Lune n’était pas passionné par les créatures magiques, en fait il fallait même avouer que ces temps-ci Lune n’était passionné par rien, sinon par son obsession vengeresse et ses délires suicidaires. Enfin… suicidaires était un bien grand mot, disons que depuis son retour à Poudlard il avait pris plaisir à se mettre en danger, comme si la torture du père Lestrange n’avait pas suffi, il lui fallait des rushs d’adrénaline pour se sentir exister. Parce que c’était bien ça le problème, depuis qu’il avait rencontré Rabastan. Son existence lui paraissait terne, fade, vaine. Comme si les mois à côtoyer quotidiennement son bourreau avaient réussi à effacer la vie de son corps.

Cette classe verte dédiée aux dragons était une occasion en or. Ces bêtes-là étaient parmi les plus dangereuses du règne animal et Lune ne pouvait attendre plus longtemps avant de s’écarter du groupe afin d’en voir une de plus près, de très près, de trop près. Sa baguette serait sa seule arme face à l’animal et il ne savait même pas si cela suffirait. Peut-être devrait-il y laisser quelques poils, il y avait de fortes chances pour qu’il soit brûlé au cours de leur rencontre. Mais, c’était un risque à prendre et puis l’infirmière à Poudlard saurait réparer ça, à défaut de le réparer lui.

Marchant, crapahutant, le Roederer n’avait pas tout de suite remarqué qu’une jeune fille le suivait, trop perdu dans ses pensées pour accorder d’importance à quoique ce soit d’autre. Ce n’est qu’en tournant la tête qu’il l’aperçut. Lisbeth Snow, une Serdaigle, une fille… gentille, perturbée mais gentille. Il ne savait pas pourquoi il la trouvait si agréable à regarder, elle n’était pas si jolie, un peu banale même. Mais depuis qu’il était redevenu hétérosexuel, il avait tendance à vouloir toucher du bout des doigts chaque fleur, intacte ou non, pour le plaisir de sentir la chaleur de leur contact, la délicatesse de leur corps, l’intérieur de leurs cuisses. « Toujours à pas de velours Lisbeth, tu comptais te manifester un jour ou tu préférais me faire courir le risque d’une crise cardiaque ? » Sa voix était telle qu’elle l’était depuis son retour, plus détachée, plus lointaine qu’avant. Lisbeth et lui se connaissaient depuis six ans et même s’ils n’avaient jamais été de très grands amis, ils se connaissaient probablement assez pour qu’elle perçoive la différence.

Au loin les cris des dragons retentissaient, doux et mélodieux à son oreille aventurière. Un large sourire se dessina instantanément sur ses lèvres. S’approchant de Lisbeth il désigna du doigt un point du paysage à quelques centaines de mètres de là et d’une voix un peu trop enjouée déclara : « C’est là qu’on va Snow ! On va tâter du dragon, j’espère que tu as pris des marshmallows parce qu’on va avoir de quoi faire flamber. » Puis en riant il reprit sa marche, déterminé et sans douter un seul instant de l’intelligence de son plan…

T’as une boule au ventre. Depuis quelques minutes, quelques heures même, t’as une boule au ventre et tu ne sais pas pourquoi. C’est peut-être le trajet en train, peut-être le froid, peut-être le fait de ne plus dormir dans ta chambre, dans ton lit, depuis l’explosion. T’es pas foutue de le dire, t’avance juste avec un bras enroulé autour de ta taille, tu tentes de chasser l’idée que cela puisse être un mauvais pressentiment. C’est supposé être sûr, t’es sensée être en sécurité, c’est organisé par l’école, ça devrait aller, pas vrai ? Cette école qui se fait attaquer par on ne sait qui, cette école qui s’écroule petit à petit sous les sortilèges. Tu déglutis. T’as ta baguette à la main, tu ne sais pas non plus pourquoi, c’est un peu comme foutre des coups d’épée dans l’eau. T’es mauvaise, t’es pas une bonne sorcière, tu ne l’as jamais été. En colère, t’es vaguement redoutable. Vaguement, c’est le mot clé. T’es pas douée et face à un dragon, tu ne vas pas subitement devenir bonne, tu ne crois pas vraiment à ton instinct de survie, trop foireux, trop aléatoire, trop du genre à se manifester sous forme des sorts non-contrôlés faisant du dégât just for the sake of it. Casser pour casser, c’est tout ce que tu sais faire. Alors t’espère, quelque part, qu’on surveille ce que tu fais afin d’éviter de finir comme un marshmallow sur une brochette, carbonisée par un dragon mal réveillé.

Alors t’as suivi Lune, quand les groupes se sont formés. Tu te dis qu’avec son numéro à la Houdini, j’suis-là-j’suis-plus-là-et-coucou-j’suis-de-retour, les profs vont garder un œil sur lui et, par association, sur toi. Juste histoire d’éviter le scénario précédemment cité impliquant une BBQ party.

T’es tellement plongée dans tes pensées que tu n’réalises pas tout ce qu’il se passe autour de toi. Ca promet. T’es stupide au point de devenir une nerveuse-isolée. Plutôt que d’être totalement sur tes gardes, t’es parano mais juste dans ta tête. Dans le genre prudence, on aura fait mieux. « Toujours à pas de velours Lisbeth, tu comptais te manifester un jour ou tu préférais me faire courir le risque d’une crise cardiaque ? » Tu sursautes, t’affiches un demi-sourire, presque mauvais, presque douloureux, t’as l’impression que ça fait craquer la commissure de tes lèvres et que tu vas te retrouver avec un sourire de l’ange creusé dans les joues. Crise cardiaque ? C’est ton putain de myocarde qui se la joue sprint, maintenant. Tu cherches à te reprendre, tu te redresses mais il y a un dragon qui gueule, un peu plus loin, et tu manques de glapir comme une conne. Pauvre Gryffondor qui se retrouve avec toi dans les pattes, t’espère qu’il n’a pas besoin d’aide et qu’il n’en attend pas de ta part, parce que sinon il va prendre racine… « C’est là qu’on va Snow ! On va tâter du dragon, j’espère que tu as pris des marshmallows parce qu’on va avoir de quoi faire flamber. »

Tu déglutis, tu lui jetes un regard de travers, tu le toises. Marshmallow. Tu crois qu’il sait ? Tu te demandes si lui aussi, il peut lire dans les pensées des gens, si lui aussi il arrive à chopper des informations qu’il n’aurait pas dû avoir… Alors du coup tu te concentres et tu t’arrêtes nette, parce que pour la première fois, tu viens de capter qu’il a une sale aura, le Gryffondor. C’est noir, c’est vaseux, putain de cloaque, il y a de la douleur dans les parages. A nouveau, l’impression de mauvais augure te retourne l’estomac. Difficilement, t’arrives à articuler : « Vous êtes vraiment tous tarés comme ça, dans votre arbre à griffons ? »  et tu le toises à nouveau. Parce qu’il rigole, parce qu’il se marre, surement inconscient du danger ou alors bercé dans cette belle impunité qui pousse tous les Rouge et Or à se penser increvable. « Let’s go, it's fucking show time, the longer we wait, the angrier… hungrier ? they’re gonna get… » Tu souffles, tu fais trois pas dans la direction qu'il a indiqué, tu trébuches et tu bouscules un peu Lune. La journée va être longue et il n’a pas mérité ça, même si tu ne le connais pas plus que ça, même si tu t’es toujours contentée de l’observer de loin, dans l’ombre.

« Vous êtes vraiment tous tarés comme ça, dans votre arbre à griffons ? » Les mots de la petite Serdaigle le firent frissonner. La pauvre gamine, elle n’avait absolument aucune idée de la situation dans laquelle elle était en train de se fourrer, pire encore, elle ne comprenait pas quel genre de mec il était et si elle le comprenait… il pourrait toujours dire qu’elle avait été plus inconsciente que lui et avait eu envie de toucher le dragon du bout des doigts. Cette réflexion sur sa ressemblance avec les autres griffons, c’était comme une insulte. Il n’avait jamais été un Rouge et Or, depuis sa plus tendre enfance il considérait sa répartition comme une erreur de jugement de la part du Choixpeau et plus maintenant que jamais. A présent qu’il était devenu une coquille vide d’âme, un corps articulé par des idées macabres de revanche et de souffrances. « Let’s go, it’s fucking show time, the longer we wait, the angrier… hungrier ? they’re gonna get… » Et alors ? C’était tout ce qu’attendait Lune après tout, affronter la bête mythique, le cracheur de feu, le souffler de mort.

Alors qu’elle voulait probablement montrer son enthousiasme, elle entama sa marche, en le bousculant légèrement. Quelle empotée ! La prendre avec lui était peut-être finalement une mauvaise idée, ou une bonne s’il arrivait à débarrasser l’humanité de sa présence. La suivant à grandes enjambées il se colla à son rythme une fois arrivé à côté d’elle. « I've never been one of those griffins, I never will. If you dare to associate me again to those idiots... you'll taste the flames of our new friend. » C’était plus un avertissement qu’une plaisanterie. L’ancien Lune l’aurait dit en souriant, lui était sérieux. Elle apprendrait que ce n’était pas le genre de gars avec qui il fallait faire de l’humour. Bientôt leur marche fut récompensée et ils se trouvèrent face à une cuvette de rocailles. Quelques dizaines de mètres plus bas se trouvait un noir des Hébrides. Il était connu pour être un dragon agressif et vorace. Bien sûr il ne mangeait pas de chair humaine, mais il restait extrêmement dangereux… et puis un corps calciné qu’il soit d’homme ou de cerf restait un repas comme un autre. « It's your last chance to give up. I'm about to go down this road to play with this puppy. So if you don't want to play you can stay here and watch me or you can just turn your back on the show. »

Sans attendre sa réponse il reprit sa marche, baguette à la main. Elle le suivrait si elle voulait, il n’en avait rien à faire après tout c’était sa vie à elle qui était en jeu. Lisbeth n’était peut-être pas la plus maline des filles, mais si elle souhaitait rester hors de danger elle comprendrait certainement qu’il valait mieux pour elle de rester en retrait. Il dévala la petite descente plus vite que prévu et se retrouva à une quinzaine de mètres du dragon. Son regard était à la fois intrigué et amusé. La bête était absolument magnifique… pour l’instant. Si Lune savait que les dragons n’étaient pas très réceptifs à la magie, il ne comptait pas pour autant laisser le dragon s’en aller sans une égratignure.

Bientôt une pierre de deux kilos se mit à flotter devant lui, sa baguette à la main il murmura « Waddiwasi. » Le joli caillou disparut un instant avant d’entrer en collision avec la peau écailleuse du dragon. Le faisant tourner la tête en la direction de Lune. Un vent d’excitation, mêlée à une certaine panique il fallait l’admettre, le traversa. Merlin ce que c’était bon de se sentir vivant. L’animal magique le toisa avant de bouger de nouveau pour leur faire face. Mais rien de plus. Comme s’il le provoquait. « Looks like he doesn’t enjoy stones… Can I send him your tiny body Snow ? » Et encore une fois, il ne faisait pas d’humour…

L’aura s’assombrit, tâchant la tienne. T’as peur et tu détestes ça. Tu sais que ça te garde en vie, mais tu sens que ça te glace les entrailles et tu as du mal à l’encaisser. Le froid, le vide, la noirceur des autres aussi. T’avais jamais remarqué à quel point Lune était cassé. A croire que la frousse imposée par les grands méchants dragons te rend plus réceptive, plus à même d’exploiter ce maigre talent magique que tu peux avoir. En temps normal, pouvoir capter à quel point les gens sont fucked up, ce n’est pas spécialement utile et, il faut bien l’avouer, à cet instant, t’aurais sans doute préféré savoir lancer, à coup sûr, sans te rater une fois sur deux, un sortilège capable de sauver ta peau, mais ça reste intéressant. Intéressant parce que, pendant des plombes, t’as naïvement pensé que les Gryffondors étaient tous du genre… plutôt bien équilibrés, en dehors d’un putain de penchant masochiste les poussant à se foutre en danger, recherche d’adrénaline et compagnie. Faut croire que tu parles pas beaucoup aux autres ou que dans ce semble d’ubiquité que tu te trimballes, t’es pas super attentive.

« I've never been one of those griffins, I never will. If you dare to associate me again to those idiots... you'll taste the flames of our new friend. » Tu tiques, regardant dans la direction du dragon. Le ton de Lune n’est pas moqueur, il n’y a rien de badin dans les propos qu’il te sert, presque aussi corrosif que de l’acide de batterie. Tu choisis pourtant de ne pas t’y attarder, mais merde… merde, le halo autour de lui est juste immonde, froissé, tordu, tu peux pas t’empêcher de grappiller, comme les moldus tournant la tête pour pouvoir grappiller quelques gouttes de sang lorsque confronté à un accident. Tu sais qu’il faut que t’arrête de chercher à fouiller mais c’est plus fort que toi. T’es un phare au milieu de la tempête, aussi peu gracieuse, aussi paumée, et tu reçois les ondes de tous les marins en péril.  « It's your last chance to give up. I'm about to go down this road to play with this puppy. So if you don't want to play you can stay here and watch me or you can just turn your back on the show. »

Et puis ça te frappe, comme une gifle en travers de la gueule. C’est une mission suicide, il joue au con. Tu ne sais pas pourquoi, t’as pas envie de croire qu’il le fait exprès mais t’as déjà trop attendu, il est déjà loin. Alors tu fronces les sourcils, tu presses le pas, tu pars derrière lui, sans trop savoir pourquoi. T’es pas sa mère, t’as pas à le protéger, t’es même pas certaine qu’il sache te reconnaître dans une foule, t’es personne et il est rien, des étrangers ou presque. Mais même. T’es responsable. T’es entrainée dans l’histoire. Tu n’y es pour rien mais tu deviens complice si tu le laisses faire sans réagir, alors tu lui pars après, sans discrétion aucune. T’arrives à peine à son niveau qu’il balance déjà un sortilège et tu serres les dents, pas certaine que la bestiole ai envie de se prendre dans la tronche le caillou que Lune est en train de faire léviter, surtout pas quand le bordel fait au moins la taille de ta tête. Alors tu retiens ton souffle, avant de foncer de plus belle, arrivant au niveau du Gryffondor.

Stand by. Status Quo. Peu importe comment tu veux appeler ça, tu piles. Tu te retrouves pas loin de Lune et le dragon vous regarde. Où sont les profs ? Aucune idée, mais en dépit de tout ce qu’il s’est passé depuis le début de l’année, personne ne le surveille. Et les moldus se plaignent de leurs équipes pédagogiques. T’es tellement concentrée sur la bestiole, qui pourrait vous transformer en S’Mores en deux temps, trois étincelles, que tu sursautes quand à nouveau, Lune s’adresse à toi.

« Looks like he doesn’t enjoy stones… Can I send him your tiny body Snow ? » Son ton. Putain son ton. T’as envie de lui flanquer un coup dans les côtes quand il te parle comme ça, à tenter de te faire peur, à agir comme s’il était sérieux. Tu ne sais pas qu’il ne plaisante pas, faut dire, t’as juste l’impression qu’il te prend pour une gamine et qu’il tente de te faire paniquer pour son divertissement. Ça n’empêche pas que la bulle autour de lui est plus hardcore que du pétrole et ça, ça il ne peut pas faire semblant. Entre tes dents, comme pour éviter que le dragon ne vous entende, tu murmures « What the fuck is wrong with you ? » parce que des masochistes, t’en a croisé, des abrutis aussi, mais là il joue quand même dans une autre catégorie…

T’as pas le temps de creuser. Au loin, un autre dragon gueule et tu serres les dents, retenant un gémissement apeuré, ne voulant pas passer pour une fillette. Tu tentes de ne pas réagir, en dehors votre copain à écaille, lui, il bouge, vite. Un rugissement rauque plus tard, t’as une odeur de soufre qui te monte au nez et tu comprends un peu brutalement ce qu’il se passe. Flammes, maintenant, pas content. Tu bouges, trop vite, trop chaotiquement, tu flanques un coup d’épaule à Lune et vous tombez tous les deux dans les caillasses, sans délicatesse, sans grâce, alors qu’une gigantesque langue de feu lèche l’endroit où vous vous trouviez deux minutes plus tard. Tu jettes un regard meurtrier à Lune et tu craches, perdant ton sang froid à la faveur d'une vague de chaleur gigantesque à deux mètres derrière toi « let me rephrase my question : WHAT ON EARTH IS THE GODDAMN MOTHERFUCKING MATTER WITH YOU ? » Le monstre vous toise, lui, dédaigneux, avant de se retourner, surement satisfait de sa prestation, pensant probablement qu’il aura la paix après ça.

Et toi aussi, t’espère que c’était le seul sursaut de la journée, mais t’es pas certaine de vouloir parier là-dessus.

La bête pousse un cri, un cri de détresse, un cri de colère. Tout ce qu'il ressent c'est la violence de ce hurlement. Ce n'est même pas la puissance sonore que Lune perçoit, c'est l'extension de son cerveau par légilimancie qui lui dicte les émotions par lesquelles passe le dragon. Le Roederer sait ce qu'il va se passer, baguette à la main il se tient prêt. Papa Lestrange lui a bien appris quelques tours de magie. Le Preasidum Facere. Un sortilège puissant réduisant tout ce qui passe au travers de la barrière en poussière. Avec des flammes ce serait un vent brûlant, rien de mortel, mais ça serait certainement spectaculaire. Prêt à agir, Lune fait face au cracheur de feu, complètement concentré sur sa cible, négligeant totalement la gamine impotente à ses côtés. Il la protégera avec son sortilège. Être égocentrique a ses défauts, l'absence absolue d'empathie et de compréhension de l'autre peuvent ruiner un homme. Lune n'aurait jamais penser être celui qui en souffrirait. Le travail du père Lestrange sur son âme n'a pas fait que du bien. Perdre le semblant d'humanité qu'il a toujours eu comporte un prix à payer. Le feu arrive, il va l'arrêter, il n'a aucun doute. Il l'aurait arrêté sans ce coup dans la poitrine, le choc dans ses côtes qui le fait basculer, chuter, s'écrouler au sol et rouler. Elle l'a poussé ! Elle a osé lui faire rater son jeu du chat et de la souris avec le dragon. Allongé par terre il peste contre cette petite conne. Le pire dans tout ça, c'est encore qu'elle trouve le moyen de râler et de ramener ça à lui. « let me rephrase my question : WHAT ON EARTH IS THE GODDAMN MOTHERFUCKING MATTER WITH YOU ? » Quelle emmerdeuse ! L'avoir laissée venir avec lui n'était finalement pas l'idée du siècle. Le bout de viande, le morceau de cochon à rôtir, l'appât parfait. Elle n'aurait pas dû se mettre à agir sans son accord. En fait elle n'aurait même pas dû avoir son mot à dire. Si elle n'avait pas compris qu'elle avait le choix entre être spectatrice et être la distraction de la bête, alors elle était complètement stupide. Il se relève, ivre de rage. La rage est peut-être la seule émotion qu'il arrive encore à ressentir, la seule sensation qu'il embrasse encore sans se préoccuper des conséquences. Même la douleur ne l'atteint plus. Lui non, mais elle... Attrapant une poignée des longs cheveux lisses de la Serdaigle il la relève à demi à la force du bras, tirant suffisamment fort pour qu'elle saisisse le message cette fois-ci. « I told you. It was your last chance to give up. You didn't, now deal with it. I was having fun trying to kill this dragon... but you ruined it ! » Il rit mais le son qui s'échappe de ses lèvres n'est pas humain, il ne peut pas l'être. Comment pourrait-il rire comme un homme quand il n'a plus en commun avec le reste de l'humanité que sa mort prochaine. Puis la folie reprend le dessus alors qu'il tire plus fort sur les cheveux qu'il a réuni autour de son poing. « I remember ! I remember very well ! I told you 'if you don't wanna play you can stay here and watch' ! I didn't say that you were allowed to intervene ! So back off or I kill you first. »

Il lâche les cheveux, il se moque de savoir si elle s'écroule ou si elle reste accroupie. Il l'a mise en garde. Si elle continue de s'imposer dans son petit face à face il la frappera si fort que sa face de fouine s'incrustera dans un rocher. Lune le sait, la faute est sienne, il n'aurait pas dû l'autoriser à venir mais il est comme ça, avoir un public l'amuse. Le monstre leur tourne le dos... voilà qui n'est pas très sympathique. Comment attirer son attention ? Une réminiscence d'un duel dans la forêt avec Charles lui vient en tête sans qu'il ne s'en rendre vraiment compte. « Serpensortia. » Un cobra long de près de deux mètres sort de sa baguette. Le reptile ne fera pas l'affaire il le sait bien, du moins pas dans l'état actuel des choses. « Magicus extremos. » La formule lui échappe et sa baguette commence à luire d'une couleur bleuâtre. Le prochain sortilège verra son pouvoir décuplé et c'est exactement ce qu'il lui fallait. « Amplificatum. » Le jet de lumière d'habitude fluet a la forme d'un éclair concentré lorsqu'il fuit hors du bout de bois, atteignant le reptile précédemment conjuré. Face à eux se tient un cobra mesura plus ou moins six mètres maintenant. Enthousiasmé par sa réussite Lune se retourne pour toiser la peste qui lui colle aux basques avant de se reconcentrer sur les deux reptiles. Le dragon n'a toujours pas daigné manifester de l'intérêt pour leur petit affrontement et ce n'est pas grave il aura la surprise de se faire attaquer. D'un geste de baguette Lune ordonne au serpent de se jeter sur la bête ailée. Cependant, et afin de corser un peu les choses pour le monstre, le suicidaire arme son serpent d'une peau dotée d'un maléfice cuisant.