Ici, l'histoire de votre personnage tout simplement. N'hésitez pas à mettre de la musique ou des images (on aime bien ça ici les images). Racontez nous les passages les plus importants dans le passé de votre petit bonhomme, qu'on puisse un peu le cerner le petit. Minimum 800 mots.

« Lorsqu'il est question de bruit et de découverte. »

Le silence de la nuit rendait tout plus sonore. Paradoxalement. Etait-ce donc l’instinct qui reprenait ses droits et, afin de détecter un danger quelconque, décuplait les sens ou bien l’esprit amplifiait-il sa perception des choses de façon purement imaginaire ? Ces considérations avaient le don d’assommer l’enfant de douze ans qu’il était. Ses paupières lourdes étaient déjà presque parfaitement closes quand son frère brisa le voile du léger silence qui régnait. La réalité fictive que Bahlos venait passer dix minutes à construire, pour s’assurer le voyage le plus parfait dans le monde des rêves, s’évanouit aussitôt.

« C'était quoi ça ? »
« De quoi tu parles ? »
« Du bruit ! »
« Il n'y a pas eu de bruit. Tu m'empêches de dormir D'. »
«Je te dis que j'ai entendu quelque chose ! »

Dubitatif qu’il était Bahlos ne lui accorda pas immédiatement l’intérêt qu’il aurait pu. Le doute systématique était une arme redoutable et qu’il ne fallait pas laisser entre n’importe quelles mains, une raison suffisante pour que le jeune Goshawk en fasse son arme principale. Mais le doute n’était pas toujours permis, si la raison en était inconnue pour l’heure, l’écho lointain d’un cri de femme retentit à ses oreilles. Bahlos n’était pas courageux, l’épopée dans la maison endormie qu’il savait approchante n’était pas pour lui plaire, le danger était une variable avec laquelle il fallait savoir danser, courber l’échine. Mais la curiosité de ces deux petits monstres était une constante bien supérieure à toutes les valeurs que pouvaient prendre la variable danger.

« Ah tu vois qu'il y avait bien eu un bruit ! »
« C'était un cri ? »
« On va voir ! »
« Dépêche-toi ! »

Ce qu’il advient ensuite reste un peu flou, Bahlos pourrait vous conter une version édulcorée et poétique de l’affaire ou une toute autre vision, plus pragmatique. La vérité reste là, il ne se souvient pas de chaque détail. Les ombres des enfants de douze ans glissaient sur le parquet de la maison jouant avec les rayons de Lune un balai savant à la fois gracieux et inquiétant. Leur course avait un but précis, la discrétion. Dehloss marchait devant, plus entreprenant peut-être, une marche, puis une autre, lentement, avec précision. L’excitation pulsait dans les veines de Bahlos pendant que son frère posait son pied sur la troisième marche, la faisant couiner. Couiner ou rugir ? Dans le silence de la nuit il lui semblait que ce léger craquement revenait à une déclaration d’invasion fait par une tribu  de troll des montagnes. Les deux enfants étaient figés comme si ce bruit les avait révélés à la face du monde. La chambre des parents était toute proche mais aussi si loin. Depuis l’étage on entendit du bruit, de la porcelaine qui choit et se brise. A ce bruit, et connaissant la maison comme leur poche, les deux gamins fondirent jusqu’à la porte de la chambre. Bahlos ne savait pas trop à quoi s’attendre. Un voleur ? Une dispute ? Ce qui vit alors, dépassa de loin tout ce qu’il aurait pu imaginer. Et le plus terrible dans tout ça, c’est qu’avec un peu de recul il trouvait ça tout à fait logique, presque évident. Sa mère se faisait réprimander par le père de Dehloss, il lui frappait la croupe avec sévérité pendant qu'elle imitait un équidé. Cette simple vision aurait suffit à lui donner le mal de crâne, si seulement il n'y avait pas eu la bouche de son père... Cavité buccale dans laquelle s'enfonçait la langue du bourreau de Madame Goshawk. Le tableau était saisissant, presque autant que la mère de Dehloss, assaillie par les coups de reins du père de Bahlos, qui hurlait plus qu'elle ne gémissait. Le trouble et le dégoût saisirent Bahlos au même moment. C'était donc ça « l'amour » qu'ils prônaient tous les quatre ? Le sexe lui apparaisait tellement sale tout à coup, ses pulsions le mèneraient-elles à ce genre d'excès ? A cet instant Bahlos se fit une promesse solennelle, jamais il ne s'infligerait de tels débordements.

« Où il est fait état de sa première victime. »

Tout et tout le monde change. Inutile de le nier, Bahlos en était convaincu, le problème avec Bahlos c’est qu’une fois qu’il avait décidé qu’un fait était exact, qu’il connaissait la vérité, l’en faire démordre relevait presque de l’impossible. Et pourtant même les pitbulls lâchent leur proie une fois morte. Le jeune Goshawk n’était pas un pitbull, il était plus acharné que ça. C’est pourquoi il avait de telles dispositions, naturelles auraient dit certains, pour la manipulation et le chantage. Les considérations métaphysiques avaient, vous l’aurez peut-être compris, un pouvoir important sur l’humeur du jeune homme. Mais comme nous l’avons supposé tout change et Bahlos lui-même se revendique le fruit du changement. Ce qui l’endormait à une époque le fascine à présent. Envisager toutes les possibilités d’une question au demeurant inopportune à un moment inapproprié dans une situation indélicate. Voilà qui avait le don d’exciter ses connexions neuronales, déjà performantes en temps normal. La magie était advenue et avec elle la certitude de quitter le cocon familial aussi chaleureux et insupportable fût-il. Une chose restait, Dehloss le suivrait à Poudlard, c’était une bonne chose, enfin sur le papier. Même s’il aimait passionnément son frère, comme il se plaisait à le qualifier, la peur de s’en faire un ennemi dans les maisons l’avait à l’occasion traversé. Quitter le foyer revenait à quitter l’ignominie des deux couples qu’ils avaient pour parents. C’était du moins comme ça que Bahlos le voyait, ne plus avoir à supporter les cris nocturnes, les regards complices de deux couples qui n’auraient pas dû être si proches. Leurs parents ne savaient pas qu’eux savaient pour leur histoire d’amour à quatre. Et même s’il les aimait, au fond, il ne pouvait s’empêcher de penser que cette information lui serait un jour utile.

« Papa dis moi… »
« Oui Bahlos ? »
« Qu’est ce que tu ressentirais si les gens apprenaient sur toi un secret gênant ? »
« Par définition si c’est secret c’est gênant tu sais. »
« Répond à ma question Papa. »
« Je serais très mal à l’aise, surtout vis-à-vis des gens que je connais et que j’apprécie. »
« Si je te disais que je connais le secret de quelqu’un et que je veux le révéler à tout le monde, tu dirais quoi ? »
« Je te demanderais de réfléchir avant d’agir, que les mots ont un poids et que tu n’es pas toujours préparé aux conséquences de tes actes. »
« Merci Papa. »

Satisfait. C’était le mot. Satisfait, d’une satisfaction sans borne. Son père n’avait pas compris, ou s’il l’avait fait il avait menti avec conviction. Cependant, maintenant il était sûr de la bombe qu’il détenait, Dehloss ne serait peut-être pas content quand il apprendrait son plan. Faire chanter leurs parents pour un peu d’argent, ce n’était pas tout à fait moral. Mais après tout, empêcher ses enfants de dormir en faisant l’amour à quatre toute la nuit, ça ne l’était pas non plus. Goshawk était un nom très respecté, Miranda, son arrière-grand-mère avait été une enchanteresse très reconnue et avait écrit des livres pour l’éducation des sortilèges et enchantements. La fortune familiale venait de là. Son père, le futur héritier, n’avait aucune ambition, il se laissait vivre, d’un poste de sous-fifre au Ministère, pendant que sa mère vendait des vêtements pour une marque bulgare. Les grands-parents Goshawk avaient dû payer pour le matériel scolaire de Bahlos pour qu’il ait de la qualité, et comme à chaque fois ses parents avaient grossi la facture pour avoir un peu d’argent facile. Dehloss descendait de la famille de l’inventeur du Vif d’or, leur fortune était conséquente, mais ses parents… Enfin ils étaient amis avec les parents de Bahlos cela voulait tout dire. Les deux héritiers avaient toujours été amis et leurs femmes aussi. Sans le sou et sans ambition véritable, ils avaient emménagé ensemble, faisant cracher à leurs parents respectifs quelques milliers de gallions. Pitoyable.

« Maman… »
« Oui mon chéri ? »
« Je veux de l’argent. »
« Nous en voulons tous. »
« Je veux que tu me donnes de l’argent. »
« Pourquoi faire ? »
« Pour me faire taire. »
« Bahlos ? Qu’es-tu en train de raconter ? »
« Je sais quelque chose que tu ne veux pas que je dise aux autres personnes. »
« Qu’est ce ? »
« Si tu ne me donnes pas ce que je veux, j’irais raconter ce que je sais à tout le monde. »
« Bahlos de quoi parles-tu ? »
« De toi, de papa et des parents de D’. »
« Qu… Comment ? Depuis quand ? »
« Depuis deux ans. Vous devriez fermer les portes. »
« Je suis désolée mon chéri, vien par là. »
« Maman lâche moi ! Je veux de l’argent. »
« Non. »
« Pourquoi ? »
« Parce que je suis ta mère et que tu ne fais pas du chantage à ta mère. »
« Je vais aller voir celle de Dehloss alors. »
« Cinq gallions. »
« Six. »
« Très bien. »
« Merci. »
« Je suis très déçue. »
« Je l’étais aussi. »

Sur ces dernières paroles il partit finir sa valise, Dehloss aurait peut-être fait de même avec ses parents, sinon ils partageraient les gains et s’achèteraient des bonbons dans le Poudlard Express. Bahlos tremblait, pas de tristesse, de colère ou de quoique ce soit. Il était excité, comme on pouvait l’être quand on avait envie de faire du sexe avec quelqu’un. Il bouillonnait d’envie et de désir. Cette forme de pouvoir à laquelle il avait goûté… voilà ce qu’il voulait faire plus tard, il en était sûr. Il avait trouvé sa voie. Il serait journaliste. Même mieux. Il aurait des journaux. Journaux dans lesquels les personnes auraient peur de se retrouver parce qu’ils dévoileraient leurs plus noirs secrets. Il serait Rita Skeeter, en masculin et en plus jeune. Oui. Il en était persuadé, avec Dehloss à ses côtés rien ne pourrait l’empêcher d’atteindre son but. Et Poudlard était la première étape.

« Où l'on apprend par l'expérience et la patience. »

Empressé de pouvoir se mettre au travail Bahlos ouvrit le livre qui lui permettrait de lancer un défi à son esprit. Développer sa capacité à protéger l'entité informe de ses pensées des agressions extérieures. Un art noble, presque trop pour lui qui se voyait comme le fils de porcs. Dehloss avait, comme à son habitude, choisi une forme de magie un peu plus noire. Probablement parce qu'il était le plus tête-brûlée des deux. Ils avaient à peine dix-huit ans et visaient déjà à briller dans des domaines que leurs parents, reposant sur leurs lauriers imaginaires, n'avaient jamais eu la curiosité d'embrasser. Pressé et avide de ressentir le plaisir de la découverte méritée il se plongea dans la lecture.Les pratiques concernant l'esprit ne sont pas simples d'accès. Ne cherchez pas à faire avancer plus rapidement les processus qu'indiqué dans la consigne de la page 16. L'occlumancie n'est rien de plus que la manifestation mentale de votre habileté à défendre votre intimité psychique. Vos pensées sont accessibles, faciles d'accès, pitoyablement violables. Les consignes que vous lirez dans la suite du livre ont pour but de vous aider à devenir un débutant en matière d'occlumancie. Le volume deux de notre collection, vous apportera les connaissances de base de la structure complexe de la protection mentale. Le tome trois fera de vous un occlumens compétent pendant votre sommeil. Le dernier volume vous donnera les clés de l'excellence en matière de protection d'informations du quotidien. Le volume collector vous permettra d'être enfin un véritable occlumens. Il referma le livre avec force, même un peu trop, se retenant un instant de ne pas l'envoyer valser à l'autre bout de la pièce. Foutu vendeur, foutue maison d'édition prête à tout pour un peu d'argent, foutus auteurs en quête de perception de droits.

« Quatre volumes inutiles... à 15 gallions pièces... Dehloss, loin de moi l'idée de jouer les rabat-joies mais on s'est fait pigeonner. »

Il fallait dire que ce n'était pas de tout repos, chaque livre prônait un mode d'apprentissage lent et coûteux qui avait pour but de faire acheter aux idiots de premier ordre la totalité de la collection L'art de vous servir de votre esprit de façon pratique. Les accessoires pour pratiquer, en plus des ouvrages papiers, revenait à un total de quatre-vingt-douze gallions, six mornilles et douze noises. Les yeux de la tête pour les parents Goshawk et Wright, qui avaient financé en partie l'investissement qui leur semblait une façon ludique de les occuper pendant l'été. Pour copuler en paix le soir vraisemblablement.

Six mois s'étaient écoulés depuis qu'ils avaient commencé à pratiquer ensemble les techniques les plus complexes, faisant fi des ouvrages qu'ils avaient payé une fortune pour faire confiance à deux petits manuels anciens dénichés dans une boutique miteuse d'une allée connue pour ne pas regorger de gens biens. Le livret n'était en fait qu'une compilation de feuillets rattachés par une côte usée et poussiéreuse dans le but de faire gagner un peu de valeur au produit. Bahlos l'avait dépecé dès le départ, suivant un ordre logique, feuillet par feuillet, mais sans s'encombrer de la couverture et de la côte en faux-cuir de dragon. Depuis une semaine maintenant ils stagnaient, l'un comme l'autre ils étaient bloqués, évidemment ce n'était pas une surprise, aucun d'entre eux ne comptaient devenir occlumens ou legilimens en trois jours. Mais une absence de progrès aussi longue l'effrayait un peu. Bahlos n'acceptait pas l'échec, ou très difficilement. A ses yeux son engagement pour la cause était insuffisant, c'était la seule raison logique, pragmatique, qui pouvait expliquer leur défaillance. Quant à Dehloss, il ne fallait pas s'étonner, le Goshwak trouvait à son frère et ami un caractère un peu dilettante qui ne pouvait que lui porter préjudice, dans ce genre de cas.

Assis l'un en face de l'autre ils se jaugeaient du regard avant que leurs paupières ne viennent se replier. L'expérience pour les parents des deux jeunes hommes ressemblait à une tentative de sexe tantrique. Les corps détendus, assis l'un en face de l'autre, aucun mot échangé, les yeux fermés. Les géniteurs obsédés n'accordait aucun bénéfice à leurs tentatives, ils pensaient même que les arts spirituels n'étaient qu'une excuse trouvée par leurs enfants pour légitimer des pratiques immorales pour des « frères »... Les idiots.

La concentration de Bahlos était à son paroxysme, il mettait en œuvre toutes les techniques que le livret obscur avait pu lui enseigner. La première consistait en l'érection d'un bouclier psychique autour d'une pensée précise. La visualisation était primordiale et bientôt le petit coffre qui renfermait la pensée fut entouré d'une sphère bleuâtre. Cette technique n'était pas suffisante pour bloquer Dehloss, c'était plutôt le dernier rempart celui qui se manifestait au moment où l'esprit investigateur serait épuisé d'avoir déjoué ses autres défenses. La meilleure des défenses c'est l'attaque, ce proverbe ne lui avait jamais paru aussi justifié que lorsqu'il mettait en place des barrières psychiques qui ressemblaient à des gardes en épées. Son imagination débordante était une mine d'or pour l'occlumancie, en arrivant dans son esprit le premier venu se retrouvait plonger dans une version de Poudlard un peu particulière dans les salles de laquelle se trouvaient des pièges, des pensées mensongères... Sa meilleure défense restait le labyrinthe. Le livret la préconisait comme la première à mettre en place, Bahlos n'en faisant qu'à sa tête trouvait que la mettre en dernier était plus logique. Son cerveau créait de toute pièce un immense dédale dans lequel il plaçait des pièges et des créatures féroces, dont le seul but était d'empêcher la pénétration ennemie. Son esprit était aussi tortueux que violent et s'y attaquer ne devait pas être une partie de plaisir.

Une fois ses défenses prêtes, Bahlos fit un geste à Dehloss qui lui intimait de lancer l'attaque. L'assaut se fit immédiatement ressentir. Le choc fut clinquant, spectateur Constant ne pouvait que constater les dégâts que subissaient ses défenses mentales pendant qu'une nuée de lames tombaient sur son labyrinthe. Une espèce de brouillard informe progressait rapidement dans le château, ouvrant et fermant chaque porte, essuyant les pièges avec difficulté mais sans flancher. Bahlos commençait à paniquer un peu, de voir la rapidité avec laquelle son esprit semblait courber l'échine et finalement choir face aux attaques. La règle était claire, pas de modifications des fondements des défenses pendant l'attaque, ç'aurait été risqué pour les deux garçons. Aussi le plus jeune des deux se mit à invoquer de nouveaux remparts en amont dans le labyrinthe, il arma ses soldats de lances-flammes imaginaires. Sa défense tiendrait, comme une citadelle assaillie par les forces ennemies. Le siège de son esprit pourrait durer des moins, il ne craquerait pas. Vint ensuite le questionnement de dernière instance. Quelles pouvaient-être les choses les plus difficiles à franchir sans remettre en cause les fondements de ses défenses... L'idée d'une tornade lui semblait bonne et la visualisation du concept n'était pas très compliquée, aussi il lança sur la nuée nocive de Dehloss un cyclone dont le but était d'affaiblir et de disperser les forces ennemies.

Personne ne gagnait jamais, ils étaient presque aussi doués l'un que l'autre. Bahlos fermait sous clés son esprit pendant que Dehloss lançait le sien dans la bataille. L'importance d'être constant dans ces domaines leur avait valu d'apprendre les bases des deux techniques. Pas par ambition, plus par prudence, histoire de ne pas être pris à revers par un sorcier qui maîtriserait mieux les arts de l'esprits qu'eux. Du moment qu'ils étaient ensemble de toute façon ils étaient invincibles. Non ?

« Lorsque l'on parle d'alliance et d'ennemi commun. »

« Nous sommes d'accord ? Ce sera nous trois et rien que nous trois. Personne d'autre ne doit être au courant. »
« Les secrets bien gardés, cela me connaît. »
« Ça nous connaît tous Cupid. »
« BCD contre l'Ombre. »
« Le nom me plaît. »
« Parfait. »

Aux termes d'une conversation houleuse, plus pour la forme que sur le fond, ils avaient décidé des conditions que leur contrat tacite comporterait. Différentes clauses avaient été établies, des dérogations aussi, mais ils étaient liés. Tous les trois étaient intelligents, tous les trois étaient sournois, mais ils avaient surtout deux buts communs. Leur survie et leur confort; car contrairement à ce que la foule croit, savoir ce que les gens cachent ne vous accorde pas seulement un pouvoir sur eux, cela vous donne une marge de manœuvre non-négligeable et qui vous assure un repli possible à tout moment. Les trois garçons avaient maintenant un objectif commun, s'assurer d'amasser assez d'informations sur les gens qui composaient l'Ombre et se donner de ce fait une porte de sortie. Bon et aussi parce que savoir toutes ces choses leur procurait une légère satisfaction perverse, mais ça c'était autre chose.

L'Ombre, organisation informe qui agissait dans la discrétion, justifiant par là son nom. Son agencement restait aux étrangers un mystère. Les événements, d'une horreur sans nom, qui s'étaient récemment produits à Pré-au-Lard, avaient fini de convaincre Bahlos et Dehloss que l'Ombre était un danger pour eux, pour leur futur, pour la presse. S'il n'y avait eu que ça en jeu ils auraient pu rester hors de la bataille, après tout un déménagement aurait réglé les problèmes, mais leur caractère fouineur était une composante avec laquelle il fallait jouer, et l'Ombre avait très bien su piquer au vif leur curiosité. Leur septième et dernière année à Poudlard se devait d'être éclatante d'une façon ou d'une autre. Les deux amis avaient passé leur scolarité entière à recueillir des informations, à faire chanter leurs camarades, à engranger et engendrer des secrets, à s'assurer d'être au cœur de tout ce qu'il se passait. Bahlos de façon fantomatique, Dehloss en étant dans l'action, en étant une sorte de main agissante pour leur intérêt commun. C'est en devenant les maîtres des secrets qu'ils s'étaient rapidement vus confrontés à un autre garçon qui tenait au titre, Cupid. Petit-fils de la très estimée, surtout par Bahlos, Rita Skeeter, le jeune homme était brillant dans le domaine d'expertise des deux frères. Aussi, si une certaine rivalité avait germé entre eux trois, ils étaient d'accord pour dire qu'ils s'entendaient globalement bien.

Aussi il avait semblé logique aux yeux de Bahlos de consulter son camarade et rival, à propos des événements survenus entre Septembre et Octobre et qui avaient coûté la vie à des sorciers. Dehloss et lui avaient décidé d'agir, ils voulaient en quelque sorte faire partie de la bataille d'une façon plus intelligente que ceux qui s'engageaient directement dans l'opposition. Non, leur idée était que la discrétion et l'anonymat ne pouvaient que leur profiter, en aucun cas les membres des deux associations ne devaient se douter qu'ils pensaient par eux-mêmes. Cependant certains faits étaient difficilement oubliables et le proverbe disant que « l'union fait la force » même s'il est un peu simplet et idéaliste, ne pouvait pas être totalement ignoré. Voilà pourquoi d'un duo, ils envisageaient de devenir un trio, pour que les deux organisations qui se faisaient la guerre aient un troisième adversaire, un adversaire invisible et insensible, une association de malfaiteurs, plus diabolique et avide de savoir que de domination du monde par la violence. Néanmoins, tous les projets du monde ne valaient rien sans l'accord des parties.

« Où l'on constate les dégâts du passé. »

Bahlos se regardait dans la glace, sous tous les angles. Au sortir de la douche, son corps nu... Il éprouvait une espèce de dégoût pour les enveloppes charnelles des autres mais avec la sienne il ressentait une sorte de satisfaction. Les hommes qu'il séduisait pour le jeu le trouvaient séduisant, masculin, musculeux. Rien d'extravagant, son visage était bien plus intéressant, ses yeux perçants, sa mâchoire puissante. Si son corps n'avait à ses yeux que des intérêts fonctionnels, il trouvait important de le travailler afin de lui laisser une certaine esthétique. Bahlos sortit de la salle de bain nu comme un ver. S'il se considérait comme moins primitif que les autres sur le plan sexuel, il vouait un culte à la nudité. Quand il se savait seul, rien ne pouvait le retenir de se dénuder afin d'éprouver une liberté totale. Cependant quelque chose ne tournait pas rond, il le sentait, se saisissant de sa baguette il ferma la porte derrière lui et pénétra dans la chambre. Sur le lit se trouvait, en tenue d'Adam, un ami de la famille avec qui il avait échangé un ou deux baisers plus tôt pendant les vacances.

« J'ai envie de toi... »

Cette phrase il l'avait souvent entendu, elle provoquait chez lui un profond sentiment de rejet. L'image incrustée au fer rouge de ses parents et de ceux de Dehloss s'adonnant à des plaisirs d'un autre âge lui revenait. Le désir, l'envie, tout ça ne lui inspirait que dégoût. Il comprenait l'amour, il comprenait même le sexe. L'envie et le désir lui échappaient. Qu'un couple soulage des pulsions hormonales déclenchées par les glandes cérébrales, Constant trouvait ça sain. Que deux personnes s'installent dans une relation amoureuse, toujours causée par des réactions physiologiques, dans le but de construire une vie commune, là encore il admettait que cela puisse être intelligible. Cependant que l'on puisse convoiter quelqu'un pour son corps, sa capacité sexuelle... il n'arrivait pas à le concevoir. En réalité il n'avait jamais dépassé le stade des baisers aux caresses relativement chastes. Bahlos n'en voyait pas l'intérêt, quand il avait l'envie d'une décharge hormonale il y répondait lui-même. Pour être franc, Goshawk envisageait la masturbation comme un mal nécessaire.

La jouissance n'est pas toujours d'ordre sexuelle et s'il n'avait pas d'érection Constant ressentait un plaisir extrême dans la manipulation, l'obtention de savoir et l'absorption de connaissances. C'était une des raisons qui faisaient de lui un excellent élève... mais surtout un excellent enquêteur. Les choses changent, un fait déjà établi plus tôt, fait que Bahlos était le premier à corroborer, néanmoins il ne voyait pas comment un jour il pourrait éprouver de l'attrait pour le sexe. Même s'il y avait eu cette fois avec Dehloss... mais ça avait été une erreur et puis Dehloss était son « frère ». Il n'y avait aucune raison valable, de façon logique, pour que Bahlos se permette de faire une chose qu'il avait reproché si violemment à ses parents.