Le bal avait atteint son point d'orgue. Ca, Rohàn le voyait aux joues rougies des élèves qui tournoyaient avec grâce sur la piste de danse, aux yeux rieurs des adolescents en train de siroter un verre et de discuter, au manque de jeunes femmes totalement hystériques pleurant après leur homme les ayant trompé, et à l'absence totale de conflits. C'était aussi l'oeil du cyclone, le calme avant la tempête, et le Lestrange savait qu'il devait le savourer. Ca allait très bientôt être l'escalade, les couples se déchireraient, il y aurait des révélations... Mais pas sur lui, du moins pas selon ses sources. Il se serait même montré peut-être un peu plus menaçant et imposant s'il avait su ce qui l'attendait, mais la soirée s'était bien passée, Ange n'avait pas été trop désagréable et il lui avait rendu sa liberté pour le reste du bal, ne jugeant pas sa compagnie nécessaire pour la suite. À vrai dire, il avait depuis longtemps prévu de s'éclipser bien avant l'heure de fin des festivités, déjà pour s'assurer que tout était prèt pour l'After, et ensuite, parce qu'il avait remarqué quelqu'un dans les premières minutes du Bal et il ne se l'était pas enlevé de la tête depuis. Le meilleur moyen de se défaire d'une addiction étant d'en faire une overdose – du moins d'après Rohàn – il ne voyait donc pas d'autre solution que d'approcher la dite personne pour se vacciner. C'est beau, se mentir à soi même.
Louvoyant entre les gens, évitant pour une fois de marcher sur les robes pour entendre le bruit de la soie et de la dentelle déchirée – un de ses passe-temps favoris d'enfant – il essayait de le retrouver dans la foule, espérant secrètement ne pas avoir à chercher trop longtemps ou le trouver au bras de quelqu'un d'autre. Non pas que cela l’arrêterait, à vrai dire, mais il ne voulait pas être celui qui commencerait les hostilités, pas ce soir. Les jeux de domination, c'était bien dans la sphère privée, ou devant quelques élèves, mais il n'avait pas encore tenté de poser ses griffes sur lui devant deux cents personnes, et il ne tenait pas à commencer tout de suite. Il y aurait forcément un abruti pour jouer le preux chevalier au lieu de les laisser tranquille, et Rohàn s'énerverait et ca finirait en baston générale. Donc, jouons la finesse. Façon Lestrange.
Ayant entendu dire qu'il était venu avec une fille au bal, il avait trouvé un sort parfait pour que la jeune femme n'ait d'autre choix que de trouver la salle de bain la plus proche pour finir la soirée, et y rester, loin d'eux, mais il se demandait ce que ce choix de cavalier signifiait. Sortait-il avec elle ? Ou était-elle simplement une amie lui servant d'alibi ? Il n'avait pas réussi à le savoir, et ca l'ennuyait profondément. Il voyait mal Charles décider soudainement de sortir avec une fille et de devenir monogame, certes, mais d'autres avant lui avaient décidés d’arrêter soudainement de jouer, et Rohàn se montrait souvent irritable pendant des mois à la perte d'un partenaire.
S'ébrouant mentalement par des insultes, atterré de son manque soudain de masculinité, il se forca à reprendre un air plus digne de lui, un petit sourire en coin, charmeur, et se laissa porter par les quelques sourires hésitants et rougissants que les plus jeunes et innocentes lui lançaient en retour. Ceux plus foudroyants de leurs cavaliers agrandirent encore son sourire et bientôt il redevint totalement le Rohàn que tout le monde connaissait, celui qui se foutait de l'avis des autres et qui faisait comme il le voulait. C'était un rôle bien plus adapté à cette basse cour, en même temps. Il était le roi, et eux les pauvres villageois qui devaient se sentir honorés par sa présence. C'était dans la nature des choses.

Toute pensée parasite disparut de son esprit toutefois, lorsqu'il l’aperçut enfin entre deux couples. Pas trop tôt, bon sang ! Comme un animal en chasse, il se concentra entièrement sur Charles, appréciant au passage sa tenue du soir, se demandant à quelle sauce il allait le manger. Cela faisait quand même un moment qu'ils ne s'étaient pas vus, et l'envie de le mordre jusqu'au sang pour le marquer était très présente, mais il avait dit pas d'esclandre. Non, il allait arriver comme un prince et l'ensorceler pour s'assurer de sa coopération. Comme s'il la lui refuserait, de toute manière.
Arrivé tout près de lui, gardant son masque de froideur, sachant très bien que même avec l'euphorie ambiante, on ne manquerait pas de remarquer s'il se montrait anormalement agréable avec quelqu'un qu'il aimait dominer en public, il fit semblant de s'intéresser aux personnes alentour, laissant son regard couler sur tous, avant de se poser sur lui, pour garder cette impression d'imprévu. Il n'y aurait que Charles pour remarquer au fond de ses prunelles la joie féroce qu'il éprouvait à pouvoir l'approcher ainsi, en tout impunité, au milieu de la foule.
« Ta petite amie s'est lassée de toi, Archer ? Elle est partie se trouver un véritable mâle qui saura la combler, ou je dois m'attendre à la voir revenir bientôt s'accrocher à toi comme une sansgue? » Son ton était égal, mais mordant, et il avait pris soin de baisser d'un ton, ne voulant pas qu'on puisse les entendre. Il n'avait rien contre sa cavalière, à vrai dire, si ce n'est qu'il n'aimait jamais partager ses « jouets ». Et il pouvait ainsi se renseigner sur le temps qu'il avait pour s'envoyer en l'air, tout en se vengeant un peu pour une insulte imaginaire que Charles lui aurait faite en s'affichant avec quelqu'un.
Quelque peu impatient, il devait se retenir d'entrainer le gryffondor sans attendre de réponse, mais il ne voulait pas non plus qu'il proteste – du moins pas pour ça – et qu'ils doivent passer cinq minutes à réaffirmer qui était le chef, et qui donnait les ordres, surtout qu'il y avait l'After après où il devait faire une apparition sans être couvert de griffures ou de bleus. Même s'il ne disait pas forcément non à ce genre de marques, en y réfléchissant...

Ce qu'il aurait aimé pouvoir arrêter le temps, pétrifier tout le monde et pouvoir embarquer Charles sans lui laisser le temps de parler. Ou pouvoir les faire disparaître sans qu'on le remarque, et ne pas avoir à se cacher – même si cela ajoutait un certain piquant, l'interdit – bref, tout sauf attendre qu'il réponde, qu'il s'explique et qu'il se BOUGE. Non, Rohàn n'était pas un homme patient, surtout pas quand il avait ça sous les yeux. Sa question n'en était même pas une, menace à peine voilée, et il ne s'était pas attendu à ce que Charles se prenne au jeu, raison pour laquelle il eut un temps d'arrêt en l'entendant parler. Hein ? Il se foutait de lui, non ? Il n'avait pas vraiment prévu de continuer la soirée avec sa rouquine, et de le planter, quand même. Une part de lui se sentait presque dégoutée par l'idée que le gryffondor dise la vérité, voir blessé, même s'il n'était pas une foutue fille, mais l'émotion qui l'emportait était la vague de rage qui, comme toujours, se manifestait en premier. Ooh, mais qu'il tente de rester avec son rencard, et on verrait qui serait le chef. Rohàn n'était pas contre le faire pleurer, après tout, ou rétablir son ascendant sur lui par la violence, devant les autres. Charles croyait qu'il avait le choix ? Il n'y en avait jamais eu, il n'y en aurait jamais, le contrôle c'était son domaine. Tout du moins, le contrôle du gryffondor, car celui de ses pulsions était faible et fragile. Il n'avait pas l'habitude qu'on lui dise non, ne prenait même pas une opposition pour une réelle raison de s'arréter, et il voyait bien que Charles en avait autant besoin que lui, de le toucher. Alors pourquoi lui dire ça ? Il savait qu'il aimait la douleur, à petite dose, mais jouer ainsi avec le feu risquait de le bruler bien plus fort qu'il ne croyait.

Il aurait voulu lui sortir une nouvelle réplique cinglante, faire une insinuation mauvaise sur ses plans qu'il disait avoir avec cette fille, mais Rohàn se connaissait assez bien pour savoir que dans l'état où il était, la seule chose qui sortirait de sa bouche serait un grondement connu et animal qui était fortement déplacé dans un lieu public. Et même si gronder était pour lui une façon totalement normale de s'exprimer, le serpentard ne voulait pas non plus montrer à Charles à quel point il était enragé. Ce n'était qu'un contre temps, qu'une foutue pique pour l'énerver, il n'allait pas tomber dans le panneau... Même s'il ne pouvait pas l'éviter, à vrai dire. Le Gryffondor était à lui pour les prochaines heures, et malheur à celui qui s'interposerait, bon sang !
Ravalant sa salive et décrispant quelque peu les mains, devant résister à l'envie de les nouer autour de son joli cou, il allait enfin parler, pour menacer Charles de se trouver un autre coup pour la soirée, quand celui-ci releva enfin les yeux vers lui avec un putain de sourire magnifique. Ce n'était même pas drôle, ce qu'il venait de faire, et pourtant il souriait, fier de lui, fier de l'avoir énervé... Et Rohàn ne pouvait pas nier que ca lui plaisait, de le voir confiant comme ça, pour une fois. Même si le rouge était tout aussi beau quand il criait ou s'énervait, ce sourire là avait un petit quelque chose de spécial qui cloua encore une fois le serpentard sur place, avant que le brouillard de son cerveau se dissipe et que ses jambes suivent avec vigueur le trajet de Charles hors de la pièce.

Dés qu'ils furent tous les deux suffisamment éloignés de la Grande Salle pour que personne ne tombe facilement sur eux, l'esprit de Rohàn repassa en mode prédateur, totalement concentré sur son amant, et en deux pas, il avait enroulé une main autour de son cou qui l'avait obsédé toute la soirée, l'autre plaquée contre son ventre pour le tenir contre son torse, dos à lui. « Tu mériterais que je te plante là et que je me trouve quelqu'un d'autre. », gronda-t-il en lui chuchotant dans l'oreille, pas encore remis de sa mini-rébellion. Et pourtant, malgré ses paroles, il renforçait sa prise sur lui, refusant de le lâcher, refusant de bouger, sans se soucier d'être en train de l'asphyxier légèrement. La chaleur que Charles dégageait, il la sentait à travers sa chemise, l'irradiant sans lui donner pourtant plus envie de se relaxer. Non, il voulait enlever toute barrière et être peau contre peau, effacer ce sourire qui l'avait paralysé de son visage et le remplacer par une grimace, le faire sien encore et encore.
Ne se retenant pas plus longtemps, sans se soucier d'être encore en plein milieu d'un couloir, il mordit l'oreille de Charles, puis sa nuque, et sans jamais de temps mort, se mit à tenter de défaire sa cravate pour atteindre la jonction entre ses épaules et son cou, pour le faire saigner, pour le marquer. Le goût de sa peau le calmait un peu, ça et les tremblements – douleur, plaisir ? - de Charles, et tout d'un coup la soirée ne se passait plus si mal. Satisfait pour l'instant d'avoir comblé la première de ses pulsions, il promena ses dents le long de sa jugulaire, chuchotant d'une voix assourdie par le désir. « Toujours des plans avec ta copine ? »

Ses mains étaient comme glués à la peau de Charles, et il lui couterait beaucoup de s'en écarter ne serait-ce que quelques secondes. Les sensations étaient grisantes, le goût de sa peau contre sa langue divin, et il se foutait bien d'être en plein milieu du couloir. Il avait passé des heures au Bal, à danser avec Ange et à faire le sang pur distant, il voulait maintenant sa récompense. L'entendre lui chuchoter ses mots, comme s'il savait exactement ce que Rohàn était incapable de faire à cet instant lui donna encore plus envie de le mordre, et il ne se gêna pas pour le faire. Les tremblements du gryffondor rajoutèrent à ses propres sensations et il laissa un sourire satisfait s'étendre sur ses lèvres, promenant ses dents sur son cou, cherchant le prochain endroit ou apposer sa marque. Il devait sérieusement avoir un vampire dans ses ancêtres, mais il ne se passait pas du goût de Charles sur sa langue, et toutes les excuses étaient bonnes pour lui ouvrir la peau. Son emprise se resserra convulsivement sur lui quand il lui fit croire qu'il continuerait à prendre son pied avec sa rouquine plus tard, et Rohàn gronda plus fort, des idées de meurtres lui passant par la tête. Il ne partageait pas, et bien qu'il sache parfaitement qu'il ne faisait ça que pour le provoquer un peu plus, il était incapable d'avoir une autre réaction. C'était engrainé en lui d'être jaloux et de vouloir tout garder pour lui, rien qu'à lui, et Charles commençait à bien savoir jouer avec ses faiblesses.
Mais pas assez pour que Rohàn se sente menacé.
Laissant le brun se retourner et tirer sur sa ceinture, les yeux du serpentard brillaient de désir, et il ne pouvait pas s’empocher de ressentir une certaine satisfaction à voir l'état dans lequel il mettait son amant. « You're a fuckin' tease. » Sa voix était grave, rendue presque rauque par l'envie de porter les choses plus loin, mais il se laissa guider jusqu'à une salle, prédateur, gardant son regard braqué sur le déhanchement de Charles.

Le voir se pencher en arrière sur ce bureau, c'en était assez pour faire disparaître toute forme de contrôle, et Rohàn ne se fit pas prier pour venir se placer entre ses jambes, posant deux mains possessives sur ses hanches, frôlant ses fesses des doigts. L'expression du gryffondor ne lui plut pourtant pas, car durant une seconde, il avait eu l'air ailleurs. Et ça, il ne tolérerait pas, pas quand ils étaient ensemble comme ça. Embrassant Charles, appréciant de sentir ses mains contre sa peau, il chuchota, l'air terrible, « Ne pense qu'à moi. Seulement à moi. » tout en libérant l'une de ses mains pour aller la glisser dans les cheveux courts du rouge, ne pouvant pas les agripper, trop fins pour rester dans sa poigne, se contentant de lui griffer le crâne légèrement.
Leurs mouvements finirent par se faire plus violents, et Rohàn profita de ce baiser brutal pour se percher également sur le bureau, testant sa solidité d'un mouvement de hanches, avant de s'attaquer pour de bon à son gryffondor. Ne laissant plus de temps mort, il fit peu de cas de sa chemise, tirant dessus un peu plus pour laisser totalement apparaître son torse, et se débarrassa de la sienne d'un coup d'épaule, écartant les mains de Charles qui lui agrippaient le col d'une tape. L'air frais qui caressait sa peau brulante ne lui apporta aucun soulagement, il n'avait plus qu'un seul remède et il se trouvait sous lui. Abandonnant les lèvres du gryffondor, il glissa le long de son corps, traçant de sa langue le trajet que formait sa trachée jusqu'au creux de son cou, pour mordre dans l'une de ses clavicules sans vergogne. Savoir que Charles le laisserait faire ce qu'il voulait lui apportait une tranquillité d'esprit et une envie d'aller toujours plus loin, et il n'hésita pas une seconde à presser son entrejambe contre la sienne, sentant même à travers leurs pantalons à quel point ils étaient tous deux affectés.
Alternant entre morsures et suçons, se repaissant des sons qu'il faisait, il fit claquer sa ceinture en l'arrachant des passants, étouffant son grognement de plaisir en sentant le cuir claquer contre sa cuisse, et enroula le bandeau de cuir autour du cou de Charles, avec la dextérité venant de la pratique. Agrippant la ceinture pour en tester l'efficacité, il se releva, entrainant de force Charles à se relever un peu, le sourire aux lèvres. « Better. » Et d'un mouvement de poignet, il l'enroula toute la ceinture autour de son poing, forçant leurs bouches à se rencontrer encore, le dévorant sans vergogne. Il ne savait pas si c'était Charles, ou si c'était lui, mais il devenait de plus en plus clair que quelque chose était différent, et qu'il aurait pu passer sa journée dans cette position, à le sentir entre ses cuisses, à vibrer.

Sentir les dents de Charles percer sa peau était plus puissant que n'importe quel aphrodisiaque, et la température déjà élevée du serpentard passa un nouveau cap. Se vengeant à son tour sur le corps sans défense qui bougeait sous lui, il se laissa mordre, retenant une vague de plaisir de l'envahir, ne se laissant pas porter par la déferlante ; Charles ne l'aurait pas aussi facilement, il allait devoir travailler plus dur que ça pour l'emmener vers cette petite mort. Toutefois, il ne pouvait pas faire croire que ce qu'il lui faisait le laissait indifférent, et ses yeux se fermèrent un moment, alors que sa respiration mettait quelques temps à se réguler. Il le rendait fou, vraiment. Et ses dents, convulsivement, firent une plus grande trace sur les clavicules du gryffondor, rendant la douleur et le plaisir comme il le recevait. Mais ce n'était pas suffisant, il avait besoin de plus, et c'est sans hésitation qu'il retira sa ceinture pour en faire un collier, ressentant une bouffée de désir supplémentaire pour son amant qui se laissait faire sans protester, qui participait même, si les battements de cœur désordonnés qu'il entendait sourdre contre sa peau étaient une indication, volontiers à ce jeu. Cette sensation de pouvoir et d'abandon était grisante, électrisante, et pendant un moment, Rohàn ne put qu'embrasser Charles encore et encore, les mains fébriles, ne sachant quoi faire d'autre. Les actes réfléchis étaient laissés à la porte, seul l'instinct avait droit ici, entre eux, et son instinct lui dictait de respirer avec Charles, de partager son air, de partager sa sueur, son sang, et son essence entière, quitte à s'y fondre et y perdre la sienne.
Le gryffondor, lui, ne perdait pas de temps à l'inverse, et la pression qui le rendait à moitié fou dans son bas ventre s'allégea lorsqu'il le débarrassa de son pantalon, faible répit avant la suite, mais répit tout de même pour ne pas sombrer plus tôt. Tordant une fois de plus le cuir de la ceinture pour appuyer sur le cou de Charles, lui montrant ainsi son accord aux libertés qu'il prenait, il engloutit un cri entre ses lèvres en sentant ses doigts glisser contre lui, sur lui, et respira plus fort. Comment faisait-il, pour être à sa merci et réussir encore et toujours à tirer de lui les sons les plus basiques, les émotions les plus bestiales ? Le Lestrange ne se controlait plus, et il allait tirer encore plus sur la laisse improvisée pour que Charles arrête, le temps de se reprendre et d'inverser les situations, quand le gryffondor prouva son appartenance à sa maison en les propulsant contre le mur, usant de toute sa force pour bloquer Rohàn dans ses tentatives faibles de se dégager.
Tout ca n'était qu'un jeu, au final, et avec les mains de Charles sur sa verge, ce n'était plus la peine de croire qu'il était toujours le seul à contrôler leurs ébats. S'il refusait de prendre sans donner, de s'abandonner sans vergogne, il n'était pas con au point de refuser ce que son brun allait lui faire, et sa main rougie par le frottement du cuir laissa filer la ceinture, lui donnant la marge de manœuvre dont il avait besoin, l'observant se dévêtir en pulsant douloureusement.
Vite, plus vite que ca ! Il avait la gorge asséchée, l'envie de le lécher de haut en bas, de le plaquer maintenant sur le sol et de le prendre, mais la sensation de Charles contre lui, de tout son corps bougeant à l'unisson avec le sien, devrait suffire pour l'instant, même si c'était quasiment douloureux.
« Fuck, Charles! »

L'éloquence, il l'avait laissé au placard, avec les discours cohérents, les menaces et tout ce qui enrobait d'habitude sa personnalité. Il ne restait plus qu'un homme à peine sorti de l'adolescence se noyant sous le flot des sensations, dépendant de sa dose, et du jeune homme sur lui pour satisfaire son besoin pressant de friction. Levant les hanches convulsivement, soulageant encore un peu cette envie, les yeux fiévreux, il s'appuya sur les coudes pour suivre la descente du gryffondor le long de son corps, se retenant de bouger, se concentrant sur le froid glacial des dalles de pierre derrière lui pour annihiler les réactions naturelles de son esprit qui lui disaient d'attaquer. Même cette petite perte de contrôle, ce temps laissé à Charles pour satisfaire ses envies, il devait pour le lui offrir se combattre lui même, les dents serrés. Mais là, la récompense valait tous ses efforts, et il ferma les yeux en poussant un long souffle douloureux lorsqu'il le prit enfin en bouche. Bliss, pure and absolute bliss. Son corps passa d'immobilisme à rigidité alors qu'il refrénait ce plaisir sans limites, et fuck, il ne tiendrait pas à l'observer comme ça, occupé à le sucer, il fallait qu'il bouge avant de perdre toute dignité et toute résistance.
« Not like this. » Sa voix avait dépassé le stade du rauque et il n'émettait plus qu'un grondement érayé, réclamant de Charles autre chose, une chose qu'il ne pouvait lui fournir qu'en revenant... Prenant quand même garde à ne pas provoquer chez lui une réaction malheureuse, il le fit remonter jusqu'à ses lèvres, et d'un mouvement de bassin, il avait inversé leurs positions, plaquant son amant contre le mur et l'enfermant dans cette cage qu'il appréciait plus que tout. Les bleus qui couraient déjà le long du torse du gryffondor le satisfaisaient comme jamais, et laissant courir une main le long de son ventre, il ne mit pas longtemps à se frayer à son tour un chemin jusqu'à sa récompense, le caressant, le reconnaissant. Le collier se resserrait encore, et il observait les réactions de Charles, attendant de voir le moment où ses lèvres s’entrouvraient, la fièvre s'emparant de ses sens pour de bon, le tremblement de ses jambes. Tous ces paramètres étaient enregistrés, imprimés dans son esprit, il pouvait se les repasser en en boucle sans se tromper une seule fois. Ce n'était peut être pas normal pour des amants, mais il se foutait de ce qui était normal ou ne l'était pas. La seule chose qui lui importait, c'était de traquer la faiblesse prochaine de Charles pour en profiter et enfoncer en lui ses griffes plus profondément encore.

Qui se ressemble s'assemble, disent les vieilles femmes, et elles avaient sans doute raison, au fond, pour eux. S'ils ne pouvaient pas au premier abord paraître plus différents, ils avaient le même besoin de cotoyer le danger, de frôler la mort et de mêler la douleur au plaisir pour exister. La peau de Rohàn le lançait là où Charles l'avait mordu, il ressentait encore la chaleur de sa salive sur son sexe, et toutes ses sensations le faisait perdre la tête, resserrant encore son étreinte sur le gryffondor. Il aimait, non il adorait juste le voir haleter, la façon dont il cherchait à se battre contre l'asphyxie, ses yeux qui prenaient une certaine couleur dans la pénombre, noyés dans le brouillard apporté par ses actions.
Les caresses qu'il continuait sur l'intimité de Charles étaient complétés sur le rythme par celles du rouge sur lui, et il ne mit pas longtemps à coller son front au sien, continuant à le regarder, se donnant une ancre lui aussi, bougeant le bassin pour apporter entre eux un peu de friction bienvenue. La boule au creux de ses reins, cette flamme qui l'envahissait dés qu'il était avec lui, s'était développée, envahissant tout son corps, mais surtout son ventre, tandis que ses joues prenaient une allure plus rosée qu'à l'habitude, consumé qu'il était par ce que Charles lui offrait. Quelle entité avait-il de son coté pour avoir droit à ça, vraiment ? Il n'était qu'un pourri, un connard, un lâche, aussi, quelqu'un auquel il ne fallait pas faire confiance, un requin n'hésitant pas à se nourrir de ses semblables pour avancer, et pourtant, Charles lui faisait confiance, Charles s'abandonnait dans ses bras, Charles savait qu'il ne le tuerait pas. Et ca, c'était un pas bien plus important dans une relation avec le Lestrange qu'on ne pourrait penser. Le gryffondor n'était plus une denrée remplaçable, mais bien une personne à part entière, une personne qu'il voulait entendre crier plus que ça.
Il n'eut qu'une petite seconde pour profiter de la défaite de Charles, se collant plus à lui pour compenser sa faiblesse et éviter qu'il ne tombe, avant de se voir repousser, reculant un peu pour laisser à son amant l'espace pour reprendre son souffle, un sourire triomphant sur les lèvres. Il avait du l'amener un peu plus loin que d'habitude pour qu'il mette tant de temps à se reprendre, un temps qu'il mit à profit pour le mater, verrouillant la porte qu'il avait oublié de fermer d'un coup de baguette avant de la laisser sur un des nombreux bureaux, ne s'inquiétant plus de voir quelqu'un les déranger.
S'approchant à nouveau de lui, il traça de ses doigts les contours meurtris du collier, sachant qu'il allait falloir à Charles plus qu'un sort pour effacer ces marques là, et qu'il aurait des questions embarrassantes à éviter pour quelques jours s'il ne se faisait pas soigner. Les lèvres de Charles étaient encore violettes, et il se fit un plaisir à les embrasser, à les sucer et les mordre, collant son corps à celui de son amant, se foutant d'être nu au milieu d'une salle de classe, n'existant plus que pour eux deux sur le moment. Les mains baladeuses du gryffondor le firent sourire puis frémir, et le voir sourire à son tour, fier de lui, c'en était trop pour son masque de froideur qui se fissurait chaque fois un peu plus. Levant les yeux au ciel, sincèrement amusé par ses vaines tentatives de l'habituer à quelque chose qu'il ne ferait jamais, il reprit possession de ses lèvres, laissant un moment Charles s'amuser comme il le souhaitait, avant de le pousser en arrière et de parsemer son torse de baisers brulants, soulevant les jambes du rouge pour les enrouler autour de ses hanches, se plaquant contre lui. Ils y étaient presque... mais il pouvait encore faire monter la pression, et il n'allait pas s'en priver.
Le relâchant, s'écartant un peu, joueur, il se laissa à son tour couler le long de son corps, le prenant en bouche pour quelques secondes avant de lui mordre l'intérieur de la cuisse, vif comme l'éclair. Il se délectait de le blesser sur une peau aussi sensible, aussi proche de ses parties intimes, et alterna bien vite morsures légères et longs coups de langue, voulant le voir perdre le contrôle vraiment. Il aimait le voir se débattre contre le plaisir, chercher à ne pas succomber, il aimait ses tressaillements et sa voix. « You taste so fucking good... » A parler tout contre sa peau, il s'amusait à le faire vibrer encore un peu plus, devenant un peu plus désespéré d'entrer en lui, se faisant plaisir à le faire jouir.

Même s'il s'amusait à l'amener au bord du gouffre et à lui faire croire qu'il allait s'unir à lui, Rohàn n'était pas loin de s'abandonner aussi au plaisir et de le faire pour de bon. Mais il était plus jouissif que de le titiller encore, de le voir gémir et le presser, et gouter à sa peau pendant qu'il avait encore conscience de ce qu'il faisait. Ses dents plantées dans la cuisse de Charles, il ne s'attendait pas à une réaction aussi conséquente du jeune homme mais ne s’arrêta pas pour autant, revigoré au contraire par ses tremblements. C'était une nouvelle facette, une nouvelle zone sur laquelle appuyer pour lui faire ressentir des choses, quand bien même il s'agirait de douleur. Le sexe avec Rohàn, de toute manière, c'était un savant mélange de plaisir et de pleurs, et il fallait apprendre à côtoyer la ligne floue entre les deux pour en tirer le maximum de sensations ; son amant ne mit d'ailleurs pas longtemps à reprendre un peu son calme, même si ses tremblements ne s’arrêtaient pas, et sur un dernier suçon dans le creux de sa cuisse, Rohàn l'autorisa à le faire remonter jusqu'à son visage. Il était vraiment magnifique, comme ça, les cheveux en bataille, les joues rouges et le cou violacé, les yeux commandeurs et une bouche à embrasser sans discontinuer. Un nouveau rire franchit ses lèvres en le voyant le supplier de le prendre et il l'embrassa en entamant quelques mouvements contre ses fesses, n'entrant jamais en lui, restant à le frôler, à le caresser, étant d'une humeur joueuse qui était surement du à l'esprit festif qui avait envahi Poudlard. Il aimait particulièrement appuyer sur sa morsure, se doutant qu'il envoyait des signaux contradictoires à son amant, voulant qu'il pense à lui en cas de plaisir, mais aussi de douleur. Que chaque mouvement qu'il ferait plus tard le rappelle à lui, que tous les couloirs le ramènent à lui, que toutes ses pensées tournent autour de lui.

Mais ce petit jeu avait assez duré, et il s'empara de ses lèvres encore, pour un long baiser, voulant l'asphyxier. La ceinture était toujours là, sur le torse de Charles, et il avait une envie de tirer dessus, mais une autre mission plus pressante l'attendait. Coulant une série de baisers dans le creux de son cou, sous sa mâchoire, il se positionna totalement contre lui, n'appuyant qu'un peu contre son entrée, le regardant tressaillir. « You want it so badly, yes ? You need me... » Et continuant ses baisers brulants, prenant une inspiration, il commença à le pénétrer, fermant les yeux en étant enfin, enfin à sa place. Plus de questions, plus de pensées, juste sa chair autour de lui comme seule ancre pour le retenir, des sensations à n'en plus finir et le besoin d'aller encore plus loin chercher l'extase. Il n'aimait pas la brutalité, pas dés le début, il n'était pas là pour ça, il était là pour lui faire perdre la tête. C'était à chaque fois une redécouverte, à chaque fois une première fois, il ne se lassait pas de ça, de se sentir s'enfoncer encore et toujours plus profond, presque émerveillé de disparaître en lui.
Pas le temps cependant de le laisser s'habituer à lui, pas le temps de se calmer, pas le temps de jouer ; il fallait qu'il bouge ou il perdrait la tête, et enfouissant son visage dans le cou de Charles, lui agrippant la hanche d'une main et utilisant l'autre pour se tenir à la table, il entama une série de va et viens lents mais graduels, reprenant confiance dans ses capacités à chaque coup de butoir, à chaque respiration haletante de Charles qui envahissait ses oreilles. C'était une musique à ses oreilles, qui accompagnait sa descente aux enfers, au fur et à mesure qu'il se fondait en lui. A son tour de perdre le rythme des respirations, de serrer les mains convulsivement, de murmurer des choses sans jamais retrouver d'oxygène ou de contrôle.
Relevant un peu la tête, arquant les hanches pour l'atteindre toujours plus profond, il fixa des yeux couverts d'un voile de plaisir sur Charles, devant se mordre les lèvres jusqu'au sang pour ne pas jouir sur le moment. Il était là, à sa merci, totalement dépendant de ses coups de reins, sa chose, son amant. Abandonné, tendu et pourtant si pliant.
Lui caressant la nuque d'une main, écartant du pouce les gouttes de transpiration qui perlaient sur sa peau, Rohàn devait admettre qu'il n'y avait pas d'autre endroit où il aurait plus aimé être à cet instant. « You look so owned. ». Mine. Totally mine. Son esprit était reparti à ses plus bas instincts de possession, et fébrilement, il passa une main sous ses fesses, le caressant, jusqu'à remonter sur son bas ventre, pour le pistonner sur le même rythme que ses mouvements, ressentant un plaisir intense à le tenir en main, à le sentir chaud pour lui, chaud autour de lui. Il était dans un sauna, dans une bulle de chaleur intenable, brulante, écorchante, mais tellement, tellement moite que le serpentard devenait souple, agile, qu'il perdait sa froideur et sa rigidité habituelle, qu'il n'était plus que friction, mouvement, action et réaction, fluides et corps mélés.

L'air s'était raréfié dans les poumons de Rohàn et il devait se faire violence pour continuer à plonger ainsi dans le corps de Charles, se maudissant de ne pas être capable d'être plus calme, plus expérimenté. Il n'allait pas jouir le premier, il avait un égo à flatter qui le lui interdisait. Mais devant son gryffondor, il avait l'impression de revivre ses premières expériences, de vivre une première fois continuelle qui rendait difficile la concentration, la coordination. Savoir qu'il se donnait volontairement à lui alors qu'il n'était pas réputé pour se laisser dominer facilement était un aphrodisiaque de plus et le serpentard ne pouvait rien faire d'autre que de donner tout ce qu'il avait pour mériter une telle confiance. Si leur relation n'était que charnelle, s'ils ne se retrouvaient jamais que pour des jeux de dominance, même Rohàn était capable de voir la différence entre un simple moyen de relâcher la pression et une véritable histoire en devenir. Cela aurait du le terrifier, surtout avec son passé, mais il ne pouvait pas lâcher Charles, il ne pouvait que regarder, prisonnier, ce qu'ils se faisaient, et tomber encore plus. Il n'avait rien fait pour le mériter, pour mériter ça, pour mériter d'être regardé comme ça, mais il était égoïste, et il ne laisserait personne d'autre lui voler ça. Il n'y avait que lui qui devait s'enfoncer en lui, mouvoir ses muscles ventraux comme un danseur arabe pour le surprendre, le voir dans cet état, provoquer ses spasmes et l'embrasser, partager son sang avec lui. Comment faisait-il pour ne pas avoir un orgasme, là, à le voir sourire. C'était ça, qu'il ne supportait pas, ces sourires heureux, de plaisir, qui lui arrachaient l'un après l'autre toutes ses barrières et contre lesquels il était sans défense, qui forçait ses yeux à répondre à leur tour, ses lèvres à bouger, le faisant parler, lui faisant exprimer ce qu'il ressentait, à sa façon. Il lui appartenait.
La réponse de Charles n'aurait pas du le surprendre, mais elle força tout de même un rire le long de sa gorge, suivie d'un long baiser. Il n'avait même pas l'envie de le reprendre pour cette pique, pas alors qu'il était aussi bien contre lui, et la partie non hypocrite de sa personne savait très bien qu'il avait perdu tout contrôle depuis déjà un moment, et qu'il ne pouvait pas croire encore que tout ça n'allait que dans un sens. Plutôt que de parler, ne sachant pas ce qui sortirait encore de sa bouche traitresse, il continua à se mouvoir, plus vite, plus fort, tentant de lui montrer qui était le plus possédé des deux sur le moment. Il le sentait, il ne tiendrait plus très longtemps, pas avec le tremblement qui s'intensifiait dans ses cuisses, le plaisir remontant le long de sa gorge comme pour l’empêcher de crier, mais Charles avait d'autres plans pour eux, et il fut pris par surprise en se trouvant écarté, grondant de dépit à perdre cette chaleur parfaite qui l'avait entouré jusqu'à présent.

Ses yeux étaient noirs et il regarda son amant d'un air désagréable, cherchant à se protéger d'avance contre une remarque quelconque sur sa performance ou sur son désir d’arrêter là. Il ne comprenait pas ce qu'il faisait et il ne voulait pas arrêter, et ne pas lui ressauter dessus dans la seconde lui demandait énormément de contrôle, qui fut remplacé aussi sec par de la peur, alors qu'il se retrouvait une fois de plus allongé. Est ce que Charles allait le pénétrer, là ? Mais il n'eut pas le temps de fuir, de le repousser, qu'il s'était enfoncé sur lui, et la sensation le força encore à se cogner la tête contre le bois, ses mains prenant automatiquement position sur les fesses du gryffondor. Merlin, il ne tiendrait vraiment plus s'il lui faisait des coups pareils. Répondant aux mouvements de son rouge avec les forces qui lui restaient, il ferma les yeux un instant pour se reconstruire, pour retrouver un peu de son caractère. Le sentir s'élever et s'abaisser sur lui était très agréable, et Rohàn lui accorderait cette petite victoire, le laissait savourer ce qu'il était en train de faire, avant que sa poigne ne s'accentue et qu'il ne se relève qu'à la force du torse, tirant sur une de ses jambes pour lui enlever toute possibilité de bouger, un nouveau sourire sur les lèvres. « Being on top doesn't mean you're in charge, honey. » L'embrassant, il pressa une de ses mains contre le bureau pour s'aider à lever les hanches, abandonnant toute subtilité pour simplement s'enfoncer en lui le plus rapidement et brutalement possible. Charles n'était pas une fille, il n'avait pas besoin de cette tendresse là, il n'avait pas à le traiter comme de la glace.
Son autre main remonta le long de sa colonne vertébrale, jouant avec les muscles qu'il sentait se contracter sur son passage, légère, caressant plutôt qu'appuyant, jusqu'à revenir à la base de sa nuque, agrippant ses cheveux pour lui faire pencher la tête en arrière et le mordre derrière l'oreille, pour le faire s'arquer et avoir le plaisir de voir son dos courbé de cette manière. Le sang lui montait à la tête, il avait l'impression que ses joues étaient recouvertes de flammes et que plus rien ne l’empêcherait de jouir. Tout s'accélérait et la seule chose qui n'avait pas quitté son esprit encore, était de regarder Charles dans les yeux, pour qu'il voit ce qu'il lui faisait, pour qu'il comprenne peut-être plus que lui même ce qu'il ne pouvait pas lui dire.

C'était une danse compliquée qui demandait plus que de la concentration et de l'expérience pour être réussie ; malgré tout ce que l'on pouvait dire sur la façon qu'avaient les jeunes de coucher sans sentiments ou de chercher la jouissance la plus brute et indélicate qui soit, malgré la réputation que l'un et l'autre pouvaient avoir sur la façon dont ils traitaient leurs partenaires, il ne pouvait pas y avoir ici qu'un simple échange de fluides et d'hormones. Leurs rythmes étaient synchronisés, leurs cerveaux résonnaient de la même plainte et du même besoin d'aller encore plus loin, encore plus haut, ensemble, il n'y avait pas de bataille mais un échange, un lien qui nécessitait leur participation, leur volonté à deux. Ce n'était pas juste pour un soir, ce n'était pas juste pour oublier et s'oublier, c'était pour commencer quelque chose. Rohàn n'avait pas conscience de tout ce qui se jouait là, mais il n'était pas préparé à se sentir comme ça, à trouver un second souffle et à se préoccuper plus du plaisir du gryffondor que du sien. Comme tout ce qu'il faisait, il fallait faire attention aux détails pour se rendre compte que ses gestes étaient pour Charles, qu'il le soutenait, qu'il cherchait le meilleur angle pour le faire trembler, qu'il prenait soin de lui, à sa manière de grande brute. C'était inconscient, sans préméditation, sans pensée de sa part; c'était totalement automatique, et c'était déjà un grand pas pour faire de leurs ébats quelque chose de plus spécial que ceux qu'ils avaient partagés auparavant. Quelque chose avait changé, pourquoi, comment, aucune idée. La date anniversaire, l'ambiance festive, le fait qu'il l'ait à nouveau cherché, qu'il soit capable de supporter sa violence et même d'en redemander, le fait de l'avoir vu au bras d'une rouquine qui ne lui allait pas, tout était mélangé. C'était peut-être bien plus tôt qu'était apparu cette attirance, même la première fois qu'il avait joué à ce jeu dangereux de domination sur lui, mais il ne pouvait plus s’arrêter de penser à lui et même maintenant, en lui, à se mouvoir avec abandon, il pensait à lui.
Sa bouche, son nez, ses oreilles, son esprit, tout était contaminé, tout ne faisait que lui rappeler Charles, ses cris, son odeur, sa langue contre la sienne, ses cheveux rendus glissants par la sueur et sa peau brulante qui l’accueillait aussi agréablement. Son rythme cardiaque s'était emballé comme un cheval au galop depuis bien longtemps déjà et son souffle était erratique, mais il ne s'arréterait qu'à l'arrêt cardiaque, qu'à l'épuisement total, trop enivré par l'acte pour réfléchir aux conséquences. C'était trop bon d'être en lui, de lacher totalement la bride à ses mouvements, savoir qu'il accepterait tout de lui, qu'il pouvait être un peu brutal, un peu violent. Ils n'avaient pas de limites à respecter, pas de façon de se faire savoir si c'était trop, parce qu'il n'y avait rien de trop, et la confiance était là, évidente, la confiance de l'un dans l'autre à ne jamais aller au delà du possible, à s'arréter avant, avec toutefois cette pointe de peur de ne pas le faire à temps, de dépasser le plaisir pour arriver à une catastrophe. Cela faisait partie du jeu, et tout dépendait de leur dextérité, de leur danse. Il fallait s'ajuster, s'accorder, et faire chanter les corps sans interruption, ce que Rohàn faisait avec délectation. C'était pour lui un chant, les gémissements de son amant, le claquement de son corps contre le sien, le sang bourdonnant à ses tempes. Tout n'était que musique, et danse, et le final s'approchait comme à l'opéra dans une montée crescendo du plaisir et des mouvements.

C'était Charles qui le premier esquissait son solo, et le serpentard redoubla ses efforts en le voyant se caresser, encore plus excité par cet acte qu'il lui faisait faire ; c'était lui qui le rendait comme ça. Bien vite, le gryffondor vint se nicher contre lui et Rohàn abandonna sa prise sur sa jambe pour prendre appui contre le bureau, se demandant vaguement dans la brume de son esprit s'il tiendrait encore longtemps. Bien vite, son état s'aggrava, et aux gémissements vinrent s'ajouter les tremblements, rendant les mouvements du serpentard encore plus difficiles, presque douloureux. C'était intolérable de supporter un tel plaisir sans pour autant arriver à la jouissance, et il en venait presque à supplier qu'elle le prenne par surprise pour ne pas avoir à supporter autant d'anticipation. La langue de Charles revint taquiner la sienne pour leur final, et il s'en empara voracement, ne se souciant pas de la douleur de son poignet maltraité par la position, trop occupé à envoyer le gryffondor au septième ciel avec tous les tours qu'il connaissait, espérant que ca suffirait, espérant qu'il l’emmènerait avec lui. Le sentir jaillir contre son ventre et voir son regard totalement flou étaient les deux dernières clés nécessaires à ouvrir la porte de sa propre délivrance et dans un dernier coup de reins, c'était une décharge qui passait derrière ses pupilles, gonflant dans sa poitrine et son ventre, pour s'échapper en longues pulsations, le faisant trembler à son tour comme une feuille. Ils ne s'étaient pas lachés pendant cet échange et Rohàn ne regrettait pas sa main poisseuse, son ventre collant ou la façon dont Charles revenait déjà à l'attaque, malgré la sensation d'hyper sensibilité qui le faisait tressauter, ne sachant encore choisir entre le deuxième round ou l'entracte. Le gryffondor était bien parti pour choisir pour eux, et le Lestrange ne dirait pas non, quelque soit sa décision. Ce qui était bon pour Charles, serait forcément bon pour lui, au moins ce soir. « Happy Christmas... » Et son corps dans le sien, juste là où il devait être.

Le corps en feu, moite et redescendant peu à peu de son nuage, Rohàn en oubliait l'heure, le lieu, tout, sauf la personne avec qui il se trouvait. Le serrant contre lui au plus haut de la jouissance, il n'avait plus fait ensuite que le suivre dans tout ce qu'il souhaitait, prêt à continuer toute la nuit s'il le fallait, pour le garder là, auprès de lui, pour voir son visage une fois de plus perdre sa contenance, devenir fou, pouvoir plonger sa langue entre ses lèvres et le dévorer. Les tremblements de Charles ne redescendaient pas, l'obligeant à respirer de longues bouffées d'air pour supporter les sensations qui l'assaillaient de toutes parts, et il accueillit l'arrêt du gryffondor avec un mélange de soulagement et de regret, posant une main dans son dos et s'appuyant sur son coude pour soutenir son amant alors qu'il manquait s'effondrer sur lui, avec un petit rire surpris. À ce point, vraiment ? Transformant sa poigne en caresse, il accueillit avec plaisir son corps contre le sien, frissonnant de le sentir respirer contre son cou, tentant de calmer les émotions et la fatigue du Archer avec un peu de tendresse et de chaleur. Il ne se souvenait que trop bien de la dernière fois qu'il s'était amusé à prolonger l'instant, à partager autre chose que du sexe avec quelqu'un, et comment cela s'était terminé, mais il n'avait pas envie non plus de passer toute sa vie à craindre les coups ; il les donnait, il ne les recevaient pas. Et Charles semblait tout aussi décidé à profiter un peu de l'instant. Il ne su pas trop pourquoi il se permit alors de lui souhaiter un joyeux noel. C'était naturel, sans artifices ou recherche de sa part, juste pour partager, pour lui faire comprendre qu'il avait passé un très bon moment. Rohan ne savait pas pourquoi il se comportait ainsi, maintenant, mais il fallait mettre ça sur l'esprit festif qui régnait, à n'en pas douter. Il avait accordé à Ange une soirée en tête à tête avec son Loki, il avait pris du bon temps avec quelqu'un qu'il appréciait et qui faisait bouillir son sang, que demander de plus ?

Il fut toutefois tiré de sa torpeur lorsque Charles s'écarta, et resta un moment à apprécier la vue, baladant ses yeux sur son corps et surtout sur les marques qui se dessinaient dessus, autant de signes de possession qui lui donnait envie de se lécher les lèvres et de le replaquer contre le mur pour une nouvelle aventure. Mais sans sa chaleur et son odeur contre sa peau, il n'y avait plus rien pour le protéger du froid, et il dut suivre à regret ses actions, se débarrassant d'un sort de la couche superficielle de sueur et de sperme qui le couvrait, tout en rêvant d'une bonne douche. Faisant jouer ses muscles pour s'étirer un peu, il se tourna vers le gryffondor, mais s’arrêta net en sentant son regard insistant, et sourit encore plus de le voir aussi hypnotisé. Ca faisait du bien, de voir qu'il lui faisait de l'effet même habillé. Finissant de nouer sa cravate dans un geste expert, il rejoignit Charles près du bureau, pieds nus, ayant pour l'instant la flemme de retrouver ses chaussettes qui devaient trainer quelque part dans la salle. La pierre gelée sous ses orteils n'était pas désagréable même s'il ressentait déjà les fourmillements qui précédaient les raideurs, et il se permit de se recaler entre les jambes du gryffondor, mimant la position qu'ils avaient pris plus tôt, posant ses mains de chaque coté de ses cuisses. Même si sa libido était redescendu, il se sentait toujours bien, confortable même dans le silence, apaisé.
« Je te vois à l'after, je suppose? » Sa voix était sensuelle, cherchant à lui faire comprendre qu'il ne rêvait de rien d'autre que de profiter d'une salle sombre où les corps se confondraient pour danser contre lui, ne sachant pas trop s'il arrivait à faire passer le bon message. Faisant papillonner ses yeux sur le visage de Charles, hésitant pour un dernier baiser, il se rappela au dernier moment de ce qu'il avait prévu, à la base, pour lui, et reculant d'un pas, il plongea sa main dans sa poche, en sortant un bracelet d'argent, simple et sans fioriture. Ca lui avait tellement semblé être une bonne idée, quand il l'avait trouvé, mais maintenant il se sentait très con. Si ca ne lui plaisait pas, ou qu'il lui riait au nez ? « J'ai retrouvé ça parmi mes affaires et comme c'est Noël... c'est pour toi. » A première vue, ce n'était qu'un simple bracelet, orné d'un simple charme comme on en voyait tant dans les boutiques cheap de Londres et des autres villes du monde, mais ce charme là, luisant d'une lueur verte phosphorescente, avait une particularité qui lui donnait tout son sens. Lui expliquer, le laisser croire à une babiole sans valeur ? Prenant une grande inspiration, il continua, ne voulant pas finir par du mensonge. « Je sais pas si t'en as eu, dans ta famille, mais c'est un “baby bracelet“. C'est relié à ma magie et...enfin voilà, si jamais t'as des souçis, il suffit que tu envoies ta magie dedans pour m'avertir. Il est vieux donc je ne sais pas s'il marche encore beaucoup. » S'il avait été un poil plus sensible, il se serait mis à rougir, mais il se contentait de ne plus regarder le gryffondor. C'était idiot, comme cadeau, Charles n'avait pas besoin de son aide, il pouvait se débrouiller sans l'appeler à la rescousse, mais Rohàn souhaitait aussi – espérait plutôt – qu'il y verrait une façon de lui dire quand il voulait le voir.

Être entre ses cuisses, le sentir si proche de lui et lui parler lui venait bien plus naturellement qu'il ne l'aurait cru. Sa possessivité ronronnait au fond de son être, satisfaite de voir les marques qu'il avait fait sur sa peau, et il n'avait presque pas besoin de jeter un coup d'oeil à la cuisse de Charles pour savoir qu'il l'avait blessé. Il ne trouvait pas encore ça dangereux, mauvais, au contraire, cela lui faisait plaisir de voir que Charles était capable de subir ce genre de choses sans hurler ou s'enfuir. Comme s'il fallait être aussi fou que lui pour le supporter, comme s'il fallait tester les limites du gryffondor un peu plus chaque jour pour vérifier s'il était toujours aussi sur de lui, sur de vouloir jouer avec lui, partager ces moments là. À vrai dire, regarder le gryffondor dans cet état l'apaisait, et le rendait clément, presque... presque chaleureux. C'était sans doute ça, l'esprit de Noël, l'endorphine, le calme dans son esprit maintenant qu'il avait assouvi ses envies... et le fait que Charles soit toujours aussi désirable, l'air détendu, l'air de vouloir plus malgré qu'il l'ait blessé. Tout cela, pour finir par plonger la main dans sa poche et lui offrir un bout de son enfance en essayant de minimiser le geste, pour ne pas s'affaiblir, pour ne pas se dévoiler.
Mais la réaction du gryffondor venait dissoudre les moindres peurs qu'il avait pu avoir quand à la façon dont il recevrait ce cadeau, et Rohàn s'autorisa un sourire, secouant la tête sans croire à ce qu'il entendait. Pourquoi s'excusait-il, franchement ? Que croyait-il, qu'il allait le frapper s'il ne recevait rien ? Il avait l'habitude, des Noël sans rien, ou pire, des cadeaux sans âme, sans implications, lui ce qu'il voulait, ce n'était pas un cadeau offert automatiquement, c'était une présence, quelqu'un qui pourrait lui offrir du bon temps, le faire sourire. Comme Charles le faisait là. Bien sur, il n'allait pas le lui dire de cette façon, mais sa réaction était vraiment à mille lieux de celle qu'il avait imaginé. Il avait pensé au rejet, au rire, aux moqueries, à l'indifférence. C'étaient des scénarios acceptables, des scénarios auxquels il était préparé, pour lesquels il s'était endurci. Pas pour de la joie et ce type de panique.

Souriant de plus en plus au fur et à mesure qu'il bafouillait, il murmura un « Don't be silly... » avant de lui accrocher le bracelet avec précaution, réprimant tant bien que mal un sentiment profond de satisfaction à le voir enserré son poignet. Traçant d'un doigt le contour de l'argent, il continua, gardant ses yeux dans les siens, pour que Charles arrète de paniquer. « I didn't expected a gift, and I don't want one. I didn't give you this to receive something in exchange, it doesn't work that way. So stop whipping yourself and just say... thank you? » Il avait pris une voix plus douce qu'à l'accoutumée, mais il ne voulait pas faire peur au gryffondor pour qu'il comprenne, il voulait qu'il fasse attention à ses paroles et à leur signification, plutôt que réagir automatiquement à un ordre de sa part. Qu'il comprenne que leur relation n'était pas donnant donnant, que Rohàn, même froid et cynique, même arrogant et désagréable, ne recherchait pas à tirer de lui quelque chose. Il suffisait qu'il soit là avec lui pour le combler, et certes, le sexe était très important, mais s'il avait vraiment voulu baiser sans conséquences, il avait d'autres options pour ça, à qui il pourrait même jeter quelques billets à la fin. Alors que Charles lui donnait le contrôle, lui offrait le contrôle, quand il le voulait. Il était avec lui de façon consensuelle, il était là parce qu'il le voulait, parce qu'il en avait envie. Alors, c'était peut-être pathétique de sa part, d'accorder de l'importance à quelque chose comme ça, mais Rohàn avait sa façon de voir les choses, et il n'avait pas envie de fonctionner comme les autres. Les autres pouvaient bien pleurer s'ils ne recevaient pas un cadeau en échange du leur, être décu, ils pouvaient bien faire des scènes, mais Rohàn ne le ferait pas.
Le serrant dans ses bras, un peu amusé de l'émotivité à laquelle il avait amené Charles, il retint toute remarque désobligeante sans grande difficulté, satisfait d'avoir eu son merci. Et bah voilà, il n'en demandait pas plus, cela lui suffisait. Bon, ça plus le baiser qu'ils échangèrent, calme et sans arrières pensées. Une parfaite façon de finir Noël dans l'esprit du Lestrange.

Laissant le gryffondor reculer, il finit de s'habiller, sentant qu'il allait payer plus tard sa manie de ne pas porter de chaussettes, et se prépara à partir, pensant en avoir fini pour ce soir. Il fallait qu'il rentre dans son dortoir, qu'il prenne une douche, puis qu'il s'occupe de l'after... Son regard se perdit dans le lointain mais accrocha la lueur du charme, et il remarqua avec fierté que Charles était déjà en train de jouer avec. Combien de temps allait-il tenir avant de l'appeler ? Voir ça fit s'envoler toutes ses bonnes résolutions de partir sur leur dernier baiser, et il gronda en une expiration « Fuck that. ».
En trois pas, il était de retour entre les cuisses de Charles, mais c'était cette fois pour un baiser beaucoup plus demandeur, plus passionné, pressant son torse contre le sien, les deux mains lui bloquant la nuque afin d'avoir le plus de contrôle sur la situation, lui montrant à quel point il était prêt à remettre ça autant de fois que possible. Les yeux luisant de désir, il finit pourtant par s'arracher à lui, reprenant un sourire cette fois çi plus joueur et sardonique, se léchant les lèvres pour le gouter une dernière fois. Sa voix avait repris ses tonalités rocailleuses de départ, et il chuchota dans le silence de la salle. « Don't you fucking dare lose it, 'kay ? I'll check on you... ». Une excuse comme une autre pour le trainer dans une nouvelle salle abandonnée.

Et sur ce, d'un petit signe de tête satisfait, il tourna les talons pour quitter la salle et rejoindre son dortoir, de très, très bonne humeur. Happy christmas, indeed.