S'il avait pu s'en tirer sans finir à Azkaban, le couloir qu'il traversait serait déjà baigné de sang. Il y voyait bien les cadavres de ceux qui le regardaient de coté, il se plaisait à imaginer chacune de leurs grotesques positions dans la mort. Leurs expressions ébahies, abasourdies, la peur s'emparant de leur âme et les larmes sur leurs joues, une dernière supplication sur les lèvres. Oui, il aurait pris grand plaisir à réduire à néant leurs petites existences inutiles, mais il ne pouvait pas. Rohàn était dans un de ces jours où l'homicide lui paraissait une solution à tous ses problèmes, à toutes ses sautes d'humeur. Il en avait marre de faire le yoyo, d'être un jour de bonne humeur et le lendemain prêt à tuer, mais il savait bien que la seule façon de se calmer aurait été d'utiliser la magie noire, la vraie, pour satisfaire son addiction. Et ca, c'était impossible, pas à Poudlard, pas alors que Noël approchait et que tout le monde devait être heureux, insouciant. Il se ferait un plaisir plus tard de briser tous leurs rêves d'innocence, mais la retenue dont il faisait preuve le rendait fou. Et sadique.
Ce qu'il ne pouvait pas obtenir littéralement, il le cherchait par la métaphore. De remarques mesquines et insultes directes, par des croches pieds dans les escaliers, des coups d'épaule, tout était bon pour relever un peu la pression.
Il ne savait même plus pourquoi il avait manqué étrangler un poufsouffle deux heures auparavant. Tout se brouillait sous ses yeux et la seule chose qui l'avait fait s’arrêter était une autre réaction de son corps. Pour remplacer la colère par le dégout de soi même. Tuer, oui, mais être excité par ça ? Il se savait dérangé, mais il commençait à atteindre des sommets dignes de son ex tante Bellatrix. S'étant éloigné vivement de l'élève, le menaçant d'en finir vraiment s'il en parlait, allant jusqu'à tapoter son cou pour dissimuler les marques violacées de ses grandes mains, il marchait sans vraiment de but, cherchant une distraction. N'importe quoi, même une fille facile, malgré le peu de plaisir qu'il pouvait y trouver dernièrement, il aurait tout donner pour que la colère ne soit plus son ombre.

Frustré, il fallait toutefois aller en cours, et rester à sa place, écoutant vaguement le professeur parler, gribouiller sur une feuille de papier des insultes pour faire rire Amadeus. Et toujours pas de changement d'humeur. La journée était destinée à être pourrie. Dés que la sonnerie retentit, il était sorti, seul, pour continuer sa quête d'adrénaline, quitte à y passer toute sa soirée. Cependant, on avait peut-être décidé de se montrer clément pour une fois la haut, et il croisa la route d'une personne qui ne manquait pas de lui provoquer des sentiments forts. Pas d'amour – il ne savait même pas comment on pouvait l'écrire – ni d'amitié, même pas de haine ou de dégout, non, juste une sorte de rivalité, d'énervement continu. Vincentilli. Il n'était pas raciste, pas comme pouvait l'être les moldus, mais il devait avouer que ce mec s'y croyait un peu trop. Et qu'il jouait avec sa sœur, aussi. Certes, il ne la gardait pas en laisse, mais ce genre de types, elle aurait du depuis longtemps le mater, le casser et en faire un toutou, pas s'amuser avec lui à des jeux de séduction. Rohàn lui même ne voyait pas vraiment ce que les femmes ou les mecs qu'il s'était taper pouvaient lui trouver. Il avait un physique normal, un visage agréable, et un cul sympa. Mais ça s’arrêtait là. Pour une fois, ce n'était pas la jalousie ou son égo qui parlait, mais bien le « gay » en lui qu'il refoulait. Puisqu'il semblait aimer les hommes, autant pouvoir voir chez eux ce qu'il y avait de si terrible, et se rassurer en ne trouvant à son goùt que peu de spécimens de Poudlard. Dont Gabriel ne faisait pas partie...en temps normal. Il se trouvait que là, la colère lui donnait envie de le frapper, et de le plaquer contre un mur.
Et que fait-on, dans ce cas là ?

Et bien, Rohàn le faisait. Attrapant Gabriel sans vraiment de raison valide, il ne tint absolument pas compte des personnes qui les entourait – elles s'enfuiraient bien assez vite pour cafter ou répandre la nouvelle qu'il avait perdu la tête – et se concentra sur le corps qu'il sentait contre le sien. Aussitôt sa colère descendit un peu, avant de remonter pour éviter qu'il ne fasse autre chose de plus répréhensible. Il n'avait pas besoin de chercher trop loin un sujet de discorde qui expliquerait son geste, il n'avait que sa sœur à la tête depuis qu'ils étaient revenus à Poudlard. Ca, plus une bonne dose d'irationnalité de sa part qui l'empécherait de voir qu'il se faisait lui même du tords. « Tu prends bien ton pied, alors ? Ca t'amuse de tourner autour de ma sœur et de te foutre de sa gueule en permanence? » Oui, Rohàn n'avait pas tout compris de la relation qu'ils entretenaient, mais à ses yeux elle était malsaine, dangereuse pour sa petite sœur, même s'il doutait qu'elle puisse avoir des sentiments pour un mec comme lui, et cela justifiait toutes les insultes et menaces qu'il pourrait lancer. Il lui avait craché ça à la figure sans lui laisser le temps de comprendre leurs soudaines positions, avait à peine attendu de le regarder dans les yeux, et s'y noyait maintenant en attente d'une réponse. Il voulait, il fallait que Gabriel réponde et alimente le feu qui brulait en lui, qu'il puisse enfin se libérer de toutes ses frustrations dernières.

Agacé par cette foule trop compacte qui lui dictait ses mouvements, Gabriel lâcha une bordée de jurons en français. Quelques élèves s'écartèrent prestement, ayant comprit au ton utilisé que le grand blond ne disait pas des politesses, et d'un seul coup l'air s'en retrouva un peu plus respirable. D'un pas assuré, le Serdaigle blond traversa le couloir en poussant les quelques innocents qui ne l'avait pas vu arriver. Merlin savait qu'il pouvait être impatient, lorsqu'il estimait avoir perdu trop de temps à être sympathique. Alors qu'il aurait mit une bonne quinzaine de minutes s'il n'avait pas forcé le passage, il parvint à atteindre les escaliers magiques en trois minutes montre en main. Une fois là, l'espace s'élargissait et la foule devenait plus éparse, permettant la circulation facile des gens pressés. Ce qu'il n'était pas, mais il n'avait nullement envie de perdre son temps dans cette masse d'élèves de première et seconde année. Les seconds étaient lents comme le temps durant un cour d'histoire de la magie et les premiers se sentaient si perdus qu'ils s'arrêtaient régulièrement pour vérifier sur leur plan de l'école où se trouvait la salle désirée.

Il se fraya un chemin sans trop de difficulté jusqu'à l'escalier ensorcelé programmé pour descendre au troisième étage avant de réaliser qu'il devait se rendre au second, un étage plus bas. Furieux, il jura de nouveau avant d'attendre d'être à l'étage visé par l'escalier pour emprunter une autre volée de marches enchantées, qui le menèrent cette fois à bon port. Une fois sur le seul du second étage, il poussa un soupir soulagé, un peu las. Vivement les vacances, songeait-il. L'école était beaucoup moins peuplée et la circulation y était nettement plus aisée, tellement plus agréable aussi. Déambuler dans les couloirs de Poudlard aux heures creuses étaient un des plaisirs simples qu'il aimait le plus, en dehors des ébats charnels dans les coins obscurs. Il ouvrit son sac d'école pour vérifier la présence de son devoir facultatif sur l'exploitation des gobelins à l'époque de la création de la banque des sorciers. Le professeur avait laissé entendre qu'il remonterait la moyenne des élèves qui trouveraient le courage de lui rendre le devoir. Comme la sienne était un peu limite, dans cette matière, il avait jugé utile de faire cet effort. Satisfait, il rangea son parchemin et commença à remonter le couloir menant aux appartements des professeurs. C'était un peu limite, comme procédé, mais il se connaissait des ennemis qui pouvaient entrer dans la salle des profs et piller les casiers, il ne voulait pas prendre ce risque. Il en était là dans ses réflexions lorsque soudain, une tête connue émergea des profondeurs d'une salle de classe, à quelques mètres devant lui.

What the hell. Merlin lui en voulait, aujourd'hui. Après la foule, le frère Lestrange. Grosse brute épaisse et absolument pas fréquentable, si tous les dires qui couraient sur lui étaient ne serait-ce qu'à demi vrais. Damn it. Gabriel n'avait pas peur de Rohàn mais il se savait clairement en mauvaise posture. Il couchait avec la soeur du Serpentard qui semblait l'avoir repéré. Alesya Lestrange, sa complice de crime et de chair, de séduction et de coeurs brisés. Sauf que de l'avis général, ils étaient juste deux petits cons en mal de vivre et Rohàn ne pouvait pas comprendre. Si jusqu'ici, Gabriel avait réussi à se tenir loin du frère Lestrange ... il ne pouvait désormais pas fuir sans que sa manœuvre ne soit transparente. Le temps qu'il réfléchisse à tout cela, le Lestrange s'était approché.
Brutalement, il se retrouva entre les mains de Rohàn, collé contre un mur pendant que son bourreau s'écrasait sur lui, faisant sentir sa supériorité. Autour d'eux, les quelques élèves présents s'étaient immobilisés pour observer la scène, qui promettait d'être riche en rebondissement. Le pire des libertins coincé par la plus belle brute de l'école, probablement homophobe en plus. Gabriel ne blâmait pas les badauds, il aurait regardé avec le même intérêt, s'il n'avait pas été la victime dans l'histoire. « Tu prends bien ton pied, alors ? Ca t'amuse de tourner autour de ma sœur et de te foutre de sa gueule en permanence ? » Gabriel fronça les sourcils, l'espace d'une seconde. Quelque chose n'allait pas, dans l'accusation lancée par son futur tortionnaire. Il ne jouait pas, avec Alesya. Non, c'était pire que ça. Tellement au dessus de toute compréhension humainement saine ... Ils se complétaient. Ils avaient besoin de faire mal, de se rendre presque jaloux pour se sentir vivre. Ils se désignaient des cibles et les brisaient comme de vulgaires morceaux de verre. C'était leur dose de drogue, leur adrénaline, toutes les sensations qui leur permettaient de ne pas se détruire mutuellement. Ils se catalysaient l'un et l'autre. Un sourire narquois effleura ses lèvres et il murmura « Qui te dis que c'est moi qui joue avec elle ? Pourquoi n'irais-tu pas demander ce qu'il en est à ta précieuse petite soeur ? » Parce que s'il avait une part de noirceur dans le marché, Alesya était beaucoup plus sombre et ténébreuse que lui. C'était elle, qui avait instauré la douleur et la peine quand lui n'avait fait qu'apporter la luxure, la débauche et les charmes délicats de la séduction. D'un geste brusque et vif, imprévisible, il frappa sur les bras de son adversaire et fit en sorte que ce dernier le lâche.

« La crois-tu donc tellement innocente que l'idée qu'elle puisse être la seule responsable de cette relation que nous avons ne t'effleure pas ... Tellement d'illusions. Tu devrais ouvrir les yeux, Lestrange. Ta soeur est une catin sans pitié et je suis son animal de compagnie préféré. » D'un geste tranquille et nonchalant, il rajusta sa tenue froissée et resserra son noeud de cravate, sans quitter des yeux son dangereux adversaire. Il avait peut-être une belle gueule, les cheveux blonds et l'air idiot mais la vérité était tout autre. S'il fuyait la violence quand il pouvait l'éviter, une fois face à elle il ne tournait pas les talons. Il affrontait.

Un bon point pour Gabriel ; il sentait bon. Avec la disparition de la distance, Rohàn avait le nez empli d'une odeur masculine qui lui rappelait avec vengeance la dernière fois qu'il s'était adonné au vice ; déjà un mois passé. Toutefois, il n'était pas question de passer pour un pathétique et renifler le mec qu'il était en train d'essayer de terroriser, quand même. Cependant, sa tentative pour faire plier Gabriel ne partait pas du meilleur pied, puisqu'il se permettait de le repousser, et lui qui n'avait comme exemple que de pauvres poufsouffles sans répartie fut trop étonné de cette vigueur pour le plaquer plus fort au mur. Ce qui le mettait encore plus en rage. Il n'aimait pas faire un pas en arrière, pas avoir cette impression de ne plus tout contrôler. Les paroles du jeune homme ne lui avaient fait ni chaud ni froid, du moins pas les premières ; bien sur que c'était Aleysia qui jouait. Il le lui avait appris, à jouer avec sa nourriture. Ce qui le dérangeait, c'était que lui, Gabriel, continue à jouer, qu'il ne s'avoue pas vaincu, qu'il l'entraine vers un faux pas qui pourrait être décisif pour la suite. Pas d'attachements, pas de sentiments, rien, il ne fallait jamais laisser quiconque passer derrière ses barrières s'ils voulaient réussir. Lui avait plutôt bien réussi, dans ce domaine, et même si parfois il regrettait un peu ce choix, il fallait que ce soit le bon.
Gabriel aurait donc pu s'en tirer, s'il avait choisi de jouer la victime passive, comme le faisaient ceux que Rohàn rencontrait souvent. Mais il avait décidé d'emprunter un autre chemin ; celui de la douleur, et pour cela aussi, le Lestrange n'était pas le dernier de la classe. S'ils n'avaient pas été si près l'un de l'autre, en l'entendant traiter sa sœur de catin, Rohàn aurait surement perdu les pédales et profité de sa force pour lui coller un poing dans le ventre. Mais une demi exclamation d'un spectateur en reconnaissant les paroles du Vincentelli pour ce qu'elles étaient ; sa tombe, lui rappela son décorum. Et sans louper une mesure, il avait sorti sa baguette de son uniforme, pour la presser contre la jugulaire de Gabriel.

« Retire tout de suite ce que tu viens de dire. » Gronda-t-il, les yeux mauvais, la voix froide et pressant toujours un peu plus la pointe de sa baguette dans la peau de l'autre. Il aurait aimé pouvoir se défouler, lancer le sort qui se cachait derrière ses lèvres et voir cette artère exploser, se couvrir de son sang, mais il pouvait faire mieux en le conservant en vie, et la tentation ne valait pas le risque d'une expulsion. « Ma sœur n'est pas une....elle joue avec toi, ca je le conçois, mais ne la rabaisse pas à ton pauvre niveau. » Même s'il s'était douté de la vérité, par principe il aurait tout de même attaquer Gabriel. Personne ne disait du mal de sa petite sœur, personne, à part lui. Depuis leur enfance, il avait toujours été là pour la pousser plus haut, la rendre meilleure en tout, même s'il était loin de penser qu'elle aurait mis ces talents à profit pour ce genre de jeux, et émettre l'idée qu'elle ouvrait ses jambes pour n'importe qui, ca le révulsait. On tuait pour moins que ça, autrefois, et il venait à regretter le bon vieux temps des duels à mort.
Non, ce n'était toujours pas sa sœur la coupable dans l'histoire, mais bien lui. Et ca le serait toujours, alors pourquoi Gabriel ne s'avouait pas simplement vaincu ? Rohàn n'avait simplement besoin que d'un mini show de soumission pour s'estimer satisfait, et ensuite il aurait peut-être laisser couler l'affaire un moment. Dans son esprit, tout cela était très logique, clair et facile à suivre. Et il n'aimait pas les gens qui contredisaient ses prévisions.

Ne s'accordant pas trop de temps en divagations, ressentant toujours la trace des mains vicieuses du serdaigle sur ses bras, il relâcha la pression sur sa gorge, gagna un sourire sadique. S'amusant à tracer les contours de sa machoire et de son cou avec sa baguette, il chuchota avec un air de confidence, quasiment dérangé, « Tu sais ce qu'on fait aux animaux de compagnie, chez les moldus ? Quand on veut éviter qu'ils soient trop énervants et qu'ils couchent avec tout ce qui bouge ? On les castre. » Et à la parole il avait joint l'action, lui mettant sans cérémonie une main entre les cuisses, le serrant de manière désagréable. Il ne lui faisait pas mal, pas encore, mais ca pouvait très vite changer. Sans qu'il ne se le permette, son esprit avait tout de suite mis à profit son sens du toucher, et Rohàn ne put pas s’empêcher une dernière pique. Il avait tout les droits, surtout dans cette position là, où son coté dominateur était tout à fait comblé. « Qu'en dis-tu, alors ? Ce serait dommage de perdre un si bel engin, quand même. »

Il n'eut pas le temps de réagir qu'il se retrouva de nouveau plaqué contre le mur, la pointe d'une baguette magique enfoncée dans sa gorge. Rohàn n'avait pas apprécié l'insulte touchant sa précieuse petite soeur. « Retire tout de suite ce que tu viens de dire. » Borné, probablement masochiste dans un sens, Gabriel darda un regard brûlant et têtu sur son bourreau. Il n'allait pas courber l'échine devant ce pauvre Serpentard en mal de victime, il n'en était pas question. « Ma sœur n'est pas une....elle joue avec toi, ça je le conçois, mais ne la rabaisse pas à ton pauvre niveau. » un rictus narquois déforma les lèvres du Serdaigle, l'espace d'une seconde. Rohàn n'avait pas la moindre idée de ce qu'était sa relation avec Alesya. Ils s'aimaient comme ils se haïssaient, leur entente n'était basé que sur une attirance physique mutuelle disproportionnée, un besoin viscéral de se blesser et d'entraîner le maximum de gens dans leur chute. Ils n'étaient, après tout, que des bourreaux des coeurs désespérés. Sans les petites gens qu'ils pouvaient briser comme de vulgaires pantins désarticulés, ils n'étaient plus rien que deux âmes trop sombres pour vivre, pour marcher tous les jours comme si de rien n'était dans les couloirs de cette école encore trop conventionnelle.

La pression de la baguette contre sa gorge se relâcha un peu et Gabriel revint très vite au présent, pas fou au point de négliger la menace qui exhalait sur lui son haleine assez peu fraîche, lourde de fausses menaces. Gabriel ne sous-estimait pas Rohàn mais il ne comptait pas céder. Le sourire sadique et inquiétant qui se peignit sur les lèvres de son adversaire aurait pu le faire changer d'avis s'il ne côtoyait pas déjà la folie Lestrange à longueur de journée. « Tu sais ce qu'on fait aux animaux de compagnie, chez les moldus ? Quand on veut éviter qu'ils soient trop énervants et qu'ils couchent avec tout ce qui bouge ? On les castre. » Gabriel allait répliquer quelque chose de particulièrement acide lorsqu'une main venant s'emparer de son sexe lui coupa le souffle. Il écarquilla les yeux d'un air choqué. Ce n'était pas tellement la douleur qui provoquait cette surprise béate que le fait que Rohàn n'ait eu absolument aucun scrupule à s'aventurer sur son entrejambe. Cela ne pouvait signifier qu'une seule chose. Les hétérosexuelles étaient généralement trop dégoûtés ou trop respectueux de leurs parties génitales pour oser ce genre d'approche. Rohàn avait donc une face cachée. Cependant, la pression des doigts du Lestrange sur son sexe, à travers son pantalon d'uniforme, fit grimacer Gabriel. Damn it. Il ne plaisantait pas. « Qu'en dis-tu, alors ? Ce serait dommage de perdre un si bel engin, quand même. » Dans d'autres circonstances, Gabriel aurait apprécié le compliment. Mais en l'occurrence, il trouvait désagréable la pression que son bourreau exerçait sur le « si bel engin » Il rassembla cependant tout son courage pour bouger sa main et rendre la caresse, beaucoup plus fourbe cependant. Alors que ses doigts frottaient doucement l'entrejambe de Rohàn, il esquissa un sourire et murmura « Tu caches bien ton jeu, en réalité. Je n'y aurait jamais pensé. » Sans tenir compte des doigts de Rohàn sur lui, il abaissa la braguette de son bourreau et insinua deux doigts dans le pantalon, venant caresser le sexe par dessus l'étoffe du sous-vêtement. Levant son autre main, il vint la refermer autour du col de l'ainé Lestrange pour l'attirer près de lui et murmurer d'un ton tranquille « I know your secret. » Brusque et complètement fou, il vola un baiser brutal au Serpentard avant de le relâcher et de retirer ses doigts, ramenant ses bras le long de son corps en souriant, narquois.

Provocateur, il avança un peu la tête, enfonçant sa joue contre la pointe de la baguette de son tortionnaire. Rohàn avait toujours les doigts entre ses cuisses, serrés sur son entrejambe mais désormais, il ne ressentait plus aucune douleur, aucun malaise. Rohàn n'était pas aussi droit et invincible qu'il voulait le faire croire au monde entier. Rohàn aimait les hommes.

On faisait moins le malin lorsque ces bijoux de famille là étaient menacés, hein ? Rohàn avait un sourire sadique sur le visage, et se retenait de presser un peu plus pour voir l'expression d'inconfort de Gabriel se changer en quelque chose de beaucoup plus douloureux ; s'il n'avait pas ou peu d'empathie pour les personnes se faisant frapper à cet endroit, il ne cherchait pas non plus à le priver de sa queue, du moins pas tout de suite. Mais l'idée d'arracher la partie qui lui posait le plus problème chez Gabriel était tentante, très tentante, et il était tout à fait sérieux dans ses menaces. Personne ne salissait le nom de sa sœur, personne n'insinuait quelque chose à son sujet. Il ne prendrait comme paroles de messes que celles qu'elle prononcerait elle même, car la vie à Poudlard était une vie dans un nid de couleuvres, un nid de mensonges et de non dits, qu'il ne se donnait pas la peine de démêler. Gabriel n'était peut-être pas le premier à dire ces choses là sur elle, surement pas le dernier, mais il fallait bien cracher sur quelqu'un lorsqu'on était jaloux, n'est ce pas ? Ce n'était qu'une jalousie mal placée de n'arriver qu'à la cheville d'Alesya.
Attention, Rohàn, l'idéalisation, ca te tuera.
Focalisé sur sa baguette, son tempérament à tenir en laisse, et la main fautive qui le maintenait en place, il n'eut au départ pas de réaction à la caresse tentative de Gabriel, si ce n'est un écarquillement des pupilles, suivi bien vite d'une contraction de sa mâchoire, pour s’empêcher de réagir. Fuuuuck. S'il ne voulait pas vraiment croire que le serdaigle faisait ça dans un autre but que le suicide, il devait se rendre lentement à l'évidence qu'il avait d'autres idées derrière la tête, des idées qui n'incluaient rien de vraiment bon pour le serpentard. Ou est ce qu'il avait merdé ?
Il tenta de prendre un air perdu par rapport aux paroles qu'il prononcait, mais lui comme gabriel savaient tous deux très bien ce qui se passait, et Rohàn se détestait d'être tombé aussi vite dans le panneau. Mais il avait un radar ou quoi ?! Comment avait-il fait ? Cependant, même si le Vincentilli pensait avoir compris, il n'allait pas lui offrir le plaisir d'un mouvement fautif, il n'allait pas ajouter à ses preuves, quelles qu'elles soient, pour ne pas alourdir son cas.
C'était bien sur sans compter sur la main traitresse de l'aigle qui se fraya un chemin contre son boxer, comme s'il était tout à fait normal de toucher son agresseur en plein couloir fréquenté. Certes, il avait l'habitude qu'Enoah finisse par s'exciter, et que Charles récidive, mais Gabriel ? Il n'avait aucun moyen de deviner les réactions du serpentard, et il jouait avec le feu. Une petite partie mesquine de son esprit lui souffla que s'il jouait avec Alesya, il était forcément immunisé, mais il l'étouffa bien vite, et leva un sourcil interrogateur et froid devant l'audace du blond. Il croyait qu'il faisait quoi, exactement ? Certes il était en manque, certes il adorait avoir une sensation de puissance, mais ce n'étaient pas deux doigts dans le pantalon qui allaient le réduire à un état d'excitation tel qu'il se ferait avoir.

Le baiser, par contre, voilà qui lui faisait ressentir quelque chose dans le ventre, la première des vagues de son désir, et ses yeux s'illuminèrent un peu plus, remplaçant la colère et la rage par une autre émotion qui aurait du faire fuir Gabriel dés qu'il en avait aperçu l'étincelle. En l'embrassant le premier, il devenait fair game, il l'autorisait, et dans le sale esprit de Rohàn, il n'était pas question de laisser un défi pareil de coté. « You know nothing » lui siffla-t-il à l'oreille, avant de retirer vivement sa baguette de la joue du bleu pour émettre un BANG qui fit sursauter les derniers retardataires dans le couloir à les regarder avec des yeux ronds. Pour ce qui allait suivre, il ne voulait pas de témoins. Une fois sur que personne ne viendrait les déranger pour les dix prochaines minutes, ses yeux joueurs se retournèrent vers le Gabriel qui avait acheté son ticket pour un petit tour avec le diable.
« Tu crois que je vais tomber dans tes manèges, vraiment. Il faut plus que ça pour me faire peur, et tu n'as absolument rien sur moi. » Ou du moins, il n'avait pas jusqu'à présent, mais Rohàn remplaça en même temps sa main par un genou, appuyant encore sur l'entrejambe de Gabriel, mais de façon plus suggestive que menaçante. Perdu pour perdu, il n'avait qu'à s'enfoncer encore un peu plus dans les ennuis, et entrainer Gabriel avec lui. Puisque tout le monde lui rabattait les oreilles des performances du jeune homme, et qu'il pensait l'avoir percé à jour, pourquoi ne pas s'offrir une part du gateau ?

Sa baguette revint caresser le visage de Gabriel, son expression devint pensive, puis férale, démontrant une fois de plus qu'il côtoyait la folie à chaque seconde. « Tu dis être le favori d'Alesya, mais sait-tu vraiment ce que c'est que de coucher avec un Lestrange ? Ce qui est à elle est à moi. » Et il ne le laisserait pas s'échapper sans s'être venger sur son corps, de n'importe quelle façon. Se saisissant de sa mâchoire, il appuya sur ses lèvres pour les voir se gorger de sang, continuant sur son ton de tous les jours. « Tu as une grande gueule, et une grande bouche, alors utilise les pour une fois à bon escient. » Que Gabriel ne s'y trompe pas ; ce n'était pas une demande, ce n'était pas une proposition, c'était un ordre.

« You know nothing » siffla Rohàn Lestrange d'un air mauvais. Cependant, Gabriel avait vu la lueur qui s'était allumé dans le regard du Serpentard lorsqu'il avait reculé après le baiser. Il n'était pas dupe. L'aîné des Lestrange avait envie de sexe, de pouvoir et de domination. Tout était dans le nom de famille, la nouveauté résidait dans le choix de la victime cette fois. Un garçon. Pas n'importe lequel, qui plus est. Gabriel avait une réputation infernale, dans cette école. Tour à tour excellentes et répugnantes, les rumeurs à son propos étaient toutes aussi mitigées que les gens qui les propageaient. Les échos les plus récurrents le disaient excellent amant et particulièrement indifférent, ce qui était surement là l'essentiel à savoir sur lui. Pour les détails, on le disait sans coeur, mesquin, manipulateur et sexy à s'en damner. Peu lui importait ce qu'on disait sur lui, tant qu'il avait toujours des gens à se mettre sous la dent, des partenaires pour satisfaire ses pulsions sexuelles ... Une violente détonation le ramena au présent. Rohàn avait retiré sa baguette et la pointait désormais vers l'extrémité nord du couloir, où l'on pouvait apercevoir quelques retardataires filer à toute allure. Gabriel ne pouvait pas les blâmer. Fuir était la réaction la plus logique en face d'un Lestrange. Malheureusement pour lui, son masochisme le poussait à la provocation. Non, pour être franc il aurait fuit aussi s'il en avait eu le temps. Mais puisque Rohàn lui était tombé dessus, il faisait face.

« Tu crois que je vais tomber dans tes manèges, vraiment. Il faut plus que ça pour me faire peur, et tu n'as absolument rien sur moi. » Gabriel esquissa un sourire encore plus narquois que les précédents. L'art et la manière de se contredire, en deux temps trois mouvements. D'abord, les paroles en l'air. Ensuite ... le geste qui venait tout démentir. Le genoux que Rohàn glissa presque sensuellement entre ses cuisses acheva de convaincre Gabriel qu'il avait obtenu ce qu'il voulait. Le Lestrange l'ignorait totalement mais c'était exactement là que voulait aller le Serdaigle. Sur son domaine. Son terrain de jeu. Il n'était nulle part ailleurs aussi doué que dans le domaine sexuel. Le simple fait que son adversaire se presse ainsi contre lui suffisait. Il était bel et bien tombé dans le panneau. Pas fou, le blond garda cependant le silence, préférant laisser croire à Rohàn qu'il était effectivement le plus intelligent, qu'il avait raison. Songeur, le Serpentard revint appuyer la pointe de sa baguette contre le visage de sa victime, semblant y chercher des réponses qui ne venaient pas. L'éclat de folie au fond des yeux sombres de Rohàn aurait pu effrayer Gabriel, s'il ne l'avait pas déjà noté à plusieurs reprises dans le regard d'Alesya. Il aimait ce genre d'éclat. C'était de l'adrénaline à l'état pur. Stimulant.« Tu dis être le favori d'Alesya, mais sait-tu vraiment ce que c'est que de coucher avec un Lestrange ? Ce qui est à elle est à moi. » Et voilà. Rohàn était lancé dans la bonne direction. Gabriel du faire un effort pour dissimuler sa satisfaction. Implicitement, il avait laissé entendre qu'ils finiraient par coucher ensemble. Bien entendu, Rohàn dissimulait ça sous une forme de revanche, de vengeance. Mais peu importait l'excuse donnée, le résultat serait le même. Il allait répondre lorsque les doigts fermes et menaçants de Rohàn se refermèrent sur sa mâchoire. D'un ton calme et étrangement banal, le Serpentard déclara « Tu as une grande gueule, et une grande bouche, alors utilise les pour une fois à bon escient. »

Défiant, Gabriel tourna violemment la tête pour se dégager de la poigne de son adversaire avant de l'attraper par la cravate et de le tirer à sa suite dans la première salle déserte qu'ils trouveraient. Par chance, la première porte poussée se révéla être la bonne. Personne dans la pièce, des tables et des chaises bien rangées, ordonnées, une estrade supportant un bureau dans le fond, près d'un immense tableau noir. Parfait. Ils ne seraient pas dérangés. Gabriel referma la porte et plaqua Rohàn dessus, venant lui voler un nouveau baiser, abrupte et viril. Tout en suçotant la lèvre inférieure de son adversaire, Gabriel entreprit de déboucler la ceinture maintenant le pantalon de Rohàn. Ses doigts agiles et habitués ne perdirent pas de temps à retirer totalement le morceau de cuir de ses passants, la laissant en place pour se concentrer sur les boutons et la braguette. L'instant d'après, le passage était libre. Laissant le vêtement tomber aux chevilles de Rohàn, Gabriel brisa le baiser et s'agenouilla pour faire face à l'entrejambe de son adversaire. Il avait bien comprit ce que voulait le Serpentard et il n'était pas du genre à rechigner. Pas du tout. Une bosse traître et volumineuse commençait à déformer le boxer du Lestrange, arrachant un sourire narquois à Gabriel mais il ne fit aucun commentaire. Il n'était pas fou à ce point là. Langoureusement, il appliqua une très longue caresse sur le sous-vêtement, partant du bord supérieur de l'élastique pour finir sur les testicules, sans aucune gêne, sans tabou. Devant l'afflux de sang qui dressa un peu plus le sexe de Rohàn, Gabriel ne pu s'empêcher de sourire un peu plus fort. L'homme était très mal préparé à résister à toutes les tentations de ce monde. Ce n'était pas la première fois qu'il le remarquait. Lentement, Gabriel baissa le boxer, le laissant sur les cuisses de Rohàn tandis qu'il s'approchait de la solide érection qu'il avait sous le nez. Le Lestrange voulait être sucé, il n'allait pas être déçu du voyage. Gabriel savait s'y prendre comme un roi, comme une pute professionnelle, comme s'il avait fait ça toute sa vie.

Il sortit la langue de sa bouche et vint taquiner le gland avec, jouant malicieusement dessus avant de lécher l'engin jusqu'au pubis, du côté droit, simplement avec le bout de sa langue. Prenant son temps, il fit pareil de l'autre côté en s'amusant du frisson d'impatience qui ébranla le corps de Rohàn. Finalement, jugeant plus prudent de ne pas faire trop durer l'instant sous peine de devoir le payer par la suite, Gabriel se lança dans la fellation à proprement parler. Sans plus se faire désirer, il prit dans sa bouche le sexe en érection de son bourreau, le suçant goulûment et sans vergogne. Il n'avait jamais été dégouté par ce genre de chose, à vrai dire il aimait le faire. C'était posséder beaucoup de pouvoir que de tenir la verge de quelqu'un dans sa bouche. Un simple coup de dent pouvait mettre fin à toute une lignée alors que quelques bons coups de langue pouvait combler un homme. Gabriel s'en donna à coeur joie, suçant le sexe de Rohàn comme une enfant savourerait une sucette, jouant du bout des doigts avec les testicules pour accompagner ses assauts, ses allées venues. Prudent et avisé, il veillait à ne jamais faire mal à son bourreau, pas certain de s'en tirer en vie s'il osait ce genre de caprice, mais il n'hésitait pas à appliquer quelques pressions un peu osées, terriblement agréables. Il était capable d'englober presque tout le sexe de Rohàn, resserrant ses lèvres lorsqu'il repartait vers le gland et les ouvrant un peu plus lorsqu'il venait vers le pubis, sans scrupule aucun. Ses doigts, sur les bijoux de famille de son adversaire, appliquaient les caresses et les pressions en harmonie avec ce rythme intense et puissant, pour procurer encore plus de plaisir. ALorsqu'il qu'il devina la jouissance qui menaçait d'arriver, Gabriel prit un malin plaisir à se retirer pour lever la tête et demander d'un ton innocent » Je continue ? » Les yeux posés sur le visage de Rohàn, Gabriel attendit patiemment les directives pour la suite, s'amusant légèrement du pouvoir que lui donnait la situation.

Vraiment, Gabriel le faisait rire avec son sourire en coin, sa suffisance et cette certitude qu'il avait d'avoir réussi à le piéger. Personne ne piégait Rohàn, encore moins un serdaigle de piètre réputation. Est ce qu'il pensait réellement que le serpentard allait se laisser avoir par lui, est ce qu'il croyait qu'il n'avait pas pris ses précautions ? Oh, certes, il avait mis le doigt sur la faiblesse du Lestrange, sur ce qu'il cherchait à cacher, mais qui disait faiblesse ne disait pas pour autant talon d'Achille, il avait étudié suffisamment l'histoire ancienne et récente pour en tirer les leçons. Personne n'utiliserait sa « tare » contre lui, et surtout pas lui. Parce qu'à vrai dire, que pourrait faire Gabriel ? Le révéler à tout le monde ? Il n'aurait qu'à lui rire au nez, à faire s'aligner ses anciennes conquètes féminines, à se balader au bras de sa jolie fiancée, et la situation se retournerait aussi vite contre le porteur des rumeurs. Il était si facile de discréditer quelqu'un dans une école... et les seules personnes qui savaient réellement qu'il était gay n'iraient pas le crier sur tous les toits, ou abonder dans le sens du serdaigle, pas si elles cherchaient à revoir le soleil un jour.
C'était peut-être là, à vrai dire, que se cachait sa plus grande faiblesse ; il cherchait le mal partout, la violence, le chantage, alors que Gabriel l'amenait sur un autre terrain tout aussi traitre qui ne lui avait jamais fait défaut. Mais Rohàn ne pourrait pas lui résister là dessus, et si sa réputation était sauve et son esprit apaisé, ses hormones bouillonnaient elle de sentir son corps contre lui. Il en voulait aussi, une part du jeune homme, et puisqu'il pensait avoir une prise sur lui, pourquoi ne pas s'en servir pour prendre ce qu'il voulait ? Ca n'engagerait rien qu'eux, personne n'en saurait rien, et même si quelqu'un l'apprenait, il pourrait toujours dire qu'il ne s'agissait que de Polyjuice. Il n'avait rien à craindre, et tout à gagner, ce qui lui permettait de se rengorger et de menacer suavement le serdaigle, les yeux noirs de désir. Ses paroles n'étaient pas douces, n'étaient pas cajolantes, et il aurait fait peur à quelqu'un de moins expérimenté, ou de moins habitué à la folie des Lestrange, mais Gabriel n'était ni l'un ni l'autre, et il savait relever les défis. Ou suivre les ordres.

S'attendant à une explosion du jeune homme, une rebuffade ou la pose de conditions avant d'aller plus loin, Rohàn fut agréablement surpris de voir qu'il acceptait, qu'il lui obéissait, au moins jusque là. Certes, il n'avait pas manqué la façon dont il s'était défait de son étreinte, mais cela ne faisait que lui enflammer un peu plus le creux des reins et l'obliger à tenir les rênes à son désir. Bientôt, bientôt il pourrait assouvir toutes les envies qu'il ressentait. Se faire trainer par la cravate ne le gênait pas le moins du monde, et si un autre aurait paru faible, dominé ainsi, il arrivait à donner une certaine forme de félinité à l'action, la bête sauvage qui ne reste entre les mains de son soigneur que le temps de mieux l'éventrer, jouant avec sa confiance.
Son sourire s'agrandit à la seconde où ils furent vraiment seuls dans la salle, et il accueillit la violence du baiser avec soulagement ; il n'appréciait que très rarement les moments de tendresse, il lui fallait du brutal, du forcé, quitte à passer pour un malade. Ses mains trouvèrent leur chemin d'un geste automatique dans les cheveux blonds du serdaigle, jusqu'à manquer les lui arracher, lui dévorant un instant la bouche avant de se voir enlever ce premier plaisir, tout en se retrouvant rapidement dénudé devant lui. N'ayant pas honte de son corps, et sachant pertinemment où tout cela les menaient, il n'était pas pris de pudeur, et au contraire, écarta un peu plus les jambes pour se donner un équilibre qui serait bienvenu rapidement. On allait voir si Gabriel valait vraiment sa réputation, enfin.
Il n'était pas encore tout à fait dur, le baiser ne pouvait pas lui suffire à ça, mais les caresses expertes du blond agissaient comme un très bon aphrodisiaque, et Rohàn ne pouvait pas s'empécher de sourire, comme en réponse à celui qui ornait les lèvres du Vincentelli. Sourire carnassier, sourire mortel et pas sans mauvaises intentions, il n'avait rien d'un ange en cet instant, mais il n'y avait guère plus de chance de rédemption de son âme depuis belle lurette. Un autre que lui aurait fermé les yeux, se serait laissé aller au plaisir, mais il n'était pas comme ça, oh que non, il se tendait et retenait les vagues de sensations jusqu'à la limite entre le plaisir et la douleur, jusqu'au délire. Est ce que Gabriel pourrait l'y amener avec sa langue comme seul atout ?

La réponse, apparemment, était oui. Il ne pouvait pas s'avouer surpris, mais il y avait une différence entre les rumeurs et la réalité, qui ne faisait pas honneur à la dextérité du serdaigle, et qui paraissait presque indécente chez un adolescent pas encore sorti de l'école. Bien malgré lui, Rohàn frissonnait, et il se retenait tout juste de reprendre ses cheveux d'une poigne de fer pour lui imposer un rythme plus brutal de ses reins, mais il n'avait même pas besoin de ça pour se faire aspirer par le plaisir. Gabriel était plus qu'un adolescent en chaleur, il aimait faire ça, et ca se voyait, dans sa façon de le prendre en bouche, dans l'application qu'il mettait à ne lui procurer que du plaisir et aucune souffrance malvenue qu'un autre moins avisé aurait fait par erreur.
Sa poitrine se soulevait avec plus de rapidité et ses yeux étaient totalement consumés par le désir, mais aucun autre signe ne trahissait encore à quel point il était près de jouir comme ça, et il en valait peut être mieux ainsi pour Gabriel. Il n'était pas certain que son égo aurait apprécié cet affront imaginaire.

Le soudain manque de chaleur humide autour de son sexe le fit sortir d'une certaine torpeur invisible et il eut un sourire encore plus amusé à voir Gabriel le questionner. Il s'attendait sans doute à des supplications, ou à ce qu'il l'oblige à finir, mais bien que l'idée soit tentante, Rohàn aussi savait jouer à ce genre de jeux, et il ne perdait pas facilement le contrôle, ou l'illusion de contrôle qu'il possédait encore. En tout cas, l'image du jeune homme, les lèvres gonflées, agenouillé devant lui, était une source en elle même de plaisir.
Ne lui répondant pas de suite, il fit glisser une main le long du cou du blond, s'abaissant légèrement vers lui, avant de lui attraper brutalement une poignée de cheveux et le forcer à se relever pour le plaquer contre son corps. Trop de vêtements, tiens. « J'ai de meilleures idées pour la suite des évènements. » Le sourire maniaque qui accompagnait ses paroles ne présageait surement rien de bon pour le serdaigle, mais ce n'était pas comme si Rohàn lui laissait vraiment le choix. Tant qu'à faire une erreur, autant la faire jusqu'au bout, n'est ce pas ?
Inversant leurs positions pour le forcer contre la porte, gardant toujours sa prise sur ses cheveux et cherchant la moindre émotion d'inconfort sur son visage pour rajouter à son plaisir personnel, il récupéra la baguette qu'il avait toujours dans son holster de manche – et qui lui évitait d'être désarmé dans de telles situations – pour la pointer contre la cage thoracique du serdaigle. Une envie de le faire saigner était présente, mais son entrejambe lui envoyait en permanence des signaux pour lui rappeler qu'il voulait un autre résultat à cette entrevue. Aussi se contenta-t-il de souffler quelques mots latins pour voir le bout de sa baguette rougeoyer et les boutons de la chemise de sa victime consentante sauter, le tissu se réchauffer jusqu'à se raidir, voir casser, prenant son temps. Une pensée fugitive lui vint de l'enflammer mais même si le spectacle l'aurait ravi, une fois de plus, ses penchants les plus noirs devraient attendre.

Ayant fait peu de cas de sa chemise et de sa ceinture qu'il trancha, impatient, ses yeux vinrent s'ancrer dans ceux de Gabriel, noirs et sérieux, ne reflétant rien du sourire qu'il arborait. Sa baguette rangée, c'était une main de libre pour enrouler ses doigts autour du membre du serdaigle et faire glisser ses ongles mal taillés le long de sa hampe, tandis que l'autre lâchait enfin les cheveux maltraités pour forcer le passage entre ses lèvres. Il n'allait pas lui faire un dessin ou insulter son intelligence de piaf en lui disant ce qu'il devait en faire, mais il n'était pas non plus très patient et si l'italien ne se dépéchait pas de faire ce qu'il voulait, Rohàn se montrerait moins délicat.

Gabriel avait compris son jeu, si la lueur dans ses yeux était crédible. Le sourire de Rohàn ne s'en étendit que plus, et il sentit un regain d'intérêt de sa libido, à le voir coincé là, soumis à lui, ayant compris la situation et ce qui lui en couterait s'il faisait un pas de travers. Le Lestrange n'avait pourtant pas si souvent que cela eu le plaisir de torturer des gens ou même de se laisser aller à ses plus sombres instincts, mais il ne ressentait pas de gène ou de dégout à l'idée de le faire, au contraire. Ils avaient surement raison, tous ceux qui chuchotaient dans son dos qu'il était totalement fou à lier, un monstre à enfermer, parce qu'il avait lui même conscience d'être détraqué, d'avoir des réactions totalement hors normes, mais il n'en avait plus peur. Il était comme ça, malade, mais il n'allait pas se faire soigner. La seule séance de soins qu'il attendait, c'était celle là ; celle d'avoir sa dose, celle d'infliger à un autre cette souffrance, de lire dans ses yeux la peur et la douleur, de voir les esprits rebelles s'éteindre sous la contrainte et les corps rétifs devenir pliants, souples par la défaite. Gabriel n'avait pas de chance, à vrai dire, d'être tomber sur lui dans un de ces moments là, de l'avoir chauffer alors que son état de stabilité était déjà bien précaire. Il n'avait pas réveillé le monstre, il avait juste ouvert la porte de sa cage, pour quelques heures, et il allait sans doute le regretter, mais il était surement déjà trop tard pour faire marche arrière.
Le plaisir coulant dans ses veines se mêlait à une joie sadique pour le chauffer comme de la lave en fusion, et il manqua laisser échapper un léger rire sec à sentir le serdaigle souffler un peu en comprenant qu'il n'allait pas le tuer. Ce n'était que le début de leur soirée, pourquoi aurait-il fait ça ? Lui chuchotant un « Tu n'as pas confiance en moi? » totalement ironique, il avait fini par plonger ses doigts dans sa bouche, sans se soucier de son confort, compensant dans un sens cette brutalité par sa main sur lui, par des mouvements de poignet experts, qui n'hésitaient pas au contact d'une autre verge que la sienne. Sans doute donnait-il encore plus de preuves au bleu qu'il savait ce qu'il faisait, qu'il n'était pas un novice, mais à ce stade, plus ou moins n'y changeait plus grand chose, pas avec sa queue à l'air, les doigts caressant son palais et l'odeur du sexe qui commençait déjà à pénétrer l'atmosphère. Est ce que Gabriel se demandait, à ce moment là, avec qui il avait pu acquérir son expérience ? Se demandait-il combien d'autres avaient subi la même chose, combien avaient laissé Rohan faire son affaire, combien d'autres âmes dans Poudlard avaient pu voir ce même regard sombre et sans pitié, ou était-il déjà totalement replié sur lui même et sa survie ? Dans le fond, c'était la même chose, de toute manière, qu'ils soient compatissants ou non, ils étaient dans son assiette.

Sa main se fit plus insistante sur son entrejambe quand il vint des idées de revanche au serdaigle, et il lui montra son approbation en envoyant un peu plus loin ses doigts dans sa gorge. Il suçait tellement bien après tout, il n'allait pas lui faire croire qu'il n'était pas capable d'avaler bien plus gros que ça, et il en retirait une certaine forme d'apaisement, de ne pas l'entendre parler, de baigner dans le silence pendant un acte pareil. Le sexe était différent avec chaque personne, et il aimait aussi en entendre crier, gémir, mais avec Gabriel, il avait envie de silence. Passade ou début d'une pulsion qui se finirait autrement, il ne savait pas encore, il se laissait porter par les envies passagères, peu inquiet pour ce qui risquait de lui arriver à lui. Son entrejambe recommença à donner des signes d'attention, à le faire frissonner légèrement, accompagnée par les morsures qu'il sentait sur ses doigts, noircissant plus encore ses yeux et raccourcissant son souffle. Les débuts de jouissance étaient toujours les meilleurs, quand on savait être sur la bonne voie, mais qu'il y avait encore du chemin à parcourir, un chemin qui serait forcément délicieux, crescendo, un chemin qu'il anticipait de tout son corps. Rohàn pouvait en cet instant passé pour un simple robot, accomplissant les mêmes actes encore et encore, se laissant presque guider par le serdaigle, acceptant ses gestes d'encouragement, glissant plus vite ses doigts sur son sexe, cherchant à le faire réagir, mais il ne fallait pas croire qu'il ne voulait plus se battre et gagner, au contraire. Il était en mode automatique, ne répondant qu'aux stimulus vigoureux, et le sortir de sa torpeur serait sans doute revenir à ôter la goupille d'une grenade.

Mais il fallait bien que l'un d'eux fasse le premier pas vers la suite, quelle qu'elle soit, et la soudaine masturbation rapide que commença Gabriel était le déclic pour que Rohàn se remette à l'oeuvre. Le sursaut qui le traversa, il le reporta sur sa main libre, caressant encore plus rapidement Gabriel, tout en retirant ses doigts de sa bouche, pour les remplacer par sa langue. Une fois de plus, il n'y avait rien d'émotionnel, une simple passion animale pour gouter à ses lèvres et l’empêcher de respirer. Sa main glissante de salive vint remplacer sa sœur sur sa queue, et de l'autre il fit brusquement descendre le pantalon du serdaigle, se collant à lui en leur laissant à peine assez d'espace pour continuer à se toucher.
Relachant ses lèvres, lui empoignant une fesse sans douceur, il se mit à promener ses dents le long de sa tempe, son oreille puis son cou, toujours aussi affamé de sentir un corps masculin contre lui, de gouter sa peau et son odeur. C'était surement du au fait qu'il se cache, qu'il ne se dise pas gay, au fait qu'il n'ait pas d'attachements ni de sentiments, mais il avait la dalle des corps musclés, des joues mal rasées et des pommes d'adam. Et comme souvent, les envies reprenaient le dessus lorsqu'il avait faim, et ses doigts s'aventurèrent entre ses fesses, sans se soucier de savoir s'il était d'accord ou non. Il avait encore la présence d'esprit de chercher à le détendre avant de le prendre, alors qu'il ne rêvait que de le retourner et d'y aller directement, sans se soucier de son plaisir, ou de soulever sa jambe et de s'emboiter en lui d'un coup sec, sans fioritures. Plutôt que de faire cela cependant, il se contrôlait, à sa façon, le mordant de plus en plus fort dans le cou, lui frôlant la jugulaire, cherchant à tirer de lui plus que des frémissements, voulant casser sa façade de tombeur. Leurs mains s'activaient toujours, presque synchrones, mais cela ne suffirait ni pour l'un ni pour l'autre, il leur fallait plus. Rohàn n'était toutefois pas sur qu'ils recherchent la même chose, ce qui rajoutait tout le piment à leur petite aventure. Plaquant ses lèvres contre sa pomme d'adam, savourant à l'avance ce qu'il allait faire, il se permit une dernière pique, se pensant en force. « Prêt pour les choses sérieuses? » Sans lui laisser le temps de répondre, à nouveau, ne cherchant pas le son de sa voix, n'étant pas là pour ça, il planta les dents dans sa chair, profondément, s’enfonçant sous sa peau sans arréter ses caresses plus bas, contrebalançant la douleur intense qui devait le traverser par des mouvements de mains qui ne l'aideraient pas à choisir son camp entre survie et masochisme. Bientôt le sang perla sur sa langue et il s'arréta là, se contentant des tremblements contre sa machoire, de la force qu'il ressentait, d'être le prédateur et de tenir littéralement sa proie par le cou. Un mouvement brusque et il lui ferait bien plus mal, un mouvement de trop, et Gabriel se souviendrait de lui toute sa vie..