Les distorsions de la musique lui vrillaient la tête et elle avait l’impression que le son rebondissait contre les murs de salle commune, encore et encore, se répercutant avec une force incroyable et venant à chaque fois la frapper de plein fouet. D’ordinaire elle aimait ça, elle cherchait ce genre de sensation, cet oubli immuable qu’apportaient le bruit d’une fête combiné à la puissance d’une foule suant en rythme sur un même ensemble de basse trop grave et de beat trop rapide. D’ordinaire, elle appréciait chaque seconde et adorait s’écrouler dans son lit en sentant encore sa peau vibrer sous l’effet combiné de l’alcool et de l’adrénaline, sous cette impression de jeunesse et d’immortalité. Ce soir cependant, elle avait trop bu et elle se sentait désagréablement vaseuse. Son cœur ne semblait plus apte à tenir la distance et chaque vague de dubstep se fracassant contre son crane ressemblait à une agression à peine déguisée.

Alesya avait besoin d’air et elle jouerait des coudes pour en obtenir.

Titubante, elle poussa hors de son passage un ridicule petit couple de 4ème années qui avaient l’air plus que déterminés à s’étouffer mutuellement à coup de baisers immondes. Elle ignora la plainte qui suivi, se frayant un passage jusqu’à la porte et attrapant finalement la poignée. Rapide sans trop savoir comment elle parvenait à tenir debout, elle ouvrit le large pan de bois qui dissimulait la salle commune des Serpentards et se retrouva en dehors de la fête, refermant rapidement pour que le son ne se propage pas en dehors et n’aille pas alerter un concierge aigri rendu vindicatif par l’heure tardive. Du haut de sa 6ème année, la jeune Lestrange savait qu’on la chercherait surement mais elle n’en avait rien à foutre. Elle avait besoin de sortir, elle avait besoin de se défouler les jambes avant de devenir totalement folle, oppressée par la promiscuité avec ses camarades. Il faisait presque froid, ici, en comparaison à l’intérieur de la salle. C’en était déroutant, assez pour qu’elle ai besoin de se tenir au mur le temps de s’adapter. Comment faisaient-ils pour supporter tout ça ? Elle n’était pas d’humeur, pas en état de se forcer, l’estomac au bord des lèvres n’aidant en rien….

Elle releva la tête et réalisa rapidement qu’elle n’était pas la seule à avoir besoin de sortir. Une silhouette, dans l’ombre, s’éloignait doucement et lorsque le jeune homme tourna à gauche, elle ne put retenir un sourire amusé. Amadeus venait d’emprunter les escaliers menant au Grand Hall et remontait à la surface. Elle hésita, l’espace d’une seconde, se demandant si elle devait en profiter et le suivre ou bien lui foutre la paix. Après tout, peut-être avait-il autre chose à faire… Et puis quoi encore ? Alesya Lestrange ne prenait pas de gant, elle imposait sans tact, qu’il s’agisse de sa présence ou de sa volonté. La seule question qui se posait réellement à cet instant présent, c’était de savoir si oui ou non elle possédait les capacités physiques pour le suivre.

Elle tenta, se décollant du mur et s’élançant dans le couloir.

Alesya appréciait Amadeus. C’était un Goyle, il venait d’une bonne famille et outre le fait qu’il s’agissait là d’un Serpentard exemplaire, elle aimait son attitude. En fait, elle aurait aimé l’avoir dans ses amis et peu de gens étaient à même de saisir la nuance car beaucoup les pensaient proches. Elle savait bien, pourtant, qu’il ne trainait autours d’elle que par loyauté à Rohàn, pour la protéger, pour la couver lorsqu’il n’était pas là. Et pour ça, pour cette simple raison, Alesya aurait pu lancer un Armageddon dans le château. Elle n’était pas une ridicule poupée fragile et sans volonté qu’il fallait surveiller, elle refusait d’être réduite à ça, aussi faisait-elle tout pour faire rager son frère adoré. Il lui collait un bouledogue dans les pattes, soit, elle irait s’arranger pour draguer le dit bouledogue et le mettre dans une situation gênante. Après tout, Rohàn et Amadeus étaient si proches, l’ainé des enfants Lestrange partirait surement en vrille d’apprendre que son meilleur ami fricotait avec sa précieuse cadette.

Elle réalisa qu’elle marchait sans trop de soucis et se retrouva bientôt à sa suite. Il avançait vite, cependant et il était plus grand qu’elle. L’alcool n’aidait pas vraiment la petite brune aussi prit-il un peu d’avance et elle comprit qu’il se rendait au Terrain de Quidditch. Définitivement, il avait besoin d’air. Elle esquissa un sourire, croisa les bras autours de son buste, baissa la tête et accéléra le pas, se sentant tellement ailleurs à cause de la musique et de tout ce qu’elle avait pu boire… Sa composition était bonne mais ce soir, ça ne passait pas. Elle ne regrettait pas d’avoir laissé cette beuverie derrière elle.

Bientôt, les gradins du Terrain se dessinèrent et elle se retrouva dans l’enceinte, cherchant le jeune homme des yeux. Les dernières dose d’alcool qu’elle avait pu s’infliger durent frapper à cet instant car elle se retrouva à tourner sur elle-même, ses chaussures froissant le gazon soigné alors qu’un éclat de rire passait ses lèvres. Elle ne dit rien cependant, attendant de le trouver pour s’en approcher, se sentant particulièrement électrique, prête à faire n’importe quoi. C’était surement là qu’elle était la plus à craindre, quand bien même elle n’était pas armée….

Il ne fallut pas longtemps à Amadeus pour se montrer et bientôt, elle sentit les mains du jeune homme qui cherchaient à l’arrêter dans sa course folle. Il dû recommencer plusieurs fois car la petite brune n’était clairement pas décidée à cesser de tournoyer, mais finalement, plus grand et plus fort, il parvint à la stopper et à la planter devant lui, comme on arrête un gamin pour lui faire la morale. Alesya fronça les sourcils, vexée par cette idée. Elle n’était pas une gosse, il fallait qu’ils le réalisent, tous autant qu’ils étaient… « Alesya ? Qu’est-ce que tu fais là ? Retournes à la fête, il fait froid » . Bingo. La voix du Serpentard confirma ce qu’elle pensait depuis un moment. Pour eux, elle n’était qu’une enfant, une petite fille dont il fallait prévoir les bêtises afin d’assurer la sécurité. Elle n’était pas froid et elle avait encore moins l’intention de rentrer, alors pourquoi la couvait-il ainsi, c’était blessant. Elle voulut balancer un commentaire un peu sarcastique mais l’alcool rendait sa prononciation vaseuse et avant qu’elle n’ai pu former une phrase décente, le descendant Goyle avait enchainé : « Si c’est Rohàn que tu cherches, il est toujours dans la salle commune » et la petite brune fronça les sourcils. Non, elle ne cherchait pas son frère, elle ne le cherchait plus depuis qu’il l’avait lâchement abandonné au profit d’une pimbêche sans saveur, elle ne voulait plus rien avoir à faire avec Rohàn, pas tant qu’il était fiancé à pareille idiote. A nouveau, elle voulut protester, s’offusquer, lancer que non, ce n’était pas pour Rohàn qu’elle était là, mais elle ne parvint pas à parler clairement, l’alcool bloquant sa langue d’une étrange façon. Aussi resta-t-elle là un moment, plantée devant lui alors qu’il allumait une cigarette. Elle le fixa longuement, jusqu’à ce qu’il enchaine, l’encourageant à remonter : « Tu m’entends ? C’est par là ».

Il n’en fallut pas plus pour agacer la jeune Vert et Argent. Combien de temps allait-il encore la couver comme ça ? Combien de temps allait-il écouter les consignes de Rohàn et la protéger comme un garde du corps attribué ? Ne réalisait-il pas à quel point l’ainé Lestrange pouvait être insupportable à exiger qu’on surveille Alesya, sa cadette qui parfois valait mieux que lui ? Elle souffla longuement, secouant la tête et faisant voler ses longues anglaises sombres comme la nuit. Elle ne remonterait pas, quoi qu’il fasse. Elle l’avait suivi, elle avait profité d’être potentiellement seule avec lui pour s’eclipser, pour faire payer à son ainé ce besoin maladif de la protéger constamment. Le visage soudain sombre, elle tendit la main pour attraper la cigarette qu’il tenait, lui en volant quelques bouffées et recrachant doucement la fumée âcre, fronçant le nez. Elle n’était pas une fumeuse régulière, elle avait beau essayé, ce léger dégout ne partait jamais réellement. Elle aimait l’odeur du tabac pourtant, surtout lorsque cela se mélangeait au parfum d’un garçon, stagnant sur le col d’une chemise ou d’un pull. Elle afficha un petit sourire, lui rendant le cylindre de nicotine et faisant ensuite un pas en arrière. A nouveau, elle secoua la tête, poupée trop jeune dans son apparence, soufflant d’une voix presque douce mais catégorique. « Je n’vais nulle part, surtout pas pour cherche mon connard de frangin… » . Son ton clashait avec ses propos mais ce n’était pas vraiment nouveau, ce qu’elle annonçait là. Tout le monde avait remarqué le changement entre les enfants Lestrange, personne n’était foutu cependant de deviner d’où venait ce froid, entre eux. Ils étaient d’ordinaire si proche que, de toute façon, il eut été impossible de passer à côté de la moindre différence, aussi Alesya ne s’en cachait pas.

Faisant mine de tituber, elle s’approcha d’Amadeus pour à nouveau lui piquer la cigarette, se servant de l’excuse qu’était l’alcool pour attraper sa main et se tenir. Elle était ivre, certes, mais il lui en fallait plus pour perdre totalement sa lucidité, elle savait ce qu’elle faisait, malgré son air totalement hagard. D’une voix mutine, trahissant presque ses petites manipulations, elle ajouta dans un grand sourire, alors qu’elle lui rendait la cigarette « Si t’as peur pour ma santé, tu peux toujours me tenir chaud, tu sais… » . Elle manquait peut-être de finesse, à vrai dire, l’alcool n'aidait vraiment pas. Certes, elle avait passé le stade du silence imposé et elle n’avait plus l’impression d’avoir le tournis, mais la liqueur pulsait encore dans ses veines, s’assimilant doucement et la foutant dans un état de plus en plus critique. Minaudant, elle décida de finalement répondre à la question du grand brun et elle ajouta, dans un petit éclat de rire « Et j’suis là parce que je voulais te voir, c’tout… » . Elle feignait une innocence qui ne tromperait surement personne car tout le monde la connaissait bien…

Arriva cependant un moment où elle cessa de feindre. Faisant un pas en arrière parce qu’elle ne tenait pas en place, elle perdit l’équilibre et se retrouva bientôt sur les fesses, au bout milieu du terrain de Quidditch. Une seconde plus tard, elle riait à nouveau, ne se montrant si stupide que lorsqu’elle avait bu.

Amadeus eut visiblement un moment de flottement, attendant probablement de voir si elle s’était fait mal pour savoir comment réagir. Lorsqu’il l’entendit éclater de rire, il dû se dire qu’elle n’avait rien et il se mit à sourire. Il avait toujours sa clope à la main et fumait régulièrement lorsqu’il lança, d’une voix pleine d’un certain reproche : « Tu m’as offert quelques minutes de vie, tu n’as pas honte ? ». Alesya mit plusieurs secondes à comprendre ce dont il parlait, le regardant jeter consécutivement son mégot et le paquet de cigarette vide sur le stade, laissant trainer des déchets que quelqu’un ramasserait d’un sort le lendemain, surement. Elle retourna la phrase prononcée par le jeune homme un long moment dans sa tête avant de finalement saisir. Son sourire se fit plus large alors qu’elle comprenait que l’accusation avait à voir avec les quelques taffes piquées sur le petit cylindre de tabac quelques minutes plus tôt. Se laissant ensuite tomber à ses côtés, dans l’herbe fraichement coupée du stade de Quidditch, il s’installa à côté d’elle après un certain temps, allongé là sans un mot. Et puis il brisa le silence, soufflant : « Réflexions faite, ne retournons pas à la fête, on est bien ici, non ? » et Alesya afficha un petit sourire satisfait qu’il ne put voir. Elle se retrouva à penser que son petit plan était en train de fonctionner, que le grand Serpentard, meilleur ami de son frère, était finalement en train de tomber dans ses filets et allait céder, qu’elle aurait enfin de quoi emmerder son ainé, cet imbécile de Rohàn qui l’avait laissé tomber au profit d’une idiote qu’il connaissait à peine. C’était probablement l’alcool qui la poussait à raisonner de la sorte car même si Alesya, du haut de ses dix-neuf ans, pouvait être vantarde et trop assurée, elle n’était pas idiote quant à ses capacités de séduction. Certes, elle avait du charme, elle en était parfaitement consciente, elle savait manipuler les garçons sans le moindre problème et ce depuis qu’elle avait découvert à quel point ils étaient faciles à déconcentrer, mais clairement, c’était la quantité de liqueur qui coulait dans ses veines qui lui laissait à penser que les choses seraient si facile avec Amadeus. Après tout, depuis combien de temps cherchait-elle à l’approcher ? Deux bonnes semaines, oui, depuis son retour à Poudlard… niveau patience, c’était un exploit pour la petite brune. Deux semaines, dans son monde, c’était très long, surtout lorsqu’il s’agissait d’obtenir ce qu’elle voulait, ce qu’elle s’était mis en tête d’avoir.

Trop alcoolisée pour avoir des scrupules, elle ne se demanda pas s’il était anormal d’utiliser Amadeus. Après tout, elle le connaissait relativement bien, il avait une réputation gratinée, coureur sardonique sans vergogne… Certes, il la considérait comme une gosse mais elle n’était plus une enfant, ils pouvaient donc s’amuser, un peu, sans que cela soit mal ou amoral, juste histoire de provoquer quelques conséquences, quelques réactions… Elle ne songeait pas au fait que si jamais elle arrivait à ses fins, elle risquait de briser la belle amitié entre les deux 7ème année… à vrai dire, elle s’en foutait. Rohàn méritait bien de perdre quelqu’un de proche, cela lui ferait les pieds, lui prouverait à quel point il avait été con et cruel d’abandonner ainsi sa petite sœur, celle qu’il avait juré de protéger contre le monde… Doucement, elle secoua la tête pour chasser sa rancœur, ne voulant pas virer amère, aigrie. Bientôt, la voix d’Amadeus la tira de ses pensées et elle tourna légèrement la tête : « Viens, je vais te réchauffer ». Son sourire s’élargit à nouveau et elle le regarda, amusée. Il avait les bras écartés, comme pour lui faire une place près de lui et soudain, il semblait moins froid, moins distant et bêcheur, plus abordable. La Serpentard ne se fit pas prier et quelques secondes plus tard, elle se laissa couler en arrière jusqu’à se retrouver callée contre lui.

Jusqu’à présent, elle n’avait pas spécialement remarqué le froid mais en réalité, la différence était flagrante. Maintenant qu’elle était à même de profiter de la chaleur d’un autre corps, pas très épaisse et ayant donc tendance à être plus vite gelée, elle se rendait compte qu’il avait peut-être raison… Elle allait chopper la mort si elle restait dehors. Sauf qu’il y remédiait, elle n’avait donc aucune raison de rentrer. Pelotonnée contre lui, elle se tourna un peu, allongée sur le flanc, tendant une main pour la poser sur son torse, l’air de rien. Le geste était innocent, il dû le réaliser lorsqu’elle se mit à faire marcher ses doigts sur lui, comme une gosse, concentrée sur ce qu’elle faisait car l’alcool continuait à faire son effet, toujours aussi traitre.

Elle gloussa et détesta ce son, se sentant devenir idiote mais n’arrivant pas à contrer. Elle se fit violence, cependant, voulant rester sérieuse, voulant profiter de cette opportunité. Ce n’était pas tous les jours qu’Amadeus se laissait approcher, aussi voulait-elle exploiter au mieux l’instant, même si cela la faisait passer pour une manipulatrice éhontée. Elle l’était surement, au fond, même si elle appréciait le jeune homme, même si elle aurait pu s’en approcher sans plan machiavélique, avant… avant, oui, avant Ezechiel, parce qu’à présent, les choses avaient changées. Elle se retrouva à fixer son alliance pendant une seconde avant d’arriver à mettre temporairement de côté celui qu’elle avait encore du mal à appeler son mari. Ce n’était pas à propos d’eux, là, pas cette fois. Elle ne faisait pas ça pour lui faire du mal ou pour le rendre jaloux, c’était pour atteindre son frère. Les conséquences vis-à-vis du Serdaigle ne l’atteignaient pas, pas encore du moins, parce qu’elle était trop ivre pour réfléchir correctement, pour faire preuve de logique.

Bougeant un peu, elle se rapprocha de l’ainé de la famille Goyle, refusant de penser à quoi que ce soit d’autre. Pas à Ezechiel, pas à Zane, le petit frère d’Amadeus, son premier vrai petit-ami, celui avec qui elle avait découvert le monde des grands, celui qu’elle avait planté sans explication, effrayée parce qu’elle réalisait doucement à quel point elle pouvait s’attacher à lui, à quel point elle en était violemment tombée amoureuse. Elle se fit violence et chassa tout ça, demandant simplement, d’une petite voix presque blessée « Pourquoi tu t’sauves toujours quand j’arrive, Amadeus ? » Elle laissa le silence retomber, adoptant une expression de gosse, fragile et plus douce, jouant sur les clichés pour faire croire qu’elle manquait profondément d’assurance. « Tu m’trouves pas jolie, c’est ça ? » . Se faire plaindre marchait souvent, c’était surtout exploiter une corde sensible et elle savait jouer le jeu, parce qu’elle avait en elle des craintes et de la douleur réelle, un mal qu’elle arrivait à canaliser et à détourner habilement. La vérité, c’était qu’elle souffrait vraiment, juste pas de ça, pas à cause de lui, mais ça il n’avait pas besoin de le savoir… « Tu m’trouves moche et stupide mais tu l’dis pas parce que sinon, Rohàn t’avada kedavrerais, c’est ça ? » ajouta-t-elle, poussant la carte de la fille complexée.

Crédible. Ou pas.

Spoiler:

Les interrogations faussement vulnérables de la petite brune semblèrent amuser Amadeus. Un rire chaud, alcoolisé et quelque part assez rassurant le secoua et elle en sentit chaque nuance, ainsi lovée dans ses bras. Elle savait qu’il était probablement à même de deviner ses mensonges et ses manipulations mais il ne sembla pas s’en offusquer, aussi préféra-t-elle penser qu’il était trop ivre pour pleinement réaliser qu’elle le faisait marcher, courir même, dans la direction qui l’intéressait… « Arrêtes tes bêtises » Souffla-t-il doucement, presque gentiment. Elle connaissait Amadeus et savait très bien que ce genre d’attitude, il ne la montrait pas aux sang-de-bourbes et autres être infâmes. Elle sait que, tout comme elle, il était fier, digne, droit et qu’il ne courbait pas l’échine devant ses supposés héros de guerre, lâches descendants d’un énorme coup de chance, au final. Ils avaient tous les deux leur caractère, bien trempé, insupportable, cette manie de toujours vouloir avoir le dessus, ce besoin de se sentir supérieur quoi qu’il arrive. C’était le fil d’Ariane d’Alesya, elle se sentait perdue lorsqu’on lui retirait sa belle assurance… C’était une autre histoire, cependant, lorsqu’elle feignait de ne pas être si sûre d’elle, lorsqu’elle laissait à croire que son estime venait de prendre un coup dans les dents. Amadeus semblait être tombé dans le panneau et elle dû retenir un sourire lorsqu’il tendit la main pour replacer une mèche fugace qui barrait son visage. Le geste était tendre, encore un peu trop fraternel, peut-être… « Tu sais que je te trouve très belle, comment penser autrement ? »
Le sourire d’Alesya s’agrandit d’avantage, à cause du ton qu’il employait. Satisfaction, elle sentait qu’elle arrivait encore à l’embobiner suffisamment pour s’approcher et ce même si elle était ivre. Elle restait sur ses gardes cependant, ayant la bonne idée de rendre son sourire timide, hésitant. Il reprit, presque sur le même ton : « Par contre, si je disais à ton frère que tu me plais, là il m’avada kedavrerais.. le mien aussi, d’ailleurs » Elle cligna des yeux, trouvant ça presque trop facile. Certes, la référence à Zane venait de lui faire froncer le nez, il y avait là trop de regrets et de choses non avouée mais… Amadeus venait-il réellement de dire qu’elle lui plaisait. Elle resta immobile, retournant sa phrase dans sa tête, cherchant le conditionnel, cherchant à savoir s’il ne venait pas de dire qu’éventuellement, s’il s’avérait qu’elle l’intéresse et qu’il se mettait à en parler… Elle secoua tout doucement la tête. Ca ne pouvait quand même pas être si facile de faire chier Rohàn et d’obtenir ce qu’elle voulait. Elle releva le nez, le dévisageant et cherchant dans ses iris sombres quelques explications. Après tout, pourquoi la fuir ainsi, si c’était là la vérité ? Peut-être parce qu’il était loyal envers Rohàn, peut-être parce que son petit frère était plus important qu’une fille. L’espace d’une seconde, elle se surprit à ressentir un peu de respect envers Amadeus. C’était ténu, parce qu’Alesya n’accordait pas souvent ce genre de chose, difficile à convaincre, trouvant la noblesse et l’honneur si importants qu’elle ne se précipitait jamais à vouer un semblant d’admiration ou de respect envers quiconque. Ezechiel avait gagné sa confiance et pour ça et ce n’était pas mince affaire, vraiment pas. Le grand Serpentard la sortie bien vite de ses pensées lorsqu’il souffla, amusé : « Shhht, c’est un secret ».

Définitivement, il était ivre. S’il était déjà peu probable qu’un jeune homme de vingt ans parle de la sorte, que cela vienne d’Amadeus était juste impossible, au-delà même. Jamais il n’aurait réellement parlé de la sorte s’il n’avait pas été profondément alcoolisé. Alesya afficha un sourire amusé mais ne bougea pas immédiatement, restant contre lui alors qu’il se laissait aller correctement dans l’herbe, fermant les yeux. Partagée entre l’envie de lâcher l’affaire parce qu’elle allait surement, en plus de se prendre un vent, faire du mal à pas mal de monde et celle de profiter de la faiblesse temporaire d’Amadeus pour avoir ce qu’elle voulait, elle resta immobile quelques minutes avant de se redresser sur son coude, le surplombant et le regardant pendant un bon moment. Un petit sourire, qui aurait pu passer pour tendre s’il n’avait pas été machiavélique, se mit à flotter sur son visage. Elle tendit une main, passant ses doigts contre l’angle de la mâchoire du Serpentard et souffla tout bas « ça ne devrait pas… être un secret, je veux dire ». Elle avala sa salive en remarquant à quel point s’était difficile, réalisant au passage que sa tête tournait, fort qui plus est. Se concentrant, elle fit un effort pour chasser la légère nausée qui s’emparait d’elle, profitant de l’air frais. Définitivement, elle était quand même mieux ici que dans la Salle Commune des verts, ou encore à vomir dans son dortoir. « C’est vrai, après tout, entre sang-purs, les choix sont… limités, Rohàn le comprendrait… et Zane n’aurait pas besoin de savoir… » . Elle comprit un peu trop tard qu’elle avait probablement dit quelque chose de mal et elle sera les dents en espérant qu’Amadeus passe à côté. Elle savait bien que les enfants Goyle étaient liés, soudés, que c’était là une vraie famille, un peu comme elle avait pu être proche de Rohàn avant qu’il ne la trahisse sans vergogne. Sous-entendre qu’Amadeus n’aurait qu’à mentir à son cadet, lui cacher la vérité, s’approcher de la fille qui lui avait brisé le cœur et ne pas le mentionner, c’était surement un affront… Comme elle put, elle se rattrapa rapidement « Enfin… je lui ai fait assez de mal comme ça, je crois, pas besoin d’en rajouter en lui racontant tout… » Elle força un sourire, détournant le regard pendant un instant. Dire qu’elle avait blessé Zane était un euphémisme, elle oubliait juste de mentionner pourquoi, surement parce que personne ne pourrait jamais réellement comprendre sa fuite… Se barrer par peur de ses sentiments, c’était un peu idiot, probablement.

Finalement, elle reporta son attention sur Amadeus et pencha sa tête brune sur le côté, passant doucement ses doigts sur sa joue, puis sur ses lèvres. C’était étrange, d’agir ainsi, c’était comme revenir à ses vieilles habitudes. Elle se détesta, l’espace d’une seconde, puis chassa la pensée. Ezechiel comprendrait, surement, pourquoi elle agissait ainsi. Quelques instants plus tard, elle se laissa à nouveau glisser contre le torse de l’ainé des Goyle, venant planter un baiser presque enfantin, timide, sur sa joue.

Parce qu’il était ivre, Amadeus parlait un peu trop. Il venait de dire à Alesya qu’elle lui plaisait. Ce n’était pas totalement faux, mais ce n’était pas totalement vrai non plus. Certes, elle était ravissante et elle l’attirait, mais ils n’étaient qu’amis jusque là et elle était comme sa petite sœur d’adoption. Amadeus aurait simplement du se taire au lieu de quoi, il venait tout juste de lui dire que c’était un secret. C’était l’alcool dans son sang qui parlait plus que lui. Amadeus s’allongea sur le dos et ferma les yeux tout en respirant pour retrouver ses esprits. Et aussi, s’il continuait à fermer les yeux, peut-être qu’Alesya et les problèmes qu’elle pourrait lui apporter s’il se laissait aller allaient disparaître. Mais cela semblait avoir eu l’effet contraire. Il sentit la douce main d’Alesya passer sur l’angle de sa mâchoire. Le Serpentard n’ouvrit pas les yeux pour autant. Il continuait à croire très fort qu’elle allait partir s’il ne réagissait pas. La belle brune lui souffla « Ça ne devrait pas.. être un secret, je veux dire » Le beau brun ouvrit alors les yeux. Qu’est-ce qu’elle voulait dire par là ? Il la regarda d’abord d’un air perplexe. Alesya allait devoir être plus claire que ça. Elle ne croyait quand même pas qu’il allait lui montrer qu’il avait une certaine attirance pour elle devant les autres. « C’est vrai, après tout, entre sang-purs, les choix sont.. limités, Rohàn le comprendrait.. et Zane n’aurait pas besoin de savoir.. » tenta de s’expliquer la jeune fille. Elle avait tout à fait compris ce qui le tracassait, et il détestait ça. Ivre ou pas, il sentait que ce qui se tramait n’était pas bon pour lui, ni pour Alesya. Rohàn avait déjà fait assez de compromis pour un Goyle envers sa sœur et franchement, Amadeus le comprenait. Amadeus était un homme avec des principes. L’un d’eux était de ne pas trahir ses amis, donc encore moins son meilleur ami. Rohàn avait toujours été correct avec lui et même avec Zane malgré ce qui s’était passé entre lui et sa sœur. Un autre de ces principes était de ne pas trahir sa famille. C’était peut-être le principe qu’Amadeus trouvait le plus important. Donc jamais Amadeus ne trahirait Zane et lui mentirait à ce propos. Amadeus n’était pas toujours du genre à assumer ses conneries mais avec son frère, c’était différent, ils ne se cachaient presque rien. « Enfin.. je lui ai fait assez de mal comme ça, je crois, pas besoin d’en rajouter en lui racontant tout.. » précisa la belle Serpentard. Elle lui sourit et détourna le regard pour ne pas voir la réaction d’Amadeus. Ce dernier plissa les yeux tout en essayant d’y voir clair dans l’histoire. Il ne savait pas vraiment quoi dire. Pour Amadeus, il n’y avait rien à raconter à Zane, donc rien à lui cacher. Alesya savait déjà tout ça, il était donc peut-être en train d’imaginer qu’elle lui proposait de faire des choses en secret. L’alcool joue parfois des tours, il le savait mieux que personne.

Amadeus fut ramené à la réalité en sentant à nouveau les doigts d’Alesya sur son visage. Elle lui caressa la joue puis les lèvres. Il ne réagit pas à ce contact et plongea son regard dans celui de la demoiselle. Il fallait qu’il réagisse, il fallait qu’il se lève et qu’il retourne rapidement dans leur salle commune puis dans son dortoir où il irait directement dormir. Alesya lui planta un baiser sur la joue puis se laissa glisser sur son torse. Pendant un instant, Amadeus crut qu’elle allait l’embrasser et il n’avait pas réagi. Il s’en voulu pour ça. Si elle l’avait embrassé, il l’aurait laissé faire en prenant comme excuse son état d’ivresse. Le beau brun se sentait faible face à la situation et il n’aimait pas ça. Un Goyle n’était pas faible, un Goyle ne montrait pas ses faiblesses. D’un coup, il se mit en position assise, laissant Alesya tomber dans l’herbe à côté de lui. « Il n’y a rien à raconter » dit-il plus pour lui-même que pour Alesya. Il se leva et vit qu’il avait à peu près repris le sens de l’équilibre, sa tête ne tournait plus comme elle avait tourné quelques minutes plus tôt. Amadeus ne pensait toujours pas clairement, mais il y avait une très nette amélioration dans son état. L’alcool s’évaporait, doucement mais sûrement. En attendant, il n’avait qu’à être patient. « Allez viens, on rentre à la salle commune et que je n’entende pas protester, je te porterais s’il le faut » Encore une fois, il compara Alesya à Wilhemina. Si Wilhemina était là à la place d’Alesya, il ne la laisserait pas toute seule, ivre, sur le terrain de Quidditch. De toute évidence, si elle lui proposait de cacher des choses à son petit frère et son meilleur ami alors elle était aussi très alcoolisée. Il se tourna vers Alesya et vit qu’elle n’était toujours pas debout « Réflexion faite.. je ne te porterai pas mais je t’y trainerai d’une façon ou d’une autre » Il tendit sa main à la jeune fille pour l’aider à se relever, elle prit sa main et se mit debout comme il le voulait. Amadeus posa ses mains sur ses épaules et la regarda intensément. « Et si on oubliait tout ce qu’on vient de se dire ? » dit-il en espérant qu’elle oublie à jamais qu’il lui avait dit qu’elle lui plaisait. Amadeus était sûr que ça ne poserait pas de problème, Alesya avait sûrement déjà un nouveau petit ami et lui, il voyait assez de filles comme ça. Récemment, il avait même passé la nuit avec le professeur de métamorphoses. Il se mit à sourire tout seul à ce souvenir.

Spoiler:

Alesya s’était rassurée devant l’absence de réaction immédiate de la part d’Amadeus mais clairement, à cause de ce manque d’attention, plus dure fut la chute. Probablement dégouté par le commentaire qu’elle avait fait vis-à-vis de Zane, ou encore parce qu’elle lui proposait de trahir son meilleur-ami, le grand Serpentard se releva brusquement, s’asseyant dans l’herbe et la virant donc de son torse au passage. Sans douceur, la petite brune s’écrasa sur le sol, son épaule s’enfonçant douloureusement dans la terre meuble alors qu’elle grimaçait et lui jetait un regard noir. Etait-il vraiment nécessaire de la casser de la sorte ? Elle avait beau se vanter d’être solide, increvable, elle ne l’était pas, elle restait une jeune femme de 19 ans et sa peau marquait forcément. Elle aurait surement un bleu à cause de lui et ça, elle n’aimait pas. Du tout. Alors que l’alcool commençait à virer, la rendant mauvaise, hargneuse, Amadeus ouvrit la bouche. Il regardait droit devant lui lorsqu’il lança : « Il n’y a rien à raconter » Aussitôt, Alesya pensa un ‘pour le moment’ qu’elle retint de justesse mais alors qu’il se levait, elle comprit qu’elle devrait recalculer sa chance pour arriver à ses fins. Foutu orgueil, foutu famille. Rohàn n’avait aucun scrupule à la trahir, pourquoi diable l’ainé des Goyle ne pouvait-il pas passer outre une histoire vieille de trois ans entre elle et son petit frère ? Ah, oui… probablement parce qu’Amadeus était quelqu’un d’un peu moins con et égoïste que l’ainé Lestrange lorsqu’on en venait aux cadets. Elle secoua la tête, blasée, le regardant se remettre sur ses pieds. Dans la foulée, il déclara d’une voix forte et implacable : « Allez viens, on rentre à la salle commune et que je n’entende pas protester, je te porterais s’il le faut » Il fit volte-face, la regardant d’un air de demander pourquoi elle était encore par terre, ne semblant pas comprendre pourquoi la jeune Lestrange n’avait pas déjà retrouvé un semblant de dignité. Surement parce qu’il l’avait foutu dans l’herbe, voilà pourquoi. Elle devait être décoiffée, son maquillage avait surement coulé et elle portait surement sur elle le fait qu’elle avait trop bu. Beau spectacle, digne d’un petit animal perdu. Ne lui laissant pas l’occasion d’en placer une, il se corrigea lui-même : « Réflexion faite.. je ne te porterai pas mais je t’y trainerai d’une façon ou d’une autre » Qu’il la traite carrément de grosse, pendant qu’il y était. Et puis quoi encore. Elle lui jeta un regard sombre au possible mais visiblement, cela ne fut pas suffisant pour dissuader Amadeus de l’attraper pour la remettre sur ses pieds. Puis, comme on tient un enfant pour lui faire la morale, il plaça ses mains sur les frêles épaules de la brune et la tint comme ça pour demander, le plus naturellement du monde. « Et si on oubliait tout ce qu’on vient de se dire ? »

Parce qu’il la prenait pour une gamine à lui parler de la sorte, elle fronça le nez, vexée et elle se mit à agir comme la merdeuse de cinq ans qu’il aurait surement préféré avoir en face de lui à cet instant. L’alcool aidait, certes, mais lorsqu’elle secoua la tête pour faire un non boudeur, elle eut l’air si candide que ses 19 ans devinrent questionnables. Elle n’en avait pas la moindre idée, cependant, tenant à peine sur ses jambes. Il l’avait redressé trop vite et à présent, elle avait le tournis. Il l’avait cherché. Faisant un pas en avant, elle souffla « ou pas, j’ai pas envie d’oublier » avant de lever les mains pour attraper sa chemise et perdre ses doigts dans les plis du tissu. Hagarde, perdue, elle hésita un instant, levant le nez et faisant en sorte de se relever de toute sa taille. Face à Amadeus, c’était juste ridicule tant il était grand… pas assez cependant pour qu’elle ne puisse l’atteindre.

Sans prévenir, sur un coup de tête, elle fit un pas en avant et avant qu’il ne puisse contrer, elle vint poser ses lèvres contre celle du Serpentard, lâchant la chemise pour aller nouer ses doigts derrière sa nuque, ne voulant pas qu’il file. L’instant d’après, elle se retrouva à jouer contre sa peau et ses lèvres se firent plus audacieuses, brulantes d’alcool. Il n’y avait rien d’innocent, d’enfantin ou d’accidentel dans ce baiser et Ezechiel lui arracherait surement un œil s’il apprenait, de la même façon que Rohàn avalerait sa cravate d’uniforme face à la scène ou Zane exploserait un mur devant la trahison… Alesya s’en moquait sur le champ, ou alors elle ne réalisait pas, l’un ou l’autre. Plutôt l’autre. Elle se rapprocha encore un peu, profitant d’un moment de flottement avant de subitement reculer. Il la traitait comme une enfant, ils la traitaient tous comme une gosse ? Très bien, elle ferait en sorte qu’ils en aient pour leur argent. Faisant plusieurs pas en arrière, se dégageant de l’étau qu’il maintenait, elle le contourna et le dépassa, avançant dans la direction des grandes portes du stade.

Elle avait du mal à marcher et pourtant, son pas état déterminé, il y avait en elle toute la vexation du monde et s’était tout juste si elle n’avait pas les larmes aux yeux. « Y’a rien à raconter, sauf que si je montre ça à Rohàn… » elle pointa sa tempe, faisant volte-face pour marcher en arrière et regarder dans la direction d’Amadeus alors qu’elle s’éloignait, traversant l’immense pelouse si sombre. « Si je lui montre ça, il va se dire que tu m’as forcé, que tu as profité de sa sœur bourrée… » . La menace était sous-entendue, elle oubliait un peu à quel point elle pouvait être en froid avec son ainé. Quelques mois plus tôt, il n’aurait surement pas cherché à comprendre la scène et aurait brisé les dents de son ami pour avoir osé, mais aujourd’hui ? Aujourd’hui, il regarderait surement en détail et réaliserait qu’elle était responsable. Idiote. Elle sentit une vague de rage monter dans sa gorge et elle se retourna à nouveau pour avancer plus vite vers le château, dégouttée sans trop savoir pourquoi.

Mauvaise idée. Tourner autant en étant ivre était une erreur. Elle fit deux pas et se pencha en avant, une main devant la bouche, retenant très mal une puissante envie de vomir. Trop d’alcool, trop de mouvements… Qu’elle était fière, la Lestrange, à réclamer de l’attention en se jetant comme ça dans les bras d’un jeune homme avant de vomir ses tripes. Mélange de douleur et de honte, elle réalisa rapidement, alors qu’une vague de bile emplissait sa bouche et qu’elle crachait ses tripes que des larmes amères coulaient sur ses joues.

Alors qu’il tendait la main à Alesya pour l’aider à se relever, cette dernière jeta un regard noir à Amadeus. Elle n’appréciait ni les paroles, ni le geste apparemment. Il n’avait pourtant rien dit de si méchant, il ne méritait pas ce regard mais peu importe. Amadeus n’était pas vraiment en état de réfléchir à ses paroles et à leurs portées. Le Serpentard aida donc la jeune fille à se remettre sur ses pieds. Ils avaient bien besoin de rentrer tous les deux et d’aller se coucher, passer par la case douche ne serait pas du luxe non plus, ça leur permettrait de dégriser. Il posa alors ses deux mains sur les épaules de la belle brune et lui proposa d’oublier tout ce qu’ils venaient de dire. Ce n’était pas vraiment une question, c’était plutôt rhétorique. Amadeus ferait comme s’il n’avait rien dit, en tout cas. Il n’attendait là aucune objection et c’est pourtant ce qu’il obtint. Alesya secoua la tête d’une façon adorable pour une fille de son âge, il revoyait très bien sa petite sœur le faire quand il lui demandait quelque chose quand elle était petite. Amadeus soupira longuement. Il fallait pourtant bien qu’elle oublie. Et puis zut, elle n’irait pas très loin avec ce qu’il avait dit sous l’influence de l’alcool. Lui-même n’en avait plus vraiment le souvenir. Elle oublierait vite. Il était intouchable. Elle s’approcha de lui. « Ou pas, j’ai pas envie d’oublier » lui dit-elle dans un souffle. Elle attrapa sa chemise. Amadeus leva les yeux au ciel. Alesya agissait comme une petite fille gâtée. On a pas tout ce qu’on veut dans la vie. Quand il baissa à nouveau les yeux vers elle, elle s’était incroyablement rapprochée. C’était comme si d’un coup, elle était plus grande. En fait, elle venait de se mettre sur la pointe des pieds et posa ses lèvres contre les siennes. Le temps qu’il se mette à réagir, elle avait déjà passé ses doigts derrière la nuque du jeune homme. L’alcool lui faisant oublier rapidement ses principes, il répondit au baiser comme un vieux réflexe et ce dernier se fit tout de suite plus brûlant. Au rythme où il allait avec Alesya avec qui il s’était promis de ne jamais rien faire, il n’était plus si étonné de se réveiller aux côtés de Weasley sans en avoir aucun souvenirs. Pendant le baiser, Amadeus ne pensa à rien, juste à l’instant. Puis Alesya recula subitement. Le cerveau d’Amadeus se remit à fonctionner. Pendant qu’elle le contournait et marcha en direction de la sortie, Amadeus resta comme figé. Certes, il n’avait peur de rien mais il venait quand même d’embrasser la sœur de son meilleur ami. Si Rohàn avait embrassé Mina, il lui aurait encastré la tête dans un mur. Il serra les poings comme s’il se frapperait bien lui-même. Et puis Zane. Non, il ne valait mieux pas penser à Zane. Et puis c’était un baiser qui ne signifiait absolument rien. Quand il se retourna, Alesya était déjà assez loin. Il essaya donc de la rattraper en marchant d’un rythme un peu plus soutenu qu’elle.

Quand il n’était plus qu’à quelques mètres d’elle, Alesya se tourna et commença à marcher à reculons. Ce n’était pas très intelligent pour une fille ivre, elle allait facilement s’emmêler les pieds et tomber, il le sentait venir. La jeune fille pointa sa tempe, elle avait l’air très énervée. Était-ce le baiser qui l’avait mis dans cet état ? Non, il embrassait plutôt bien à ce qu’on lui avait dit, ivre ou pas. Amadeus plissa les yeux pour voir ce qu’elle était exactement en train de faire. « Y’a rien à raconter, sauf que si je montre ça à Rohàn.. » dit-elle, ce qui donna tout de suite plus de signification au geste. Elle allait faire quoi, mettre ses pensées dans une pensine et plonger la tête de Rohàn dedans ? Il s’approcha de plus en plus d’elle. « Tu ne ferais pas ça.. » répondit-il tout en restant très calme. Ce n’était encore pas une question, mais une affirmation. Jamais Alesya ne ferait ça parce qu’elle ne décevrait pas son frère et elle ne ferait pas plus de mal à Zane. En tout cas, c’était ce qu’Amadeus souhaitait. Sur le coup, Rohàn lui en mettrait peut-être une et Zane en ferait de même, mais ils ne lui en voudraient pas longtemps. Amadeus avait une bonne relation avec eux. Il ne craignait rien d’elle, ainsi il garda son calme. « Si je lui montre ça, il va se dire que tu m’as forcé, que tu as profité de sa sœur bourrée.. » Entre sa petite sœur et son meilleur ami, qui Rohàn choisirait-il de croire ? C’était difficile à dire, mais si c’était Amadeus, il choisirait sans hésitation sa sœur, même si cette dernière lui mentait. Le ton d’Alesya était assez menaçant et le Serpentard n’appréciait pas beaucoup cette attitude. On ne menace pas un Goyle. Amadeus préféra tout de même mettre de l’eau dans le vin. Alesya était ivre, elle ne savait plus très bien ce qu’elle racontait. Il y avait fort à parier qu’elle ne montrerait jamais tout ça à son frère. Elle se sentirait même peut-être bête de l’avoir embrassé. Parce que oui, c’était bien Alesya qui l’avait embrassé, pas lui, du moins pas au début. Et puis si elle avait noué ses doigts autour de la nuque d’Amadeus, elle n’était pas totalement innocente. Amadeus ne réprima pas le sourire qui naissait sur ses lèvres. « Ça va mieux maintenant que tu as réalisé ton fantasme ? Tu en as d’autres peut-être ? » dit le jeune homme à la Serpentard. Elle n’avait absolument rien contre lui. Alesya ne partagea visiblement pas le même humour que lui puisqu’elle se tourna d’un coup et continua d’avancer. L’alcool ne lui réussissait pas vraiment, il était sûr que l’Alesya normale aurait ris avec lui.

Deux pas plus tard, Amadeus vit Alesya se pencher. Il s’arrêta net. Elle se mit à vomir. Il s’approcha d’elle et releva ses cheveux pour qu’elle ne les salisse pas tout en essayant de respirer le moins possible. Les joueurs de Quidditch allaient avoir une bonne surprise le lendemain, à moins que ça ne soit nettoyer d’ici là ou qu’il pleuve. Heureusement, les sélections pour les équipes de Quidditch n’avaient pas encore commencées et rares étaient ceux qui venaient s’entraîner de façon individuelle. Encore une fois, il tenait les cheveux d’Alesya comme il l’aurait fait si c’était Wilhemina à sa place. En revanche, si c’était Mina, elle se serait pris une bonne claque pour avoir bu. Amadeus ne voulait pas voir sa sœur grandir. Quand la crise fut passée et qu’elle s’était purgée, Alesya releva la tête. Instantanément, la main d’Amadeus s’étala sur sa joue sans que ce ne soit trop fort non plus. Alesya n’était pas sa sœur et il ne la punissait pas pour avoir bu ni vomi, mais pour l’avoir manipulé et menacé. Elle avait de la chance qu’il l’aime bien, sinon il lui aurait mis la tête dans son vomi pour lui avoir fait un tel affront. « Tu ne montreras rien à personne ou tout ce que tu feras c’est te mettre ton frère et le mien à dos » dit-il pour accompagner son geste. Bien sûr, il ne parla pas de ce que ces deux derniers pourraient lui faire. Amadeus assumerait les conséquences de ses actes, Alesya n’était pas la première fille qu’il embrassait, loin de là. Dommage que ça se soit fait dans de telles circonstances. Mais à quoi était-il en train de penser ? Ça n’aurait jamais du avoir eu lieu. « Arrêtes de faire ta gamine, on rentre » ajouta-t-il en continuant à marcher avant que son estomac se retourne à cause de l’odeur du rejet de la demoiselle au sol. « Sérieusement, pourquoi tu m’as embrassé ? C’est ta crise d’adolescence ou quoi ? » dit-il en s’arrêtant un peu plus loin.

Pour la dixième fois au moins, le jeune homme donna de grands coups dans la porte de la salle commune se disant qu'une dernière tentative ne pouvait faire de mal à personne. La musique était tellement forte que le jeune homme pouvait l'entendre de l'autre côté de la porte et même sentir les vibrations des basses s'il posait la même sur le battant en bois. Au bout de quelques minutes sans réponse, le Serdaigle soupira et mis les mains dans ses poches près à s'en aller. Quand, oh miracle, quelqu'un lui ouvrit enfin la porte. C'était un élève qu'il ne connaissait pas mais ça il s'en fichait. Ce dernier était plutôt amoché par la soirée et avait du mal à tenir droit car il se tenait de tout son poids contre la porte. « Qu'est-ce tu veux ? » articula-t-il difficilement. L'odeur de son haleine ne mit pas de temps à venir jusqu'au nez d'Ezechiel et cela lui piqua les yeux tant l'alcool était présent dans l'air. Le jeune homme s'éventa un peu avant de hurler par-dessus la musique pour se faire entendre. « J'aimerais parler à Alesya. » Son interlocuteur lui offrit son meilleur regard de veau perdu et le Bleu et Bronze leva les yeux au ciel tout en secouant la tête. Cet enfant avait un grand avenir devant lui. Ezy reprit. « Lestrange, elle est là ? » L'information mit du temps à arriver jusqu'à son cerveau embué mais une fois qu'elle y arriva il poussa un « Ahh » de compréhension et fixa de nouveau le descendant Nott sans bouger. Le jeune homme commença à perdre patiente et n'avait qu'une envie, attraper l'ivrogne devant lui et le secouer jusqu'à obtenir une réponse ou bien le pousser de l'embrasure et aller lui-même chercher la brunette. Finalement il se décida à répondre et secoua la tête. « Na, elle est partie avec Goyle y a un moment. P't'être au terrain. » et sans plus de cérémonie, il claqua la porte au nez du jeune homme encore sous le choc de la nouvelle.

D'un pas décidé il prit la direction du terrain de Quidditch tout en essayant de comprendre pourquoi Alesya était partie avec Amadeus, dans un endroit si éloigné de tous, après une soirée à priori bien arrosée... Une réponse se forma bien rapidement dans son esprit mais comme cette dernière ne lui plaisait pas vraiment, il préféra la chasser bien vite avant de se faire plus de films que nécessaire. Non, il avait confiance en Lesya. Il savait qu'elle n'allait pas tomber facilement dans le panneau, qu'elle lui était fidèle, du moins il l'espérait. Rabattant le col de son manteau sur son cou, il allongea le pas et bientôt il fut capable de voir le stade au loin. Et dire qu'il était venu s'excuser pour la façon dont il s'était conduit la dernière fois, de s'être moquée d'elle comme il l'avait fait surtout sur un sujet aussi sensible que les sentiments de la belle. Il voulait simplement lui dire pardon, la prendre dans ses bras un moment et partir se coucher. Et voilà que maintenant il se retrouvait à arpenter le parc en pleine nuit parce qu'un alcoolique lui avait dit de le faire. Il finit par arriver au terrain, essoufflé et oppressé par un mauvais sentiment, comme s'il sentait que quelque chose n'allait pas avant même d'être entré dans le stade. Il ne lui fallut pas longtemps pour les retrouver, Alesya appuyée contre un poteau légèrement penchée en avant tandis qu'Amadeus lui retenait les cheveux tout en restant un peu en arrière.

Il comprit bien vite que la belle venait de rendre l'alcool qu'elle avait ingurgité pendant toute la soirée et que le Serpentard lui rendait simplement service en évitant que sa chevelure ne soit souillée. Le jeune homme expira longuement, comme s'il retenait sa respiration depuis tout à l'heure. Il avait été stupide de croire qu'il allait se passer quelque chose entre les deux Vert et Argent mais il ne pouvait pas s'empêcher de toujours penser au pire. Alors qu'il allait s'approcher pour dire à Amadeus qu'il prenait le relais quand, sans prévenir il frappa la brunette qui venait tout juste de se relever. Cela se voyait qu'il n'y avait pas mis toute sa force, mais cette simple gifle suffit au jeune homme pour entrer dans une colère noire. Il n'entendait pas ce qu'ils se disaient d'où il se tenait et au fond il s'en foutait profondément. Tout ce qu'il voulait maintenant c'était frapper le Serpentard comme il avait poser la main sur sa femme. Les poings serrés, la mâchoire crispée et les sourcils froncés, le Bleu et Bronze se jeta presque sur le Vert et Argent qui ne l'avait sûrement pas venu venir. D'une main il vint saisir le col du jeune homme et se retenu de justesse de ne pas lui mettre directement son poing dans la tronche. « Et si tu t'en prenais à quelqu'un de ta taille Goyle ? » siffla-t-il entre ses dents tandis qu'il repoussait le septième année de quelques pas. Il se trouvait à présent entre Alesya et Amadeus, près à se servir de sa baguette si nécessaire. Quand on venait à toucher à Alesya, il fallait être près à subir les conséquences.

Spoiler:

Il fallut seulement quelques secondes à Amadeus pour réagir et venir tenir ses cheveux, l’empêchant de s’écrouler dans l’alcool et la bile qui coulait de ses lèvres, s’écrasant dans l’herbe. Alesya détestait être aussi faible, aussi pathétique, aussi vulnérable. Elle n’aimait pas ça, pas devant un témoin comme Amadeus. Elle perdait toute crédibilité, c’était affolant. Au moins, cependant, il ne l’abandonnait pas à son sort, signe qu’il ne lui en voulait surement pas tant que ça d’être une telle idiote. Elle avait été prête à s’excuser, à vrai dire, lorsqu’elle releva la tête et qu’il la gifla directement. Le geste était plus violent qu’il n’était douloureux, plus pour humilier que pour faire mal et pourtant, Alesya eu envie de hurler alors qu’elle se redressait vivement. Pour qui se prenait-il ? Elle eut envie de lui sauter à la gorge pour le frapper et il ne dû son salut qu’au fait que la tête de la jeune femme avait décidé de tourner de façon incontrôlable. Il était bien plus grand, bien plus fort qu’elle, elle l’avait vu frapper dans un cognard de nombreuse fois et savait à quel point il pouvait faire mal mais tout cela ne comptait pas. Il l’avait frappé, il subirait ses foudres, elle irait le lui faire payer poings en avant.

Amadeus ne sembla pas réaliser le danger cependant car déjà, il la couvrait de menaces et de reproches, sans l’insulter mais en se faisant tout aussi bien comprendre. Il la traitait comme une enfant, comme une sale gamine pourrie gâtée faisant un caprice, se comportant comme une peste. C’était sans doute ce qu’elle était, à vrai dire, mais qu’il ose la traiter comme ça était juste ridicule. Il n’était qu’un Goyle, un Goyle face à une Lestange, il devait rester à sa place. Elle fulminait trop pour l’écouter, elle était trop en colère pour arriver à réellement comprendre les propos qu’il lui balançait. Tout ce qu’elle voulait faire, alors qu’il s’éloignait doucement vers la sortie du terrain de Quidditch, c’était tiré sa baguette et lui faire comprendre, Bellatrix-Style, pourquoi il avait commis la plus grossière erreur de sa vie en la frappant. Rohàn, s’il voyait ça, la giflerait surement d’avoir bu ainsi mais elle savait aussi que le coup porté par Amadeus serait plus important et que bien vite, l’ainé Lestrange oublierait que sa cadette avait abusé et mérité le geste. Amadeus n’aurait jamais dû la brutaliser, même de façon fraternelle… Elle se souvint cependant, une fois de plus, qu’elle ne parlait plus à son grand frère, ce traitre.

Quelqu’un qu’elle pouvait croire, quelqu’un à qui elle pouvait faire confiance arriva cependant dans la foulée. Pour la première fois de sa vie, elle souhaita même qu’il disparaisse, se surprenant toute seule avec la culpabilité qu’elle ressentait à cet instant précis. Ezechiel se tenait dans l’herbe et rapidement, il se rapprocha d’Amadeus. Il avait clairement vu la gifle car il se jeta sur le Serpentard, l’attrapant par le col pour le menacer, mauvais. « Et si tu t’en prenais à quelqu’un de ta taille, Goyle ? » demanda-t-il immédiatement. Alesya ne l’avait jamais vu comme ça et contre son gré, elle se retrouva muette et choquée, perdue. Avait-il vu le baiser, avait-il entendu le Septième année en parler et la défendait-il quand même ? Si c’était le cas, elle méritait encore moins de l’avoir dans sa vie… S’il faisait passer sa sécurité avant sa jalousie, alors elle méritait probablement la claque qu’on lui avait asséné. Il ne la regarda pas cependant, il ne lui jeta pas un regard déçu ou malheureux, signifiant qu’il savait, qu’ils en parleraient plus tard et, encore hagarde, elle réalisa qu’il venait surement d’arriver, la cherchant après avoir entendu dire qu’elle avait quitté la soirée. Voilà sur quoi il tombait, beau spectacle. Digne et élégant… ce qu’il devait être content d’avoir demandé pareille tarée en mariage.
Voir Ezechiel débarquer avait étouffé sa colère, comme un torchon jeté sur un feu à peine déclarer. Pouf, plus rien, elle avait tellement peur de gaffer et de le perdre qu’elle n’osait plus bouger. C’était fou, cette façon qu’elle avait de ne plus savoir quoi faire lorsqu’il était question du jeune Nott. Le pousser à bout était une chose, prendre le risque que les autres l’éloigne était différent et elle ne pouvait pas le supporter. Surement parce qu’elle n’avait plus personne s’il décidait qu’il en avait assez d’elle. Surement parce qu’elle perdait gros s’il s’éloignait à cause d’une énième connerie magnifiquement orchestrée… Définitivement, suivre Amadeus avait été une idée pourrie, maintenant qu’elle y pensait.

Alesya secoua la tête, se sentant trop faible pour ne pas être alarmée. Un combat de coqs était sur le point de commencer devant elle et elle n’était pas foutue de tirer sa baguette pour les séparer. « Montre-moi donc quelqu’un à ma taille, Nott »* répondit-t-il presque aussitôt à l’intention d’Ezechiel et Alesya serra les dents. Elle aimait les esclandres, elle aimait se battre, se chamailler, mais encore fallait-il qu’elle soit en pleine possession de ses moyens, ce qui n’était absolument pas le cas à cet instant. Tout ce qu’elle était capable de faire, c’était d’essuyer ses lèvres d’un revers de manche, petite idiote encore saoule. « Ez’, laisse tomber, c’est… » souffla-t-elle, s’approchant de quelques pas, titubante. « laisse, viens… » Ajouta-t-elle, se retenant de dire quoi que ce soit de traitre. Parler du baiser qu’elle avait volé à Amadeus, c’était blessé le Serdaigle. Parler de la soirée à passer avec lui plutôt que de provoquer une bagarre, c’était prendre le risque que le Serpentard comprenne qu’il y avait plus qu’une simple complicité entre les deux jeunes gens et ça… ça c’était une information qui ne pouvait et ne devait pas circuler.

Au pire, elle pourrait toujours faire semblant de tomber dans les vapes pour attirer leur attention et stopper l’incartade mais une partie de son égo hurlait que c’était un mauvais plan, qu’elle allait se prendre un vent. Dans leur fierté progressivement froissées, dans l’agacement évident, ils étaient bien foutus de l’ignorer et de se foutre sur la gueule même si elle s’écroulait.

Après avoir étalé sa main sur la joue d’Alesya, Amadeus lui demanda pourquoi elle l’avait embrassé sur un coup de tête. D’accord ils étaient tous les deux plutôt ivres mais ce n’était pas une excuse. Alesya avait fait le geste de trop et Zane et Rohàn ne devaient jamais l’apprendre. Il n’eut aucune réponse de la jeune fille et pourtant, elle semblait énervée. Il devina qu’elle ne s’était pas remise de la claque qu’il venait de lui donner et qu’elle était peut-être dans un état de choc. Elle ne le regardait d’ailleurs même plus dans les yeux, elle semblait un peu perdue. Non en fait, elle regardait clairement derrière lui et paraissait inquiète. Peut-être que l’alcool dans son sang lui faisait avoir des hallucinations. Amadeus allait songer à se retourner pour voir ce qu’elle regardait quand quelqu’un se jeta sur lui, ne lui laissant pas le temps de réagir. Il reconnut bien vite Ezechiel Nott, un élève à Serdaigle de sixième année tout comme Alesya. C’était un ami de cette dernière, mais aussi un ami de sa sœur Wilhemina. Ezechiel avait l’air furieux, il l’attrapa d’accord par le col et semblait à deux doigts de le frapper ou de lui jeter un sort s’il avait eu sa baguette. Si le regard d’Ezechiel pouvait tuer, alors Amadeus serait déjà mort. L’alcool dans son sang lui faisait-il lui aussi avoir des hallucinations ou Ezechiel était en train de le menacer ? C’était plutôt lui qui devrait le frapper pour s’approcher trop de sa petite sœur. Qu’avait fait Amadeus pour mettre le Serdaigle dans cet état ? Il aurait bien eu besoin d’une petite notice explicative. « Et si tu t'en prenais à quelqu'un de ta taille, Goyle ? » lui siffla-t-il, visiblement hors de lui. Amadeus hésita entre plusieurs réactions comme répliquer ou rire. Si Ezechiel croyait qu’il lui faisait peur, il avait totalement tord. En plus avec l’alcool dans son organisme, Amadeus se sentait plus puissant que n’importe quel sorcier. Pourtant, vu la rage qui habitait le regard d’Ezechiel, Amadeus aurait peut-être du avoir peur. Mais non, il était là, grand et fort, batteur de l’équipe de sa maison. Si Ezechiel voulait le taper alors il lui exploserait la tête comme il frapperait un cognard. Ezechiel le fit reculer de quelques pas. La tension était palpable entre ces deux là. « Montres-moi donc quelqu’un de ma taille, Nott. » répondit Amadeus en retour par provocation. Amadeus fusilla du regard le Serdaigle qui avait osé le défier. Il n’hésiterait pas à frapper si l’occasion se présentait. Pendant qu’Ezechiel le dévisageait avec un regard mauvais, Amadeus repensa à la scène. Mais que faisait Ezechiel sur le terrain de Quidditch et pourquoi venait-il d’intervenir dans sa conversation avec Alesya ? Comment avait-il su qu’ils étaient tous les deux là, si loin du château ? Beaucoup de questions et si peu de réponses. C’est sûr que s’il ne les posait pas, il n’aurait jamais la réplique.

« Ez’, laisse tomber, c’est.. » dit Alesya pas très loin d’eux au jeune homme qui tenait toujours Amadeus par le col de sa chemise. Ni Amadeus, ni Ezechiel ne tourna la tête vers elle. Ils se fixaient mutuellement, se défiant du regard pour savoir qui frapperait en premier. La raison de ce combat n’était pas très clair et pendant que la tension continuait de monter, il essayait de réfléchir. Mais Alesya n’était pas décidée à se taire pour le laisser y penser un peu plus. « Laisse, viens.. » dit-elle très probablement à son ami Nott. Amadeus réfléchit à toute vitesse et décida finalement que se battre n’était peut-être pas la meilleure chose à faire. Mais Ezechiel ne déciderait pas forcément la même chose donc en cas d’attaque, il se défendrait et il n’aurait rien à se reprocher. Amadeus leva sa main et dégagea la main du Serdaigle de sa chemise. Le Serpentard se recula d’un pas au cas où il viendrait à l’idée du garçon de lui envoyer son poing dans la figure. Amadeus passa ses mains sur les plis de sa chemise afin de la déchiffonner. Il se demanda alors ce qu’Ezechiel avait vu pour qu’il soit si en colère. Était-ce la baffe qu’il avait donné à sa très chère amie ? Ou peut-être était-ce le baiser qu’elle lui avait donné ? Peut-être que le Serdaigle avait un petit faible pour la petite sœur de son meilleur ami. Après tout, Alesya et Ezechiel étaient amis d’enfance et Alesya était très attirante, ce ne serait pas étonnant qu’il en pince pour elle. Amadeus eut un léger sourire grâce à ce qu’il venait de comprendre. C’était ça, ça ne pouvait pas en être autrement, sinon pourquoi serait-il dans une telle colère ? Amadeus ne s’énerverait comme ça que si l’on touchait à sa sœur ou à l’une de ses conquêtes. Pour lui, il était impossible qu’Alesya ait été l’une des conquêtes de Nott, elle était bien trop classe pour lui. « On a un petit coup de cœur pour la belle Lestrange ? » dit-il en désignant Alesya d’un coup de tête sur le côté. Amadeus observa Ezechiel à la recherche de la moindre réaction qui confirmerait ce qu’il était en train d’avancer. Bien sûr, il restait toujours à une distance raisonnable afin de ne plus se faire surprendre par le jeune homme comme quand il l’avait approché par derrière quelques minutes plus tôt. « Tu n’es pas assez bien pour elle. » ajouta Amadeus en s’approchant furtivement et en poussant Ezechiel. Il se recula ensuite un peu. Bien sûr, il ne prétendait pas être mieux, ce n’était pas du tout là qu’il voulait en venir. Il n’était pas intéressé par Alesya de ce côté-là mais par exemple, son frère correspondait bien mieux à la jeune fille. D’ailleurs pourquoi Ezechiel n’était pas assez bien pour Alesya ? Il l’ignorait. Peut-être parce qu’il n’était qu’à Serdaigle. « Alors arrêtes de lui tourner autour. » dit-il avec conviction en conclusion de sa nouvelle théorie. Si seulement il savait qu’ils étaient tous les deux mariés, il passerait moins pour un idiot trop protecteur. D’ailleurs, c’était certain que Rohàn n’approuverait pas cette relation entre Alesya et Ezechiel alors ils seraient deux contre ce petit couple s’il devait se former.

C'était peut-être un peu traître d'être arrivé par derrière comme ça mais sur le coup il n'avait pas réfléchi à la plus honnête des façons pour s'annoncer. Tout ce qu'il avait voulu c'était l'éloigner d'Alesya et s'assurer qu'elle allait bien. Bon, peut-être qu'il avait oublié de prendre des nouvelles de la brunette mais au moins il avait réussi à l'écarter du Goyle avant que ne lui reprenne l'idée de la frapper. Et puis franchement, il y avait plus traître que d'arriver sans bruit par derrière, il aurait tout simplement pût lui envoyer un sort de l'autre bout du terrain alors d'un côté, il n'était pas si vicieux que ça. Alors qu'il le bousculait un peu, lui montrant qu'il n'était pas en train de plaisanter, le Serpentard lui répliqua « Montres-moi donc quelqu’un de ma taille, Nott. » qui n'eut comme effet que de faire plisser les yeux du jeune homme. Très spirituel. Tout ça parce qu'il avait quelques centimètres de plus que lui. Ezechiel prit une profonde inspiration pour se calmer un peu, le but n'était pas de s'énerver tout seul, simplement trouver Lesya et la ramener au château sans trop de casse. Il s'occuperait du septième année plus tard. Il tourna légèrement la tête pour apercevoir sa femme mais en s'assurant de toujours avoir le jeune homme dans son champ de vision, on ne sait jamais. Il vit cette dernière s'essuyer la bouche et finalement réussit à articuler « Ez’, laisse tomber, c’est.. » Elle tituba et finalement il ne pût s'empêcher de faire quelques pas vers elle, tournant complètement le dos au Goyle. « Laisse, viens… » ajouta-t-elle sans vraiment finir ses phrases. Le problème n'était pas qu'il ne voulait pas partir, c'était juste qu'il était encore trop en colère pour laisser Amadeus s'en tirer aussi facilement.

Et de nouveau il devait se battre entre cette envie de la prendre dans ses bras et de lui dire que tout irait bien, qu'il allait la remmener jusqu'à sa salle commune et qu'il veillerait sur elle toute la nuit s'il le fallait et ce besoin de remettre le jeune homme à sa place. Il ne savait pas pourquoi il l'avait giflée mais il n'avait tout simplement pas le droit. C'était comme ça, fin de la discussion. Le pire dans tout cela c'est que sur beaucoup de points, les deux jeunes hommes se ressemblaient beaucoup. Ils étaient tout les deux issus d'une famille de sang-pur, des mangemorts précisément, des parias, ils avaient tout les deux subis les moqueries des autres, descendants des héros de la guerre. Ils auraient pût bien s'entendre si leurs opinions sur les nés-moldus et les sang-mêlés n'avaient pas été aussi différentes. Et franchement, ce n'était pas vraiment une grosse perte pour Ezechiel qui finit par faire de nouveau face au jeune homme. Alors qu'il avait réussi à se décrispé un peu, la voix du Vert et Argent résonna dans le terrain de Quidditch et lui fit grimper des frissons le long de la colonne vertébrale. Rien que le fait de savoir qu'il respirait à quelques pas de lui avait le don de l'énerver. « On a un petit coup de cœur pour la belle Lestrange ? » Il tiqua. Sérieusement ? Il allait continuer à le titiller au sujet d'Alesya ? N'avait-il pas compris que c'était un sujet plutôt sensible qu'il abordait là ? « Tu n’es pas assez bien pour elle. » continua-t-il et le Bleu et Bronze sentit ses poings se former tout seul. Pour qui se prenait-il franchement ? Qui était-il pour lui dire ça ? Comme le Serdaigle ne semblait pas réagir, Amadeus s'approcha légèrement pour le bousculer avant de reprendre sa place initiale c'est à dire à une longueur de bras d'Ezechiel qui avait de plus en plus de mal à se calmer.

« Alors arrêtes de lui tourner autour. » Et sans vraiment s'en rendre compte, il laissait son poing atterrir dans l'estomac du Vert et Argent qui, sous le coup et peut-être par surprise, se plia en deux le souffle coupé. Il avait beaucoup être plus petit et moins musclé, il avait la rage de son côté et dans cette situation c'était bien assez suffisant. Même s'il n'aimait pas se mettre en colère car dans ces moments il ressemblait bien trop à son père. Cet homme qu'il abhorrait plus que tout, il sentait son ombre planer juste au-dessus de lui quand il était envahi par cette colère intenable. À présent, il était à la hauteur du visage du brun et l'attrapant de nouveau par le col de sa chemise il tenta d'articuler entre ses dents. « J'pense pas qu'on se connaisse assez pour que tu me donnes des ordres Goyle. » Il le lâcha immédiatement après puis se retourna vers Alesya et se calma instantanément. Elle était comme un canaliseur, près d'elle tout semblait relatif, sa haine pour Amadeus par exemple, ou la douleur qui grimpait le long de son bras après l'avoir frappé. Il s'en foutait, tout ce qu'il voulait maintenant c'était partir. « Et entre nous, je suis sûrement meilleur pour elle que tu ne le seras jamais. » conclu-t-il tandis qu'il se dirigeait vers Alesya et que d'un mouvement de tête, il lui indiquait la sortie tandis qu'un fin sourire prenait place sur son visage.

Les choses allaient mal tourner. C’était évident et inévitable et alors qu’elle les regardait se toiser, chercher à se grandir pour s’impressionner et se provoquer, elle se demanda pourquoi, par Merlin, elle avait absolument voulu suivre Amadeus. Elle avait été ivre, c’était stupide de vouloir mener à bien un plan du genre sans avoir pleine possession de ses moyens, vraiment. Elle l’avait embrassé, cherchant à faire des histoires entre lui et Rohàn et si elle n’avait pas forcément mérité la gifle qu’il lui avait collé, elle l’avait bien vu venir. Idiote. Elle ne courbait pas souvent l’échine, c’était bien connu mais en l’occurrence, s’il arrivait quelque chose à Ezechiel, ça serait entièrement de sa faute et elle s’en voudrait. Encore trop secouée pour lancer correctement un sort, si tout dégénérait, elle ne pourrait surement pas les séparer, incapable de tirer sa baguette.

Elle ne sous-estimait pas le jeune Serdaigle, non, mais elle connaissait bien les travers de quelqu’un comme Amadeus. C’était le même que Rohàn, le même qu’elle. Violent, sournois, impulsif… Serpentard. Ezechiel et son sens de l’honneur prendraient cher, peu importe l’état de colère dans lequel il pouvait se trouver. Tout ça à cause d’une rancœur à la con, tout ça parce qu’elle avait mal de perdre petit à petit son grand-frère et qu’elle ne savait pas faire confiance, assez pour comprendre qu’il aurait beau se marier, il resterait son ainé avant toute chose… Pauvre conne. C’était surement cette culpabilité qui l’avait poussé à demander à ce qu’Ezechiel laisse tomber, parce qu’elle ne voulait pas le mêler à ça quand il prenait déjà assez de coup par sa faute. Amadeus ne le savait pas, non, mais ça ne changeait rien. Ils étaient mariés et lui était patient avec elle, si calme, si posé quand il aurait dû vouloir la secouer depuis longtemps pour la réveiller, un peu, pour faire en sorte qu’elle arrête de le malmener… Elle souffla, espérant que la situation retombe doucement mais ce n’était pas à l’ordre du jour, clairement.

Plantés au milieu du parc, ils gravitaient les uns autours des autres avec une dynamique étrange. Alesya voulait préserver Ezechiel, qui la protégeait sans qu’Amadeus puisse deviner réellement pourquoi… Quoi que. D’une voix amusée, comme venant de comprendre quelque chose, il lança : « On a un petit coup de cœur pour la belle Lestrange ? » Alesya sera les dents immédiatement. Si Ezechiel était patient, Amadeus pouvait être vil et clairement, il pensait avoir trouvé la corde sensible, il semblait prêt à appuyer dessus, au grand dam des deux jeunes mariés qui voulait garder tout ça secret… le Bleu et Bronze venait de tiquer et elle pouvait le comprendre mais elle commençait à paniquer, un peu. L’ainé des Goyle continua cependant : « Tu n’es pas assez bien pour elle. » Et là, ce fut Alesya qui tiqua, manquant d’intervenir, de répondre fort, de protester. Elle se retint de justesse, ou bien il lui coupa la parole avant même qu’elle n’ouvre la bouche. La suite s’enchaîna très vite. Alors qu’il prononçait à peine sa phrase, il entraina une réaction « Alors arrêtes de lui tourner autour. » eut-il le temps de dire avant qu’Ezechiel ne le frappe, se retournant vivement pour lui coller un énorme coup de poing. Dans la seconde suivante, celui qu’elle avait épousé montra une nouvelle facette de sa personnalité, saisissant Amadeus par le col, menaçant. « J'pense pas qu'on se connaisse assez pour que tu me donnes des ordres Goyle. » Il lâcha prise et elle mit un certain temps à retrouver le sens des réalités, à réaliser qu’il bougeait. Elle avait vécu la scène sans trop comprendre, parce que tout cela ne ressemblait pas à Ezechiel, parce que tout allait soudain bien trop vite au vue de l’alcool qu’elle pouvait avoir dans le sang. Toujours aussi agacé, le Serdaigle ajouta « Et entre nous, je suis sûrement meilleur pour elle que tu ne le seras jamais. » avant d’afficher un demi-sourire, indiquant le château d’un coup de tête, ordre silencieux.

Il n’était pas habituel qu’Alesya obéisse, pas même à Ezechiel. Surtout pas à Ezechiel. Leur relation, bancale et naissante, n’était pas basée sur ça et elle ne comptait pas devenir la femme effacée d’un homme autoritaire, ça ne collait pas. Dans la lumière étrange de la lune, cependant, elle se mit en marche, faisant de son mieux pour ne pas zigzaguer, pour ne pas tituber. Elle était encore secouée et quelque chose dans l’attitude du jeune homme la forçait au silence, un mélange de force et de colère qui attirait respect et peur sans qu’elle ne sache vraiment faire la part des choses. C’était comme si d’un coup, le calme petit garçon refusant les jeux violents venaient d’entrer dans la cour des Serpentards… Et elle en était responsable, quelque part, c’était pour la défendre qu’il se retrouvait à agir comme ça, comme les gens qu’il ne pouvait que difficilement supporter, comme ce père qu’il n’aimait pas, trop brutal, trop extrémiste, trop brusque… Elle avait l’impression de faire ressortir les tares qu’il pouvait avoir quand lui la rendait, la plupart du temps, meilleure. Et c’était dérangeant. Vraiment dérangeant. Elle ne pouvait cependant rien faire, rien dire et elle se contenta de faire quelques pas, se doutant bien que l’esclandre n’était pas terminée.

Question d’honneur, surement, même si elle écrasait. Amadeus ne se laisserait pas faire, il se vengerait du coup, de l’affront. Il avait beau être plus âgé, plus grand, batteur des Serpentards, elle commençait à douter du fait qu’il puisse avoir le dessus cependant et les voyait déjà tous les deux à l’infirmerie. Si Goyle l’avait mérité, elle ne pouvait cautionner qu’Ezechiel prenne des coups par sa faute. Déglutissant, elle attrapa sa baguette sans le montrer ostensiblement, au cas où.

Elle interviendrait, si c’était nécessaire, refusant que celui qu’elle avait épousé justement parce qu’il était différent de Rohàn et de sa fierté à la con, n’endosse le rôle de connard-serpentard bien sadique, bien violent, bien impulsif et incontrôlable. Ezechiel n’avait pas besoin de gouter au sang, ça ne lui allait pas, ce n’était pas lui. Et si quelqu’un devait remettre Amadeus à sa place, foutu Goyle devant, au final, écraser face à une Lestrange et un Nott, elle s’en chargerait sans problème, ayant encore un peu d’humiliation à évacuer. On ne giflait pas Alesya impunément, pas plus qu’on n’emmerdait ceux qui comptaient à ses yeux sans en payer les conséquences.

Spoiler:

Amadeus cherchait à pousser Ezechiel à bout pour voir jusqu’où il pourrait contenir son calme. Il était apparu de nulle part et les avait dérangé. Il l’avait directement agressé. Amadeus ne tolérait pas ce comportement, alors il se comportait mal lui aussi. Le Serpentard provoquait le Serdaigle. C’était un ami de sa sœur, il le savait et il ne l’aimait déjà pas beaucoup. Ezechiel semblait assez attaché à Alesya. Amadeus savait qu’ils étaient amis tous les deux et rien de plus, du moins pas à sa connaissance, mais même ça il ne le supportait pas. Les filles avaient de drôles de façon de choisir leurs fréquentations. Amadeus vit l’état d’Ezechiel changer de secondes en secondes. Plus il le provoquait, plus le visage d’Ezechiel s’obscurcissait, plus ses poings se fermaient. Et pourtant, Amadeus n’abandonnait pas. Il se fichait pas mal de mettre le Serdaigle en colère. Il voulait de la violence, il voulait de la bagarre. Il n’avait pas peur. Amadeus était un peu trop imbibé pour avoir peur ou être plus sage. La colère coulait dans ses veines à présent. La rage, l’envie de frapper aussi. Amadeus parlait d’Alesya et il le savait, Ezechiel avait envie de tout sauf d’entendre le Serpentard lui parler d’elle. Après tout, si Ezechiel se mettait à parler de sa petite sœur ou d’autres amies proches, il réagirait de la même façon. Mais encore une fois, il se fichait pas mal de ce que le Serdaigle voulait. Ezechiel avait peut-être un faible pour Alesya et c’était sur ce point là qu’Amadeus avait choisi d’appuyer. Il lui dit qu’il n’était pas assez bien pour elle. Deux secondes plus tard, avant même qu’Amadeus ne puisse réagir, le poing d’Ezechiel s’écrasa dans son estomac, le faisant par réflexe plier en deux. Il n’avait pas eu vraiment mal, mais avait plutôt eu le souffle coupé. Ezechiel devait vraiment être énervé pour avoir mis autant de force dans ce coup. D’un côté, Amadeus avait gagné. Le Serdaigle ne pouvait pas nier qu’il avait un faible pour la petite sœur de Rohàn après ça. En se relevant, Ezechiel attrapa à nouveau Amadeus par le col, décidément. Il avait l’air bien plus énervé que la première fois. « J'pense pas qu'on se connaisse assez pour que tu me donnes des ordres Goyle. » lui dit-il alors, la mâchoire serrée de colère. Et comment réagit Amadeus ? Il eut un long sourire sadique et un regard plein de provocation et de défi. Bien sûr qu’il lui donnait des ordres s’il le voulait. En plus de ça, il avait un an de plus que lui. Juste après, Ezechiel relâcha Amadeus. Ce dernier se demandait s’il croyait vraiment lui avoir fait peur avec son pauvre petit coup. Il en voulait plus. Il n’en avait pas fini avec eux. D’ailleurs, Amadeus n’aimait pas qu’Alesya l’abandonne pour le Serdaigle. « Et entre nous, je suis sûrement meilleur pour elle que tu ne le seras jamais. » Amadeus eut un léger rire inaudible. Nott était-il vraiment meilleur que lui pour Alesya ? Il en doutait. Et puis lui n’avait pas de coup de cœur pour la demoiselle. Certes, Alesya était très charmante, plus que charmante, mais il n’était pas amoureux d’elle. Ezechiel fit signe à Alesya de le suivre. Amadeus leva un sourcil. Alesya allait vraiment obéir à cet espèce d’abruti ? Il regarda la jeune fille faire demi-tour et le suivre. Elle obéissait. Incroyable. Elle n’avait même pas dit un mot. Amadeus était profondément vexé. Il n’allait pas les laisser partir comme ça. Il ne pouvait pas.

Impulsivement, Amadeus rattrapa les deux déjà en route pour quitter le terrain de Quidditch. Il attrapa Ezechiel par l’épaule et le fit se retourner. D’un coup, le poing de son autre main atterrit sur le visage du Serdaigle. Sous le coup, ce dernier se retourna et porta la main à son visage. Il saignait, d’où exactement, Amadeus ne le savait pas. Il n’avait pas vraiment calculé s’il avait touché l’arcade, le nez ou peut-être les lèvres d’Ezechiel. Amadeus sortit sa baguette, il sentait la tension autour de lui. Instinctivement, il se tourna vers Alesya. Cette dernière avait sa baguette à la main. Il doutait qu’elle s’en serve contre lui mais quand même. « Je ne crois pas que ton frère serait très fier de te voir obéir sans ciller à cet abruti. » Amadeus essayait de raisonner un peu Alesya. Elle avait bu, c’était peut-être pour ça que ce qu’elle faisait n’était plus très clair. Sinon comment pouvait-elle s’abaisser à ce point devant ce Serdaigle ? Il était son ami, apparemment, Amadeus l’avait bien compris. Il n’aurait peut-être pas du le traiter d’abruti, mais c’était ce qu’il était à ses yeux. Et c’était vraisemblablement réciproque. Mais peu importe. Amadeus s’amusait de la situation. Alesya l’avait déjà déçu une fois en se jouant de lui et en l’embrassant. Il n’était plus très surpris. Elle cachait bien son jeu. En fait, peut-être qu’elle jouait un jeu en permanence. Peut-être qu’elle n’était pas une vraie Lestrange. « Tu me déçois, Alesya. » Elle s’en fichait très probablement. Amadeus n’était pas son frère. Il était tout au plus son ami. Il était un camarade de maison. Le meilleur ami de son frère. Le frère de son ex-petit ami. Il ne faisait pas parti des pions les plus importants de sa vie. Amadeus n’était pas déçu de ne pas avoir plus d’importance dans la vie d’Alesya, il était seulement déçu qu’elle choisisse quelqu’un si différent de Rohàn, Zane ou lui. « D’abord tu m’embrasses.. » dit-il à l’intention de l’ami jaloux d’Alesya. Après tout, il ne faisait que dire la vérité et ce n’était pas un secret absolu puisqu’elle l’avait menacé d’en faire part à Rohàn. « ..et ensuite, tu m’abandonnes comme une vieille chaussette. Tu devrais revoir tes manières. » Amadeus pointa alors sa baguette vers Ezechiel afin de prévenir tout autre coup de vengeance. Il ne tenait pas à ce qu’on l’abime non plus. Il n’avait pas l’intention d’attaquer avec la magie, juste de se défendre s’il le fallait vraiment.

Ezechiel n'avait jamais été du genre impulsif, au grand dam de son père qui aurait voulu voir son fils un peu plus belliqueux, un peu plus en demandant de sang neuf sur ses mains. Mais au lieu de ça, il avait hérité d'un romantique, d'un gamin un peu dans la lune et au sourire facile. Bien sûr il lui arrivait de se mettre en colère, surtout quand on venait à le comparer à son père -ironie du sort quand on y pense puisqu'il ne lui ressemble que lorsqu'il s'énerve- ou bien quand les imprudents se mettaient à critiquer ses proches et en particulier sa sœur et Alesya. Alors forcément, quand il avait vu Amadeus gifler sa douce, il n'avait pas hésité un seul instant à le menacer, oubliant un moment son rôle de canalisateur et se jetant tout simplement dans la dispute sans en connaître les raisons. Peut-être qu'au final, Alesya l'avait mérité cette claque, peut-être que pour une fois, quelqu'un se rebellait contre ses airs de grandes princesses, mais il y avait tout de même des limites. Secouant une nouvelle fois la tête, Ezechiel ne voulait plus penser à ça, il voulait laisser le Serpentard sur le terrain de Quidditch, ramener la belle au château, l'embrasser une dernière fois et aller se coucher. Mais apparemment le descendant Goyle en avait décidé autrement et avant qu'il ne puisse esquisser un geste pour se défendre, son poing s'écrasait sur le visage du Serdaigle. Le jeune homme eut tout juste le temps de fermer les yeux avant de sentir une énorme décharge électrique se propager sur son visage et l'instant il se pliait en deux, les mains sur le nez et la bouche, ne sachant pas lequel des deux endroits lui faisait le plus mal.

Rapidement un goût métallique écœurant emplit la bouche du Serdaigle et il s'étouffa un moment avec son propre sang qui coulait de son nez et de sa lèvre fendue. Il n'était pas sûr que le coup était mérité mais il était un peu trop sonné pour y réfléchir. Avant même que le Bleu et Bronze ait pût faire un geste envers Amadeus, celui-ci c'était déjà tourné vers Alesya, tous les deux ayant sortis leurs baguettes. Ezechiel grimaça un moment avant de pouvoir se concentrer sur les paroles qui sortaient de la bouche du jeune homme. « Je ne crois pas que ton frère serait très fier de te voir obéir sans ciller à cet abruti. » En dépit de la douleur, Ezy leva les yeux au ciel, il commençait à se demander si Amadeus ne souffrait pas d'un complexe quelconque pour sans cesse avoir besoin de rabaisser les autres comme ça. C'était des petites insultes, pas grand chose, mais à la longue c'était usant et même si le Serdaigle était un modèle de patience, parfois il lui arrivait de craquer face au jeune homme qui ne cessait de rabaisser les autres. Ne pouvait-il tout simplement pas comprendre qu'elle au moins était intelligente et savait quand il fallait s'arrêter, redevenir sage et rentrer avant que plus de dégâts ne soient causés ? Non, il était trop têtu pour ça. Le veela fixa ses mains à présent couvertes de son propre sang et s'essuya négligemment sur sa robe de sorcier alors qu'il sentait encore son liquide vital couler sur son menton. « Tu me déçois, Alesya. » Là encore, malgré le fait qu'il sentait, littéralement, son cœur aux bords de ses lèvres, il leva encore les yeux au ciel. Il avait envie de lui dire que les gens s'en foutait de son avis, qu'il n'intéressait pas plus Alesya qu'il rendait le Serdaigle cinglé à parler et à être simplement lui.

Alors qu'il allait mettre véritablement fin à cette conversation qui ne les mèneraient nulle part de toute façon, la voix du Serpentard se fit encore entendre dans le terrain et Ezechiel retint un soupir de peu. « D’abord tu m’embrasses.. » Et bam, dans les dents. Les regards de l'Aigle et du Serpent se croisèrent et l'espace d'une seconde, Ezechiel crut voir un sourire étirer les lèvres d'Amadeus. Il ne savait plus ce qui lui faisait plus mal à cet instant. La coupure à sa lèvre dans laquelle son palpitant continuait de pulser, la révélation qu'il venait de faire ou bien le fin sourire qui étira pendant un instant les lèvres du Vert et Argent. Serrant les poings, il tourna le regard vers Alesya, espérant apercevoir dans ses yeux un éclair de surprise ou de choc qui prouverait qu'Amadeus mentait. Mais elle fuyait son regard et cette attitude lui montrait clairement qu'il venait de dire la vérité. Était-ce pour ça qu'il l'avait giflé ? Parce qu'elle avait forcé un baiser ? Fermant les yeux, il baissa la tête, tentant de cacher le fait que ça lui faisait mal, ça plus qu'autre chose, parce que devant les autres il n'était que son pote d'enfance, le grand Serdaigle maigrichon qui était toujours caché dans l'ombre de la grande Lestrange et pas son mari. Il prit une longue inspiration tandis que le jeune homme continuait sur sa lancée. « ..et ensuite, tu m’abandonnes comme une vieille chaussette. Tu devrais revoir tes manières. » Il serra les dents et passa le dos de sa main sous son nez pour essuyer le sang qui continuait à couler mais qui commençait à sécher en même temps. Il grimaça face à son geste rendu un peu trop brusque par sa colère sourde. Jamais il n'avait ressentit ça, il avait envie de faire payer le monde pour ce simple baiser qui ne représentait sûrement rien mais qui lui semblait être un véritable drame.

« C'est vrai ça Lesya. On a t'as jamais dit que t'avais des mauvaises manières ? » Il avait envie de lui faire mal alors que ce n'était qu'une broutille, rien, un geste guidé par l'alcool et qui ne se reproduirait sûrement jamais. Mais la fatigue, la douleur qui se propageait encore sur son visage et le fait d'apprendre ça par Amadeus le poussait à dire des choses qu'il regretterait dans la seconde. Il s'avança vers elle, tentant de capter son regard puis afficha un sourire un peu mesquin qui ne lui allait pas vraiment avant de continuer. « Regarde, prends Mina par exemple. » Il pencha la tête sur le côté, accentuant son sourire puis se tourna vers Amadeus. Regard de défi entre deux mâles se battant pour un morceau de viande. Il voulait le provoquer, lui faire mal, il n'allait pas être déçu de jouer avec Ezechiel. « Elle, c'est une fille qui sait y faire avec les mecs. Douce, gentille, souriante... » Il énumérait ces qualités sur un air songeur, ce sourire provocateur sur le visage, accentuant chaque mot avec un léger soupir, comme si parler d'elle le rendait nostalgique de sa présence. « ...bien foutue en plus de ça. » ajouta-t-il dans un rire.

Rire qui n'allait sûrement pas plaire à tout le monde.

Ce n’était qu’un combat de coq, c’était deux garçons à l’égo froissé, c’était habituel, des tensions, un peu d’alcool, un peu de possessivité, quelques secrets, ils s’en sortiraient tous les trois s’en dommage. Amadeus serait trop ivre pour se souvenir d’avoir été frappé et Alesya ferait mine de ne pas s’en rappeler non plus, ils ne reparleraient plus jamais de l’incident et surtout, ils arriveraient à se disperser avant que le baiser et la tentative de séduction ne fasse surface, avant qu’elle ne blesse Ezechiel par procuration ou presque. Ou pas. Parce qu’évidement, rien ne se passait jamais comme prévu, sinon la vie aurait été trop simple, à l’évidence. Elle déglutit pour se calmer et hoqueta presque aussitôt. Le point d’Amadeus venait de s’écraser sur le visage du Serdaigle. Elle ne plaignait pas celui qu’elle avait épousé, dans le sens où il était parfaitement capable de se défendre, mais… le Grand Goyle était en effet, très grand, en plus d’être batteur de Serpentard et pour avoir déjà échangé des frappes avec lui, elle savait à quel point il pouvait faire preuve de force et de brutalité. Elle eut soudain envie de lui faire exploser le crane, à des milles de se douter que dans la foulée, il lui donnerait une montagne de raisons supplémentaires pour le faire. Bientôt, il déclara, content de lui : « Je ne crois pas que ton frère serait très fier de te voir obéir sans ciller à cet abruti. » Elle manqua de se frapper le front, consternée, alors qu’Ezechiel saignait déjà. En tant qu’amie, elle pouvait s’occuper de lui sans que cela semble suspicieux, mais comme s’arrêter à temps, comment retenir, de justesse, les mots tendres qui viendraient avec les soins ? Dans le doute, elle ne dit rien et observa Amadeus d’un air mauvais, car bien entendu, il n’avait pas terminé. Odieux connard, Serpentard de première. « Tu me déçois, Alesya. » lança-t-il alors qu’Alesya pouvait sentir l’agacement d’Ezechiel monter d’un cran encore, si toute fois c’était possible. L’inimitié entre eux était évidente, surtout à cet instant, mais ce n’était rien. Non, rien du tout, car l’ainé de la fratrie Goyle n’avait pas encore porté son coup de grâce. Il n’attendit d’ailleurs pas plus longtemps, l’enflure. « D’abord tu m’embrasses… » déclara-t-il, trop fort pour qu’Ezechiel ne l’entende pas. Elle eut envie de lui sauter à la gorge, de le tuer, de l’étouffer, de le faire taire. Ne pouvait-il pas donner, dans la foulée, la raison de son agissement ? Non, bien entendu, il fallait qu’il se contente des faits, il fallait qu’il blesse Ezechiel sans même le savoir. A côté d’elle, le Serdaigle venait de se prendre le coup dans les dents et elle le sentait, viscéralement. Il avait mal, par sa faute, il avait mal à en crever. Il avait baissé la tête et jetant un coup d’œil sur son profil, elle put voir qu’il encaissait. Elle voulait disparaître, elle voulait s’expliquer, elle voulait qu’il la regarde, elle voulait hurler que ce n’était pas comme ça, pas pour ça. Mais non, elle ne pouvait pas, pas devant Amadeus. Elle était coincée. Et ce dernier en profitait, ayant saisi qu’il faisait mal à son ennemi. Il pensait surement à un crush, un béguin oui, il pensait surement le torturer de façon bégnine, ne soupçonnant pas le mariage. Sur le même ton satisfait, il lança : « ..et ensuite, tu m’abandonnes comme une vieille chaussette. Tu devrais revoir tes manières ».

Elle sentit un gouffre se créer entre Ezechiel et elle. Alors qu’elle avait admiré sa colère une seconde plus tôt, elle comprit que cela ne lui allait pas, car sa rage se dirigeait contre elle. Après tout ce qu’elle lui avait fait subir, c’était normal, oui… normal mais désagréable au possible, car elle ne le reconnaissait pas, soudain. Mauvais, il lança « C'est vrai ça Lesya. On a t'as jamais dit que t'avais des mauvaises manières ? » Et elle sentit dans sa voix toute la volonté de faire mal, toute cette hargne qu’elle pouvait avoir par moment, lorsqu’elle pensait à Rohàn, par exemple, lorsqu’elle pensait à la trahison. C’était une trahison, il le lui fit comprendre en captant son regard alors qu’il lâchait, comme une bombe « Regarde, prends Mina par exemple. » Alors qu’il se retournait, souriant comme un dément, un animal blessé décidant de se venger, elle se demanda qui il cherchait à blesser. Amadeus ou Elle. Les deux, surement. Il avait prit une fille pour la heurter et avait choisi la jeune Goyle pour agacer le grand frère, le plan était infaillible. Une pierre, deux coups, comme on disait souvent. Une boule de douleur s’installa dans la gorge de la jeune femme, alors qu’elle comprenait à quel point elle lui avait fait mal, là, de suite, à quel point les mots d’Amadeus l’avaient atteint. Autrement, il n’aurait jamais cherché à rendre les coups, elle le savait. Il continua et elle resta là, pantoise, à encaisser, à se dire que ce n’était que de la vengeance, que c’était légitime... « Elle, c'est une fille qui sait y faire avec les mecs. Douce, gentille, souriante... » et dans un éclat de rire sale, il termina, même coup de grâce que celui d’Amadeus, seulement encore plus détestable car son ton était là pour volontairement blesser, quand le grand Goyle avait tâtonner en espérant toucher sa cible « ...bien foutue en plus de ça. »

Ezechiel c’était surement attendu à recevoir un autre coup de la part d’Amadeus mais à vrai dire, ce fut Alesya qui réagit en premier. Elle trouvait ça injuste, d’un coup, d’être prise entre eux, de ne pas pouvoir se défendre au risque de se trahir. Elle ne pouvait pas se justifier auprès d’Ezechiel sans avouer leur lien, elle ne pouvait pas laisser filer Amadeus sans risquer des conséquences atroces. Alors dans son ivresse, dans sa détresse, elle bouscula d’abord Ezechiel, croisant son regard et affichant à la fois tous ses regrets et toute sa rancœur. Ne pouvait-il pas comprendre, dans la panique, qu’il y avait une raison à son geste ? Ne pouvait-il pas simplement se mettre de son côté le temps qu’elle lui explique ? Non, il fallait qu’il joue de sa fierté et de son orgueil de mâle pour chercher à rendre la pareille. C’était… tellement Serpentard, tellement détestable, tellement tout ce qu’il n’était pas qu’elle en tremblait de colère, elle. Ne pouvait-il pas deviner que ça avait à voir avec la trahison de Rohàn ? Si elle avait voulu sauter sur Amadeus, elle l’aurait fait dans la fête, dans la salle Commune, pas à l’écart, pas comme ça, il la connaissait tout de même, non ? Visiblement…

Dans la foulée, elle bouscula aussi Amadeus, plus violente cette fois, plantant son coude dans ses côtes. Malgré l’alcool, malgré sa démarche titubante, lui sentit toute la violence dont elle pouvait être capable. Elle n’était pas grande, pas épaisse, mais elle n’était faite que de nerfs et de muscles fins, elle était batteuse, dynamique, acharnée. Elle planta son coude de toute sa force et d’une voix atroce, comme on sonne un glas, elle lança dans le silence du stade « En fait, je sais pourquoi mon frère te garde à portée de main, Goyle. Chaque leader a besoin d’un roquet, d’un putain d’abruti pour faire le sale travail. Tu vaux pas mieux que lui, mais mon frère à au moins le bon sens de deviner lorsqu’on se sert de lui, contrairement à toi ». C’était un aveu incompréhensible, elle espérait juste qu’Ezechiel saisirait la nuance…

Elle s’éloigna, un peu, tirant sa baguette et la pointant sur Amadeus. S’il touchait encore au Serdaigle, il gouterait à la spécialité des Lestranges, un Doloris en plein cœur. « Maintenant, si tu veux que je t’euthanasie, ça sera avec plaisir… » Murmura-t-elle entre ses dents, faisant comprendre que s’il continuait son manège, elle le briserait jusqu’à la moelle. Il était un des mieux placés pour savoir qu’elle en était capable, en plus. Elle ne savait même pas pourquoi elle continuait à défendre son… époux, parce qu’il semblait s’en foutre, mais elle s’accrochait, encore un peu, jugeant au final qu’elle n’avait pas grand-chose à se reprocher. Le baiser avait été une manipulation, rien de plus, c’était là pour blesser Rohàn et il devrait le comprendre, simplement, au lieu de la juger si vite et de chercher à bassement la heurtrer.

Blesser Ezechiel, prendre sa revanche, c’était ce qu’Amadeus cherchait en parlant du baiser d’Alesya. Seulement, il ne savait pas qu’il avait fait bien plus mal au garçon, et à la même occasion à la jeune fille, qu’il le pensait. Il ignorait qu’ils étaient mariés et on ne pouvait pas le lui reprocher. Amadeus pensait simplement qu’Ezechiel avait un petit faible pour la Serpentard. Et il avait réussi. Ezechiel paraissait hors de lui. L’aîné des Goyle n’en était que plus heureux. Il n’avait pas pour but de blesser Alesya mais son ami, oui. Et puis si elle ne voulait pas que ça se sache, elle n’avait qu’à pas l’embrasser. Ezechiel se tourna vers la Lestrange. « C'est vrai ça Lesya. On a t'a jamais dit que t'avais des mauvaises manières ? » Amadeus tourna au même moment son regard vers elle. Alesya avait l’air blessée par l’attitude de son ami. Il ne comprenait pas vraiment la portée de ses paroles car il ne connaissait pas toute la relation, mais il voyait bien qu’Alesya avait du mal à encaisser. Sans trop perdre de temps, Amadeus reporta son attention sur Ezechiel et attendit une autre réaction. Le Serdaigle afficha un sourire, un sourire qui ne lui disait rien de bon. Mais Amadeus était très loin de s’imaginer que le Nott allait se venger. « Regarde, prends Mina par exemple. » lâcha-t-il comme une bombe. Amadeus serra immédiatement les poings. Il ne supportait pas que l’on parle de sa petite sœur. Il avait déjà du mal à voir le Nott la fréquenter alors l’entendre en parler, c’était pire. Amadeus savait qu’il faisait ça pour le blesser à son tour. Il avait visé pile sur son point faible. Ezechiel et lui se regardèrent d’un regard mauvais. Amadeus avait terriblement envie de sauter sur lui et de l’assommer de coups, d’effacer son petit sourire. Il se retenait clairement pour Alesya, puisque Nott était son ami d’enfance, Amadeus ne pouvait pas vraiment le défigurer. « Elle, c'est une fille qui sait y faire avec les mecs. Douce, gentille, souriante.. » Les poings d’Amadeus se serrèrent un peu plus. Il bouillonnait. Ces mots dans la bouche d’Ezechiel le mettaient hors de lui. Il n’avait pas le droit de parler de Wilhemina. Il n’avait pas le droit de parler d’elle comme ça. Amadeus allait le castrer, lui faire regretter de parler de sa sœur. « ..bien foutue en plus de ça. » acheva le Serdaigle. Amadeus ferma les yeux un instant. Il allait le tuer. Il savait qu’il n’avait pas le droit de le faire. Mais en ouvrant les yeux, il réalisa qu’il s’en fichait. Ce connard méritait d’être criblé de coups jusqu’à son dernier souffle. Amadeus était décidé à le faire souffrir affreusement.

Seulement, le temps qu’il se fasse cette réflexion, Alesya intervint en premier. Amadeus avait presque oublié sa présence. Elle bouscula d’abord Ezechiel puis planta son coude dans les côtes du Serpentard. C’est qu’elle avait de la force pour une petite fille. Elle n’était pas batteuse pour rien. Il encaissa le coup, plutôt mérité après la claque qu’il lui avait donné. « En fait, je sais pourquoi mon frère te garde à portée de main, Goyle. Chaque leader a besoin d’un roquet, d’un putain d’abruti pour faire le sale travail. Tu vaux pas mieux que lui, mais mon frère a au moins le bon sens de deviner lorsqu’on se sert de lui, contrairement à toi. » Amadeus essaya de comprendre ce que lui disait Alesya, mais il était trop énervé par la première partie pour faire attention au reste. Il n’était à la botte de personne. Amadeus et Rohàn étaient plutôt des égaux. L’un ne commandait pas l’autre. Bien sûr, Amadeus ignorait tout du rôle de Rohàn dans l’Ombre. Le Serpentard se sentait un peu seul contre les deux qui continuaient à l’attaquer. Il les regarda tous les deux d’un regard noir. Il ne savait pas vraiment comment réagir. Il était trop énervé, et toujours légèrement sous les effets de l’alcool, pour réfléchir clairement. Mais son regard se stabilisa sur Alesya quand elle sortit sa baguette et la pointa sur lui, d’un air menaçant. « Maintenant, si tu veux que je t’euthanasie, ça sera avec plaisir.. » dit Alesya en murmurant, l’air sérieuse. Amadeus eut un léger sourire. Elle était bien une Lestrange après tout. Il ne comprenait pas pourquoi elle le menaçait et pourquoi elle s’entêtait à défendre le Nott mais soit. Amadeus savait très bien qu’Alesya était sérieuse et qu’elle était capable de lui jeter un sort, surtout dans son état. Il préféra ne pas jouer au héro et leva les mains, l’air de dire qu’il abandonnait. « Adorable. » dit-il en direction de la jeune femme avec beaucoup d’ironie. Elle le décevait grandement mais ça, il le lui avait déjà dit et elle le savait. Il ne manquerait pas d’en parler à Rohàn d’ailleurs, du comportement d’Alesya et du coup de cœur de Nott. Mais il savait déjà que ça ne serait pas facile. Amadeus tourna les yeux vers Ezechiel, sans oublier qu’Alesya le menaçait toujours. « Toi, ne reparles plus jamais de ma sœur.. et ne l’approches plus non plus. » Le regard du brun était menaçant et mauvais. Il aurait voulu lui faire mal mais il ne pouvait pas, pas sous la menace d’Alesya. Mais Amadeus n’avait pas dit son dernier mot, il reviendrait le voir, un autre jour, quand il ne serait plus sous l’effet de l’alcool ni sous la protection d’Alesya. C’était tout ce que pouvait lui transmettre son regard. Puis ses yeux se tournèrent vers Alesya dont le bras n’avait pas bougé d’un centimètre.

Préférant ne rien dire d’insultant, puisque c’est tout ce qu’il lui venait en tête, Amadeus décida de s’en aller. Il fit quelques pas à reculons, histoire de ne pas leur tourner le dos trop vite. Il ne savait que trop bien qu’un coup dans le dos était vite parti. Définitivement, le lien entre Amadeus et Alesya était rompu. Après ce qu’elle lui avait fait, il arrêterait de la protéger comme il essayait de le faire. Elle savait très bien se protéger toute seule et elle ne voulait pas de son aide. La haine d’Amadeus pour Ezechiel n’avait fait que s’accroître et il chercherait un moyen de se venger car après tout, lui aussi avait une sœur et il pouvait aussi jouer cette carte là. Ou bien il pouvait laisser couler et oublier cette soirée, tout dépendrait du comportement des deux amis après ça. Quand Amadeus fut assez loin, il se retourna et quitta le terrain, plein de rancœur.

Il essayait de se convaincre qu'elle le méritait, qu'elle l'avait cherché, qu'il ne faisait que rendre les coups. Mais dans le fond, la blesser comme ça, se mettre au niveau des gens qu'il abhorrait, c'était pire que tout et ça le bouffait de l'intérieur. Mais sur le coup de la douleur, il n'avait pas réfléchi, comme d'habitude, et désormais il regrettait. Pourtant il ne pouvait plus faire machine arrière maintenant sinon il se trahirait purement et simplement. Et puis une force en lui, lui soufflait qu'elle le méritait, qu'au fond elle l'avait blessé et il ne faisait que lui montrer à quel point il avait mal. Il avait sortit ses répliques comme un animal se serait jeté sur la main qui le bat. Il en avait marre d'être toujours celui qui s'en prends plein les dents et qui ne réplique pas, le gentil gamin dans le coin qui encaisse et sourit en retour. Surtout quand cela venait de la jeune femme, pas après tout ce qu'il avait fait pour elle cet été, pas après avoir défié son père simplement pour la retrouver, pas alors qu'il était près à affronter n'importe quoi pour elle. Et il pouvait bien voir qu'il avait fait mouche quand il sentit le corps d'Alesya le repousser un peu brutalement et qu'il croisait son regard rempli de douleur et de rancune. Elle n'avait pas le droit de lui en vouloir, n'était-ce pas elle qui venait d'ouvrir les hostilités en se jetant sur le Goyle ? Il serra les dents en se massant les côtes, là où elle avait planté son coude pour le pousser tandis qu'il la regardait enfoncer plus violemment encore son bras dans le flanc du Serpentard et à la tête qu'il fit, Ezechiel ne put s'empêcher de sourire, ce n'était pas comme s'il ne le méritait pas.

« En fait, je sais pourquoi mon frère te garde à portée de main, Goyle. Chaque leader a besoin d’un roquet, d’un putain d’abruti pour faire le sale travail. Tu vaux pas mieux que lui, mais mon frère à au moins le bon sens de deviner lorsqu’on se sert de lui, contrairement à toi » Le Bleu et Bronze fronça légèrement les sourcils sans très bien comprendre où elle voulait en venir, mais il s'en fichait, ce n'était pas très important. La jeune femme sortit alors sa baguette et la pointa vers la poitrine du Goyle avant d'ajouter d'un ton qui paraissait étrangement calme. « Maintenant, si tu veux que je t’euthanasie, ça sera avec plaisir… » Et là encore il esquissa un sourire mauvais. Malheureusement, Amadeus n'était pas aussi bête qu'il semblait l'être et au bout d'un moment, il leva les mains en signe de reddition et fit un pas en arrière. « Adorable. » lâcha-t-il mauvais. Il fallait dire qu'il formait une sacré paire ces deux-là, la petite teigne et le grand calme. Mais il fallait bien sûr prendre ce compliment au second degré, on pouvait bien sentir la résignation et la déception dans la fois du septième année à l'encontre d'Alesya. Reposant son attention sur le Serdaigle, le Vert et Argent le menaça une dernière fois avec un. « Toi, ne reparles plus jamais de ma sœur.. et ne l’approches plus non plus. » qui se voulait terrifiant mais qui n'arracha qu'un sourire mauvais et un plissement d'yeux de la part du jeune homme tandis qu'il croisait les bras. Lui dire de ne pas faire quelque chose était sûrement le meilleur moyen de s'assurer que le jeune homme allait s'empresser de le faire. De plus, Mina était comme sa petite protégée, il se souvenait encore du jour où il l'avait rassuré alors qu'elle paniquait presque à l'idée d'avoir déçu sa famille à cause de sa maison. Et il détestait ce genre de pression qu'il subissait lui-même chez lui.

Et puis sans ajouter un mot de plus, le jeune homme s'en alla, laissant le couple seul. Un silence lourd de reproches s'installa entre eux et Ezechiel attendit que le Serpentard soit complètement hors de vue, s'assurant par la même occasion qu'il était hors de portée de voix, avant de se tourner légèrement vers Lesya. Il ne savait pas quoi ajouter d'autre. Devait-il s'excuser d'avoir essayé -et réussi- de la blesser ? Ou bien devait-il l'enfoncer dans encore plus de reproches ? Leurs regards s'accrochèrent et il préféra simplement détourné le regard, se retourner et commencer à partir lui aussi. Il ne pouvait pas encaisser plus de coups ce soir, sa lèvre le faisait souffrir mais il sentait son cœur s'émietter au fur et à mesure des secondes qui s'égrenaient. Il lui fallait de l'espace, un endroit pour réfléchir, pour digérer la nouvelle, pour calmer sa jalousie maladive, pour relativiser la situation. Ce n'est qu'un baiser, un simple baiser, qui ne représente rien. Mais tout simplement sonnait tellement faux qu'il prit sa tête entre ses mains, ne sachant pas si la jeune femme le suivait ou pas, s'en fichant bien dans le fond et se dirigeait d'un pas décidé vers le château où il pourrait sûrement trouvé une bouteille, histoire d'atténuer la douleur, pour dormir, pour oublier pendant quelques heures que son palpitant manquait des battements de temps en temps à cause de sa poupée brune laissée en plan dans le terrain de Quidditch.

Seule. Elle était seule. Comme une idiote, comme une pauvre petite idiote se trimbalant son orgueil comme d’autres trimbalent un bouclier. Amadeus était parti, surement fatigué par les menaces immatures et les changements d’attitude de la demoiselle… Il était parti, les plantant là, avant qu’Ezechiel ne déserte. Sur un regard blessé, il l’avait laissé en plan, surement parce qu’elle le méritait. Quel comble, de détester et de craindre à ce point l’abandon mais de ne pas être capable d’agir correctement. Parce que d’une certaine façon, traiter les gens qu’elle aimait comme elle aurait voulu qu’on l’aime, c’était trop compliqué, trop difficile pour qu’elle sache glisser le concept entre sa fierté et l’armure qu’elle dressait contre le monde.

Sa baguette retomba le long de son corps et elle se sentit trembler, nauséeuse. Elle avait fait mal à Ezechiel et il avait rendu les coups, elle avait emmerdé Amadeus et il s’était vengé. Après tout, elle cherchait, toujours, tout ce qu’elle se prenait dans les dents n’était que le fruit justement récolté par son attitude. Petit monstre, détestable créature. Qu’avait-elle attendu, après tout ? Alesya s’était amusée à mettre en danger l’amitié du grand Goyle et de son ainé, tout ça pour quoi ? Elle avait oublié les conséquences possibles, elle avait oublié son époux, ou même Zane, qui ne méritait pas de se prendre ce genre de gifle, parce qu’il en avait reçu assez, dans la bagarre. Elle avait pris le risque que tout revienne aux oreilles du jeune Nott et qu’il s’emporte… Elle ne pouvait pas le blâmer, non, parce qu’elle savait que dans une situation inversée, elle aurait perdu les pédales en apprenant qu’il en avait embrassé une autre. Que cela ait été pour une manipulation ou non. Un baiser était un baiser.

Elle leva sa main libre pour la passer sur ses lèvres, résistant à l’envie de hurler, à l’envie de s’arracher le visage. Au milieu du terrain de Quidditch, sentant encore la gifle assénée par Amadeus et les mots brulants d’Ezechiel, elle ressemblait probablement à une gosse perdue, une gosse qui regardait son espoir s’éloigner. Le serpentard était déjà loin, furibond, en ayant eu sa claque des gamineries de la brune et Ezechiel, lui… elle pouvait encore le voir, remonter les pelouses de l’école, rentrer vers le bâtiment. Ce qu’il devait la haïr, ce qu’il devait la mépriser. Elle était ingrate, ingrate et idiote. Une nouvelle fois, elle eut envie de vomir mais sa gorge était si serrée qu’elle n’en fut pas capable. Tout comme elle se sentait incapable de bouger, de se trainer jusqu’à son dortoir. Il faudrait, pourtant. Parce qu’elle n’était pas une actrice dans une grande tragédie, parce qu’elle ne pourrait pas se laisser mourir à chaque faux-pas, quand bien-même elle n’était plus foutue de respirer correctement.

Peut-être était-ce là la trahison de trop. Peut-être l’avait-elle trop maltraité… Peut-être l’avait-elle poussé trop loin et qu’à présent, il prenait cette impulsion et s’en servait pour s’éloigner, pour se sauver, pour la planter, parce qu’elle n’en valait pas la peine… Et Rohàn, valait-il la peine qu’elle se batte ainsi pour le blesser ? Au fond, elle connaissait la réponse. Même s’il était sa famille, son frère, la moitié de son sang, même s’ils avaient grandit ensemble et s’ils représentaient la relève, s’il n’était pas capable de comprendre à quel point il la blessait en finissant par céder à la pression et en allant s’embêter d’une union avec Ange, qui au final ne semblait pas l’embêter du tout, alors il ne valait pas la peine qu’elle se brise ainsi. Il aurait dû la préserver, la protéger, sa toute petite sœur. Connard.

Il partait, celui qui était plus loyal que tous les autres, celui qui était là, toujours, celui qui jamais ne l’aurait trahi. Il partait et c’était de sa faute. Elle fit un pas en avant, puis un autre, hurlant « Ezechiel ! » mais dans le vent, la plainte mourut avant d’arriver aux oreilles du Serdaigle. Alors elle marcha, encore, jusqu’à ne plus pouvoir faire autrement que se mettre à courir. Elle avait mal et sa tête tournait, elle avait mal mais ce n’était pas important. Il fallait qu’elle remonte la pente et l’arrête, le rejoigne, il fallait qu’elle le rattrape avant qu’il ne soit trop tard.

C’était surement ce qu’on appelait le Karma, cette agonie qui lui ravageait le cœur. Ou bien était-ce la perspective de perdre une personne supplémentaire, la plus importante qui plus est ?