eau chaude ruisselait sur les larges épaules d'Alexander, coulant le long de sa colonne vertébrale pour s'attarder quelques secondes au creux de ses reins, en épousant la courbe pour poursuivre leur chemin sur les fesses fermes et rondes. Elle terminait son épopée sur le sol carrelé de la douche, rejoignant les tréfonds du château par la petite grille qui brisait l'harmonie régulière des joints et des carreaux. Alexander s'était d'abord étonné du luxe de confort qu'offrait le vieux bâtiment, s'étant attendu à un système de canalisation aussi vétuste que les pierres sur lesquelles reposait toute l'école. Mais au contraire, les douches étaient spacieuses, agréables et étrangement modernes. Ses appartements, d'une manière générale, lui plaisaient beaucoup. Une chambre spacieuse et meublée selon ses goûts, un bureau élégant et fonctionnel regorgeant de bibliothèque pour ses nombreux ouvrages et même un petit coin salon, avec deux divans se faisant face, séparés par une lourde table basse en bois sombre. Il s'était même offert le luxe d'installer un élégant mini-bar en forme de globe, dans un coin de la pièce. Non vraiment, il était ravi de sa situation.

Sauf un détail. Un si léger détail. Minime. Presque risible. Sa femme. Syracuse Carrow, qui venait désormais le rejoindre ici lorsqu'elle estimait qu'il était temps pour lui d'accomplir son devoir conjugal. Merlin seul savait la haine féroce et sans pitié qu'il vouait à cette petite peste qui portait son nom, le même que celui avec lequel elle était pourtant née.Sans ce ridicule détail, il aurait été parfaitement à son aise, dans ces appartements confortables, dans cette école pleine d'histoire et de magie, entouré d'élèves pour la plupart cancres mais dont certains avaient un potentiel digne d'intérêt. Il y avait Enoah, bien sur. Il vouait à ce jeune homme une adulation malsaine et cruelle, sans comprendre la raison de cette obsession. Il brûlait d'envie de posséder le jeune Serdaigle rien que pour lui mais ce désir le dégoûtait, il se sentait sale et coupable. Un soupire de frustration s'échappa de ses lèvres et il sortit de la douche, attrapant la serviette grise pour se sécher très rapidement les cheveux avant de la passer autour de sa taille. Revenant dans la chambre, il attrapa sont-shirt blanc et allait le passer à même sa peau mouillée lorsque des coups frappés à la porte l’arrêtèrent net. Interloqué, il jeta un coup d'oeil au réveil sur sa table de chevet. Il était tard, il n'attendait personne. Syracuse était déjà venu la veille et il avait clairement fait comprendre qu'il ne voulait pas la revoir avant un moment. Les souvenirs de cette étreinte violente et sale le firent frissonner et il traversa la chambre et le salon pour aller ouvrir à la personne qui s'obstinait à toquer à la porte.

Le panneau de bois révéla le visage souriant mais gêné de Charles Archer, un élève de Gryffondor qu'Alexander avait déjà remarqué. Très beau garçon, avec un sourire délicieux, une carrure athlétique et de splendides yeux clairs. Un océan dans lequel Alexander se perdait parfois, lorsqu'il donnait un cours. Il surprit le regard lumineux de Charles descendre le long de son torse et esquissa un sourire amusé. « Bonsoir … Professeur. Excusez-moi de vous déranger à cette heure tardive, je venais juste vous rendre mon devoir en retard... » Se redressant quelque peu, Alexander observa son jeune élève d'un air songeur. Le jeune homme reprit d'un ton encore plus mal à l'aise « Excusez-moi aussi pour la qualité, je vous promets de me rattraper... ». Amusé mais pas décidé à le laisser filer, Alexander s'écarta et lança d'une voix amicale, qu'il voulait enjouée « Charles ! Quel plaisir de te voir, entre donc ! J'aimerais parer de ce devoir avec toi cinq minutes ! » Il ferma la porte à clef derrière Charles, voulant dissuader sa détestable épouse de se glisser dans les appartements au beau milieu de la nuit. Il avait d'autres plans en tête, des plans qui incluaient ce beau jeune homme désormais au milieu de son salon. « Charles, je t'en prie installe toi. Je te sers quelque chose ? » Se dirigeant vers le mini-bar, Alexander prit l'initiative de se verser un fond de scotch avant de lancer d'un ton plus sérieux « Charles ... y a-t-il une raison pour que tu me rende ce devoir à une heure aussi tardive, trois jours après la date butoir ? » Il se tourna vers son jeune invité pour lui laisser voir les alcools et les boissons non-alcoolisées qu'il avait à sa disposition, lui permettant ainsi de faire son choix. Toujours sérieux, il reprit « Ce n'est pas un comportement très acceptable, vraiment. Pourtant, tu es intelligent et capable, j'ai déjà pu apprécier tes qualités durant tes précédents devoirs ... En quoi celui-là est-il différent ? » Lorsque Charles lui eut indiqué la boisson de son choix, Alexander la versa dans un verre et vint le lui tendre en souriant, avant de s'installer dans le canapé d'en face. croisant les jambes d'un air très assuré, il observa son jeune élève d'un air pénétrant. Il ne portait, en tout et pour tout, que la serviette qu'il avait fermement noué autour de sa taille. Le t-shirt qu'il avait eu l'intention de mettre trônait sur le dossier d'une chaise, quelque part près du mini-bar. « Je t'écoute, Charles. » La voix claire et grave d'Alexander était sans réplique, il n'avait aucunement l'intention de laisser partir le jeune Gryffondor avant d'avoir eu quelques explications.

Il n'était même pas certain de le laisser partir ensuite. Il avait tellement envie de sexe qu'il se pouvait que le joli brun qu'il avait sous le nez en fasse les frais. Il avait longuement hésité à verser une sorte de drogue dans le verre mais il avait estimé qu'il devrait y arriver par la séduction et le charme. Après tout, peut-être que c'était possible. Il n'avait encore jamais drogué qui que ce soit pour parvenir à ses fins et il n'avait aucune envie de commencer sur un élève, les risques étaient bien trop lourds. Tout en esquissant un sourire encourageant à l'adresse de Charles, il porta à ses lèvres son verre de Scotch et en prit une longue gorgée. Merlin que cet alcool était bon. C'était un cadeau qu'on lui avait offert à son entrée à Poudlard en tant que professeur, une excellente bouteille déjà dotée d'un certain nombre d'année ... Véritable or liquide, couleur ambre profond, au goût relevé et raffiné ... Il esquissa une moue satisfaite avant de s'installer un peu mieux. Il attendait toujours les réponses de son jeune invité.