« Si j’avais eu l’occasion de donner mon avis sur le monde avant d’y naître, je serais restée lovée dans l’infinité des étoiles, loin de la violence, de la cruauté. Loin des Hommes, loin des Sorciers. »
- LJ. Macnair.

On raconte que le mal n’a pas de visage défini. On raconte que l’on ne peut juger un livre à sa couverture. Toutes ces belles phrases, tu les connaissais, du haut de tes quatorze ans, mais rien ne fit disparaître l’impact des regards qui furent posés sur ta frêle silhouette. Macnair n’était pas le plus noir des noms présents dans la salle, mais un amer souvenir restait gravé dans la mémoire de certaines familles. Macnair, une des taches noires de l’Histoire. Macnair, l’allégeance fidèle à un Lord inscrit au sang dans les cœurs. T’étais frêle, t’avais l’air d’une poupée de porcelaine, d’un stéréotype de blondeur allemande tant tu tirais tes traits de ta mère, Kerstin… si ce n’était peut-être l’aspect perçant de tes yeux. L’angoisse te rongeait l’estomac, et le contact du Choixpeau te fit frissonner de terreur. Loin de ressembler à tes camarades, tu craignais plus qu’autre chose cette répartition, persuadée que tu décevrais les uns ou les autres, qu’importe le choix final. Aucun sourire sur ton minois triste, aucune expression si ce n’est la moue, signe que tu désirais en finir au plus vite, pourtant… « Mhhh. Macnair. Que de contradictions pour une telle descendance. » Combien de temps a-t-il tergiversé sur ton sort ? Tu n’as fait que compter les secondes qui s’engrenaient, priant pour qu’il fasse à ta place l’impossible choix. Serdaigle, la maison de l’érudition qui conviendrait à une enfant dont la soif de savoir était intarissable. Gryffondor, chez les lions rebelles, chez les courageux aptes aux sacrifices. Serpentard, où l’ambition mènerait loin. Serpentard, où les serpents sauraient te siffler la voie à suivre. Au sein même d’une faculté noire résidait le dilemme… devait-on t’écarter du destin qui semblait couler aux tréfonds de tes veines ? Tu ne savais pas toi-même ce qui te plairait, tant ton éducation t’avait brimée. A l’époque, tu supportais sans moufter. A l’époque, tu étais incapable de te défendre. Tu savais juste te sacrifier pour le bien d’une famille à laquelle tu tenais malgré tout, sans pour autant accéder à cette loyauté définissant les Blaireaux. Ta seule véritable qualité résidait dans cette volonté farouche de survivre dans ce monde de fous, de faire tes preuves. Tu avais la traitrise et la manipulation dans la peau, sans que les faits effleurent ta conscience. Les derniers mots de l’antique objet allaient changer ta vie.

« J’ai pas peur de la morsure du serpent, j’ai peur de son mépris » - LJ. Macnair.

« La maîtrise c’est le pouvoir ». Tu n’as pas beaucoup connu ton père, entre ses cavales, ses passages éclairs, mais tu n’as jamais oublié la dureté de ses mots face à tes larmes d’enfant, pas plus que tu n’as oublié le ton de ta mère lorsqu’elle les a, à maintes reprises, répétés. Tu devais te maîtriser, malgré la peur d’entrer dans ce nid de vipères. Non, tu n’avais pas peur de leur venin, tu craignais plutôt leurs mépris. T’étais habituée à n’être rien, tout en étant un tout à la fois. T’étais l’Héritière, pour les tiens, mais personne pour les autres, pour ceux qui sauraient poser un jugement hâtif en glissant leurs billes dans ton regard bicolore. Ils semblaient déjà chez eux, empreints d’une fierté qui te manquait. Ils étaient à l’aise dans ce milieu d’hypocrisie, d’excès de haine, de volonté de revanche. N’était-ce pas cela, qui avait manqué te pousser chez les lions ? N’était-ce pas cette envie de prendre une revanche sur la vie, qui avait murmuré l’éventualité au Choixpeau ? Si, mais chacun d’entre eux en était imprégné, à sa manière. Toi, contrairement aux Lestrange, aux Rookwood, t’étais personne. T’étais juste une bulle de calme plat, parce que malgré le tremblement qui s’était épris de ton coeur devant la porte, avant de souffler le mot de passe, tu avais repris le contrôle. Voilà la définition qui te convenait : maîtrise. Qui plus tard deviendrait manipulation. « Macnair, c’est ça ? » Tu ne sursautes pas même si une personne naturelle l’aurait fait. T’es invisible, dans le coin de la pièce, et elle t’observe avec son air supérieur. Tu la trouves belle, sur l’instant. Tu la trouves parfaite. Tu l’envies, et tu te dis que tu voudrais juste une fois être elle, lui ressembler. Tu te sens laide, face à cette aura. Rien ne perce de tes pensées, mais elles sont là. Tu acquiesce, silencieuse, et tu attends la suite, la gifle verbale. Elle ne viendra pas.

« Ils me reprochent mon amour des livres… n’ont-ils pas conscience du fait que le savoir rime avec pouvoir ? » - LJ. Macnair.

T’as été de tous les coups tordus de tes camarades, parce que ton imagination était un atout non négligeable, parce qu’inventer des bobards était pour toi aussi facile que respirer. T’étais la croqueuse de bouquins de la bande, celle qui était capable de faire les devoirs pour ses amis, sans rechigner, presque par amusement. Oui, le Choixpeau avait raison de songer sérieusement à Serdaigle, mais Serpentard t’avait un peu décomplexé : tu arrivais à aligner deux mots sans avoir envie de fuir, tu n’avais plus peur du rire des autres, ta paranoïa s’envolait. Si ta mère ne te trouvait jamais assez bonne, jamais assez douée, tes professeurs te voyaient un brillant avenir… si l’ambition n’en venait pas à te consumer jusqu’à ta perte. A croire que Macnair ne pouvait rimer qu’avec chute cuisante. Dans ces cas là, la colère enflammait tes billes, l’une bleue, l’une verte, en faisant deux bijoux brûlants… tu refusais d’être comparée au lâche qu’était ton géniteur. Tu voulais juste te forger un prénom, car à Poudlard nul ne te maltraitait plus, tu étais libre, tu faisais partie de ceux dont on se méfiait, sans pour autant être la plus crainte… non, on craignait plutôt ton entourage et te faire du mal ne serait venue à l’idée de personne. Ta fragile constitution avait fait de toi la protégée de quelques autres, parce que les enfants suivent malgré tout bien trop souvent le chemin tracé par les ancêtres. T’étais allée jusqu’à avouer ton talent particulier à ceux que tu considérais comme des amis, et être Fourchelang dans cette maison fut un atout certain. Un fardeau, pourtant, entre les quatre murs londoniens qui appartiennent encore aux Macnair. Au fil des années, tu as appris l’importance des masques, des sourires hypocrites, la douceur de ta voix servant de couverture soyeuse aux plus perçants de tes mots. Mais par dessus tout, tu as appris l’intimidation, d’autant que les reptiles sont des espions plus que discrets pour déterrer les sombres secrets. Comment nier qu’il y ait alors un héritage génétique réel ? Les animaux et les duels, deux domaines opposés qui offraient déjà deux avenirs extrêmement différents… fais-tu seulement de réels choix, LJ ? Ne peux-tu simplement pas décider de ton destin, une bonne fois pour toutes ? Chaque fois, deux sentiers se dessinent, et jamais tu ne tranches. C’est l’ambition tue, qui vibre.

« Il dit que je suis comme la rivière… mais il ne connaît pas l’ouragan. » - LJ. Macnair.

« Blake me fait voir le monde différemment. Il me taquine depuis la première année, mais il n’y a jamais eu de véritable méchanceté dans ses mots. Il dit que je suis comme la rivière… mais il ne connaît pas l’ouragan, il ne sait pas combien mon esprit est fragile, combien ce vide qu’il aime tant est instable. Mes camarades ne me connaissent que sous ce visage, sous cette froide paix. Ca ne veut pas dire que je suis incapable de rire ou de m’amuser, mais la profondeur d’une émotion telle que l’amour m’échappe, tout autant que la compassion. Je ne comprends pas les larmes des autres, ou je les comprends de trop. Je passe sans cesse d’un extrême à l’autre, loin d’eux, loin de lui. Je cache à Blake comme aux autres mes angoisses, mes traumatismes. L’infirmerie me connaît trop bien. Je prétexte une santé fragile pour échapper aux questions, je prétexte des migraines, toutes ces idioties d’une affligeante banalité pour ne pas avoir à leur dire, à tous ces enfants de Mangemorts dont la vie fut aussi difficile que la mienne, que je n’ai jamais supporté le contrecoup du passé. La première crise est arrivée en deuxième année, j’ai perdu connaissance lors d’un cours. Ce ne fut pas facile à justifier mais je m’en suis sortie… je n’ai pas envie que l’on me pense faible, je refuse de l’être, d’ailleurs. J’ai beaucoup appris dans cette maison, j’ai gagné plus que je ne l’aurais fait ailleurs. L’un des professeurs m’a dit un jour que Serpentard n’avait fait que révéler ce que je me cachais, que les verts et argents m’ouvraient la meilleure des voies. Peut-être est-ce vrai, peut-être à Serdaigle serais-je restée solitaire et complexée. Je n’ai pas autant d’orgueil que les Lestrange et leur Cour, mais je ne doute plus de mes talents magiques. J’ai su très tôt que je serais sorcière, je n’ai pas infligé à mes parents la déception d’une enfant dont les pouvoirs se seraient révélés tardivement, et si ça prend du temps, je prouverai tout de même ce que je vaux, un jour ou l’autre. En attendant j’ai un problème pour le prochain devoir… on m’a collée avec Higgs, et si je l’adore (malgré son sang-mêlé) nos baguettes refusent d’entrer en conflit. C’est bien notre veine. »

« Oscar Wilde a dit : « Les folies sont les seules choses qu’on ne regrette jamais ». Je sais pas si c’est vrai, mais j’m’en fous, j’y vais, j’y plonge et j’veux bien m’y noyer. » - LJ. Macnair.

T’as goûté à la chair par dépit, par défis. T’as goûté aux hommes pour pas t’effondrer, pour pas pleurer. T’as gagné quoi, au fond ? Peut-être rien d’autre qu’un instant de paix, un instant de rêve en Enfer. Tu sais, t’as pleuré quand même. T’as perdu ton âme dans la bataille, quand ta mère t’a rappelé toutes ces choses oubliées. Quand elle t’a montré la trace brunâtre au grenier. T’as revu la fureur de ton grand-père, la colère de ton père, la déception dans leurs yeux. Pourquoi t’étais si têtue ? Pourquoi t’as retourné le Cobra contre eux ? Il était ton cadeau, il fut ta perte, ce soir-là. Comme les coups, les sortilèges. T’as dégusté, chez les Macnair. On a voulu t’endurcir. On a tout tenté. T’étais pas née garçon, alors tu devais être la meilleure des filles. Pouvait-il en être autrement dans une société où vous étiez parias ? Scar, t’a-t-on longtemps appelée. La cicatrice. La leur. La sienne. Walden Macnair, le fuyard, le prisonnier. Un géniteur sans cœur dont tu as hérité tes excès, tes douleurs. Et les émotions trop vive de Kerstin Macnair, créature aigrie attristée par un mariage gris. Y avait pas de joie là-bas. T’as connu que la hargne des renégats ; certaines personnes ne sont pas faites pour avoir des enfants, encore aujourd’hui tu penses en faire partie. Tu pourras pas en avoir, c’est ce qu’on t’a dit. « Difficile ». T’avais seize ans, la dernière fois, au dernier accident domestique. Plus ton père mais ton oncle maternel. La lame a percé ta peau comme le crochet du Basilic peut trancher une nuque. Le sortilège t’a vissée à la table de la cuisine. Les images se succèdent, s’entremêlent dans le flou, dans les bras de tes amants de passages. Pas de fiançailles, pas de mariage. A l’heure où les alliances entre sang-purs se forgent, tu nies l’évidence, tu refuses d’entendre que ce pourrait être ton tour. Et si LJ Macnair n’était faite que pour l’ombre ? Parfois, tu te l’es demandée… pourtant il y a toujours quelqu’un pour te sortir la tête de l’eau, des camarades que tu suis. T’es une vipère, tu as appris à manipuler, à séduire, à tromper. Près de l’ombre, justement, tu t’es glissée. Nul besoin pour toi de briller sous le feu des projecteurs, temps que l’on te permet d’aspirer à l’élimination de l’impureté, et il est ici ton plus grand paradoxe, car de cet idéal qui t’a fait tant de mal tu as fais ton crédo. Jusqu’où va ton ambition ? Jusqu’à l’extrême, au point de penser que la bêtise même devrait être éradiquée pour un monde meilleur. Deux pensées alors s’affrontent dans ton esprit perturbé : celui de l’héritière d’une famille dénigrée, et celui d’une petite fille rêvant d’un univers harmonieux. L’harmonie peut se gagner dans le génocide, n’en doutez pas.

« L'harmonie naît dans le sang de nos ennemis. » - LJ. Macnair.

Un sourire en coin se dessine imperceptiblement sur tes lèvres à la terrible annonce. Le journal relayait la nouvelle, les nouvelles. Les drames se succédaient, et toi, silencieuse, tu jubilais à l’idée d’un peu d’action, d’un nettoyage en profondeur. T’étais une descendante, comme bien d’autres, une pure sorcière dont la souche pourrie par la rancœur ancestrale ne pouvait qu’offrir au monde la noirceur de son âme… en revanche t’étais pas de ces vantards, de ceux qui crient haut et fort qu’ils veulent éradiquer les nés-moldus. Non, toi, tu te tais, tu observes. T’es de la bande de certains bagarreurs de ta maison, mais directement, on ne peut rien te reprocher. Certes, tu taquines encore, d’autant plus qu’ayant atteint la majorité, tu n’as plus à subir la violence chez toi. T’es libre, tu le sais, tu savoures ce fait… et tu n’as aucune envie de gâcher tes chances de progresser par stupidité. La rumeur enfle, les bruits de couloir sont une trainée de murmures, Poudlard sera bientôt terrain d’un conflit qui se répète, encore et encore. Les héros ont fait de vos parents des parias et n’ont pas songé, dans leur euphorie, que brimer, humilier les perdants, c’est s’assurer l’incessant cercle vicieux. Pour vaincre pleinement, il faut faire croire à celui qui chute qu’il est accepté dans la société, d’une manière ou d’une autre, qu’il a droit de vie, droit de liberté. T’es pas la plus garce, mais t’en es pas moins vicieuse. De ce que fait l’autre Macnair, tu t’en moques, t’en es plus à l’âge où l’on se querelle pour des enfantillages. L’Enfer sous votre toit est terminé, ton Paradis sanglant commence.

Chronologie -
1999 – Début de la cavale de W. Macnair.
2003 – Naissance.
2009 – Première manifestation de talents magiques ; explosion d’une vitre suite à une dispute parentale.
2012 –Premier accident domestique (incendie) ; autre querelle parentale.
2016 – Poursuite de la cavale de W. Macnair ; maltraitance régulière.
2017 – Entrée à Poudlard.
2018 – Malaise en cours d’Histoire de la Magie.
2019 – Manipulation d’un Cobra Royal ; autre accident domestique (sortilège, maquillé en chute) – Arrestation et envoie à Azkaban de W. Macnair.
2020 – Majorité.