1ER SEPTEMBRE 2015. L'oisillon était devenu aigle et se devait de prendre son envol. Debout face à un vaste miroir qui la surpassait de taille, Aelyriah se contemplait. Elle était parfaite, réellement. Vêtue d'une robe blanche qui s'arrêtait quelques centimètres au-dessus de ses genoux sans pour autant lui conférer une allure vulgaire, ses interminables cheveux bruns cascadaient le long de son dos tandis que ses ballerines d'or semblaient immaculées, certainement neuves. Aujourd'hui était un grand jour et devait être le sien. Un jour de chance, qui allait devenir inoubliable : elle rentrait à l'école de sorcellerie Poudlard, la plus célèbre académie de magie au monde. Et notamment une des plus anciennes, d'ailleurs. Cela faisait depuis plus d'un mois qu'elle ne cessait d'en parler, plus heureuse que jamais selon les dires. On pouvait avoir l'impression qu'elle ne s'attendait absolument pas à y mettre les pieds alors qu'il était certifié qu'elle y étudierait depuis l'apparition de ses pouvoirs, alors qu'elle était âgée de deux ans. Un âge prématuré pour un tel évènement, il fallait en convenir.
Elle-même ne se souvenait pas de la chose, mais c'était une histoire que ses parents aimaient conté à qui voulaient l'entendre. Gâtée jusqu'aux os, si Aelyriah avait manqué d'une figure maternelle durant des années, cela n'empêchait pas ses géniteurs de l'aimer d'une manière démesurée. Les cadeaux ne se faisaient pas rares, même lorsqu'elle ne le méritait pas, ce qui arrivait souvent. Qu'importe, elle était née Black et était traitée en tant que telle. Une véritable princesse, qui disposait d'une garde-robe de poupée à en faire mourir d'envie n'importe quelle autre jeune fille ou qui pouvait se permettre de s'offrir des pierres précieuses plusieurs fois dans le mois. Le genre de bijou qu'elle caressait en cet instant précis. Autour de son cou se lovait une babiole peu anodine. Un collier comparable à une fine tresse d'or, mis en valeur par un médaillon où des initiales entrelacées y étaient inscrites à l'intérieur : A.R.B. et A.L.B. Exactement comme Aelyriah Raïna Black et Arsène Léonce Black. Les premiers jumeaux de la famille depuis sa fondation. Deux êtres liés à jamais, inévitablement. Aelyriah était inséparable de son frère depuis la naissance, alors qu'ils n'avaient rien en commun, si ce n'était que leur sang, leur physique et l'affection qu'ils se portaient l'un pour l'autre. Arsène entrait également à Poudlard mais contrairement à sa soeur, évitait le sujet s'il le pouvait et ne semblait pas vouloir s'y rendre même s'il y était contraint.

Installée sur le lit d'Aelyriah, Arsène déposa le livre qu'il tenait entre ses mains, levant les yeux vers sa jumelle. Le regard incrédule, ses yeux ne se détachaient guère de la silhouette d'Aelyriah, ce qui signifiait clairement qu'il y avait un problème dans ce lot de perfections. « C'est dans cet accoutrement que tu comptes faire ta première rentrée ? » La remarque d'Arsène eut l'effet d'une douche froide sur l'adolescente, qui cessa brusquement de s'admirer, comme si le monde venait de s'effondrer. Se retournant avec une vivacité comparable à celle d'une panthère, ses iris d'un bleu profond lançaient des éclairs. Cela ne dissuada pas Arsène de s'extirper des draps de sa soeur - jadis les siens aussi, jusqu'au jour où leur mère décréta qu'il était temps qu'ils ne dorment plus ensemble - afin de fondre sur l'armoire d'Aelyriah, recherchant certainement une tenue qui serait à son goût. « Je t'ai demandé ton avis ? Je te signale que ma robe vient d'une grande boutique parisienne et a encore plus de valeur que tes caleçons réunis. » répliqua-t-elle d'une voix forte et cinglante, sans reprendre son souffle ni dévier son regard du corps de son frère. S'il y avait une chose qui caractérisait la jeune fille parmi les siens, c'était sans doute sa répartie et ses mimiques explicites, peu propices pour une sorcière de quatorze ans. « T'as pas compris qu'on allait faire nos études, visiblement t'as plutôt cru que c'était ta fête d'anniversaire. » Désespéré, il se tourna vers elle, ne sachant plus dans quel état se mettre : l'armoire ne comportait que des robes de soirées. L'énergumène avait emporté le reste dans sa valise ensorcelée, spécialement conçue pour avaler tout ce qu'il était possible d'enfoncer là-dedans. Bras croisés en signe de victoire, un large sourire ornait les lèvres d'Aelyriah. « J'ai gagné. Maintenant, on y va, les parents nous attendent... et Poudlard aussi. »


« Arsène. » Le visage rivé vers le paysage qui défilait sous leurs nez, Arsène était dans ses pensées. Elle le savait inquiet. En toute exactitude, elle ne savait pas exactement pourquoi mais l'inquiétude que ressentait son frère était palpable. Ils se connaissaient par coeur et avaient grandi dans le même ventre, après tout. Il était naturel pour elle de savoir dans quel état se trouvait son jumeau, même lorsqu'elle ne l'interrogeait pas explicitement. Il n'avait pas souri de tout le trajet et ils se trouvaient seuls dans le compartiment depuis qu'Opale était partie à la rencontre d'autres élèves. Cela lui faisait une belle jambe, d'ailleurs. Plus l'Usurpatrice était loin, mieux elle se portait. « Quoi ? » Extirpé de ses rêvasseries, Arsène reporta son attention sur sa soeur, certainement soucieux de savoir si elle ne manquait de rien, si elle n'avait pas faim ou quoique ce soit. Avant qu'ils n'embarquent dans le train, leur père avait pris soin de laisser une généreuse quantité de gallions à Arsène afin qu'ils soient le porte-monnaie d'Aelyriah au château. Mais ce n'était pas de ça qu'elle avait besoin. Elle souhait uniquement savoir comment Arsène allait. Pourquoi n'était-il pas de bonne humeur ? Puis, pourquoi ne lui parlait-il pas de ses attentes concernant l'école ? Avait-il peur ? Sauf qu'elle avait une désagréable sensation : son frère n'allait pas lui en parler. Sinon, il n'aurait pas perdu de temps pour le faire. Alors, elle devait trouver un moyen de dissoudre les pensées les plus sombres de son frère. « J'ai envie d'pisser. » Aucune réaction. Il haussa simplement les sourcils, avant de soupirer, hochant sa face, ce qui signifiait clairement qu'il n'avait aucune envie de plaisanter. Il consentit pourtant à répondre d'un ton particulièrement déplaisant. Cela aurait pu être humoristique dans un autre contexte, mais rien qu'à en voir l'expression faciale d'Arsène, on n'avait pas besoin d'être le plus futé au monde pour deviner qu'il était d'humeur massacrante. « Et alors, tu t'attends à quoi ? Que j'ouvre la bouche pour que tu puisses te vider là-dedans ? » Vexée, la Black quitta sa banquette, les poings sur les hanches, lâchant une exclamation sans vraiment réfléchir : « Si tu préfères passer le reste de ton trajet à moisir contre la vitre, fallait le dire bien avant. Moi j'me casse. » Rejetant sa longue chevelure brillante en arrière et transformant ses mots en vérité, elle se retrouva en moins de trois secondes dans le couloir du train, jetant un dernier coup d'oeil à Arsène qui semblait toujours être endormi sans l'être réellement. Si c'était ça, elle pouvait très bien s'amuser ailleurs. Elle pouvait très bien se trouver une occupation quelconque, elle n'avait pas besoin de son frère pour s'extraire de l'ennui fatal. Aelyriah était douée pour ça, en général, elle ne laissait pas le temps à ceux qui l'entouraient de se tourner les pouces. C'était une qualité comme un défaut, car elle pouvait être capable d'épuiser n'importe qui. Hyperactive sur les bords ? Peut-être bien.

Lassée de flâner dans le corridor du Poudlard Express, elle s'adossa contre le mur, les yeux fermes, en pleine méditation. Elle ne pouvait pas rejoindre un autre compartiment, c'était impoli et elle ne connaissait personne. La jeune fille n'avait aucune envie de rejoindre Opale, sa soeur adoptive. Elle la haïssait pour plusieurs motifs valables selon elle, hors de question de fricoter avec. C'est alors que des pas se firent entendre, rapides et souples... exactement à l'image des siens. Les pas se stoppèrent en même temps qu'Aelyriah rouvrait les yeux, alertée par la présence d'une autre personne. Une demoiselle de grande taille, aux cheveux blonds comportant une étrange bande de mèches argentés, aux grands yeux clairs et à la peau aussi claire que celle d'un ange. C'était Ashara Selwyn, sa cousine. Elles n'étaient pas très proches, en réalité. Son père n'avait jamais apprécié la famille de sa mère et se gardait d'y emmener ses enfants même si il finissait par céder lorsque son épouse insistait. La relation entre Ashara et Aelyriah était donc formelle, mais on pouvait dire qu'elles s'appréciaient. Les deux cousines s'observèrent durant une longue minute, s'analysant mutuellement. Déjà grandes pour leur âge, elles se ressemblaient vaguement sur le point physique et on aurait pu croire qu'elles étaient soeurs. Ce fut Aelyriah qui rompit le silence la première. « J'aime beaucoup tes bottines. » C'était la seule chose qui lui était venue en tête. Des mots simples et futils, qui eurent pourtant leurs effets. Ashara esquissa un sourire doux, avant de passer une main dans la chevelure d'Aelyriah. « Et moi, c'est tes cheveux que j'aime bien. Tu veux venir dans mon compartiment ? J'ai un ami qui a ramené des tas de bonbons, t'adorerais. »

« Redescends Speedy, si les profs arrivent on est fichus. » La voix suppliante d'Ashara était inutile en de telles circonstances. Ebahie et effarée à la fois, elle ne parvenait à détacher son regard de sa meilleure amie Aelyriah, qui se trouvait être allongée sur la table des Serpentard. C'était la veille de Noël et cette année, la clique entière avait choisi de rester au château et une fête avait été organisée dans les cachots. Une fois la soirée finit, Aelyriah s'était enfuie à l'assaut de la Grande Salle pour une raison inconnue, officiellement grisée par l'alcool. Fort heureusement, Ashara et Amadeus l'avaient suivi pour ne pas qu'il lui arrive malheur en route. Une demoiselle en état d'ivresse dans les couloirs... rien de plus succulent si elle tombait malencontreusement sur un enseignant. « Personnellement, j'ai pas envie de prendre avec elle. Manquerait plus que ça. » lança Amadeus d'un ton particulièrement désagréable. Il ne détestait pas Aelyriah, mais cela en avait tout l'air à chaque fois qu'on les regardait en train de se chamailler. En vérité, elle l'exaspérait. Aelyriah avait beau être une belle fille, avoir le sang aussi pur que le sien ainsi qu'être une des élèves les plus populaires de Poudlard, il n'empêchait qu'elle était un énergumène qui, hier encore, avait renversé la totalité de son jus d'orange sur une de ses plus belles chemises. Ashara lui adressa un regard en biais. C'était le commentaire de trop dont elle aurait pu se passer volontiers. Très douce, elle n'appréciait guère les chamailleries d'Amadeus et Aelyriah, même si d'autres en riaient. « Ama, c'est ma meilleure amie je te signale. » Depuis leur première conversation officielle dans le Poudlard Express, quelques années auparavant, elles ne se quittaient plus. Les deux jeunes femmes se racontaient absolument tout, si l'une était au parc, on pouvait être sûr que l'autre y était également. Elles ne se séparaient plus et formaient un duo aussi solide que du roc. Amadeus, qui était un ami d'enfance d'Ashara, ne voyait pas les choses du même oeil. Cette amitié ne le gênait pas, mais c'était plutôt le fait qu'il ne puisse pas se retrouver seul plus souvent avec Ashara qui l'agaçait. Personne n'était vraiment au courant, mais ils couchaient ensemble depuis l'âge de quatorze ans. Aelyriah ne l'avait jamais su et n'avait jamais comprise pourquoi Amadeus tenait tant à avoir des moments privilégiés avec sa cousine. « Bon, au pire, va chercher son frère, le traitre à son sang, pour qu'il lui passe un bon savon. » Il parlait bien évidemment d'Arsène. Contrairement à sa soeur, Arsène était un élève appliqué qui n'apportait pas vraiment d'ennuis au château : il savait séparer travail et divertissement. Il n'approuvait pas le comportement insouciant d'Aelyriah lorsqu'ils étaient en cours ou lorsqu'elle risquait de se faire coller bêtement. La remarque d'Amadeus eut son effet, tel un électrochoc : Aelyriah reprenait la parole. « J'admire juste les étoiles et on y va, d'accord ? Et Ama tu la fermes. On t'aime mieux quand tu te tais. » Scandalisé, Amadeus jeta un coup d'oeil à Ashara, qui signifiait clairement qu'il était temps de noyer Aelyriah. Malheureusement pour lui, Ashara éclata d'un rire moqueur. « T'as entendu ça ? Elle me fatigue quand elle est ivre, ramènes-là dans votre salle commune, t'as assez de force pour la porter. » Tyran de plus d'un mètre quatre-vingt, il était clair qu'Aelyriah n'était qu'une plume en comparaison. Amadeus était un Goyle, et s'il n'avait pas hérité de l'obésité de son géniteur, il possédait néanmoins une musculature relativement impressionnante pour un jeune homme de dix-huit ans. Il était indéniablement beau, les filles l'idôlatraient et Aelyriah était secrètement éprise de lui. Pas un amour véritable qu'on voyait dans les contes de fées, mais une attirance certaine, bien qu'elle n'en avait jamais rien dit parce qu'elle savait qu'Ashara en était amoureuse depuis l'enfance. Si Aelyriah était majoritairement une Serpentard accomplie, elle restait loyale envers les siens et ne se permettait pas d'être une mauvaise amie. « Si je le fais, je te jure que c'est vraiment la dernière fois. Juste parce qu'il est presque l'heure, les profs vont débarquer pour le festin de Noël. » Il ne plaisantait vraiment pas et le geste était davantage pour Ashara que pour rendre service à Aelyriah, qui ne semblait pas vouloir descendre. La pauvre s'était déjà endormie sur la table suite à ses dernières paroles. « Et surveilles-là, elle aura besoin d'un rafraichissement à son réveil. »


Assis face au lit d'Aelyriah, Amadeus attendait qu'elle se réveille. Cela faisait plus de deux heures qu'il patientait, et il avait hâte de rejoindre ses propres draps à son tour. Tout cela était de la faute d'Ashara. S'il ne lui aurait pas rendu cet ultime service, il n'aurait pas perdu de temps. Sauf que d'un autre côté, il ne pouvait se résoudre à abandonner Aelyriah car il savait que s'il aurait été dans le même cas, celle-ci serait restée également. De plus, elle l'avait aidé pour le dernier devoir de potions et sans elle, il n'aurait pas obtenu un E. Il devait reconnaître en elle certaines qualités, même si elles étaient minimes selon le Goyle : elle était là pour les autres, surtout envers ceux qui partageaient les mêmes valeurs qu'elle. Puis, elle était aussi très généreuse. Et... jolie. Il grimaça à cette idée, sans pouvoir s'empêcher de jeter un coup d'oeil sur le visage endormi de la Black. Même en dormant, elle parvenait à être belle. Comme Ashara. Voir, un peu plus que la Serdaigle. Les traits d'Aelyriah semblaient légèrement plus harmonieux, plus junéviles. Il passa une main sur son propre front, comme pour son reprendre. Attrapant le verre qu'il avait posé sur la table de chevet de sa camarade, il l'aspergea d'eau. Elle se réveilla brutalement, d'un bond, poussant des jurons sonores. « Joyeux Noël, Black. »

Aelyriah était désormais en septième année. C'était bel et bien la dernière qu'elle passait à Poudlard. Rien n'avait changé... ou presque. Ashara s'était réconciliée avec Amadeus et les choses allaient bien mieux entre eux. Sa meilleure amie semblait être plus heureuse que jamais. Quant à Aelyriah, elle restait inchangeable. La même demoiselle impétueuse, pas fichue de se soucier de ce qui se tramait actuellement à Poudlard. Car si sa vie personnelle était identique, son quotidien était différent. Elle pouvait lire la peur dans les yeux de ses camarades, le contentement chez certains. Une nouvelle ère débutait à l'école, semblable à celle qu'avaient vécu ses parents jadis. Un groupuscule nommé l'Ombre émergeait, tandis qu'une résistance luttait contre. Perspicace, elle comprenait parfaitement les motivations des deux camps. L'un réclamait vengeance et suprématie des sorciers, tandis que l'autre aspirait à la paix. Si Ashara et Amadeus tendaient vers l'Ombre, ainsi que quelques autres de ses amis, Aelyriah n'en disait rien. Elle observait, pesant et soupesant les conséquences de chaque geste et chaque mot, comme si sa vie en dépendait. On la savait maligne et elle ne faisait pas partie des perdants. Selon elle, les vainqueurs étaient ceux qui ne périssaient pas et ce n'était pas elle qui était annoncée disparue à l'heure d'aujourd'hui. Son frère, quant à lui, bravait les dangers et avait intégré une juste cause. Les murs possédaient des oreilles et à ce qu'elle avait cru entendre, il faisait parti de l'Ordre et à vrai dire, Aelyriah s'y attendait. Quel héroïsme, fréro. C'est pas la gloire qui t'accueilleras à bras ouverts, mais la mort, pensa-t-elle avec amertume, tandis qu'elle contemplait silencieusement le mouvement de l'eau du lac, assise en tailleur. Aelyriah s'inquiétait pour Arsène, bien qu'on avait tendance à croire le contraire car elle ne faisait rien pour le soutenir dans ce qu'il entreprenait à ce niveau. En réalité, c'était parce qu'elle voulait uniquement le protéger. Elle préférait mille fois mourir à sa place. Au lieu de se montrer prudent, son bienveillant jumeau s'amusait à jouer aux Trois Mousquetaires sans même être conscient qu'il se frottait à des élèves bien plus haineux, peut-être même plus puissants. La majorité des individus ayant intégré l'Ombre pratiquaient la magie noire et en connaissaient davantage en magie. C'était des êtres dangereux et puissants, qu'elle côtoyait chaque jour. Les Lestrange, par exemple, n'étaient pas à prendre à la légère. Et lui, jouait au preux chevalier. Un inconscient.

L'allégeance véritable d'Aelyriah était nébuleuse. Elle soutenait la pureté du sang tout en étant contre la répression des nés-Moldus. Il était clair qu'être un sang-pur était un avantage et qu'en tant que jeune sorcière issue d'une prestigieuse lignée, elle se devait d'épouser un homme du même rang qu'elle. C'était ce qu'elle souhaitait, bien que ses parents n'étaient pas contre le fait qu'elle épouse un sang-mêlé ou autre par la suite, surtout son père. Ce dernier n'était pas un puriste, tandis que sa mère, née Selwyn, s'orientait de façon relative vers les mêmes idéaux que sa fille aînée même si elle n'en disait rien le reste du temps et qu'elle n'avait pas éduqué ses enfants dans cette optique. Aelyriah était contre la violence des Ombres et mais éprouvait de la compassion pour ces individus. Elle aussi, avait été cible de moqueries et de railleries diverses concernant son nom. On l'avait pointé du doigt, elle, descendante de la Mangemorte Bellatrix et qui avait pour grand-père un sorcier qui avait passé treize ans de sa vie à Azkaban. Elle ne l'avait pas supporté à une certaine période et s'était vengée avec virulence, jusqu'à qu'elle adopte une réaction plus mature en faisant comme si de rien n'était et en vivant sa propre vie.

Être une Black ne pouvait qu'être une fierté. Aelyriah ne comprenait absolument pas Arsène, qui s'était même défait de sa couleur naturelle de cheveux - le noir caractéristique de la famille - pour ne pas être associé à leur noble maison. Elle, en comparaison, s'assumait pleinement et comptait à l'avenir éduquer ses propres enfants dans la même optique à l'avenir. L'avenir. Chose incertaine dont elle évitait de parler. La Serpentard soupira, resserrant son écharpe autour de son cou. Il faisait froid et il était peut-être temps pour elle de regagner l'intérieur du château. Ces soixante minutes de solitude lui étaient amplement suffisantes pour réfléchir. Elle devait retourner à Poudlard et redevenir celle qu'elle était chaque jour : Speedy ou l'Energumène, ou tout simplement Aelyriah Black, cette charmante créature qui se plaisait à être princesse des cachots, à manipuler des pions qui étaient les siens.