1. Je m'inscris dans ce fichu programme uniquement pour pouvoir retourner à Pré-au-Lard.
2. Je m'inscris aussi dans ce fichu programme parce que je m'ennuie.

Eithlenn avait haussé un sourcil en voyant avec qui on l'avait mis en duo. Un certain Abraxas Wartness. Bien qu'elle eut du mal à l'identifier, ce fut en se coiffant qu'elle se rappela enfin qui était cet individu : un élève de Serpentard, plus âgé qu'elle... et donc il y avait de fortes chances qu'il soit plus compétent qu'elle en la matière, malgré qu'elle était bonne dueliste. Ils ne se connaissaient guère, ils s'étaient juste croisés lors de sortes de réunions où ils avaient quelques amis communs. Elle n'avait pas eu connaissance de ses compétences magiques non plus, mais il n'avait pas une allure de faible.

Contrairement à certains élèves, en se réveillant, Eithlenn n'éprouva aucun stress particulier. Elle ne s'était pas préparée à ce duel non plus. La Serpentard avait l'intime conviction qu'elle réussirait l'épreuve malgré tout ce que cet Abraxas serait capable de lui faire endurer. La jeune femme prit donc son temps en sortant de ses draps, se coiffant minutieusement comme elle en avait l'habitude et appliquant du khôl pour faire ressortir le vert de ses yeux avec davantage d'intensité. Toujours ponctuelle, elle arriva sur le lieu du duel d'un air serein, ses bottes de cuir raclant le sol avec élégance. Le professeur Sawyer se tenait dans un endroit un peu plus reclu, attendant sans doute que les deux élèves soient présents. Eithlenn attendit patiemment avant de voir Abraxas arriver, grande silhouette au visage plus junévile que le sien. Jouant avec sa baguette qu'elle tenait dans ses doigts, elle esquissa un sourire joueur et dédaigneux à la fois. « Prestige de nom, prestige de capacités. » lança-t-elle avec allégresse, insinuant fortement qu'une Black aurait forcément le dessus sur un Wartness.

Eithlenn était bonne dueliste non pas parce qu'elle était une bonne stratège, mais surtout parce que la puissance avec laquelle elle lançait ses sorts et maléfices était d'une force qui pouvait rapidement devenir incontrôlable si on ne savait pas bien s'y prendre. Son tempérament impulsif lorsqu'elle s'emportait faisait des dégâts avec la magie et elle ne comptait plus le nombre de fois où elle n'avait pas eu besoin de prononcer une incantation et de se servir de sa baguette pour lancer un maléfice involontairement sur autrui.
En cette matinée, un grand nombre d'élèves avait ressenti une rage de vaincre et également une peur de perdre. Ils craignaient qu'une défaite ne les empêche de retourner à Pré-au-Lard, ou encore, d'être les cibles de diverses moqueries. Eithlenn, elle, était plus relaxée. Non pas parce qu'elle était trop sûre d'elle, mais parce qu'elle savait que les professeurs seraient indulgents malgré leurs dires. Elle était certaine qu'ils désiraient seulement leur foutre la pression tout en évaluant aussi leurs capacités, et Eithlenn n'en manquait pas.

« Voilà de nobles paroles Eithlenn. Mais il faut voir la vérité en face. Ta famille n’est plus ce qu’elle était avant. On va voir ce que tu as dans le ventre Black ! Montre-moi ce que c’est qu’une Black ! » La jeune sorcière haussa les sourcils. Les Black n'avaient plus la même réputation qu'auparavant dans le sens où désormais, ils n'étaient plus craints mais plutôt respectés au ministère pour leurs nouveaux idéaux, plus modernes et justes. Eithlenn semblait être la seule de la famille à ne pas partager les mêmes idées que les autres, elle était le vilain petit canard, la petite bête noire. Tout en écoutant Abraxas, Eithlenn réfléchissait. Quel sort pourrait-elle lui lancer ? Le professeur surveillait et elle ne pouvait pas utiliser la magie noire, sous peine de se faire exclure. « Bonne chance joli serpent. Vends-moi du rêve... » Elle eut un sourire mesquin en entendant les mots de son rival du jour. « Je te vendrais plutôt un bon cauchemar, Wartness. » Un rire mauvais s'échappa des lèvres d'Eithlenn. Droit comme un arbre, Abraxas ne la quittait pas des yeux, la prenant sans doute pour une folle avec son rire d'enfant. Sauf qu'il ne la connaissait guère et qu'il ne savait pas que le rire enfantin d'Eithlenn Black ne signifiait rien de bon, car brusquement, le rire de la brune cessant de résonner, la baguette magique de celle-ci fendit l'air et se dirigea droit vers la poitrine d'Abraxas. « INCARCEREM ! » Un éclair fusa, se dirigeant droit vers la cible, qui se retrouva ligoter. « Commençons doucement, ce n'est rien encore, gueule d'ange. » marmonna-t-elle, satisfaite du résultat.