La soirée était tranquille, l'attaque des mangemorts ayant refroidi quelque peu les ardeurs des fêtards. Les étudiants redoublaient d'efforts en cours, les adultes rentraient dans leurs familles après le travail et les affaires marchaient au ralenti. Bien sur, il y avait toujours les jours de quidditch, les habitués qui venaient en toutes circonstances, mais Malachy avait du temps, beaucoup plus de temps, pour lui. Résultat des choses, le bar était propre comme un sou neuf, et il avait même commencé à servir quelques repas chauds préparés le midi même par un des serveurs doués en cuisine, afin d'occuper le temps et d'éviter d'avoir un bar totalement vide qui repousserait les clients.
Il avait passé une partie de l'aprèm à faire sa comptabilité, heureux d'avoir quand même bien géré son bar malgré l'économie actuelle, et s'était mis à laver quelques verres qui trainaient en regardant d'un air absent le groupe de jeunes qui discutaient autour d'une bière dans un coin de la salle. L'ancien gryffondor se demandait tous les jours si la vie à Poudlard se passait bien, si l'on avait réussi à se remettre de l'attentat de la tour de Serdaigle. Si ses petites protégées allaient bien. Il n'avait pas eu de nouvelles de Nevaeh depuis la rentrée des cours, ce qui l'inquiétait un peu, mais elle était débrouillarde, et il savait qu'elle se débrouillerait quelque soit la voie qu'elle emprunterait dans la vie. Si elle ne venait plus le voir, il saurait qu'elle avait fait la part des choses, trouver une façon moins destructrice de vivre, et il n'irait pas à la pèche aux informations.

Son esprit continua à divaguer pendant de longues minutes, servant automatiquement des bières au fur et à mesure que les habitués arrivaient, souriant, discutant, utilisant ses réflexes et ses automatismes pour faire plusieurs choses à la fois sans avoir à réfléchir. Son bar était son domaine, et il en était le roi, c'était donc lui qui choisissait le rythme qu'il devait prendre, s'il devait courir partout ou faire attendre un peu. Il n'était pas l'esclave de l'argent, pas l'esclave d'un patron, il n'était que Malachy, et tous ceux qui venaient souvent, les locaux, savaient à quoi s'en tenir.
Sur le coup de dix huit, dix neuf heures, la majorité des clients partirent manger, ne laissant plus qu'un seul bonhomme au bar, sirotant sa bière avec lenteur. Il faisait presque partie du décor, et Malachy n'avait même plus besoin de lui taper la discute, sachant qu'il aimait son silence et son calme, respectant cela. Lorsqu'il voulait parler, il le faisait, et le blond arrêtait de servir pour l'écouter, acquiescer, et lui resservir un verre.

Ce ne fut donc qu'un bruit plus reconnaissable qui le fit sortir de sa torpeur, alors que les talons d'une jeune femme claquaient sur le sol. Il eut à peine le temps de relever les yeux qu'il entendait la jeune Bloodworth lui commander d'un ton autoritaire une tournée générale. Son humeur s'éclaircit alors et il s'approcha d'elle en souriant, passant devant le bar, détaillant sa tenue d'un air appréciateur. « Ca veut dire quoi, que tu m'en payes une aussi ? Tu vas pas te ruiner, t'es sure? »

Il devait gagner par mois à peu près l'équivalent des vêtements qu'elle portait, mais là n'était pas la question. L'argent n'avait pas vraiment de valeur ici, et on oubliait les statuts sociaux à l'entrée, s'il vous plait. Il ne restait là qu'une bonne entente entre les deux Bloodworth et lui, parce qu'il ne pouvait pas en vouloir à une jolie brune bien sapée. Tiens, d'ailleurs, en parlant de sœurs... « Bah alors, tu sors sans Eris ? Il va falloir que tu me racontes un peu ce que tu as fait ces derniers temps, j'avais presque cru que tu m'avais oublié.. » Ou pas. Ils ne s'étaient pas vu il y a si longtemps que cela, mais le barman en rajoutait un peu pour faire passer ses tentatives de renseignements. Les demoiselles dans leur genre étaient des perles rares qu'on tentait toujours de bichonner. Le fait qu'elles soient difficiles à draguer ne rendait la partie que meilleure.