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Zane ∞ Adélaïde

Devant une assiette encore pleine, tu regardes dans le vide en faisant des ronds avec ta fourchette. Les petits pois se mettent à valser et s’entrechoquent avant de finir un peu plus loin sur le rebord du récipient. Tu sais que tu ne devrais pas te faire de mauvais sang, mais tu n’as pas l’habitude qu’il ne soit pas là et tu te perds à faire des hypothèses sur les raisons de son absence. Après la fin des cours, tu avais des devoirs à faire et après un long baiser, il t’a affirmé qu’il serait bientôt de retour.   « Adé, ça va, t’as rien bouffer. » La voix de Lullaby se perd dans la Grande Salle sans que tu ne daignes y répondre, ni même l’entendre d’ailleurs. Tu soupires en regardant vers la porte d’entrée en espérant le voir débarquer : il ne le fera jamais. « Adé putain. » Cette fois, un coup de coude dans les côtes te ramènes à la réalité avant que tu n’adresses un regard noir à ton amie et que tu ripostes par un pic incisif : « Merde Lullaby, fous moi un peu la paix. » Tu te lèves, quittes la salle sans même un regard vers ta camarade qui malgré son manque de tact, ne veut que ton bien, et ça tu le sais. Dans le couloir, tu croises Amadeus qui est trop occupé avec une Serpentarde un peu entrepreneuse. Un sourire noir prône fièrement sur ton visage de vipère fouineuse avant que tu ne le questionne à son tour : « Ama, t’as pas vu Zane ? » Il ne t’adresse même pas un regard et, sans se défaire de sa blonde, il essaie d’articuler malgré sa bouche déjà occupée :  « La dernière fois que je l’ai vu… Alesya »  T’as pas entendu la moitié de la phrase et tu n’en retiens qu’un bout : Alesya. Depuis qu’ils se sont réconciliés, la peur te tenaille le ventre et tu crains de le perdre, que son amour ne soit pas assez fort. Certes, il t’a prouvé plus d’une fois que tu es la seule qu’il désire, celle qu’il aime, mais ton manque de confiance en toi ne te permet pas de te sentir autant en sécurité que tu le souhaiterais. Au fond de toi, une voix ne cesse de te répéter que jamais il ne pourra t’aimer autant qu’il a aimé Alesya, on n’oublie pas un premier amour.

Tu rejoins ta Salle Commune la mort à l’âme. Une fois dans ton dortoir, tu te saisis d’un livre policier que t’as offert ton père au Noël dernier mais que tu n’as encore jamais trouvé le temps de lire. Au bout de quelques minutes, seule dans le dortoir, à te faire les sangs dans ton lit, tu te décides enfin à descendre dans le salon commun pour avoir un peu de compagnie, aussi miteuse soit-elle. Les quelques marches qui t’en séparent sont vite descendues et tu te retrouves au milieu dune effervescence juvénile : tu n’y prendras pas part. Tu t’assieds un peu plus loin, sur le canapé qui fait face à la cheminée déjà allumée et tu te recroquevilles un peu sur toi même, tes jambes viennent se coller à ton buste et le livre pend un peu plus bas, dans le creux de ta main. Ton inquiétude te ronge et tu n’arrives pas à lire. Merde, mais il devrait déjà être rentré.  S’il traine encore trop longtemps, tu ne pourras plus résister et tu le chercheras, pour être sûre que rien ne lui soit arrivé, parce qu’après tout, s’il lui arrive quelque chose : tu perds tout. Tout ce que t’as tenté de bâtir au cours de cette dernière année, tout l’espoir que t’essaies encore d’insuffler à cette vie que tu as longtemps vomis, rejetée, détruite. Les autres ne remarquent pas que tu vas pas bien tout bonnement parce qu’il ont l’habitude de te voir quand ça ne va pas. T’as souvent le regard dans le vide Adélaïde, t’es pas une fille facile à cerner et tu t’en balances : ils peuvent bien penser ce qu’ils veulent, que celui qui n’a jamais souffert te lance la première pierre.

Jusqu’à présent, tu t’es retournée à chaque fois que tu as entendu la porte de la Salle Commune s’ouvrir pour être, à chaque fois, déçue de ne pas le voir apparaître. Alors, tu as arrêté de te retourner depuis une bonne demi-heure et tu fixes les flammes qui dansent, changent de couleur suite à l’oxydation de l’air. Tu sursautes quelque peu lorsqu’une paire de bras vient t’encercler et, lorsque tu reconnais son odeur, tu te permets un soupire de soulagement en venant déposer tes mains sur ses avant-bras gelés. Tu te retourner et le dévisages : il est trempé. Tu arques un sourcil, essaies de comprendre, mais tu n’y parviens pas alors t’attends ses explications. « Désolé… Alesya a failli se noyer… J’ai plongé dans le lac. » Ton sang se glace sans que tu puisses rien y faire. Il a risqué sa vie pour elle, risqué la tienne par la même occasion et malgré toute la jalousie que tu éprouves envers elle, tu n’arrives pas à en vouloir à Zane. Il semble comprendre ton malaise et vient déposer un baiser contre tes lèvres. « Je vais bien. Elle se repose à l’infirmerie. Les professeurs m’ont retenu pour savoir ce qu’il s’est passé… » Comme s’il lisait dans tes pensées, il essaie de te rassurer du mieux qu’il le peux. Il allume une cigarette et se pose à côté de toi, tu poses ta tête contre son épaule et encaisse le choc. Tu aimerais l’engueuler, mais tu n’y arrives pas, alors, presque penaude tu ajoutes : « T’es quand même malade, vous auriez pu crever tous les deux. » T’as toujours été assez pessimiste et il le sait, c’est ta façon à toi de lui avouer que t’es soulagée qu’il ne lui soit rien arrivé. « Elle a un peu craqué quand je lui ai dit qu’on allait se marier. D’ailleurs, Adélaïde, j’ai envie qu’on se marie le plus vite. » Un sourire éclaire ton visage et par ces mots,  tu lui pardonnes toute l’inquiétude qu’il a pu te causer. Tu t’empares de sa cigarette et fumes deux fois dessus avant de souffler en même temps que la fumée qui sort de ta bouche : « C’est la faucheuse qui t’as fait prendre conscience du temps qui passe ? » Tu te lèves face à lui et vient lui déposer la cigarette dans la bouche avant de monter sur lui à califourchon et de passer tes bras autour de son cou : « Tu sais bien que pour moi, au plus vite sera le mieux. On a pas besoin d’un grand mariage, de toute façon je doute que nos familles soient là aux premières loges, on peut toujours trouver une petite église et le faire officiellement tout bientôt, on organisera un repas avec les autres un peu après… et comme ça tes parents arrêteront de foutre la pression avec tes fiançailles arrangés etc., légalement, ils pourront plus rien faire. » T’es pas bête, tu sais que c’est risqué, mais à vrai dire, tu t’en contre fiche. Tant qu’il est là, le monde peut bien s’écrouler, tu as déjà tout gagné.

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Zane ∞ Adélaïde

Bien qu’ironiques, tes mots sont graves et sa réponse positive te bouscule quelque peu. Il n’a pas tord. La vie est courte et comme si cela ne suffisait pas, vous avez tous deux décider de la défier, de la pousser dans ses plus sombres recoins, appelant à la vengeance comme d’autres supplierait le monde pour leur salvation. Contre vous seront prêts à se dresser toute une ligue de sorciers mécontents de votre décision inconsciente et ça, vous en avez pris compte dans la balance…mais l’amour le vrai est l’arme la plus puissante qu’il soit. Il a été forgé dans la lave du volcan le plus chaud qu’il existe, taillé dans la pierre la plus froide, scindé de milles et unes merveilles qu’encore vous n’avez pas découvertes. Souvent, vos camarades traitent votre maison de fourmilière à lâches, si seulement ils savaient à quel point ils étaient dans le faux. Il en faut du courage, Adélaïde, pour tenir tête à tous ceux qui un jour voudront vous séparer, il lui en a fallu à lui aussi, pour se dresser contre l’étendard de ses ancêtres, au nom de l’amour, en ton nom. « Ils peuvent toujours essayer de te tuer, ou de nous tuer carrément tous les deux. Ils feront passer ça pour un accident, pour un suicide, ou alors personne en saura jamais rien et on nous pensera disparus, évaporés dans la nature. Légalement, c'est sur qu'ils seront bloqués. Mais les mangemorts ils s'en foutent bien des lois. J'pense pas qu'il y ait encore des associations pour défendre les amoureux qui n'ont pas le même statut de sang. ça, c'était plus au siècle dernier... maintenant, c'est censé être passé dans les mœurs le sang mêlé ou même... ou même les sangs de b.. Nés moldus. » De jour en jour, tu vois la nervosité gagner en puissance dans son regard et ça te brise le cœur. Non. Il ne devrait pas avoir à endurer ça, pas à cause de toi. Zane mérite de trouver une femme qu’il aime, jeune fille de bonne famille au sang plus pur que l’or et non pas une trainée de sang-mêlé comme tu l’es toi. Ton visage s’éteint un instant, ton regard cherche le sol afin de fuir, de trouver autre chose sur laquelle poser son attention. En vain. « Je préfère encore crever à genou devant eux et la bouche ouverte que de les voir te faire du mal, et ça tu le sais. Jamais je les laisserai te toucher et même si dans les convenances on dit que c’est l’homme qui protège ou quoi, je sais très bien que je serai la première à tomber s’il faut qu’on tombe. Mais crois moi que je leur arracherai les membres inférieurs avant même qu’ils n’aient eu le temps de courir jusqu’à toi. Wilhelmina a besoin de toi, Alesya aussi. Quoi qu’il arrive, faut que tu restes. Je sais qu’on aime pas parler de ce genre de choses, mais le moment venu, faudra me laisser faire si un jour il y’en a besoin … et je préférerai que ce soit pas le cas… y’aura personne pour me pleurer moi. Toi tu dois prendre soin d’elles. » Oui, il le sait. Il sait que tu l’aimes plus que tout au monde, que tu es prête à tuer pour lui, à tout. Quoi qu’il en dise, tu feras toujours tout pour le protéger parce que sans lui, tu n’es plus, Adélaïde.

Il fait des efforts de son côté, pour paraître fort là où il doute et ça te rassure autant que ça te fou les boules. Parfois, tu te dis qu’il serait plus simple pour tous les deux si tu le laissais s’en aller, vivre sa vie, avec une autre qui ne le plongera pas autant dans la merde que toi tu le fais. Il ne mérite pas ça. Soudain, un sourire ravive ton visage au moment même où lui ravivent les flammes. Il te parle de mariage, du votre, t’imagines presque en robe blanche, un bouquet à la main. Tu pinces tes lèvres pour ne pas éclater de rire. C’est vrai qu’enfant, tu as toujours vu ce jour en grand, comme toutes les petites filles, mais aujourd’hui tu t’en fiches. Tu peux bien te marier en jeans, tant que c’est avec lui. Tes yeux cherchent les siens, tu as besoin de savoir s’il sait ce qu’il est entrain de faire, s’il ne se précipite pas juste par esprit de contradiction et, nerveusement, tu l’interroges directement là où toi même t’interroges indirectement depuis des jours : « Tu es sûr que c’est vraiment ce que tu veux ? » De ton côté, s’il est sûr, tu l’es aussi. Mais tu as besoin de savoir. Besoin de savoir si tu n’es pas tout simplement entrain de gâcher sa vie.  « Je veux qu'on soit heureux. C'est tout, je veux rien de plus. Enfin si, je voudrais bien avoir le nouvel éclair de feu dès qu'il sortira, mais c'est moins important. C'est toi, c'est nous qui comptons le plus. » Tu regardes les flammes un instant, toi aussi. Tes pensées sont ailleurs, tu l’imagines une bague à la main, une bague que tu lui aurais offert et, sans même détourner ton regard, tu ajoutes : « Et qu’est-ce que tu dirais d’avoir un chien ? » C’est niais. Tu n’as jamais vraiment voulu avoir un chien en plus et pourtant, c’est ta manière à toi de lui prouver que tu es prête, que tu n’as pas peur et que tu ne reculeras devant rien. Un chien. Pourquoi pas, après tout.

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Zane ∞ Adélaïde

Pour être franche, même si t’as jamais vraiment douté de ton amour pour Zane, tu t’es souvent demandé si vous preniez la bonne décision, pour lui, mais surtout pour votre future famille s’il y en a une un jour. Tu sais que les enfants sont moqueurs et que parfois, leurs remarques blessent, coulent. Elles ont souvent eu raison de toi le soir, quand seule avec une bouteille de gin, pour dormir il fallait que tu boives. Mais pour la énième fois de ta vie, t’as de nouveau envie de prendre une décision égoïste en pensant à toi, à vous, avant de penser au reste. Et puis, vous aurez le temps de voir venir, c’est pas comme si t’étais déjà enceinte. T’attends quand même d’être stable dans la vie, au moins d’avoir un appartement avec l’homme que tu aimes pour partir sur de bonnes bases. Tu regardes furtivement la bague que tu portes au doigt et passe un doigt attendri dessus. T’oublieras jamais vraiment le jour où il t’a demandé ta main, c’est gravé dans ta tête. Jusqu’à ce jour là, t’étais persuadée que ça n’arrivait qu’aux autres et que jamais personne ne voudrait d’une sang-mêlée qui a tenté de se suicider. Mais il a tenu bon, il est là et aujourd’hui, tu te plais à penser que t’es la seule qu’il regarde.

Sa chouette, c’est vrai. Un chat, va pour un chat mais seulement si vous le faîtes castrer parce que tu te vois mal avoir toute la ribambelle de gosses à nourrir eux aussi, ou alors, vous prenez un mâle. « Va pour un chat. Mais sinon, on peut tout aussi bien s’en passer, surtout si tu veux devenir poursuiveur professionnel, je pense qu’on sera souvent en déplacements, donc c’est vrai que c’est pas pratique. » Parce que toi, tu comptes le suivre partout dans ses déplacements, l’encourager même à l’autre bout du globe parce que tu sais que ça te plairait qu’il en fasse de même pour toi. Il te parle ensuite du mariage et même si tu ne voudrais pas, tu commences à avoir peur tout autant que ça t’excite. Les choses se concrétisent et d’un côté, c’est mieux comme ça, il y aura moins de monde pour vous dire ce que vous avez à faire. Tu baisses un peu les yeux. Tu sais que ta famille ne t’abandonnera pas, que même si tu as été la pire de tous leurs membres, certains resteront toujours et coupable, tu penses à tes parents, Abigail et Athéna qui n’ont pas vraiment le choix parce qu’ils sont liés à toi bien plus fort qu’uniquement par le sang. Tu soupires un peu et tu avoues penaude : « T’as raison, c’est quand même important qu’ils nous soutiennent parce que je pense qu’on en aura bien besoin, du soutien. Faudra que je songe à faire la paix avec mes sœurs et tout le reste… un jour peut-être. » Oui, tu as envie de te marier, plus que tout mais tu n’es pas sûre d’avoir envie de te regarder dans le miroir et de faire face à tes erreurs, tu préfères fermer les yeux, c’est tellement plus facile. La votre, une famille rien qu’à vous. Pleins de petits Goyle qui courent partout et mettent le foyer sans dessus-dessous. Et même si t’as jamais voulu avoir d’enfants, tu prends du plaisir à imaginer des mini Zane éclairer tes journées. « Et je sais que t’en veux beaucoup, des gosses, faudrait qu’on s’y mette bientôt. » Et, mutine, tu effleures juste son pantalon, entre ses deux cuisses, pour lui montrer que tu n’es pas contre et que même si c’est trop tôt et que tu le sais pertinemment, s’il t’en demande un aujourd’hui, tu serais bien incapable de lui dire non parce que pour lui, t’es prête à tout.

Il te dit qu’il attendra, t’aimerais lui crier que t’es prête si lui il l’est, mais tu veux pas paraître immature alors tu le sers juste fort dans tes bras et il comprendra bien dans ce geste ce qu’il veut comprendre. Tu te recules un peu et tu lui souris aussi sûre de toi que tu le peux. Tes fréquentations t’ont toujours tiré vers le bas, Adélaïde, Galadriel a failli te tuer il y a de cela peu et Lullaby t’entraines dans ses bad trip tout autant que toi tu la traines dans les tiens. Avec Zane, pour la première fois de ta vie, t’as l’impression que quelqu’un te tire vers le haut et ressort le meilleur de toi, même si tu culpabilises à mort de pour une fois, toi le tirer vers le bas. Parce qu’il mérite mieux que cette vie de soucis, alors, pendant qu’il continue de te parler de votre mariage, tu te mets à te dire qu’il irait bien mieux s’il ne t’avait pas rencontré, qu’il aurait épousé une fille de bonne famille et que ses parents seraient fiers de lui aujourd’hui. Pour les demoiselles d’honneur, tu n’y as jamais vraiment pensé mais d’un coup, ça te retombe en pleine face. Tu penses pas que tes sœurs accepteront, mais va falloir que t’essaies. Alors tu souris timidement : « Pour mes sœurs, on verra ce qu’elles en pensent mais tu penses vraiment que la tienne aura envie d’être ma demoiselle d’honneur ? Je ne suis pas sûre qu’elle m’apprécie dans le fond. » En même temps, tu n’as jamais rien fait pour qu’elle t’apprécie, ni pour qu’elle te déteste c’est vrai, mais t’as toujours été une menace pour elle, celle qui était entrain de faire couler ses frères. « Sinon, l’été me semble parfait. » Et d’un geste coquin en te rapprochant de son oreille, tu ajoutes : « Et je suis sûre que tu seras le plus beau des marié qu’il ne m’ait jamais été donné l’occasion de voir. »

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Zane ∞ Adélaïde

Quelques années plus tôt, il t’aurait paru complètement fou que quelqu’un vienne te rapporter qu’aujourd’hui tu parlerais mariage avec Zane Goyle. Il était celui que tu observais de loin parce que tu ne pouvais pas t’empêcher de le trouver mignon mais pour qui tu savais que jamais tu n’aurais le moindre intérêt. Puis, vous êtes devenus « amis », au point que vos discussions au coin du feu ont pris pour toi une ampleur démesurée. En cachette, tu laissais ton cœur se mettre à battre de nouveau, tu lui permettais de s’attacher à quelqu’un, chose que tu n’avais pas faite depuis longtemps. Depuis le jour où Galadriel t’as abandonné, tu t’es renfermée dans une sorte de carapace étanche aux sentiments, ne tissant plus que des relations superficielles que tu n’emporterais pas plus loin dans le courant de ta vie. Mais avec lui, tout est différent, tout avait toujours été différent. Tu l’avais toujours su au fond, qu’il te ressemblait beaucoup, depuis le premier jour où tu lui avais vraiment adressé la parole. Mais tu n’étais qu’une Weasley, une parmi tant d’autres rouquins aux tâches de rousseur, descendante directe de ces gens que tout le monde appelait « les lapins » tant leurs enfants étaient nombreux. Tu avais beau dire ce que tu pensais de tout ça, tu restais une Weasley aux yeux des autres : pas assez bien pour les enfants des Mangemorts, pas assez non plus pour ceux des Vainqueurs qui voyaient en toi un côté sombre qu’ils cherchaient à bannir de leurs rangs. Tu n’étais pourtant pas méchante, juste un peu perdue, tourmentée. Ainsi, quand aujourd’hui tu poses ton regard sur celui dont bientôt tu porteras le nom, tu ne peux t’empêcher de te dire que vous êtes inconscients, une merveilleuse inconscience qui vous pousse vers une insouciance totale. Les « on-dit » ne vous déstabilisent plus, les conséquences ne vous font plus peur. Tant que vous êtes ensembles. « J'aurais préféré l'Automne, vu qu'on est tous les deux du 31 Octobre, et que j'adore les couleurs orangées des feuilles... Mais au plus vite on sera mariés, au plus vite nos problèmes seront réglés. » Un sourire se dessine sur ton visage. Sa phrase te remémore ce soir où, ensembles, vous avez décidé de rompre les convenances en vous unissant. Ce soir où il avait failli commettre l’irréparable, où, par dernier appel au secours tu lui avais avoué tes sentiments. Ce soir qui avait marqué le début de l’idylle que vous viviez aujourd’hui. « Tu feras une très jolie mariée aussi je suis sur. Peut importe ce que tu portes, on pourrait même se marier en tenue de Quidditch après un match sous la pluie et pleins de boue que je te trouverais resplendissante. »  Tu sais qu’il ne ment pas parce que ce serait la même chose pour toi, peu importe le lieu, peu importe ses vêtements, tant que lui est là, c’est le plus important. « Et moi qui me faisais du soucis rien qu’à l’idée de faire les boutiques pendant des heures pour trouver la tenue parfaite, me dis pas ça, je vais être tentée de me laisser aller. » D’un côté tu dis ça avec humour parce que tu as toujours voulu être la plus belle le jour de ton mariage, mais d’un autre, cette union te stresse et c’est vrai que tu n’es pas rassurée à l’idée d’avoir à gérer de grands préparatifs.

Tu le sens trembler tout contre toi lorsqu’avec douceur il ramène la couverture sur vos deux corps. Il te faut un instant avant d’avoir une idée totalement idiote mais que tu ne peux pas laisser passer. Tu te lèves un court instant et cherches sous le coussin du canapé qui vous tient face. Tu en sors une demi-bouteille de whisky pur feu que tu as caché là avec Lullaby pour les soirs où vous n’arrivez pas à dormir. Il lui sera plus utile à lui pour se réchauffer qu’il ne l’est à toi lors de tes soirées arrosées. Alors, tu la lui tends en lui adressant un sourire bienveillant : « Tiens, ça veut te réchauffer un peu. T’as l’air congelé et j’ai l’impression que même mon corps ne te réchauffera pas assez vite. » Certes, tu n’as pas les réflexes d’une mère qui à la place lui aurait tendu un chocolat chaud, mais tu n’es encore qu’une adolescente, tout autant que lui et tu penses qu’il saura apprécier ton geste à sa juste valeur. De plus, cette scène a quelques allures de déjà vu, lorsque transit de froid, vous aviez passé la nuit dehors à vous enivrer et que pour la première fois vous aviez laissé vos lèvres se toucher. Certes, cette fois il n’y en a plus assez pour être en état d’ébriété, mais ça devrait faire l’affaire pour qu’il cesse de grelotter. Tu retournes te poses tout près de lui, tout en déposant ta tête sur son torse pour tenter par tous les moyens de le faire embrasser à nouveau une température corporelle normale. « Je crois que j'ai eu la peur de ma vie ce soir au lac... J'pourrais plus jamais m'en approcher sans repenser que... qu'Alesya aurait pu mourir là si j'avais rien fait. Tu sais, j'ai eu encore plus peur que pendant l'attaque de pré au lard. J'avais peur de devoir te faire du mal... mais là c'était bien pire. J'imagine pas vie sans elle... On est trop proches, pour pas faire partie de la vie de l'un et de l'autre. On est peut être plus ensemble elle et moi, mais j'aurais toujours de l'affection pour elle. Même si celle que j'aime, c'est toi. » D’un certain côté, ces mots ne te rassurent pas et tu essaies de cacher ton mal aise. Non. Tu ne doutes pas de Zane, encore moins de son amour, mais tu sais qu’Alesya n’aurait qu’à claquer des doigts pour qu’inconsciemment, il retourne vers elle. Et cette histoire de fiançailles arrangés ne te rassure pas non plus, toi et ton manque de confiance, tu en viens à te méfier de tout et de tout le monde, sauf de lui. Jamais de lui. « Je suis fière de toi. Je ne sais pas si j’aurais eu le courage de sauter à ta place… Enfin, j’espère ne jamais avoir à me retrouver dans la situation où c’est toi qui te noies, ni même une de mes sœurs, parce que quoi que je puisse bien en dire, je tiens à elles. Mais je crois que je n’oserais pas. Alesya a de la chance d’avoir quelqu’un comme toi dans sa vie, et moi j’ai encore plus de chance de pouvoir passer la mienne avec toi. » Tu te blottis un peu plus fort contre son torse en espérant qu’il ne dénote pas ton inquiétude grandissante. Tu aimerais pouvoir faire entièrement confiance, mais tu as tout de même cette vilaine impression que de t’offrir entièrement serait te condamner, et pour ça, tu n’es pas encore totalement prête. « Je laisserai jamais personne te faire du mal. Je te le jure. » Mais se rend-il seulement compte que la seule personne capable de te faire du mal, ça reste lui ? Qu’il est le seul détenteur de tous tes cauchemars et qu’en un claquement de doigts, il peut te renvoyer six pieds sous terre, là où il t’a trouvé ? Sait-il seulement que s’il doit te protéger de quelqu’un, c’est de toi et de toi seule ? Que personne ne pourra jamais plus attenter à ta vie que tu ne le fais toi même lors des crises de profond mal être ? « T’as vraiment cru que t’allais mourir, là-bas au fond, pas vrai ? On ressent quoi exactement ? » Tu n’oses pas lui demander ce qu’il a ressenti lui, alors, tu généralises la chose pour ne pas t’inclure à l’équation. Et à ce moment là, tu plantes tes yeux céruléens dans les siens et attends une réponse franche pour te déculpabiliser de n’avoir ressenti que du soulagement de ton côté, le jour où tu as avalé ses cachets, ce jour où si Abigail ne t’avait pas retrouvée, tu serais certainement morte. Mais la donne a changé, aujourd’hui, tu as une raison de te battre. Une bonne raison.

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Zane ∞ Adélaïde

T’as jamais été douée pour réconforter les gens qui vont mal et, même si là t’aimerait bien le rassurer sur ce qu’il vient de vivre, même si c’est Zane et que tu penses être capable de tout pour lui, tu sais pas vraiment comment t’y prendre. Et qui a dit que c’était facile, l’amour ? Tu ne t’y connais pas vraiment mais tu commences à te dire qu’avec le temps, tu gagnes en expérience, qu’il t’apprend tout avec patience. Tu te souviens les premières fois, tu te tournais pour enlever tes t-shirts, lui demandait d’éteindre la lumière pour pas qu’il ne voit ton corps, aujourd’hui, tu prends les devants parfois et tu te surprends même à aimer ça. Six moi. Une première relation, la plus longue, celle que naïvement tu espères ne jamais avoir à échanger. Tu sais que ce n’est pas pareil pour lui, qu’il est resté bien plus longtemps avec Alesya et que d’un côté, s’il l’a aimé aussi fort que tu ne l’aimes aujourd’hui, demain n’est pas la veille où son souvenir cessera de le hanter. Sans réellement avoir la force de penser à l’éventualité qu’un jour il ne retombe dans ses bras, tu préfères profiter aveuglement de l’instant présent, du temps qui passe, vite, trop vite. Egoïste à ton tour, tu préfères ne pas penser à elle, ne pas penser à elles, toutes celles qui un jour on pu tomber éperdument amoureuse de Zane Ethan Goyle. Jalouse ? Oui, tu l’es. Modérément, justement, légitimement, mais tu n’en fais pas une maladie. De toute manière, le passé restera ce qu’il est, tu ne peux plus qu’agir sur le présent, le futur également. Ce n’est pas la jalousie qui te ronge, qui te bouffe. Non, c’est quelque chose de bien plus fulgurant : ce manque de confiance en toi dévastateur qui ne cesse de te murmurer au creux de l’oreille que demain, peut-être, il ne sera plus là. Que demain peut-être, la divine Lestrange aura récupérer son dû. Et t’en vomis des jurons sur cette vision qui te détruit, mais ce n’est jamais suffisant. Tu continues d’agoniser dans la peur.

Buvant chacune de ses paroles, elle fait ce qu’elle sait faire de mieux : écouter à défaut de conseiller adéquatement : « Tu sais, j'ai jamais été confronté à un épouvantard, vu que le jour où ce cours à eu lieu j'étais à l'infirmerie avec trois cotes cassées et le nez de travers à cause d'un match contre gryffondor, et d'un cognard de ta cousine... Mais je pense qu'il prendrait sans doute la forme des gens que j'aime... Morts. Toi, ma sœur, Alesya... Mortes, sans que j'ai pu faire quoique ce soit pour vous sauver. Je préfèrerai mourir pour vous sauver toutes les trois, plutôt que de rien tenter, même si ça peut paraître dangereux. J'ai pas réfléchit quand elle est tombée. J'ai sauter dans ce putain de lac et j'ai tout fait pour la sortir de là. J'aurais fait la même chose pour toi, sans hésiter, et aussi pour Wilhemina. » Tu trouves sa force de caractère admirable et tu ne peux t’empêcher de te demander si toi, tu en aurais fait autant. D’un certain côté, tu aimerais te convaincre que oui, mais de l’autre, le courage n’a jamais été ta plus grande qualité. A contrario de Galadriel. Et si tu penses avoir encore un espoir de recoller les morceaux avec tes sœurs, tu sais que ta cousine sera bien moins aisée à récupérer et que sa haine envers toi ne cesse de décupler au profit des années. N’a-t-elle pas seulement déjà oublié ton nom ? Rayé ton souvenir de sa mémoire endolorie par les attentats commis contre son jumeau, contre votre sang. Zane en sait-il quelque chose ? Aurait-il laissé les siens s’en prendre à sa sœur comme si elle n’avait rien été de plus qu’une vulgaire Née-Moldue ? « J'ai pas eu peur du calamar sur le coup, j'avais juste peur qu'Alesya s'en sorte pas. J'ai pas eu peur de mourir non plus, parce si c'était ma vie contre la sienne je me serais sacrifié. Même si ça peut te paraître égoïste, puisque je t'aurais abandonnée... Je m'en serais voulu, tu sais, d'y perdre la vie et de te laisser seule. Mais j'ai pas envie que quelqu'un perde la vie à cause de moi. Même si c'est mon ex copine et... enfin... Je suppose qu'en tant que Femme, tu veux marquer ton territoire. » TU es bien embêtée car, tu aimerais répondre quelque chose de censé, lui dire que tu ne lui en veux pas le moins du monde mais, même si tu comprends son geste, tu as de la peine à l’accepter. Et puis bon, ça n’a jamais été vraiment le grand amour entre toi et Alesya alors qu’il risque sa vie pour elle, tu trouves que c’est déjà une grande victoire pour la Lestrange. « Ouais non, c’est clair que c’est un peu égoïste parce que je serais devenue une proie facile pour tout le monde, parce qu’avec toi je veux bien me battre, mais seule contre tous, j’ai pas la carrure. Et puis Alesya est toujours dans ta tête quoi que tu me dises, je le vois bien, mais c’est pas pour autant que c’est pas avec toi que j’ai envie de construire quelque chose. J’espère qu’un jour tu pourras la voir comme une amie, rien de plus ni de moins, même si c’est pas gagné et en même temps, je veux te forcer à rien. Je suis pas là pour ça Zane, donc non, même si ça me fait peur parfois que tu rapproches d’elle, je serai jamais celle qui te demanderas de devenir quelqu’un que tu n’es pas. »

Sa dernière phrase pourtant t’effraie. Il ne veut pas être la cause de la mort de quelqu’un, mais tu sais que s’il tient vraiment à rester dans l’Ombre, ils ne lui en laisseront pas le choix. « Je t'aime. » Tes doutes sont balayés et tu sais qu’il est sincère, qu’il t’aime vraiment, peut-être pas autant qu’il n’a aimé Alesya, mais il t’aime et c’est tout ce qui compte. Toi aussi tu l’aimes, même si tu as de la peine à le dire souvent, il le voit bien à ta détresse dès qu’il n’est pas là qu’il est devenu le centre de ton monde. Tu te contentes de serrer sa main un peu plus fort dans la tienne et de lui rendre un baiser tendre. Cependant, tu ne peux t’empêcher de repenser à l’attaque qui visait les Serdaigles, Tristam. S’il lui était arrivé quelque chose, à lui, au seul Weasley qui avait toujours été là, jamais tu n’aurais pu te le pardonner, le leur pardonner, et peu sûre de toi, tu t’interroges en même temps que tu l’interroges : « Tu sais l’attaque, dans la tour des Serdaigle ? Qui a bien pu faire ça, t’as une idée ? Je veux dire, j’ai l’impression que ça commence à vraiment dégénérer ; il aurait pu arriver quelque chose à ta sœur, à Tristam, et ça je crois que personne s’en rend compte. Y aura toujours des innocents entre les gouttes, comment on peut s’attaquer à des personnes qui se trouvent juste au mauvais endroit au mauvais moment ? Se battre pour une cause, je veux bien, il faut choisir, mais se battre contre ce qui nous chante, je ne trouve pas ça normal. Je sais qu’un jour, la guerre va vraiment éclater et je te jure que ce jour, j’ai pas envie de faire partie des dommages collatéraux, pas comme tous ces Serdaigles blessés. Surtout que s’il y avait vraiment une cible dans cet attaque, ils s’en seraient pris au rouge et or, non ? Tous les descendants ont fini là-bas, rares sont ceux qui sont chez les piafs. Mais bordel, pourquoi s’en prendre aux Serdaigles ? »