“ You are afraid.” - “Of what?” - “Life.”
L’accouchement avait pris des heures, une journée entière pour que l’enfant daigne enfin sortir du ventre de la mère. Et ils avaient ris.
« Elle n’a pas envie de sortir, elle veut rester plus longtemps avec son frère dans le ventre chaud. » Seulement s’ils avaient connu la femme que cette enfant deviendrait, ils auraient sûrement arrêté de rire et compris que c’était assez proche de la vérité. Etait-il possible que l’enfant n’ait pas voulu sortir ? Déjà effrayée par la vie qui s’annonçait. Déjà effrayée par l’homme qui se tenait au coin de la pièce. Cet homme qui n’avait pas daigné s’approcher de sa femme, hurlant de douleur dans le lit à baldaquin. Il avait laissé la tache de rassurer la mère aux deux médicomages qui étaient venus au manoir pour faciliter l’accouchement. Et elle avait supplié qu’il l’emmène à l’hôpital mais bien sûr Amycus Carrow avait refusé, prétextant qu’il ne pouvait pas se rendre dans un hôpital au grand jour. Mais la véritable raison c’était sûrement parce qu’il se délectait des cris de douleur de sa femme. La douleur des autres était une symphonie pour les oreilles de cet être dérangé. L’homme avait un plaisir pervers à se dire que dès la naissance, ses propres enfants provoquaient la douleur de quelqu’un. Il en arrivait même à se persuader que si l’accouchement prenait autant de temps, c’était par que les deux êtres voulaient prolonger la torture de leur mère. Comme-ci les deux bébés étaient déjà conscients d’autre chose que de cet autre près d’eux. Bien sûr ils sentaient qu’il était temps de venir au monde.
Alors qui avait le plus raison ? Les médicomages qui disaient que le bébé voulait rester en sécurité avec son frère le plus longtemps possible ? Ou le père sadique qui prétendait que les enfants n’étaient déjà que souffres douleurs avant même d’avoir respiré pour la première fois l’air acide de la Terre ?
Lyanna était née à trois heures du matin, un premier novembre, sûrement déjà poussée par son frère vers la vie. Des années plus tard, il est juste de croire que le bébé aurait sûrement préféré ne jamais naître s’il avait été conscient du sadisme de l’être qui l’avait pris dans ses bras. Mais comme tous les bébés, Lyanna n’avait senti que l’air qui rentrait dans ses poumons, avait entendu son propre cri et plus tard celui de son frère qui naissait à son tour.
Ils étaient entrés dans ce monde ensemble, après neuf mois passés côte à côte. Et depuis ils avaient passé chaque jour à craindre l’absence de l’autre. Lyanna et Lennox. Lennox et Lyanna. Les jumeaux Carrow, liés par le sang, par une vie partagée. Il était la glace là où elle était le feu, deux êtres si différents et pourtant inséparables. Des jumeaux, encore une fois, la lignée semblant être destinée à créer deux abominations si proches qu’ils étaient indispensables l’un à l’autre. Lyanna et Lennox. Les enfants d’Amycus, écho parfait d’Alecto et lui, enfants d’un dérangé, d’une lignée si pourrie que leur sang n’était plus que poison.
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Most children are afraid of the monsters under their bed. Lyanna had always been afraid, but of a different kind of monster.
"They do more than teach. They're in charge of all discipline. They like punishment, the Carrows."
La plupart des enfants ont peur des monstres sous leur lit. Lyanna n’avait pas échappé à la règle, elle aussi, avait peur d’un monstre. Mais ce n’était pas la même espèce de monstre. Il était de ces monstres humains, gorgé par la colère, la folie, dont l’esprit était tellement dérangé qu’on n’y trouvait ni compassion, ni amour. Le monstre qui terrifiait Lyanna était du même sang qu’elle, il l’avait conçu, l’avait tenu dans ses bras, l’avait appellée princesse. Le monstre était brutal, cruel. Il avait fait de sa famille des jouets. Amycus Carrow avait toujours été de ces avides de sang, de cris et de larmes. Il se délectait de la douleur comme d’autres se délectaient du bonhneur. Et s’il y avait eu de la place pour l’amour dans son cœur, il avait toujours été uniquement consacré à sa sœur, qui avait fui aux Etats Unis pour épouser un Carrow éloigné. Il était donc évident qu’il n’avait pas eu une once d’amour en lui lorsqu’il avait prononcé ses vœux et mis la bague au doigt d’Aileen Carmichael, fille ainée d’une grande famille de sang pur originaire d’Ecosse. Il l’avait épousé pour son sang pur et le pouvoir politique de sa famille, elle avait été marié de force pour son argent, pour le respect et la peur que son nom répandait. Si elle avait su que l’homme si séduisant qu’elle avait épousé se transformerait bien vite en monstruosité elle aurait surement tenu tête à sa famille, refusé le mariage arrangé. Mais elle avait été naive, avait cru un instant que tout ce qu’on avait raconté sur les Carrow était peut être faux, que cet homme la traiterait peut être différement car elle était sa femme. Elle s’était trompée, il n’y avait pas de compassion ou de pitié dans un être comme Amycus. Il ne restait plus que la folie, la passion pour la douleur, la colère d’avoir perdu une guerre, de n’avoir plus d’élèves à torturer maintenant qu’il avait quitté Poudlard. L’homme s’était donc d’abord tourné vers sa femme, un mot de trop, un geste qui appellait à la défiance et l’homme se faisait un plaisir d’user de la violence, adepte du sortillège Doloris pour n’importe quelle occasion. Aileen Carmichael avait longtemps pensé à s’enfuir, mais bientôt la naissance des jumeaux empêcha tout échappatoire, elle ne pouvait guère laissé deux bambins aux mains de cet homme. Alors elle resta et elle supporta pour eux.
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Lyanna aurait pu grandir comme toutes les petites filles. Mais chaque jour passé au manoir des Carrow la transforme, manque de la briser. Elle est trop fragile, l’enfant Carrow. Sa mère tente en vain de protéger ses enfants de la folie d’Amycus, mais il n’y a rien à faire. Il règne dans le manoir d’Iverness en maître. Pourtant, Lyanna grandit tout de même aimée. Sa peur du paternel l’a immédiatement pousssée à chercher l’amour de sa mère, la protection de son frère. L’enfant renaît loin du manoir, retrouve son sourire, sa joie de vivre, boule d’énergie incontrolable, là où le manoir l’amène à se fermer dans un mutisme, le reste du monde lui permet de s’ouvrir.
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Lyanna se souvenait parfaitement du jour où la promesse avait été faite. Elle n’aurait pas pu l’oublier, car elle avait gardé le souvenir dans son coeur, attendant chaque jour que sa mère respecte ses paroles. Elle se rappellait de ce jour à la fin de l’été. Cela faisait une semaine qu’ils étaient rentrés des Etats Unis, l’enfant avait huit ans.
A chaque grandes vacances, Amycus emmenait toute sa famille à l’autre bout du monde pour rendre visite à sa soeur. Lyanna l’apris très vite, pour les Carrow, la famille était ce qu’il y avait de plus important. Les Carrow étaient soudés, loyals à leur sang, mais surtout renfermés sur eux même, leur lignée en pleine dégénérescene à chaque nouvelle génération. Lyanna avait très vite développée la même peur d’Alecto, sorcière aussi froide et cruelle que son frère. Parfois elle se demandait qui des deux était le plus dérangé entre Amycus et elle et une petite voix dans son esprit ne pouvait s’empêcher de soulever la question : Est ce que Lennox et elle seraient voués à devenir comme eux ? Le même sang, le même poison coulait dans leur veines et parfois alors qu’elle les observait à table, si complices, si proches qu’ils en étaient capable de finir la phrase de l’autre, Lyanna ne pouvait s’empêcher de frissoner. Elle avait l’impression de se voir, elle et Lennox, parfois quand elle les regardait. Son père lui avait toujours dit qu’elle était le portrait craché d’Alecto enfant, ce qui avait toujours déplu à Aileen, toujours en retrait dans le cercle familial, n’ayant jamais eu vraiment le droit à la parole car son sang n’était pas celui des Carrow. Alors durant ses nombreuses vacances, Lyanna avait observé sa tante, mais tout comme ses cousins Atticus et Augustus, elle ne lui avait inspiré que du dégoût. Dégout qui avait été exarcerbé quand sa tante avait torturé des animaux devant eux. La gamine avait refusé d’y assister, n’hésitant pas à s’offusquer d’une telle monstruosité, ce qui lui avait valu une nouvelle punition. Non, si Lyanna s’était mis à aimer les voyages aux Etats Unis, c’était parce qu’elle était deveue très proche d’Artémis, seule censée en dehors de son propre frère dans cette famille dérangée. Les deux gamines, malgrès leurs années de différence étaient devenues inséparables et ce n’est qu’avec elle, que Lyanna comprit enfin le concepte de la famille des Carrow. Elle n’avait jamais pu s’imaginer loyale à une autre personne que son frère ou sa mère, mais elle se savait à présent loyale à Artémis.
Cela faisait donc une semaine que l’enfant était rentrée en Ecosse. C’était l’année de ses neuf ans et Aileen promit enfin l’échappatoire tant désiré.
Lyanna marchait, le sourire aux lèvres, sa petite main glisée dans celle de sa mère. Elle avait toujours adoré ces moments privillégiés où Aileen l’emmenait se promener dans les rues d’Iverness, loin du manoir. Dans ces rares moments, l’enfant ne se sentait plus oppressée, elle oubliait la peur qui l’animait constament quand elle savait qu’Amycus était au manoir. Elle oubliait les cauchemars qui la réveillaient la nuit en hurlant alors qu’elle allait se réfugier dans les bras de son frère pour y trouver récomfort et protection. En cet instant, ce n’était plus que sa mère et elle, Lennox ayant dû rester au château à la demande d’Amycus. Cela faisait plusieurs mois maintenant, qu’Amycus avait commencé à les prendre seul à seul pour parler de la guerre prescendante mais surtout de magie noir. Lyanna détestait ces moments là, car elle se retrouvait seule face à son géniteur. Elle ne l’avait jamais compris, d’aussi loin qu’elle s’en souvenait. Il l’effrayait comme jamais personne ne l’avait effrayé, pourtant parfois, il était doux, chérissant sa petite fille comme une princesse. Mais tout lui semblait faux alors qu’elle avait encore le goût du sang dans la bouche après la giffle qu’elle avait reçu la veille.
Heureusement sa relation avec sa mère était à l’opposé de la relation qu’elle entretenait avec Amycus. La femme l’avait chérie, avait donné à ses enfants l’amour que son mari n’avait jamais été capable de ressentir. Là où son mari était extrement radicale surtout quand il s’agissait de ses opinions sur les nés moldus, Aileen avait toujours semblé plus ouverte d’esprit malgrès une éducation basée sur la suprématie des sangs purs. C’était elle qui avait permis à Lyanna de développer une opinion plus ouverte, moins endoctrinée par les discours de de son géniteur. Lyanna avait toujours vu sa mère comme un modèle, cette femme forte qui résistait chaque jour à la folie de son mari. Elle lui avait appris à lire, lui avait transmis une passion pour la peinture et le dessin.
Le jour de la promesse, la femme et sa fille s’étaient d’ailleurs rendue dans une galerie d’art. Quelques minutes auparavant, la petite fille brune souriait, pleine de vie, se promenant dans les rues d’Iverness. Pourtant soudainement l’enfant s’était arrêtée, forçant sa mère à faire de même.
“Lyanna baby are you okay ? Why are you crying ?” L’enfant regarda sa mère, les larmes roulant sur ses joues. Elle s’était soudainement arrêtée comme si on l’avait soudainement frappée. Une douleur s’était répandue dans son corps.
“It hurts” l’enfant murmura d’une voix rauque. Pourtant elle n’avait rien, aucune blessure, aucune marque sur sa peau pale. La douleur elle était pourtant bien présente, mais elle n’était qu’un écho d’une douleur plus intense qui n’était pas la sienne. Et lorsque sa mère lui demanda où elle avait mal, l’enfant secoua la tête, sa respiration étant de plus en plus brève alors que la pannique l’a gagnée.
“It’s not me. Lennox is hurting. Mommy, Lennox is hurt, I can feel it.” Cela n’avait pas de sens, Lyanna était en ville alors que son frère était resté au manoir, plusieurs kilomètres les séparaient, il n’y avait aucun moyen pour que l’enfant soit au courant. Pourtant, Aileen savait que Lyanna ne mentait pas, n’inventait rien. Ce n’était pas la première fois que cela arrivait. Déjà enfant, l’un se blessait, l’autre se mettait à pleurer. Les jumeaux semblaient être connectés, toujours étrangement conscients de l’état de l’autre surtout quand il s’agissait de souffrance.
“Mommy, please can we go home, can we get Lennox, Mommy please, hurry, hurry. He must has done something.” Et par la manière dont elle prononça le “il”, la mère sut qu’elle parlait d’Amycus. Il y avait de nouveau cette peur, ce ton terrifié. Des deux jumeaux, elle avait toujours été la plus effrayée par Amycus, celle qui pourtant était certainement la plus protégée, son frère ayant prit l’habitude de s’interposer assez rapidement. Mais Aileen l’avait compris depuis longtemps, qu’il s’interpose ne changeait rien car Lyanna ressentait la douleur de son frère. La femme serra l’enfant dans ses bras, dévastée par l’air de pannique totale de son enfant. Elle ne pouvait rien faire, Amycus régnait en maître, elle n’avait jamais été de taille à empêcher ses punitions et ses états de folie. Elle était incapable de protéger ses enfants contre le monstre qui les terrifiait car elle avait toujours été incapable de se protéger elle même. Elle tenta pourtant de jouer son rôle de mère, resserant son étreinte, tentant de la rassurer :
“Everything is going to be okay, I’m sure your brother is fine, do not worry about this Lyanna.” Mais l’enfant ne voulait rien entendre, elle s’aggripa aux vêtements de sa mère, repoussant lègèrement l’étreinte pour planter ses prunelles sombres embrumées de larmes dans les siennes :
“Can we take Nox and can we go ? Mummy, Lennox is hurting ! Please can we leave, please, I’m scared, I don’t want to see him again, please mommy ! ” Aileen avait pensé tellement de fois à fuir la maison de cet homme, à oublier le pacte qui unissait sa famille à la sienne, à partir là où il ne la retrouverait jamais, mais elle avait choisi de rester il y a longtemps pour ses enfants. Pourtant, cette fois-ci, en voyant l’air terrifié de sa fille, en dicernant encore le bleu qui avait orné sa joue quelques semaines auparavant, elle agit comme toutes les mères. Elle fit ce qu’il fallait pour protéger son sang. Elle s’agenouilla pour se mettre à la hauteur de la gamine, entoura son visage de ses mains et dit :
”Lyanna I promise you, if not today, if not tomorrow, one day, I will take you and your brother and we will leave and we will never come back. And that day, you will never have to see you father again. I promise, Lyanna.”Et ce jour là, elle fit la promesse qui changerait le monde de Lyanna, sans se rendre compte de l’impact que ces mots auraient, tandis que chaque soir, l’enfant y repensait, priant un dieu inconnu pour que le lendemain soit le jour où Aileen respecterait sa parole.
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