CHAPTER I
It is not flesh and blood but the heart which makes us family.


« Aspho' » La gamine secoua son petit frère qui, pour toute réponse, grogna dans son sommeil et se retourna dans ses draps pour échapper encore quelques instants au réveil. « Aspho, réveille-toi ou j'te balance un seau d'eau comme la dernière fois. » Brusquement, le brun se releva comme s'il venait de recevoir une décharge électrique et fixa sa sœur, scannant son visage dans la pénombre de la chambre pour savoir s'il était sérieuse ou pas. Bien évidemment, elle était sérieuse. Elle l'avait déjà fait et n'hésiterait pas à recommencer si nécessaire. Elle avait toujours été comme une mère pour lui parce que leurs parents n'étaient pratiquement jamais à la maison. Leur père, déchu de son statut de mangemort à cause de son frère aîné, avait fini par se cacher dans une banlieue crasseuse et moldue de Londres et avait emmené sa famille dans sa fuite. Là-bas, il s'était trouvé une passion insoupçonnée pour les voitures et passait à présent plus de temps dans son garage qu'avec ses enfants. Leur mère, elle, n'avait pas laissé tomber son poste de notaire magique mais cela ne lui permettait pas de rentrer aussi souvent à la maison que les gamins auraient souhaité. Alors ils avaient grandis sans aide parentale et Absynthe s'était fait la promesse de s'occuper de son petit frère le mieux possible. Bien sûr, elle n'avait pas la douceur d'une mère, ni la patience de cette dernière mais elle se débrouillait pour le réveiller le matin, lui faire à manger à heure fixe et à nettoyer son linge quand il en avait besoin.

« T'es vraiment pas délicate le matin. » articula-t-il d'une voix fatiguée. La jeune femme, piquée au vif, lui assena un petit coup de poing sur l'épaule, histoire de confirmer ces dires. « Tu te lèverais tout seul, t'aurais pas besoin de mon indélicat réveil tous les matins. » bougonna-t-elle vexée en voulant se lever du lit. D'un geste leste, il l'attrapa par la taille et la fit tomber sur le lit. Il avait beau n'avoir qu'un an de moins qu'elle, à seize ans, il semblait en faire dix-huit et elle, faisait difficilement ses dix-sept ans. Coincée dans ses bras, elle fronça les sourcils et gesticula pour se sortir de l'étau qu'il formait mais n'y parvint pas. « C'est ça que j'appelle un réveil délicat. » Et il se pencha vers elle, déposant un baiser sur son front, comme un père embrassant sa fille. Elle rougit, un instant, sentant son cœur s'emballer sous ce geste pas si anodin que ça. Asphodèle et Absynthe ne partageait pas un lien fraternel comme les autres. Ils avaient dormis ensemble depuis toujours et quand ils avaient connus les choses de la vie, ils les avaient expérimentées ensemble, se couvrant de honte le matin arrivé. Détournant le regard, la brunette soupira, lasse de se battre contre ce sentiment d'attirance et d'embarras qui l'assaillait à chaque fois que le jeune homme avait un geste envers elle.

Doucement elle le repoussa, le faisant s'assoir au bord du lit tout en repliant ses jambes vers elle. Elle resta un moment sans rien dire avant de glisser les yeux vers lui, mélange d'excuses et de reproches. Elle se pencha vers lui, effleura ses lèvres des siennes avant de lui glisser à l'oreille. « Le petit-déjeuner est prêt, dépêche-toi avant qu'il soit froid. » puis elle s'enfuit de la chambre qu'elle partageait avec Asphodèle, rouge de honte mais emplie d'une euphorie que jamais elle n'aurait dû ressentir pour son frère.

CHAPTER II
A friend who dies, it's something of you who dies.


Elle allait mourir.

C'était la seule pensée cohérente qui passait et repassait dans son cerveau en manque d'oxygène. Ses poumons lui brûlaient, sa tête semblait être sur le point d'exploser et elle sentait son cœur battre de moins en moins vite au point qu'elle ne le sentait presque plus. Au début, elle s'était débattue. Elle avait griffé, hurlé sous l'eau, donné des coups de poings à l'aveugle mais la poigne qui retenait sa tête sous l'eau était bien plus forte qu'elle et lentement, elle voyait le spectre de la mort remonté à la surface tandis que l'eau commençait douloureusement à s'infiltrer dans ses poumons. Les yeux ouverts sous l'eau, il lui semblait distinguer un spectre noir qui lui tendait la main, la Faucheuse elle-même venait la chercher, accueillante, bien plus chaleureuse que ce qu'elle pouvait s'imaginer, lui caressant la joue de sa main grêlée comme une mère accueillant un enfant parti depuis bien longtemps. Et c'est un dans un sourire que la brunette s'enfonça un peu plus dans l'eau, perdant connaissance dans les bras de cette vieille amie qu'elle n'avait pas vu depuis longtemps.

Elle ne savait pas depuis combien de temps elle était tombée dans les pommes mais le réveil fut violent et rapide. Elle se réveilla allongée dans l'herbe à côté du lac, elle était trempée et seule, sans un chat aux alentours. Le souffle court et rapide, elle sentait ses côtes bouger au rythme effrénée de sa respiration, son crâne gonflait et menaçait d'éclater à chaque instants. Elle se sentait brisée et vide sans savoir pourquoi. Et puis tout lui revint en tête comme à la manière d'un film que l'on regarderait en accéléré. Naos. Son meilleur ami, son unique ami. Voisin de palier depuis toujours, ils s'étaient toujours connus et avaient tout de suite compris les peines l'un de l'autre. Ils étaient tellement identiques qu'ils n'ont même pas pris le temps de se concerter pour se rendre compte qu'ils étaient amis. Ils étaient pareils à un détail près, elle, c'était une sorcier. Secret sale et inavoué, elle savait qu'il faudrait le lui avouer le jour où elle se rendit compte de ses sentiments envers ce moldu. Hyperactif et toujours enjoué, il avait cet éclat permanent de malice qui brûlait dans ces yeux mais elle l'avait vu s'éteindre quand elle avait prononcé ces paroles « Je suis une sorcière Naos. » La dernière chose dont elle se souvient ce fut les feuilles volant autour d'eux et les mains du jeune homme autour de son cou.

Il avait essayé de la tuer et sans trop savoir comment, ni pourquoi, elle avait survécu. Quelqu'un avait dû intervenir mais n'avait pas pris la peine de rester pour qu'elle le remercie. Quelque chose en elle se brisa, distinctement, elle entendit et sentit son palpitant se déchirer lentement tout en comprenant qu'elle dégoutait Naos. Elle pleura un moment, sentant son cœur saigner en elle, un trou se creuser dans sa poitrine, un vide s'installer dans son être. La haine et l'amour sont des sentiments extrêmement proches et en quelques instants, elle venait de passer de l'un à l'autre. Elle le tuerait, lui et ses semblables, lui et ces foutus moldus. Elle les extermineraient jusqu'au dernier et lui, elle le torturait pendant des jours avant de l'achever. Malheureusement en rentrant chez elle, ils étaient déjà partis. Lui et sa famille, envolés. Elle ne le revit plus jamais mais gardait une profonde blessure qui ne se refermerait vraiment jamais.

CHAPTER III
I hate you so much that I'd destroy myself to take you down with me.


Une nouvelle journée, un nouveau calvaire à vivre pour la jeune Rogue. Les années étaient passées et ne l'avait pas vraiment adoucie. Absynthe était devenue amère, défaitiste, vieille avant l'heure. Elle avait du mal à supporter le bonheur autour d'elle alors qu'elle-même en était privé, ou plutôt avait décidé de ne plus s'en accorder. Elle ne cherchait pas spécialement à détruire le bonheur des autres, elle se fichait d'ailleurs bien des autres qui l'entouraient, mais il y avait une personne dans ce lot d'enfants et d'adolescents en uniforme qui lui hérissait le poil plus que n'importe qui d'autre. Et d'ailleurs, comme par hasard, il apparu sous ses yeux verts, comme une ombre sortie de nulle part, un mirage précédant le chaos et les hurlements. Merlin Fudge, que tout le monde surnommait Pride. Rien que pour cela, elle le détestait. Sa fierté, son arrogance, ce port de tête qu'elle voulait à tout prix faire redescendre, un prince dans l'école qu'elle voulait déchoir de son trône. Mais surtout, c'était ce sourire presque permanent qui étirait ces lèvres, cette hyperactivité qui le caractérisait si bien, ce trop plein de fougue et de conneries qui faisait de lui, une copie parfaite de Naos qui la rendait agressive. Physiquement, ils n'avaient pas grand chose en commun mais c'était cette attitude de petit con notoire qui les rapprochaient et qui faisait monter la haine et le mépris chez la brunette. Serrant ses livres contre sa poitrine, elle prit une grande inspiration en s'approchant de lui et un sourire en coin mauvais retroussa ses lèvres se préparant à la prise de tête qui allait suivre la réflexion qu'elle allait balancer.

Elle ne pouvait pas le supporter, c'était clair comme de l'eau de roche, mais elle avait aussi la sale habitude de le chercher à chaque fois qu'elle le croisait au détour d'un couloir. Et il fallait dire qu'il ne se laissait pas prier pour lui rendre la pareille. « Pousse toi, t'es sur mon chemin, Merlin. » lui balança-t-elle d'entrée de jeu avant même que ce dernier ne réalise vraiment qui lui arrivait dessus comme un boulet de canon. Haussant un sourcil, il glissa vers elle un regard un peu trop pétillant au goût de la jeune femme avant de rétorquer tout simplement avec un mouvement d'épaule. « Demande-moi gentiment et j'me pousserais. » Elle souffla par le nez et tourna légèrement la tête, comme une gamine qui ferait un caprice devant ses parents. Il fallait dire que parfois, leurs disputes ne valaient pas mieux qu'une querelles entre deux gamins et aujourd'hui était encore un exemple parfait de ces crises enfantines. Redressant les épaules, la belle écarta sa mèche qui lui tombait devant les yeux d'un mouvement de tête et adressa un sourire adorable au jeune homme, bien trop adorable pour être vrai d'ailleurs. Elle pencha un peu la tête sur le côté avant de siffler très lentement entre ses dents pour qu'il comprenne du premier coup et sans qu'elle ait besoin de répéter. « Écoute-moi bien Fudge, de tous les élèves présents dans cette école, je suis la seule et unique capable de tuer une personne sans laisser aucune traces derrière moi... » Elle s'approcha encore un peu plus de lui, se mettant sur la pointe des pieds pour être à sa hauteur, jusqu'à ce que son souffle s'écrase sur le visage du Gryffondor «... Aucune. Alors maintenant, laisse-moi passer. »

Un ricanement. C'est tout ce à quoi elle eu droit après sa petite tirade. Un ricanement qui réussi à la mettre absolument hors d'elle. Tout ce qu'il faisait de toute façon la mettait hors d'elle. Le simple fait de respirer lui hérissait le poil alors rigoler face à ses menaces, c'était venir aux devants de grands ennuis. « Tu as vraiment une notion étrange du "gentiment". » finit-il par lui balancer et elle fronça les sourcils pour toute réponse. Elle retomba sur ses pieds, ce qui signifiait la fin de l'altercation pour aujourd'hui. Prenant une nouvelle respiration, la jeune femme fonça tout simplement dans le tas, assenant un coup d'épaule au descendant Fudge par la même occasion et passa de la manière la moins délicate qu'il soit. Un éclair douloureux la traversa tout de même mais elle s'en fichait, il fallait qu'elle s'éloigne de lui ou ils finiraient par en venir aux baguettes et il fallait bien avouer que la belle se débrouillait mieux devant un chaudron qu'avec une baguette à la main. Et il était hors de question qu'elle lui laisse la moindre chance de la rabaisser. Jamais de la vie.

CHAPTER IV
She wanted a storm to match her rage


« Ça fera quinze galions. » Le jeune homme la regarda un instant avec des ronds dignes du plus grand des poissons et fronça les sourcils. « Mais, la dernière fois tu avais dit dix galions... » Prenant un air tout à fait innocent, Absynthe haussa les épaules et rangea doucement le parchemin roulé qu'elle tenait entre ses longs doigts de pianiste. « J'ai changé d'avis. Mais si tu n'en veux pas, ce n'est pas grave. Quelqu'un d'autre en aura sûrement l'utilité et serait prêt à payer quinze malheureux galions pour l'avoir... » Un éclair de panique traversa le regard bleuté de l'élève et il leva les mains devant lui en signe de capitulation. Il chercha un instant dans la poche interne de sa cape de sorcier avant de sortir la main accompagnée d'une petite bourse de cuir. Il compta les pièces et les lui tendit non sans une grimace. La belle attrapa la bourse d'une main presque avide et tendit le parchemin qu'elle venait tout juste de cacher dans son sac. L'autre élève lui arracha presque des doigts, vexé de s'être fait voler cinq galions. Il déroula le papier et inspecta rapidement son contenu avant de lever un sourcil, septique. « Et tu es sûre que j'aurais un Optimal avec ça ? » La jeune femme roula des yeux et le toisa un moment avant de lui répondre bêtement. « Bien évidemment, je suis la meilleure dans cette matière alors arrête de douter sinon la prochaine fois, j'te facture vingt galions le devoir. » Et sans plus de cérémonie, elle pivota sur elle-même et s'envola dans le couloir, ses pas résonnant contre les murs de pierre.

C'était devenu une petite habitude ce business. Elle préparait des devoirs ou des potions entières pour des élèves défaillants dans cette matière et les faisait payer le prix fort pour ses services. Dans ce genre de moment, la différence entre nés-moldus et sang-purs lui semblaient bien plus fines que le reste du temps. Elle ne se complaisait pas à torturer les nés-moldus à longueur de journée mais il était vrai qu'avec Orion, le descendant Dolohov, ils s'amusaient de temps à autre à leur jouer des petits tours comme distribuer des bonbons contenant quelques gouttes désopilantes, une potion aux propriétés euphorisantes, provoquant des crises d'hystérie un peu partout dans l'école. Ils étaient comme des gamins mais plus rien ne la touchait. Chaque jour était un moins lourd sur sa poitrine mais il suffisait d'un soir de déprime pour sombrer dans des cauchemars où elle revoyait Naos, l'enfermer dans une caisse en plastique et la jeter au fond de la mer. Cette image la hantait, lui brisait le cœur et lui faisait détester des personnes par le fait d'y ressembler.

Elle était brisée à l'intérieur. Une gamine fragile se comportant comme une reine des glaces, une fée verte aux ailes brisées. Il lui en fallait peu pour qu'elle bascule dans des crises de folie et elle refusait obstinément de se faire aider, préférant creuser elle-même sa tombe plutôt que d'attraper un bras tendu par une âme charitable. Elle se vautrait dans la décadence et semblait s'y complaire, une âme en perdition qui comblait le vide dans son être par l'accomplissement d'une tâche aussi sombre que ces pensées. Redorer le blason de sa famille et faire connaître sa souffrance au monde entier.