Une sonnerie stridente retentit, brisant un instant le calme et le silence des lieux. Une main s'échappa des couvertures, cherchant à tâtons une paire de lunettes qui prit plus de temps que prévu à trouver. Finalement, et après avoir renversé une bonne partie de ce qui traînait sur la table de nuit, Julie fit glisser les lunettes sur son nez et éteignit d'un geste las le réveil matin. D'une manière générale, elle trouvait scandaleux de devoir mettre un réveil alors qu'elle était en vacances. Elle avait bien tenté de s'en ouvrir à son père mais la discussion s'était rapidement close. Inutile d'aller chercher le soutien de sa mère. Pénélope Deauclaire-Weasley, en bonne ancienne Serdaigle, était du même avis que son mari : les vacances sont faites pour travailler. La rouquine soupira, comme seule une étudiante qui doit se lever avant midi pendant les vacances peut soupirer. Deux jambes fines et blanches passèrent par dessus le lit. Malgré tout ses efforts pour bronzer, Julie Weasley n'avait jamais réussi à dépasser le statut cachet d'aspirine... elle avait fini par se faire une raison, et se consolait en se disant que si un jour elle devenait un fantôme, on ne ferait presque pas la différence et qu'elle pourrait passer pour vivante. La rouquine fit quelques pas dans sa chambre, et passa un sweat rouge sur lequel était brodé un lion d'or au dessus de ses sous-vêtement. Après avoir enfiler avec une nonchalance extrême une paire de chaussons noirs, elle se dirigea vers une cage grise. Une petite rate noire et blanche releva la tête à son passage, les moustaches frémissantes. La jeune fille attrapa une petite friandise dans un sachet vert pomme, et glissa une main dans la cage. Le petit animal ne se fit pas prier pour grimper sur sa maîtresse, et commença à grignoter, ravi, la gourmandise qu'on lui donnait. « - Salut Dinah. » Julie avait trouvé amusant le fait de donner à son rat de compagnie le même nom que le chat d'Alice « - T'as encore fait un bruit pas possible cette nuit... Comment veux-tu que je dorme dans ces conditions ? » Le ton était amusé : même si elle s'était forcé, elle n'aurait pas pu avoir l'air en colère. Julie n'était pas d'un naturel colérique, c'était même l'inverse. Joyeuse, fraîche et enjouée, elle ne se vexait quasiment jamais. Depuis toute petite on ne pouvait pas nier qu'elle avait un caractère facile à vivre. Malheureusement, Perceval Weasley aurait volontiers troqué un peu de ce caractère agréable et insouciant contre un soupçon de sérieux... En effet, Julie désespérait ses parents par son bulletin scolaire où les remarques désastreuses n'avaient d'égal que le nombre flagrant d'heures de retenue. Si Julie mettait autant d'ardeur à réviser qu'à enfreindre le règlement elle aurait probablement été une des meilleures élèves que Poudlard ait jamais connu. Hélas, la jeune fille ne vivait que pour cueillir le jour et s'amuser encore un peu plus. D'un pas rapide et léger, la mignonne rouquine rejoignit ses parents pour prendre un copieux petit déjeuner. Œuf sur le plat, bacon grillé, jus d'orange frais... Rien de tel pour bien commencer la journée. Dinah fit passer un museau curieux entre les cheveux de sa maîtresse, déclenchant une remarque désespérée de Pénélope : « - Julie... Combien de fois devrais-je te le dire ? Je ne veux pas voir ton rat à table... Tu la promènes partout avec toi à Poudlard? ». Du haut de ses quarante-sept ans, Pénélope était une jolie femme. Elle avait eut sa fille plutôt tard, mais sa grossesse n'avait rien enlevé à ses traits simples et harmonieux. Sa longue chevelure blonde était généralement retenue par une queue de cheval haute ou un chignon, et quand elle souriait on lui donnait facilement dix ans de moins. « - Bien sûr maman, dans la poche de mon sweat, ou sur mon chapeau... Ça dépend. » C'était cette étrange passion pour les chapeau, additionné à sa logique un peu loufoque et à son tempérament joyeux qui avait valu à Julie son surnom de Hattie, avant elle restait Pumpkin ou Weasley pour tout le monde... Quoique que certaines personnes l’appelait par son prénom. Perceval soupira, amusé par sa fille. Quoiqu'il en dise, et bien qu'il passa beaucoup de temps à s'en plaindre il avait toujours été un de ces père-gâteau qui amassaient les photos de leur progéniture sur le bureau, et rendaient fous leurs collègues en racontant les derniers exploits de l'enfant prodige. Au ministère, quasiment tout le monde connaissait l'histoire du poisson rouge devenu violet, histoire du jour où les Weasley eurent la certitude de compter une sorcière de plus dans la famille. Si Pénélope n'avait pas eu tant de difficulté à mener une grossesse à terme, aurait-il été aussi fou de sa fille ? Allez savoir, après avoir perdu trois fois un enfant, le couple avait commencé à désespérer... En conséquence la naissance de Julie avait été vue comme une bénédiction, et la petite fille avait eu la chance de mener une existence choyée et privilégiée. Pour faire simple on lui avait rarement refusé quelque chose. De la pratique de la basse, au dernier balais sorti, Julie avait vu beaucoup de ses désirs exaucés. Naturellement ça déteignait un peu sur son caractère, et la rouquine pouvait se montrer capricieuse à ses heures perdues. Son déjeuner englouti, elle embrassa son père et partit prendre une douche (après avoir reposer Dinah dans sa cage, évidemment). Le sweat-shirt Gryffondor rejoignit le linge sale, et c'est dans un vieux jean un peu troué, et un t-shirt proclamant ''zombie were human too'' qu'elle se lança dans une méticuleuse révision, dissimulant un magazine de musique sous son livre de potion.