• EXTRACT NUMBER ONE
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As tu peur de la mort, Lilianna ?Le ton de son père, dur et froid, la ramena brutalement à la réalité. En cette matinée d'avril, assez froide tout de même, elle était profondément plongée dans ses pensées, à la recherche de quelque chose à coucher sur le papier. Lilianna aimait bien écrire. Que ce soit prose ou poésie, qu'importe, du moment qu'elle écrivait. Cela la libérait de tout. De son enfer quotidien, notamment. Les gifles qu'elle recevaient quotidiennement, des insultes qui fusaient … L'écriture la faisait s'évader, l'emmenait dans un monde plus serein, plus beau.
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Non, Papa, répondit elle de sa voix fluette.
Je n'ai pas peur. La mort n'est qu'un passage obligé, pas vrai ? Lilianna faisait toujours attention à ne pas contrarier son père. Elle avait appris à aller dans son sens, et bien qu'elle détestait l'homme qui lui faisait face, elle ne pouvait qu'obéir. A sept ans, que pouvait elle faire d'autre ? Elle savait qu'arriverait un jour où elle le surpasserait, où elle pourrait enfin dire non, ou son calvaire prendrait fin. Toutes les histoire finissaient bien. La preuve en était avec Harry Potter, qui avait vaincu le mage noir et restauré la paix dans le monde magique. Tout finirait par s'arranger, c'était sur. Aussi ne s'inquiéta-t-elle donc pas lorsque son père se leva pour aller dans la cuisine. Sans doute allait il se rechercher une bierreaubeure, à moins que ce ne soit pas assez fort pour lui, auquel cas il se rabattrait sur le whisky pur feu. Elle baissa donc les yeux et caressa d'un regard le parchemin encore vierge devant elle. L'écriture l'appelait, les mots commencèrent à couler d'eux même.
… Lorsqu'elle sentit l'acier froid du couteau de cuisine contre son cou, elle ne comprit pas immédiatement la gravité de la situation. Son père tira brutalement sa tête en arrière, lui arrachant au passage quelques mèches de sa longue chevelure blonde et plaqua l'arme contre son cou, sans pour autant frotter.
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Et maintenant, murmura-t-il d'un ton doucereux qui ne cachait pourtant rien de son évidente cruauté,
as-tu peur de la mort, ma très chère fille ? Que pouvait-on répondre à cela ? La lame était si près de sa peau, un petit coup et hop, carotide sectionnée. Plus de Lilianna. Plus de musique, plus d'écriture. Plus rien. Les yeux de la jeune fille se remplirent de larmes et elle eut toute la peine du monde à déglutir.
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Oui, papa. Dit elle doucement, sans explication.
Ce dernier, apparemment satisfait de sa réponse la relâcha violemment et Lilianna glissa du canapé, totalement tétanisée. Son paternel ne lui accordait déjà plus d'attention mais la petite blonde avait peur. Oui, elle avait peur de ce monstre qui l'humiliait sans arrêt avec ses coups et la rabaissait, la traitant pire qu'une elfe de maison. C'en était trop pour la petite fille. J'aurais sa peau, se jura-t-elle intérieurement. Plus jamais il ne la ferait souffrir, non plus jamais un homme ne l'aurait à sa mercis, elle se le jurait.
• EXTRACT NUMBER TWO
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Lilianna, viens là, tu as du courrier. Cria presque Eve Hopkings, pour être sûre que sa plus vieille petite fille l'entende bien.
Des bruits de pas la convainquirent que sa petite fille avait entendu, et qu'elle dévalait maintenant les escaliers de leur maison.
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Tiens lui dit-elle gentiment en lui tendant l'enveloppe,
je crois savoir d'où ça vient. Eve ne s'attendait pas à ce que sa protégée aie une quelconque réaction et excepté un léger sourire, elle constata qu'encore une fois, Lilianna n'eut aucune réaction de joie. Elle ouvrit la lettre, la lut rapidement en diagonale et la reposa sur la table à manger.
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Merci de m'avoir prévenu grand mère. Lui dit-elle sur un ton neutre.
Elle repartie alors d'un ton nonchalant vers les escaliers. Sa grand mère soupira mais ne dit rien.
Lilianna avait changé. Ce n'était plus la jeune fille souriante qu'elle avait l'habitude de voir pendant les vacances, durant les premières années de sa vie. Elle était devenue renfermée et méfiante, comme si quelque chose l'avait brisé. Bien sur, Eve savait ce qu'il s'était passé avec son beau fils ,qui depuis avait été arrêté et mis à Azkaban pour violences sur ses enfants. Il ne devrait sans doute pas sortir avant quelques années. Eve avait espéré qu'au cours des ans, elle réussirait, en tant que grand mère et seule figure maternelle de la famille (la mère étant morte en accouchant de la sœur de Lilianna, Rebekha), à faire oublier à la jeune blonde ses traumatismes d'antan, mais il semblait que cela soit vain. Pourtant, Lilianna n'était pas une enfant si difficile et même en tant qu'adolescente, elle n'était pas capricieuse. Elle était juste brisée, et avait un talent certain pour se mettre dans les ennuis. C'était une téméraire, s'abritant derrière un masque de froideur et de « je-men-foutisme » total , se maquillant avec excès et ce malgré son jeune âge pour exister. Et dieu seul savait ce que qu'un enfant peut faire lorsqu'il est brisé. La seule chose qui la sortait de sa profonde solitude, c'était la musique, salvatrice, bien qu'elle ne soit pas du goût d'Eve. Trop dark, trop violente, trop « rock&roll » comme dirait ses voisins. L'insonorisation avait été nécessaire, avec de multiples sorts, mais il lui arrivait encore d'entendre les basses qu'elle jouait parfois le soir. Eve n'espérait plus qu'une chose , en voyant la silhouette de sa petite fille monter les escaliers : que Poudlard la sorte enfin de son monde et la fasse redescendre sur terre.
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Le château était tout simplement impressionnant, Lilianna devait le reconnaître. Grand, majestueux, il brillait de toute sa splendeur. Pourtant, comme à son habitude, elle cacha ses sentiments derrière un visage impassible, alors que ses camarades de première année laissaient éclater leur joie.
Non mais Allo, vous n'avez plus 11 ans ! Se retint elle de dire, de peur de s'attirer les foudres de personnes inconnues dès son premier jour.
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Tu n'as pas l'air de trouver ça amusant ou même réjouissant, n'est ce pas ? Lilianna se retourna et constata qu'un garçon, adossé contre un des mur , la regardait avec intérêt. Il était brun, plus grand qu'elle et mignon, Lilianna devait se l'avouer à elle même. Ses yeux semblaient lire en elle comme dans un livre et cela embarrassa la blonde qui n'aimait pas être scruté comme cela, surtout par un homme. Elle n'aimait pas les garçons et ça n'allait pas changer de sitôt.
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Je fais ce que je veux, non ? Répliqua-t-elle brusquement, trop sèchement sans doute.
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Bien sur, bien sur, répondit le garçon, un sourire amusé fleurissant sur ses joues.
Belle tenue au passage dit il en montrant d'un geste de la main la tenue vestimentaire de la jeune fille, assez rock et délabrée.
Lilianna s'apprêtait à répliquer de manière encore plus sèche lorsque la directrice adjointe fit son apparition et leur intima le silence. Les premières années se serrèrent en rang et entrèrent dans la grande salle. Lilianna ne fit pas attention au décors, trop énervée contre le garçon.
La cérémonie se déroula rapidement et ce fut bientôt à elle de monter s'assoir sur le tabouret et de mettre le choixpeau. Elle n'avait aucune idée à quelle maison elle serait attribuée, du moment que ce n'était pas Poufsouffle.
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Gryffondor hurla fortement le choixpeau, à peine posé sur sa tête.
Plutôt satisfaite, la blonde se rendit vers sa table, sans pour autant laisser exprimer sa joie d'avoir été accueillie dans la maison des récents vainqueurs de la guerre.
• EXTRACT NUMBER THREE
Yeux fermés, lèvres closes, sourcils froncés par la concentration, Lilianna faisait le vide en elle. Elle essayait tant bien que mal de ne penser à rien. Ni à ses BUSES qui devaient arriver aujourd'hui, ni à son futur, ni à son passé, pas même à son présent. D'après le livre qu'elle avait acheté au prix fort dans l'allée des Embrumes – et qui l'avait d'ailleurs quasiment ruiné, il fallait qu'elle n'ait plus rien en tête. Comme si tous les casiers de son bureau était vides et qu'aucun parchemin noirci d'une idée ne s'y trouve. Comme si tous les souvenirs s'évacuaient. Elle était tellement concentrée par son exercice qu'elle n'entendit pas la grande chouette hulotte taper contre le carreau de sa fenêtre. Elle avait enfin atteint ce stade où elle ne pensait à rien.
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Liliaaaaaannaaaaaaaa ! Hurla soudain une voix aiguë, reconnaissable entre mille.
Ouvrant un œil, puis l'autre, elle ne put qu'entendre le bruit de sa sœur montant quatre à quatre les escaliers de leur maison. Elle eut juste le temps de cacher sous sa couverture les livres dont elle se servait avant que Rebekha ne rentre dans ses chambre, une lettre cachetée à la main. Évidemment, elle est ouverte, soupira intérieurement la jeune femme. Sa sœur était une vraie fouineuse, mais malgré ce défaut qui, chez quelqu'un d'autre, aurait énervé Lilianna, elle ne trouvait rien à critiquer chez sa sœur. C'est simple, Rebekha était parfaite, l'enfant modèle et elle voulait tout faire pour que rien ne lui arrive. Elle l'aimait comme la prunelle de ses yeux, c'était d'ailleurs la seule ou presque qu'elle estimait réellement.
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Quoi ? Répliqua-t-elle, en tentant de paraître énervée, même si contre sa sœur, c'était impossible.
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Tu as reçu une enveloppe. Souffla sa sœur en la lui tendant justement.
Vu le ton grave et impérieux qu'elle employait, Lilianna n'avait aucun doute sur la provenance et le contenu de la lettre. Ses BUSES étaient enfin arrivés. Légèrement impatiente et angoissée (bien qu'elle ne l'avouerait jamais elle même), elle ouvrit la lettre précautionneusement et déplia le premier papier sur lequel était inscrit ses buses.
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Tu as vu Lil' ? Tu les as tous ! Tous ! La joie de sa sœur était palpable mais Lilianna ne la partageait pas. Elle n'était pas surprise, au contraire. C'était le fruit de son acharnement quotidien pour le travail et pour le sérieux. Tous les autres Gryffondor qui avaient papilloné tant de temps... Elle leur collait une sacré raclée. Pourtant, elle n'était pas du genre à exploser de joie. Elle haussa les épaule. Quelque chose d'autre l'attendait. Un travail mille fois plus difficile que celui que l'on imposait aux BUSES.
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Merci petite sœur. Peux-tu me laisser seule maintenant ? Je dois … travailler.Le ton était sans appel. Pourtant, Rebekha ne bougea pas.
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Je peux peut être t'aider, non ? Murmura-t-elle doucement.
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Pense à quelque chose. Pense y fort mais pas trop. Essaye d'y penser, mais comme si tu ne voulais pas que je sois au courant. Tu as compris ? Lilianna n'attendit même pas que sa soeur acquiesce, elle prit sa baguette et murmura «
Legilimens », tout en se focalisant sur l'esprit de sa soeur. Une faible lumière sorti de la baguette en bois d'if, sans résultat cependant. Malgré tout, la blonde ne se laissa pas déstabiliser et elle continua d’assaillir de sortilèges sa soeur, jusqu'à ce qu'enfin, elle perçoive sa conscience. L'esprit de sa soeur était bouillonnant, vivant, joyeux. Pour peu, elle aurait pu la sentir sourire à travers les images qu'elle voyait dans sa tête. Pourtant, ce contact ne dura pas longtemps et Lilianna fut éjectée de l'esprit de sa sœur.
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Tu as tenté quelque chose pour me repousser ? Lui demanda-t-elle, curieuse.
Sa petite sœur hocha négativement la tête. C'était donc bien Lilianna qui manquait d'entrainement. Mais ce n'était pas très important. Aujourd'hui, elle était passée de la théorie à la pratique, avec un succès certes mitigé mais tout de même présent. Il lui suffirait de s'entrainer dur et souvent, ça, elle savait le faire, car la musique et la guitare lui avait appris à persévérer. Les lendemains n'en seraient que meilleurs, après tout, tout finissait bien .. N'est ce pas ?