Octobre. Début de la saison de Quidditch. Les sélections venaient d'avoir lieu et la jeune McLaggen avait eu la surprise et la joie de voir que sa candidature avait été retenu. Elle ne s'y attendait pas trop, ayant peu d'expérience dans le sport. Mais en tout cas, elle était vraiment heureuse d'avoir réussi ça, cependant maintenant elle avait la pression. Elle devait gagner. Entrer dans l'équipe était une chose, mais pour que son père, célèbre gardien de Quidditch soit fière d'elle, elle devait gagner. Elle n'avait pas vraiment d'options. Du coup, depuis des semaines, depuis le résultat des sélections plus exactement, Kaëna passait beaucoup à s'entraîner toute seule, sur le terrain. Pour progresser et elle espérait aussi que cet entrainement intensif lui permettrait de calmer l'appréhension qu'elle aurait lors de son premier match. Ce jour-là, on était samedi matin, très tôt. La brune s'était levée à l'aube afin d'être sure d'avoir les meilleures conditions possibles pour s'entrainer. Comprenez, qu'elle voulait s'assurer d'être seule. Elle ne voulait pas qu'on pense qu'elle n'était pas à la hauteur, elle n'avait pas besoin de ce genre de rumeur en plus dans le château. Avec l'autorisation de son capitaine, elle avait emprunté une batte et un cognard. Pour ce dernier, au départ, elle n'était pas bien rassurée de devoir s'en occuper toute seule. Mais, elle trouvait que c'était un comble pour une batteuse, alors elle avait pris son courage à deux mains et avait laché la bête.
Maintenant, l'objet était moins impressionant à ses yeux. Derrière, avec une certaine énergie elle enchainait les coups de batte et les esquives, qui devenaient de moins en moins maladroites avec le temps. Cependant, un notre élément venait mettre son grain de sel pour perturber la jeune fille dans son travail. La météo anglaise d'un début d'Automne. Vent, pluie, froid... Kaëna était parfois découragée, mais elle devait y aller, pour elle s'était indispensable, dans sa tête elle n'avait pas le choix.

Ce week-end ci était particulièrement venté, à tel point que la cadette des McLaggen dut se rendre à l'évidence au bout d'une demi-heure environ, alors qu'elle s'échauffait et qu'elle n'avait pas encore laché le cognard, elle ne pouvait pas s'entrainer. Pas cette fois-là. La puissance du vent formait des tourbillons dans le terrain qui destabilisaient une Kaëna pas très rassurée sur son balais. Elle était ballotée parfois même sans pouvoir controler sa trajectoire. Et dans sa tête, elle ne pouvait empêcher certaines images de remonter. Ste Mangouste, Gillian et un balais volant en faisaient partie. Images que personne ne voulait avoir en tête lorsqu'il se tenait à plusieurs mètres au dessus du sol. La jeune joueuse soupira un grand coup, découragée, puis atterit, accompagnée par une nouvelle bourrasque de vent violente. Elle récupéra la batte et la boite contenant le cognard qu'elle avait posé en arrivant, et se dirigea vers les vestiaires son balais sur l'épaule. C'était la première fois qu'elle ne pouvait pas mener à bien un de ses nombreux entrainements et elle avait l'impression que c'était un immense échec. Intérieurement, elle pensait déjà aux heures qu'elle allait rajouter dans son planning déjà bien chargé, car elle devait absolument rattrapé le manque du jour.

Une fois dans les vestiaires, elle laissa tomber ses affaires et s'affala sur le banc en fermant les yeux. Kaë était crevée, utilisant souvent ses nuits de sommeil pour autre chose que pour dormir. Elle resta de longues minutes ainsi profitant du silence, rare à l'école, pour se détendre. Sa respiration se calma, alors que son corps se réchauffait tout doucement et l'adolescente soupira de bonheur. Autour d'elle, dans le silence parfait, quelqu'un ricana. Avec un coup de panique, Kaëna se releva d'un coup tout en ouvrant les paupières cherchant desespérement sa baguette autour d'elle. Puis lorsque son regard se posa sur l'intrus elle soupira de soulagement. « Quigg. ». Son souffle exprimait son mécontentement et la peur qu'elle avait eu. Elle appuya ce sentiment par un regard compréhensible. « Ne me refait jamais ça ! T'as bien failli me tuer ! » La brune soupira une nouvelle fois. Puis finit quand même par afficher un léger sourire. Parce que malgré les apparences, elle aimait bien Quigg. Il devait bien être le seul à croire en son talent de batteuse alors qu'elle n'avait même pas encore joué. Comment elle le savait ? Kaë avait entendu parler de pari clandestin sur les matchs, et après quelques recherches, il s'était avéré que Quigg était celui qui s'occuper de tout ça. En plus, il conseillait ses clients de parier contre l'équipe de Gryffondor au premier match de l'année. Et oui, Monsieur croyait en les chances de cette nouvelle équipe, notamment grâce à la présence de Kaëna, et comptait gagner un maximum d'argent grâce à ces indications contraire. Enfin bref, en gros, il allait se faire de l'argent sur le dos de la jeune fille, et bizarrement cela ne dérangeait pas cette dernière. Car pour la première fois, et alors que elle même n'était pas sure d'elle, quelqu'un croyait en elle et rien que ça, ça lui faisait apprécier le garçon. Depuis, Kaëna lui demandait avec un sourire rusée ce qui se passerait si elle faisait exprés de perdre, ce à quoi Quigg répondait avec un grand sourire qu'elle verrait bien mais qu'il savait qu'elle ne le ferait pas. Ils se taquinaient et Kaë l'aimait bien, même si en cet instant précis elle le frapperait bien pour lui apprendre à lui mettre une peur panique. Il n'avait jamais appris à dire bonjour ou à toquer avant d'entrer dans une pièce ?

Tout le monde se réjouissait du premier match de la saison de Quidditch qui opposait Gryffondor à Serdaigle. Là était une occasion en or pour raviver les mythiques rivalités qui jadis existaient entre les étudiants des quatre maisons. Alors que d’un côté, on vantait la force et la volonté des rouges, de l’autre, on clamait la stratégie sans failles et l’organisation soignée des piafs. Ces derniers jours, Poudlard n’était plus que le théâtre de réjouissances. Le château entier bouillonnait d’impatience. Quigg Verpey affectionnait particulièrement cette période de quelques jours qui précédait les matchs. Pas parce qu’il était lui-même un fervent admirateur de la discipline, loin de là ! Il adorait le Quidditch pour une tout autre raison. Il ne ressentait ni l’adrénaline ou excitation quelconque devant sept sorciers s’évertuant à tournicoter autour d'une minuscule boule dorée comme la Terre tournait autour du Soleil. Non, Quigg décelait dans ce sport un moyen de s’en mettre plein les poches une fois de plus. Ben voyons ! Personne ne s’imaginait l’aspect lucratif que le Quidditch pouvait prendre, encore moins à Poudlard. Le jeune homme n’avait pas dû réfléchir longtemps pour faire le rapprochement entre sport et argent. Depuis environ deux ans, son commerce connaissait une activité florissante : quand les rumeurs sur un certain Gryffondor faisant monter les enchères entre les étudiants s’étaient ébruitées, tout le monde était tombé dans le panneau, au plus grand plaisir de notre businessman. Il encodait les mises, revendait les meilleures places et se prenait même à parier lui-même, parfois, lorsqu’il était persuadée de l’issue du match.

Aujourd’hui, par exemple, la journée avait été éreintante. Quigg n’avait pas encore calculé la somme finale des enchères mais jugea qu’elles devaient être relativement conséquentes, au vue de son bloc-notes noircit de chiffres et de noms. Lorsque le dernier client qui prenait les traits d’un garçon d’une quinzaine d’année environ disparut, le jeune homme traîna les pieds jusqu’à la salle commune où il se laissa tomber sur le canapé moelleux. La chaleur qui émanait de l’âtre lui fit le plus grand bien qu’il manqua à deux ou trois reprises de s’assoupir. Soudain, il releva sa tête dodelinant, comme secoué par une décharge électrique. Il avait totalement oublié d’aller ensorceler deux ou trois sièges culminant des tribunes des Gryffondors. Pourquoi les ensorceler ? Le concept était simple. Dans le monde moldu, on utilisera une étiquette « réservé », à Poudlard, Quigg optait pour une méthode plus discrète et plus drôle. Une fois que quelqu’un voulait s’asseoir sur un siège déjà loué, il le traversait et se retrouvait les fesses à terre, sans comprendre ce qu’il venait de se passer. Le damoiseau ne se lassait pas de ce spectacle. Il fut contraint de quitter le sofa qui prenait des airs de petit nuage douillet, attrapa son écharpe et son bonnet avant de traverser le portrait de la Grosse Dame.

Octobre était bel et bien arrivé, avec son cortège de feuilles mortes et ses nuages gris. Plus personne n’osait s’aventurer dans le parc sans revêtir au moins deux couches de vêtements chauds. L’infirmière était déjà débordée, ne sachant plus où donner de la tête entre les nez rougis et les ganglions gonflés. Une bourrasque particulièrement violente couchait les herbes folles de la lisière de la forêt interdite, si Quigg s’était habillé plus léger, il aurait parié qu’il se serait envolé, comme cette citrouille, un peu plus loin. Il parvint tout de même à atteindre le terrain de Quidditch en entier. Ce dernier était totalement désert, comme il l’avait prévu. Personne n’avait prit le risque d’aller s’entraîner par un climat aussi capricieux, pensez-vous… Personne ? Pas tout à fait. Au loin, sur son balais, le jeune Gryffondor distingua une silhouette lui étant particulièrement familière. En plissant les yeux, il reconnut Kaëna McLaggen. Un sourire se dessina sur ses lèvres. La jeune fille était décidément bien décidée devenir la meilleure batteuse que l’équipe des rouges & ors avait connu. Sa capacité à ne rien lâcher avait amené Verpey à s’attarder deux minutes sur son cas. Après l’avoir vue s'entraîner, il sut qu’elle était talentueuse et que son potentiel était obligé d’amener sa personne à lancer des paris sur les facultés de la demoiselle. Pour résumer autrement : Verpey se faisait de l’argent sur le dos de Kaëna. Chose peu scrupuleuse, en effet, mais Quigg n’était plus à une ou deux fautes morales comme celle-ci. De plus, cela ne semblait pas déranger la demoiselle à outre mesure. Verpey s’était parfois demandé s’il ne lui imposait pas une pression supplémentaire mais s’était défilé quand l’occasion de lui poser la question s’était présentée. Au-delà de l’aspect lucratif que représentait Kaëna, Quigg commençait réellement à apprécier la demoiselle. Sa candeur avait quelque chose d’enfantin qui le touchait.

Elle ne semblait pas l’avoir remarqué, malgré le fait qu’avec sa grosse doudoune, il était aussi discret qu’Otzi, l’homme des glaces. Elle allait probablement se diriger vers les vestiaires. Quigg la prit de cours et se rua en ces lieux. Il se cala dans un coin de la pièce où il était sur que la demoiselle, en entrant, n’allait pas directement le remarquer. L’air ambiant de la salle était plus agréable qu’à l’extérieur, peut-être pas aussi chaud que le feu crépitant que Verpey regrettait encore d’avoir délaissé, mais assez pour qu’il se défasse de son manteau et tout son attirail destiné à le protéger du souffle glacial. Kaëna finit par pousser la porte, amenant avec elle la fraîcheur du dehors. Elle prit place sur le banc. Le vent avait mis la pagaille dans ses cheveux et son air fatigué lui donnait un petit air de martyre. À cette idée, Quigg émit un petit rire qui sonna plus comme un ricanement. La jeune fille ouvrit les yeux, aussi affolée qu’une biche poursuivie par un chasseur. Cet état de panique ne dura pas plus de quelques secondes. Quand elle eut posé les yeux sur ce qu’elle pensait être une potentielle menace, elle souffla : « Quigg » En entendant ainsi son nom prononcé avec un mélange d’exaspération et de soulagement, le dénommé Quigg ne put réprimander un sourire. « Ne me refait jamais ça ! T'as bien failli me tuer ! » Le damoiseau fut satisfait : son entrée était réussite et l’effet provoqué chez l’adolescente l’avait réjouit. « Eh, si on ne peut plus rigoler maintenant ! » fit-il dans une moue de chien battu. Il quitta son petit coin et vint s’installer à côté de la jeune fille. « Décidément, rien ne peut t’arrêter, McLaggen, même pas ce temps pourri. Tu te rends compte que tu aurais pu te fracasser la tête en tombant de ton balais ? » Pour illustrer ses paroles, il tapota le sommet du crâne de Kaëna, comme on le ferait avec la tête d’un chiot. « Et moi, dans toute cette histoire, je devrai rembourser toutes les personnes qui ont misé sur toi ! » En disant cela, il était mi sérieux, mi plaisantin. Lui-même ne savait pas comment prendre les paroles qu’il venait prononcer. C’était ambigu : à qui portait-il le plus d’attention ? A son amie ? Ou sa fortune ?

« Eh, si on ne peut plus rigoler maintenant ! » De nouveau, Kaëna le foudroya du regard, juste histoire de faire bonne mesure. De un, elle ne trouvait pas ça drôle. De deux, elle n'était pas du genre à laisser tomber. De trois,... D'accord, elle devait avouer que la moue de chien battue marchait bien sur elle. Elle finit par afficher un sourire, mais pas trop grand quand même... Quigg quitta le coin du mur où il s'était appuyé et vint s'asseoir à côté de la brune qui lui avait presque pardonné. Elle devait avouer qu'elle était aussi curieuse de le voir ici, elle ne pensait pas voir quelqu'un à cet heure-ci et avec un temps pareil. D'ailleurs, elle n'était pas la seule à penser à la météo catastrophique. « Décidément, rien ne peut t’arrêter, McLaggen, même pas ce temps pourri. Tu te rends compte que tu aurais pu te fracasser la tête en tombant de ton balais ? » Kaëna haussa les épaules d'un geste nonchalant. Oui, elle y avait pensé, mais pas avant de monter sur son balais... En fait en ce moment, elle ne pensait qu'à s'améliorer, avec le premier match qui approchait à grands pas. Quigg, quant à lui, illustra ses paroles en tapotant la tête de l'adolescente. Celle-ci éloigna rapidement son crâne. Elle n'avait pas besoin de quelqu'un pour lui faire la morale, d'accord elle était parfois inconsciente, mais c'était une des raisons qui l'avait amené à vouloir pratiquer ce sport. Alors elle n'allait surement pas commencer aujourd'hui à penser à tous les risques. Gillian était de toute manière là pour le faire à sa place. Mais son sourire s’agrandit également, parce que au fond, elle savait que si il lui disait ça, c'était bien parce qu'il se préoccupait, au moins un petit peu, d'elle. La phrase qu'il prononça ensuite le lui confirma, même si elle aurait peut être préféré d'autres mots. « Et moi, dans toute cette histoire, je devrai rembourser toutes les personnes qui ont misé sur toi ! » Kaëna fut déçue pendant un instant. D'accord, elle savait que le business de Quigg, depuis qu'elle était entrée dans l'équipe, reposait bien sur elle, mais elle espérait aussi que leur relation amicale ne reposait pas que sur ce point et qu'il ne partirait pas en courant si il s'avérait qu'elle jouait comme un pied. Cependant, elle sentit que Quigg n'était pas totalement sérieux en prononçant ces paroles. Après tout, il serait réellement mal si il devait rembourser tous les gens qui avait pris des paris en suivant ses conseils. La brune rit doucement, pensant à son ami poursuivit par des parieurs bienheureux. « Ça t'apprendra à parier sur mon dos ! » dit-elle en rigolant, pour le taquiner sur ses affaires illégales. « Et pour le temps, imagine qu'on a la même météo pour le match contre Serdaigle, il faudra bien que je me sois entraînée avant pour pouvoir gérer... » Tout en parlant, elle ressentit une nouvelle inquiétude et se promit intérieurement de vérifier la météo. Elle savait qu'elle était incapable de faire ses preuves avec un temps pareils. Une autre pensée traversa alors l'esprit de la cadette des McLaggen, une pensée qui lui fit afficher un immense sourire de satisfaction. « Remarque, il vaut peut être mieux que Gryffondor perde, non ? Ça pourrait être particulièrement intéressant... Surtout pour toi ! Parce que tu as raison, je ne dois pas tenter ma chance. Si il fait ce temps là, je ferais le strict minimum : tenter de rester sur mon balais. Pour le reste, on verra bien... » Kaëna se retourna vers Quigg, en faisant retentir son rire cristallin dans la pièce. Elle acceptait qu'il se serve d'elle pour ses paris, mais ça ne voulait pas dire qu'elle ne pouvait pas en profiter pour l'embêter et de le taquiner un peu avec ça.

Désormais réchauffée, maintenant qu'elle était dans le vestiaire, elle se leva tout en pouffant de nouveau et enleva sa veste. Ce geste l'a ramena à sa première curiosité. Pourquoi quelqu'un, à part elle, aurait voulu braver un temps pareil pour aller sur le terrain de Quidditch ? Elle se tourna vers le Gryffondor affichant cet fois un air suspicieux. Personne n'était censé s'entraîner à cette heure là et Quigg ne faisait pas parti de l'équipe. Kaëna ne lui voyait donc aucune raison d'être ici. « Mais je ne suis pas la seule folle à se promener dehors avec ce temps... » dit-elle en essayant de ne pas laisser sa curiosité trop transparaître dans son ton. « Je vais croire que tu me suis pour pouvoir m'espionner et être sure de ton affaire, M. le parieur ! » La brune se doutait qu'elle n'était quand même pas aussi importante à ses yeux. Cependant, son manque de confiance lui faisait toujours se demander pourquoi Quigg croyait autant en elle. Elle soupira. Il fallait qu'elle arrête de douter de ses capacités, après tout il était un connaisseur il devait avoir raison... Avec une moue, exprimant le doute elle se rassit, tout en fixant Quigg, impatiente d'avoir sa réponse. Peut être qu'elle allait en apprendre un peu plus sur ses activités, car au final elle savait qu'il se servait d'elle mais comme elle n'avait jamais parié, parfois c'était un peu compliqué à suivre pour l'adolescente. Elle ne savait pas vraiment comment on pouvait savoir qu'une équipe allait gagner avant même que le match est débuté. Elle haussa les épaules, elle avait d'autre chose à penser, et ce n'était pas vraiment sa priorité de savoir les rouages cachés et les manigances. Tant que elle gagnait, et tant que Quigg ne lançait aucun parieur mécontent à ses trousses, ça lui convenait très bien. Elle n'était même pas intéressée par le montant qu'il remportait grâce à elle. D'autres en aurait profiter, mais pas Kaëna. Elle ne savait même pas de ce qu'elle ferait si elle avait beaucoup d'argent, et puis des revenus illégaux, non merci. Et puis il valait, elle ne voulait pas avoir de pressions supplémentaires sur les épaules. Car malgré ses taquineries, elle ne voulait pas vraiment mettre Quigg dans la galère. Parce qu'elle l'aimait bien. Il était son ami, en tout cas elle l'espérait.

Quigg Verpey devait être le seul homme d’affaires du monde sorcier, que dis-je, de Grande-Bretagne à pouvoir dire qu’il n’avait qu’une parole. Enfin, tout le monde pouvait le prétendre mais la bizarrerie du cas du jeune homme, c’était que c’était vrai. Aussi fourbe, manipulateur et bon menteur qu’il pouvait être, il n’avait jamais trahi un ami. Il se disait que c’était un des éléments qui avait dû l’envoyer aux portes de Gryffondor sans quoi Poufsouffle le compterait parmi ses élèves. Il en était fier, mais l’exposait rarement. Sa loyauté rendue publique, les sorciers assoiffés de ses produits ne se seraient pas gênés pour exploiter ses faiblesses. Il préférait garder cette partie de lui secrète. Aux yeux de tous, il passait pour le garçon peu scrupuleux, l’escroc de première mais cela lui importait peu : ses larges épaules étaient prêtes à supporter davantage que de banals ragots de première année. Il snobait ces médisants avec toute la classe que son ironique courtoisie lui était permise de rendre. Quand il avait fait remarquer à la cadette McLaggen qu’elle risquait de le mettre dans une position délicate si elle venait à perdre, il n’avait pas vraiment désiré être méchant. C’était une tactique maladroite pour se préserver. La seconde d’avant, il était attentionné envers la petite brunette, puis, se rendant compte de sa bêtise, il avait essayé de rattraper le coup en se cachant derrière le parieur malhonnête qu’il voulait être…Et qu’il avait fini par devenir. Une partie de lui voulait faire confiance à la jeune fille, elle lui criait qu’il n’avait rien à craindre, que cette petite chose assise à ses côtés souffrait elle-même d’un manque terrible de confiance en soi en cet instant. L’autre, en revanche, l’interpellait en lui disant qu’il ne fallait se fier à personne et que derrière cette apparence chétive, Kaëna aurait très bien pu aller colporter ses cachoteries à tout Poudlard si cela l’enchantait. Quigg appréciait la demoiselle, elle était attachante, mais pourrait-il lui vouer une confiance aveugle ? Il était tenté de répondre oui, mais sa légère paranoïa l’amenait à y aller en douceur. Quoi qu’il fasse, il avait l’impression de marcher sur des œufs. Voilà ce qui arrivait, quand on se liait d’amitié avec une source de revenus. Tout en étudiant de plus près le visage de l’adolescente, il essayait de discerner dans ses traits ce qui la rapprochait le plus d’un Gallion. Il n’y en avait pas. Elle n’était qu’une étudiante, pas une bourse débordant de pièces dorées. Quiconque s’en serait rendu compte, mais Verpey était tellement rongé par l’appât du gain qu’il était prêt à inventer des ressemblances. Comme par exemple la courbe de ses fossettes qui rappelait celle d’une Noise, sa peau lisse comme la surface d’une Mornille ou encore l’éclat de ses yeux aussi étincelant qu’un Gallion. Kaëna perdait peu à peu son statut d’être humain. «Ça t'apprendra à parier sur mon dos ! » La voix de la lionne la fit redevenir une jeune fille. Parce que, oui, une pièce qui parle, ça perd toute crédibilité. «Et pour le temps, imagine qu'on a la même météo pour le match contre Serdaigle, il faudra bien que je me sois entraînée avant pour pouvoir gérer... » Encore une fois, Quigg perçut l’inquiétude apparente de son amie. Il en était peiné. Toutes les bonnes paroles qui franchiraient ses lèvres ne suffiraient pas à apaiser la demoiselle. Il fallait qu’elle se prouve à elle-même qu’elle était capable de repousser ses limites, elle se battait contre sa propre personne. Que pouvait-il faire de plus que de tenter de la rassurer en lui répétant qu’il croyait en sa réussite ? Il ne se sentait pas utile, il aurait aimé pouvoir faire quelque chose qui l’aurait vraiment aidé. «Remarque, il vaut peut être mieux que Gryffondor perde, non ? Ça pourrait être particulièrement intéressant... Surtout pour toi ! Parce que tu as raison, je ne dois pas tenter ma chance. Si il fait ce temps là, je ferais le strict minimum : tenter de rester sur mon balais. Pour le reste, on verra bien... » Inquiète ou pas, elle ne perdait pas son sens de l’humour et de son piquant, la demoiselle ! Ses menaces n’étaient pas sérieuses, mais elles pourraient très vite le devenir dans l’avenir. Quigg priait pour que ça n’arrive pas car à la place de son interlocutrice, il aurait depuis longtemps profité de la situation. D’ailleurs, qu’est-ce qui retenait Kaëna de ne pas réclamer sa part ? Devait-il là déceler un nouveau stratagème de la jeune fille ou était-ce une fois de plus son imagination qui lui jouait des tours ? Quoi qu’il en soit, le damoiseau répondit au joli rire cristallin, avec néanmoins un peu moins d’enthousiasme que son interlocutrice.

Kaëna imita Quigg en se débarrassant de sa veste. Leurs bonnets et leurs écharpes formaient un petit tas non loin d’eux, on aurait dit qu’ils étaient un couple de serpent qui venait de muer. Le jeune lion se trouvait de plus en plus étrange. Ne pouvait-il donc pas voir la demoiselle comme elle était et non sous l’apparence d’une pièce ou d’un reptile ? «Je vais croire que tu me suis pour pouvoir m'espionner et être sure de ton affaire, M. le parieur ! » Ca aurait pu être vrai. Et ça l’aurait probablement été si Quigg n’avait pas d’autres chats à fouetter. Pas que la réussite de Kaëna ne l’intéressait pas, au contraire, il la surveillait de très près, mais il avait dû batailler entre sa moyenne chutant et les mesures de sécurité instaurées suite à l’apparition de la marque des ténèbres, là même où les deux Gryffondors se trouvaient. Son emploi du temps s’allégeant, il allait pouvoir prendre son dossier en considération. « Ah, McLaggen ! Je te trouve bien ingrate. Je t’offre la popularité et voilà comment tu me remercies. Plus sérieusement, je ne suis pas inquiet pour toi, je sais que tu va bien t’en sortir. Tu as ça dans le sang, après tout. Peu importe le temps, le lieu, tes adversaires, je sais que tu donneras tout ce que tu as. L’important ce n’est pas de gagner…Mais de participer…» Quigg soupira, impressionné par ses propres paroles encourageantes. Il se savait éloquent, persuasif, son propre discours lui était inspirant. A un détail près. « Non, en fait, je vais te dire, McLaggen, l’important, ce n’est pas de participer. C’est de gagner, être une battante. Alors, est-ce que tu vas éclater cette bande de piafs ? » Il éclata de rire, conscient qu’il venait peut-être de lui mettre un coup de pression. Une fois que l’écho de son rire s'évanouit, il daigna enfin éclairer Kaëna sur sa présence en ces lieux. Présence qu’il expliqua en deux mots : « Les affaires. » avant d’ajouter, « Enfin, rien de bien intéressant. » Il savait que la demoiselle n’en croirait pas un traître mot. Les affaires de Verpey pouvaient être tout sauf inintéressantes vu qu’il y avait toujours bénéfice à la clé.