En ce samedi après-midi d'octobre, les élèves parmi les plus âgés étaient autorisés à sortir à Pré-Au-Lard. Peu de monde s'y rendait, en effet une majorité se consacrait à leurs devoirs tandis que d'autres s'étaient quelque peu lassés du village. Ce n'était pas le cas de Keira qui pour pouvoir s'y rendre l'esprit tranquille avait fait la plus grande partie de ses leçons. Elle avait prévu de se rendre chez Honeydukes ainsi que chez Zonko et terminer sa journée en buvant une Bierraubeurre aux Trois Balais, accompagnée de sa meilleure amie Arya. Mais au moment du départ, cette dernière se rendit compte qu'elle avait complètement oublié de faire son devoir de potion. Keira tenta de lui cacher le temps infini que pouvait prendre la réalisation de ce devoir mais son amie n'était pas stupide et en s'excusant auprès de Keira, elle se dirigea en soupirant vers le bibliothèque. Maintenant seule, la gryffondor hésita à chercher d'autres personnes pour l'accompagner. Mais Arya et elle avaient déjà proposé de s'y rendre aux quelques élèves qu'elles appréciaient vraiment. Keira décida de tout de même se rendre à Pré-Au-Lard, la solitude ne la dérangeant pas tant que ça.

***

Quelques rayons illuminaient le village mais un vent automnale soufflait, glaçant les membres des élèves qui s'étaient trop peu couverts. Keira enfila son écharpe rouge et se dirigea vers Honeydukes. Quelques minutes plus tard, elle ressortait du magasin, les poches vidées de ses sous mais remplies de friandises. Elle continua à longer la rue commerçante et finit par entrer chez Zonko. Le magasin, si bondé lors des sorties où la majorité des élèves avaient l'autorisation de se rendre à Pré-Au-Lard, était presque désert. Keira s'avança vers le rayon des élixirs. Philtres d'amour, petites bouteilles qui promettaient un lavage d'estomac à sa victime et autres boissons de toutes les couleurs imaginables se côtoyaient sur une immense étagère. Elle était en train d'étudier un liquide bleu turquoise sensé faire perdre temporairement la voix quand un raclement de gorge juste derrière elle la fit sortir de ses pensées. Elle se retourna et découvrit Lucian Zabini. Il se tenait face à elle, légèrement appuyé contre le rayon qui faisait face au sien. Il avait son sourire narquois que Keira détestant tant. En vérité, il n'y avait rien chez Lucian que la gryffondor ne haïssait pas. De son arrogance à sa démarche, tout la révulsait. Sûrement parce que lui et ses petits copains lui en faisaient baver depuis des années. Dès qu'ils la croisaient, elle avait le droit à des remarques toutes plus infâmes les unes que les autres. Si Lucian n'était pas le pire de tous et était plutôt en retrait, il avait ce sourire narquois à chaque fois qu'il la voyait rabaissée qui l'insupportait plus que tout.
Une fois, elle lui avait mis son poing dans la figure. Elle avait eut la main enflée pendant une semaine et 3h de colle car un professeur était arrivé juste à ce moment-là, mais la fierté qu'elle avait ressenti à le voir avec un joli hématome sur le visage valaient toutes les souffrances du monde. De plus, il n'avait pu riposter à cause du professeur, bien qu'il ait été ravi de jouer la victime pour que Keira se fasse coller.

Elle était donc particulièrement agacée de le rencontrer chez Zonko, bien que rassurée de voir qu'il n'était pas avec sa petite bande habituelle. Elle n'arrivait pas à comprendre que des filles de Poufsouffle ou Serdaigle et même Gryffondor puissent accepter de sortir avec lui. D'après ce qu'elle savait, il les jetait dans le semaine qui suivait. Ne lui adressant qu'un regard meurtrier, elle choisit de se retourner vers le petites fioles et se saisit de celle qui promettait le lavage d'estomac. Elle tenterait d'en verser quelques gouttes dans le verre de Zabini. Décidée à se rendre à la caisse et quitter le magasin le plus rapidement possible pour s'éloigner de lui, elle voulut sortir du rayon. Le serpentard s'interposa ce qui n'étonna en rien la brune. Il avait toujours son sourire narquois planté sur les lèvres. Keira dit alors d'une voix qu'elle tentait de garder calme :

« Je peux faire quelque chose pour toi Zabini ? »

Voyant qu'il s'apprêtait à ouvrir la bouche, elle le coupa :

« Tu vas me demander de disparaître, et je comptais justement m'en aller. Pourrais-tu donc me laisser passer ? Je dis ça pour ta sécurité, qui sait, si tu restes trop longtemps à côté de moi, je pourrais te contaminer avec mon sang impur ? Oh mon dieu, ce serait terrible ! s'exclama t-elle pleine d'ironie.  »

Elle le défia du regard attendant qu'il se décide à se décaler. Elle ne céderait pas en passant par un autre chemin. Elle ne céderait jamais face à un type comme Zabini, foi de O'Connor.

Las, Lucian trainait dans son dortoir, assit sur l’un des fauteuils qu’il prenait à chaque fois qu’il était là. Regardant le feu crépitant dans la cheminée, léchant les buches de bois noirâtre, le jeune Serpentard fut soudainement tiré de ses pensées par Jared qui venait de faire irruption dans la salle commune. Surpris, le jeune homme resta silencieux attendant de voir ce que lui voulait son ami.

« Lucian, on peut sortir à Pré-au-Lard cette après-midi, ne reste pas enfermé là. On va aller s’amuser un peu. »

Le concerné comprenait très bien ce que son camarade entendait par « s’amuser ». A la base, il voulait rester ici, n’ayant pas franchement envie de sortir et croiser tous les élèves de Poudlard dans le village d’à côté. Mais visiblement Jared comptait bien le faire sortir du château, mais au bout d’un moment Lucian perdit patience, et après l’avoir renvoyer bouler, décida de le suivre à Pré-au-Lard. Enfilant sa veste, vérifiant qu’il avait sa baguette, il passa devant Jared et sortit des cachots. Dehors le froid de l’automne se faisait fraichement sentir, s’engouffrant à travers le tee-shirt du Serpentard. Les mains dans les poches de son jean, il écoutait à moitié son camarade qui lui racontait les derniers exploits de certains Serpentards. Lucian se contentait d’acquiescer histoire de dire, mais il n’était pas d’humeur à écouter toutes ces conneries. Ils finirent par arriver à Pré-au-Lard et retrouvèrent quelques autres Serpentards aux Trois Balais. Tous s’installèrent, commandèrent des boissons, et se mirent à parler de tout de rien, surtout de conneries en tout genre à vrai dire. Lucian tentait de prendre part à la conversation, mais l’envie n’y était pas. Au bout d’un temps, il préféra quitter ses camarades, racontant qu’il devait retrouver une jolie demoiselle au château pour s’amuser un peu, ainsi il n’avait pas face à lui des regards curieux.

Sortant du bar, le jeune homme décida de parcourir les quelques rues du village avant de rentrer au château. Quand tout à coup il aperçut une brunette non loin de là où il était, s’engouffrer dans le magasin de Zonko. Un fin sourire malsain se glissa sur ses lèvres, et décida de rentrer un peu plus tard au château, afin de se divertir un peu. Keira O’Connor était sa petite sang-de-bourbe favorite, il adorait la martyriser en public, surtout parce qu’elle avait un foutu caractère et qu’elle ne se laissait pas abattre comme certain à la première insulte. Même qu’une fois elle avait osé lui mettre son poing dans la figure. Bien sûr, sur le coup le vert et argent n’avait absolument pas apprécia, et avait décidé de le lui faire payer, seulement il l’avait plutôt trouvé courageuse. Stupide certes, mais courageuse. Là-dessus il n’avait rien à redire.

S’engouffrant dans le magasin, il chercha la petite Gryffondor parmi les élèves agglutinés autour des différentes marchandises que proposait le magasin. Il ne tarda pas à la trouver devant plusieurs fioles de couleurs bleus turquoise. Se postant derrière elle, trouvant appuie sur une étagère, elle se retourna vers lui après qu’il ait toussoté pour faire remarquer sa présence. Et il put voir la surprise incruster les traits du visage de la rouge et or. Un sourire en coin fleurit sur les lèvres du Serpentard, tandis qu’il fixait la rouge et or. Malgré tout, il ne tarda pas à recevoir un regard glacial de la part de Keira qui ne semblait absolument pas enchantée de le croiser ici. Et ceci se prouva par la suite car elle voulut partir de l’endroit où elle se trouvait. De suite, il s’imposa face à la jeune femme, bien décidé à s’amuser un peu avec elle. La réaction de la brunette ne tarda pas à suivre ;

« Je peux faire quelque chose pour toi Zabini ? »

Il s’attendait à ce qu’elle l’insulte de suite, et fut surpris. Malgré tout, il s’apprêtait à lui répondre par une réplique cinglante, mais la Gryffondor lui coupa l’herbe sous le pied.

« Tu vas me demander de disparaître, et je comptais justement m'en aller. Pourrais-tu donc me laisser passer ? Je dis ça pour ta sécurité, qui sait, si tu restes trop longtemps à côté de moi, je pourrais te contaminer avec mon sang impur ? Oh mon dieu, ce serait terrible ! S'exclama-t-elle pleine d'ironie. »

L’ironie de la jeune femme l’amusa grandement. La fixant, il s’aperçut qu’elle le défiait clairement du regard, ne voulant absolument pas se laisser marcher sur les pieds. Cette fille était véritablement une peste complétement idiote qui voulait faire croire au monde entier qu’elle n’avait peur de rien. Pourtant, avec tout ce qui commençait à se tramer dans le château vis-à-vis des sang-de-bourbes, elle devrait plutôt se méfier à ce qu’elle dit, et surtout à qui elle le dit. Chercher les ennuis à cette époque de l’année n’était pas une bonne idée, surtout que les temps sombres n’allaient pas tarder à arriver.

« Horrible, lâcha-t-il. Mais tu sais, les gens de ton espèce il faut les éliminer, et non les laisser disparaitre dans la nature. Tout le monde sait que les mauvaises herbes se répandent facilement. »

Après ses dires, il ne bougea toujours pas, s’interposant entre la sortie et Keira. Il ne voulait pas la laisser filer aussi facilement, il avait bien envie de la chercher un peu. Croisant les bras, il finit par rajouter ;

« Où comptes-tu aller comme ça O’Connor ? Aurais-tu un petit ami sang-de-bourbe qui t’attend impatiemment ? »

Keira attendait une réaction de la part de Lucian. Elle ne le quittait pas du regard, sachant que si elle le baissait ce geste serait pris comme un signe de faiblesse. Enfin après quelques secondes de silence, Zabini lui répondit :

« Horrible, lâcha-t-il. Mais tu sais, les gens de ton espèce il faut les éliminer, et non les laisser disparaitre dans la nature. Tout le monde sait que les mauvaises herbes se répandent facilement. »

Keira grinça des dents, se retenant de sortir sa baguette ou de lui remettre son poing dans la figure. Au fil des années, on aurait pu penser qu'elle n'était plus touchée par ses insultes idiotes mais ce n'était pas le cas. Au contraire, sa colère ne faisait que s'accumuler, menaçant de la faire exploser un jour. De plus, avec cette rumeur qui circulait, une menace planait continuellement sur elle. Si elle s'avérait vraie, Zabini en faisait-il partie ? Sûrement. Il prendrait certainement un malin plaisir à la tuer. Elle ragea intérieurement. S'il croyait qu'elle le laisserait lui faire du mal, il allait être déçu. Décidée à ne pas lui laisser le plaisir de la voir s'énerver, Keira ne répondit rien, continuant à le défier du regard pour qu'il se pousse. Mais Zabini ne bougea pas d'un centimètre, croisant même les bras pour affirmer sa volonté de ne pas se retirer du passage. Il reprit alors la parole :

« Où comptes-tu aller comme ça O’Connor ? Aurais-tu un petit ami sang-de-bourbe qui t’attend impatiemment ? »

Keira contrôla tant bien que mal l'énervement que pouvait provoquer le terme « sang-de-bourbe » chez elle. Qu'est-ce que cela pouvait bien lui faire ce qu'elle comptait faire de sa vie ? Il la voyait comme une moins que rien d'accord mais rien ne l'obligeait à lui chercher perpétuellement des noises. De toute façon, elle n'avait pas de petit-ami et le seul garçon qu'elle avait en vue était de sang-pur. Sauf qu'il n'en tirait pas une fierté arrogante comme Zabini. Il s'en contrefichait et n'y voyait aucune raison de se croire supérieur. La gryffondor hésita sur la manière dont elle devait réagir. Soit elle décidait de s'énerver, soit elle la jouait plus fine. Elle opta rapidement pour la deuxième proposition. Un sourire narquois s'étira sur ses lèvres lorsqu'un idée germa dans son esprit. Elle prit une position assurée, la tête haute.

« Zabini, sais-tu qu'avoir les bras croisés est le signe d'un manque de confiance mais aussi d'une volonté de protection. Aurais-tu peur de moi ? » s'amusa t-elle, le sourcil arqué

Elle ne lui laissa pas le temps de répondre qu'elle lança tout en s'approchant de lui d'un air venimeux  :

« Et si tu veux tout savoir, oui je dois rejoindre mon petit-ami. Tu le connais d'ailleurs. Plutôt bien même. Vous êtes presque amis ! »

Quand elle eut fini de prononcer sa phrase, elle n'était qu'à quelques centimètres de lui. Elle sourit avec un faux-air amusé. Elle mentait comme elle respirait. Si Zabini n'allait pas forcément la croire, elle s'imagina bien les quelques instants de terreur qu'il ressentirait à savoir qu'un de ses « amis » sortait avec une né-moldue, gryffondor de surcroît. Elle le fixa du regard, un sourire en coin toujours accroché à ses lèvres, attendant sa réaction.

L’ironie qu’il employait se sentait à des kilomètres à la ronde. Il se fichait bien d’elle, et de son quelconque petit ami, tout ce qui l’intéressait c’était de la pousser à bout, la faire se sentir inférieure parce qu’elle n’est qu’une vulgaire sang-de-bourbe. Il savait que dès qu’il employait ce terme, cela provoquait de la fureur chez la rouge et or face à lui, il pouvait aisément le voir sur son visage. Après tout, c’était tout à fait compréhensible puisque il l’insultait ouvertement. Mais il aimait cela, la voir se mettre en colère, ça l’amusait grandement. Elle était son jouet préféré, un passe-temps lorsqu’il n’avait rien d’autre à faire, ou lorsqu’il voulait prouver qu’on lui devait du respect. Fixant la jeune femme, attendant à ce qu’elle lui envoie un pic cinglant en pleine face, il fut surpris lorsqu’elle laissa un fin sourire railleur étirer ses lèvres. L’air défiant qu’elle prit l’amusa un peu plus, et elle finit par lâcher ;

« Zabini, sais-tu qu'avoir les bras croisés est le signe d'un manque de confiance mais aussi d'une volonté de protection. Aurais-tu peur de moi ? »

Ridicule. C’était bel et bien une connerie de moldu. Voilà que la petite Keira analysait le moindre de ses gestes. Il réfuta l’envie de rire à sa question, elle était tellement absurde qu’il préféra ne pas répondre. Comme si une sang-de-bourbe pouvait l’effrayer. Certes, elle lui avait déjà mis un poing dans la figure, mais ce n’était pas pour autant qu’il la craignait. Loin de là. C’était plutôt le contraire, il se fichait d’elle tout autant qu’il se fichait de sa première petite amie. Alors qu’il allait lui faire passer l’envie de jouer l’intéressante, la brunette lui coupa l’herbe sous le pied.

« Et si tu veux tout savoir, oui je dois rejoindre mon petit-ami. Tu le connais d'ailleurs. Plutôt bien même. Vous êtes presque amis ! »

Surpris, Lucian haussa les sourcils. La Gryffondor semblait croire en ce qu’elle disait, et à présent elle se trouvait tout proche de lui. Mais le petit sourire en coin qui fleurir sur ses lèvres lui fit perdre le peu de crédibilité qu’elle avait. Il était possible de croire qu’un autre sang-de-bourbe puisse vouloir sortir avec elle, mais l’un de ses amis ? C’était complétement aberrant, impossible même. Mais le Serpentard connaissait beaucoup de monde, et parmi toutes ses connaissances il avait très peu d’ami, son seul meilleur ami était Helios, c’est avec lui qu’il pouvait se confier et être lui-même étant donné qu’ils ont grandi ensemble. Par conséquent, la petite histoire de Keira était peu probable. Le jeune homme rit légèrement, et lança à l’encontre de la rouge et or ;

« N’importe quel garçon censé de ce château sait qu’il peut trouver mieux que toi en tant que petite amie, O’Connor. »

Ce qui était plutôt vrai. Lucian trouvait facilement des beautés dans le château avec qui sortir, ou avec qui s’offrir une partie de jambes en l’air. Malgré tout, le vert et argent devait avouer que la petite brunette n’était pas non plus horrible à regarder. Le seul point négatif c’était son sang impur, car avec ses grands yeux bleus qui le fixaient actuellement, Lucian admettait qu’elle avait un assez joli minois, un beau port de tête, et surtout elle avait une silhouette frêle, si bien qu’elle paraissait fragile, telle une poupée de porcelaine. Une bien jolie poupée aux joues rosées, au regard bleuté, une poupée vulnérable, une poupée avec laquelle Lucian était prêt à jouer jusqu’à briser sa peau de porcelaine. Il voulait lui faire mal, la blesser, la faire pleurer. Le Serpentard ne savait pas d’où il tenait cette haine à l’égard de la Gryffondor, c’était ainsi depuis la première fois qu’il l’avait croisé dans les couloirs, depuis le premier jour où il avait osé l’insulter de « sang-de-bourbe ». Mais Keira lui rendait terriblement bien la pareille dès qu’elle le pouvait. Tout du moins, Lucian n’était jamais blessé par ses dires, seulement elle avait du répondant, si bien qu’ils tournaient tous deux vite en rond, voulant avoir chacun le dernier mot de l’histoire.

Le Serpentard finit par rajouter avec ce même ton ironique qu’il utilisait toujours avec la rouge et or ;

« Peut-être que tu pourrais acheter un filtre d’amour, tu aurais sans doute plus de chance de te trouver un copain, qui sait ? »

La réaction tant attendue par Keira ne se fit pas trop attendre et la gryffondor vit Zabini hausser les sourcils. Elle profita avec un bonheur intense des quelques doutes que laissèrent entrevoir les prunelles du garçon pendant un dixième de seconde. Il se reprit bien vite et comprit facilement le mensonge de la brune. Il se mit alors à rire narquoisement et lui lança :

« N’importe quel garçon censé de ce château sait qu’il peut trouver mieux que toi en tant que petite amie, O’Connor. »

Ce qui était plutôt vrai reconnu Keira avec tristesse. Cependant, elle ne pensait pas non plus être la fille la plus repoussante du château. Elle n'était pas la plus sociable mais ne se comportait pas non plus comme une ermite ; elle n'était pas la plus drôle mais savait laisser son sérieux de côté quand il le fallait ; elle n'avait pas peur de sa tâcher et de tomber comme toutes ces autres filles et elle avait beau ne pas être d'une grande beauté, elle était consciente qu'il y avait plus moche dans le château. Ce qui n'empêchait pas aux garçons de trouver mieux, il suffisait de voir Arya. Quoi qu'il en soit, la seule chose que Zabini lui reprochait, c'était son sang. Et c'était là une des rares critiques qu'elle ne pouvait accepter. Agacée, Keira songea à toutes ces choses qu'elle aurait voulu lui crier mais qui auraient eu pour seul effet de l'amuser. Les rares fois où elle avait eu le dernier mot se comptaient sur les doigts d'une main bien qu'elle ne se laisse jamais faire. Ce qui ne faisait que l'énerver un peu plus.
Sûrement surpris par son silence, Zabini reprit alors avec son ironie habituelle :

« Peut-être que tu pourrais acheter un filtre d’amour, tu aurais sans doute plus de chance de te trouver un copain, qui sait ? »

Keira resta stoïque quelques secondes, cherchant la manière dont il convenait de réagir. Sachant que ses cris étaient tout ce que cherchait le garçon, elle laissa son regard parcourir sur l'étagère remplie de fioles. « La potion d'amour d'Hortense Ursam » attira son attention. Une fille de sa maison l'avait déjà utilisée et elle s'était plainte de la courte durée d'efficacité du liquide. Keira n'en avait pas été étonnée, Zonko n'avait certainement pas le droit de vendre des potions aussi puissantes que l'Amortentia. Décidée, elle se leva sur la pointe des pieds pour se saisir de la fiole et une fois revenue face à Zabini, la fit légèrement tourner dans ses mains.

« Tu me donnes des idées ! » dit-elle avec un sourire satisfait

Si elle l'utilisait sur Zabini, quelques petites secondes d'amour portée à une née-moldue ferait de lui la risée de toute sa maison. Il pourrait se défendre, dire que c'est l'effet un philtre d'amour mais l'humiliation suprême resterait gravée longtemps. De plus un Zabini à genoux devant elle tandis qu'elle le rejetterait, un sourire moqueur sur les lèvres, suffisait amplement à lui assurer vengeance.
Arrêtant soudainement de secouer la potion, elle partie dans la direction opposée, ne se souciant plus de remporter cette partie mais la suivante. Elle n'en revenait pas de n'y avoir pas pensé plus tôt mais remerciait intérieurement le serpentard de lui en avoir transmis l'idée. Il lui avait en quelque sorte donné le bâton pour se faire battre et elle n'allait pas y aller avec douceur. L'époque où Keira avait encore des scrupules à faire du tort Zabini était révolue depuis bien longtemps.
Elle ne se retourna pas en changeant de rayon, devinant l'étonnement que devait produire son repli chez le garçon. Il allait se poser des questions, avec un peu de chance prendre un peu peur, sûrement rien comprendre ce qui rendrait la surprise meilleure à savourer.

Silencieusement, il fixait la Gryffondor qui malgré ses précédents dires tentait de rester stoïque. La jeune femme savait jouer l’impassibilité, mais pas autant que lui. Il avait toujours été doué dans l’art de cacher ses émotions, les masquer, et faire penser que rien ne pouvait le toucher. C’était ce don il était le plus fier. Ainsi, il ne se laissait pas déstabiliser à la moindre occasion, et savait parfaitement quelle attitude adopter dans toutes circonstances. Si bien que tout de suite, il ne pouvait s’empêcher d’avoir ce sourire railleur au coin des lèvres. Keira finit par attraper quelque chose sur l’étagère à côté de lui. Curieux, il fixa la petite fiole qu’elle venait de prendre. Une potion d’amour. Une potion de pacotille, dont les effets ne durent que très peu de temps. Il était clair qu’avec une potion comme ça, elle n’allait pas avoir un petit-ami pour très longtemps. Mais ce qui le surprenait davantage, c’était le fait qu’elle ait choisi de suivre ses conseils.

« Tu me donnes des idées ! »

Le concerné ne put s’empêcher de froncer les sourcils. Que voulait-elle dire par là ? Il était certain que la jeune femme cachait quelque chose, et qu’elle avait une idée en tête bien précise sur comment elle allait utiliser cette petite fiole. Mais avant qu’il ne puisse lui faire la moindre remarque, Keira avait déjà tourné les talons sans lui adresser le moindre regard. Elle n’allait tout de même pas lui échapper comme ça ? Il avait bien envie de s’amuser un peu avec la rouge et or avant de la laisser partir. Se mettant à sa poursuite, il la suivait en train de bifurquer à droite, à gauche dans les rayons du magasin Zonko. Poussant les élèves sur son passage, il ne lâchait pas la brunette des yeux. D’ordinaire, ce n’était pas son genre de fuir ainsi, surtout devant lui. Dès qu’elle pouvait le renvoyer un peu sur les roses, elle le faisait sans aucune pitié. Ce qui ne faisait que pimenter leur « jeu », lui s’amusait grandement à la faire se sentir plus bas que terre à cause de la pureté de son sang, tandis qu’elle, elle s’évertuait à lui tenir tête. Une vraie lionne.
Il finit par atterrir dehors, et la vit se diriger vers La tête de sanglier. Curieux endroit pour une fille de son genre. La plupart du temps, les clients de ce pub étaient loin d’être des sorciers blancs comme neige. Lucian s’y était déjà rendu avec ses amis, ou quand il avait besoin d’un tuyau pour quoi que ce soit. Il rencontrait toujours des gens douteux, magouilleurs au possible, mais qui pouvait parfois lui rendre pas mal de services.

Entrant dans le pub, de suite, les regards bifurquèrent sur lui. Restant impassible, il chercha la brunette du regard, mais se rendit soudainement compte qu’il ne l’apercevait plus. Il était pourtant certain de l’avoir vu entrer dans ce bar. Serrant les poings, furieux de s’être laissé prendre au jeu pour finalement perdre la trace de sa proie, Lucian décida de boire un coup avant de retourner au château. Se posant à une table au fond de la salle, une femme aux traits vulgaires vint lui prendre sa commande. Après avoir quémandé un whisky-pur-feu, il laissa son regard se balader de clients en clients. Il reconnut quelques élèves du château, mais la plupart étaient des hommes âgés aux airs douteux. Il reçut bien vite sa boisson, qu’il prit le temps de boire, gorgée par gorgée. L’alcool lui brûlait le palais, et ses pensées commençaient à divaguer ci et là. Finissant par finir de boire sa boisson d’une traite, il reposa le verre vide sur la table, paya l’addition, et sortit du pub.

Une fois dehors, il se sentit soudainement nauséeux, pris de légers vertiges. Persuadé qu’il s’était levé trop vite, il décida d’attendre un peu que cette sensation de hauts le cœur passe. Mais il finit par avoir les idées embrouillées, ne sachant plus vraiment ce qu’il était censé faire. La seule chose, tout du moins, la seule personne à laquelle il pensait en ce moment même, c’était Keira O’connor. Sans vraiment savoir pourquoi, il sut qu’il devait la retrouver, le plus vite possible ou ça finirait par le rendre complètement dingue. Cherchant autour de lui, il vit soudainement une chevelure brune sortir du pub d’où il revenait. Reconnaissant la Gryffondor, il se mit à la suivre, un sourire sur les lèvres. Il sentait qu’elle tentait de se débarrasser de lui, parce qu’elle l’emmena presque vers la cabane hurlante. Elle s’arrêta au portillon tout cabossé et rouillé par les années, et fit volte-face. Il la trouva indéniablement belle, avec ses grands yeux bleus et ses lèvres gourmandes. Il n’arrivait pas à avoir les pensées claires, et il n’avait qu’une envie ; embrasser et découvrir la moindre parcelle du corps de la rouge et or. S’approchant d’elle tel un félin chassant sa proie, il lui offrit un sourire charmeur, laissant découvrir toutes ses dents blanches bien rangées.

« Où tu vas comme ça, jeune beauté ? demanda-t-il d’une voix suave, fixant la jeune femme d’un regard de braise. »

Le Serpentard s’approcha un peu plus d’elle, aussi près qu’il le pouvait sans se prendre une droite en pleine face. Passant une main dans sa chevelure blonde, il la toisa avec attention, avant de reprendre ;

« Keira … douce Keira, tu es de loin la plus belle femme de Poudlard. J’ai terriblement envie de toi, comme jamais je n’ai eu envie d’une autre. »

Et sur ces mots, il se pencha vers elle avec lenteur, dans l’attente d’un baiser fougueux.

Keira paya rapidement le philtre d'amour et sortit de la boutique d'un pas pressé. Elle sentait Zabini qui la suivait, sûrement peu satisfait de sa soudaine fuite. Elle se dirigea instinctivement vers La tête de sanglier. Si elle ne correspondait pas à l'archétype du client habituel, elle venait pourtant régulièrement dans le bar miteux. Elle connaissait une des serveuses depuis qu'elle s'était perdue dans le village lors de la première sortie organisée à Pré-Au-Lard, en troisième année. Cherchant un refuge loin du serpentard, elle poussa la porte qui fit un son désagréable. Sous les regards des quelques clients, elle se dirigea vers le comptoir où était occupée Alixia. Celle-ci releva la tête et en reconnaissant Keira, sourit.

« Je peux me cacher dans la cuisine ? » demanda précipitamment Keira

Les yeux bleus un peu globuleux d'Alixia s’écarquillèrent puis elle rit de bon cœur et acquiesça. La gryffondor rejoignit donc l'arrière-boutique qui servait aussi de cuisine. Il y avait une gazinière et deux grands réfrigérateurs. Elle se mit près de l'ouverture qui séparait la pièce du comptoir pour surveiller l'arrivée (ou non) de Zabini. Celui-ci, comme elle s'y attendait, finit par entrer. Elle vit le garçon la chercher des yeux puis ne l'apercevant pas, s'avancer vers le fond du bar. Elle se demandait combien de temps elle aurait à attendre ici quand Alixia déboula dans la pièce :

« C'est Zabini que tu cherches à éviter ? » demanda t-elle
« Oui, comme toujours. Mais j'ai un plan ! »
« Ah ? Interrogea Alixia avec jubilation, bon je vais prendre sa commande, je reviens et tu me dis ça »

A peine une minute plus tard, la serveuse était de retour. Keira commençait seulement à sortir la fiole que son amie la délaissait pour retourner au comptoir. Perplexe pendant quelques secondes, la gryffondor vit finalement Alixia revenir avec un verre qui contenait de toute évidence du whisky-pur-feu. Keira vida la fiole où elle avait déposé un de ses cheveux, qui s'était consumé dans la potion, et son amie ressortit de la cuisine. Elle revint peu de temps après et demanda :

« C'est quoi ? Une potion qui va le faire occuper les toilettes pendant quelques heures ? »
« Un filtre d'amour ! » répondit malicieusement Keira

Alixia s'étouffa et arrache la fiole vide des mains de la gryffondor :

« Oh non, pas cette potion là ! Je l'ai utilisé pour draguer Fre...enfin quelqu'un et c'était horrible. Il est devenu collant mais de la mauvaise manière, très bizarre. Il faut mieux que tu laisses tomber, je te promets ! »

Keira savait que son amie n'était pas du genre à exagérer les faits et douta soudainement de son plan. Quelques minutes de plus de conversation avec Alixia la convinrent de fuir au plus vite. Elle sortit de sa cachette et vit que le garçon avait quitté le bar. Rassurée, elle se précipita dehors, espérant retourner à Poudlard avant qu'il ne la remarque. Mais cela aurait été bien trop simple. A peine avait-elle fait quelques pas qu'elle sentit une présence se rapprocher d'elle. Lucian Zabini la regardait avec une béatitude effrayante. Elle pressa le pas dans la direction opposée au garçon, tentant de le semer. Mais il la suivait d'un bon rythme et même parvenu sur les hauteurs de Pré-Au-Lard qui abritait la Cabane Hurlante, il était toujours à une centaine de mètres derrière. Devant le portail de l'effrayante bâtisse, elle se retourna et vit Zabini se presser de la rejoindre. Ne sachant plus comment s'échapper, Keira décida d'affronter le Serpentard. Il s'approcha d'elle, un sourire charmeur aux lèvres que la jeune femme n'avait jamais vu. Il la dévisageait comme empli de désir. Cette façon d'être troublait énormément Keira. Elle qui n'était habitué qu'à la haine et au mépris, n'avait jamais imaginé Zabini sous un jour séducteur. Bien sûr, elle savait qu'il multipliait les conquêtes féminines mais elle pensait qu'il leur jetait un maléfice. Maintenant qu'elle le voyait comme ça, elle se rendait compte qu'il pouvait être attirant. Du moins pour quelqu'un qu'il n'avait jamais fait souffrir.

« Où tu vas comme ça, jeune beauté ? » demanda-t-il d’une voix suave, fixant la jeune femme d’un regard de braise.

Keira manqua de s'étouffer avec sa propre salive. Si on lui avait dit que Zabini l'appellerait comme ça un jour, elle aurait éclaté de rire. Peut-être que ce philtre d'amour n'était pas si terrible que le disait Alixia ? Si elle ressortait ça à Zabini, il aurait du mal à conserver sa dignité. Mais pour le moment, il se rapprochait d'elle tandis qu'elle se serrait de plus en plus au portail délabré.

« Keira … douce Keira, tu es de loin la plus belle femme de Poudlard. J’ai terriblement envie de toi, comme jamais je n’ai eu envie d’une autre. »

Pendant un millième de seconde, Keira ressentit le désir de répondre aux attentes du garçon. Mais elle se rappela bien vite de l'identité du garçon et dut alors se mordre la lèvre pour ne pas éclater de rire. Elle se calma rapidement en voyant le garçon s'approcher, comme dans l'attente d'un baiser. Elle commença à paniquer et posa sa main sur le torse du Serpentard pour l'empêcher de s'avancer davantage. Il était déjà bien trop près à son goût.

« Zabini, bien que tu sois plutôt charmant aujourd'hui, dit-elle légèrement amusée, je ne compte pas t'embrasser. »

Sa voix s'était affermie sur la fin pour calmer toutes les ardeurs que pouvait avoir le garçon. Elle espérait qu'il ne devienne pas trop pressant au point qu'elle doive se servir de sa baguette. Seule sa main empêchait le corps de Zabini de se coller au sien. Et une planche de bois du portail commençait à lui rentrer douloureusement dans le dos. Elle tenta de faire reculer le Serpentard mais elle échoua. Elle finit par tourner la tête, ne pouvant plus supporter de sentir le visage du garçon si près du sien.