Weasley. Weasley. Connard de Weasley. Alesya serra les dents. Ce qu’elle pouvait haïr cette famille, ce qu’elle pouvait les mépriser, les détester. C’était à cause d’eux, que Potter avait survécu, c’était à cause d’eux, que Bellatrix était morte. C’était à cause d’eux, si sa vie n’avait été qu’un enchainement de regards méprisants et de commentaires étouffés. Quelque part, les Weasley avaient été les premiers à la juger, à faire comprendre qu’elle n’avait pas sa place dans le monde magique et qu’en tant que paria, en tant que progéniture morveuse d’un meurtrier ayant perdu la seconde guerre, celle dont on parlait encore trop souvent dans les bouquins, elle ferait mieux d’écraser et de dégager. Elle n’avait jamais cédé à la facilité, cependant. Jamais elle n’avait courbé l’échine, jamais elle n’avait fait profil bas. Et puis quoi encore. Tirant la capuche sur sa tête brune, elle se dissimula au reste du monde et accéléra le pas. Il était temps.

Payback time, bitches.

S’il y avait bien un Weasley en particulier qui méritait ses foudres, c’était lui et ça, l’Ombre l’avait compris. Elle devait trouver Peter et elle devait l’écraser… très bien, ça serait avec plaisir. Elle détestait devoir se souvenir de pourquoi elle le détestait temps, mais la rage prenait si vite le dessus qu’elle se retrouvait à planifier sa vengeance aussitôt. Attaquer Peter, lui faire payer, le ruiner, le ridiculiser… Lui rendre, enfin, la monnaie de sa pièce. Parce qu’on n’emmerdait pas impunément une Lestrange, surtout pas une Lestrange déjà vulnérable et lui, il s’était éclaté à la rendre pathétique et risible devant toute l’école. Elle voyait encore la scène. Elle avait cherché à garder la tête haute, à ne pas montrer que la rupture avec Zane l’avait affecté et puis le foutu Weasley s’en était mêlé, lui renversant un chaudron dégueulasse sur la tête, devant tout le monde. Les rires vrillaient encore dans ses oreilles, par moment, car Alesya n’était pas quelqu’un capable de laisser filer les souvenirs désagréables. Elle s’accrochait, cela la hantait, encore et encore, toujours, jusqu’à la bouffer. Ses excuses, elle les avait ignorées, jurant qu’elle aurait sa peau et maintenant, le temps était venu.

Déterminée, avançant bille-en-tête, elle ne mit pas longtemps à le trouver et ce en dépit de la panique. C’était une évidence, une nécessité, elle devait écraser ce cafard, c’était son boulot. Peu importe les années qui s’étaient écoulées depuis cet ‘incident’, elle s’en foutait bien. Elle le foutrait à genoux et le ferait pleurer, supplier, elle en était capable, elle le savait. « Qui vient là ? Qu’est-ce que vous me voulez ? » Demanda-t-il, baguette à la main, en la voyant enfin. Dans la pénombre, elle devait à peine se détacher, méconnaissable… et lui devait se demander ce qui allait lui tomber dessus. Elle afficha un sourire qui s’effaça lorsqu’elle l’entendit rire. Son arrogance allait le faire tuer, car il agaçait la Lestrange, ce qui revenait à aller emmerder un dragon. Suicidaire. Plus assuré, pauvre fou, il lança « Tu t’es trompé d’époque, et de Weasley mon gars. Sérieusement, t’as pas autre chose à faire que de t’amuser à déambuler comme ça dans les rues ? » et Alesya fit un pas dans sa direction. De sa voix camouflée par un sortilège, elle rétorqua « Qui a dit que tu pouvais parler, abruti ? » et si les intonations étaient différentes de ce qu’on lui connaissait, le ton était le même, habituel, la hargne d’une fille trop souvent rabaissée en dépit de son rang naturel. Ce qu’elle pouvait le haïr, cette vermine plantée devant lui. Elle leva sa baguette, voyant qu’il se sentait prêt à jouer les héros. S’il bougeait, elle le tuerait sur le champ, elle le savait. Ou presque.

Et pourtant, pourtant elle détestait se sentir vulnérable face à lui. Il l’avait attaqué, des années plus tôt et la cicatrice était plus profonde que ce qu’elle aurait jamais pu souhaiter, jamais pu admettre. Elle avala sa salive, se redressant, se grandissant. Il ne pouvait pas savoir que c’était elle, l’Ombre agissait en secret. « Et non, je ne me suis pas trompée, il y a de la dératisation à faire, tant que vous perdurerez, les Weas-laids, nous prendrons un malin plaisir à vous écraser… » Et comme pour appuyer ses dires, elle lança un sortilège, l’envoyant contre les poubelles en métal qui traînaient dans la ruelle. Dans un fracas pas croyable, elle venait d’enclencher les festivités.