The young girl learns their rules.

_________________février 2022 - Rhesus&Moony

La seule fille de Clyde Milton avait sale réputation. Pour une poufsouffle, c’était plutôt étrange, car à vraie dire, la maison de Helga n’avait pas tant de mauvais diables que ça, mais Moonlight Milton échappait à la règle. Sa famille était de sang-pur, et ses quatre grands frères étaient tous Serpentard. Son père l’avait été avant elle, et il avait même été préfet deux ans de sa maison. Après la guerre, on l’avait longtemps soupçonné d’avoir appartenu aux mangemorts, mais rien ne pouvant le prouver, il était resté comme un loir dans sa maison et n’avait plus fait de vague. On parlait encore quelques fois de lui et de ses dérives de vieil alcoolique, mais rien qui n’aurait pu noircir davantage le tableau. La poufsouffle n’était finalement, en quelques termes, que l’héritière du Mal lui-même, et les autres ne se gênaient pas pour le lui rappeler.

Ce soir-là, elle avait décidé de jouer la carte de sûreté. Elle était sortie au crépuscule du dortoir, juste après le dîner. La douche n’avait pas été longue, et s’habiller ne lui prenait jamais beaucoup de temps, car pour une fille d’aristocrate, sa vie était plutôt simple, et elle se suffisait de peu. Les cheveux secs et le sac sur le dos, elle descendit jusqu’au parc pour s’y perdre. Elle regarda plusieurs fois autour d’elle, pour être bien sûr que personne ne l’avait suivi jusqu’ici, qu’elle était passée avant ou après le tour des préfets, et finalement se dirigea en silence vers la Forêt Interdite.
« Ce n’est vraiment pas une bonne idée... » se marmonna t-elle à elle même. Elle n’était pas du genre à froisser les règles, pour autant aujourd’hui elle ferait une entorse à ses principes car elle en avait besoin. Si Marcus l’apprenait, il la broierait sans doute. Son futur mariage n’avait rien changé. Elle y avait cru, elle, qu’il serait comme un prince charmant, et que peut-être il se mettrait entre ses frères et elle, mais même ça, il n’était pas capable de le faire. Nyle n’était capable de rien. Il n’attendait que le jour du mariage, et l’argent de la dot. Quelle belle histoire, vraiment...

Elle passa, en silence, derrière la cabane du Garde-chasse. La petite porte donnant sur la forêt interdite était fermée, mais un simple coup de baguette suffisait toujours. Elle passa cette dernière, sans un mot, et ses pas se firent plus lents une fois dans la forêt interdite.
La vérité, c’est qu’elle était toujours impressionnante, encore plus en pleine nuit. On disait qu’il y avait des loups, et des acromantules géantes. Des serpents aussi. Surtout des serpents. Elle s’arrêta au bout d’une trentaine de pas, et décrocha de son épaule le petit sac de cuir pour le poser au sol, doucement. Elle dénoua le lien de cuir et une tête bleutée, aux écailles lumineuses, apparut, déroula son corps élastique et sec. Le [Vous devez être inscrit et connecté pour voir ce lien] était magnifique, de cette beauté malsaine et funeste. De la même beauté que les Milton, de tous, sauf d’elle.

« Ca a été ? J’ai essayé d’aller vite, mais tu sais ce que c’est... » Le serpent pencha la tête, et sa gueule aux crocs crochues sembla rire. Ce n’était ni une gueule, ni une bouche, c’était une abysse noire. « J’avais besoin de parler. Un peu. Surtout ce soir... »
« Je sssaiss.. »

La vipère atheris squirmega avait ce petit air humain. Elle avait été élevé par Moonlight. Ca avait été le premier cadeau d’anniversaire qu’elle avait eu de la part de son père, aussi. Elle avait treize ans à l’époque. Ses proches avaient protesté. Vous vous rendez compte, c’est une espèce venimeuse ! Vous n’allez quand même pas laisser une vipère comme ça dans les mains d’une enfant ! Encore une fois, Clyde Milton avait ricané derrière sa bouche puant l’alcool. Il n’avait rien dit. Il avait haussé les épaules. Elle n’avait jamais été mordu, sa petite fille, et s’il n’en disait rien, dans le fond, il savait. C’était la seule raison pour laquelle il ne l’avait pas faite disparaître dans le petit lac qui bordait le manoir. C’était car elle était spéciale, et il savait qu’elle allait devenir quelqu’un de grand. D’immense. Elle avait un avenir, elle, pas comme ses quatre garçons, tous plus cons les uns que les autres. Puissants, oui, mais à quoi bon le pouvoir quand on est pas foutu d’en avoir conscience ? Rien. Le mariage, c’était pareil. A quoi bon un mariage s’il n’y a pas d’amour ?

« Je crois qu’il ne m’aime pas. Je crois...Je crois qu’en fait, je lui importe peu. Papa a fait signé un contrat pour qu’avant nos cinq ans de mariage et un héritier, il ne puisse pas toucher la totalité de la dot, juste le premier quart. Il n’a pas l’air de... C’est grave Salazandra ? Je vais me marier en juin, et je ne sais même pas ce qu’il pense. Il est toujours là, distant, et quand il voit qu’il me froisse, il revient, il me dit que ça va aller, que c’est pas grave. Puis après, il me dit de me taire....  »

Moonlight Milton baissa les yeux, l’air fatiguée de ces histoires qui la concernait, mais desquelles elle était éloignée, pour ne pas dire complètement étrangère. On la traiter comme la dernière, et c’était la première à signer. Elle releva la main, avec une petite moue adorable : « Au moins j’ai une jolie bague, tu trouves pas ? Y a écrit quelque chose à l’intérieur, mais je ne sais pas ce que ça veut dire... »

La jeune fille retira de son annulaire la petite bague d’or blanc, ciselé pour qu’un martinet et une corneille s’enlace, tous les deux aux yeux d’émeraude. C’était une très jolie bague, et si elle avait l’impression qu’elle n’avait pas été faite pour elle, elle l’aimait bien. Elle avait cette odeur de bague à histoire, de celle qui ont beaucoup vécu avant. Elle l’aimait plus qu’elle n’aimait Nyle à vraie dire.
Elle entendit un bruissement de feuilles et releva le nez, mais personne à l’horizon. Elle fronça les sourcils, et finalement leva les yeux au ciel. Elle était sur les nerfs ces derniers temps. Elle attrapa sa baguette et murmura lumos, du bout des lèvres. Une petite luciole au bout de la baguette, elle éclaira l’intérieur de la bague pour y découvrir une gravure simple en lettres gothiques : dilige et quod vis fac.

« Dilige et quod vis fac... ? Ca te dit quelque chose Salanzandra ? »

Elle sifflait comme un serpent. Ca pouvait faire peur, mais chez elle, c'était une seconde façon de voir les choses. Elle était née fourchelangue, et son père, s'il l'avait mis en garde des autres, ne l'avait jamais brimé. Au contraire...
La vipère se rapprocha nettement de Moonlight, sa langue sortant à rythme régulier. Quelque chose n’allait pas.

« Je ne sssais paass encore liiire le laatin.. Moony... »

Le serpent eut une petite mimique rieuse, mais sa face devint livide. Une ombre se découpait maintenant sur le sol. Moony releva lentement le nez, très lentement, de peur d’effrayer ce qui pouvait être dans son dos, mais à l’inverse, c’était lui qui venait de l’effrayer. Un petit hoquet de surprise, la poufsouffle sursauta, faisant tomber sa baguette dans les feuilles mortes. La vipère aussitôt s’échappa, s’infiltrant sous un tas de feuilles elle également. Moonlight attrapa de nouveau sa baguette, roulant sur les fesses et éclaira la face de ce qui se révéler être Rockwood. Elle le fixa de longues secondes, interdite, avant que sa voix ne déraille :

« R-Rockwood...? Qu’est-ce q-que... Qu’est-ce que tu fais là ?  T-Tu devrais pas être... là... »

L’air stupéfait et étrangement livide de la jeune fille indiquait beaucoup de chose, beaucoup trop même.