Wesley se regardait dans le miroir des toilettes mixtes du quatrième étage. Il avait l’air fatigué, il avait mal dormi la nuit dernière et la journée qu’il avait passé n’y avait rien arrangé. Il avait croisé la route de Brynden. Qu’est-ce que ce type pouvait être détestable. Après que Wesley ait encore failli lui sauter à la gorge, ce dernier lui avait dit qu’il devrait se faire interner. Le Gryffondor alluma le robinet et fit couler l’eau. Il s’en jeta un peu sur le visage. Ce n’était pas le moment de s’endormir, il avait encore des devoirs à faire. Wesley n’était pas un mauvais élève, mais il n’était pas bon non plus. Ce soir là, il n’était vraiment pas motivé pour se mettre au travail. C’est à la salle d’études qu’il avait décidé d’aller pour se motiver. Quand il sortit des toilettes, il prit tout son temps. Il traînait presque des pieds, restant discret et sur ses gardes. Il ne voulait croiser personne et avait presque envie de faire demi-tour pour filer directement dans son dortoir. Wesley passa devant un couloir sombre, tourna la tête quand il aperçut une ombre et continua son chemin. Puis, réfléchissant à ce qu’il venait de voir, il s’arrêta. Il croyait avoir vu une jeune fille par terre, mal en point. Il avait peut-être rêvé et ça n’était pas ses affaires. Il hésita à retourner voir. Wesley avait tendance à ne pas se mêler de ce qui ne le regardait pas, mais il avait cru voir la jeune fille souffrir et il ne pouvait quand même pas la laisser dans cet état là. Il se devait d’aller vérifier. Alors prudemment, il revint sur ses pas et pénétra le couloir sombre.

Il n’avait pas rêvé. Au sol, la jeune fille gisait comme si elle avait été battue. Il s’accroupit à ses côtés, ignorant toute réaction. Elle avait l’air plutôt absente, meurtrie. Elle lui faisait de la peine. Elle lui rappelait d’ailleurs lui-même quand il n’allait pas bien. Wesley sortit de sa poche un paquet de mouchoirs et en prit un. Il hésita, mais plaça sa main sous le menton de la demoiselle et tapota le sang de sa lèvre en essayant de ne pas lui faire mal. Il se demanda ce qui avait bien pu arriver à la jeune Poufsouffle. Elle devait être plus jeune que lui, ils n’étaient pas en même année. Les questions se bousculaient dans sa tête, mais rien ne sortit de ses lèvres. « Tu as besoin d’aller à l’infirmerie ? » demanda enfin Wesley. Il savait ce qui s’était passé, elle avait été la victime de brutes. Il était déjà passé par là mais à présent, c’était moins fréquent et on le laissait tranquille. On savait qu’il n’était pas une cible facile. Quand ça n’était pas son beau-père, Wesley n’avait pas peur de se défendre. Il était prêt à aider la jeune fille à se rendre à l’infirmerie, mais il comprenait si elle refusait d’y aller. Parler de ce qui s’était passé était parfois plus douloureux que le problème en lui-même. « Je suis plutôt doué en sortilèges, si tu veux, je peux essayer de te guérir ça. » dit Wesley en passant son doigt sous la lèvre meurtrie de la jeune femme. A vrai dire, il n’y avait qu’en sortilèges qu’il était doué, il avait donc de bonnes chances de réussir un sortilège de guérison pour réparer la plaie. Après, il ne pourrait probablement rien faire pour la douleur des coups qu’elle avait probablement reçu, au vu de l’état dans lequel elle se trouvait. Mais il comprenait si elle ne lui faisait pas confiance. Après tout, ils ne se connaissaient pas encore.

Les yeux fermés, la jeune fille essayait d’échapper à la réalité et la douleur. Wesley, à sa place, aurait tenté de changer d’endroit pour que ses agresseurs ne la retrouvent pas s’ils décidaient de remettre ça une nouvelle fois. Mais apparemment, elle n’avait pas encore la force de bouger. A la question de Wesley pour savoir si elle voulait qu’il l’amène à l’infirmerie, elle répondit d’un non. Un simple geste qui voulait dire beaucoup. Mais il comprenait tout à fait. Il n’aurait pas souhaité y aller non plus, même s’il mettait des jours à s’en remettre. Wesley demanda alors s’il pouvait au moins soigner la plaie sur sa lèvre, qu’elle arrête de saigner et de souffrir. Pour cela, elle devait lui faire confiance. Il avait déjà exécuté un simple sort de guérison comme ça. C’était de cette façon qu’il arrivait à faire cicatriser plus vite les plaies qu’il ouvrait sur ses bras quand il décidait de jouer avec la lame de rasoir. Ce n’était pas simple de se jeter un sort à soi-même et au début, il avait failli aggraver ses blessures. Mais avec le temps, il avait réussi à dompter cette magie. Ce n’était pas tous les jours facile, surtout en était né-moldu comme lui. Enfin, elle ouvrit les yeux. Il la regarda avec curiosité et appréhension. Elle accepta, sans dire un mot. Wesley esquissa un léger sourire. Sourire n’était pas vraiment dans ses habitudes, mais c’était venu tout seul. Il sortit de sa poche sa baguette et la pointa sur la lèvre de la demoiselle. Après avoir prononcé la formule, la plaie se referma. La cicatrisation était en route. Ce n’était peut-être pas encore des plus solides, mais elle ne saignait plus et normalement, elle ne souffrait plus à cet endroit là. C’était malheureusement tout ce qu’il pouvait faire pour elle.

Une fois qu’il eut terminé, Wesley rangea sa baguette, puis il s’installa contre le mur, à côté de la Poufsouffle. Son regard ne la quitta pas une seule fois. Il la trouvait magnifique. « Je vais rester là jusqu’à ce que tu puisses bouger, au cas où ceux qui t’ont fait ça reviennent… » dit-il doucement et sans trop d’assurance. « Si tu veux bien, bien sûr. » ajouta-t-il. Il ne connaissait pas la jeune fille et il ignorait la réaction qu’elle pourrait avoir, peut-être qu’elle souhaitait rester seule. Il lui arrivait lui aussi de voir être seul. Mais là, tout de suite, il ne voulait pas la quitter. Il ignorait pourquoi, mais il avait l’impression de vouloir la protéger. Peut-être qu’elle lui rappelait juste un peu lui-même. « Je m’appelle Wesley… et toi, c’est quoi ton nom ? » demanda le Gryffondor à la jeune fille. Wesley ignorait si elle avait la force de parler ou s’il devrait faire la conversation tout seul, mais il espérait vraiment connaître son prénom. Tout comme elle, Wesley rassembla ses jambes contre lui, les entourant de ses bras. Au diable les devoirs, il n’en avait absolument plus rien à faire. Tout ce qu’il souhaitait, c’était en savoir plus sur la jeune fille meurtrie.

Assis à côté de l’élève de Poufsouffle, Wesley attendait une réponse. Quand il lui demanda s’il pouvait rester à ses côtés, il interpréta son silence pour une réponse positive et le hochement de tête qui s’en suivit confirma ses pensées. Il avait donné pour excuse le fait que les agresseurs pouvaient revenir, mais il souhaitait en réalité simplement avoir la chance de lui parler un peu plus longtemps. Bien sûr, si les agresseurs revenaient réellement, il ne les laisserait pas la toucher à nouveau. Pour lui avoir fait si mal, ils devaient avoir été plusieurs à la taper, ce qui n’avait rien d’équitable. Ces élèves étaient des lâches et des brutes qui méritaient d’être punis. Wesley haïssait ceux qui s’en prenaient aux plus faibles comme son beau-père et voulait qu’ils disparaissent de la surface de la terre. Pour son beau-père, ce serait peut-être bientôt le cas.

Au lieu de maudire le monde entier, Wesley se présenta. Il dit tout simplement son nom à la jeune fille et était curieux de savoir à son tour comment elle s’appelait. « Robyn. Je m'appelle Robyn… » répondit-elle d’une voix brisée. Elle tourna la tête vers Wesley et leurs regards se croisèrent. Wesley émit un sourire. Elle avait une jolie voix, malgré la douleur qui s’y traduisait. Ça lui donnait encore plus de charme. « Robyn… j’aime bien. » Wesley se répéta mentalement plusieurs fois le prénom de la Poufsouffle. Robyn. Robyn. Il n’était pas prêt de l’oublier. Il serra sa manche dans sa main, un peu nerveux à l’idée d’être à court de choses à dire.

« Ceux qui t’ont fait ça… qu’est-ce qu’ils te reprochent ? » demanda doucement Wesley à Robyn. Il avait du mal à comprendre ce genre de comportements et parfois les brutes n’avaient besoin d’aucune raison pour frapper, mais peut-être qu’il pouvait aider Robyn s’il savait la cause de tout ça. Wesley se tourna un peu plus vers la jeune fille. « Tu devrais les effrayer. Ils ne t’embêteraient plus. Pour moi, ça marche en tout cas… la plupart du temps. » Wesley sortit de sa poche son couteau pliable et le déplia devant la jeune fille avant de le replier. Il n’était pas né-moldu pour rien et pour lui, c’était peut-être plus dissuasif qu’une baguette, mais aussi plus risqué. Il hésita à le donner à Robyn, mais il pouvait toujours en avoir besoin. Réflexion faite, il le remit dans sa poche. « Tu n’es pas obligée d’en arriver là. » Il détourna le regard, un peu honteux, peut-être qu’il avait été trop loin en montrant son couteau à la Poufsouffle. Elle allait aussi le prendre pour un fou, lui conseiller de se faire interner en psychiatrie comme Brynden.

Le sourire de Robyn est l’une des plus belles choses qui aient été données de voir à Wesley jusque là, même s’il restait discret, voir timide. Il trouvait justement ça plus charmant qu’une fille trop sûre d’elle. La Poufsouffle détourna les yeux, mais il ne cessa de la regarder. Il se demandait si ça la dérangeait, peut-être que son regard était trop insistant. Wesley ne voulait pas la gêner. Après lui avoir dit qu’il aimait bien son prénom, un léger silence d’installa. C’était embarrassant et il était nerveux. Robyn ne parlait toujours pas, donc il ne pouvait pas savoir ce qu’elle ressentait, s’il la dérangeait ou pas. Il se mit donc à réfléchir. Même si le silence ne le dérangeait pas, il voulait à nouveau entendre la voix de Robyn. Il lui demanda ce que les brutes qui l’avaient battus lui reprochaient, mais il ne lui laissa pas le temps de répondre et sortit son couteau en lui disant qu’elle devrait les effrayer. Elle posa son regard sur la lame et après avoir hésité à lui donner son arme, il se rétracta. Wesley ne voulait pas lui créer plus de problèmes qu’elle n’en avait déjà. Il avait honte de lui avoir proposé ça, ce qui en disait plus sur lui qui n’aurait voulu en dévoiler. Elle allait se demander pourquoi il avait une telle arme sur lui. Robyn se terra à nouveau dans le silence et lui fixa un point imaginaire au sol.

C’est alors que Wesley sentit la main de Robyn se poser sur la sienne. Il faillit immédiatement la retirer, n’aimant pas être touché, mais il résista à cette envie primaire. Il dût lutter plus qu’il n’y paraissait pour combattre cet automatisme qu’il trainait depuis des années. Wesley leva les yeux vers Robyn, mais elle ne le regardait pas. Elle resserra sa main sur celle de Wesley. Il finit par suivre son regard et vit qu’elle regardait leurs mains. C’était très étrange comme sensation. Enfin, la voix de la jeune fille fit à nouveau son apparition. « M… merci. Mais je… je serai incapable de me battre au corps à corps. Ils sont cinq ou six en général… ils… ils me traitent de sang-de-bourbe, de vermine. Ils répètent sans cesse que je ne suis pas à ma place… » D’un côté, Wesley avait honte d’avoir proposé son arme et suggéré qu’elle aurait du menacer des élèves et d’un autre, une part de lui pensait que ça n’était pas une si mauvaise idée. Le fait que Robyn le remercie l’apaisa un peu, tout comme la main de la Poufsouffle toujours posée sur la sienne. Cinq ou six. Ces élèves n’avaient vraiment pas honte de s’en prendre à une fille seule. Wesley avait tellement de peine pour Robyn et de colère pour ces élèves là. « Ils se croient supérieurs parce qu’ils ont un sang soi-disant plus pur, parce qu’ils sont en groupe. Des personnes comme ça ne devraient pas exister. » Wesley était tellement convaincu par ce qu’il disait qu’il en avait presque les larmes aux yeux. Heureusement, il faisait sombre et il arriva rapidement à se calmer. Parfois, il pouvait se montrer trop sensible, mais il était vraiment énervé contre ceux qui avaient fait si mal à Robyn.

« Tu n’es pas seule… moi aussi on m’a traité comme ça. » dit Wesley à Robyn pour lui montrer qu’elle n’était pas un cas isolé. Il se disait que s’ils se liguait tous ensembles, ils feraient une différence. Mais c’était trop beau pour se réaliser un jour et il n’avait foi en personne. La peur continuait d’alimenter ceux qui se faisait maltraiter, qu’ils soient seuls ou non. Le blond plongea son regard dans celui de Robyn. « Il faut s’accrocher à ce qu’on peut, on finira bien par trouver notre place quelque part. » dit-il calmement. Ses paroles sentaient le vécu. Wesley continuait à s’accrocher à l’espoir que tout irait mieux un jour et pourtant, sa vie n’avait rien d’agréable. Il n’avait pas grand-chose d’autre à quoi s’accrocher pour le moment, mais la main de Robyn sur la sienne lui réchauffait agréablement le cœur.

Le contact de la main de Robyn sur la sienne était des plus étranges. Normalement, Wesley n’aimait pas qu’on le touche et cessait rapidement tout contact. Mais cette fois-ci, il avait résisté à l’envie de retirer sa main, même s’il était plutôt perturbé, parce que justement, il avait confiance en Robyn. Il ne la connaissait pas et pourtant, il la laissa faire ce geste. Ainsi, quand Robyn retira sa main, il fut presque déçu. Ce contact l’avait réchauffé, l’avait mis en confiance. A présent, il était rompu. Mais la Poufsouffle était toujours là. Elle n’allait pas s’envoler. Wesley recula alors sa main un peu plus vers lui. Il aurait presque souhaité qu’elle ne le lâche jamais, comme une sorte de connexion qu’il y avait eu entre eux. Elle se repositionna un peu mieux et lui se contenta de l’observer un peu plus discrètement qu’auparavant. Wesley eut peur qu’elle se lève et s’en aille, mais ce ne fut pas le cas. Combien de temps allait-elle restée assise ? Combien de temps encore allait-il pouvoir lui imposer sa présence ? Il la vit sortir de sa poche un paquet de cigarettes. Robyn en prit une et l’alluma avant de la porter à sa bouche. Ce n’était pas vraiment l’endroit le plus discret pour fumer, mais Wesley s’en fichait. Il lui arrivait à lui aussi de fumer, mais c’était assez rare. Il ne possédait même pas de paquet de cigarettes. Il ne dit donc rien, la laissant faire à son aise.

Wesley continua d’observer Robyn. Il avait peut-être l’air d’un lourd, mais il ne pouvait s’en empêcher. Tant qu’elle ne lui faisait aucune remarque, il continuerait. Il la regarda successivement porter la cigarette à ses lèvres, puis recracher la fumée quelques secondes plus tard. Et Wesley la vit passer d’une certaine neutralité à une certaine tristesse. Les larmes embuèrent ses yeux, elle avait l’air de souffrir. Le cœur de Wesley se mit à battre irrégulièrement, il paniqua légèrement en se demandant ce qu’elle avait. « Qu’est-ce qu’il y a, Robyn ? » demanda-t-il alors à la Poufsouffle. Le Gryffondor changea de position pour faire face à la jeune fille. Elle ne le regardait pas lui, mais il voyait qu’elle souffrait, il ne savait pas quoi faire. « Tu as mal quelque part ? » Wesley ignorait pourquoi, mais il ne supportait pas l’idée que Robyn puisse à nouveau souffrir. Elle avait déjà assez souffert comme ça. Il savait ce que c’était que de souffrir et il ne voulait pas ça pour elle. Il était prêt à faire n’importe quoi pour l’aider. Il ne voulait pas voir ses larmes couler, il voulait à nouveau la voir sourire. Wesley releva ses manches, sans réfléchir, dévoilant ses cicatrices d’anciennes scarifications. Il était prêt à intervenir si Robyn faisait un malaise. Il stressait peut-être un peu trop. Wesley ne s’était pas mutilé depuis l’été, cela faisait maintenant deux mois qu’il n’avait pas touché à une lame de rasoir, malgré la tentation de certains jours.

En quelques minutes, Wesley avait vu l’état de Robyn empirer. Il ne savait pas trop si c’était sur le plan émotionnel ou physique, mais elle avait l’air de souffrir. Il s’en inquiéta donc très rapidement et peut-être un peu trop excessivement. Il ne la connaissait que depuis quelques minutes, mais il était déjà très attaché à ce que son état s’améliore. Wesley lui demanda ce qu’elle avait et si elle avait mal quelque part, relevant ses manches pour intervenir s’il le fallait. Il n’allait pas la laisser souffrir sans rien faire. Robyn écrasa sa cigarette au sol et posa sa tête contre le mur. Yeux fermés, elle versa quelques larmes. Wesley eut beaucoup de peine pour elle, surtout parce qu’il ne savait pas ce qu’elle avait. Ne pas être dans sa tête était une véritable torture. Robyn avait du mal à respirer, Wesley ne savait pas quoi faire. Enfin, après quelques minutes dans le noir, la Poufsouffle ouvrit les yeux. Elle fixa ses bras et écarquilla les yeux. Il ne comprit pas tout de suite ce qu’elle faisait. « Je… je n'ai mal nulle part… je… je vais bien. Merci. » dit-elle doucement, elle avait l’air de se calmer. Wesley ne comprend toujours pas ce qui vient de se passer, mais il baissa les yeux vers l’endroit où Robyn regardait et vit ses propres cicatrices. Rapidement, il s’empressa de baisser ses manches. Il n’avait pas voulu qu’elle les voit. Il détestait quand on voyait ses cicatrices car le regard qu’on avait sur lui changeait. Robyn allait soit avoir peur de lui, soit avoir pitié de lui. Et il n’aimait ni l’un, ni l’autre. En plus, il se sentait obligé de se justifier. « C’est juste que… l’été… je… enfin… » Wesley ne savait vraiment plus où se mettre devant Robyn. Il ne voulait pas qu’elle connaisse sa vie, il ne voulait pas qu’elle le juge ou qu’elle le prenne en pitié. Il voulait juste paraître cool pour une fois, pouvoir l’aider sans qu’elle sache qu’il aurait lui aussi besoin de se faire aider. Le fait qu’il se mutile l’été expliquait pourquoi ses cicatrices étaient à présent blanche. Wesley passait vraiment des étés pourris. Et quand son beau-père découvrait ce que Wesley s’était fait, il ne faisait que lui faire d’autant plus peur. Sa mère, elle, ne faisait absolument rien et le blond commençait à la détester pour ça. « J’en suis pas fier. » compléta Wesley. Certains jeunes se scarifiaient pour montrer qu’ils étaient des petits rebelles et en étaient fiers, mais Wesley, c’était différent : il souffrait réellement. Il n’avait jamais voulu s’ôter la vie, il n’avait jamais eu le courage d’aller jusqu’au bout, mais ça, ça lui permettait de supporter la douleur de ses étés auprès de son beau-père, de souffrir encore plus aux bras qu’ailleurs. C’était une chose qui ne s’expliquait pas vraiment.

« Tant mieux si tu vas bien. » dit Wesley avec un sourire, pour changer complètement de sujet. Il n’était pas à l’aise sur le sujet des cicatrices et il ne voulait pas avoir à expliquer pourquoi il faisait ça. Il avait vraiment honte de ce qui lui arrivait chaque été et il n’en parlait que très rarement. Il ne voulait absolument pas que Robyn découvre que son beau-père abusait de lui, elle le trouverait faible, elle serait dégoûtée de lui dès qu’elle l’apprendrait. Il voulait juste un peu plus de temps pour la connaître mieux. « Tu partagerais une cigarette avec moi ? » demanda Wesley à la jeune fille. Il n’en avait pas sur lui, mais peut-être qu’elle lui en donnerait une. Robyn avait déjà enfumé le couloir, alors pourquoi ne pas continuer ? Wesley avait bien besoin d’une petite dose de nicotine pour oublier tout ce qui venait de se passer, si Robyn acceptait de passer à autre chose.

Wesley avait eu du mal à trouver une explication pour les plaies sur ses bras. Il avait fini par ne pas en trouver du tout. Il précisa à Robyn qu’il n’était pas fier de s’ouvrir les veines, la honte se lisait sur son visage. Puis il changea de sujet en parlant à nouveau de la Poufsouffle, ne lui laissant pas le temps de réagir. Il lui sourit, elle acquiesça. Il espérait qu’elle ne lui pose pas de questions, qu’elle oublie tout ça. Wesley demanda alors à Robyn si elle accepterait de partager une cigarette avec lui. Elle répond positivement et sort son paquet de cigarettes. Elle en allume une et prend une bouffée, mais au lieu de lui passer directement la cigarette, les doigts de Robyn se posèrent sur la main de Wesley et passèrent doucement sous sa manche. Le cœur de Wesley se serra, il ne savait pas ce qu’elle faisait, mais il lui faisait confiance. Elle se pencha vers lui et prit la parole. « Moi aussi, ça m'arrive. » avait-elle dit. Wesley plongea son regard dans celui de Robyn. Il ignorait comment il devait le prendre parce qu’il n’arrivait pas à imaginer Robyn s’ouvrir les veines, il ne le voulait pas. Et en même temps, il avait l’impression de ne plus être seul avec elle. Il ignorait pourquoi elle se mutilait, mais il avait moins peur à présent. Elle était comme lui. « Tu n'as pas à avoir honte, je comprends… » Et elle resserra ses doigts autour du poignet de Wesley. Il sentit la chaleur des paroles de Robyn remonter en lui. Elle le comprenait, ça n’arrivait pas souvent. Elle ne savait pas pourquoi il faisait ça, mais elle le comprenait et il n’avait pas à en avoir honte, devant elle en tout cas. Il sourit faiblement, heureux d’être tombé sur Robyn aujourd’hui. De sa main libre, Wesley prit doucement la cigarette des mains de Robyn et la porta à ses lèvres. Cela faisait longtemps qu’il n’avait pas fumé et il apprécia sa première bouffée depuis des lustres encore plus en compagnie de la belle Robyn. Il recracha la fumée tout en faisant attention à ne pas l’envoyer vers le visage de la demoiselle. A ce moment là, il se sentait vraiment proche d’elle alors qu’ils ne se connaissaient que depuis quelques minutes.

Robyn ressemblait à un ange tombé du ciel pour Wesley. Il se demandait comment il avait fait pour ne pas la remarquer avant, d’où l’expression tombée du ciel. « Tu vas sûrement trouver bizarre… » Si ça n’était pas déjà le cas. « …mais… je me sens bien… avec toi. » dit-il à la jeune fille. Bon, ça n’était pas vraiment flagrant, il n’était pas tout sourire et il avait plutôt toujours l’air de souffrir, mais c’était comme ça qu’il était, Wesley. Il avait trop souffert dans sa vie, déjà. Il avait besoin d’une pause. Et Robyn semblait être ce nouveau courant d’air frais qu’il lui fallait dans sa vie. Elle avait l’air d’avoir souffert beaucoup aussi, peut-être même tout autant que lui. A deux, ils pouvaient s’aider. Wesley avait peur car il ne confierait jamais sa vie à une inconnue. Mais avec Robyn il avait l’impression qu’elle pourrait être là pour lui comme il pourrait être là pour elle. « Toi et moi… on dirait qu’on se ressemble. » Il tira à nouveau sur la cigarette et après avoir recraché la fumée, il la tendit à Robyn. En fait, ils se ressemblaient, c’était un fait. Ils avaient l’air tous les deux torturés. Wesley aurait voulu dire tellement plus, il aurait voulu dire à Robyn qu’il aimerait passer plus de temps avec elle, qu’il la défendrait si quelqu’un venait à l’attaquer à nouveau, qu’il l’empêcherait de s’ouvrir à nouveau les veines, qu’il pourrait être une personne à qui elle pourrait s’accrocher, qu’elle pourrait trouver sa place avec lui. Quand elle eut prit le mégot de cigarette, Wesley leva doucement la main vers la Poufsouffle et caressa un instant ses cheveux. Il s’approcha d’elle, doucement, hésitant, pour déposer un timide baiser sur ses lèvres.

Le sourire et les joues rouges de Robyn lui allaient à merveilles. Il ne pensait pas provoquer un jour ces réactions chez une personne, mais c’était le cas. C’était à lui que Robyn souriait et c’était pour lui qu’elle rougissait. Ils étaient proches et l’obscurité ne pouvait pas tout cacher. Wesley était heureux, pour ces quelques minutes passées avec la Poufsouffle. Il se sentait bien avec elle, vraiment bien. Bien sûr, il y avait encore des choses que Robyn ignorait sur lui et lui sur elle, mais il avait déjà l’impression de la connaître. Ils se ressemblaient, c’était d’ailleurs ce qu’il lui dit. Elle hocha la tête, elle était d’accord avec lui. Puis après avoir pris une dernière bouffée de nicotine, il lui confia à nouveau la cigarette. Wesley glissa alors sa main dans les cheveux de Robyn, en appréciant la texture. Il s’approche d’elle, il veut capturer ses lèvres et il hésite. Elle ne recule pas. Et quand il pose ses lèvres sur les siennes, il ne sent pas de réaction. Wesley se demanda s’il n’avait pas été trop vite pour Robyn. Il ne la connaissait pas après tout. Lui avait déjà embrassé deux ou trois filles, mais il n’avait jamais été plus loin. Il était dégoûté par l’idée de faire l’amour après ce que son beau-père lui faisait subir contre sa volonté. Après quelques secondes, il sentit Robyn bouger et en déduit qu’elle venait d’écraser la cigarette au sol. Robyn leva ses mains vers son visage et les posa sur ses joues, puis elle lui rendit son baiser, tout aussi timidement que lui. Quand leurs lèvres se séparèrent, il posa un instant son front contre celui de Robyn et ferma les yeux. Elle était vraiment comme lui. Un sourire s’étira sur ses lèvres. Les mains de Robyn toujours sur ses joues devaient le sentir.

Wesley se recula un peu, son sourire ne le quitta pas. C’était presque trop beau pour être vrai. Pour le moment, il se sentait très connecté à Robyn. Il espérait que ça durerait. Wesley n’avait jamais eu de petite amie parce qu’il ne s’était jamais bien senti avec une fille pour que la relation dure, mais là il avait l’impression que c’était différent, que ça pouvait peut-être marcher. « Si tu veux, on pourra passer plus de temps ensemble. » dit Wesley à Robyn en espérant qu’elle accepte de passer du temps avec lui, souvent. En fait, à présent, il allait instinctivement la chercher, que ce soit dans la grande salle ou dans les couloirs et veiller à ce qu’elle n’ait pas d’ennuis, à ce qu’elle ne soit pas triste, à ce qu’elle ne se fasse pas torturer. Wesley avait trouvé quelqu’un qui lui permettrait d’oublier ses propres problèmes. « Je ne laisserai plus personne te toucher. » Quand il serait là, bien évidemment. C’était pourquoi plus Robyn passait de temps avec Wesley et moins elle risquerait de se faire tabasser comme aujourd’hui. Et peut-être qu’un jour, Wesley lui parlerait de ses propres démons. Le Gryffondor venait à peine de rencontrer Robyn qu’il plaçait beaucoup d’espoir en elle, peut-être trop naïvement.

Wesley venait de rencontrer Robyn, mais il l’appréciait déjà beaucoup. Il voulait en savoir plus sur elle, passer plus de temps avec elle et elle accepta d’un hochement de tête. Les joues de la jeune fille passèrent au rouge et Wesley trouva ça vraiment très mignon. Après toutes les mochetés que le monde lui avait fait subir, voir le sourire de Robyn et ses joues se teinter pour lui était assez inattendu et vivifiant. Il ne fallait peut-être pas trop s’habituer à avoir des telles faveurs de la part du destin, mais Wesley espérait que la chance avait tournée pour lui. Il voyait enfin un peu de lumière dans ses ténèbres. Je ne laisserai plus personne te toucher, pensa-t-il et dit-il à voix haute. Robyn releva la tête vers lui et rougit d’avantage. Wesley avait la sensation qu’il pourrait protéger Robyn et il ferait de son mieux pour ça. Elle ne méritait pas de souffrir, personne ne méritait de souffrir, sauf ceux qui font souffrir les autres comme son beau-père ou les brutes de Poudlard. « M… merci… Wesley… » dit-elle au garçon. Le cœur de Wesley se serra en regardant Robyn car il avait l’impression d’avoir trouvé quelqu’un à qui il pouvait faire confiance, à qui il pourrait s’ouvrir, qu’il pourrait peut-être aimer. C’était peut-être trop tôt pour penser aux sentiments, mais Wesley ressentait quelque chose pour elle qu’il n’avait encore jamais ressenti jusque là. En la regardant, il la vit crisper ses mains et s’enfoncer ses ongles dans sa chair. Il ne connaissait que trop bien ce genre d’angoisses, de pulsions incontrôlables qu’on tente de refouler par tous les moyens. Wesley la regarda faire quelques secondes avant d’agir. Il lui la main de Robyn la plus proche de lui dans la sienne. « Te fais pas ça, Robyn. Tout va bien. » Il n’était pas sûr que tout allait bien mais en tout cas, en cet instant, rien ne pourrait les déranger. Il n’y avait aucune raison d’angoisser et pourtant, Wesley était assez anxieux de nature. Mais avec Robyn, il était un peu plus détendu. Le contact avec elle ne le dérangeait pas. Il passa son bras autour des épaules de la jeune fille et l’attira vers lui. Bizarrement, ce geste lui réchauffa le cœur. Il n’avait pas l’habitude de faire ce genre de geste tendre, d’avoir une fille qui lui plaisait si proche de lui. Et il avait aussi l’impression de lui plaire. C’était une sensation agréable qui lui donnait plus d’assurance. Mais il n’arrivait pas à se sortir de la tête, comme à chaque fois qu’il envisageait une relation, que la fille serait dégoutée de lui si elle savait son histoire.

« Tu n’as à avoir honte ni peur de rien avec moi. » dit Wesley à Robyn tout en caressant son épaule dans un geste qui avait pour but de la rassurer et en s’éloignant un peu d’elle. Wesley serait très mal placé pour juger la Poufsouffle sur quoique ce soit, il avait pas mal de démons à lui seul. Il serait là pour elle si elle voulait parler, il serait là pour elle aussi souvent qu’elle le souhaitait, même s’il n’était pas l’ami idéal et encore moins s’il se passait plus que de l’amitié entre eux. Il regardait Robyn dans les yeux, il la trouvait vraiment très belle, jamais il n’avait regardé une fille avec autant de ferveur. Alors il se pencha vers elle et l’embrassa, cette fois bien moins timidement. Il en avait réellement envie. Il ferma les yeux et savoura le baiser. Naturellement, sa main se glissa dans les cheveux de Robyn pour l’approfondir un peu plus.

« Désolée. » murmura Robyn quand Wesley lui dit que tout allait bien et qu’elle n’avait pas besoin d’être si nerveuse. Wesley passa son bras autour des épaules de la Poufsouffle et l’attira vers lui. Elle se blottit contre lui, ce qui lui fit vraiment du bien. Il en avait probablement besoin autant qu’elle. La chaleur du corps de Robyn le réchauffa. Il avait presque envie de sourire tout seul, comme un idiot, mais il s’en empêcha. D’ailleurs, il avait si peu l’habitude de sourire qu’il allait probablement finir par avoir une crampe à force que ses lèvres ne s’étirent de bonheur. C’était si nouveau qu’il fallait profiter de chaque seconde car ce qui le rendait heureux ne durait jamais très longtemps. Profiter du moment présent, c’est ce qui le fit réagir. Il s’éloigna un peu tout en gardant une main sur l’épaule de Robyn et lui dit qu’avec lui, elle n’avait à avoir honte ou peur de rien. Leurs regards se croisèrent et il sourit. Puis il s’approcha d’elle. Leur envie était mutuelle, il pouvait le voir grâce à la teinte rouge des joues de Robyn. C’est ce qui lui donnait la force d’être un peu plus entreprenant que d’habitude avec elle. Il captura ses lèvres avec passion et elle répondit à son baiser tout en passant ses mains derrière sa nuque. Lui avait glissé sa main dans la chevelure lisse de la jeune fille. Ils se séparèrent ensuite pour reprendre leurs souffles. C’était magique. Jamais Wesley n’avait été si heureux d’embrasser une fille ou été si à l’aise. Elle murmura son prénom, presque suppliant et il revint sur terre, plus déterminé que jamais. A nouveau, il embrassa Robyn. Tout en l’embrassant, Wesley ne put s’empêcher de se rapprocher de Robyn jusqu’à ce qu’elle se retrouve allongée sur le sol froid du couloir. La main gauche de Wesley était toujours glissée sous la tête de Robyn pour qu’elle ne heurte pas le sol. Son autre main parcourue les courbes de la jeune fille. Des courbes, justement, elle n’en avait pas beaucoup, mais il la trouvait déjà parfaite sans l’avoir encore vue dans les moindres détails.

Bien sûr, ils n’iraient pas plus loin. Ils étaient dans un couloir, après tout. Ils venaient à peine de se rencontrer. Rien ne pressait dans leur relation. Et Wesley avait beaucoup de réserve. La seule personne qui l’avait vu entièrement nu était celui qui avait abusé de lui pendant des années. En plus de ça, Wesley n’était ni musclé, ni bronzé, il n’avait rien du parfait apollon dont rêvait toutes les filles. Il manquait beaucoup de confiance en lui. Mais dans les bras de Robyn, il avait l’impression de se sentir beau. Il avait l’impression de lui plaire. Et elle lui plaisait énormément. Wesley ne pouvait s’empêcher de penser qu’il pourrait aller plus loin avec elle. Mais avant ça, elle devait savoir. Elle devait savoir qui il était et les lourds bagages qu’il traînait. Robyn toujours allongée sur le sol, Wesley à ses côtés, ils se regardaient dans le blanc des yeux depuis plusieurs secondes. Il posa doucement sa main sur le ventre de la Poufsouffle. Sa main ne bougeait pas mais son pouce la caressa doucement au dessus du tissus. Le temps était aux confidences parce que tant qu’elle ne saurait pas, il ne pourrait jamais être entièrement à l’aise avec elle. « Je peux te dire un secret ? » demanda-t-il à Robyn. Ce qu’il avait à lui dire, très peu de gens étaient au courant. En fait, seules quelques filles de sa maison avec qui il était proche et sa mère le savaient. Le dire était très difficile pour Wesley, mais il voulait vraiment croire en Robyn. Il voulait croire qu’elle ne lui tournerait pas le dos pour ça, qu’elle ne serait pas dégoutée de lui en connaissant son secret. « C’est… difficile à dire. Mais je dois te le dire parce que je crois que… enfin je ne pense pas me tromper, mais tu n’as pas d’expérience, pour le moment… » Maladroit, il était très maladroit. Et très blessé à la fois. Il avait du mal à lancer le sujet sans vraiment tout casser. Il était d’ailleurs déjà en train de tout casser et elle aurait probablement voulu qu’il ne prenne pas la parole. Il s’enfonçait, en fait. Donc autant aller droit au but. « J’ai une mauvaise image de tout ça parce qu’on a… on a abusé de moi. » Il eut un rire jaune, amer, brisé. Il avait mis tout ça au passé, comme si ça n’était arrivé qu’une fois, mais la réalité était tout autre. « J’sais même pas pourquoi je te dis ça, on a fait que s’embrasser et je vais déjà te faire fuir. » Il tourna immédiatement le regard vers Robyn. Il avait tellement peur qu'elle parte. Il tenait déjà beaucoup à elle, il serait blessé si elle s'en allait. S’il te plait, ne fuit pas.

Wesley se sentait vraiment attiré par Robyn et la moindre des choses était qu’elle le connaisse réellement. Il n’était pas vraiment le genre de petit ami idéal, il n’avait pas une vie facile ou intéressante. S’il le pouvait, il s’enfermerait entre quatre murs et ne sortirait plus jamais, ce qui avait presque l’air d’être une métaphore pour dire qu’il avait parfois très envie d’être enterré six pieds sous terre. Allongé à côté de Robyn, Wesley avait posé sa main sur le ventre de la belle Poufsouffle. Il avait peur, terriblement peur qu’elle l’abandonne, qu’elle le rejette, qu’elle soit dégoûtée de lui. Mais il valait mieux que ça arrive maintenant que plus tard, s’ils se rapprochaient encore plus. Il lui demanda alors s’il pouvait lui dire un secret. C’était donc une chose qu’elle ne pouvait répéter à personne, il lui faisait confiance tout comme il avait fait confiance à quelques autres personnes. Il a peur que les mots se bloquent dans sa gorge, mais la main de Robyn sur la sienne lui donna du courage. Wesley prit un chemin un peu détourné, s’exprima assez maladroitement, fit rougir à nouveau la demoiselle qui affirma qu’il ne se trompait pas. Elle n’avait pas encore d’expérience. Il avait du mal à lui dire que lui, il en avait, mais pas du genre souhaitée. Après un silence, il décida de se lancer et de lui dire la vérité. Il lui dit qu’on avait abusé de lui, au passé. C’était tellement pire que ça. Ce ne s’était pas passé qu’une fois. Mais c’était déjà énorme à avouer. Robyn écarquilla les yeux. Il s’attendait à présent à tout, à ce qu’elle retira violemment sa main, à ce qu’elle se lève et s’en aille. Il détourne les yeux, honteux. Il préfère retirer sa main avant qu’elle ne le fasse. Si seulement il pouvait revenir en arrière et retirer ce qu’il venait de dire, il avait terriblement peur d’affronter à nouveau le regard de Robyn. Mais finalement, courageux, il releva les yeux. Ses yeux lui supplièrent de ne pas l’abandonner. Sa voix était éteinte. Il n’osait plus parler. Il en avait déjà trop dit. Et là, Robyn se rapprocha de lui. Elle le prit dans ses bras et le serre contre elle. Wesley profite de cet instant, perdu. « Ne t'en fais pas, je ne partirai pas. Je ne te laisserai pas. Hors de question… » lui murmura-t-elle à l’oreille. Le cœur de Wesley se serra. Il ne s’attendait pas à de telles paroles, à une telle réaction. Il pensait qu’elle aurait du mal à digérer ce qu’il venait de lui dire, qu’elle ne l’accepterait pas. Mais au contraire, elle lui dit qu’elle ne s’en irait pas, qu’elle resterait près de lui. Cela lui réchauffa énormément le cœur, elle ne pouvait pas imaginer à quel point ces paroles lui faisaient du bien. Il avait vraiment l’impression d’avoir la jeune fille à ses côtés et pour un bon moment encore. Elle lui dépose un baiser sur le front, presque maternelle. Il resta un moment dans ses bras, sans réagir. Il avait besoin de ça. Il avait besoin d’un instant.

« Je suis là. » dit-elle. La présence de Robyn signifiait beaucoup pour Wesley. C’est vrai, elle était là, elle n’avait pas fuit et elle n’avait pas l’intention de fuir, pas même après ce qu’il lui avait dit. Est-ce que ça signifiait qu’elle tenait à lui ? Ou peut-être qu’elle avait pitié de lui ? Il ne voulait surtout pas de sa pitié. Il ne voulait pas qu’on ait pitié de lui. D’un autre côté, il ne pouvait que s’en vouloir à lui-même pour ne pas encore avoir mis fin à tout ça. « Merci… » répondit-il tout simplement. « …merci de ne pas t’enfuir… » compléta-t-il. Toujours dans les bras de Robyn, il déposa un baiser sur ses lèvres. Ça avait l’air tellement irréaliste, eux deux, allongés dans un couloir à l’écart. Ils étaient comme dans une petite bulle. Wesley souffrait énormément d’avoir cette vie là, d’avoir peur de rentrer chez lui, d’avoir honte. La pire partie était bien sûr les vacances d’été, mais tout le reste de l’année était aussi éprouvant parce qu’il lui restait tous ces souvenirs affreux, ces douleurs qui ne partiraient jamais, ces cicatrices qu’il avait envie d’ouvrir à nouveau. « Je… je veux être honnête avec toi. C’est… c’est mon beau-père… » Avouer ça à Robyn était vraiment difficile. Des larmes coulèrent sur les yeux de Wesley. Il préféra se redresser et s’assoir à nouveau, appuyé contre le mur. Déjà avouer que la personne qui abusait de lui était quelqu’un qui était censé lui être proche était horrible, mais en plus, c’était un homme et c’était très humiliant pour Wesley. Lui-même était un homme et il se demandait s’il n’allait pas un jour devenir comme lui, vu l’exemple qu’il avait eu. Son père l’avait abandonné jeune et son beau-père était un pervers et un pédophile doublé d’un sérieux psychopathe. Wesley se ressaisit un peu, renifla et essuya ses larmes d’un revers de manche en se rappelant que Robyn n’allait aller nulle part, qu’elle l’écoutait. « Il ne s’arrêtera jamais. Depuis mes huit ans, il… j’aurais du y mettre fin depuis des années, par n’importe quel moyen. Mais j’ai jamais réussi… il me glace le sang. » continua-t-il d’avouer avec difficulté. Il ne parlait que de lui et espérait ne pas en faire trop. Robyn avait sûrement une vie toute aussi difficile que lui, il avait vu ses cicatrices encore fraîches. Elle devait le comprendre. « J’en peux plus Robyn… j’en peux plus. J’vais finir par faire une connerie… sur lui… ou sur moi. » Elle devait être la seule à pouvoir réellement le comprendre. Elle ne le jugerait pas. Il lui avait déjà montré son arme. Cette arme qui lui donnait du courage parce qu’il se disait que s’il en avait vraiment besoin, il s’en servirait un jour. Contre lui ou contre un autre.

Wesley avait tellement confiance en Robyn qu’il lui faisait de plus en plus de révélations sur sa vie. Tout en s’asseyant contre le mur à nouveau, le Gryffondor ne put retenir quelques larmes. Robyn vint le rejoindre et s’assit à ses côtés. Elle était toujours là, malgré tout ce qu’il avait pu lui dire. Elle le regarde, muette, réalisant qu’il avait une vie de merde. Il la sentait pourtant toujours la même. Elle n’avait pas changé de comportement envers lui, pas pour le moment. Il lui en dit toujours un peu plus sur son beau-père, sur ce qu’il lui faisait, depuis quand il le faisait, quel genre de personne il était. Wesley sentit que Robyn n’était pas très à l’aise à côté de lui et il ne lui en voulait pas. Ce n’était pas un sujet facile à aborder ni à comprendre et encore moins à accepter. Wesley était au bout du rouleau. Il révéla à Robyn qu’il avait peur de faire une bêtise, sur lui ou sur son beau-père. Le blond avait ces pensées en tête depuis des années mais plus le temps passait et plus elles étaient fortes. Puis il ne dit plus rien, le silence s’installa. Il séchait ses larmes. Délicatement, Robyn prit les mains de Wesley dans les siennes et releva ses manches. Elle déposa quelques baisers sur ses cicatrices, ce qui le fit frémir. Il ne s’y attendait pas et il n’était pas choqué par ce geste. Il se sentait juste un peu plus proche d’elle comme ça. Quand leurs regards se croisèrent à nouveau, elle lui offrit un sourire compatissant, presque rassurant. « Tu ne te feras rien, il ne te fera plus rien. Je suis là. » dit-elle à Wesley. Il avait du mal à imaginer que Robyn puisse faire quelque chose contre son beau-père, mais cette simple affirmation lui fit du bien. Robyn était là, elle savait, elle ne le laisserait pas. « Tu n'auras plus besoin d'y retourner. » Cette phrase lui fit du bien. Wesley ne voulait plus y retourner mais il n’avait nulle part où aller. Sa propre mère l’avait trahi. A présent, il la détestait. Il détestait plutôt sa naïveté et sa docilité face à ce monstre, mais il aimait sa mère. La déception l’emportait simplement sur l’amour qu’il lui portait et à présent, il ne tenait plus vraiment à elle non plus. Elle avait fait mauvais choix sur mauvais choix.

Les mains de Robyn quittèrent celles de Wesley pour se poser sur les joues du Gryffondor, se rapprochant de lui. Elle se penche vers son oreille et embrasse son cou. « Je t'aiderai à le tuer. » murmura-t-elle à l’oreille du garçon. Wesley mit un petit instant à réaliser ce qu’elle venait de dire, mais quand il le fit, il s’éloigna un peu pour embrasser les lèvres de Robyn. Ses paroles étaient peut-être déplacées et dangereuses à dire, mais il trouva le geste merveilleux. Elle était prête à aller jusque là pour lui, pour le protéger, c’était ce que ça voulait dire. Et il lui en était très reconnaissant. Plus les minutes passait et plus il tombait amoureux d’elle. Jamais il n’avait ouvert son cœur aussi vite et jamais il n’avait eu ce que l’on pouvait appeler dans ce cas là un coup de foudre. « Tu n’auras pas à le faire, mais je te promets que je ne remettrais plus les pieds là-bas. » Il n’avait nulle part où aller, il n’avait pas beaucoup d’argent, mais il savait que dans le monde magique, son moldu de beau-père ne le trouverait pas. En plus, il pouvait s’il le voulait utiliser la magie contre lui. Wesley espérait que Robyn ne rencontre jamais cet homme. Et un jour, Wesley irait se venger, seul. Parce que cet homme méritait de souffrir, parce qu’il ne pouvait pas trouver d’autres victimes que Wesley, parce qu’il avait même peut-être déjà d’autres victimes. « Je me sens beaucoup plus courageux avec toi à mes côtés. » Ce qui était quand même un comble pour un Gryffondor de se sentir seulement courageux à côté d’une jeune fille aussi menue que Robyn. Si un jour Wesley venait à disparaître, Robyn s’inquiéterait pour lui et viendrait le trouver, il en était persuadé.

« Sur une note un peu plus joyeuse… est-ce que tu as quelqu’un pour t’accompagner au bal de noël ? J’sais pas si tu aimes danser ou si tu veux être vu en ma compagnie, mais ça me ferait très plaisir d’y aller avec toi. » Changement royal de conversation. Et puis Wesley n’avait personne pour l’y accompagner alors s’il n’y avait pas eu Robyn, il ne l’aurait jamais proposé à aucune autre fille et il aurait peut-être fini par ne pas y aller. Un nouveau sourire s’étira sur les lèvres de Wesley, enfin, alors que ses joues continuaient de sécher les dernières larmes.