Amadeus était assez perturbé ces dernières semaines. Les derniers évènements l’avaient marqués. Il y avait tout d’abord eu la mission de l’ombre le soir d’Halloween où il avait du s’en prendre à Hope. Il avait vite réalisé qu’il tenait beaucoup plus à elle qu’il ne le pensait. Il n’avait pas voulu lui faire du mal, mais il l’avait confronté à sa pire phobie, la noyade. Il était le seul responsable de ce traumatisme pour la Gryffondor et elle ne savait pas ce qu’il avait fait. Depuis, il ne l’avait pas recroisé, ou plutôt il avait essayé de ne pas la croiser. Il ne savait pas ce qu’il lui dirait s’il se retrouvait en face d’elle, sans son masque. Il se sentait responsable, coupable. Ce n’était pas dans ses habitudes de s’en vouloir, de regretter quelque chose. Mais ça le travaillait depuis de longs jours. Et puis il y avait aussi Zane. Il ne savait pas comment se comporter avec son propre frère. Zane était tombé amoureux d’Adélaïde, la petite protégée d’Amadeus malgré son appartenance aux Weasley. Amadeus aimait bien Adélaïde, mais ce n’était pas le cas de Wilhemina et encore moins de leur père quand il apprit pendant les vacances de la Toussaint qu’il sortait avec elle. Zane avait décidé de fuguer chez elle. Amadeus lui en avait beaucoup voulu et depuis ce jour là, il y avait comme un froid entre eux. Ils se parlaient beaucoup moins qu’avant. Amadeus ne comprenait pas pourquoi Zane était parti, pourquoi il s’était comporté comme un lâche. Son frère ne devait pas être un lâche. Voilà, ces dernières semaines n’avaient pas été de tout repos pour l’aîné des Goyle. Il pensait à beaucoup de choses. Poudlard n’était pas de tout repos, sans parler du jour où Noralie lui avait fait croire qu’il était le père du gosse qu’elle attendait ou de sa relation plutôt atypique avec le professeur de métamorphose. Il avait beaucoup de mal à avoir un peu de temps pour lui entre les révisions, les devoirs, les cours, les filles et les entraînements de Quidditch, les moments passés avec ses amis. Il n’y avait que le soir, une fois la nuit tombée, qu’il pouvait réfléchir tranquillement dans son lit. Mais pour une fois, en cet après midi d’automne, Amadeus avait du temps libre. Ça n’était pas arrivé depuis plusieurs semaines car il trouvait toujours quelque chose à faire mais cette fois-ci, c’était bien le cas. Il décida alors d’employer ce temps intelligemment et d’écrire une lettre à ses parents pour qu’ils reconsidèrent leur position par rapport à leur fils cadet, Zane. La fugue de Zane était une faute grave et il risquait d’être rayé à jamais de l’héritage de ses parents. Amadeus ne souhaitait pas ça pour son petit frère. Il voulait arranger un peu les choses. Il voulait une famille parfaite. Pour le moment, il était très loin de l’avoir.

Après avoir écrit sa lettre, il sortit de la salle commune des Serpentards pour se rendre à la volière où il prendrait la chouette familiale pour envoyer cette stupide enveloppe à ses parents. Il marcha lentement dans les couloirs, puis accéléra le pas. Il ne voulait pas qu’on l’arrête, qu’on entame une discussion avec lui. Il n’était pas d’humeur à parler. Il voulait tout exploser sur son chemin. Soudain, il se sentait en colère. En colère contre tout le monde, contre lui-même, contre l’ombre, contre ses parents, contre ses valeurs. Il était perdu mais jamais il n’en parlerait car il avait honte. Amadeus était un jeune homme fort et sûr de lui. C’était ce que tout le monde voyait de lui, il n’avait pas à avoir de regrets, d’hésitations ou de peurs. C’était un Goyle, il n’avait pas de faiblesses. Or c’était faux, tout le monde a des faiblesses, Amadeus y compris. Heureusement, personne ne lui adressa la parole sur son chemin pour aller à la volière et il ne croisa personne jusqu’à son arrivée là bas. Quand il gravit les dernières marches, il vit qu’il n’était pas seul et il faillit faire demi-tour. Mais quand la personne se retourna, il vit que c’était seulement Ashara et il se détendit. Ashara faisait partie des personnes qu’il tolérait peu importe le moment et ces personnes étaient rares. Sa colère retomba pour le moment. Il n’allait pas s’en prendre à Ashara. Il entra dans la volière et s’approcha d’elle. Il était toujours un peu en colère contre elle pour avoir accepté d’être fiancée, mais ils s’étaient réconciliés sur l’oreiller lors de leur dernière escapade à Pré-au-Lard. D’ailleurs, depuis les derniers évènements, les sorties là-bas étaient interdites. Ils ne pourraient donc plus se retrouver chez l’un ou chez l’autre comme ils le faisaient avant. Il s’approcha, toujours un peu plus, et la prit dans ses bras, sans rien dire. Il avait juste besoin de ce petit moment de réconfort, il préférait ne pas mettre de mots sur cet instant. Il se laissa aller et ferma les yeux pour en profiter. Ashara le connaissait depuis tellement longtemps qu’il n’avait pas honte de ce moment de faiblesse. Elle en avait vu d’autres, même s’ils étaient rares. Et puis ce n’était pas des larmes, loin de là. Ce n’était qu’une simple étreinte, un simple silence qui en disait beaucoup après ces dernières semaines.

« Comment tu vas, ma belle Ashara ? » demanda Amadeus à son amie en mettant fin à l’étreinte qui les liait. Il avait l’impression qu’ils ne s’étaient pas vus depuis longtemps et c’était à peu près le cas. Des semaines qui lui parurent une éternité. Il ignorait ce qui s’était passé pour elle la nuit d’Halloween, si elle était au courant pour lui ou pour Zane, si elle savait pour Hope. Il glissa sa lettre dans sa poche arrière, il aurait du temps pour l’envoyer plus tard. « Des nouvelles de ton… fiancé ? » demanda-t-il avec prudence. Qu’est-ce qu’il détestait ce mot. Fiancé. La dernière fois, Ashara lui avait assuré qu’elle ignorait à qui elle était promise mais depuis, elle avait peut-être appris l’identité de celui qui le remplaçait lui. Peut-être même qu’elle l’avait rencontré. Il allait devoir s’y faire parce qu’il refusait de perdre contact avec elle. Il tenait beaucoup à elle. Il la connaissait depuis tellement longtemps. Elle était un peu une valeur sûre à laquelle il pouvait se raccrocher. S’il se renseignait même sur le fiancé d’Ashara dont il ne voulait absolument pas entendre parler auparavant, c’était le signe qu’il n’était vraiment pas dans son état normal. Amadeus s’éloigna un peu et alla s’asseoir sur le rebord d’une fenêtre en ayant vérifié que c’était propre avant. Il sortit de sa deuxième poche un paquet de cigarette et en alluma une. Ces dernières semaines, sa consommation de tabac avait pas mal augmentée. C’était mauvais pour sa santé, mais ça lui était égal. Il soupira en constatant que son paquet était déjà quasiment vide.

Enlacer Ashara dans ses bras fit beaucoup de bien à Amadeus. Il resta quelques instants collé contre elle, dans la chaleur de son étreinte. Ashara était son amie depuis longtemps et s’il y avait bien une personne qui pouvait lui remonter le moral en ces temps, c’était bien elle. Ashara connaissait Amadeus mieux que la plupart des élèves de Poudlard. Il rompit toutefois le contact quelques instants plus tard et prit la parole pour ne pas qu’Ashara lui pose de questions. Il n’était pas encore prêt à parler de ce qui le dérangeait, de ce qu’il avait fait à Hope tout en sachant qu’il n’avait pas envie de le faire. Le brun demanda à Ashara comment elle allait. Il espérait que tout allait mieux pour elle que pour lui. Mais elle avait l’air d’aller bien ces derniers temps. Ce qu’elle confirma. « Je respire, je mange et je marche. C'est que ça peut aller. » répondit-elle alors doucement. Amadeus eut un léger sourire. Il était rassuré de l’entendre de ses lèvres. D’un autre côté, il se disait que lui aussi respirait, mangeait et marchait et qu’il dramatisait peut-être un peu tout ce qui s’était passé. A part ses regrets, tout allait bien pour lui. Il n’avait pas été blessé. Il avait seulement fait du mal à Hope, non seulement physiquement en essayant de la noyer, mais aussi et surtout mentalement. Puis Amadeus secoua la tête et pensa à autre chose. Il fallait qu’il continue la conversation. Et le sujet qui lui vint en tête fut le fiancé d’Ashara. Amadeus n’aimait pas qu’elle ait un fiancé et qu’il ne sache pas qui il était alors il lui demanda si elle avait des nouvelles de lui. Mais ils savaient tous les deux qu’il ne fallait pas vraiment s’aventurer sur ce terrain là. « Un peu, si on peut dire ça. On m'a dit qu'il était joli garçon, de ta maison et de notre âge. » Les sourcils d’Amadeus se froncèrent. Il ne s’attendait pas à ce que la belle Ashara lui dise qu’elle allait épouser l’un de ses camarades de dortoir. Il valait mieux qu’il ne réfléchisse pas trop et qu’il n’essaie pas de deviner avec lequel d’entre eux Ashara finirait ses jours. Amadeus n’aimait pas l’idée de devoir céder la jeune fille à un autre, même s’il savait que cela arriverait car elle ne lui appartenait pas. Il emplit alors longuement ses poumons de nicotine à l’aide de la cigarette qu’il venait d’allumer. Mais quand Ashara lui prit la main, il arrêta de penser à tout ça. « Mais toi, ça n'a pas l'air d'aller. Depuis les évènements d'Halloween, tu n'as plus l'air d'être le même, pourtant, tu n'as pas été attaqué. » dit-elle calmement. Amadeus voulait éviter cette conversation, mais en même temps il voulait en parler. Ashara était sa meilleure amie, elle devrait le comprendre. Amadeus n’était plus vraiment celui qu’il était depuis les évènements d’Halloween et tout le monde l’avait remarqué, surtout les élèves de son année comme Ashara. Amadeus n’était plus aussi présent qu’avant. Il aurait aimé qu’il n’y ait pas autant de secrets, qu’il puisse parler librement de l’Ombre et de sa mission. Mais Ashara n’avait jamais évoqué l’Ombre et Amadeus était certain qu’elle lui en aurait parlé si elle avait décidé de les rejoindre. Toutefois il ne la voyait pas dans ce genre de groupe, elle était bien trop indépendante pour ça. Amadeus referma sa main autour de celle d’Ashara. Elle devait se demander ce qui s’était passé pour lui, mais elle ne lui demandait pas directement. Elle avait peut-être peur de sa réaction. « On a tous des moments de faiblesse, non ? » dit calmement le brun tout en jetant d’un geste violent son mégot de cigarette à peine consumé par la fenêtre. Dans le cas d’Amadeus, son moment de faiblesse durait déjà depuis des jours, voir des semaines. Jamais Amadeus en tant normal n’aurait avoué ou insinué qu’il aurait pu être faible d’une quelconque façon. Il avait d’ailleurs un peu honte d’être comme ça devant Ashara, elle qui le voyait fort et solide. Mais elle était aussi celle qui avait du le plus le voir dans ces moments là, bien rares dans son existence.

« J’ai participé aux évènements d’Halloween. » confirma Amadeus à la Serdaigle. Il avait clairement senti qu’elle se posait la question. Son ton n’était pas fier comme il aurait du l’être, lui qui attendait tellement de ce nouveau groupe, lui qui pensait partager leurs valeurs anti-moldues. Son ton était au contraire plein de déception et peut-être même un peu de honte. Pourtant, du point de vue de l’Ombre, la mission avait été un succès. Pour Amadeus, c’était tout le contraire. « Je croyais vouloir appartenir à ce groupe, mais je n’en suis plus si sûr. On avait une mission à réaliser avant d’y être accepté. » Il parlait de tout à Ashara sans retenue. Il savait qu’il pouvait lui faire confiance, elle ne le trahirait jamais. Depuis qu’ils se connaissaient, elle ne l’avait jamais déçu, sauf peut-être quand il apprit qu’elle avait accepté de se fiancer. Ça ne lui ressemblait pas, surtout pas à un inconnu. Mais il lui avait pardonné parce qu’il tenait à elle. Amadeus fixa le mur face à lui. Repenser à cette soirée ne lui plaisait pas. « J’ai accompli ma mission sans même me poser de questions. » Il tourna la tête vers Ashara, un air grave sur le visage. On voyait bien que ça le tourmentait depuis des jours et qu’il avait besoin d’en parler. Mais d’un autre côté, il détestait se sentir si faible. Il était un Goyle et un Goyle était fier, fort et imperturbable. Il s’agita un peu. « Ces missions étaient stupides. Des tests pour voir jusqu’où on était prêt à aller pour l’Ombre. Et on m’a demandé de m’en prendre à… Hope Wells. Et je l’ai fait. Je l’ai plongé en plein cauchemar. Je lui ai fait vivre sa pire phobie. J’ai mis sa vie en danger. Et tout ça pour faire partie d’un stupide groupe. Hope n’a rien à voir avec tout ça. C’est juste qu’ils ont vu que je tenais à elle… » C’est vrai, Hope était une fille de sang-pur, jamais il ne se serait attaqué à elle. En plus, ses parents n’avaient rien à voir dans la guerre qui avait opposé ses propres parents à des gens comme Harry Potter et compagnie. Récemment, Amadeus s’était peut-être montré proche d’Hope. Certes, ils s’étaient embrassés et ils ne s’en étaient pas cachés, mais ça ne voulait rien dire. Seulement, si Amadeus s’en voulait temps, cela voulait dire qu’il tenait plus à Hope qu’il ne le pensait. Hope ignorait pour le moment que c’était lui qui l’avait attaqué et il n’avait pas osé aller lui parler depuis, mais il savait qu’elle avait été sérieusement traumatisée par ce qui lui était arrivé. Elle avait cherché à le contacter, mais il continuait de l’éviter. Il ne pourrait plus la regarder en face sans s’en vouloir. Il ne pouvait pas consoler Hope tout en sachant que la source de ses cauchemars, c’était lui. « Amadeus Goyle fait des erreurs et n’est pas parfait. Mon image doit en prendre un sacré coup. » dit Amadeus à son amie et amante avec un léger sourire, tentant un brin d’humour pour détendre l’atmosphère. Il n’allait quand même pas pleurer, il n’en était pas arrivé à ce point là. Il s’en voulait, mais il finirait par s’en remettre. Peut-être qu’il irait parler à Hope ou qu’il mettrait tout ça derrière lui.

« Quelqu'un qui n'a pas de moments de faiblesse n'est pas un humain, Amadeus. » dit Ashara au brun. Peut-être qu’elle cherchait à le rassurer, qu’avoir des moments de faiblesse n’était pas si honteux. Le Serpentard savait qu’il pouvait se confiance à Ashara. Il lui faisait confiance et il savait qu’elle ne le jugerait pas. Ashara était peut-être l’une des seules personnes à qui il accepterait de dire qu’il était faible. Il ne l’avouerait peut-être même pas à sa propre famille. Zane et Wilhemina avaient besoin d’un modèle. Amadeus se devait d’être irréprochable pour eux. Il devait être leur modèle. Il ignorait s’il était un bon modèle jusque là, mais il faisait de son mieux pour conserver les valeurs inculquées par leurs parents et les transmettre à ces deux là. « Dis-moi tout. » Ashara encourageait Amadeus à parler et à lui dire ce qui s’était passé tout en caressant sa main à l’aide de son pouce. Il réfléchit un instant et se lança. Amadeus parla de se qui s’était passé lors de la soirée d’Halloween. Il n’hésita pas à lui parler des missions qu’ils devaient accomplir. Il avait confiance en elle, il lui confierait même sa propre vie s’il le fallait. Ashara ne le trahirait pas. Il dit qu’il avait accompli sa mission sans réfléchir, ce qui lui ressemblait bien parfois. Amadeus était impulsif, il n’était pas aussi réfléchi qu’Ashara pouvait l’être. Il avait essayé de noyer Hope. Bien sûr, il n’aurait pas été au bout de son geste. Chaque seconde où la Gryffondor avait la tête immergée sous l’eau était un véritable supplice pour lui. Elle se débattait. Elle ne s’était pas laissée faire. Mais la force d’Amadeus n’était plus à refaire. Quand Hope était au bord de la perte de connaissance, on lui dit signe qu’il avait réussi sa mission et il s’était enfuie après l’avoir sortie de l’eau. Depuis, elle devait se poser des milliers de questions. Tout était la faute d’Amadeus ou plutôt de l’Ombre. En fait, la responsabilité était à attribuer aux deux parties. Le brun aurait très bien pu refuser d’exécuter les ordres de l’Ombre. Amadeus ne savait pas vraiment quels étaient ses sentiments pour Hope. Il savait qu’il l’aimait bien, qu’il avait flirté avec elle et que c’était différent des autres filles. Elle était à la fois innocente et interpellante. Il était très intrigué par elle. Mais était-ce plus que ça ? Amadeus ne pouvait pas le confirmer. Il n’avait jamais été amoureux. Il termina en lâchant avec une sorte d’humour que son image avait du en prendre un coup. Dégageant sa main de celle d’Amadeus, elle la posa sur son épaule pour qu’il tourne son regard vers elle, ce qu’il fit. « Ne redis plus jamais que ton image doit en prendre un sacré coup. Il faut que tu te dises que c'est une mésaventure qui te servira de leçon et que tu ne recommenceras pas ce que tu as fais sur une personne à laquelle tu tiens. » lui conseilla Ashara. C’est vrai qu’Amadeus ne devait pas se rabaisser, en essayant de faire de l’humour ou pas. C’était un Goyle après tout, il n’avait pas à avoir honte de ce qu’il était. Comme l’avait si bien dit Ashara, s’il n’avait pas de faiblesses, il ne serait pas humain. Si Amadeus n’avait pas réalisé cette mission, il n’aurait jamais pu être accepté dans l’Ombre. Et si Zane et Wilhemina avaient réussi leurs missions et pas lui ? Il aurait eu honte. Il ignorait ce qui s’était passé pour son frère et sa sœur, à vrai dire. Ils n’en discutaient pas. Amadeus préférait ne pas en parler.

« Je pense que tu devrais aller voir Wells et lui dire que c'est toi. Peut-être qu'elle ne te pardonnera pas, je n'en sais rien, mais au moins, elle ira mieux et saura qui l'a agressé et pourquoi. Elle aura la conscience tranquille, elle n'aura plus à chercher qui a fait ça. Et toi, tu seras débarrassé d'un fardeau, tu vois ? » Les conseils d’Ashara étaient toujours de bons conseils. Amadeus savait déjà qu’il devait aller voir Hope et lui en parler. Mais il était sûr qu’elle ne pourrait pas le pardonner. Il savait qu’elle avait cette phobie et il l’avait quand même fait. Amadeus était terrifié à l’idée qu’elle ne puisse pas le pardonner. Il venait à peine de se rapprocher d’elle et il ne savait pas encore à quel point il tenait à elle. Il détourna le regard d’Ashara en se demandant comment il pourrait trouver le courage pour tout dire à Hope sans la briser. Et si Hope était tombée amoureuse de lui ? Il allait vraiment la décevoir. « Ce n'est pas pour t'insulter, sincèrement, parce que on apprend tous des choses jusqu'à notre mort, mais crois-moi : il est important de dresser une limite pour tout. Dans ton cas, tu aurais dû réfléchir en recevant ta mission et être un homme de valeur, c'est-à-dire ne pas t'en prendre à une personne aimée, appréciée ou estimée. Et ça, même au risque de perdre du crédit auprès de l'Ombre ou d'entacher ta réputation. » ajouta-t-elle avant de s’éloigner un peu et faire quelques pas dans la volière. Amadeus n’aimait pas beaucoup qu’on lui donne des leçons et commença à s’énerver. Mais en réalité, ce n’était pas contre Ashara qu’il était énervé, mais contre lui-même. Toutefois, s’il s’énervait, c’était plutôt bon signe. Ça voulait dire qu’il était toujours lui. Amadeus demeura muet car Ashara avait raison et ça le tuait de l’admettre. Il avait profondément mal agi. « Sous n'importe quelle forme, l'amour rend vulnérable, Ama. Mais il y a des fois où il est préférable d'avoir l'air faible et d'agir avec honneur plutôt qu'avoir l'air puissant et s'en prendre aux plus faibles ou à quelqu'un à qui on tient. La force, c'est la justice. » dit-elle d’une voix très calme, comme à son habitude. Ce qu’elle lui disait ne plaisait pourtant toujours pas à Amadeus, même si elle disait une vérité. Amadeus s’en prenait aux plus faibles, ce n’était pas nouveau. Il l’avait toujours fait et il n’avait jamais eu le moindre remord. Mais avec Hope, ça n’était pas la même chose. « Regarde. Imagine que l'Ombre m'aurait ordonné de te faire du mal, à toi, la personne qui compte le plus pour moi. Tu crois que je l'aurais fais, même pour avoir l'air forte ou être respectée de tous ? » continua Ashara. Si seulement elle pouvait se taire. Elle continuait à lui faire des reproches, chose qu’il ne supportait pas. Amadeus aimait beaucoup Ashara, mais là, c’en était de trop. Peut-être qu’elle tenait beaucoup à lui, comme elle le disait, mais il était assez grand pour prendre ses propres décisions. Elle agissait comme si elle était sa mère. « C’est bon, j’ai compris. Fermes-là ! J’ai mal au crâne. Tu n’as pas à me donner de leçons. » dit Amadeus à Ashara un peu trop brusquement. Il venait se confier à elle et il refusait d’entendre ce qu’elle avait à lui dire, ça n’était pas vraiment juste pour la jeune femme. Le Serpentard se sentait redevenir peu à peu lui-même quand il était en colère.

« Je ne t’aurais jamais fait du mal à toi… ni à Zane ou à Wilhemina, c’est évident. Vous êtes ma famille, on se connait depuis toujours. Mais là… là c’était différent. Hope, c’est pas ma famille, tu vois. J’sais même pas ce qu’elle est pour moi. » Amadeus commençait à peine à s’attacher à Hope et déjà il avait tout gâché. Ce n’était pas une question de pouvoir ou de réputation, ou peut-être que ça l’était. Pourquoi avait-il accepté de s’attaquer à Hope ? Il n’y gagnait absolument rien, à part sa place dans l’Ombre. Il ne voulait même plus de cette place. Ashara avait raison : il y avait des limites et il les avait dépassées. Il fallait qu’il prenne du recul, qu’il ne se laisse pas ronger par la culpabilité. C’était fait, c’était trop tard. Il ne pouvait plus revenir en arrière même s’il le souhaitait. Il devrait assumer les conséquences de ses actes. « De toute façon, ça n’a plus d’importance. J’irai lui dire la vérité et elle me détestera. Je l’ai pas croisée depuis… mais elle doit être anéantie. Elle va se sentir trahie. Je l’ai trahie. Je n’aurais que ce que je mérite, je suppose. » Il haussa les épaules. Oui, il fallait qu’il prenne tout ça avec détachement. Il fallait qu’il arrête de s’en vouloir. Ça n’était ni la première fois, ni la dernière fois que quelqu’un allait le détester pour ce qu’il avait fait. Il se trouve qu’il commençait peut-être à avoir des sentiments pour Hope, mais ça n’était pas important. Rien ne l’était. Il avait d’autres problèmes à régler, comme son intégration dans l’Ombre. Amadeus se demandait s’ils avaient d’autres missions de ce genre à lui confier. « Je n’sais pas ce que je lui trouvais. » mentit Amadeus. Hope était de la nouveauté dans sa vie, de l’excitation parce qu’il n’avait jamais vraiment fréquenté une fille comme elle et il voulait savoir ce que ça faisait. Elle était à la fois prude et innocente, mais en réalité elle avait fait le premier pas à plusieurs reprises. Et c’était elle qui était venue le trouver. Elle n’était pas une Gryffondor pour rien. En plus de cela, elle était de sang-pur. Il avait vu en elle une potentielle future fiancée car le temps passait, malgré tout et il allait devoir recommencer ses recherches à zéro. Il leva à nouveau les yeux vers Ashara. Ce qu’il lui fallait, c’était une jeune femme exactement comme Ashara. « J’ai de la chance de t’avoir pour amie et je me suis peut-être laissé emporté. Tes conseils sont bons, mais ils sonnent un peu trop comme des reproches et tu me connais, je n’aime pas ça. » dit-il tout en se levant et en s’approchant de la Serdaigle. Il fallait au moins qu’il mette les choses au clair. Il aimait beaucoup la voix d’Ashara mais quand c’était pour trop parler, il préférait qu’elle se taise. Amadeus posa ses mains sur les hanches de la demoiselle. « Ma vie serait tellement moins compliqué si je pouvais trouver une fiancé juste comme toi. » avoua Amadeus avant d’attirer la jeune femme vers lui et de l’embrasser. Une légère compensation qui n’était pas déplaisante quand on avait Ashara pour amie et amante à la fois.

Amadeus n’avait pas l’habitude d’être confus avec ses sentiments et quand ça lui arrivait, il détestait ça. Il ne savait pas ce qu’il trouvait à Hope, mais il était attiré par elle. Elle était certes de sang-pur, mais elle n’avait rien d’une princesse. Elle était trop prude pour lui. C’était comme s’ils vivaient dans deux mondes différents et qu’ils avaient été amenés à se rencontrer. Ils avaient découverts que malgré leurs différences, ils pouvaient bien s’entendre. Hope avait été une de ses admiratrices au Quidditch et en osant aller vers Amadeus, elle était devenue un peu plus que ça. Mais puisqu’il avait tout gâché, il valait mieux qu’il ne se torture pas l’esprit et qu’il l’oublie. A la minute où Hope apprendrait qu’Amadeus avait essayé de la noyer, elle le haïrait plus que tout et affreusement blessée, elle refuserait à jamais de le pardonner. Il s’en voulait, il était en colère contre lui-même et il se libéra en s’énervant contre la seule amie à qui il avait accepté d’en parler jusque là : Ashara. Mais finalement, Amadeus finit par s’en vouloir de se défouler sur la Serdaigle. Ashara était toujours là pour lui et il devait mieux lui parler. Il lui dit alors qu’il avait de la chance de l’avoir pour amie et qu’il s’était laissé emporter. « C'est peut-être parce que j'ai raison que mes paroles sonnent comme des reproches, tu ne crois pas ? » ajouta-t-elle alors. Amadeus préféra ne pas répondre, mais il savait qu’elle avait raison. Il refusait simplement toujours de l’admettre. Il avait mal agi pendant la soirée d’Halloween et il le savait. Mais admettre qu’il avait fait une erreur, c’était plus fort que lui. Il ne le pouvait pas. Le ton d’Ashara était tellement doux qu’il ne pouvait pas lui en vouloir ou s’énerver à nouveau. Elle savait s’y prendre avec lui, elle le connaissait très bien. Il ne savait pas s’il aurait voulu être traité un peu plus durement, il avait l’impression d’entendre les conseils de sa mère. Mais Ashara ne voulait qu’aider le Serpentard et il le savait. Non, il ne pouvait pas en vouloir à la belle Selwyn-Velaryon. Amadeus s’approcha d’Ashara et lui dit que sa vie serait bien moins compliquée s’il pouvait trouver une fiancée juste comme elle et l’embrassa. La belle Serdaigle répondit au baiser avec ferveur. C’est presque à contrecœur qu’Amadeus vit Ashara s’éloigner et reculer d’un pas. Il ne savait pas pourquoi elle mettait fin à leur étreinte. « Alors, pourquoi chercher plus loin ? Choisis-moi. » dit-elle en le regardant droit dans les yeux, utilisant un ton des plus sérieux. Il resta muet devant ses paroles, il ne s’attendait pas du tout à ce qu’elle lui réponde ça, mais vraiment pas du tout. Il semblait tomber de haut. Amadeus se demanda si elle n’était pas en train de plaisanter, mais cela ne lui ressemblait pas. Il mentirait s’il disait qu’il n’avait jamais envisagé un jour d’épouser Ashara. Ils se connaissaient depuis tous petits et ils avaient toujours été très proches. Ils avaient failli être promis l’un à l’autre, si le grand-père d’Ashara ne s’en était pas mêlé. Mais depuis, les choses avaient changées. Le Serpentard s’était beaucoup attaché à la fille Selwyn-Velaryon et pour rien au monde il ne compromettrait cette amitié. Il savait qu’avec les sentiments et les promesses venaient toujours les disputes et les trahisons. Il ne voulait pas de tout ça avec Ashara. Il voulait conserver leur relation telle qu’elle était, même s’il savait que c’était impossible.

D’ailleurs, Ashara semblait oublier qu’elle était elle-même déjà promise à quelqu’un d’autre, un garçon de Serpentard, de même année qu’eux, probablement d’un rang supérieur. Amadeus pouvait déjà faire quelques suppositions. Ashara voulait probablement d’Amadeus en tant que fiancé car tout serait plus facile avec lui, bien plus facile que se retrouver du jour au lendemain dans le lit d’un parfait inconnu ou peut-être même d’un élève qu’elle méprisait. Mais si on lui avait choisi un fiancé, c’était que c’était quelqu’un de bien pour elle. Elle finirait par l’apprécier, Amadeus par l’accepter. Lui aussi pourrait tomber amoureux de son côté. Cela ne voulait pas dire qu’Ashara et Amadeus arrêteraient d’être amis. Ils étaient faits pour s’entendre, pour être amis de long terme, pendant encore de nombreuses années. « Tu ne regretteras pas. Moi, c'est avec toi que je veux être. » continua-t-elle, sans hésitation. Amadeus en resta d’autant plus estomaqué, mais tenta de masquer sa réaction en restant neutre. La relation qu’il entretenait avec Ashara jusque là était tellement simple que si elle devait prendre une autre tournure à ce jour, il n’était pas sûr de le vouloir. Ils avaient été la première fois l’un de l’autre et c’était déjà une belle chose qu’ils soient toujours aussi proches. Ashara ne savait pas ce qu’elle racontait. Il refusait de voir qu’en réalité, Ashara avait toujours beaucoup plus tenu à Amadeus qu’il n’avait tenu à elle. Bien sûr, Amadeus tenait beaucoup à Ashara, il la considérait à ce jour comme sa meilleure amie, son amie d’enfance et une amante formidable. Mais il n’avait jamais réellement envisagé de finir sa vie à ses côtés, en tant que mari.

« Ashara… tu n’es pas sérieuse. Tu dis ça parce que tu as peur de te retrouver avec ton fiancé. Crois-moi, je serais le premier à l’étrangler de mes propres mains s’il te fait du mal. » Parler du fiancé d’Ashara, c’était ce qu’il fallait faire. Elle savait très bien qu’Amadeus avait très mal pris l’annonce de ces fiançailles et qu’il ne supportait pas l’idée qu’un autre que lui la touche, mais lui savait qu’elle n’était pas un objet qu’il possédait et qu’il allait devoir s’y faire. Amadeus avait tendance à être beaucoup trop possessif et il en était conscient. Ashara craignait de se fiancer à cet inconnu, c’était la seule raison qu’Amadeus arrivait à accepter pour le moment. Mais il n’était pas idiot, il sentait bien que quelque chose lui échappait, qu’il se refusait de voir la vérité. Il ne voulait pas blesser Ashara, mais il ne se voyait pas l’épouser pour lui faire plaisir. Il était déjà assez perdu dans ses sentiments envers Hope pour le moment et tant qu’il ne lui avait pas dit ce qu’il avait fait, il ne pourrait pas tourner la page. Amadeus fit quelques pas et se retrouva derrière Ashara. Il entoura ses bras autour des siens. Parce que ne pas la regarder était tellement plus facile. « Tu épouseras cet homme choisi pour toi, tu apprendras à le connaître, aussi bien mentalement qu’intimement, il t’offrira tout ce que tu désires, vous aurez de beaux enfants… » dit Amadeus calmement en essayant de rassurer Ashara. Si elle brisait cet engagement avec sa famille, elle allait se les mettre à dos et il savait à quel point elle était proche de sa famille, elle ne pouvait pas leur faire ça. Le fiancé choisi pour Ashara serait un homme bien, Amadeus devait faire confiance aux parents et grand-père de la Serdaigle pour choisir quelqu’un de bien pour leur fille et petite-fille. « Et toi et moi, on restera des amis proches. Tu pourras toujours compter sur moi. On ne sera plus amants, mais on en ressentira pas le besoin parce qu’on aura tous les deux une famille, quelqu’un à aimer, des enfants à éduquer. » Amadeus essayait de donner à Ashara une belle image du futur, puisque c’était probablement ce qui allait arriver. Si Amadeus ne trouvait pas de jeune femme à qui se fiancer, alors son père choisirait pour lui et il ne s’y opposerait pas, comme convenu entre eux. Ashara quant à elle avait déjà accepté ses fiançailles et si elle s’y opposait maintenant, par peur ou pour une toute autre raison, son grand-père allait la renier, ainsi que sa famille. Elle n’y survivrait probablement pas. Elle ne devait pas se rendre compte de tout ça. Amadeus la pensait pourtant réfléchie, il ne pensait pas qu’un jour elle en arriverait à lui proposer une chose si… folle.

Amadeus refusait de voir la réalité en face. Ashara était amoureuse de lui. Il s’en était toujours un peu douté mais ne s’était jamais posé de questions à ce sujet. Pour lui, la relation qu’il avait avec Ashara était parfaite et il pensait que la jeune femme en était satisfaite. La réalité semblait être toute autre. Ashara n’était en rien satisfaite de cette relation et elle en souffrait. A présent, Amadeus pouvait le voir. On lui avait toujours dit que c’était mauvais de trop de rapprocher d’une fille avec qui l’on avait des relations charnelles ou qu’il ne fallait pas mélanger plaisir et amitié. Mais Amadeus n’en avait toujours fait qu’à sa tête en brisant toutes les règles avec son amie Ashara. Ils avaient failli être fiancés, puis tout avait été annulé. Au lieu de s’éloigner, ils s’étaient rapprochés. Au lieu de se contenter de leurs premières fois à l’un et à l’autre, ils avaient continué. A présent, Ashara souhaitait qu’il l’épouse. Il aurait tellement aimé que ce soit une blague. Il aurait voulu qu’elle ne le mette pas face à cet ultimatum. Il aurait voulu ne pas savoir tout ça, qu’elle tombe amoureuse d’un garçon bien, du fiancé qu’on lui avait choisi, qu’elle ait une vie heureuse et harmonieuse. Lui était toujours perdu dans ses propres sentiments entre Hope, la jeune fille innocente qui l’attirait et Dénérys, avec qui il avait eu une relation enflammée mais qui lui avait vite fermé la porte au nez sans aucune explication. Amadeus tenait toujours Ashara dans ses bras, elle dos à lui. Il ne pouvait pas voir comment elle réagissait à ses paroles. Il ne s’attendait pas à une réaction aussi cinglante. « C'est bon, tais-toi ! Tout ce que tu voulais, en fait, c'était que je sois à ta disposition chaque fois que tu aurais besoin de te vider les couilles. » Jamais Amadeus n’avait entendu de mots si vulgaires et un ton si offensant de la part d’Ashara. Par la même occasion, elle se dégagea de ses bras. Amadeus resta relativement choqué et froissé par ces mots d’une vulgarité sans limite. Ces paroles n’allaient pas du tout à la jeune femme qu’il connaissait et respectait. Et lui dire de se taire, à lui ? Même s’il fut révolté à cette idée, il n’ouvrit pas la bouche pour autant. Amadeus ne savait pas si au fond, Ashara avait tord ou raison. Bien sûr qu’elle avait tord, il ne la voyait pas comme ça, mais il commençait à perdre le fil. Et jamais elle ne s’était plainte jusque là de leurs relations physiques. Il n’avait jamais été si vulgaire avec elle, ce qui était peut-être la base du problème. En étant doux avec Ashara, elle était tombée amoureuse de lui. « Je me suis comportée comme une pauvre putain. C'est bien ça : je pensais qu'en couchant avec toi, tu finirais par m'aimer. On rira bien de moi, maintenant. » Amadeus se mordit la lèvre, ignorant comment réagir. C’était la première fois qu’il faisait face à une telle situation. Il détestait ce qu’il entendait parce que des lèvres d’Ashara, il avait l’impression de l’avoir salie, il avait l’impression d’avoir profité d’elle alors qu’elle n’en avait pas envie. Et c’était une chose qu’il ne pouvait pas réparer parce qu’il ne pouvait pas revenir en arrière. Il ne pouvait pas reprendre toutes les fois où ils avaient partagé les mêmes draps. C’était impossible. Mais il pouvait faire une chose : il pouvait y mettre fin. Il pouvait arrêter de la souiller car elle venait de lui avouer qu’elle ne couchait avec lui qu’en espérant qu’il tombe amoureux d’elle. C’était naïf et cela blessait l’égo d’Amadeus. Il n’avait pas profité d’elle, il ne lui avait rien imposé. Si Ashara avait couché avec lui, c’était qu’elle était consentante.

« Je t'aime vraiment. J'te jure que je fais pas semblant… s'il te plaît… » murmura-t-elle, toujours dos à lui. Elle pleurait, il pouvait l’entendre dans ses mots tremblotants. Elle pouvait essayer de le lui cacher, mais il l’avait deviné. Il passa sa main sur sa barbe en se demandant dans quelle situation il avait bien pu se fourrer au fil des années sans jamais n’avoir rien vu venir. Comment pouvait-elle espérer obtenir une réponse si rapidement en le mettant au pied du mur ? Il n’avait jamais envisagé – réellement – d’épouser la jeune femme. Certes, l’idée lui avait traversé l’esprit et elle était plaisante, mais il ne s’était jamais dit qu’elle était la femme de sa vie. Il n’avait pas l’impression d’être amoureux d’elle. Il tenait beaucoup à elle parce qu’elle était son ami d’enfance et il l’avait toujours couvé comme il l’aurait fait avec sa sœur si elle n’était pas si énervante. Mais l’aimer, l’épouser, faire des enfants avec Ashara, c’était encore au-delà de sa vision de sa vie future. La voix d’Amadeus finit finalement par briser le silence. « Je ne sais vraiment pas quoi te dire. Je ne veux pas te blesser, mais le mal est déjà fait depuis bien longtemps. J’ai merdé. J’aurais du m’en rendre compte. » dit-il. Le brun aurait peut-être du se taire et s’en aller, sans rien dire. Amadeus aurait peut-être du partir comme un lâche et au moins, sa réponse aurait été claire. Il brisait là tous les derniers espoirs que pouvait avoir la Serdaigle en enfonçant encore plus le couteau dans la plaie. Et pourtant, il n’arrivait pas à partir, pas sans rien ajouter. Il avait un arrière goût d’amertume trop profond pour ne pas le partager. Il était très partagé entre s’excuser et quitter Ashara sans trop la blesser ou au contraire la blesser encore plus pour qu’elle le déteste à jamais. « C’est fini, alors… notre amitié. Ça s’ra plus jamais pareil. J’suis désolé Ashara. Tu m’en demandes trop. J’suis pas… pas en état de réfléchir alors j’préfère tout arrêter. Tu mérites un gars bien… » Il racontait presque n’importe quoi, mais il était assez perdu. Amadeus eut l’impression de tout rater dans sa vie, à ce moment là. Perdre Ashara était l’une des pires choses qui pouvait lui arriver, mais espérer pouvoir rester ami avec elle après ça était inconscient. Il ne pouvait pas retourner ses sentiments, il ne pouvait pas non plus l’épouser juste pour lui faire plaisir tout en ignorant s’il était amoureux d’Hope ou de Dénérys. « Et j’suis pas un gars bien… j’aurais mille et une façons de te le prouver et ça ne ferait que te blesser encore plus. » Il la voyait déjà venir, il la voyait déjà lui dire qu’il était un gars bien ou qu’elle se fichait qu’il n’en soit pas un. Mais pour lui, ça comptait car il voulait ce qu’il y avait de mieux pour sa meilleure amie. Il n’y avait qu’à voir comment Amadeus traitait les femmes en ayant des relations avec plusieurs d’entre elles sans qu’elles ne soient forcément au courant. Certaines savaient qu’il n’était pas exclusif et s’en fichaient et d’autres ne savaient pas. Il ignorait si Ashara avait été naïve au point de croire qu’il n’y avait eu qu’elle tout comme il était sûr qu’il n’avait pas été le seul pour elle. Il ne savait même pas s’il pouvait être fidèle à une seule car il n’avait jamais eu de petite amie à long terme. En plus, Amadeus était d’une jalousie et d’une possessivité presque maladive. Ses poumons étaient probablement si encrassés de nicotine qu’il ne vivrait pas très vieux. Non, il n’était pas celui qui devrait passer le reste de ses jours auprès d’Ashara. « Prends soin de toi. » dit-il avant de se retourner et de faire quelques pas vers la sortie. Il s’arrêta un instant, sans se retourner, et reprit sa route. Il ne fallait plus qu’il hésite. Ashara et Amadeus, ça n’existait plus.