Observatrice ; perspicace ; taciturne ; ambitieuse ; individualiste ; égoïste ; opportuniste ; défiante ; courageuse ; impulsive ; menteuse ; possessive ; loyale ; poliment vulgaire ; rancunière ; cultivée ; déterminée ; vindicative ; brillante.

Malgré son prétendu je-m'en-foutisme envers la culture Moldue, Mead est en vérité passionnée d'automobile et écoute la plupart des groupes de rock Moldus ٭ Elle estime être l'élève la plus compétente de sa promotion, ce qui s'avérerait véridique, mais ne peut s'empêcher de considérer les plus âgés comme des rivaux intellectuels et c'est pour cette raison que son principal objectif dans la vie est de se surpasser ٭ Elle est définie comme étant une sorte de génie des mathématiques. Les calculs n'ont aucuns secrets pour elle, voir, elle écrirait même certaines de ses anti-sèches sous forme de chiffres et lettres mélangés, parvenant à leur donner un sens qu'elle seule comprend, ce qui enrage son entourage ٭ Mead ne craint absolument pas la mort et est férue d'adrénaline. On la considère parfois comme étant une petite écervelée suicidaire ٭ Elle a un faible indéniable pour les gentils garçons qui apparaissent comme étant ses opposés, tels qu'Ezechiel Nott. Eux, par contre, ne l'aiment pas forcément ٭ A en horreur les insectes ٭ Devient folle de rage dès qu'on s'en prend à ses meilleurs amis ٭ Adore les plats italiens ٭ Adepte des allusions et insultes à caractères sexuels ٭ Devient très agressive lorsqu'on tente de se mêler de sa vie privée ou lorsqu'on la voit en train de pleurer ٭ Possède des aptitudes prononcées pour nier les évidences les plus hallucinantes ٭ Ne comprend pas pourquoi il n'y a pas de cinémas dans le monde des sorciers ٭ En vérité, ne supporte pas l'abandon ٭ Déteste lorsque le contrôle d'une situation lui échappe ٭ Pense sérieusement que les martiens existent ou qu'en tout cas, qu'ils ne sont pas les seuls humains de la galaxie ٭ Possède une télévision dans sa chambre ٭ Lorsqu'on lui demande quel serait son plus grand rêve, adore répondre que les rêves, c'est seulement quand on dort ٭ Souffre d'insomnie et d'hypersomnie à la fois.

« Arrêtes de siffler chérie, c'est pas classe. T'es pas au Bronx. » Eloignant sa cigarette de ses lèvres rouges, sa mère recracha une sublime volute de fumée qui s'élança avec élégance et décontractation vers le plafond. Sa mère avait toujours eu l'art de savoir être négligée et chic à la fois. Elle avait une façon bien spécifique de se comporter et imposait aux autres de s'adapter, voir, d'en faire de même. Cette femme était parvenue à léguer de son charme à Arsène, qui était entrée à Poudlard afin d'entamer sa première année depuis trois mois. Pour ce qui en était de Mead, c'était une toute autre affaire. C'était une gamine certes audacieuse, maligne comme pas deux, mais trop taciturne pour être qualifiée de charmante. On l'appelait « gamine » parce qu'elle n'adoptait même pas le comportement d'une fille, ce qui exécrait sa mère, qui pour l'effrayer, lui répétait sans cesse que ce n'était pas de cette manière qu'elle allait parvenir à se dégoter un mari rapidement. Dans ce cas-là, Mead lui rétorquait : « Maman, moi j'veux être une aventurière. Je vais parcourir le monde et je ramènerais des trésors, puis je deviendrais riche. » Et interminablement, sa mère soupirait, rejetant sa longue chevelure noire en arrière ensuite tout en éclatant d'un rire particulièrement sarcastique. « Qu'est-ce que tu peux être bizarre, toi ! On est déjà riches, petite teigne. » Alors, Mead réagissait à l'identique qu'en cet instant précis : sourcillant avec insolence, elle fixait sa génitrice d'un regard tellement dérangeant que cette dernière avait fini par partir de la pièce, la laissant seule. Mead reprit alors ses sifflements. Cette habitude lui était venue quand Arsène était parti. Il lui avait murmuré à l'oreille « Si tu veux énerver m'man, siffles. Fort, très fort. Tu sais, ça la saoule parce qu'elle faisait ça quand elle était petite et qu'elle a arrêté parce qu'on lui a dit qu'elle était un travelo. Du coup, elle a arrêté et ça lui rappelle de mauvais souvenirs. » et elle s'était naturellement exécutée. Parce qu'elle écoutait toujours Arsène, au final, même quand il lui ordonnait de faire des bêtises pour qu'elle se fasse gentiment gronder. Mead ne se faisait que rarement réprimander. Bien qu'elle avait des manies agaçantes et une gestuelle quelque peu rebelle, elle ne disait rien de bien méchant au manoir et ses parents l'aimaient. Car si leur mère ne s'était pas grandement occupée de ses trois enfants, il n'empêchait pas qu'elle était devenue une très bonne mère au fil du temps et qu'elle les aimait tous. Elle les avait confié à une jeune nourrice, prénommée Rosalie, dès la naissance. Lorsqu'on le lui avait reproché, elle avait répondu qu'elle n'aimait pas les bébés et qu'elle avait eu peur de ne pas savoir comment s'y prendre avec, mais que désormais, tout allait pour le mieux car ils avaient grandi. Leur mère avait accepté par la suite de céder à un caprice de Mead : loger Rosalie au 12, square Grimmaurd. Mead y était très attachée malgré qu'elle n'hésitait pas à faire des coups bas à la domestique. C'était sans doute sa façon de lui montrer toute son affection.

Sa mère à présent partie à l'étage supérieur, l'attention de Mead se reporta vers la cigarette non-consumée que la matriarche avait oublié sur le cendrier. Ou peut-être que ce n'était pas un oubli. Peut-être pensait-elle qu'il était complètement débile de se dire qu'une demoiselle de treize ans allait y toucher. Ou bien, peut-être se disait-elle que sa fille n'avait pas assez de cran pour n'y poser ne serait-ce qu'une empreinte digitale. Eh bah, c'était qu'elle se trompait la mégère. Même que Mead allait finir cette fichue clope pour lui prouver qu'Arsène n'était pas le seul à porter ses deux boules de bowling. Saisissant l'engin d'un mouvement semblable à celui de sa tendre mère, elle la porta à sa bouche et inspira une bouffée tout en fermant les yeux, s'attendant à une explosion quelconque. Rien. Un goût spécial. Elle inspira une seconde bouffée et la recracha en toussotant. Son toussotement se mêla malheureusement à un autre, familier et... extrêmement indésirable. La voix fluette de sa soeur cadette s'éleva dans le salon, faisant sursauter Mead qui balança la cigarette à l'autre bout de la pièce. « J'ai vu ce que t'as fais ! Tu sais bien que maman n'aime pas qu'on touche à ses affaires. » Rhaenys avait un don fabuleux : celui de croire qu'elle était capable d'exercer un certain pouvoir sur ses aînés grâce à son ton mielleux et en utilisant un chantage indirect. Le principal soucis concernant la chose était que Mead ne craignait rien mis à part les araignées, les abeilles, ou les limaces. C'était elle la plus âgée et de ce fait, la petite Rhaenys n'était qu'une raclure à ses yeux, bien qu'au fond, on s'accordait à dire que les deux s'adoraient. Car si la mioche avait un quelconque problème avec d'autres enfants du voisinage, c'était les genoux noueux de Mead qui se chargeraient de cogner sur leurs figures délavées. Hélas, la situation dans laquelle elles se trouvaient n'allait pas en faveur de Rhaenys. Entrant dans une imitation grotesque de la benjamine des Black, Mead porta ses poings à ses hanches et se mit à minauder. « Vois donc ce que j'ai fais Miss-J'ai-Mes-Règles-A-Onze-Ans ! Ensuite, cours donc rapporter à ta mère chérie ce que cette mystificatrice de Mead vient de faire, la mère chérie te niquera parce que tu l'auras extirpé de sa sieste. » Les mots avaient été prononcés d'une traite, si bien que Mead laissa tomber ses bras le long de son corps tout en reprenant une respiration correcte. Elle analysa les traits de Rhaenys, qui s'étaient décomposés. « Qu'est-ce que tu comptes foutre, hein, maintenant, Mademoiselle-Je-Fais-La-Fière-Pour-Me-Raviser-Au-Final ? » aboya-t-elle d'un ton abrupt, stressée par ce silence devenu pesant. Mead rapprocha son visage de celui de Rhaenys, si bien qu'il n'y avait qu'un écart de cinq centimètres entre elles. Ce fut à l'occasion qu'on put remarquer à quel point elles ne se ressemblaient pas. Si Rhaenys avait les cheveux d'un noir de jais, de grands yeux innocents et les joues remplies, Mead, elle, n'avait rien de ça. Grande, maigre et possédant une longue chevelure châtaigne mal coiffée, on avait l'impression qu'elle venait de rentrer d'une excursion de huit mois en Amazonie. Son regard analytique était d'un dérangement sans précédent et la chemise à carreau qu'elle portait - d'ailleurs, c'était celle qu'elle avait volé à son frère - était tâchée et déchirée. Elle faisait une sacrée impression dans le coin, et en général, lorsque ses parents se mettaient à la trimballer dans des soirées mondaines, les gens ne la reconnaissaient même plus tellement Rosalie s'acharnait à la transformer en une Cendrillon des temps modernes. A côté, Rhaenys était la fille parfaite. Celle que tous rêvaient d'avoir.
Pour l'instant, Mead ne pouvait que se vanter de posséder un esprit des plus brillants pour une demoiselle de treize ans. C'était la tête d'ampoule de la famille. Elle en savait beaucoup sur le monde en général et surtout, se spécialité restait essentiellement l'Homme. A force d'observer, Mead avait fini par connaître l'Homme dans tout ses états malgré qu'elle ne se connaissait pas elle-même. De ce fait, elle était passée maître dans l'art de la manipulation et Rhaenys n'allait pas s'en sortir aussi facilement en cette froide journée de novembre. La preuve, elle perdait les pédales et toute son assurance. « Heu... je... non ! J'veux pas m'faire niquer par maman. Et j'te signale que c'est aussi ta mère chérie, c'est pas que la mienne. » S'il y avait bien une chose que Rhaenys craignait, c'était les colères de leur mère quand on l'empêchait de dormir tranquillement. La nervosité de Mrs Black pouvait être terrible quand elle s'y mettait et en cas général, on évitait de la contrarier.

Satisfaite de son coup, Mead croisa les bras et se mit à faire les cents pas autour de la pièce, adoptant une expression interrogative. Elle devinait presque les pensées de Rhaenys : Mead la connaissait très bien. Après tout, c'était sa soeur et elle jouait le rôle de l'aînesse. Elle savait que Rhaenys était en proie à une panique des plus sérieuses, elle savait aussi que Rhaenys ne réfléchissait pas beaucoup lorsqu'elle paniquait. Contrairement à Mead, la plus jeune des Black n'était pour l'instant pas des plus douées pour préserver son sang-froid lorsqu'une situation se compliquait... car elle allait devenir la marionnette de Mead. Le compte à rebours était lancé.
Mead avait cessé de marcher et s'était de nouveau arrêtée face à Rhaenys, la couvant d'un regard faussement attentionné mais qui sonnait vrai. « Arrêtes de jouer à la justicière. Je sais que tu idôlatres Harry ou encore Hermione mais la vie, ça marche pas comme ça. Y a pas que la justice... y a la fraternité. Si tu respectes pas ça, moi, je pourrais te balance aussi. C'est bien toi, la semaine dernière, qui a fracassé la bouteille de parfum de maman ? » Elle avait touché un point sensible. Les joues de Rhaenys s'étaient empourprées et à la vue de ce rose si vif, Mead n'avait pu s'empêcher d'esquisser un large sourire. Une tape virile lancée de la part de Mead avait suffi pour que Rhaenys se décide à reprendre la parole. « Mais j'ai pas fais exprès, je te le jure sur ta tête. » Quelle bourde l'innocente Rhaenys venait de faire ? Cette dernière pensait bien faire en jurant sur la tête de Mead, mais c'était tout le contraire. Elle venait de s'attirer davantage d'ennuis avec l'intello. Pourtant, Mead feignit de faire comme si de rien n'était malgré qu'elle bouillonnait. « Je sais mon ange. Tu sais aussi ce que je vais faire quand même... j'suis navrée, darling, mais tu m'laisses absolument pas le choix. Rappelles-toi que t'as commencé les menaces, sweetheart. » Contournant alors le canapé où elle avait jeté la cigarette, la retrouva encore allumée au sol. Elle les ramassa sous les yeux éberlués de Rhaenys, lui décochant au passage un regard des plus malveillants. Portant de nouveau la cigarette à ses lèvres, elle recracha les résidus sur le visage de Rhaenys qui se mit à tousser avec violence tout en la toisant. Lui adressant un clin d'oeil, elle se pencha près de son oreille et y souffla un : « Et au passage, on ne jure pas sur ma tête gratuitement. Avant la tombée de la nuit, tu payeras, très chère tête de spermatozoïde. » Tout cela avant de s'en aller d'une démarche légère, telle était sa tradition.



« Prends bien soin de ta soeur hein ? Pas de mauvaises fréquentations pour elle, souviens-toi. » En entendant la phrase formulée par son père, Mead ne put s'empêcher de lever les yeux au ciel. Au fond, elle s'y attendait, mais entendre la chose était encore plus monstrueuse que se l'imaginer en douce avant de s'endormir le soir. Elle détestait qu'on la couve et se sentait parfaitement capable de s'occuper d'elle-même sans être assistée. C'était pour cette raison que même si elle l'aimait comme il le fallait, que Mead préférait la présence de sa mère que celle du patriarche. Sa mère la connaissait bien mieux et de ce fait, ne se permettait pas des remarques agaçantes de ce genre. Malheureusement, elle n'avait pas pu se rendre à la gare aujourd'hui avec eux car en tant que directrice du département des Jeux et Sports Magiques, une avalanche de travail lui était tombée sur les épaules. Quant à Mr Black, ce charmant bonhomme était un Auror respectable qui n'avait pas beaucoup de mages noirs à poursuivre depuis la défaite du Seigneur des Ténèbres et ainsi, c'était souvent à lui d'accompagner les enfants chez le médecin ou encore, à la gare de King Cross, comme en cette sublime matinée de septembre. Il avait davantage de temps que son épouse, en toute logique. Bien que mécontente de la remarque de son géniteur, Mead garda le silence. Elle était bien trop occupée à observer la foule qui l'entourait pour s'intéresser au reste du discours de son père. Rhaenys était agrippée à son bras et pourtant, elle ne la sentait même plus. Pour cause, le regard de Mead était fixé sur un garçon de son âge qui arborait des traits fins et qui n'était pas bien costaud. Un peu comme elle. Leurs regards se croisèrent et sa cible lui adressa un léger sourire, qu'elle lui rendit automatiquement. L'envie de lui parler s'empara d'elle : il était seul et c'était une occasion en or pour se faire un premier ami avant de poser les pieds au château. Sauf que Rhaenys ne semblait pas du tout de cet avis-là. « Tu m'écriras des lettres Mead ? Arsène l'a fait chaque semaine l'année dernière. » Le ton de sa cadette semblait plaintif, comme si au fond, elle s'attendait parfaitement à ne pas recevoir de courrier aussi fréquemment qu'elle ne le voudrait, surtout de la part de sa soeur. Contrairement à Arsène, Mead ne tenait pas tout le temps ses promesses et de plus, elle se demandait qu'est-ce qu'elle allait bien pouvoir raconter chaque semaine à Rhaenys. Secrètement, elle ne put s'empêcher de sentir son coeur faire un bond dans sa poitrine : Arsène lui avait écris plus de fois qu'à Rhaenys. L'année précédente, elle recevait une lettre tout les deux jours de la part de son frère. Ils entretenaient une relation fusionnelle depuis l'enfance, un lien bien plus étroit que celui qu'ils avaient avec la petite dernière. Se dégageant de l'étreinte de Rhaenys, Mead avait saisi la main d'Arsène, qui se tourna instantanément vers elle. « Tu crois qu'on sera dans la même maison ? » La réponse fusa immédiatement, mais pas de la part d'Arsène. Ce fut sa soeur adoptive Opale qui se chargea de le faire, un large sourire aux lèvres. « Je pense que oui ! T'es tellement cultivée et intelligente, tu connais plus de choses que moi. Tu auras ta place chez les Serdaigle. » Rassurée, Mead ne lâcha néanmoins pas la main de son frère. Ce dernier resserra d'ailleurs ses doigts contre les siens, comme pour lui dire qu'ils ne seraient pas séparés, que tout irait pour le mieux.

(...) trente minutes plus tard.

Arsène et Mead erraient dans le couloir serré du Poudlard Express. Il lui avait promis - sans qu'elle ne le demande - qu'il la présenterait à quelques amis et qu'ils s'installeraient dans le même wagon. Au plus grand damn de Mead, Arsène exécutait les ordres de leur père à merveille. Si on additionnait son obéissance de fils et son côté protecteur, la somme était en toute franchise catastrophique et on pouvait le comparer à un étau de fer se resserrant autour d'un corps sans aucune volonté de la relâcher. Fort heureusement pour lui, Mead l'adorait littéralement et se sentait incapable de le rejeter et de lui dire de se mêler de ses oignons. Sa présence ne la gênait aucunement. Ce qui la dérangeait, c'était plutôt de tourner en rond dans le train depuis quinze minutes car l'envie de s'asseoir se faisait pressante. Ils parvinrent néanmoins à trouver les amis d'Arsène : le wagon était rempli et il ne restait qu'une place de libre. Arsène et Mead s'échangèrent un regard sombre mais elle prit les initiatives sans plus attendre. « Restes avec tes potes, j'irais ailleurs. » lança-t-elle avec empressement. Il fallait se l'avouer, Mead était impatiente de se retrouver seule ou en tout cas, là où elle avait envie d'être. Elle savait que les amis d'Arsène allaient la prendre pour le bébé du coin et lui fournir des conseils démesurés pour lui apprendre comment survivre dans la jungle de Poudlard. Mead n'avait pas besoin de ça. Elle ne ressentait pas le besoin d'être aidée par quiconque. Mead n'attendit pas une réponse positive de la part d'Arsène : traînant sa gigantesque valise derrière, elle jeta un coup d'oeil au compartiment voisin. Il n'était pas rempli, seuls deux garçons et une fille s'y trouvaient et parmi eux, à sa plus grande surprise, sa cousine Ashara à qui elle n'avait jamais parlé de sa vie ainsi que le garçon qui lui avait souri sur le quai. S'il s'était autorisé ce geste envers elle, très chère inconnue à ses yeux, c'était que le feeling était passé et qu'elle pouvait s'installer en leur compagnie. Elle tira la porte coulissante du compartiment sans hésiter. « Excusez-moi, ça vous dérangerait que je reste ici ? » demanda-t-elle d'une voix égale, scrutant le regard de chacun pour y lire une réponse quelconque. Apparemment, c'était deux voix - celles d'Ashara et du garçonnet - contre une. Le costaud du fond la toisa et fit découvrir sa voix particulièrement agressive et déplaisante à entendre. « Si t'es une Potter ou une Weasmoche c'est pas la peine, pareil si t'es une de leurs amies. » Haussant les sourcils, une vague de colère s'empara alors de ses entrailles et ne réfléchissant pas aux conséquences - en comparaison, elle ressemblait à une fourmie face à ce gaillard qui devait faire deux têtes de plus qu'elle - Mead porta un poing à une de ses hanches et répliqua sur un ton similaire. « Fermes-là espèce de gros branleur, quand je t'aurais dis qui je suis tu t'en mordras les membres. » La réaction du colosse - rien qu'à en voir son expression et son gabari - fut prévisible : s'extirpant de la banquette à la vitesse de l'éclair, il se planta face à Mead, furieux. « Tu parles à un Goyle la morveuse. T'es sûre de ton coup ? » La Troisième guerre mondiale venait d'éclater en ces lieux. Les deux semblaient extrêmement sûrs d'eux et il ne faisait aucun doute que ledit Goyle n'allait pas hésiter à se servir de ses poings pour faire taire l'impétueuse nouvelle arrivante et que Mead n'allait pas se ménager pour sortir sa baguette magique afin de lui jeter un bon maléfice qu'elle avait lu dans un de ses grimoires, ou encore lui décocher un coup de pied dans ses parties génitales. Ce fut la voix douce et presque absente d'Ashara qui changea la donne. « C'est ma cousine Ama, rassieds-toi. Elle va s'asseoir à côté de ton frère. » La Selwyn venait de sauver la vie de Mead. Sans cette intervention aux consonances rêveuses, sa frimousse ne trônerait plus sur son cou depuis dix bonnes secondes. Bien qu'elle n'avait pas la carrure d'une bavarde charismatique, sa cousine Ashara devait avoir un don du ciel pour parvenir à calmer les plus musclés, car le dénommé Ama avait obtempéré et repris sa place au fond après avoir lancé un dernier regard assassin à Mead, qu'elle ne se retint pas pour le lui rendre. Hélas, avant même qu'elle ne puisse s'asseoir, une main la retint par l'épaule. Mead se retourna vivement pour se retrouver face à son frère. « Cherches un autre compartiment. C'est pas pour toi, par-ici. » Il ne plaisantait pas du tout, à en voir la gueule qu'il tirait. Elle comprit alors que c'était parce qu'il connaissait ces gens et qu'il n'avait pas du tout envie qu'elle s'installe avec des Goyle et une Selwyn - cousine ou pas - car ils étaient la définition même de la mauvaise fréquentation. Le problème était qu'elle ne comptait pas du tout partir pour contenter les voeux d'Ama le Pseudo-Tyran. Elle ne s'abaisserait pas à là. Puis, le frère d'Ama semblait très sympathique : il avait gardé le sourire durant toute la scène entière au lieu de soutenir son aîné. « Non ça me paraît très bien ici. » répliqua-t-elle du ton le plus aimable possible pour éviter une dispute. En vérité, Arsène et Mead ne se disputaient jamais et c'était surtout pour cela qu'elle tenait à éviter ce type de situation avec lui. Sauf que l'aîné était tenace - tout comme elle - et il ne comptait pas du tout la laisser faire. « Je préfère encore que tu restes sur mes genoux jusqu'à qu'on arrive, plutôt que tu restes avec des fils et une fille de Mangemorts. » Voilà qu'il ne se retenait plus pour lui mettre la honte en public. Les yeux de Mead se plissèrent sous le mécontentement et oubliant même qu'il y avait des spectateurs dans le coin, elle lâcha sa valise et poussa Arsène en arrière, certes pas très fort, mais suffisamment pour qu'il comprenne qu'elle n'était plus sa poupée. « T'es pas mon père ! Tu vas pas me dire avec qui je vais rester, mets-moi une corde autour du cou pendant que t'y es. Et je te signale que tu es aussi le petit-fils, le neveu, et tout ce que je-ne-sais-quoi de Mangemorts. Retournes avec tes amis, Arsène, s'il te plaît. » Elle profita de l'état de choc d'Arsène pour fermer la porte du compartiment et la sceller avec sa baguette magique. Ils s'observèrent pendant dix bonnes secondes avant qu'il ne reparte en soupirant, lui jetant un regard navré et déçu. Tant pis, il s'en remettrait. Mead se jeta sur la banquette, côte à côte avec le petit Goyle. Son grand-frère, Ama, se tenait la tête allongée sur les genoux d'Ashara avec un air de parfaite décontractation et la fixait. « Tiens, c'est la soeur d'Arsène Black le traître. Tu mérites bien plus de porter ce nom que lui. Finalement, bienvenue parmi nous. »

(...) cinq heures plus tard.

Un brouhaha non négligeable régnait dans la Grande Salle. Les élèves les plus âgés tendaient leurs cous pour apercevoir les visages des petits nouveaux qui se cognaient les uns contre les autres en attendant que la cérémonie de répartition ne débute. Plus loin, elle pouvait voir son frère. Elle pouvait être sûre que l'épisode du train lui était resté en travers de la gorge et pourtant, il était là. Arsène s'intéressait à elle et avait hâte de la voir le rejoindre à sa table, de montrer au monde que ce n'était pas un misérable chapeau qui allait pouvoir les séparer. Mead s'était renseignée à ce sujet. Gryffondor regroupait les courageux, Serdaigle les plus sages, Poufsouffle les justes et loyaux, puis Serpentard les ambitieux et rusés. Un jour, Harry lui avait dit que le Choixpeau avait pris en compte ses souhaits. De ce fait, Mead était persuadée qu'il en ferait de même pour elle si son désir d'être avec son aîné était suffisamment fort. Son nom commençait par un B et elle allait donc être l'une des premières à être appelée, elle n'aurait guère le temps de souffler et de stresser dans son coin. Allait-on l'envoyer chez les aigles, comme son père et Arsène, ou bien chez les serpents, à l'instar de sa mère ? Les deux choix lui paraissaient très satisfaisants. Finir chez les lions lui semblait également être une très bonne option, tandis qu'elle savait d'office qu'elle n'aurait pas sa place chez les blaireaux : il n'y avait rien d'assez impartial en elle ni de bon pour qu'elle y soit. La directrice-adjointe débuta alors la cérémonie et les conversations cessèrent subitement, en même temps que Mead sursauta, revenant sur Terre. Un Archer fut appelé et fut envoyé chez les hardis sous les applaudissements assourdissants de ses camarades en moins de trois secondes et puis vint le moment fatidique. « Black, Meadowe Eithlenn ! » Ce fut avec un soupir qu'elle se dirigea vers le tabouret de bois qui l'attendait de pieds fermes. La tête haute, elle tenta d'ignorer les chuchotements qui sévissaient autour d'elle. Ils se demandaient pourquoi ce fléau de noms aux antécédents si sombres envahissaient l'école, s'interrogeaient sur le sort réservé à cette fille Black. Ils polémiquaient, la jugeaient. Mead le sentait, son flair ne la trompait pas. Assise, elle jeta un dernier regard à Arsène ainsi qu'un sourire serein. On posa alors le Choixpeau Magique sur son crâne. Il lui retomba sur les épaules tant il était large et haut. Même si elle s'y attendait, l'entendre s'adresser à elle la fit frissonner. « Oh, intéressant... cela fait depuis 1966 qu'une femme Black n'a pas effleuré mon tissu. Je vois une féroce détermination en toi, identique à celle de Salazar. » Le coeur qui fait boum, qui bat la chamade au point de vous tuer. Non, il fallait que Mead lui parle. Il fallait absolument qu'elle lui dise qu'elle devait être avec Arsène. « J'veux être avec mon frère. » chuchota-t-elle, effarée. La petite voix ne tarda pas à lui répondre et elle sentit clairement le Choixpeau faire un léger bond vers le plafond enchanté. « Impossible. Je ne vois aucune sagesse en toi pour que tu sois à Serdaigle, malheureusement. Gryffondor me paraît être une excellente alternative si tu ne veux pas être chez les Serpentard, tu ne manques pas de courage. » Elle ferma les yeux, priant cette fois les cieux pour être avec son frère. Inutilement, car elle avait la curieuse (et sale) impression que les choses n'allaient pas se passer comme elle le désirait. Certes, Serpentard n'était pas une mauvaise maison mais l'idée de se retrouver là-bas sans Arsène ne la séduisait pas vraiment. Il comptait sur elle. « Je lis en toi... tu es née pour la grandeur. Ambitieuse, comme ta mère, je me souviens d'elle. Tu as ça dans le sang. Ton intelligence est spécialement conçue pour ramper au sol et avaler le monde... tel un serpent. Ce sera donc... » Roulements de tambours. Avant même qu'il ne puisse annoncer son verdict, elle ôta le Choixpeau et le reposa sur le tabouret, jetant un regard désespéré à Arsène qui la dévisageait étrangement. Elle voyait aussi l'incompréhension d'Opale. Et elle entendit également le Choixpeau s'exclamer : « SERPENTARD ! » Se mordant la lèvre inférieure, elle regagna la table des vipères silencieusement, s'installant à la première place disponible, écoutant applaudissements et éloges, recevant compliments, tapes sur le dos, sans vraiment les entendre et les sentir. Elle n'osa se retourner vers la table des Serdaigle. Mead n'avait pas honte, loin de là. Elle était juste déçue de n'avoir su répondre aux attentes d'Arsène. Une déception horrible, lacérante. Soudain, elle sentit une présence se glisser près de la sienne et elle se tourna vivement vers la personne : Zane. Ils étaient parvenus à sympathiser dans le Poudlard Express ainsi que dans la barque qui les avait mené jusqu'au château. « Waouh, c'est trop cool qu'on soit ensemble ! T'sais, ça commence, Poudlard est à nous. » Mead ne put s'empêcher de lui rendre son sourire éblouissant. Oui, même si elle était séparée d'Arsène... Poudlard était à elle.

Haletante, elle s'arrêta brusquement pour se laisser glisser le long du mur de pierres. Si elle continuait de courir aussi vite, sa respiration finirait par être coupée et là, les ennuis allaient réellement débuter. Une furieuse envie de pleurer s'empara d'elle et pourtant, les larmes ne venaient pas à elle. A croire qu'elle en était incapable à force de ne pas le faire assez souvent. Quelque chose d'horrible venait de se produire et elle ne pleurait pas. Etait-elle devenue un monstre ou était-elle née ainsi ? Voilà qu'elle se mettait à douter de tout alors qu'en temps habituel, Mead assurait.

Les années étaient passées. Elle n'était plus la gamine de quatorze ans qui craignait d'être séparée de son frère. Meadowe Black n'était pas devenue un canon. Ni une sainte. Pas même une célébrité ou encore une héroïne. A dix-neuf ans, elle était juste devenue femme. La même que ce qu'elle était si ce n'était qu'en plus pire. Vipère entourée mais silencieuse, glissant sur le sol sans un bruit pour mieux mordre par la suite. Spécimen analytique, rien ne passait inaperçu pour Mead. Si elle n'était pas une reine des potins, elle était indéniablement l'impératrice de la connaissance. Elle connaissait chaque individu errant autour d'elle dans cette école, au moins de nom, puis se permettait de savoir au minimum trois choses à leurs sujets. L'inconnu ne devait exister pour Mead. Au fil du temps, elle était devenue une figure emblématique de la maison Serpentard, à l'instar de Rohàn et Alesya Lestrange, d'Amadeus Goyle ou Lucian Zabini. Si on parlait de ces élèves serpents, forcément, elle allait faire partie du lot et son patronyme serait prononcé avec effroi ou dégoût. Cela ne lui importait pas : elle savait qu'elle donnait plus de sensations que des êtres aussi inutiles que cette gourdasse de Grant ou la petite McLaggen. Oui, ce type de gens que fréquentait sa lionne de soeur.
Mead avait préféré être crainte plutôt qu'être aimée.

Désormais, il était trop tard pour elle. Arsène était plongé dans un état comateux à l'infirmerie par sa faute. Sa mission avait été un véritable succès selon l'Ombre. Elle avait saigné son frère, l'avait fait ricocher entre les deux murs d'une ruelle à l'aide d'un maléfice. Mead avait obéi pour confirmer sa place au sein du groupuscule révolutionnaire au point d'en oublier que la famille se devait de passer en priorité, comme son paternel le lui avait toujours répété. Et pourtant, elle avait joué à la sourde oreille uniquement par ambition, pour montrer de quoi elle était capable en faisant du mal à la personne qui comptait le plus au monde pour elle. Son comportement était répugnant. Elle en prenait conscience et en même temps, ne voulait plus faire machine arrière. Crouler sous les remords durant une éternité, ce n'était plus pour elle. C'était un signe de faiblesse. Sa mère avait parfaitement raison : quoiqu'il arrive, elle se devait d'avancer et non reculer. Son frère allait survivre, c'était l'essentiel. Il ne saurait pas que sa cadette aurait tenté d'attenter à sa vie. Oui, c'était ça. C'était très bien ainsi.
Tremblante, elle tenta de se relever mais s'écroula de nouveau. Elle était dans un état pitoyable et cela faisait depuis plusieurs jours que ses insomnies s'aggravaient. Le visage enfouie entre ses mains, elle soupira, prise d'un spasme qui ne dura que quelques secondes. Mead releva la face soudainement en entendant des bruits de pas. Un rythme qui lui était familier. Un de ses camarades, très certainement. Les autres ne s'aventuraient plus dans les cachots depuis les évènements de Pré-au-Lard la nuit d'Halloween. On chuchotait que les Serpentard étaient forcément liés à cette affaire, car la plupart n'avaient pas été victimes des agresseurs masqués. Mais compatriote ou pas, elle n'avait aucune envie qu'on la surprenne dans cet état. Certes, elle ne pleurait pas, sauf qu'elle devait sûrement frôler la crise. On lirait son mal-être sur ses traits avec facilité et elle ne se sentait pas en mesure de faire comme si de rien n'était. Elle jeta un coup d'oeil sur la silhouette fine qui se détachait de l'ombre, finissant par reconnaître la paire de chaussures de la personne qui arrivait. Goyle. Zane Goyle. Son ami de toujours. Meilleur ami ou pas, elle ne voulait pas qu'il la voit dans cet état. C'était impensable. « Depuis quand tu mendis sur les sols humides, Psyché ? » Ah, l'humour. Même en sachant qu'elle n'allait pas bien, il savait encore prendre cette scène avec un brin de rire. Mead ne partageait pas ce point de vue. Elle était furieuse qu'on la voit ainsi. « Laisses-moi tranquille ! Occupes-toi de ta chérie Weasley, elle doit avoir besoin de réconfort, elle. » Sa voix était étouffée par ses bras dont elle ne semblait pas vouloir en ressortir. Cela ne l'empêcha pas d'entendre le soupir de Zane. Mead n'était pas la première à désapprouver sa nouvelle idylle avec Adélaïde. Elle préférait largement l'époque lointaine où il sortait avec Alesya. C'était drôle, ils s'amusaient bien et ils ne faisaient pas un drôle de couple. Adélaïde, c'était tout autre chose. C'était comme si Mead se mettait à s'enticher de Wesley Young. Ou peut-être qu'elle n'était pas d'accord concernant cette relation parce qu'elle ne tenait pas à ce que cette fille de rouquin fasse souffrir Zane. « C'est comme si c'était fait. Sérieux, relèves-toi, Black. Je sais que tu dors encore moins qu'avant, tu finiras par ressembler à un fantôme. » Il n'ignorait rien. Elle était comme sa propre soeur, il était l'une des seules personnes qu'elle autorisait à lire en elle. Mead était diablement fatiguée. Exténuée de cette longue course inutile, fatiguée de ses actes, fatiguée de résister. Alors, malgré sa finesse, elle sentit les bras de Zane la soulever. Elle semblait légère comme une plume. « J'en ai marre. » chuchota-t-elle dans l'obscurité des cachots. Mead ne voulait plus lutter. Elle voulait se sentir insouciante et petite fille. La jeune femme voulait de nouveau ressentir ce que cela faisait, de jouer à la course avec son frère et ses soeurs le long de la rue où ils vivaient, ou encore de lire les dossiers complexes de sa mère sans comprendre ce que ces mots développés signifiaient. Dans les bras de Zane, qui l'emmenait en direction de la salle commune, Mead se sentait fillette. Elle avait l'impression d'être bercée tel un nourrisson. « On en a tous marre, tu sais. » lâcha-t-il en un souffle bas avant de prononcer le mot de passe afin que le tableau les laisse pénétrer dans l'antre des Serpentard. Il l'emmenait dans le dortoir des garçons, parce qu'il ne pouvait se résoudre à l'abandonner sur un canapé et aussi parce qu'il n'avait pas les moyens de la rendre au dortoir des filles. Le Goyle la déposa avec douceur sur son lit, s'y glissant à ses côtés. « Maintenant, tu vas pleurer un bon coup. Tu verras que ça te fera du bien. Quand t'auras fini, tu vas redevenir Meadowe Black la Vilaine et débuter une nouvelle page de ton existence. Oublies pas qui t'es. »